auteurs latins - Notes du mont Royal

4ê
LUCltCE.
déliées, et moins rondes. Un souffle contenu et Non, prce'quelegoit et le parfum naissent de
faible dissipe cet amas de graines qui couronne mille petits atomes, épars dans4a masse.
le pavot ; mais sur un monceau de pierres ou de Je le répète donc, et on le voit sans peine, la
lances il ne peut rien. Donc, plus les atomes fine nature des esprits, des âmes, veut des élé­
sont Ans et lisses , mieux ils se remuent et courent j ments Imperceptibles, puisque leur fuite ne dé­
au contraire f plus on les trouve pesants et rudes f robe rien au poids des êtres.
mieux ils tiennent en place,
Et pourtant, gardons-nous de croire que ce
Or, puisque nous avons vu combien les âmes soit une nature simple. Avec la vie s'échappe un
sont agiles, elles ne peuvent avoir que des éléments léger souffle, mêlé de vapeur chaude, que l'air
déliés, polis, et ronds. Amif retiens ce fait, tu accompagne ; car elle ne peut exister sans air,
le trouveras utile ; car il te viendra mille fois en et la chaleur est une matière si pauvre que mille
aide.
germes aériens circulent tiécessairementau milieu
Yoici encore qui montre la nature des âmes, de ses pores.
la délicatesse des atomes qui en forment le tissu f Yoici déjà trois éléments trouvés dans les
et le peu de place que tiendra leur assemblage, si âmes : et pourtant ils ne suffisent pas à nous
on peut les entasser. Sitôt que le calme de la mort rendre sensibles; car la raison ne peut admettre
envahit les hommes, que leur esprit et leur âme que de tels corps impriment â notre sensibilité
se sont échappés, on ne volt pas le corps perdre ce mouvement qui roule les idées dans nos in­
de son poids ou de son volume ; la mort lui laisse telligences. 11 faut donc ajouter une quatrième
tout, hors le sentiment et la chaleur vitale. substance. Elle n
Toute la substance des âmes doit être faîte de
corps imperceptibles, et attachés aux veines, aux
entrailles, aux nerfs, si elles abandonnent la
masse sans appauvrir le contour et la surface
des membres, ni en diminuer le poids. Ainsi,
quand le bouquet du vin et le doux esprit des
parfums se dissipent dans les airs, ou que des
corps perdent leur suc, la substance même parait-elle
plus maigre, devient-elle moins lourde?
9 a aucun nom dans aucune langue,
lien de plus mobile, de plus délié; rien
qui se compose d'atomes plus Uns et plus lisses.
Elle donne le mouvement aux sens, et le propage
dans les membres : car, étant faite des moindres
atomes, elle sgjneut la première ; la chaleur et
le souffle, agent imperceptible , reçoivent alors
un élan vital; l'air part ensuite, ensuite tout s'ébranle
: le sang bat, et les entrailles acquièrent
une sensibilité qui trouve son dernier asile dans
Copia i.ftioiirum quia non tam lœvibus exstet 195
Corporibus, neque tam subtilibus atque retondis :
namque ppaveris 9 tara polest suspeiisa levisque
Cogère f ut ab sammotilii diffluatâltus acervus;
At contra lapidum conjeetuin spicarumque
Nenu potest : igUur pamssimacorpora pin quam 200
Et tevisslma suit, ita mobilitete frauntor.
At contra » quequomqne magis eum pondère magrto
Asperaque inveiiiuntor, m stabilila magis suit
M une iptur, quonlam est animi natura reperte
Mobilis egregie , perquam constare necesse est 205
Corporibus partis, et ketlbns atque rotundis :
Quae tibi cogoita res in mnltis, o bone ! rébus
Utilis invenietur» el opportun cluebit.
Mme quoque res etiam naturam dedieat ejus,
Quant tarai constet textura; quamque loco se 210
Continuai prro, si possit congloméra» :
Quod simul atque bominem leli secura qnies est
Indepta » atque animi natura animœque recessil y
Nil ibi libalum de toto corpore cernas
Ad speclem, nihil ad pondus; mors omnia praestat, 215
Vitelem praeter sensum t calidumque vaporem.
Ergo animam totani perpar?is esse necesse est
Semlnibus, nexam pr veuas, fîscera, nervos :
Quatenus, omnis nbi e toto jam corpore cessit,
Extliiiâ membroram circumcaesura tamen se 220
Incolumem praestat ; nec défit ponderis hiloni :
Quod genus est» Bacchï quom fîos evanuît9 aut quora
Spiritus unguenti suatis diffugit in auras j
Aut aliquo quom jam sucus de corpore cessit :
Nil oculis tamen esse minor res ipsa flieliir 2'iâ
Propterea, neque detractum de^ondeie quidqtiam.
Nimirum quia raulte minutaque semina sucos
Efliciant , et odorem In toto corpore rerum.
Quare etiam atque etiam mentis naturam anîmaeque
Scire licet perquam pauxilis esse creatam 231
Seminibus ; quonlam fugiens nil ponderis aufert
Nec tameu hœc simplex nobls natura pntanda est ;
Tenuis enim quidam moribundos deseritaura,
Mixta vapore; vapos prro trahit aéra secum :
Nec calor est quisquamy quoi non sit mixtus et aor. 235
Rara quod ejus enfui constat natura, necesse est
Aeris inter eum prîmordia multe moveri.
Jam triplex animi est igitor natura reperta :
Nec tamen liaee sat surit ad sensum cuncta creandum ;
Nil ltorum quoniam recipit mens posse creare 240
Sensiferos motus 1 , quœdam quei mente yolutant.
Quarta quoque bis igitur quœdam natura necesse est
Atfribuatur : ea est omnino nominis eipers :
Qua neque mobilïus quidquam, neque tenuiiis exstat,
Nec magis est partis et Iœvibus ex démentis ; 245
Sensiferos motus quae dldit prima per artus ;
Prima cietur enim, parfis perfecta figuris;
Inde calor motus f et venti cœca potestas,
Accipit; indeaer : inde omnia mobilitantur :
Concutitur sanguis, tum viscera persentiscunt 250
Omnia; postremeis datur ossibus atque medullefe,
Si?e voluptas est, site est contrariasardor.