auteurs latins - Notes du mont Royal

Après avoir enseigné ee que sont les éléments
ie toutes choses, et sous combien de formes diverses
ils tourbillonnent d f eui-mêmes, en proie
à une agitation éternelle, et comment tout
peut naître de leur assemblage, je croîs que désormais
il faut éclaircir dans mes vers la nature
des esprits, des âmes, et replonger au néant
cette peur de fÀchéron, qui trouble jusque dans
le fond de ses sources la vie des hommes, en y
répandant partout ta sombre teinte de la mort,
et qui ne laisse pas de jouissances pures et limpides.
Souvent, il est vrai, des hommes proclament
que les maladies et une vie infâme sont plus à
craindre que les abfmes du trépas : ils savent
que les âmes sont de la même nature que le sang f
ou même que Pair, suivant leur bon plaisir, et ils
n'ont que faire de nos enseignements. Mais tu
vis reconnaître que ces aères paroles leur échappait
moins par conviction que par gloire : vois
les mêmes hommes chassés de leur patrie, rejetés
bien loin de la vue des autres, souillés de
honteuses accusations, accablés enfin de toutes
les misères..- Us vivent; et, en quelque lieu que
le malheur les pousse, ils enterrent leurs morts,
ils immolent des brebis noires, ils sacrifient aux
dieux mânes; et ces amertumes ne font que rendre
leur esprit plus ardent à la superstition. Il
faut donc attendre les épreuves du péril pour
eiamïner un homme, et la mauvaise fortune
pour le connaître; car alors le cri de la vérité
Et quoniam docoï y cunetartini mmàm rernm
Oint» tint» etqiam variis distaatiafonttis
Spûfttesiia voilent, Mémo perdta motu ;
Quelque moio possint res ci bis qaœque creari :
Hasce secondant res animi natart videtar 35
Atque animie cltrmda meis jam versibus esse ;
Et Hiatus ille foras prœceps Acheruntis agundus,
Fonditus liumanam qui vitain turbat abimo,
ûœtîiâ suffundens mortis nigrore ; neque ullam
Este Yoluptatem liquidai» puramque relinqnil. 40
Main 9 quod saepe hommes morbos magis esse timendos
lifamemque ferait vitam, quam Tartan leti;
Et se scire animai naturam,saisguinîs esse,
Aut ettam tcnli f si fart Ita forte Toluntas 9
Hec prorsum quidqaam nostr» rationis egere; 45
Bine licet advortas animum, magis onnia laudis
Jactart causa f quam quod res ipsa probelur ;
iitorres idem patria, longeque fugatei
Conspectu eï hominum, fedatel cri raine tnrpif
Omnibus œrumnîs affecte! denique, ? if ont ; 50
Et quoquomque tamen miserei venere, parentant,
Etnigras mactant peeodes, et Manibu y Mmm
Inferiasniiltant; multoque in rebtis acerbis
Acriiii advortunt animosad religionem.
Qoo mips in dabiis boniment spectare pendis- 55
Consenti, adirorsisqne in rebas noseete, quid sil :
Man wmm foces tmii démuni pectore abimo
DE £A NATURE DES CHOSES, II?. 111. Ab
part enfin de nos poitrines* : le masque tombe,
l'homme reste.
Enfin, la soif de for et la passion aveugle des
honneurs 9 qui poussent les misérables humains
à franchir les limites du droit, instruments ou
complices des crimes, et à se consumer nuit et
jour en efforts immenses pour atteindre le faite
des richesses : ces plaies de la vie ne sont alimentées
presque que par la peur de mourir. Car
le mépris infâme, la dure misère, semblent incompatibles
avec une eiistence douce et assurée :
ils se tiennent, en quelque sorte, devant tes
portes de la mort. Aussi les hommes, emportés
par de fausses alarmes, veulent-ils sans cesse les
fuir et les repousser sans cesse : le sang de
leurs concitoyens engraisse donc leur fortune;
leurs mains avides entassent et les trésors et les
meurtres; ils suiventavec une joie cruelle le triste
convoi de leurs frères, ils détestent et craignent
la table de leurs proches 1
La même cause, la même pur dessèche les
envieux. Ils voient des hommes qui puventtou^
des hommes qui attirent les yeux et marchent
tout brillants de gloire; eux, au contraire, ils se
roulent dans les ténèbres et la boue : leurs plaintes
éclatent alors; et la plupart meurent pour
acquérir un nom 9 une statue. Souvent même la
crainte de mourir dégoûte les humains de vivre,
devoir la lumière : ces âmes désespérées recourent
à la mort, oubliant que la source de leurs peines
est cet effroi que la mort Inspire; que lui seul
EHciuDtur; et eripltar perso», maiiet res.
Beiîqud a?arilies et honorera caeca cupido,
Quae miseros homfn» cogunt tratsceadere fineis Si
Juris; et interdnm , sœios sccleram atque ministfoa,
Nocteis atque dies niti priestante labore
Ad summas émerger© opes : h«e votaera vits
Non miiumam prtem mortis fcrmidine alunlur.
Turpis enim ferme eontemtus 9 et acris egestas 9
Semota ab dulci fila stabilique videntur;
Et quasi jam leti portas conctarier ante.
Unde boulines9 dum se, falsoterrore coacteî,
Effogîsse volant longe, longeque reuiosse,
Sanguine elvlli rem confiant 9 ditiUasque 70
Conduplicant a?idei , codera oede accumulantes ;
Crudeles gaudeniin tristi funere fratris,
Et consanpineum mensas odere timenlque.
Consimili ratione f ab eodem sœpe timoré
Macérât invidia : ante oculos ollum esse potenten » ; 5
Ollum adspectari f claro qui ineedit lionore ;
Ipseï se in tenebris TohieœnoqueqnenmtQr.
Intereunt prtim ttatuarum et nominis ergo ;
Et sœp usque adeo9 mortis formidine, vite
Percipit humanos odium t lucisque ?Mendae, Si
Ut sibi consciscant mœrenti pectore letum;
ûbïitei fontem curaram banc esse timorem;
ffunc vexare pudorem ; liunc vincala amicittei
Bumpre ; et in summa pietatem etortere sutdet s
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