Pratchett,Terry-[Dis..
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Il retomba par terre à l’instant où s’ouvraient les grandes portes. Un des appariteurs de la faculté entra d’un air agité, suivi d’une escouade de la garde du palais du Patricien. Le capitaine des gardes toisa l’archichancelier avec l’expression de ceux qui prononcent du même ton les mots « civil » et « cafard ». « C’est vous qui dirigez tout ça ? » demanda-t-il. L’archichancelier se lissa la robe et s’efforça de redresser sa barbe. « Je suis l’archichancelier de cette université, oui », répondit-il. Le capitaine promena un regard étonné autour de la salle. Les étudiants se tapissaient tous à l’autre bout. Des éclaboussures de mangeaille tachetaient la majeure partie des murs jusqu’au plafond. Des morceaux de mobilier gisaient autour des débris du lustre tels des arbres autour du point de radiation maximum au sol d’un météore. Puis il parla avec tout le dégoût de qui n’a pas poursuivi ses études au-delà de l’âge de neuf ans mais a entendu raconter des choses… « On fait les fous comme les jeunes, hein ? dit-il. On se lance des boulettes de pain, tout ça ? — J’peux vous demander l’objet de cette intrusion ? » répliqua froidement Ridculle. Le capitaine des gardes s’appuya sur sa lance. « Ben, fit-il, voilà ce qu’il en est. Le Patricien est barricadé dans sa chambre, rapport au mobilier du palais qui valdingue partout comme pas possible, les cuistots veulent même plus retourner dans la cuisine, vu ce qui s’y passe… » Les mages se retenaient pour ne pas regarder le fer de la lance. Il commençait à se dévisser tout seul. « Bref, poursuivit le capitaine, inconscient des petits bruits métalliques, le Patricien m’appelle par le trou de la serrure, voyez, et il me dit : “Douglas, est-ce que ça vous ennuierait de faire un saut à l’Université pour demander au directeur s’il aurait la bonté de passer me voir, des fois qu’il serait pas trop occupé ?” Mais je peux toujours retourner l’informer que vous êtes en pleine partie de rigolade estudiantine, si vous préférez. » - 68 -
Le fer de lance était presque séparé du fût. « Vous m’écoutez ? demanda le capitaine d’un air soupçonneux. — Hmm ? Quoi ? fit l’archichancelier en s’arrachant à la contemplation du métal en rotation. Oh. Oui. Ben, j’vous assure, mon brave, qu’on est pour rien dans… — Aargh ! — Pardon ? — Le fer de lance m’est tombé sur le pied ! — Ah bon ? » s’étonna Ridculle, l’air innocent. Le capitaine des gardes sautillait sur place. « Écoutez, est-ce que vous venez, oui ou non, vous et vos foutus tours de passe-passe ? jeta-t-il entre deux bonds. Il est pas très content, l’patron. Pas très content du tout. » Un grand nuage informe de vie s’étendait peu à peu sur le Disque-monde, comme l’eau s’accumule derrière un barrage lorsque les vannes sont fermées. Sans la Mort pour l’évacuer quand on n’en avait plus besoin, la force vitale n’avait nulle part ailleurs où aller. Ici et là, elle se mettait à la terre à la façon d’un esprit frappeur sévissant au hasard, dans des lueurs d’éclairs de chaleur avant un gros orage. Tout ce qui existe aspire à vivre. Le cycle de la vie se résume à ça. C’est le moteur qui entraîne les grandes pompes biologiques de l’évolution. Tout s’efforce de grimper petit à petit à l’arbre, de gagner l’échelon suivant à coups de griffes, de tentacules ou de bave avant d’atteindre le sommet – lequel, en général, se révèle décevant en regard des efforts déployés. Tout ce qui existe aspire à vivre. Même ce qui est dépourvu de vie. Ce qui jouit d’une espèce de sous-vie, d’une vie métaphorique, d’une quasi-vie. Et aujourd’hui, de même qu’une période soudaine de chaleur génère des floraisons exotiques voire anormales… Les petits globes avaient une particularité. On les prenait, on les secouait, puis on regardait les jolis flocons de neige tournoyer - 69 -
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Le capitaine des gardes sautillait sur place. « Écoutez, est-ce<br />
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lorsque les vannes sont fermées. Sans la Mort pour l’évacuer<br />
quand on n’en avait plus besoin, la force vitale n’avait nulle part<br />
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Ici et là, elle se mettait à la terre à la façon d’un esprit frappeur<br />
sévissant au hasard, dans des lueurs d’éclairs de chaleur avant<br />
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ça. C’est le moteur qui entraîne les grandes pompes biologiques<br />
de l’évolution. Tout s’efforce de grimper petit à petit à l’arbre, de<br />
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