Pratchett,Terry-[Dis..

Pratchett,Terry-[Dis.. Pratchett,Terry-[Dis..

nihon.ryouri.asia
from nihon.ryouri.asia More from this publisher
03.07.2013 Views

Et, tandis qu’elle se préparait son petit-déjeuner et hachait la pâtée pour chien de Ludmilla, elle entendit des voix. Des voix très faibles. Non pas à la limite de l’audible, vu qu’il s’agissait de voix que l’oreille ordinaire ne perçoit pas. Elle les entendait dans sa tête. … regarde ce que tu fais… où je suis… arrête de pousser, là… Puis elles moururent. Pour être remplacées par un grincement en provenance de la chambre voisine. Elle écarta son œuf à la coque et franchit le rideau de perles en se dandinant. Le bruit sortait de sous la housse en toile de jute simple et austère de sa boule de cristal. Evadne regagna la cuisine et choisit une poêle à frire bien lourde. Elle l’agita dans le vide une ou deux fois, histoire de se faire à son poids, puis revint à pas de loup vers la boule de cristal sous son capuchon. La poêle brandie, prête à l’abattre sur tout ce qui ne lui plairait pas, elle arracha la housse d’un coup sec. La boule tournait lentement sur son support. Evadne l’observa un moment. Puis elle tira les rideaux, se laissa tomber sur sa chaise, prit une profonde inspiration et demanda : « Il y a quelqu’un ? » La majeure partie du plafond s’écroula. Au bout de plusieurs minutes et de beaucoup d’efforts, madame Cake parvint à se dégager la tête. « Ludmilla ! » Des pas légers parcoururent le couloir depuis la cour de derrière, et quelque chose entra. Par son allure générale, voire son charme, c’était manifestement féminin, vêtu d’une robe toute simple et visiblement affligé d’une pilosité superflue que la plupart des rasoirs délicats pour dames auraient du mal à éliminer. Par ailleurs, dents et ongles se portaient longs cette année. On s’attendait à ce que la chose grogne, mais elle parla d’une voix agréable et incontestablement humaine. « Mère ? — Chuis là-d’sous. » La terrible Ludmilla souleva une solive impressionnante et la rejeta de côté d’un geste dégagé. - 74 -

« Qu’est-ce qui s’est passé ? Ta prémonition n’était pas branchée ? — Je l’ai coupée pour parler au boulanger. Mince alors, ça m’a fichu un coup. — Je vais te faire une tasse de thé, d’accord ? — Allons, tu sais bien que t’écrases toujours les tasses dans ces périodes-là. — Je fais des progrès, dit Ludmilla. — Tu es une bonne fille, mais je vais m’en occuper, merci quand même. » Madame Cake se leva, épousseta le plâtre de son tablier et s’exclama : « Ils ont crié ! Ils ont crié ! Tous en même temps ! » Modo, le jardinier de l’Université, désherbait un parterre de roses lorsque l’antique pelouse duveteuse à côté de lui se souleva et germa d’un Vindelle Pounze vivace qui cligna des yeux à la lumière. « C’est vous, Modo ? — Tout juste, m’sieur Pounze, répondit le nain. Vous voulez que j’vous aide à sortir ? — Je crois que je peux y arriver tout seul, merci. — J’ai une pelle dans la cabane, si vous voulez. — Non, ça va très bien comme ça. » Vindelle se hissa hors de l’herbe et brossa la terre des restes de sa robe. « Pardon pour votre pelouse, ajouta-t-il en baissant les yeux sur le trou. — Sans importance, m’sieur Pounze. — Il a fallu longtemps pour lui donner cet aspect-là ? — Dans les cinq cents ans, je pense. — Bon sang, je suis navré. Je cherchais les caves mais j’ai dû me perdre, on dirait. — Vous inquiétez pas pour ça, m’sieur Pounze, fit joyeusement le nain. Tout pousse comme du chiendent, de toute façon. J’vais reboucher ça cet après-midi, semer quelques graines, et les cinq cents ans vont passer en un rien de temps, vous verrez. - 75 -

« Qu’est-ce qui s’est passé ? Ta prémonition n’était pas<br />

branchée ?<br />

— Je l’ai coupée pour parler au boulanger. Mince alors, ça m’a<br />

fichu un coup.<br />

— Je vais te faire une tasse de thé, d’accord ?<br />

— Allons, tu sais bien que t’écrases toujours les tasses dans ces<br />

périodes-là.<br />

— Je fais des progrès, dit Ludmilla.<br />

— Tu es une bonne fille, mais je vais m’en occuper, merci<br />

quand même. »<br />

Madame Cake se leva, épousseta le plâtre de son tablier et<br />

s’exclama : « Ils ont crié ! Ils ont crié ! Tous en même temps ! »<br />

Modo, le jardinier de l’Université, désherbait un parterre de<br />

roses lorsque l’antique pelouse duveteuse à côté de lui se souleva<br />

et germa d’un Vindelle Pounze vivace qui cligna des yeux à la<br />

lumière.<br />

« C’est vous, Modo ?<br />

— Tout juste, m’sieur Pounze, répondit le nain. Vous voulez<br />

que j’vous aide à sortir ?<br />

— Je crois que je peux y arriver tout seul, merci.<br />

— J’ai une pelle dans la cabane, si vous voulez.<br />

— Non, ça va très bien comme ça. » Vindelle se hissa hors de<br />

l’herbe et brossa la terre des restes de sa robe. « Pardon pour<br />

votre pelouse, ajouta-t-il en baissant les yeux sur le trou.<br />

— Sans importance, m’sieur Pounze.<br />

— Il a fallu longtemps pour lui donner cet aspect-là ?<br />

— Dans les cinq cents ans, je pense.<br />

— Bon sang, je suis navré. Je cherchais les caves mais j’ai dû<br />

me perdre, on dirait.<br />

— Vous inquiétez pas pour ça, m’sieur Pounze, fit<br />

joyeusement le nain. Tout pousse comme du chiendent, de toute<br />

façon. J’vais reboucher ça cet après-midi, semer quelques<br />

graines, et les cinq cents ans vont passer en un rien de temps,<br />

vous verrez.<br />

- 75 -

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!