Pratchett,Terry-[Dis..
Pratchett,Terry-[Dis.. Pratchett,Terry-[Dis..
dans la gueule d’un requin, dans quantité de chambres à coucher, oui. Dans les tombes, non. Son travail consistait à séparer le grain de l’âme de la paille du corps mortel, et il s’effectuait longtemps avant tous les rites mortuaires qui s’apparentaient, à bien y réfléchir, à une forme révérencielle de mise au rebut. Mais cette pièce ressemblait aux tombes de ces rois qui voulaient tout emporter avec eux. Calé dans son fauteuil, les mains sur les genoux, Pierre Porte examina les lieux plus en détail. D’abord, les bibelots. Des théières en pagaïe, davantage que ce qu’on aurait cru possible. Des chiens en porcelaine au regard fixe. D’étranges présentoirs à gâteaux. Diverses statuettes et assiettes peintes agrémentées de légendes guillerettes : Souvenir de Quirm, Bonheur et Santé. Tous ces objets recouvraient la moindre surface plane dans une démocratie parfaite, si bien qu’un bougeoir ancien de grande valeur voisinait avec un chien en porcelaine aux couleurs vives tenant un os dans la gueule avec une expression d’imbécillité coupable. Des tableaux masquaient les murs. La plupart, peints dans des tons gadouilleux, représentaient du bétail à la mine abattue dans un paysage de lande humide par temps de brouillard. Pour tout dire, les bibelots dissimulaient presque entièrement le mobilier, mais on n’y perdait pas grand-chose. En dehors de deux fauteuils qui gémissaient sous le poids de têtières volumineuses, le reste des meubles n’avait apparemment d’autre utilité que d’exposer des bibelots. Il y avait des tables maigrelettes partout. Le plancher disparaissait sous des couches de tapis en lirette. Quelqu’un s’était vraiment passionné pour la confection de tapis en lirette. Et par-dessus tout, noyant tout, imprégnant tout, il y avait l’odeur. Une odeur de longs après-midi d’ennui. Sur un buffet drapé de tissu, deux petits coffrets de bois en entouraient un plus grand. Il doit s’agir des deux fameuses boîtes aux trésors, se dit Pierre Porte. Il prit conscience d’un tic-tac. Une pendule était accrochée au mur. Quelqu’un avait un jour eu la riche idée, de son point de vue en tout cas, de réaliser une - 122 -
pendule en forme de chouette. En cadence avec le mouvement du balancier, les yeux de la chouette se livraient à un va-et-vient que seul un reclus sérieusement privé de distraction devait trouver drôle. Au bout d’un moment, on avait aussi les yeux qui oscillaient en mesure. Mademoiselle Trottemenu entra d’un pas vif, un plateau lourdement chargé dans les bras. Ensuite, l’œil eut du mal à suivre tandis qu’en un éclair elle sacrifiait à la cérémonie alchimique du thé, beurrait des petits pains au lait, disposait des biscuits, accrochait une pince à sucre au sucrier… Elle s’assit. Puis, comme si elle sortait d’un petit somme de vingt minutes, elle roucoula, légèrement à bout de souffle : « Hmm… on est bien. — OUI, MADEMOISELLE TROTTEMENU. — Pas souvent l’occasion d’ouvrir le petit salon ces temps-ci. — NON. — Pas depuis que j’ai perdu mon p’pa. » Un instant, Pierre Porte se demanda si elle avait perdu feu monsieur Trottemenu dans le petit salon. Peut-être avait-il pris un mauvais embranchement au milieu des bibelots. Il se souvint alors des tournures de langage bizarres des humains. « AH. — Il s’asseyait dans ce fauteuil, là, et il lisait l’almanach. » Pierre Porte fouilla sa mémoire. « GRAND, hasarda-t-il. AVEC UNE MOUSTACHE ? LUI MANQUAIT LE BOUT DU PETIT DOIGT DE LA MAIN GAUCHE ? » Mademoiselle Trottemenu le regarda fixement par-dessus le bord de sa tasse. « Vous l’avez connu ? demanda-t-elle. — JE CROIS L’AVOIR RENCONTRÉ UNE FOIS. — Il a jamais parlé de vous, dit-elle d’un ton malicieux. Pas nommément. Pas en tant que Pierre Porte. — ÇA M’ÉTONNERAIT QU’IL AIT PARLÉ DE MOI, répondit lentement Pierre Porte. — Ça va. J’suis au courant. P’pa faisait aussi un peu de contrebande. Comprenez, la ferme est pas bien grosse. Difficile d’en vivre. Il disait toujours qu’on doit s’dépatouiller comme on - 123 -
- Page 71 and 72: Selon le Patricien, il le ferait. S
- Page 73 and 74: Des fracas et des cris fusèrent de
- Page 75 and 76: « Qu’est-ce qui s’est passé ?
- Page 77 and 78: Ça doit être le compost, songea M
- Page 79 and 80: — Vous, vous avez… des Choses e
- Page 81 and 82: Il y eut un fracas à l’étage. U
- Page 83 and 84: — Ho ho ho, fit le président de
- Page 85 and 86: un bref instant sous la même forme
- Page 87 and 88: Il y avait aussi la question de Lud
- Page 89 and 90: Pierre Porte, allongé dans l’obs
- Page 91 and 92: Le pré à fourrage s’étendait e
- Page 93 and 94: Pierre Porte trouva un morceau de c
- Page 95 and 96: autres suffoquer plusieurs fois, il
- Page 97 and 98: Ça n’y changea rien. Les yeux pl
- Page 99 and 100: Pseudopolis si un type ne l’avait
- Page 101 and 102: Quelque chose se passait. Le planch
- Page 103 and 104: L’archichancelier agita désespé
- Page 105 and 106: guère puissants. Des Morts propres
- Page 107 and 108: Un chœur embarrassé de « Salut
- Page 109 and 110: — Vous vous mettez à hurler et v
- Page 111 and 112: — “Ne vous laissez pas marcher
- Page 113 and 114: « Il descend au cimetière derriè
- Page 115 and 116: — Mon ami, là, dit Lupin en indi
- Page 117 and 118: Vindelle se vit déjà basculer dan
- Page 119 and 120: — Oh, d’accord. — Vous voulez
- Page 121: On frappa timidement à la porte de
- Page 125 and 126: Il se sentit assez fier de deviner
- Page 127 and 128: La silhouette s’évanouit. Pierre
- Page 129 and 130: Pierre Porte resta allongé dans le
- Page 131 and 132: Elle décrocha un fendoir du râtel
- Page 133 and 134: Étonnant, le nombre d’amis qu’
- Page 135 and 136: — Mon p’pa, il dit qu’y fait
- Page 137 and 138: ténèbres. Le sommeil. Il le senta
- Page 139 and 140: « OH, MERDE », lâcha-t-il. Et il
- Page 141 and 142: « Pas mal, hein ? fit-il. Je l’a
- Page 143 and 144: Ne resta plus de l’établissement
- Page 145 and 146: « On dirait qu’elle dort, fit-el
- Page 147 and 148: Pierre Porte fit une petite place s
- Page 149 and 150: — Vous avez une autre solution ?
- Page 151 and 152: La lumière frappa… se déchira
- Page 153 and 154: « Il va venir quand ? — CE SOIR.
- Page 155 and 156: — En général, une dizaine de se
- Page 157 and 158: — Ah. L’archichancelier, le rec
- Page 159 and 160: Il se retourna et vit le plus gros
- Page 161 and 162: Ils passèrent la tête au coin. L
- Page 163 and 164: « Moi, je n’appelle pas ça se d
- Page 165 and 166: — La porte, c’est fini », dit
- Page 167 and 168: fonction plus de onze mois, aussi l
- Page 169 and 170: dans le pays, il faudrait défoncer
- Page 171 and 172: alors un jeune homme aux cheveux no
pendule en forme de chouette. En cadence avec le mouvement<br />
du balancier, les yeux de la chouette se livraient à un va-et-vient<br />
que seul un reclus sérieusement privé de distraction devait<br />
trouver drôle. Au bout d’un moment, on avait aussi les yeux qui<br />
oscillaient en mesure.<br />
Mademoiselle Trottemenu entra d’un pas vif, un plateau<br />
lourdement chargé dans les bras. Ensuite, l’œil eut du mal à<br />
suivre tandis qu’en un éclair elle sacrifiait à la cérémonie<br />
alchimique du thé, beurrait des petits pains au lait, disposait des<br />
biscuits, accrochait une pince à sucre au sucrier…<br />
Elle s’assit. Puis, comme si elle sortait d’un petit somme de<br />
vingt minutes, elle roucoula, légèrement à bout de souffle :<br />
« Hmm… on est bien.<br />
— OUI, MADEMOISELLE TROTTEMENU.<br />
— Pas souvent l’occasion d’ouvrir le petit salon ces temps-ci.<br />
— NON.<br />
— Pas depuis que j’ai perdu mon p’pa. »<br />
Un instant, Pierre Porte se demanda si elle avait perdu feu<br />
monsieur Trottemenu dans le petit salon. Peut-être avait-il pris<br />
un mauvais embranchement au milieu des bibelots. Il se souvint<br />
alors des tournures de langage bizarres des humains.<br />
« AH.<br />
— Il s’asseyait dans ce fauteuil, là, et il lisait l’almanach. »<br />
Pierre Porte fouilla sa mémoire.<br />
« GRAND, hasarda-t-il. AVEC UNE MOUSTACHE ? LUI MANQUAIT LE<br />
BOUT DU PETIT DOIGT DE LA MAIN GAUCHE ? »<br />
Mademoiselle Trottemenu le regarda fixement par-dessus le<br />
bord de sa tasse.<br />
« Vous l’avez connu ? demanda-t-elle.<br />
— JE CROIS L’AVOIR RENCONTRÉ UNE FOIS.<br />
— Il a jamais parlé de vous, dit-elle d’un ton malicieux. Pas<br />
nommément. Pas en tant que Pierre Porte.<br />
— ÇA M’ÉTONNERAIT QU’IL AIT PARLÉ DE MOI, répondit lentement<br />
Pierre Porte.<br />
— Ça va. J’suis au courant. P’pa faisait aussi un peu de<br />
contrebande. Comprenez, la ferme est pas bien grosse. Difficile<br />
d’en vivre. Il disait toujours qu’on doit s’dépatouiller comme on<br />
- 123 -