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03.07.2013 Views

Pierre Porte ramassa la lame. « IL SERA TERRIBLE. » Il fit tourner la lame dans ses mains. Une lumière bleue dansa sur le fil de la faux. « JE SERAI LE PREMIER. » Mademoiselle Trottemenu regardait fixement la lumière, comme fascinée. « Terrible comment, exactement ? — QU’EST-CE QUE VOUS POUVEZ IMAGINER DE PLUS TERRIBLE ? — Oh. — TERRIBLE COMME ÇA, EXACTEMENT. » Il inclina la lame d’un côté puis de l’autre. « Et pour la gamine aussi, dit mademoiselle Trottemenu. — OUI. — J’pense pas avoir de service à vous rendre, monsieur Porte. J’pense que personne au monde a de service à vous rendre. — VOUS AVEZ SANS DOUTE RAISON. — Remarquez, la vie, elle a sa part de responsabilité, elle aussi. Faut être juste. — JE NE SAURAIS DIRE. » Mademoiselle Trottemenu le jaugea encore d’un long regard. « Y a une bonne meule dans le coin là-bas, dit-elle. — JE M’EN SUIS DÉJÀ SERVI. — Et y a une pierre à aiguiser dans le placard. — ÇA AUSSI, JE M’EN SUIS DÉJÀ SERVI. » Elle crut entendre un bruit qui accompagnait le mouvement de la lame. Une sorte de faible gémissement d’air comprimé. « Et elle est toujours pas assez aiguisée ? » Pierre Porte soupira. « ELLE NE SERA PEUT-ÊTRE JAMAIS ASSEZ AIGUISÉE. — Allons, mon vieux. Faut pas s’avouer vaincu, dit mademoiselle Trottemenu. Tant qu’y a de la vie, hein ? — TANT QU’Y A DE LA VIE HEIN, QUOI ? — Y a de l’espoir. — AH BON ? — Comme je vous dis. » Pierre Porte fit courir un doigt osseux sur le fil de la lame. « DE L’ESPOIR ? - 148 -

— Vous avez une autre solution ? » Il fit non de la tête. Il avait essayé un certain nombre d’émotions, mais celle-là était nouvelle. « VOUS POURRIEZ M’APPORTER UN AIGUISOIR ? » Une heure plus tard. Mademoiselle Trottemenu passait en revue le contenu de son sac à chiffons. « Et maintenant ? — ON A ESSAYÉ QUOI JUSQU’ICI ? — Voyons voir… la jute, le calicot, le lin… Et le satin dites ? En voilà un bout. » Pierre Porte prit le chiffon et le passa doucement sur la lame. Mademoiselle Trottemenu arriva au fond du sac et sortit un échantillon de tissu blanc. « OUI ? — De la soie, souffla-t-elle. De la belle soie blanche. De la vraie. Jamais portée. » Elle s’assit plus confortablement et la regarda fixement. Au bout d’un moment, il la lui retira délicatement des doigts. « MERCI. — Bon, alors, fit-elle en se réveillant. Voilà, hein ? » Lorsqu’il tourna la lame, elle produisit un son : Whommmm. Le feu de la forge était presque mort à présent, mais le métal luisait comme un rasoir. « Aiguisée sur de la soie, murmura mademoiselle Trotte-menu. Qui aurait cru ça ? — ET ELLE NE COUPE TOUJOURS PAS ASSEZ. » Pierre Porte fit du regard le tour de la forge obscure puis se précipita dans un angle. « Qu’est-ce que vous avez trouvé ? — UNE TOILE D’ARAIGNÉE. » Suivit un long gémissement ténu, comme des fourmis à la torture. « C’est mieux ? — TOUJOURS PAS ASSEZ TRANCHANTE. » - 149 -

— Vous avez une autre solution ? »<br />

Il fit non de la tête. Il avait essayé un certain nombre<br />

d’émotions, mais celle-là était nouvelle.<br />

« VOUS POURRIEZ M’APPORTER UN AIGUISOIR ? »<br />

Une heure plus tard.<br />

Mademoiselle Trottemenu passait en revue le contenu de son<br />

sac à chiffons. « Et maintenant ?<br />

— ON A ESSAYÉ QUOI JUSQU’ICI ?<br />

— Voyons voir… la jute, le calicot, le lin… Et le satin dites ? En<br />

voilà un bout. »<br />

Pierre Porte prit le chiffon et le passa doucement sur la lame.<br />

Mademoiselle Trottemenu arriva au fond du sac et sortit un<br />

échantillon de tissu blanc.<br />

« OUI ?<br />

— De la soie, souffla-t-elle. De la belle soie blanche. De la<br />

vraie. Jamais portée. »<br />

Elle s’assit plus confortablement et la regarda fixement.<br />

Au bout d’un moment, il la lui retira délicatement des doigts.<br />

« MERCI.<br />

— Bon, alors, fit-elle en se réveillant. Voilà, hein ? »<br />

Lorsqu’il tourna la lame, elle produisit un son : Whommmm.<br />

Le feu de la forge était presque mort à présent, mais le métal<br />

luisait comme un rasoir.<br />

« Aiguisée sur de la soie, murmura mademoiselle<br />

Trotte-menu. Qui aurait cru ça ?<br />

— ET ELLE NE COUPE TOUJOURS PAS ASSEZ. »<br />

Pierre Porte fit du regard le tour de la forge obscure puis se<br />

précipita dans un angle.<br />

« Qu’est-ce que vous avez trouvé ?<br />

— UNE TOILE D’ARAIGNÉE. »<br />

Suivit un long gémissement ténu, comme des fourmis à la<br />

torture.<br />

« C’est mieux ?<br />

— TOUJOURS PAS ASSEZ TRANCHANTE. »<br />

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