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03.07.2013 Views

— Le bal de la moisson. Vous savez ? C’est la tradition. Quand on a rentré la moisson. C’est une sorte de fête, et comme une action de grâces. — UNE ACTION DE GRÂCES À QUI ? — Sais pas. À personne en particulier, m’est avis. Une action de grâces comme ça, j’imagine. — J’AVAIS PRÉVU DE VOUS MONTRER DES MERVEILLES. DE BELLES VILLES. TOUT CE QUE VOUS VOULEZ. — Tout ? — OUI. — Alors on va aller danser, Pierre Porte. J’y vais tous les ans sans faute. Ils comptent sur moi. Vous savez ce que c’est. — OUI, MADEMOISELLE TROTTEMENU. » Il tendit la main et prit celle de la vieille demoiselle. « Quoi ? Vous voulez dire tout de suite ? fit-elle. J’suis pas prête… — REGARDEZ. » Elle baissa les yeux sur ce qu’elle portait soudain. « C’est pas ma robe. Ça brille partout. » La Mort soupira. Les grands amoureux de l’histoire n’avaient jamais rencontré mademoiselle Trottemenu. Casanabo aurait rendu son escabeau. « CE SONT DES DIAMANTS. UNE RANÇON DE ROI EN DIAMANTS. — Quel roi ? — N’IMPORTE LEQUEL. — Ça alors ! » Bigadin suivait tranquillement au pas la route qui menait au village. Après l’infinité interminable, une simple route poussiéreuse, ça soulageait. Assise en amazone derrière la Mort, mademoiselle Trottemenu explorait le contenu bruissant de la boîte d’Enchantements noirs. « Tenez, fit-elle, quelqu’un a déjà mangé toutes les truffes au rhum. » Un autre froissement de papier. « Et même celles de la couche du dessous. J’ai horreur de ça, qu’on entame la couche du dessous avant d’avoir - 276 -

complètement fini celle du dessus. Je sais que vous avez mis le nez dedans parce qu’il y a un petit descriptif dans le couvercle, et normalement, devrait y avoir des truffes au rhum. Pierre Porte ? — PARDON, MADEMOISELLE TROTTEMENU. — Le gros diamant est un peu lourd. Joli, remarquez, ajouta-t-elle de mauvaise grâce. Où est-ce que vous l’avez eu ? — CHEZ DES GENS QUI CROYAIENT QUE C’ÉTAIT LA LARME D’UN DIEU. — C’est vraiment la larme d’un dieu ? — NON. LES DIEUX NE PLEURENT JAMAIS. C’EST DU CARBONE ORDINAIRE QUI A SUBI UNE CHALEUR ET UNE PRESSION ÉNORMES, RIEN D’AUTRE. — Dans tout boulet de charbon, il y a un diamant qui sommeille, c’est ça ? — OUI, MADEMOISELLE TROTTEMENU. » Pendant un moment, il n’y eut d’autre bruit que le clip-clop des sabots de Bigadin. Puis mademoiselle Trottemenu annonça malicieusement : « Je sais bien ce qui se passe, vous savez. J’ai vu le sable qui restait. Vous vous êtes dit : “C’est une brave petite vieille, je vais lui donner du bon temps pendant quelques heures, puis quand elle s’y attendra pas, j’y couperai l’herbe sous le pied”, c’est ça ? » La Mort ne répondit pas. « C’est ça, hein ? — JE NE PEUX RIEN VOUS CACHER, MADEMOISELLE TROTTEMENU. — Huh. Je devrais être flattée, je suppose. Oui ? J’imagine que vous êtes très pris, que vous avez beaucoup de visites à faire. — PLUS QUE VOUS NE POUVEZ IMAGINER, MADEMOISELLE TROTTEMENU. — Dans ce cas, alors, autant que vous recommenciez à m’appeler Rénata. » Il y avait un grand feu de joie dans le pré derrière le champ de tir à l’arc. La Mort voyait des silhouettes s’agiter devant. De temps en temps, un couinement torturé donnait à penser qu’on accordait un violon. « Je viens toujours au bal de la moisson, dit mademoiselle Trottemenu sur le ton de la conversation. Pas pour danser, bien sûr. Je m’occupe surtout du manger, tout ça. — POURQUOI ? - 277 -

— Le bal de la moisson. Vous savez ? C’est la tradition. Quand<br />

on a rentré la moisson. C’est une sorte de fête, et comme une<br />

action de grâces.<br />

— UNE ACTION DE GRÂCES À QUI ?<br />

— Sais pas. À personne en particulier, m’est avis. Une action<br />

de grâces comme ça, j’imagine.<br />

— J’AVAIS PRÉVU DE VOUS MONTRER DES MERVEILLES. DE BELLES<br />

VILLES. TOUT CE QUE VOUS VOULEZ.<br />

— Tout ?<br />

— OUI.<br />

— Alors on va aller danser, Pierre Porte. J’y vais tous les ans<br />

sans faute. Ils comptent sur moi. Vous savez ce que c’est.<br />

— OUI, MADEMOISELLE TROTTEMENU. »<br />

Il tendit la main et prit celle de la vieille demoiselle.<br />

« Quoi ? Vous voulez dire tout de suite ? fit-elle. J’suis pas<br />

prête…<br />

— REGARDEZ. »<br />

Elle baissa les yeux sur ce qu’elle portait soudain.<br />

« C’est pas ma robe. Ça brille partout. »<br />

La Mort soupira. Les grands amoureux de l’histoire n’avaient<br />

jamais rencontré mademoiselle Trottemenu. Casanabo aurait<br />

rendu son escabeau.<br />

« CE SONT DES DIAMANTS. UNE RANÇON DE ROI EN DIAMANTS.<br />

— Quel roi ?<br />

— N’IMPORTE LEQUEL.<br />

— Ça alors ! »<br />

Bigadin suivait tranquillement au pas la route qui menait au<br />

village. Après l’infinité interminable, une simple route<br />

poussiéreuse, ça soulageait.<br />

Assise en amazone derrière la Mort, mademoiselle<br />

Trottemenu explorait le contenu bruissant de la boîte<br />

d’Enchantements noirs. « Tenez, fit-elle, quelqu’un a déjà<br />

mangé toutes les truffes au rhum. » Un autre froissement de<br />

papier. « Et même celles de la couche du dessous. J’ai horreur de<br />

ça, qu’on entame la couche du dessous avant d’avoir<br />

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