auteurs latins - Notes du mont Royal

iuit toutes les espèces vivantes : car elle leur
foirait la pâture dont tous les corps se nourrissent,
et où ils puisent avec la douce vie les
germes de leur postérité. Aussi mérîte-t-elle
ce nom de mère que les hommes lui donnent
Orf tout ce qui vient du sol y retourne ; tout
ce que les airs nous envoient remonte veis
le del, et les airs le recouvrent. La mort anéantit
les êtres, et non pas les atomes ; elle ne fait que
rompre leur assemblage, pour les assembler encore
de mille façons diverses : aussi les êtres changent-ils
sans cesse de forme, de couleur; et dès
que le sentiment les anime f le sentiment leur
échappe. luge donc combien importent le mélange
f la disposition, les mouvements réciproques
des atomes; et crois à leur éternité, quoique
nous voyions à la surface des choses une matière
flottante qui semble ne recevoir la vie que pour
la perdre. Quoi de plus essentiel, dans ces vers
mêmes 9 que la combinaison et la place des lettres
assemblées ? Car les mêmes qui désignent
le ciel, la mer, les fleuves, la terre, le soleil,
expriment aussi les moissons, les arbres> les
animaux : sinon toutes, au moins la plupart,se
retrouvent en mille mots, et leur position seule
les distingue. Les atomes agissent de même sur
les corps; et cpand leur intervalle, leur direction
f leurs rapports, leur poids, leurs chocs,
leurs mouvements, leur ordre, leur p!ace, leur
forme changent, les corps doivent aussi changer.
A présent, ô Memmiiis f sois attentif à la voix
de la sagesse : car des vérités inconnues brûlent
Etdulceot ducuot vilain, prolemqiie propagant:
Quipropter mérita maternum nome» adapta est.
Ccdit item rétro» de terra quoi fuit ante »
In terras ; et, quoi missum est ei aetlieris oris,
ld rarsuin cœli relitum templa receptant :
Bec sic interimit mors res 9 ut materîai
Corpora cooicitt , sed certain dissupat olleis :
Inde alîeis aliud conjungît ; et cfficîl f omîtes
les îta eoovortant formas, motenfqoe colores,
Et capiaot sensns, et pimcto tempore reddant;
Ut noscas referre» eadem priraordia lerum
CaîB quibus, et quall positura contineatittir»
El quos inter se dent motus accipiantque ;
Nete putes arterna param i-esidere potesse
Corporm prima, qtiod in summis finît are videmus
Rébus » et interdum nasei» suWtoque perlre.
Quin etiam refert, noslrl^ in versibus îpsis,
Com quibos, et quati sipt online quicque locata.
3amque eadem coelum, mare, terras, flumina, solem, 1015
Slpificaol; eadem fruges, arbusta9 animanteîs.
Si non omnia sint, at molto maxuma pars est
Coosimilis; teram positura dlscrepitant res :
Sic ipsis in rébus item jam materiai
Intenalla, vise, connexus, pondéra, plagae,
Concursus, molos, ordo» positura, figura
Qtiom permulantur, niulari res quoque détient
DE LA NÀTtJlE DES CHOSES, L1V. E. 41
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de se faire jour à tes oreilles, et la nature se
montre sous une face nouvelle. Mais est-il des
choses si simples qui ne soient, au premier aspect,
difficiles à croire? De même, les hommes
ne voient rien de si magnifique, de si' admirable,
que leur admiration ne finisse par diminuer
à la longue.
Le brillant azur du ciel, la lumière flottante
des astres épars dans le vide, la lune f le soleil
aux feux éclatants, les émeuvent à peine. Mais
suppose que ces astres, encore dérobés aux mortels
, leur apparaissent tout à coup et les surprennent
: est-il alors un spectacle plus merveilleux,
et que les peuples eussent osé moins attendre ? le
ne puis le croire, tant ils exciteront le ravissement
des hommes! Au lieu que maintenant on
se lassede les voir, on ne daigne plus jeter un re*
gard sur les dômes éblouissants du ciel.
Ainsi donc ne rejette pas de sages idées,
parce que leur forme nouvelle te fait ombrage.
Pèse-les plutôt avec intelligence : si elles te semblent
vraies , rends les armes ; attaque-les f si tu
les trouves fausses. La raison me guide : comme
des espaces sans fin existent au delà des remparts
du monde, mon esprit cherche ce que renferment
ces lieux, où la pensée aime tant à plonger un regard
avide; et mon esprit est libre de voler où
son essor le pousse.
Établissons d'abord que de toutes parts, en
tous sens, de chaque côté, en haut, en bas, le
tout universel manque de bornes : nous avons
prouvé le fait, il parle de lui-même, la nature
M une animum nobis adhibe •eram ad rationem :
Mam tibi veberaenter mm& res molitur ad aureis
âccidere 9 et nota se species ostendere rerum. 102$
Sed neque tara facilis res «Ha est, quin ea primum
DifficUis magis ad credondum constet ; itemque
Nil adeo magnum y neque tara mirabile qnidquamf
Qiiocl non paullatim mintiant mirarier omnes.
Principio cœli clarum purumque colorem, 1030
Quemque in se cohibent palantia sidéra passim t
Lunamqtie» et solis praeelara lucenitorem :
Omnia quae nunc si primum mortatlbus esse fit»
Ex improviso si sint objecta lepnte ;
Quid magis bis rébus poterat mirabile dici, 1035
Aut minus ante quod auderent fore credere gentes?
Nil nt opinor; lia lœc species miranda fuisset 1
Qnam tibi jam nemo fessus satiate fidendi 9
Suspicere in cœli dfgnatur lucide templa.
Desine quapropter» no? itate eiterritus ipsa, 1040
Exspuere ex aniroo rationem ; sed magis acri
Judicio perpide : et, si tibi vera ildentur,
Dede manus ; aut 9 si falsum est , acdngere contra.
Quscrit enim rationem animus 9 quom summa loci sit
Infinita forisf hœc eitra mcraiia mundi 9
Quid sit ibi porro, quo prospicere usque velit mens ;
Alque animi jactus liber, quo perfolit ipse.
Principio nobis in cuncfas undique prteil ,
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