auteurs latins - Notes du mont Royal

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tes rocs, leur aient donné la vie : mais ils la
doivent à cette terre qui les nourrit encore de
sa substance.
D'ailleurs, elle créa pour les premiers hommes,
elle créa spontanément et leur offrit ellemême
les riantes moissons» les vignobles et les
gras pâturages, doux enfants du sol, qui de nos
jours poussent et grandissent à peine sous des
mains actives. On use des bœufs, on consume
des hommes, et à peine suffisent-ils à la terre
paresseuse : tant les fruits dépérissent et ont
besoin de travail pour croître 1 Déjà le vieux laboureur,
secouant la tête, gémit de ses efforts
perdus, de ses sueurs inutiles ; et quand il compre
son temps aux temps passés, il vante le
bonheur de son père. Triste comme lui, épuisé
comme sa vigne, le vigneron accuse de même
les temps qui changent; il tourmente le ciel, il
crie sans cesse que les générations antiques, occupées
seulement des dieux, tiraient une subsistance
facile de leur humble domaine, quoique chacun
eût moins de terre que mous : mais 11 ne sait pas
que la vieillesse dévore lentement les êtres, et
que le monde court à si perte, déjà fatigué par
les âges.
LIVRE III.
Toi qui, le premier, as su faire jaillir de
ténèbres si épaisses une lumière si vive f nous
éclairant sur les intérêts de la vie, je te suis, honneur
du peuple grec, et déjà sous mon pied je
couvre, je presse la trace de tes pas : non que je
Prœterea, nitidas fruges» vinetaque teta,
Sponte sua primnm mortallbus ipsa creavit ;
Ipsi dédit dulcels fétus et ptbiila taeta , 1100
Quie ntinc vit nostro grwidescunt aucta labore;
Conterimoaqne boves, et f irets agricolarani
Couficimus, sereis vin arveis suppedilatei :
Usque adeo pereont fétus, augentque labore I
Jamque » caput quassans 9 grandis suspirat arator 1165
€ referais in cassum magnum cecidisse laborem ;
Et, quom tempora temporibiis praesenlia eoofert
Praeteriteis, laudai fortunas sœpe parentis.
Tristis ilem vetulae fitis sator» alque [fatiaccns,]
Temporis ineusat momen, ccelumqua fatigat ; i 170
Etcrepat» antiquim gênas ot pietate replelum
Perfacile angustîs Merarit ioibus œvoii t
Quom roinor mmt agri multo modus ante viritim :
Nec teuet, omnia paillatîm tabescere, et ire
Ad captiiuin , spalio œtatis defessa ?etualo. 1 f 75
LIBER III.
E tenebris tantis tam clarum extollere lumen
Qui primus potuisti, inltistraos commoda vite,
Te sequor, 0 Graiae gentls décos î inque tuisnunc
Ficta pedum pono pressis ve&tigla signls;
Non ita eertandi cupidus f quam propter ainorem, 5
veuille tenter la lutte ; mais, épris de ta sagesse,
je brûle de t'imiter. Vit-on jamais hirondelle te
disputer aux cygnes? Le chevreau»%tremblant
des membres, peut-il rien faire qui vaille le généreux
effort du coursier robuste? Toi seul Inventas
ces choses, et tu es un père qui nous lais*
sestesleçonsenhéritagerdans tes œuvres, illustre
sage f comme dans les bois leuris que dépouillent
les abeilles rongeuses, nous aspirons tout le suc
de tes paroles, où l'or, où for pur éclate f et qui
sont à jamais dignes de la vie éternelle I
Car aussitôt que le cri de ta raison divulgue
cette nature des choses échappée de ton intelligence
divine, les terreurs des âmes se dissipent, les
barrières du monde s'écartent^ et je vois tout
s'accomplir au milieu du vide. Alors nfapprafssent
dans leur sainteté les immortels, et leurs
paisibles demeures : elles ne sontexpséesf ni à
la secousse des vents, ni aux averses des nues,
ni aux souillures de la neige condensée par : un
froid aigu, et qui tombe toute blanche ; car un
ciel sans nuages les enveloppe, les inonde toujours
de sa riante lumière. La nature des dieux suffit à
leurs besoins, et en aucun temp aucun souci ne
ronge la paix de leur âme. Mais je ne découvre
pas, en face du ciel, les voûtes infernales; et
pourtant la terre ne dérobe point à mes vastes
regards tout ce qui se passe, sous nos pieds, au
fond du vide. In examinant ces choses, une céleste
volupté, un saint effroi me pénètrent, de
voir que, sous ta main puissante, la Nature s'illumine
et s f ouvre tout entière, dépouillée de ses
voiles.
Quod te imitari aveu. Qiiid ettim contendat hirundo
Cycois? aut quid nam tremulis facere artubus hsdd
Consimîlein ettrsu possint, et fortts equi vis?
Tu, Pater, es reram inventer; tu patria lobïl
Sobpeditas praecepta : tiiisque ex, incltite, cliartis, 10
Fioriferis ut apes in salttbus omnia limant,
ûronia nos itidem depascimur aiirea dicta;
Aorea, perpétua sempr digmssima ? ita.
Nam, simul acratio tua oœpitvociferari
Naturem reram, divina mente îoortam, fs
Diffugiunt animi terrores ; mœnla mundi
Discedunt, totum video per ïnane geri res :
Adparet Divôm numen, sedesque quiets;
Quas neque eoiciiiîiiol vente! f nec nubila nîmbis
Adspergunt; neque nix, acri concreta pminaf
Cana cadens, violât : semperque in nubibus aether
Integer, et large diffuso lumine ridet.
Omnia subpeditat porro nature 9 neque ulla
les animi pacem delibat tempore in alto»
At contra nusquam adparent Aclierusia templa; îS
Nec telles obstat, quin omnia despïciantor,
Sub pedibus quœquomqoe infra per inane geruntur.
Bis ibi me rébus qunedam ditina f oluptas
Percipit alque borror ; quod sic nature, tua ?i
Tain manifesta patens, ci omni parte retecta est. M
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