Pratchett,Terry-[Dis..
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La grêle crépitait sur le toit de la forge. Edouard Bottereau actionna le soufflet du fourneau jusqu’à ce que le noyau des morceaux de charbon vire au blanc très légèrement jaune. Une bonne journée. La moissonneuse battante avait mieux fonctionné qu’il n’osait l’espérer ; le vieux Pisburet avait tenu à la garder pour un autre champ le lendemain, aussi l’avait-on laissée dehors, recouverte d’une toile goudronnée et solidement attachée. Demain, il apprendrait à un des hommes comment s’en servir et commencerait à plancher sur un nouveau modèle amélioré. Le succès était assuré. L’avenir était vraiment pour demain. Restait la question de la faux. Il se dirigea vers le mur où on l’avait accrochée. Un drôle de mystère, ça. Il n’avait jamais vu d’instrument aussi magnifique. On n’arrivait même pas à l’émousser. Son tranchant débordait bien au-delà de son fil réel. Et pourtant, il était censé la détruire. Ça n’avait pas de sens commun. Edouard Bottereau croyait beaucoup au sens commun, au sens commun tel que lui le concevait. Peut-être que Pierre Porte voulait tout bonnement se débarrasser de sa faux, réaction d’autant plus compréhensible qu’en ce moment même, alors qu’elle pendait au mur, bien inoffensive, son fil tranchant semblait émettre des rayons. Un faible halo violet entourait sa lame, dû aux courants d’air dans la forge qui poussaient d’infortunées molécules gazeuses vers un découpage mortel. Edouard Bottereau s’en saisit avec une grande prudence. Un type bizarre, ce Pierre Porte. Il voulait être sûr qu’elle soit absolument morte, avait-il dit. Comme si on pouvait tuer un objet. Et puis comment la détruire ? Oh, le manche brûlerait, le métal se calcinerait et, s’il travaillait assez dur, on n’en retrouverait qu’un petit tas de poussière et de cendres. C’était ce que voulait le client. D’un autre côté, on pouvait probablement la détruire en dégageant tout bonnement la lame du manche… Après tout, ce ne serait plus une faux si on se contentait de ça. Ce ne serait… - 198 -
en, rien que des pièces détachées. C’est sûr, on pourrait la reconstituer à partir de ces pièces-là, mais on y arriverait certainement tout pareil à partir de la poussière et des cendres si on savait comment s’y prendre. Edouard Bottereau était content de son raisonnement. Et puis, après tout, Pierre Porte n’avait même pas exigé une preuve que l’outil serait… euh… tué. Il visa soigneusement puis sectionna d’un coup de faux le bout de l’enclume. De quoi donner la chair de poule. Un tranchant absolu. Il renonça. C’était injuste. On ne demandait pas à un gars comme lui de détruire un instrument pareil. C’était une œuvre d’art. Mieux que ça. Une œuvre de technique. Il traversa la forge jusqu’à un tas de bois de construction et jeta la faux hors de portée loin derrière. Il y eut un couinement bref de perforation. Bah, ça irait comme ça. Il rendrait son quart de sou à Pierre dans la matinée. La Mort aux Rats se matérialisa derrière la pile de bois dans la forge et se traîna jusqu’à un pauvre petit tas de fourrure, restes d’un rongeur dont le destin avait croisé la trajectoire de la faux. Le fantôme de la victime se tenait debout près du cadavre, l’air craintif. Il ne semblait pas très content de voir le nouvel arrivant. « Couiii ? Couiii ? — COUIII, expliqua la Mort aux Rats. — Couiii ? — COUIII, confirma la Mort aux Rats. — [Lissage des moustaches][froncement du museau] ? » La Mort aux Rats fit non de la tête. « COUIII. » Le rongeur était abattu. La Mort aux Rats lui posa une patte osseuse mais pas franchement méchante sur l’épaule. « COUIII. » - 199 -
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La grêle crépitait sur le toit de la forge.<br />
Edouard Bottereau actionna le soufflet du fourneau jusqu’à ce<br />
que le noyau des morceaux de charbon vire au blanc très<br />
légèrement jaune.<br />
Une bonne journée. La moissonneuse battante avait mieux<br />
fonctionné qu’il n’osait l’espérer ; le vieux Pisburet avait tenu à<br />
la garder pour un autre champ le lendemain, aussi l’avait-on<br />
laissée dehors, recouverte d’une toile goudronnée et solidement<br />
attachée. Demain, il apprendrait à un des hommes comment<br />
s’en servir et commencerait à plancher sur un nouveau modèle<br />
amélioré. Le succès était assuré. L’avenir était vraiment pour<br />
demain.<br />
Restait la question de la faux. Il se dirigea vers le mur où on<br />
l’avait accrochée. Un drôle de mystère, ça. Il n’avait jamais vu<br />
d’instrument aussi magnifique. On n’arrivait même pas à<br />
l’émousser. Son tranchant débordait bien au-delà de son fil réel.<br />
Et pourtant, il était censé la détruire. Ça n’avait pas de sens<br />
commun. Edouard Bottereau croyait beaucoup au sens<br />
commun, au sens commun tel que lui le concevait.<br />
Peut-être que Pierre Porte voulait tout bonnement se<br />
débarrasser de sa faux, réaction d’autant plus compréhensible<br />
qu’en ce moment même, alors qu’elle pendait au mur, bien<br />
inoffensive, son fil tranchant semblait émettre des rayons. Un<br />
faible halo violet entourait sa lame, dû aux courants d’air dans la<br />
forge qui poussaient d’infortunées molécules gazeuses vers un<br />
découpage mortel.<br />
Edouard Bottereau s’en saisit avec une grande prudence.<br />
Un type bizarre, ce Pierre Porte. Il voulait être sûr qu’elle soit<br />
absolument morte, avait-il dit. Comme si on pouvait tuer un<br />
objet.<br />
Et puis comment la détruire ? Oh, le manche brûlerait, le<br />
métal se calcinerait et, s’il travaillait assez dur, on n’en<br />
retrouverait qu’un petit tas de poussière et de cendres. C’était ce<br />
que voulait le client.<br />
D’un autre côté, on pouvait probablement la détruire en<br />
dégageant tout bonnement la lame du manche… Après tout, ce<br />
ne serait plus une faux si on se contentait de ça. Ce ne serait…<br />
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