auteurs latins - Notes du mont Royal

I©
LUCIECE.
quelques âmes; mais leir organisation y laisse
toujours de fortes empreintes. Et ne crois pas
déraciner si profondément le vice» que tel on tel
résiste, soit aux emportements des colères fougueuses!
surtaux atteintes trop rapides de la peur,
soit aux faiblesses de son âme trop endurante.
Mille traits encore, mille traits ineffaçables distinguent
et tes natures et les mœurs qui en sont la
suite. Je ne puis en expliquer ici ies causes secrètes,
ou multiplier les noms des atomes autant que
leurs formes, qui engendrent cette diversité.
Yoici pourtant, il me semble, ce que je peux
affirmer : les natures dominantes qui ne sont
ps étouffées par la voix de la raison laissent
de si faibles germes, que rien ne nous empêche
de v ivre dans un calme digne des immortels.
Ainsi donc, tout le corps emprisonne cette substance,
qui, à son tour, veille sur lui et en est la
sauvegarde. Car tous deux ont même racine, tous
deux se tiennent, et on voit que leur séparation
entraîne leur perte. Comme, dans les grains de
l'encens, il n f est pas facile d'extraire l'odeur,
«ans détruire la matière, tu arracheras difficilement
aussi du corps entier l'essence de l'esprit
et de l'Ame, sans anéantir la masse : tant leurs
principes, étroitement unis dès la naissance, leur
ont fait une vie commune I Isolés, réduits à leur
propre force, les esprits elles corps sont évidemment
incapables de sentir ; tandis que leur
•action réciproque, leur mouvement harmonieui,
^Constituât panier qoosdam, taroen cilla rclinquit
Naiora quojusque animi ?estigia prima : 310
Pec radicilus evelli mala |>osse putandum est»
-Qulti proelifios hic iras decurrat ad acreis;
111e met© citîns paullo lenietur ; at 111e
Terlius accipiat quaedam clementius aequo :
Inque aliis refaus multis differre ueccsse est ,115
Haturas hominym varias moresque sequaceis;
•Quorum ego nunc nequëo cœcas exponere causas,
Kcc reperf re figuraruin lot nomina, quoi sunt
Principieis, onde hase oritur variantia rerum.
lllud in liis relius vIdeor firmare potasse ; 320
Usqiie adeo naturarum v estîgia linqui
Parvola, quae nequeat ratio depellere diclls ;
Ut îiiliiï impdiat dîpam Diis degerc vilain.
Huée igitur natura tenetur corpore ab omiii :
Ipsaque corporis est custos, el causa salntis: 32j
Emu communibus inter se radicibus liaerent»
Nec sine prnlcie divelli posse Tidentur.
Quod genus, c turis glebis evellereodorem
Haud facile est» quin intereat nalura quoqiie ejus :
Sic animi alqiie atiimae naturam corpore totn 330
Eitrahere haud facile est, qiiin omuiadissolunntur;
Implexk ita principiis ab origine prima
Inter se funt consorti praedita vita :
Bec sibi quœquc, sine alterius vi, posse videtur
Cktrporis atquc animi, seorsum sentire potestas : 335
amassent et allument le feu de la vie dans les
entrailles.
En outre, jamais nos corps ne sont engendrés
ou ne croissent tout seuls ; et, leur âme morte, tu
ne les vois pas survivre. Non, ils ne ressemblent
pointa cefluide, & Peau, qui rend la vapeur chaude
que le feu lui donne, sans que ces pries détachent
ou altèrent sa propre substance ; non, je le repète,
les membres que leur âme délaisse, ne peuvent
endurer ce veuvage : ruinés eux-pâmes, ils dépérissent
et se corrompent. La liaison des esprits
et des corps natt avec les êtres : ils apprennent
ensemble le mouvement vital ; inséparables jusque
dans les entrailles maternelles, le divorce ne sau*
mit être que leur iéau et leur raine. Si donc leur
existence tient aux mêmes causes, vois quel
rapport enchaîne leur double nature.
Du reste, si on ne veut pas que les corps sentent,
si on croit que les âmes, mêlées à toute leur
substance, se chargent de produire ce tressaillement
que nous appelons sensibilité, on attaque
des choses éclatantes et réelles. Le corps sent-il,
ou non? Eh! qui prouvera le fait, sinon le fait
lui-même dont le témoignage nous éclaire? Mais
une fois leur âme congédiée, itos corps tout entiers
demeurent insensibles ; sans doute : vi- •
vants, ils perdent mille choses qui ne sont point
à eux seuls; et Ils en perdent encore, quand ils
sont chassés de la vie.
Quant à soutenir que les yeux, incapables de
Scd communibtis iiilereosconflatur utrimque
Motibus accensus nobis per tîscera sensus.
Praterea corpus per se nec gignitur unqiiam,
Kec crescit, neque post mortem durare videtur.
Non enini, ut htimor aquae, dimitlit siepe vaporem 3ïo
Qui datus est, neqtie ea causa cou?ellitur ipse,
Sed manet hicolumis : non 9 inquam y sic animai
Discidium possuut artus perferre relictei ;
Sed penitus pereunt convolsei » conque putresctint.
Ex itieunte IPVO sic corporis atqtie animai 34 fi
Mutua vitaleis discunt contagia motus f
Materaisetiain membris f alvoqtie reposta;
Discidium ut uequeat leri sine peste maloque :
Ut videas, qnoniam eonjuncta est causa salutîs,
Conjunctam quoque naturam consistera eoruin. 3.\o
Quod superest, si quis corpus sentire réfutât f
Atque animam crédit, permixtam corporetoto,
Suscipere hune motnm, quem senstim nominitamtis;
Vel manifestas res contra verasque répugnât.
Quid sit enim corpus sentire f quis afTeret unquam f 3.V»
Si non ipsa palam quod res dédit, ac doenit nos?
At , dimissa anima f corpus caret undique sensu ;
Perdit enim, quod non proprium fuit ejus in a?vo ;
Multaque prœterea perdit» quom expellitur aevo.
DIcere porro oculos nullam rem cernere posse f 3 >0
Sed per eos animttm ut foribns spectare reclusis.
Difficile est y contra quom sensus ducat eorum;