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03.07.2013 Views

— … ces pêches s’abîment rien qu’à les regarder… fit une voix derrière le sergent Côlon. — Ces vieux débiles nous bloquent depuis une demi-heure, se plaignit un conducteur de bestiaux dont les quarante bœufs avaient depuis longtemps échappé à son autorité pour errer au hasard dans les rues avoisinantes. J’veux qu’on les arrête. » Le sergent comprit peu à peu qu’il s’était placé par mégarde sur le devant de la scène dans un drame qui réunissait des centaines de gens, parmi lesquels des mages, et tous en colère. « Qu’est-ce que vous faites, donc ? demanda-t-il d’une petite voix. — On enterre notre collègue. Ça s’voit pas ? » répliqua Ridculle. Les yeux de Côlon pivotèrent vers un cercueil ouvert au bord de la route. Vindelle Pounze lui adressa un petit signe de la main. « Mais… il est pas mort… dites ? fit-il, le front plissé dans son effort pour ne pas perdre pied. — Les apparences sont parfois trompeuses, répondit l’archi-chancelier. — Mais il vient de m’adresser un signe de la main, fit remarquer le sergent désespéré. — Et alors ? — Ben, c’est pas normal pour… — Tout va bien, sergent », déclara Vindelle Pounze. Côlon se rapprocha en crabe du cercueil. « C’est pas vous qu’j’ai vu sauter dans l’fleuve, hier au soir ? demanda-t-il du coin de la bouche. — Si. Vous avez été très serviable, dit Vindelle. — Et après vous avez comme qui dirait sauté hors de l’eau. — J’en ai peur. — Mais vous êtes resté au fond un temps fou. — Ben, il faisait très noir, voyez-vous. Je n’arrivais pas à trouver les marches. » Le sergent Côlon devait reconnaître que c’était logique. « Ben, j’suppose qu’vous êtes bien mort, alors, fit-il. Personne aurait pu rester si longtemps au fond à moins d’être mort. — Voilà, approuva Vindelle Pounze. - 56 -

— Seulement, pourquoi vous bougez et vous parlez ? » Le major de promo passa la tête hors du trou. « Il n’est pas rare qu’un cadavre bouge et émette des bruits après le décès, sergent, expliqua-t-il spontanément. C’est dû à des spasmes musculaires involontaires. — Là-dessus, le major de promo a raison, fit Vindelle Pounze. J’ai lu ça quelque part. — Oh. » Le sergent Côlon regarda autour de lui. « D’accord, dit-il d’une voix mal assurée. Ben… ça va, j’imagine… — Voilà, ça y est, fit l’archichancelier en se dégageant du trou à quatre pattes, c’est assez profond. Allez, Vindelle, descendez. — Vraiment, je suis très touché, vous savez », dit Vindelle en se recouchant dans le cercueil. Un bon cercueil qui venait de la morgue de la rue de l’Orme. L’archichancelier le lui avait laissé choisir lui-même. Ridculle empoigna un maillet. Vindelle se remit en position assise. « Tout le monde se donne tellement de mal… — Oui, c’est ça, dit Ridculle en regardant autour de lui. Bon… qui a l’pieu ? » Tout le monde regarda l’économe. L’économe se regarda les pieds d’un air piteux. Il fouilla dans un sac. « Je n’en ai pas trouvé », avoua-t-il. L’archichancelier se prit le front dans la main. « Vous savez, ça m’étonne pas. Mais alors pas du tout. Vous avez trouvé quoi ? Des côtelettes d’agneau ? Une belle tranche de rôti d’porc ? — Du céleri, répondit l’économe. — Ce sont ses nerfs, s’empressa d’intervenir le doyen. — Du céleri, répéta l’archichancelier, dont la maîtrise de soi était assez solide pour qu’on courbe des fers à cheval autour. Bien. » L’économe lui tendit une botte verte et détrempée. Ridculle s’en saisit. « Bon, Vindelle, dit-il, imaginez que ce que j’tiens dans la main… — C’est très bien, fit Vindelle. — J’suis pas vraiment sûr de pouvoir enfoncer… - 57 -

— … ces pêches s’abîment rien qu’à les regarder… fit une voix<br />

derrière le sergent Côlon.<br />

— Ces vieux débiles nous bloquent depuis une demi-heure, se<br />

plaignit un conducteur de bestiaux dont les quarante bœufs<br />

avaient depuis longtemps échappé à son autorité pour errer au<br />

hasard dans les rues avoisinantes. J’veux qu’on les arrête. »<br />

Le sergent comprit peu à peu qu’il s’était placé par mégarde<br />

sur le devant de la scène dans un drame qui réunissait des<br />

centaines de gens, parmi lesquels des mages, et tous en colère.<br />

« Qu’est-ce que vous faites, donc ? demanda-t-il d’une petite<br />

voix.<br />

— On enterre notre collègue. Ça s’voit pas ? » répliqua<br />

Ridculle.<br />

Les yeux de Côlon pivotèrent vers un cercueil ouvert au bord<br />

de la route. Vindelle Pounze lui adressa un petit signe de la<br />

main.<br />

« Mais… il est pas mort… dites ? fit-il, le front plissé dans son<br />

effort pour ne pas perdre pied.<br />

— Les apparences sont parfois trompeuses, répondit<br />

l’archi-chancelier.<br />

— Mais il vient de m’adresser un signe de la main, fit<br />

remarquer le sergent désespéré.<br />

— Et alors ?<br />

— Ben, c’est pas normal pour…<br />

— Tout va bien, sergent », déclara Vindelle Pounze.<br />

Côlon se rapprocha en crabe du cercueil.<br />

« C’est pas vous qu’j’ai vu sauter dans l’fleuve, hier au soir ?<br />

demanda-t-il du coin de la bouche.<br />

— Si. Vous avez été très serviable, dit Vindelle.<br />

— Et après vous avez comme qui dirait sauté hors de l’eau.<br />

— J’en ai peur.<br />

— Mais vous êtes resté au fond un temps fou.<br />

— Ben, il faisait très noir, voyez-vous. Je n’arrivais pas à<br />

trouver les marches. »<br />

Le sergent Côlon devait reconnaître que c’était logique.<br />

« Ben, j’suppose qu’vous êtes bien mort, alors, fit-il. Personne<br />

aurait pu rester si longtemps au fond à moins d’être mort.<br />

— Voilà, approuva Vindelle Pounze.<br />

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