Pratchett,Terry-[Dis..
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— Ben, faut bien que quelqu’un s’en occupe. — JE VEUX DIRE : POURQUOI VOUS NE DANSEZ PAS ? — Parce que j’suis vieille, voilà pourquoi. — ON A L’ÂGE QU’ON SE DONNE. — Huh ! Ah ouais ? Vraiment ? C’est le genre d’ânerie que les gens débitent tout le temps. Ça, ou encore : Ma parole, vous avez bonne mine. Ou alors : Le vieux chien remue encore de la queue. C’est dans les vieux pots qu’on fait la bonne soupe. Ce genre de choses. C’est de la bêtise. Comme si fallait se réjouir d’être vieux ! Comme si on avait à y gagner de prendre la chose avec philosophie ! Ma tête sait penser “jeune”, mais mes genoux ont du mal à suivre. Comme mon dos. Et mes dents. Essayez donc de persuader mes genoux qu’ils ont l’âge qu’ils se donnent, vous m’en direz des nouvelles. Ou plutôt ils m’en diront des nouvelles. — ÇA VAUDRAIT PEUT-ÊTRE LA PEINE D’ESSAYER. » Davantage de silhouettes s’agitaient devant le feu. La Mort voyait des poteaux peints de rayures et tendus de banderoles. « D’habitude, les gars ramènent deux portes de grange jusqu’ici et les clouent ensemble pour faire un parquet convenable, fit observer mademoiselle Trottemenu. Ensuite tout le monde se met à danser. — DES DANSES FOLKLORIQUES ? fit la Mort d’un ton las. — Non. On a sa fierté, tout d’même. — PARDON. — Hé, c’est Pierre Porte, non ? fit une silhouette qui sortit de l’obscurité. — C’est ce bon vieux Pierre ! — Hé, Pierre ! » La Mort passa en revue un cercle de figures sans malice. « SALUT, LES AMIS. — On a entendu dire que t’étais parti », fit Duc Fondelet. Il jeta un coup d’œil à mademoiselle Trottemenu que la Mort aidait à descendre de cheval. Sa voix hésita un peu tandis qu’il s’efforçait d’analyser la situation. « Vous êtes drôlement… étincelante… ce soir, mademoiselle Trottemenu », termina-t-il galamment. - 278 -
L’atmosphère sentait l’herbe chaude et humide. Un groupe de musiciens amateurs continuait de s’installer sous un auvent. Des tables sur tréteaux croulaient sous des plats qu’on associe traditionnellement aux banquets : pâtés en croûte à l’air de fortifications militaires vernissées, jarres d’oignons démoniaques au vinaigre, pommes de terre en robe des champs baignant dans des océans cholestéroliques de beurre fondu. Certains anciens du pays s’étaient déjà installés sur les bancs mis à disposition et mastiquaient avec stoïcisme à défaut de dents, l’air décidés à rester là toute la nuit si nécessaire. « Ça fait plaisir de voir les vieux s’amuser », dit mademoiselle Trottemenu. La Mort regarda les convives. La plupart étaient moins âgés que mademoiselle Trottemenu. Un gloussement fusa de l’obscurité odorante de l’autre côté du feu. « Et aussi les jeunes, ajouta-t-elle d’un ton égal. On avait un dicton sur cette époque de l’année. Voyons voir… un truc du genre “Blé en moisson, noix dans la hotte/Levez jupons, tombez…” quelque chose. » Elle soupira. « Ce que le temps file, hein ? — OUI. — Vous savez, Pierre Porte, vous avez peut-être raison pour la pensée positive. Ce soir, je me sens beaucoup mieux. — OUI ? » Mademoiselle Trottemenu regarda le parquet d’un air méditatif. « J’étais une fameuse danseuse dans mon jeune temps. Je dansais encore que les autres tenaient plus debout. Je pouvais danser jusqu’à ce que la lune se couche. Jusqu’à ce que le soleil se lève. » Elle se passa les mains derrière la tête et dénoua les rubans qui maintenaient en un chignon serré ses cheveux qu’elle fit tomber d’une secousse en une cascade blanche. « Je suppose que vous dansez, monsieur Porte ? — JE SUIS CONNU POUR ÇA, MADEMOISELLE TROTTEMENU. » Sous l’auvent de l’orchestre, le premier violon adressa un hochement de tête à ses collègues, se cala le violon sous le menton et se mit à taper du pied sur les planches… - 279 -
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« SALUT, LES AMIS.<br />
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