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03.07.2013 Views

Une silhouette sur le dos tentait désespérément de repousser deux chariots. Des chariots plus grands que les modèles habituels, et qui brillaient d’un éclat doré. « Hé ! » brailla Vindelle. Les chariots cessèrent de vouloir encorner la silhouette prostrée pour effectuer un demi-tour en trois manœuvres dans sa direction. « Oh », fit-il alors que les engins prenaient de la vitesse. Le premier esquiva les mâchoires de Lupin et emboutit les genoux de Vindelle qui tomba cul par-dessus tête. Au moment où le deuxième lui passait dessus, l’ex-mage leva violemment la main, empoigna le métal au hasard et tira de toutes ses forces. Une roue se détacha en tournant, et le chariot fit un tonneau jusque dans le mur. Tant bien que mal, Pounze se releva à temps pour voir Arthur farouchement accroché au guidon de l’autre chariot ; homme et engin virevoltaient en ronflant dans une folle valse centrifuge. « Lâche-le ! Lâche-le ! braillait Dorine. — J’peux pas ! J’peux pas ! — Ben, fais quelque chose ! » Il y eut un bruit sec de déplacement d’air. Brusquement, le chariot ne se débattait plus contre le poids d’un grossiste en fruits et légumes dans la force de l’âge mais seulement une petite chauve-souris terrifiée. Il fusa dans un pilier de marbre, rebondit, percuta un mur et atterrit sur le dos, les roues tournant dans le vide. « Les roulettes ! s’écria Ludmilla. Arrachez les roulettes ! — J’y vais, dit Vindelle. Vous, allez aider Raymond. — C’est Raymond là-bas ? » fit Dorine. Vindelle désigna d’un coup de pouce un mur plus loin. Les mots Mieux vaut tard que jam s’achevaient dans une traînée désespérée de peinture. « Montrez-lui un mur et un pot de peinture, et il sait plus dans quel monde il vit, fit Dorine. — Son choix se limite à deux, dit Vindelle en jetant les roues de chariot par terre. Lupin, faites le guet au cas où il en viendrait d’autres. » - 228 -

Il avait trouvé les roues aussi effilées que des lames de patins à glace. Il se sentait carrément en lambeaux dans la région des genoux. Bon, comment ça marchait, la cicatrisation ? On aida Raymond Soulier à se redresser sur son séant. « Qu’est-ce qui se passe ? demanda-t-il. Personne d’autre ne venait, alors je suis descendu chercher d’où sortait la musique, et ensuite, il y a ces roues… » Le comte Arthur reprit sa forme approximativement humaine, regarda fièrement autour de lui, s’aperçut qu’il n’intéressait personne et s’affaissa. « Ils ont l’air beaucoup plus coriaces que les autres, dit Ludmilla. Plus gros, plus mauvais, hérissés de bords tranchants. — Des soldats, fit Vindelle. On a vu les ouvriers. Maintenant, les soldats. Tout comme les fourmis. — J’avais ce qu’on appelait une ferme à fourmis quand j’étais gamin, dit Arthur qui avait atterri plutôt lourdement et avait encore un peu de mal à réintégrer la réalité. — Un moment, fit Ludmilla. Je connais les fourmis. On en a dans l’arrière-cour. S’il y a des ouvriers et des soldats, alors il y a aussi… — Je sais. Je sais, dit Vindelle. — … remarquez, on appelait ça une ferme, mais j’ies ai jamais vues cultiver quoi qu’ce soit… » Ludmilla s’adossa au mur. « Ça doit être quelque part tout près, dit-elle. — C’est ce que je pense, fit Vindelle. — À quoi ça ressemble, d’après vous ? — … ce qu’y faut, c’est avoir deux morceaux de verre et quelques fourmis… — Je ne sais pas. Comment je saurais ? Mais les mages ne seront pas loin. — Je ne vois pas pourguoi vous vous inguiétez pour eux, dit Dorine. Ils vous ont enterré vivant uniguement parce gue vous étiez mort. » Vindelle leva la tête en entendant des roulettes. Une douzaine de chariots soldats tournèrent à l’angle et s’arrêtèrent en formation. - 229 -

Il avait trouvé les roues aussi effilées que des lames de patins<br />

à glace. Il se sentait carrément en lambeaux dans la région des<br />

genoux. Bon, comment ça marchait, la cicatrisation ?<br />

On aida Raymond Soulier à se redresser sur son séant.<br />

« Qu’est-ce qui se passe ? demanda-t-il. Personne d’autre ne<br />

venait, alors je suis descendu chercher d’où sortait la musique,<br />

et ensuite, il y a ces roues… »<br />

Le comte Arthur reprit sa forme approximativement humaine,<br />

regarda fièrement autour de lui, s’aperçut qu’il n’intéressait<br />

personne et s’affaissa.<br />

« Ils ont l’air beaucoup plus coriaces que les autres, dit<br />

Ludmilla. Plus gros, plus mauvais, hérissés de bords tranchants.<br />

— Des soldats, fit Vindelle. On a vu les ouvriers. Maintenant,<br />

les soldats. Tout comme les fourmis.<br />

— J’avais ce qu’on appelait une ferme à fourmis quand j’étais<br />

gamin, dit Arthur qui avait atterri plutôt lourdement et avait<br />

encore un peu de mal à réintégrer la réalité.<br />

— Un moment, fit Ludmilla. Je connais les fourmis. On en a<br />

dans l’arrière-cour. S’il y a des ouvriers et des soldats, alors il y a<br />

aussi…<br />

— Je sais. Je sais, dit Vindelle.<br />

— … remarquez, on appelait ça une ferme, mais j’ies ai jamais<br />

vues cultiver quoi qu’ce soit… »<br />

Ludmilla s’adossa au mur.<br />

« Ça doit être quelque part tout près, dit-elle.<br />

— C’est ce que je pense, fit Vindelle.<br />

— À quoi ça ressemble, d’après vous ?<br />

— … ce qu’y faut, c’est avoir deux morceaux de verre et<br />

quelques fourmis…<br />

— Je ne sais pas. Comment je saurais ? Mais les mages ne<br />

seront pas loin.<br />

— Je ne vois pas pourguoi vous vous inguiétez pour eux, dit<br />

Dorine. Ils vous ont enterré vivant uniguement parce gue vous<br />

étiez mort. »<br />

Vindelle leva la tête en entendant des roulettes. Une douzaine<br />

de chariots soldats tournèrent à l’angle et s’arrêtèrent en<br />

formation.<br />

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