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03.07.2013 Views

Il entendit l’archichancelier protester : « Mais j’ai toujours fait ça ! Un bon juron, ça fait pas de mal, ça fait circuler le sang. Attention, doyen, y a un d’ces fum… — Vous ne pourriez pas dire autre chose ? cria le major de promo par-dessus le vrombissement strident de l’essaim. — Comme quoi ? — Comme… oh… comme… flûte. — Flûte ? — Oui, ou peut-être mince. — Mince ? Vous voulez que je dise mince ? » L’économe rampa jusqu’au groupe. Discuter de détails insignifiants dans des cas d’urgence dimensionnelle était une manie chez les mages. « Madame Panaris, l’intendante, elle dit toujours “zut ” quand elle fait tomber quelque chose », intervint-il sans qu’on lui demande rien. L’archichancelier se tourna vers lui. « Elle dit peut-être zut, grogna-t-il, mais en réalité elle pense mer… » Les mages se baissèrent vivement. Ridculle réussit à s’arrêter tout seul. « Oh, flûte », fit-il piteusement. Les jurons se posèrent gentiment sur son chapeau. « Ils vous aiment bien, constata le doyen. — Vous êtes leur papa », dit l’assistant des runes modernes. Ridculle se renfrogna. « Arrêtez donc de jouer aux c… crétins aux dépens de votre archichancelier et remuez-vous plutôt l’c… l’ciboulot pour savoir ce qui s’passe », dit-il. Les mages regardèrent autour d’eux, l’air d’attendre. Rien n’apparut. « Vous vous en sortez bien, dit l’assistant des runes modernes. Continuez comme ça. — Flûte flûte flûte, fit l’archichancelier. Mince mince mince. Zut zut de zut. » Il secoua la tête. « Ça va pas, ça me soulage pas d’un poil. — Ça éclaircit l’atmosphère, en tout cas », intervint l’économe. Ils remarquèrent sa présence pour la première fois. Ils regardèrent les restes du chariot. - 190 -

« Des trucs qui bourdonnent dans tous les coins, fit Ridculle. Des trucs qui s’mettent à vivre. » Ils relevèrent la tête en entendant un couinement soudain familier. Deux autres paniers à roulettes traversèrent en bringuebalant la place devant les portes. Le premier était plein de fruits. Le second, pour moitié de fruits et pour moitié d’un petit gamin qui braillait. Les mages observèrent leur course bouche bée. Des flots de gens galopaient derrière les chariots. Légèrement en tête, les coudes fauchant l’air, une femme décidée passa devant les portes de l’Université en martelant le pavé d’une foulée acharnée. L’archichancelier empoigna un costaud qui suivait courageusement derrière tout le monde. « Qu’est-ce qui se passe ? — Je chargeais des pêches dans cette espèce de panier quand tout d’un coup il a fichu l’camp ! — Et le gamin ? — Aucune idée. La femme avait un des paniers, elle m’a acheté des pêches, puis… » Ils se retournèrent tous. Un chariot déboucha en ferraillant d’une ruelle, les aperçut, vira promptement et fonça à travers la place. « Mais pourquoi ? demanda Ridculle. — C’est tellement pratique pour y mettre des affaires, non ? fit l’homme. Faut que j’rattrape mes pêches. Ça s’abîme d’un rien, vous savez. — Et ils vont tous dans la même direction, dit l’assistant des runes modernes. Vous n’avez pas remarqué ? — Tous dessus ! » s’écria le doyen. Les autres mages, trop abasourdis pour discuter, lui emboîtèrent lourdement le pas. « Non… » commença Ridculle avant de comprendre que c’était sans espoir. En outre, il perdait l’initiative. Il formula avec soin le cri de guerre le plus convenable de toute l’histoire de l’expurgation. « Mort à ces péripatéticiennes de lisier ! » hurla-t-il, et il courut à la suite du doyen. - 191 -

« Des trucs qui bourdonnent dans tous les coins, fit Ridculle.<br />

Des trucs qui s’mettent à vivre. »<br />

Ils relevèrent la tête en entendant un couinement soudain<br />

familier. Deux autres paniers à roulettes traversèrent en<br />

bringuebalant la place devant les portes. Le premier était plein<br />

de fruits. Le second, pour moitié de fruits et pour moitié d’un<br />

petit gamin qui braillait.<br />

Les mages observèrent leur course bouche bée. Des flots de<br />

gens galopaient derrière les chariots. Légèrement en tête, les<br />

coudes fauchant l’air, une femme décidée passa devant les<br />

portes de l’Université en martelant le pavé d’une foulée<br />

acharnée.<br />

L’archichancelier empoigna un costaud qui suivait<br />

courageusement derrière tout le monde.<br />

« Qu’est-ce qui se passe ?<br />

— Je chargeais des pêches dans cette espèce de panier quand<br />

tout d’un coup il a fichu l’camp !<br />

— Et le gamin ?<br />

— Aucune idée. La femme avait un des paniers, elle m’a acheté<br />

des pêches, puis… »<br />

Ils se retournèrent tous. Un chariot déboucha en ferraillant<br />

d’une ruelle, les aperçut, vira promptement et fonça à travers la<br />

place.<br />

« Mais pourquoi ? demanda Ridculle.<br />

— C’est tellement pratique pour y mettre des affaires, non ? fit<br />

l’homme. Faut que j’rattrape mes pêches. Ça s’abîme d’un rien,<br />

vous savez.<br />

— Et ils vont tous dans la même direction, dit l’assistant des<br />

runes modernes. Vous n’avez pas remarqué ?<br />

— Tous dessus ! » s’écria le doyen.<br />

Les autres mages, trop abasourdis pour discuter, lui<br />

emboîtèrent lourdement le pas.<br />

« Non… » commença Ridculle avant de comprendre que<br />

c’était sans espoir. En outre, il perdait l’initiative. Il formula avec<br />

soin le cri de guerre le plus convenable de toute l’histoire de<br />

l’expurgation.<br />

« Mort à ces péripatéticiennes de lisier ! » hurla-t-il, et il<br />

courut à la suite du doyen.<br />

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