auteurs latins - Notes du mont Royal

m
allument le flambeau des sens qui veillent! la
garde des êtres.
Les êtres sont-ils frappés plus fort que ne le
put endurer leur nature, le coup les abat aussitôt
f et bouleverse les organes de leur âme : les
éléments sont arrachés de leur place, le mouvement
vital expire; si bien que la masse des
atomes, ébranlée dans tous les membres, brise
les nœuds de la viey la détache du corps, et la
rejette pr toutes les issues. En effet, que pouvons-nous
attendre du choc, et que fera-t-il f à
moins de tout dissiper et de tout rompre?
Souvent aussi, lorsque le coup a moins de
violence, le mouvement harmonleui de la vie
triomphe par un dernier effort : il dompte la matière
que soulève le choc, il apaise ses désordres,
il rétablit son cours, il arrête le mouvement
destructeur déjà maître du corps, et rallume les
sens à demi éteints. Car est-il autre chose qui
ranime le souffle de la vie chez les êtres quand
Ils sont aux portes de la mort, et qui les empêche
de suivre leur penchant à la ruine?
D'ail leurs, on souffre quand les atomes de
matières, tourmentés par un choc au fond des
entrailles ou des membres, se déplacent; et
quand ils retournent à leur poste, la douce volupté
les accompagne. Tu peux en conclure que
les éléments échappent aux atteintes du mal, et
ne recueillent en eux-mêmes aucun plaisir; car
fis ne sont point un assemblage de ces corps
Mec, congressa modo, vitaleîs confeoieateis
Cootulit intor se motos, quibus omne tuantes
Accensei seosus animantem qoamque tueiiltir.
Praterea quamris animante»! grandior ictus »
Qnam ptitur natura 9 repente afligit , et omneis 945
Corporis atque aoiroi pergit confundere semm :
Dissoif un tu r enim positons principiorum f
El penitus motus fitaies impediuntur;
Uonec malarias f omneis ooncussa per artus,
Yitaleîs mimm nodos e corpore sol vit 9
LUCRECE.
950
Dispcrsaoïque foras per caolas eicit omneis.
Nam quid praeterea facere ictum posse reamur
Oblaluin y ni si discutera ac dlssoîvere quœque ?
Fit quoque » uli soleant, minus oblato acrilcr iclii ,
Reliquùe motus yitalis Tiocere saepe ; 955
Yincere f et ingenleis plagae seiJare tiimtiltusf
Inqne suos quidquid rursus revocare meatus ;
Et quasi jam leti domiuaiiteiii in corpore motum
Discutera, ac paene amissos accendere sensus.
Nam f qua re potius leti jam lîmine ab ipso 9§0
Ad ritam possint, eonjecla mente f re?orti,
Qnam, quo deciirsum prope jam siet, ire et abîre?
Praeterea, quoniam dolor est , ubi materiai
Corpora, ?i quadam per viscera fiva, per artus»
lolieitafa , suis trépidant in sedibus inttis ; 9S5
Inque loctim quando remigrant 9 M blanda voloptas;
gcire licei, nullo primordia posse dolore
Tentari ; nullanriqiie ?oluptatem tapera ei se :
élémentaires^ dont les bouleversements puissent y
semer la douleur ou la jouissance. La matière
ne doit donc pas être sensible.
Quoi! pour que les animaux sentent, il faut
accorder le sentiment aux atomes? Ainsi, les
éléments propres à la race des bommes sont agigitéspar
le tremblement du rire; la rosée des
pleurs baigne leur visage, leurs joues; ils sont
habiles à parler sur la substance des êtres 9 et
ils cherchent à voir leur propre base. Carf puis*
que ces atomes ressemblent à des hommes 9 il
leur faut aussi des corps élémentaires ; autre
eorp, autres germes ; et ainsi de suite, sans que
tu oses jamais interrompre la chaîne. Je te suivrai
sans relâche, pour imposer, à tout être que
tu auras doué de la parole, du rire, de la sagesse,
des atomes doués de même. Mais si nous
ne voyons là que des idées folles et le comble de
la sottise; si on peut rire sans atomes qui rient;
si on put raisonner avec sagesse, parler avec
éloquence, sans atomes éloquents ni sages,
pourquoi les êtres qui sentent ne seraient-ils pas
également formés par un mélange de corp insensibles?
Enfin, nous sommes tous nés du ciel; nous
avons tous le ciel pour père : du ciel tombent les
eaux pures ; et quand les gouttes pénètrent au
sein de la terre bienfaisante, cette mère féconde
des êtres, elle produit les grasses moissons, les
arbres fertiles, la race des hommes; elle pro~
Quandoquidem non sunt et ollis priocipiorum
Corporibus, quorum motus novitate laborent, 970
Aut aliquem fnictum captant dulceditiis almae :
ffaud igitur debent esse ullo praedita sensu.
Beuique uti possiiit sentire animalia quaeque t
Principieis si jam est sensus trîbueidtis eoram :
Quid? geins liumanum propritîm de quitus auctum est»
Scilicet et risu tremulo conçus» cacliinnant, 976
Et lacrumis sprgunt rorantlbus ora genasque;
Multaque de rerum miitura dieere callent,
Et, sibi proporro quae sint primordia, quaerunt ;
Qiiaudoquidem toteis morlalïbus adsiroilata, 98i
Ipsa quoqtie ex aliis debent constare démentis ;
Inde alia ei aliis » nusquam consistera ut ausis.
Quippe sequar» quodquomqne loqni ridereque dices,
Et sapera» ex aliis, eadem faœe facîeetibûs, ut ait.
Quod si délirabaec furiosaqiie cernimus esse, 9SS
Et ridere potest non ex ridentîbus auctus,
Et sapere, et doctis rationem reddere diclis,
Non ex semlnibus sapientibus atque disertîs :
Qui minus esse queant ea, qu» sentire videmus,
Seminîbus permlxta carentlbus uidique sensu ? mû
Denique cœfesti sumus omnea semine orîundei ;
Omnibus ille idem pater est; unde aima liqiienteis
Humoris guttas mater quom Terra recepil,
Fêta prit nitidas fruges, arbustaque laeta,
Etgenus humanum; prit omnîa aëfcla fenriun; 9%
Fabula auoiD priebet, quibus onwes corpora paaciiQt,