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03.07.2013 Views

La Mort attendit un moment, puis poussa timidement la robe du pied. La couronne, légèrement déformée, s’en échappa et roula plus loin avant de s’évaporer. « OH, fit-il dédaigneusement. DU THÉÂTRAL. » Il rejoignit mademoiselle Trottemenu et lui rapprocha doucement les mains. L’image du sablier s’évanouit. Le brouillard bleu et violet à la limite de la vision s’estompa à mesure que la réalité solide revenait à flots. Plus bas, au village, l’horloge sonna le dernier coup de minuit. La vieille femme frissonnait. La Mort lui claqua des doigts devant les yeux. « MADEMOISELLE TROTTEMENU ? RÉNATA ? — Je… J’savais pas quoi faire, et vous avez dit que c’était pas difficile, alors… » La Mort se rendit dans la grange. Lorsqu’il en sortit, il portait sa robe noire. Elle se tenait toujours debout à la même place. « J’savais pas quoi faire, répéta-t-elle sans s’adresser forcément à lui. Qu’est-ce qui s’est passé ? C’est fini ? » La Mort regarda autour de lui. Les formes grises affluaient dans la cour. « SANS DOUTE QUE NON », dit-il. Davantage de chariots apparurent derrière le rang de soldats. Apparemment de petits travailleurs argentés auxquels se mêlait de temps en temps l’éclat doré d’un guerrier. « On devrait retourner à l’escalier, dit Dorine. — C’est là qu’ils veulent nous voir aller, à mon avis, fit Vindelle. — Alors ça me convient. D’ailleurs, j’crois pas que leurs roues pourraient grimper des marches, hein ? — Et vous ne pouvez pas franchement vous battre jusqu’à la mort », fit observer Ludmilla. Lupin restait près d’elle, ses yeux jaunes fixés sur les roulettes qui avançaient lentement. « On aurait bien besoin de chance », dit Vindelle. Ils atteignirent l’escalier mobile. Vindelle leva la tête. Des chariots - 234 -

s’agglutinaient en haut des marches ascendantes, mais la voie vers le niveau inférieur paraissait libre. « On va peut-être trouver un autre chemin pour monter ? » fit Ludmilla, un accent d’espoir dans la voix. Ils embarquèrent dans un raclement de semelles sur l’escalier mobile. Derrière eux, les chariots se déplacèrent pour leur couper la retraite. Les mages se trouvaient à l’étage en dessous. Ils restaient tellement figés au milieu des plantes en pots et des fontaines que Vindelle passa d’abord devant eux en les prenant pour des espèces de statues ou des meubles énigmatiques. L’archichancelier, affublé d’un faux nez rouge, tenait des ballons. À côté de lui, l’économe jonglait avec des balles de couleur, mais comme une machine, les yeux dans le vide. Le major de promo, un peu plus loin, jouait les hommes-sandwichs entre deux panneaux publicitaires. L’annonce des panneaux n’était pas encore complètement arrivée à maturité, mais Vindelle était prêt à parier sa vie future qu’on finirait par y lire quelque chose comme : SOLDES !!!!! Les autres mages étaient regroupés comme des poupées dont on n’avait pas remonté le mécanisme. Chacun portait un grand insigne oblong sur sa robe. L’écriture familière d’aspect organique commençait à former un mot qui ressemblait à : Pourquoi sécurité ? Mystère. Les mages ne donnaient franchement pas l’impression de se sentir en sécurité. Vindelle claqua des doigts devant les yeux pâles du doyen. Aucune réaction. « Il n’est pas mort, fit Raymond. — Il se repose, dit Vindelle. Il est déconnecté. » Raymond donna une poussée au doyen. Le mage tituba sur quelques pas avant de s’arrêter en oscillant. « Ben, on les sortira jamais d’ici, fit Arthur. Pas comme ça. Vous pouvez pas les réveiller ? — Leur allumer une plume sous le nez, proposa spontanément Donne. - 235 -

La Mort attendit un moment, puis poussa timidement la robe<br />

du pied. La couronne, légèrement déformée, s’en échappa et<br />

roula plus loin avant de s’évaporer.<br />

« OH, fit-il dédaigneusement. DU THÉÂTRAL. »<br />

Il rejoignit mademoiselle Trottemenu et lui rapprocha<br />

doucement les mains. L’image du sablier s’évanouit. Le<br />

brouillard bleu et violet à la limite de la vision s’estompa à<br />

mesure que la réalité solide revenait à flots.<br />

Plus bas, au village, l’horloge sonna le dernier coup de minuit.<br />

La vieille femme frissonnait. La Mort lui claqua des doigts<br />

devant les yeux.<br />

« MADEMOISELLE TROTTEMENU ? RÉNATA ?<br />

— Je… J’savais pas quoi faire, et vous avez dit que c’était pas<br />

difficile, alors… »<br />

La Mort se rendit dans la grange. Lorsqu’il en sortit, il portait<br />

sa robe noire.<br />

Elle se tenait toujours debout à la même place. « J’savais pas<br />

quoi faire, répéta-t-elle sans s’adresser forcément à lui. Qu’est-ce<br />

qui s’est passé ? C’est fini ? »<br />

La Mort regarda autour de lui. Les formes grises affluaient<br />

dans la cour. « SANS DOUTE QUE NON », dit-il.<br />

Davantage de chariots apparurent derrière le rang de soldats.<br />

Apparemment de petits travailleurs argentés auxquels se mêlait<br />

de temps en temps l’éclat doré d’un guerrier.<br />

« On devrait retourner à l’escalier, dit Dorine.<br />

— C’est là qu’ils veulent nous voir aller, à mon avis, fit<br />

Vindelle.<br />

— Alors ça me convient. D’ailleurs, j’crois pas que leurs roues<br />

pourraient grimper des marches, hein ?<br />

— Et vous ne pouvez pas franchement vous battre jusqu’à la<br />

mort », fit observer Ludmilla. Lupin restait près d’elle, ses yeux<br />

jaunes fixés sur les roulettes qui avançaient lentement.<br />

« On aurait bien besoin de chance », dit Vindelle. Ils<br />

atteignirent l’escalier mobile. Vindelle leva la tête. Des chariots<br />

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