mandibulaire - Information dentaire
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Endo<br />
L’hebdo<br />
de la médecine<br />
bucco-<strong>dentaire</strong><br />
www.information-<strong>dentaire</strong>.fr<br />
Paro<br />
Anatomie<br />
Patho<br />
Imagerie Chirurgie<br />
Analgésie<br />
Orthodontie<br />
Implanto<br />
Droit<br />
Région molaire<br />
<strong>mandibulaire</strong><br />
n° 41/42<br />
Vol. 94 - 28 novembre 2012
Région molaire l Mandibulaire<br />
Région molaire<br />
<strong>mandibulaire</strong><br />
Dossier coordonné par<br />
Thierry Gorce et Marie-Hélène Laujac<br />
pour la Sapo Clinique<br />
20<br />
1 re Partie<br />
Anatomie<br />
Imagerie<br />
Endo<br />
Patho<br />
Implanto<br />
Analgésie<br />
Paro<br />
Extraction<br />
Chirurgie<br />
Orthodontie<br />
Droit<br />
Bernard Cannas et Luc Gillot<br />
pour la Sapo Implant<br />
L’INFORMATION DENTAIRE n° 41/42 - 28 novembre 2012
La Sapo Implant et la Sapo<br />
Clinique ont décidé de mettre en<br />
commun leurs années d’expérience<br />
pédagogique pour distinguer une<br />
zone particulièrement délicate de notre exercice :<br />
la région molaire <strong>mandibulaire</strong>.<br />
Ce numéro spécial pour lequel la rédaction de l’ID<br />
nous a sollicités est le reflet de l’esprit d’ouverture<br />
de nos sociétés scientifiques : un enseignement doit<br />
toujours être pratique, analysant la clinique dans<br />
tous ses aspects et fondé sur l’expérience cumulée<br />
des enseignants.<br />
Pourquoi toujours l’anatomie ? Car elle est la base<br />
de la connaissance médicale et que notre discipline<br />
est une branche à part entière de la médecine.<br />
Mais l’anatomie aujourd’hui ne s’enseigne plus<br />
au tableau noir. Elle a su parfaitement intégrer<br />
les progrès de l’imagerie médicale<br />
et des simulations informatiques, tout<br />
en conservant son sens étymologique<br />
de « dissections ».<br />
Tout comme la pratique odonto-stomatologique,<br />
son enseignement doit être pluridisciplinaire<br />
et intégrer les progrès de la connaissance<br />
en orthodontie, chirurgie, parodontologie,<br />
implantologie…<br />
Ce dossier a l’ambition d’en être le reflet.<br />
Ce premier tome est plus particulièrement axé<br />
sur le diagnostic. Il sera suivi d’un second,<br />
en janvier, orienté sur les traitements.<br />
Nous avons été particulièrement honorés<br />
de l’accord unanime de participation de tous<br />
nos auteurs, membres actifs de nos encadrements<br />
et fiers de leurs contributions. Qu’ils en soient<br />
tous remerciés.<br />
L’INFORMATION DENTAIRE n° 41/42 - 28 novembre 2012<br />
Sommaire<br />
anatomie<br />
22 Anatomie de la région molaire<br />
<strong>mandibulaire</strong><br />
Thierry Gorce, Michèle Guillebaud-Renaux<br />
30 Apport du Cone Beam 3D par rapport<br />
à l’imagerie 2D en analyse <strong>mandibulaire</strong><br />
postérieure<br />
Nicolas Boutin<br />
41 Anatomie des molaires <strong>mandibulaire</strong>s<br />
Implications en endodontie<br />
Françoise Tilotta, Bernard Lazaroo<br />
48 Tumeurs de la région molaire mandiulaire<br />
Marie-Hélène Laujac, Jean-Charles Giunta<br />
55 Aspects implantaires de la région molaire<br />
<strong>mandibulaire</strong><br />
Bernard Cannas, Luc Gillot<br />
63 Les techniques analgésiques<br />
et leurs indications dans la région<br />
molaire <strong>mandibulaire</strong><br />
Marie-Hélène Laujac, Nicolas Caillieux<br />
2 e Partie en janvier…<br />
n Incisions et sutures de la région molaire<br />
<strong>mandibulaire</strong><br />
Christophe Bilweis, Marie-Hélène Laujac<br />
n Extraction des molaires inférieures<br />
Propositions de 10 commandements<br />
Jean-Luc Charrier, Philippe Tramba<br />
n Aspect parodontal de la région molaire<br />
<strong>mandibulaire</strong><br />
François Furic, Xavier Gouard<br />
n Orthodontie et molaire <strong>mandibulaire</strong><br />
Louis-Marie Dusserre<br />
n La particularité régionale <strong>mandibulaire</strong><br />
postérieure sous l’angle de l’expert<br />
Laure Tisserand, Jacques Bitton<br />
21
Région molaire l Mandibulaire<br />
4<br />
A<br />
22<br />
1<br />
B<br />
1. Vue médiale de la région molaire <strong>mandibulaire</strong><br />
Section vestibulo-linguale en avant de la première molaire<br />
<strong>mandibulaire</strong><br />
1 Dos de la langue<br />
2 Face interne de la joue<br />
3 Section du canal <strong>mandibulaire</strong><br />
4 Pilier antérieur du voile du palais<br />
A Région linguale<br />
B Région génienne.<br />
3<br />
Thierry Gorce<br />
Attaché d’enseignement<br />
Faculté de chirurgie<br />
<strong>dentaire</strong> Université<br />
Paris-Descartes<br />
Co-gérant<br />
de la Sapo clinique<br />
Michèle Guillebaud-Renaux<br />
Chirurgien-dentiste<br />
2<br />
Anatomie<br />
de la région<br />
molaire<br />
<strong>mandibulaire</strong><br />
La région molaire <strong>mandibulaire</strong> présente<br />
plusieurs particularités, y compris<br />
sur le plan anatomique. Ces spécificités<br />
vont avoir un retentissement diagnostic<br />
et un impact thérapeutique.<br />
Elle est située entre la région génienne<br />
en dehors, la langue et le plancher oral<br />
en dedans. Elle est délimitée en avant<br />
par la région prémolaire, berceau du foramen<br />
mentonnier, et en arrière par les régions<br />
massétériques et interptérygoïdiennes.<br />
De nombreux éléments anatomiques<br />
devront être pris en compte, en particulier<br />
lors d’actes chirurgicaux (fig. 1).<br />
L’INFORMATION DENTAIRE n° 41/42 - 28 novembre 2012
2<br />
2<br />
4<br />
L’INFORMATION DENTAIRE n° 41/42 - 28 novembre 2012<br />
3<br />
1<br />
2. Coupe coronale<br />
anatomique<br />
en avant de<br />
la première molaire<br />
<strong>mandibulaire</strong><br />
1 Os compact<br />
2 Os spongieux<br />
3 1 re molaire<br />
4 Pédicule<br />
alvéolaire inférieur<br />
dans le canal<br />
<strong>mandibulaire</strong>.<br />
Le support osseux<br />
La région molaire est située au niveau de la partie<br />
postérieure du corps de la mandibule dont la<br />
structure est formée d’un os compact recouvrant<br />
un tissu spongieux parcouru par le pédicule <strong>mandibulaire</strong>.<br />
Il est constitué de deux faces, deux bords<br />
et un contenu.<br />
La face latérale<br />
La face latérale <strong>mandibulaire</strong> est légèrement<br />
convexe et marquée au niveau de l’angle <strong>mandibulaire</strong><br />
de quelques crêtes verticales correspondant<br />
aux insertions tendineuses du muscle masséter.<br />
Au niveau des deux dernières molaires se situe la<br />
portion initiale de la crête buccinatrice, insertion<br />
inférieure du muscle buccinateur.<br />
La face médiale<br />
La face médiale est marquée par une crête oblique<br />
en bas et en avant, sur laquelle se fixe le muscle<br />
mylo-hyoïdien. Cette crête surplombe une zone<br />
excavée dans laquelle se loge la glande submandiblaire.<br />
Les bords<br />
Le bord supérieur correspond aux alvéoles <strong>dentaire</strong>s.<br />
En arrière, deux crêtes verticales séparées<br />
par un méplat forment le triangle rétro-molaire.<br />
anatomie<br />
La limite entre la branche <strong>mandibulaire</strong> et la région<br />
molaire est marquée par un rétrécissement brutal<br />
de la largeur de la crête qui indique la limite postérieure<br />
des insertions du muscle mylo-hyoïdien.<br />
Le bord inférieur, mousse, donne insertion au<br />
muscle platysma en avant du muscle masséter.<br />
Le contenu<br />
Quelle que soit l’importance de la résorption de la<br />
mandibule, l’étui cortical est toujours bien constitué,<br />
mais, chez l’édenté total, des dégénérescences graisseuses<br />
de l’os spongieux peuvent être observées.<br />
Le pédicule alvéolaire inférieur chemine dans le<br />
tissu spongieux, il n’existe pas de corticale pour<br />
définir le canal <strong>mandibulaire</strong> comme en donne<br />
l’impression l’imagerie sectionnelle. Cela s’explique<br />
par l’organisation concentrique des trabéculations<br />
osseuses du tissu spongieux autour du pédicule.<br />
L’environnement du canal est constitué d’os spongieux<br />
relativement lâche et très vascularisé qui<br />
s’élimine facilement lors des dissections, d’où la prudence<br />
avec laquelle les abords chirurgicaux doivent<br />
être menés.<br />
Pour rappel, le pédicule alvéolaire inférieur est<br />
constitué :<br />
- du nerf alvéolaire inférieur, branche du tronc terminal<br />
postérieur du nerf <strong>mandibulaire</strong> (V3) issu du<br />
nerf trijumeau ;<br />
- de l’artère alvéolaire inférieure issue de l’artère<br />
maxillaire, première branche terminale de l’artère<br />
carotide externe ;<br />
- de la veine alvéolaire inférieure qui se draine dans<br />
la veine maxillaire.<br />
L’os alvéolaire (partie supérieure du corps <strong>mandibulaire</strong>)<br />
est le support des trois molaires (voir article<br />
ci-après) (fig. 2).<br />
Cet étui osseux et son contenu ont un environnement<br />
périphérique.<br />
L’environnement jugal<br />
Il est musculaire et vasculo-nerveux.<br />
L’environnement musculaire<br />
Deux muscles principaux s’insèrent dans cette<br />
région, le muscle masséter en arrière et le muscle<br />
buccinateur en regard des molaires. Plus en dehors,<br />
le faisceau labial du muscle platysma croise cette<br />
région obliquement.<br />
• Le buccinateur. Classé parmi les muscles peauciers,<br />
c’est le muscle du trompettiste, il attire l’angle<br />
oral en arrière et latéralement, et participe à la<br />
23
Région molaire l Mandibulaire<br />
3. Face latérale de la face<br />
(d’après Gaudy)<br />
Dissection de la face, peau<br />
et tissu sous-cutané retirés<br />
1 Tissu cellulo-graisseux<br />
de la région génienne<br />
2 Muscle buccinateur<br />
3 Conduit parotidien<br />
4 Muscle masséter<br />
5 Veine faciale<br />
6 Artère faciale<br />
7 Muscle grand zygomatique<br />
8 Muscle abaisseur de l’angle oral.<br />
mastication. Il est large et aplati<br />
transversalement, situé dans la<br />
partie profonde de la joue, intimement<br />
lié à la face profonde de la<br />
3<br />
muqueuse orale.<br />
Ses insertions <strong>mandibulaire</strong>s se<br />
font le long d’une ligne située à hauteur variable<br />
en dessous du collet des molaires <strong>mandibulaire</strong>s.<br />
Ses faisceaux convergent vers la commissure orale.<br />
Il est traversé de dehors en dedans par le conduit<br />
parotidien.<br />
D’un point de vue clinique, à la suite de la résorption<br />
<strong>mandibulaire</strong> (liée à l’âge et/ou à la délicatesse<br />
des avulsions molaires), ses insertions peuvent être<br />
ramenées au niveau de la crête <strong>mandibulaire</strong>, ce<br />
qui nécessite, lors d’une intervention dans la région<br />
génienne, de protéger le périoste, seule structure<br />
séparant le site opératoire de la région génienne,<br />
par un écarteur pour éviter de léser les structures<br />
proches comme l’artère faciale.<br />
• Le masséter. Muscle masticateur, il est appliqué<br />
sur la face latérale de la branche <strong>mandibulaire</strong>. Il a<br />
une forme générale de quadrilatère, situé en avant<br />
de la région parotidienne et en arrière de la région<br />
génienne. Il s’organise en trois parties distinctes,<br />
une couche superficielle, une couche moyenne,<br />
une couche profonde.<br />
Ses insertions occupent toute la hauteur de la<br />
branche <strong>mandibulaire</strong>. Les insertions inférieures<br />
se situent sur la face latérale de l’angle <strong>mandibulaire</strong><br />
et le bord inférieur du corps de la mandibule.<br />
Les insertions supérieures se retrouvent sur le bord<br />
inférieur du processus zygomatique.<br />
Le masséter est partiellement recouvert dans sa<br />
région postérieure par le prolongement antérieur<br />
de la glande parotide dont le canal excréteur (le<br />
24<br />
1<br />
4<br />
5<br />
7<br />
3<br />
conduit parotidien) court longitudinalement,<br />
parallèlement à l’arcade zygomatique.<br />
• Le platysma. Nappe quadrilatère fine et large,<br />
ce muscle naît dans la région sterno-claviculaire et<br />
se termine d’une part sur le bord inférieur de la<br />
mandibule et d’autre part sur la face profonde du<br />
derme voisin. Un faisceau triangulaire le prolonge<br />
en haut et en avant vers la commissure orale où il<br />
se termine.<br />
La vascularisation<br />
• Artère et veine faciales. Le réseau vasculaire<br />
principal de cette région est constitué de l’artère et<br />
de la veine faciale.<br />
L’artère faciale, branche collatérale de la carotide<br />
externe, pénètre dans la région génienne en<br />
contournant le bord inférieur de la mandibule,<br />
en avant du muscle masséter et de la veine faciale.<br />
C’est au niveau de la première molaire <strong>mandibulaire</strong><br />
qu’elle se situe dans le vestibule jugal. Elle est<br />
d’abord appliquée contre le périoste puis chemine<br />
de façon sinueuse sur le muscle buccinateur et se<br />
dirige en haut et en avant vers la commissure orale<br />
en passant entre le buccinateur et le muscle abaisseur<br />
de l’angle oral.<br />
Quand elle est unique, son diamètre peut avoisiner<br />
1,5 mm.<br />
La veine faciale est souvent grêle, de l’angle interne<br />
de l’œil son trajet est rectiligne dans la région<br />
génienne où elle longe le bord antérieur du muscle<br />
6<br />
2<br />
L’INFORMATION DENTAIRE n° 41/42 - 28 novembre 2012<br />
8
L<br />
4<br />
4<br />
masséter pour contourner le bord inférieur du<br />
corps <strong>mandibulaire</strong> en arrière de l’artère faciale et<br />
aller se jeter dans la veine jugulaire interne (fig. 3).<br />
• Artère et veine buccales Le pédicule vasculaire<br />
accompagnant le nerf buccal est situé plus en<br />
arrière et parcourt longitudinalement le vestibule<br />
dont il assure la vascularisation.<br />
L’innervation<br />
La région molaire <strong>mandibulaire</strong> vestibulaire est<br />
essentiellement innervée, sur le plan sensitif, par le<br />
nerf buccal (branche du nerf <strong>mandibulaire</strong> V3) et,<br />
sur le plan moteur, par le nerf facial (VII).<br />
Les nerfs grand auriculaire (C2-C3) et transverse<br />
du cou (C3) participent à l’innervation sensitive de<br />
façon plus discrète.<br />
• Le nerf facial. Émergent du foramen stylomastoïdien,<br />
il pénètre dans la glande parotide, dont<br />
il réalise le clivage, et se divise en deux branches<br />
principales, une branche temporo-faciale et une<br />
branche cervico-faciale dont les nombreux rameaux<br />
innervent les muscles peauciers.<br />
• Le nerf buccal. Passant sous l’expansion latérale<br />
de l’aponévrose buccinatrice, il se termine en une<br />
branche externe, pour la peau de la région massétérique<br />
(sauf l’angle <strong>mandibulaire</strong> et la région<br />
parotidienne), et une branche interne qui traverse<br />
le muscle buccinateur devant le bord antérieur de<br />
la branche <strong>mandibulaire</strong> et se distribue au vestibule<br />
de la région.<br />
L’INFORMATION DENTAIRE n° 41/42 - 28 novembre 2012<br />
1<br />
2<br />
3<br />
V<br />
4. Environnement<br />
périphérique<br />
Coupe anatomique<br />
vestibulo-linguale<br />
en avant<br />
de la 1 re molaire<br />
<strong>mandibulaire</strong><br />
1 Section du corps<br />
<strong>mandibulaire</strong><br />
2 Pédicule alvéolaire<br />
inférieur<br />
3 Artère faciale<br />
4 Nerf lingual<br />
V Vestibulaire<br />
L Lingual.<br />
anatomie<br />
• Le nerf grand auriculaire et le nerf transverse<br />
du cou. Branche du plexus cervical, issue<br />
de C2 et C3, le nerf grand auriculaire se divise en<br />
deux rameaux, l’un antérieur pour les téguments de<br />
la région parotidienne et l’angle <strong>mandibulaire</strong>, et<br />
l’autre postérieur pour les téguments du processus<br />
mastoïde ainsi qu’une grande partie de l’auricule.<br />
Le nerf transverse du cou, issu de C3, contourne<br />
en arrière le muscle sterno-cléïdo-mastoïdien pour<br />
se diriger horizontalement et se distribuer à la peau<br />
de la partie antéro-latérale du cou depuis le bord<br />
inférieur de la mandibule.<br />
L’environnement lingual<br />
Musculaire<br />
• Le muscle mylo-hyoïdien. Ce muscle, qui<br />
constitue le plancher oral, s’étend de la crête <strong>mandibulaire</strong>,<br />
oblique en bas et en avant et située à<br />
la face médiale de la mandibule, au corps de l’os<br />
hyoïde. La limite d’insertion postérieure du muscle<br />
se situe au niveau de la face distale de la deuxième<br />
molaire ; au-delà de ce site, la mandibule se rétrécit<br />
brutalement.<br />
Application clinique : le décollement du lambeau<br />
lingual lors d’une chirurgie des dents de sagesse se<br />
fera au niveau de ce rétrécissement afin de ne pas<br />
léser les fibres du muscle. C’est dans cette portion<br />
du lambeau que le nerf lingual est en rapport direct<br />
avec la table osseuse.<br />
Le muscle mylo-hyoïdien est innervé par le nerf<br />
du mylo-hyoïdien et du ventre antérieur du digastrique,<br />
branche du nerf alvéolaire inférieur.<br />
• Le muscle hyo-glosse. Ce muscle lingual<br />
constitue la majeure partie de la paroi médiale du<br />
creux sublingual. Il s’étend du corps et de la grande<br />
corne de l’os hyoïde au fascia linguae, constituant la<br />
face latérale de la langue.<br />
La vascularisation<br />
Seule l’artère satellite du nerf lingual (20 à<br />
30/100 mm de diamètre) chemine dans le creux<br />
sublingual.<br />
L’artère sublinguale naît de l’artère linguale au<br />
niveau du bord antérieur du muscle hyo-glosse.<br />
L’artère sublinguale chemine sur le muscle mylohyoïdien<br />
dans la portion antérieure de la loge<br />
sublinguale.<br />
La situation de l’artère linguale (en dedans du<br />
muscle hyo-glosse) et de ses branches explique la<br />
blessure exceptionnelle lors d’une lésion du creux<br />
25
Région molaire l Mandibulaire<br />
5<br />
sublingual par un instrument rotatif. Les veines<br />
linguales principales descendent de la pointe de la<br />
langue sous la muqueuse de la face ventrale de la<br />
langue, à travers laquelle elles transparaissent.<br />
L’innervation<br />
Le nerf hypoglosse (XII) et le nerf lingual occupent<br />
le creux sublingual.<br />
• Le nerf hypoglosse. Le nerf moteur de la<br />
langue aborde le creux sublingual en dessous du<br />
nerf lingual sur la face latérale du muscle hyoglosse<br />
pour se distribuer aux muscles linguaux auxquels<br />
il assure l’innervation motrice.<br />
• Le nerf lingual. Branche du tronc terminal postérieur<br />
du nerf <strong>mandibulaire</strong> (V2), il entre dans le<br />
creux sublingual entre la mandibule en dehors et le<br />
muscle ptérygoïdien médial en dedans et en avant.<br />
A ce niveau, il est collé contre la table interne de<br />
la mandibule puis se dirige en dedans pour passer<br />
sous le conduit sub<strong>mandibulaire</strong> et se plaque sur la<br />
face latérale du muscle hyo-glosse pour continuer<br />
vers la pointe de la langue où il se termine (fig. 4).<br />
L’environnement inférieur<br />
La glande sub<strong>mandibulaire</strong><br />
La glande sub<strong>mandibulaire</strong>, située sous le bord<br />
inférieur du corps <strong>mandibulaire</strong>, est facilement<br />
palpable et épouse la forme des parois de la loge.<br />
Elle présente souvent des prolongements antérieur,<br />
26<br />
6<br />
5<br />
7<br />
8<br />
3<br />
9<br />
2<br />
4<br />
1<br />
6. Région<br />
antérolatérale<br />
du cou<br />
Tissus sous-cutanés<br />
et muscle platysma<br />
disséqués<br />
1 Bord inférieur<br />
du corps <strong>mandibulaire</strong><br />
2 Muscle<br />
mylo-hyoïdien<br />
3 Ventre antérieur<br />
du digastrique<br />
4 Artère submentale.<br />
5. Schéma du plancher oral (d’après Netter)<br />
1 Face médiale <strong>mandibulaire</strong><br />
2 Os hyoïde<br />
3 Muscle mylo-hyoïdien<br />
4 Artère sublinguale<br />
5 Glande sub<strong>mandibulaire</strong><br />
6 Nerf lingual<br />
7 Conduit sub<strong>mandibulaire</strong><br />
8 Glande sublinguale<br />
9 Muscle génioglosse.<br />
postéro-supérieur et postéro-inférieur.<br />
Son canal excréteur est le canal sub<strong>mandibulaire</strong><br />
(canal de Wharton) qui naît de<br />
la face profonde de la glande et suit son prolongement<br />
antérieur entre le muscle mylo-hyoïdien et le<br />
muscle hyo-glosse, il croise le nerf lingual par le<br />
dessus.<br />
La glande est contournée par l’artère faciale qui y<br />
creuse un sillon profond (fig. 5).<br />
L’artère submentale<br />
Elle naît de l’artère faciale dans la loge sub<strong>mandibulaire</strong>.<br />
Elle chemine entre la face médiale du<br />
corps de la mandibule et la face inféro-latérale du<br />
muscle mylo-hyoïdien. Distante de la mandibule à<br />
sa naissance, elle s’en approche progressivement en<br />
avant.<br />
Dans la partie antérieure de la loge sub<strong>mandibulaire</strong>,<br />
elle se divise en deux branches, l’une contournant<br />
le bord inférieur de la mandibule et donnant<br />
des rameaux irriguant la peau et les muscles peauciers,<br />
l’autre poursuivant son trajet vers l’avant sous<br />
le ventre antérieur du digastrique qui la plaque<br />
contre la mandibule.<br />
L’artère donne des rameaux qui s’anastomosent<br />
avec l’artère alvéolaire inférieure dans sa partie<br />
mentonnière et des rameaux trans-mylo-hyoïdiens<br />
qui s’anastomosent avec l’artère sublinguale (fig. 6).<br />
6<br />
2<br />
4<br />
L’INFORMATION DENTAIRE n° 41/42 - 28 novembre 2012<br />
3<br />
1
7<br />
4<br />
1<br />
5<br />
6<br />
7. Environnement postérieur<br />
(d’après Gaudy)<br />
Muqueuse et tissus cellulograisseux<br />
disséqués<br />
1 Portion temporale<br />
du temporal<br />
2 Ptérygoïdien médial<br />
3 Ptérygoïdien latéral<br />
4 Masséter<br />
5 Zygomatico-<strong>mandibulaire</strong><br />
6 Portion orbitaire<br />
du temporal.<br />
8. Schéma d’une coupe<br />
coronale en avant<br />
de la 1 re molaire<br />
(d’après Netter)<br />
1 Muscle buccinateur<br />
2 Corps <strong>mandibulaire</strong><br />
3 Canal <strong>mandibulaire</strong><br />
4 Artère faciale<br />
5 Glande sub<strong>mandibulaire</strong><br />
6 Veine faciale<br />
7 Glande sublinguale<br />
8 Muscle hyoglosse<br />
9 Muscle mylo-hyoïdien<br />
10 Nerf lingual<br />
11 Artère et veine<br />
linguales<br />
12 Os hyoïde.<br />
L’INFORMATION DENTAIRE n° 41/42 - 28 novembre 2012<br />
3<br />
8<br />
2<br />
12<br />
11<br />
anatomie<br />
L’environnement postérieur<br />
En arrière, la région molaire <strong>mandibulaire</strong> répond de<br />
dedans au dehors, au bord antérieur du muscle ptérygoïdien<br />
médial et à l’extrémité antérieure du défilé<br />
inter-ptérygo-<strong>mandibulaire</strong>, puis au bord antérieur<br />
de la branche <strong>mandibulaire</strong> et enfin au bord antérieur<br />
du muscle masséter.<br />
Le bord antérieur du muscle ptérygoïdien médial<br />
forme avec la face médiale de la branche <strong>mandibulaire</strong><br />
un angle dans lequel s’immisce le nerf lingual.<br />
Le bord antérieur de la branche présente deux crêtes :<br />
- l’une en dehors, sur laquelle s’insèrent le tendon<br />
terminal de la portion temporale du muscle temporal<br />
en haut et le muscle zygomatico-<strong>mandibulaire</strong> en<br />
bas ;<br />
- l’autre en dedans, la crête temporale, recouverte<br />
par les insertions du tendon terminal de la portion<br />
orbitaire du muscle temporal.<br />
Entre les deux crêtes se situe « le trigone rétromolaire<br />
», zone triangulaire à base inférieure, en<br />
avant duquel on retrouve parfois l’orifice du canal<br />
nourricier de la dent de sagesse (canal de Robinson)<br />
(fig. 7).<br />
10<br />
9<br />
8<br />
7<br />
5<br />
6<br />
2<br />
3<br />
4<br />
1<br />
27
Région molaire l Mandibulaire<br />
Tableau 1 - Structure, acte, risque<br />
Structure Risque Acte Conséquence Prévention<br />
Artère alvéolaire<br />
inférieure<br />
Faible<br />
Saignement Imagerie de qualité<br />
Nerf alvéolaire<br />
inférieur<br />
Important<br />
Hypo- et hyperesthésies<br />
hémi-mandibule<br />
et labio-mentonnières<br />
Imagerie de qualité<br />
Endodontie<br />
- Pas d’incision vestibulaire<br />
Artère faciale Grave Chirurgie 8 Hémorragie sévère verticale à l’aplomb de la 6<br />
Résection apicale<br />
- Lambeau de pleine épaisseur<br />
Implantologie<br />
- Pas d’incision vestibulaire<br />
Veine faciale Faible Prélèvement ramique Hémorragie contrôlable verticale à l’aplomb de la 6<br />
- Lambeau de pleine épaisseur<br />
Nerf buccal Faible<br />
Perte de sensibilité<br />
du fond du vestibule<br />
Lambeau vestibulaire<br />
de pleine épaisseur<br />
Nerf lingual Important<br />
Hypo et hyperesthésies<br />
linguales<br />
Lambeau lingual de pleine<br />
épaisseur<br />
Conclusion<br />
La région molaire <strong>mandibulaire</strong> contient des éléments<br />
anatomiques endo-osseux et des éléments<br />
périphériques dont il est indispensable de connaître<br />
les situations et les trajets pour une pratique sécure<br />
de la chirurgie oro-<strong>dentaire</strong>.<br />
La morphologie radiculaire des molaires, le pédicule<br />
<strong>mandibulaire</strong>, l’artère faciale, le nerf lingual<br />
sont autant de structures à prendre en compte<br />
en orthodontie, en endodontie, en chirurgie apicale,<br />
en chirurgie orale d’avulsion, en chirurgie<br />
parodontale, en implantologie et en chirurgie des<br />
greffes.<br />
La figure 8 schématise le positionnement respectif<br />
de ces éléments anatomiques et le tableau 1 résume<br />
les risques (faible, important, grave) selon les actes<br />
pratiqués et donne les éléments de prévention.<br />
28<br />
Correspondance<br />
thierrygorce@hotmail.com<br />
bibliographie<br />
1. Gaudy JF et coll. Anatomie clinique. Editions CdP 2003.<br />
2. Gaudy JF et coll. Atlas d’anatomie implantaire. Elsevier 2006.<br />
3. Netter FH. Atalas d’anatomie humaine. 5 e édition. Elsevier 2011.<br />
4. Gaudy JF, Vacher C. Atlas d’anatomie clinique et chirurgicale des tissus<br />
superficiels de la tête et du cou. Elsevier 2011.<br />
5. Oberlin C, Vacher C, Berthelot JL. Précis d’anatomie. Lavoisier (EM<br />
Inter) 2004.<br />
6. Kamina P. Précis d’anatomie clinique. Tome 2. Maloine 2002.<br />
7. Schuenke M et coll. Anatomie tête et cou en odontostomatologie.<br />
Lavoisier 2011.<br />
8. Schünke M et coll. Atlas d’anatomie prométhée. Tome 2. Maloine 2007.<br />
L’INFORMATION DENTAIRE n° 41/42 - 28 novembre 2012
Région molaire l Mandibulaire<br />
Apport du Cone Beam 3D<br />
par rapport à l’imagerie 2D<br />
en analyse <strong>mandibulaire</strong> postérieure<br />
30<br />
Nicolas Boutin<br />
Implantologie orale<br />
exclusive (Paris)<br />
Attaché au laboratoire<br />
d’anatomie P5<br />
L’essor de l’imagerie 3D<br />
dans les cabinets <strong>dentaire</strong>s,<br />
avec le développement des Cone<br />
Beam, permet une étude anatomique<br />
tridimensionnelle poussée des patients.<br />
Cette nouvelle conception de l’étude<br />
des patients permet, quelle que soit<br />
la discipline, (endodontie, chirurgie,<br />
orthodontie, implantologie…),<br />
un diagnostic plus précis, pour<br />
une réponse thérapeutique mieux<br />
adaptée, sécurisant patients et praticiens.<br />
1. Angulateur de RINN.<br />
sectionnelle voit son intérêt<br />
accru dans les régions <strong>mandibulaire</strong>s<br />
postérieures, dont les volumes osseux<br />
et les densités osseuses possèdent des<br />
L’imagerie<br />
disparités importantes et dans lesquelles<br />
chemine un obstacle anatomique majeur :<br />
le pédicule <strong>mandibulaire</strong>.<br />
2D versus 3D :<br />
intérêts et écueils<br />
Imagerie 2D conventionnelle<br />
Selon le Guide de bonne pratique en odontostomatologie,<br />
la radiographie rétro-alvéolaire et la radiographie<br />
panoramique restent les pièces principales de<br />
nos dossiers odontologiques. Ce sont les examens<br />
de première intention. Ils ont encore aujourd’hui<br />
tout leur intérêt, en termes autant d’outil diagnostique<br />
que de rayonnements ionisants maîtrisés (respect<br />
du principe ALARA : As Low As Reasonnably<br />
Achievable) [1, 2].<br />
L’INFORMATION DENTAIRE n° 41/42 - 28 novembre 2012
2. Principe de fonctionnement de l’orthopantomogramme.<br />
3. Déformation liée à la distance de l’objet entre<br />
la source et le film.<br />
Fonctionnement<br />
L’imagerie conventionnelle 2D, examen de première<br />
intention quelle que soit la discipline, est<br />
constituée essentiellement de la radio rétro-<br />
alvéolaire et du cliché panoramique. Ces clichés<br />
restent totalement d’actualité malgré la diffusion<br />
massive des Cone Beam dans les cabinets <strong>dentaire</strong>s.<br />
Une radio rétro-alvéolaire de qualité doit être prise<br />
avec un angulateur permettant un rayonnement<br />
orthogonal à la zone anatomique à explorer. C’est<br />
uniquement dans ces conditions de réalisation que<br />
les clichés apparaîtront à l’échelle 1, sans déformation<br />
et de manière reproductible (fig. 1).<br />
La radio panoramique est constituée d’un générateur<br />
de rayons X tournant de manière continue<br />
autour d’un axe de rotation fixe et à équidistance<br />
pendant tout le mouvement de rotation d’un capteur<br />
(fig. 2).<br />
Avantages<br />
La radiographie panoramique permet de visualiser<br />
le patient dans son ensemble, d’apprécier<br />
les volumes dans leur environnement osseux et<br />
cavitaire, de situer les particularités anatomiques<br />
(pédicules et foramen mentonnier), les différences<br />
L’INFORMATION DENTAIRE n° 41/42 - 28 novembre 2012<br />
4. Perte d’information (apex des incisives) liée à un mauvais<br />
positionnement du patient.<br />
3D versus 2D<br />
de densités osseuses. Elle privilégie le global sans<br />
occulter le particulier.<br />
Le cliché rétro-alvéolaire permet de préciser un site<br />
vu sur la panoramique. C’est un cliché à l’échelle 1<br />
lorsqu’il est correctement réalisé, ce qui permet de<br />
faire des mesures précises sur cet examen [6].<br />
Inconvénients<br />
L’écueil majeur de ces deux types de clichés est<br />
l’absence de notion tridimensionnelle. Seules des<br />
notions de hauteurs et de distances mésio-distales<br />
nous sont livrées par ces examens. Aucune notion<br />
d’épaisseur ne peut y être associée.<br />
En ce qui concerne la radio panoramique, l’équidistance<br />
entre la source de rayonnement et le capteur,<br />
entre lesquels les objets « maxillaires et mandibules<br />
» sont positionnés, est à l’origine de déformation<br />
et d’agrandissement de l’objet sur le film<br />
(fig. 3). En effet, l’hétérogénéité de ces deux structures<br />
osseuses, tant dans leur volume que dans leur<br />
densité, implique une déformation plus ou moins<br />
importante de leur anatomie sur le film. De plus, un<br />
mauvais positionnement du patient lors de cet examen<br />
peut engendrer une perte d’information supplémentaire<br />
(fig. 4).<br />
31
Région molaire l Mandibulaire<br />
5<br />
5. Mesures précises faites sur rétro-alvéolaire<br />
entre le pédicule et le sommet de la crête.<br />
7<br />
7. Choix du champ.<br />
32<br />
Ainsi, sur un cliché panoramique, il sera possible<br />
de faire une évaluation des mesures, mais en aucune<br />
manière de calculer une mesure précise.<br />
Sur un cliché rétro-alvéolaire, des mesures précises<br />
pourront être effectuées (fig. 5).<br />
Mais aucune notion d’épaisseur ne pourra être<br />
appréciée sur ces deux types d’examens.<br />
Imagerie Cone Beam 3D<br />
En mai 2006, dans sa première édition, le Guide des<br />
indications et des procédures des examens radiologiques<br />
en odontostomatologie annonçait déjà que « compte<br />
tenu des bénéfices diagnostiques de l’imagerie sectionnelle<br />
et de l’évolution extrêmement rapide des<br />
technologies, celle-ci devrait prendre une place<br />
importante dans les traitements implantaires ».<br />
Ce guide, rédigé par un comité de pilotage de<br />
l’ASN, à la demande du ministère de la Santé et des<br />
Sports, indiquait également : « L’avènement et la<br />
diffusion de techniques volumiques numérisées à<br />
faisceau conique annoncent une nouvelle approche<br />
sectionnelle. » [2]<br />
Or, six ans plus tard, les Cone Beam prennent une<br />
place de plus en plus importante dans les cabinets<br />
6<br />
6. Principe de fonctionnement du Cone Beam.<br />
<strong>dentaire</strong>s, ouvrant l’ère de l’étude tridimensionnelle<br />
quasi systématique des patients, quelle que<br />
soit la discipline.<br />
Fonctionnement<br />
Le Cone Beam est constitué d’un générateur de<br />
rayons X, en face duquel est situé un capteur plan.<br />
Cet ensemble tourne autour du patient. Durant ces<br />
360° de rotation, le générateur délivre un faisceau<br />
conique large qui réalise un cliché à chaque degré<br />
de rotation (fig. 6).<br />
Avant toute réalisation de ce type d’examen, il est<br />
nécessaire de choisir le champ du volume de rayon<br />
délivré (petits champs, en général 6 x 6 cm ; moyens<br />
champs, 8 x 8 cm ; grands champs 8 x 13 cm) (fig. 7).<br />
Le choix de ces différents champs dépend de la<br />
hauteur des zones à explorer : le maxillaire, le<br />
maxillaire et la mandibule, ou encore le maxillaire,<br />
la mandibule et les cavités sinusiennes. Plus<br />
le champ choisi sera large, plus la dose de rayons<br />
délivrée sera élevée.<br />
La durée de l’examen, ou temps d’acquisition, très<br />
court, est d’environ 20 secondes. Le patient, installé<br />
dans une position proche de celle de la panoramique,<br />
est moins inquiet lors de l’examen. À<br />
partir de ces données natives, les coupes sagittales,<br />
frontales et axiales, vont être reconstruites par<br />
l’outil informatique. Le temps de reconstruction<br />
est d’environ 1 minute (fig. 8) [3, 7, 8].<br />
Avantages<br />
Toute la littérature s’accorde aujourd’hui à dire que<br />
l’examen Cone Beam, en fonction du type d’appareil<br />
et de leurs paramétrages, fournit des images<br />
plus précises que l’imagerie scanner pour l’étude<br />
des tissus durs [4].<br />
L’INFORMATION DENTAIRE n° 41/42 - 28 novembre 2012
8. Coupes reconstruites.<br />
L’INFORMATION DENTAIRE n° 41/42 - 28 novembre 2012<br />
10. Proximité de l’implant<br />
avec le pédicule <strong>mandibulaire</strong><br />
après correction du plan<br />
de référence (logiciel Nobel<br />
Clinician).<br />
3D versus 2D<br />
De plus, sa rapidité d’exécution (20 secondes d’acquisition<br />
et 1 à 2 minutes de reconstruction) en fait<br />
un examen d’utilisation facile en pratique quotidienne.<br />
Enfin, les doses de rayonnement absorbées par les<br />
tissus, relativement faibles, respectent le principe<br />
ALARA [5].<br />
Écueils<br />
Cet appareil de haute technologie fait du<br />
chirurgien-dentiste un radiologue à part entière,<br />
qui doit savoir paramétrer l’appareil, le manipuler<br />
et interpréter les résultats obtenus. Une méconnaissance<br />
d’utilisation et de manipulation des fichiers<br />
DICOM (Digital Imagine and Communication<br />
in Medecine : images natives issues de l’examen)<br />
peut avoir des conséquences irréversibles comme<br />
des lésions anatomiques, dans le cas par exemple où<br />
le plan de référence <strong>mandibulaire</strong> serait mal choisi<br />
pour la mise en place d’implants dans<br />
la région <strong>mandibulaire</strong> postérieure<br />
(fig. 9 et 10).<br />
9. Planification d’un implant<br />
sur une coupe issue d’un mauvais<br />
choix de plan de référence (logiciel<br />
Nobel Clinician).<br />
33
Région molaire l Mandibulaire<br />
Apport de la 3D dans l’étude anatomique<br />
de la région postérieure <strong>mandibulaire</strong><br />
La région <strong>mandibulaire</strong> postérieure est un site anatomique<br />
complexe par la diversité de ses volumes<br />
et par ses rapports avec des éléments anatomiques<br />
remarquables tels que le nerf lingual, l’artère faciale,<br />
le muscle mylo-hyoïdien, le pédicule <strong>mandibulaire</strong>,<br />
etc. (fig. 11). C’est également un site très propice à<br />
la chirurgie (avulsion de dents de sagesse, germectomie,<br />
implantologie, prélèvements ramiques…) et<br />
qui la rend délicate [11].<br />
Le pédicule <strong>mandibulaire</strong><br />
La structure anatomique majeure en relation intime<br />
avec le corps de la mandibule est le pédicule <strong>mandibulaire</strong>,<br />
qui y chemine jusqu’à sa sortie au foramen<br />
mentonnier. Sa situation dans le corps de la<br />
mandibule est variable d’un individu à l’autre, mais<br />
aussi dans une même mandibule entre la gauche et<br />
la droite (fig. 12). Elle peut varier à la fois dans sa<br />
position verticale, mais aussi latéro-médiale.<br />
Étude bidimensionnelle<br />
Le cliché rétro-alvéolaire, réalisé avec un angulateur<br />
de RINN, permettant une orthogonalité parfaite<br />
entre le rayon et le corps <strong>mandibulaire</strong>, donne<br />
un positionnement très précis du pédicule dans le<br />
sens vertical. Sur ce cliché à l’échelle 1, une mesure<br />
exacte de la hauteur osseuse présente depuis la partie<br />
supérieure de ce pédicule jusqu’au sommet de la<br />
crête est permise.<br />
Le cliché panoramique, lui, compte tenu de ses différentes<br />
déformations, donnera une estimation de<br />
la position du pédicule, sans permettre une mesure<br />
de précision des volumes disponibles autour de lui<br />
34<br />
11. Anatomie péri-<strong>mandibulaire</strong> (dissection Sapo).<br />
12. Hétérogénéité anatomique du pédicule <strong>mandibulaire</strong> (dissection Sapo).<br />
13. Atrophie <strong>mandibulaire</strong> postérieure (logiciel Nobel Clinician).<br />
14. Planification des implants de part et d’autre du pédicule <strong>mandibulaire</strong><br />
(logiciel Nobel Clinician).<br />
Mais en aucun cas ces clichés 2D ne permettront<br />
de connaître de façon précise la position vestibulolinguale<br />
du pédicule dans le corps <strong>mandibulaire</strong>.<br />
Apport de la 3D dans la gestion<br />
des risques anatomiques<br />
L’étude de cette région par l’imagerie sectionnelle<br />
va permettre d’en connaître les volumes<br />
L’INFORMATION DENTAIRE n° 41/42 - 28 novembre 2012
15 16<br />
17<br />
tridimensionnels avec une grande exactitude. Le<br />
positionnement du pédicule dans le corps de la<br />
mandibule, tout au long de son cheminement, permet<br />
ainsi un diagnostic précis et des décisions thérapeutiques<br />
adaptées.<br />
Ainsi, par exemple, un examen détaillé de la<br />
position du pédicule dans l’épaisseur VL de la<br />
mandibule pourra montrer des volumes osseux<br />
disponibles important de part et d’autre de ce pédicule,<br />
permettant ainsi un traitement implantaire<br />
en cas de faible hauteur osseuse au-dessus. Les<br />
implants pourront être positionnés en dedans ou<br />
en dehors du pédicule (fig. 13 et 14).<br />
Les images 2D de ces positionnements donneront<br />
l’impression d’implants transpédiculaires (fig. 15,<br />
16 et 17).<br />
La chirurgie de prélèvement ramique ne sera possible<br />
qu’après réalisation d’un examen 3D qui donnera<br />
des informations sur l’épaisseur de la corticale<br />
disponible sur le site donneur et sur la position du<br />
pédicule par rapport à cette corticale afin qu’il ne<br />
soit pas lésé lors de la chirurgie (fig. 18 et 19).<br />
Enfin, l’imagerie 3D du secteur <strong>mandibulaire</strong> postérieur<br />
intéresse la chirurgie d’avulsion des dents<br />
de sagesse lorsque l’examen 2D montre une proximité<br />
entre les racines des 8 et les pédicules. Elle<br />
mettra en évidence le positionnement du pédicule<br />
situé en dehors de racines, en dedans, ou cheminant<br />
entre celles-ci.<br />
L’INFORMATION DENTAIRE n° 41/42 - 28 novembre 2012<br />
3D versus 2D<br />
15. Rétro-alvéolaire<br />
post-chirurgicale.<br />
16. Implant transpédiculé<br />
sur imagerie 2D.<br />
17. Position réelle de l’implant<br />
en vestibulaire du pédicule.<br />
18. Site de prélèvement ramique<br />
et situation du pédicule.<br />
19. Site après prélèvement.<br />
20. Anatomie de la concavité<br />
linguale (images Sapo).<br />
18 15 15 16 16<br />
19 15 16<br />
20<br />
La concavité linguale<br />
La concavité linguale est une particularité anatomique<br />
de la partie interne du corps <strong>mandibulaire</strong>. La<br />
partie supérieure de cette concavité est délimitée par<br />
l’insertion du muscle mylo-hyoïdien (fig. 20).<br />
35
Région molaire l Mandibulaire<br />
21<br />
21. Anatomie de la concavité linguale sur imagerie 2D.<br />
22. Projet prothétique : dent virtuelle (logiciel Simplant).<br />
23. Choix de l’axe implantaire en fonction du projet<br />
prothétique et de la concavité linguale (logiciel Simplant.)<br />
24. Ces 3 coupes pourraient provenir de ce même patient,<br />
mais la coupe réelle est la 131.<br />
Étude bidimensionnelle<br />
L’imagerie bidimensionnelle ne nous permet<br />
pas d’apprécier l’importance et la forme de cette<br />
concavité linguale. Seule une ligne légèrement plus<br />
radio-opaque, située sur le corps <strong>mandibulaire</strong>,<br />
peut laisser supposer la présence de l’amorce de<br />
cette concavité. En effet, à cet endroit, la dépressibilité<br />
osseuse de la concavité, moins épaisse,<br />
apparaîtra donc plus radioclaire sur les clichés 2D<br />
(fig. 21).<br />
Mais en aucune manière l’anatomie exacte de cette<br />
concavité ne pourra être déterminée.<br />
Apport de la 3D dans la gestion<br />
des risques anatomiques.<br />
La mise en place d’un implant, quelle que soit la<br />
situation, ne peut être envisagée sans projet prothétique<br />
initial (fig. 22). Un implant n’est pas placé<br />
parce qu’il y a de l’os, mais parce qu’une prothèse<br />
définitive sera supportée par celui-ci. C’est seulement<br />
lorsque le projet prothétique est validé,<br />
fonctionnellement et esthétiquement, que les<br />
raisonnements sur le positionnement axial des<br />
implants sous-jacents vont être entamés (fig. 23).<br />
Ainsi, dans les secteurs <strong>mandibulaire</strong>s postérieurs,<br />
en fonction du projet prothétique et de l’axe<br />
déterminé, la longueur de l’implant sera limitée<br />
par la présence d’une concavité linguale plus ou<br />
moins prononcée. Seul un examen 3D permet de<br />
connaître les volumes osseux présents sur le site à<br />
implanter (fig. 24 et 25) [9, 10].<br />
36<br />
23<br />
24<br />
22<br />
L’INFORMATION DENTAIRE n° 41/42 - 28 novembre 2012
Région molaire l Mandibulaire<br />
25<br />
38<br />
Les raisonnements porteront alors sur le fait de<br />
préférer un implant plus long, mais dans un axe<br />
angulé, ou un implant plus court (imposé par la<br />
présence de la concavité linguale), mais dans un axe<br />
prothétique favorable.<br />
La littérature s’accorde aujourd’hui sur le fait<br />
qu’il n’y a pas de différence significative entre des<br />
implants courts ou des implants longs. Mais un<br />
axe prothétique favorable aura pour conséquence<br />
bibliographie<br />
26<br />
1. HAS. Tomographie volumique à faisceau conique large de la face (Cone<br />
Beam Computerized Tomography). Rapport d’évaluation technologique.<br />
décembre 2009.<br />
2. ASN. Guide des indications et des procédures des examens radiologiques en<br />
odontostomatologie. Code de la santé publique. Mai 2006.<br />
3. Bellaiche N. Scanner et tomographie à faisceau conique : quelle méthode<br />
d’imagerie choisir en odontostomatologie. Le fil <strong>dentaire</strong> 2007 nov. ; 27.<br />
4. Bellaiche N, Missika P. La tomodensitométrie dans le bilan pré-opératoire en<br />
implantologie orale. Info Dent 1991 ; 32 : 268-289.<br />
5. Commission européenne. European guidelines on radiation protection in<br />
dental radiology. Bruxelles : Office des publications officielles de l’Union<br />
Européenne, 2003.<br />
6. Cavezian R, Pasquet G, Bel G, Baller G. Imagerie dento-maxillaire : approche<br />
radio-clinique. 3e édition, Masson. 2006.<br />
7. Bellaiche N. Tomographie à faisceau conique (Cone Beam) : les différents<br />
systèmes, leurs caractéristiques principales et indications. La lettre de<br />
stomatologie 2007 ; 33 : 10-15.<br />
8. Bellaiche N. Scanner et Cone Beam maxillo-facial. Principes, limites et indications<br />
respectives. Implantologie février 2009.<br />
9. Noharet R, Gillot L, Cannas B. Remplacement d’une molaire <strong>mandibulaire</strong><br />
encastrée. Les trois points clés de la solution implantaire. Info Dent 2010 ;<br />
31 : 18-21.<br />
10. Branemark PI, Hansson BO, Adell R, Breine U, Lindström J, Hallen O.<br />
Osseointegrated implants in treatment of the edentulous jaw : experience<br />
from a 10-year period. Scand J Plast Reconstr Surg Appl 1977 ; 11 : 1-132.<br />
11. Gaudy JF et al. Atlas d’anatomie implantaire. Elsevier. 2006.<br />
25. Le même implant serait possible sur la coupe 128<br />
alors qu’il ne serait pas réalisable sur 131 et 141.<br />
26. Implant dépassant la concavité linguale.<br />
une augmentation de la pérennité du traitement<br />
implantaire.<br />
Enfin, la mise en place d’un implant jusqu’à la<br />
concavité linguale permettra d’obtenir un ancrage<br />
primaire de qualité compte tenu de la densité<br />
souvent importante de la corticale linguale à cet<br />
endroit. Cependant, le dépassement d’un implant<br />
de cette corticale entraîne une irritation chronique<br />
du muscle mylo-hyoïdien désagréable pour<br />
le patient (fig. 26).<br />
Conclusion<br />
L’étude systématique de la région <strong>mandibulaire</strong><br />
postérieure par l’imagerie sectionnelle de type<br />
Cone Beam permet aujourd’hui d’obtenir une<br />
cartographie précise des volumes osseux, de leur<br />
densité et de leur rapport avec les obstacles anatomiques.<br />
Cette cartographie, étudiée avec des logiciels de<br />
planification implantaire, rend les traitements plus<br />
sécurisés et plus prédictibles. Les rapports projet<br />
prothétique - volumes osseux - contrainte biomécaniques<br />
pourront être analysés dans un même<br />
ensemble afin de rendre le traitement final cohérent<br />
dans son rapport risque anatomique/risque<br />
biomécanique.<br />
L’arrivée des Cone Beam dans les cabinets<br />
<strong>dentaire</strong>s devrait aujourd’hui interdire<br />
toute chirurgie de la région <strong>mandibulaire</strong><br />
postérieure sans examen tridimensionnel<br />
sécurisant le geste du praticien, et les éléments<br />
anatomiques des patients.<br />
Correspondance<br />
nicoboutin@free.fr<br />
L’INFORMATION DENTAIRE n° 41/42 - 28 novembre 2012
Région molaire l Mandibulaire<br />
Les molaires <strong>mandibulaire</strong>s sont<br />
des dents pluricuspidées<br />
et pluriradiculées. Elles sont en série<br />
descendante : la première est plus<br />
grande que la deuxième qui, elle-même<br />
est plus grande que la troisième.<br />
Ces dents sont caractérisées par<br />
une table occlusale très large<br />
permettant le broyage du bol<br />
alimentaire. La première molaire<br />
<strong>mandibulaire</strong> est une dent dont<br />
l’anatomie est très stable, ce qui fait<br />
d’elle un modèle de description<br />
pour toutes les molaires <strong>mandibulaire</strong>s.<br />
L’INFORMATION DENTAIRE n° 41/42 - 28 novembre 2012<br />
implications en endodontie<br />
Anatomie des molaires <strong>mandibulaire</strong>s<br />
implications en endodontie<br />
Françoise Tilotta<br />
MCU-PH<br />
Université Paris Descartes<br />
1. La ligne oblique (flèche jaune)<br />
prolonge en avant le bord<br />
antérieur de la branche<br />
<strong>mandibulaire</strong>. Elle est proche<br />
du collet de la troisième molaire.<br />
Bernard Lazaroo<br />
Praticien libéral<br />
Chargé d’enseignement<br />
en anatomie (Sapo)<br />
Le mot « molaire » vient du latin molaris,<br />
meule, par analogie avec la fonction de<br />
broyage des aliments. Galien (131-201)<br />
est le premier auteur qui met en relation<br />
la morphologie des molaires et leur fonction.<br />
Il considère cependant que les dents sont des<br />
os… Au fil du temps, d’autres noms ont été utilisés<br />
pour ces dents. Ainsi, dans son ouvrage De<br />
Dissectione Partium Corporis Humani (La dissection<br />
des parties du corps humain), paru en 1546, Charles<br />
Estienne, médecin, humaniste et imprimeur,<br />
nomme ces dents « masticatoires », car « elles<br />
meulent la viande » [4]. Il distingue cependant les<br />
troisièmes molaires qu’il associe à la croissance des<br />
« mâchoires », et qu’il nomme « dents génuines »<br />
ou « dents du sens ». De la même façon, Hémard,<br />
en 1582, les appelle « machelières » dans son<br />
ouvrage Recherche de la vraye anathomie, nature et<br />
propriétés d’icelles [6].<br />
41
Région molaire l Mandibulaire<br />
42<br />
5<br />
2. Le nerf et les vaisseaux alvéolaires inférieurs cheminent<br />
au sein de l’os spongieux du corps <strong>mandibulaire</strong>.<br />
4. La racine mésiale présente une importante courbure en direction<br />
distale, notamment sur la première molaire.<br />
5. La face distale de la racine mésiale des molaires <strong>mandibulaire</strong>s<br />
présente une importante dépression.<br />
Environnement anatomique<br />
Les molaires <strong>mandibulaire</strong>s sont implantées dans la<br />
partie postérieure du corps <strong>mandibulaire</strong>. La troisième<br />
molaire peut parfois se situer à la jonction<br />
entre le corps et la branche <strong>mandibulaire</strong>s. Dans<br />
cette région, l’épaisseur de la corticale osseuse est<br />
conséquente. Sur le versant vestibulaire, celle-ci<br />
est renforcée par la présence de la ligne oblique, ou<br />
crête buccinatrice, qui s’étend du bord antérieur de<br />
la branche <strong>mandibulaire</strong> jusqu’au tubercule mentonnier<br />
(fig. 1). Dans la région molaire, cette ligne<br />
qui donne insertion au muscle buccinateur, est particulièrement<br />
bien individualisée.<br />
L’environnement anatomique noble des molaires<br />
<strong>mandibulaire</strong>s est principalement constitué du<br />
3. La trabéculation de l’os spongieux du corps <strong>mandibulaire</strong><br />
est lâche.<br />
pédicule alvéolaire inférieur. Ce dernier comporte<br />
le nerf alvéolaire inférieur, branche sensitive du<br />
nerf <strong>mandibulaire</strong> qui donne les rameaux assurant<br />
l’innervation des molaires et prémolaires, ainsi que<br />
l’artère et la veine alvéolaires inférieures. Ce pédicule<br />
chemine au sein de l’os spongieux du corps<br />
<strong>mandibulaire</strong>, sans être protégé par un véritable<br />
« canal » (fig. 2). Par ailleurs, la trabéculation de<br />
l’os spongieux de la région molaire est lâche et présente<br />
souvent de nombreuses vacuoles (fig. 3). Cette<br />
morphologie rend le pédicule alvéolaire inférieur<br />
vulnérable aux différents éléments mécaniques ou<br />
chimiques pouvant l’atteindre.<br />
La distance entre les apex des molaires <strong>mandibulaire</strong>s<br />
et le pédicule est variable d’un individu à<br />
l’autre, et d’un côté à l’autre chez un même individu.<br />
Les rapports des apex des deuxième et troisième<br />
molaires avec le nerf alvéolaire inférieur sont généralement<br />
inférieurs au millimètre, alors que pour la<br />
première molaire, ils varient entre 1 et 4 mm, avec<br />
dans certains cas, des décalages transversaux importants<br />
[10].<br />
Anatomie pulpo-radiculaire<br />
Les molaires <strong>mandibulaire</strong>s ont deux racines. Bien<br />
distinctes pour la première molaire, elles se rapprochent<br />
jusqu’à s’accoler ou fusionner pour les<br />
deuxième et troisième molaires.<br />
La première molaire <strong>mandibulaire</strong><br />
La chambre pulpaire est plus étendue dans le sens<br />
mésio-distal et présente des cornes pulpaires en<br />
regard de chaque pointe cuspidienne.<br />
L’INFORMATION DENTAIRE n° 41/42 - 28 novembre 2012
La racine mésiale est large dans le sens vestibulo-lingual<br />
et fortement aplatie dans le sens mésio-distal.<br />
Elle peut être parcourue par une dépression longitudinale<br />
sur sa face distale et présente fréquemment<br />
une importante courbure (fig. 4 et 5). Dans la quasitotalité<br />
des cas, cette courbure existe dans le sens<br />
mésio-distal et est visible radiologiquement, mais<br />
elle peut également exister dans le sens vestibulo-lingual<br />
(fig. 6). Une courbure prononcée de l’extrémité<br />
apicale du canal peut également être observée.<br />
Dans 70 % des cas, il existe deux canaux dans la<br />
racine mésiale et un canal dans la racine distale.<br />
La configuration à quatre canaux est observée dans<br />
30 % des cas. Exceptionnellement, la racine mésiale<br />
ne comporte qu’un canal qui est alors bien centré<br />
dans le sens vestibulo-lingual. Les deux canaux de la<br />
racine mésiale peuvent se réunir dans le tiers apical<br />
de la racine ou se terminer par des orifices apicaux<br />
distincts.<br />
Dans la majorité des cas, le canal distal est unique et<br />
aplati dans le sens mésio-distal. En présence de deux<br />
canaux distaux, la configuration est variable.<br />
La deuxième molaire <strong>mandibulaire</strong><br />
La présence de deux canaux dans la racine mésiale de<br />
la deuxième molaire est très fréquente et peut adopter<br />
différentes configurations. Elle s’accompagne<br />
généralement d’une dépression longitudinale sur la<br />
face distale de la racine mésiale (fig. 5). La présence<br />
d’un canal mésial unique est toutefois fréquente<br />
puisqu’elle représente 40 à 45 % des cas.<br />
Dans la majorité des situations, le canal distal est<br />
unique et aplati dans le sens mésio-distal.<br />
Les racines mésiale et distale des molaires peuvent<br />
comporter plusieurs canaux présentant des fréquences<br />
et des configurations variables décrites par<br />
Weine [12].<br />
Pour ces deux dents, les canaux latéraux, secondaires<br />
et accessoires sont fréquents.<br />
Variations et aberrations<br />
anatomiques<br />
Des deuxièmes molaires à quatre ou cinq canaux<br />
sont retrouvées dans la littérature, ainsi que des premières<br />
molaires à quatre, cinq ou même six canaux.<br />
La présence d’un troisième canal mésial sur la première<br />
molaire est relativement fréquente. Ce canal<br />
supplémentaire se situe au niveau de l’isthme séparant<br />
le canal mésio-vestibulaire et le canal mésiolingual.<br />
Ces trois canaux peuvent être distincts<br />
ou se rejoindre à divers niveaux. La présence d’un<br />
L’INFORMATION DENTAIRE n° 41/42 - 28 novembre 2012<br />
6. La courbure<br />
de la racine<br />
mésiale doit<br />
être objectivée<br />
radiologiquement.<br />
implications en endodontie<br />
troisième canal dans la racine distale est également<br />
décrite dans la littérature, mais reste nettement<br />
moins fréquente.<br />
Les molaires <strong>mandibulaire</strong>s, et particulièrement<br />
la première molaire, peuvent présenter une configuration<br />
particulière à trois racines, avec un radix<br />
entomolaris (racine supplémentaire située à l’angle<br />
disto-lingual de la dent) ou un radix paramolaris<br />
(racine supplémentaire située à l’angle disto-<br />
vestibulaire de la dent). Le radix entomolaris présente<br />
généralement une courbure en direction linguale<br />
associée à une courbure apicale plus prononcée [8].<br />
Pour ces deux configurations, la molaire présente<br />
trois racines et trois ou quatre canaux.<br />
Pour toutes ces variations anatomiques, l’utilisation<br />
du microscope revêt un intérêt incontestable.<br />
Traitement endodontique<br />
des molaires <strong>mandibulaire</strong>s<br />
Cavité d’accès<br />
Différents éléments de la face occlusale doivent être<br />
repérés avant la réalisation de la cavité d’accès :<br />
- le sillon intercuspidien lingual ;<br />
- le sillon intercuspidien vestibulaire ;<br />
- le sillon principal mésio-distal ;<br />
- la fosse marginale mésiale ;<br />
- l’axe de la face mésiale ;<br />
- la pointe cuspidienne mésio-vestibulaire.<br />
L’orifice d’entrée du canal mésio-lingual se projette<br />
à proximité de la fosse marginale mésiale tandis<br />
que l’orifice d’entrée du canal mésio-vestibulaire<br />
se situe à l’aplomb de la pointe cupisdienne mésiovestibulaire.<br />
L’orifice d’entrée du canal distal, s’il est<br />
unique, se projette au niveau de la fosse centrale.<br />
En présence de deux canaux distaux, leurs orifices<br />
se projettent sur l’alignement des sillons intercuspidiens<br />
lingual et vestibulaire, de part et d’autre de la<br />
fosse centrale. Globalement, les entrées canalaires<br />
43
Région molaire l Mandibulaire<br />
44<br />
7. Le stripping<br />
est consécutif<br />
au non-respect<br />
de la courbure<br />
du canal mésial.<br />
se situent à l’aplomb de la partie mésio-vestibulaire<br />
de la table occlusale.<br />
À partir de ces repères, l’approfondissement s’effectue<br />
à l’aide d’une fraise boule montée sur turbine<br />
selon le grand axe coronaire (qui est différent du<br />
grand axe radiculaire). Le plafond pulpaire est éliminé.<br />
La cavité d’accès est trapézoïdale en présence<br />
de deux canaux mésiaux et un canal distal ; elle<br />
devient rectangulaire en présence de quatre canaux.<br />
L’observation du plancher pulpaire montre la présence<br />
de deux, trois ou quatre orifices canalaires.<br />
Les orifices mésiaux sont circulaires. Ils sont plus<br />
proches l’un de l’autre pour la deuxième molaire.<br />
L’orifice du canal distal, lorsqu’il est unique, est<br />
ovoïde à grand axe vestibulo-lingual. La découverte<br />
d’un orifice distal petit et excentré doit conduire à la<br />
recherche d’un second canal distal. La configuration<br />
du canal distal en « arc de cercle », dit également en<br />
« C », est souvent observée sur la deuxième molaire.<br />
La présence d’un radix entomolaris requiert une<br />
extension linguale de la cavité d’accès [8].<br />
Les parois sont alors régularisées et mises de<br />
dépouille. Les entrées canalaires sont évasées de<br />
manière à obtenir un accès instrumental direct.<br />
Préparation canalaire<br />
La racine mésiale des molaires <strong>mandibulaire</strong>s présente<br />
fréquemment une importante courbure qui<br />
est à l’origine des difficultés rencontrées lors de la<br />
préparation canalaire. Un élargissement du tiers<br />
coronaire du canal est indispensable pour redresser<br />
légèrement l’axe du canal et, ainsi, faciliter l’accès au<br />
tiers apical.<br />
Afin de réduire le risque de formation d’une butée,<br />
voire de perforation, les limes endodontiques doivent<br />
travailler de manière privilégiée sur les parois canalaires<br />
opposées à la courbure. Ces parois sont dites<br />
« parois de sécurité » [9]. Cette précaution permet<br />
également de ne pas surtravailler les parois canalaires<br />
internes (paroi distale pour un canal mésial et<br />
paroi mésiale pour un canal distal) et réduire ainsi<br />
le risque de stripping ou de perforation de la paroi<br />
radiculaire, en raison de la présence des dépressions<br />
longitudinales à la surface des racines (fig. 7).<br />
Les canaux en « C » doivent être préparés comme<br />
s’il s’agissait de deux canaux distincts, l’isthme étant<br />
nettoyé par la solution d’irrigation [2].<br />
Obturation canalaire<br />
Il existe à l’heure actuelle différents matériaux<br />
et différentes techniques d’obturation canalaire<br />
(condensation latérale à froid, thermocompactage,<br />
condensation verticale à chaud, etc.) que le praticien<br />
peut employer pour l’obturation endodontique<br />
des molaires <strong>mandibulaire</strong>s.<br />
Complication des<br />
dépassements de matériau<br />
d’obturation canalaire<br />
Le dépassement de matériau d’obturation, guttapercha<br />
ou ciment canalaire, au-delà de la limite de<br />
travail fixée, est généralement bien toléré, même<br />
si une réaction transitoire inflammatoire peut<br />
être observée. La principale complication liée au<br />
dépassement de matériau lors du traitement endodontique<br />
d’une molaire <strong>mandibulaire</strong> est l’atteinte<br />
du nerf alvéolaire inférieur qui peut se traduire<br />
principalement par des manifestations à type de<br />
paresthésie, voire d’anesthésie labio-mentonnières.<br />
Les paresthésies peuvent être définies comme une<br />
perturbation de la conduction sensitive associant<br />
une diminution de la sensibilité et des sensations<br />
conjointes surajoutées anormales. Elles se manifestent<br />
tantôt par une sensation de picotements permanents<br />
au niveau de la lèvre inférieure, tantôt par<br />
des décharges de fréquence variable. L’anesthésie,<br />
elle, signe une atteinte irréversible du nerf.<br />
Ces lésions peuvent être d’origine :<br />
- chimique en raison de la présence, à proximité du<br />
nerf, de produits cytotoxiques employés lors de la<br />
préparation canalaire (irrigation, médication intracanalaire,<br />
etc.) ou de l’obturation ;<br />
- mécanique, lors du passage d’instruments de travail<br />
endodontiques au-delà de l’apex ;<br />
- thermique à la suite d’un défaut de maîtrise des<br />
techniques d’obturation par thermocompactage.<br />
Tous ces facteurs ont en commun le non-respect<br />
de l’anatomie canalaire s’accompagnant d’un dépassement<br />
de matériau ou de solution au-delà de la<br />
L’INFORMATION DENTAIRE n° 41/42 - 28 novembre 2012
8. Un dépassement de matériau d’obturation peut rapidement atteindre<br />
le pédicule alvéolaire inférieur.<br />
constriction apicale et une proximité de ces agents<br />
avec le nerf alvéolaire inférieur (fig. 8).<br />
Dans les cas où une proximité, voire un contact<br />
est observé (15,6 % des cas pour Heasman [5]), les<br />
risques de lésion nerveuse ou artérielle à la suite<br />
d’une diffusion de matériau endodontique sont<br />
augmentés. Ces cas doivent être appréciés radiologiquement<br />
avant d’entreprendre un traitement<br />
endodontique. Pour d’autres cas, la distance séparant<br />
le pédicule <strong>mandibulaire</strong> et les apex <strong>dentaire</strong>s est<br />
plus importante. Cependant, les risques de lésions<br />
existent en raison de la diffusion aisée des produits<br />
d’irrigation dans la région molaire. Les manifestations<br />
cliniques décrites par les patients sont toutefois<br />
très variables, alors que le dépassement en cause<br />
semble comparable à l’examen radiologique. Ainsi,<br />
un dépassement radiologiquement minime pourra<br />
s’accompagner d’une anesthésie labio-mentonnière,<br />
alors qu’un dépassement qui semble important ne<br />
sera associé à aucune symptomatologie.<br />
La diffusion étant facilitée par la structure de l’os<br />
spongieux, cette atteinte peut même se produire<br />
sans véritable proximité entre les apex et le pédicule<br />
<strong>mandibulaire</strong>, et se manifester très rapidement. C’est<br />
ainsi que l’on peut être confronté à l’apparition précoce<br />
d’une paresthésie labio-mentonnière d’origine<br />
endodontique, avant la réalisation de l’obturation<br />
canalaire ou en absence de dépassement de matériau<br />
d’obturation.<br />
évolution des infections<br />
d’origine endodontique<br />
L’infection d’origine endodontique peut être localisée<br />
à la région péri-apicale, mais elle peut également<br />
être à l’origine de complications d’ordre cellulaire<br />
(cellulite) ou osseux (fistule) [7].<br />
Les cellulites aiguës peuvent se présenter sous plusieurs<br />
formes cliniques en fonction de paramètres<br />
anatomiques :<br />
L’INFORMATION DENTAIRE n° 41/42 - 28 novembre 2012<br />
implications en endodontie<br />
9. La coupe<br />
frontale du corps<br />
<strong>mandibulaire</strong><br />
passant par<br />
la première molaire<br />
montre l’importante<br />
épaisseur<br />
de la corticale<br />
vestibulaire<br />
et la proximité<br />
entre les apex<br />
et la corticale<br />
linguale. La distance<br />
entre le pédicule<br />
alvéolaire inférieur<br />
(flèche rouge)<br />
et les apex<br />
est variable.<br />
10. Les apex des molaires peuvent se situer en dessous<br />
ou au-dessus de la ligne mylo-hyoïdienne.<br />
- la molaire causale : le siège de la collection<br />
diffère selon que la dent causale est la première, la<br />
deuxième ou la troisième molaire ;<br />
- la distance séparant les apex des corticales<br />
vestibulaire et linguale : les apex des<br />
deuxième et troisième molaires sont généralement<br />
plus proches de la corticale linguale. Le processus<br />
infectieux évoluera donc préférentiellement en<br />
direction linguale (fig. 9). À l’inverse, les apex de la<br />
première molaire sont généralement plus proches<br />
de la corticale vestibulaire. Le processus infectieux<br />
évoluera donc préférentiellement en direction vestibulaire<br />
;<br />
- la position des apex par rapport aux<br />
lignes oblique (versant vestibulaire) et mylohyoïdienne<br />
(versant lingual). Si les apex se situent<br />
au-dessus de la ligne mylo-hyoïdienne, l’œdème<br />
affectera la région sublinguale. Si les apex se situent<br />
en dessous de la ligne mylo-hyoïdienne, l’œdème<br />
affectera la région sous-<strong>mandibulaire</strong> (fig. 10) ;<br />
45
Région molaire l Mandibulaire<br />
- la profondeur du vestibule : les apex des<br />
molaires <strong>mandibulaire</strong>s se situent en dessous de<br />
la ligne de réflexion de la muqueuse alvéolaire.<br />
L’extension du processus infectieux évoluera donc<br />
préférentiellement vers une cellulite génienne<br />
basse plutôt que vers une fistule.<br />
Résection apicale<br />
des molaires <strong>mandibulaire</strong>s<br />
La fréquence du recours à des résections apicales<br />
sur les molaires semble corrélée à la complexité de<br />
la configuration canalaire de ces dents.<br />
Accès aux apex<br />
L’importante épaisseur de la corticale vestibulaire<br />
dans la région molaire complique le repérage de<br />
l’apex causal à traiter [11] (fig. 9). De plus, de la<br />
première à la troisième molaire, la ligne oblique<br />
se rapproche du collet et les apex s’éloignent de la<br />
corticale vestibulaire pour se rapprocher de la corticale<br />
linguale (fig. 1).<br />
La trépanation doit être effectuée dans une zone<br />
où l’épaisseur osseuse est moindre. Certains<br />
auteurs décrivent un abord dans la région osseuse<br />
la plus proche du collet qui est considérée comme<br />
une « zone de sécurité » [1].<br />
En présence d’une corticale vestibulaire trop<br />
épaisse, certains auteurs préconisent l’accès par<br />
voie linguale [3]. Cette voie d’abord reste cependant<br />
exceptionnelle et doit être envisagée avec<br />
d’extrêmes précautions en raison de la présence du<br />
muscle mylo-hyoïdien et des éléments nobles du<br />
plancher buccal, mais surtout du passage du nerf<br />
lingual sur le versant lingual du rempart alvéolaire<br />
des deuxième et troisième molaires.<br />
Proximité du pédicule alvéolaire<br />
inférieur<br />
La littérature montre que la distance séparant<br />
les apex des molaires <strong>mandibulaire</strong>s et le pédicule<br />
alvéolaire inférieur est très variable selon les<br />
auteurs. Cependant, dans la région molaire <strong>mandibulaire</strong>,<br />
le pédicule est généralement déporté en<br />
direction linguale, ce qui explique le faible risque<br />
de lésion du nerf, rapporté par la littérature [11].<br />
Malgré tout, il est indispensable de localiser le<br />
canal <strong>mandibulaire</strong> par l’imagerie avant toute<br />
intervention.<br />
46<br />
Dans certains cas de figure, le foramen mentonnier<br />
peut être distalé et se situer à l’aplomb des apex de<br />
la première molaire. Le praticien doit donc garder à<br />
l’esprit l’existence de cette localisation afin de ne pas<br />
confondre le foramen et une éventuelle lésion apicale<br />
touchant la première molaire.<br />
Conclusion<br />
La connaissance de l’anatomie <strong>dentaire</strong> externe et<br />
interne constitue l’un des principaux fondements<br />
de nos actes endodontiques. Cependant, l’environnement<br />
anatomique, qu’il soit ostéologique, myologique<br />
ou encore vasculo-nerveux, explique certains<br />
tableaux cliniques et conditionne nos thérapeutiques.<br />
bibliographie<br />
1. Allam C. Microchirurgie endodontique sur les molaires maxillaires et <strong>mandibulaire</strong>s<br />
: nouvelle technique de trépanation osseuse. Rev Odont Stomat<br />
2009 ; 38 : 43-51.<br />
2. Bukiet F, Camps J, Pommel L. Anatomie pulpo-radiculaire des dents <strong>mandibulaire</strong>s<br />
: conséquences cliniques sur la préparation canalaire. Info Dent<br />
2003 ; 27 : 1891-1897.<br />
3. Camus J-P. Endodontie chirurgicale. Editions CdP, 1998, 196p.<br />
4. Estienne C. De Dissectione Partium Corporis Humani (La dissection des parties<br />
du corps humain). Paris : Simon de Colines, 1546.<br />
5. Heasman PA. Variation in the position of the inferior dental canal and its<br />
significance to restorative dentistry. J Dent 1988 ; 16(1) : 36-39.<br />
6. Hémard U. Recherche de la vraye anathomie, nature et propriétés d’icelles.<br />
Lyon : Benoît Rigaud, 1582.<br />
7. Le Breton G. Traité de sémiologie et clinique odonto-stomatologique.<br />
Editions CdP, 1997.<br />
8. Nallapati S. Anatomie canalaire et traitement endodontique. Rev Odont<br />
Stomat 2010 ; 39 : 239-262.<br />
9. Simon S, Ctorza-Perez C. Cavité d’accès en endodontie. EMC (Elsevier<br />
Masson SAS, Paris), Médecine buccale, 28-275-B-10, 2010, Odontologie,<br />
23-045-A-05, 2010.<br />
10. Tilotta-Yasukawa F, Millot S, El Haddioui A, Bravetti P, Gaudy JF.<br />
Labiomandibular paresthesia caused by endodontic treatment : an anatomic<br />
and clinical study. Oral Surg Oral Med Oral Pathol Oral Radiol Endod<br />
2006 ; 102 (4) : 47-59.<br />
11. Von Arx T. La résection apicale dans la région des molaires. Rev Mens<br />
Suisse Odontostomatol 1999 ; 109 (9) : 926-929.<br />
12. Weine FS. Endodontic Therapy. 4 th ed. St. Louis, MO: Mosby, 1989.<br />
Correspondance<br />
UFR Odontologie, Université Paris Descartes<br />
1 rue Maurice Arnoux - 92120 Montrouge<br />
L’INFORMATION DENTAIRE n° 41/42 - 28 novembre 2012
Région molaire l Mandibulaire<br />
Tumeurs<br />
de la région molaire <strong>mandibulaire</strong><br />
De symptomatologie frustre, la découverte<br />
des pathologies kystiques et tumorales<br />
de la mandibule est le plus souvent fortuite<br />
à l’occasion d’un simple examen radiologique<br />
de type orthopantomogramme. Cette région<br />
anatomique peut être le siège de tumeurs<br />
bien spécifiques. Pour permettre l’orientation<br />
du diagnostic, un certain nombre de questions<br />
doivent être évoquées systématiquement<br />
par le clinicien. Les pathologies les plus<br />
fréquentes de cette région anatomique<br />
et la malformation artério-veineuse (MAV)<br />
intra-<strong>mandibulaire</strong>, dont le pronostic peut être<br />
vital, sont présentées ici.<br />
48<br />
Marie-Hélène Laujac<br />
Attachée d’enseignement<br />
Faculté Paris-Descartes<br />
Co-gérante Sapo Clinique<br />
Jean-Charles Giunta<br />
Chirurgie orale exclusive<br />
Les pathologies tumorales de la<br />
région molaire <strong>mandibulaire</strong> sont<br />
fréquentes. Le plus souvent, les<br />
tumeurs sont bénignes. Certaines<br />
lésions sont spécifiques de cette<br />
zone anatomique. S’il est impossible de poser<br />
un diagnostic d’emblée en se fondant uniquement<br />
sur l’examen de la cavité buccale, il est<br />
important de savoir interpréter les signes cliniques<br />
présents et de réagir face à une image<br />
radiologique suspecte.<br />
Quelques règles de base s’appliquent à toute<br />
démarche chirurgicale. Ne jamais pratiquer<br />
l’avulsion d’une dent, même mobile, sans avoir<br />
au préalable fait un contrôle radiologique. Avant<br />
même l’examen radiologique, il est important<br />
de s’interroger sur les signes d’appel comme<br />
une tuméfaction, une déformation osseuse<br />
visible ou palpable. La douleur, en général<br />
peu intense, peut être liée à la compression<br />
L’INFORMATION DENTAIRE n° 41/42 - 28 novembre 2012
d’éléments anatomiques voisins de la tumeur.<br />
Dans la région molaire <strong>mandibulaire</strong>, la compression<br />
du nerf alvéolaire inférieur entraîne des<br />
paresthésies ou une analgésie. Au niveau <strong>dentaire</strong>,<br />
toute malposition ou mobilité suspecte est à<br />
prendre en compte. Il est nécessaire de contrôler<br />
la vitalité <strong>dentaire</strong> à chaque fois qu’une atteinte<br />
tumorale osseuse est suspectée.<br />
Imagerie<br />
D’un point de vue radiologique, l’orthopantomogramme<br />
permet d’affirmer l’existence d’une<br />
tumeur dont la découverte est le plus souvent fortuite.<br />
Il permet d’en suspecter la nature bénigne ou<br />
maligne, mais rarement de l’identifier. L’examen<br />
tomodensitométrique permettra de préciser les<br />
rapports de la tumeur avec les structures anatomiques<br />
avoisinantes et les racines <strong>dentaire</strong>s.<br />
Toute lésion intra-osseuse peut s’étendre vers les<br />
parties molles dès lors que la corticale osseuse est<br />
détruite.<br />
L’examen IRM délimite l’extension vers les parties<br />
molles et permet le repérage de métastases<br />
dans l’évolution des tumeurs malignes. Il s’agit<br />
de l’élément de référence pour l’évaluation du<br />
comportement de la tumeur avant et après une<br />
chimiothérapie.<br />
La scintigraphie au technétium 99 avec balayage<br />
corporel montre un éventuel foyer de fixation.<br />
Elle est demandée dès qu’il existe une suspicion<br />
de tumeur polyostosique.<br />
Tableau 1 - Signes caractéristiques des tumeurs<br />
Tumeurs bénignes Tumeurs malignes<br />
Image bien délimitée<br />
Liseré de condensation<br />
Refoulement harmonieux<br />
Migration des dents avoisinantes<br />
Soufflure voire effraction<br />
de la corticale<br />
sans envahissement<br />
Rhizalyse<br />
Irrégularité<br />
L’INFORMATION DENTAIRE n° 41/42 - 28 novembre 2012<br />
Contour flou<br />
Aspect de dents flottantes<br />
Rupture de la corticale<br />
avec envahissement<br />
des parties molles<br />
Questions types [4]<br />
tumeurs<br />
Malgré les possibilités technologiques, le diagnostic<br />
des lésions tumorales reste histologique.<br />
Certaines questions types permettent d’orienter<br />
le diagnostic en faveur d’une tumeur bénigne ou<br />
non, avant même les résultats histologiques.<br />
- Les limites de la lésion sont-elles nettes,<br />
bordées d’un liseré de condensation ?<br />
- Que révèle l’image d’ostéolyse ?<br />
La lésion est-elle mono-ostotique ou<br />
poly-ostotique, comme par exemple dans<br />
les myélomesou les granulomes éosinophiles ?<br />
- La lésion est-elle isolée sur la mandibule ?<br />
- La localisation permet-elle une orientation<br />
diagnostique ?<br />
- Le contenu de la tumeur paraît-il homogène<br />
ou hétérogène ? Existe-t-il des travées osseuses,<br />
des zones de calcification ?<br />
- La lésion a-t-elle une relation avec un germe<br />
<strong>dentaire</strong> ?<br />
La présence de dent incluse est fréquente dans le<br />
diagnostic de kyste dentigère, pas systématique.<br />
D’autres lésions comme les améloblastomes et les<br />
kystes épidermoïdes s’accompagnent aussi de dent<br />
incluse.<br />
Il faut se rappeler qu’une tumeur bénigne amincit<br />
puis efface la corticale sous la pression de la<br />
lésion circonscrite sous une coque conjonctivopériostée.<br />
La réaction du périoste est typiquement<br />
bien organisée, lisse et régulière.<br />
Les tumeurs malignes détruisent la corticale et<br />
envahissent les parties molles. Les réactions de<br />
type spicule, voire en rayons de soleil, traduisent<br />
une lésion hautement évolutive et l’extension des<br />
parties molles peut donc se retrouver aussi bien<br />
dans les tumeurs malignes que bénignes.<br />
- Les dents voisines sont-elles refoulées ? Tout<br />
kyste ou tumeur bénigne peut s’accompagner de<br />
migration <strong>dentaire</strong> au voisinage de la tumeur.<br />
- Existe-t-il une rhizalyse ? Dans les tumeurs<br />
bénignes, les rhizalyses sont banales, mais elles<br />
peuvent accompagner certaines tumeurs malignes<br />
comme les plasmocytomes malins. Le tableau 1<br />
résume les signes caractéristiques des différentes<br />
tumeurs. Dans tous les cas, un examen anatomopathologique<br />
s’impose dès qu’une indication de<br />
chirurgie est posée.<br />
49
Région molaire l Mandibulaire<br />
Les tumeurs<br />
de la mandibule<br />
L’améloblastome (fig. 1) représente 10 % de<br />
l’ensemble des tumeurs bénignes et kystes des<br />
maxillaires. Elles atteignent la région angulo-<br />
<strong>mandibulaire</strong> dans 80 % des cas. Ces tumeurs<br />
dérivent des améloblastes et présentent comme<br />
signes cliniques une tuméfaction qui finit par<br />
souffler la corticale osseuse avec parfois une douleur<br />
et une mobilité <strong>dentaire</strong>. L’image radiologique<br />
apparaît soit uniloculaire à contours nets,<br />
soit multiloculaire avec un aspect en bulle de<br />
savon ou nid-d’abeilles. Deux traitements sont<br />
proposés : soit radical avec résection de l’os <strong>mandibulaire</strong>,<br />
soit plus conservateur avec énucléation<br />
et curetage. Il semble que les récidives sont plus<br />
importantes dans le traitement conservateur.<br />
Le kyste dentigère (fig. 2 et 3) se développe<br />
à partir du sac coronaire d’une dent incluse. Le<br />
plus souvent, il s’agit de la dent de sagesse <strong>mandibulaire</strong>.<br />
La découverte de la tumeur est fortuite<br />
à l’occasion d’un examen radiologique de routine.<br />
Parfois, il est mis en évidence par la complication<br />
du kyste (infection, fracture <strong>mandibulaire</strong>).<br />
Le kyste épidermoïde se développe chez le<br />
sujet jeune et sa localisation principale est l’angle<br />
<strong>mandibulaire</strong>. Dans les signes cliniques figure<br />
souvent une tuméfaction modérée. L’image du<br />
kyste, unie ou polylobée, présente un liseré de<br />
condensation osseuse. C’est l’examen anatomopathologique<br />
qui fera le diagnostic différentiel avec<br />
l’améloblastome ou le kyste dentigère.<br />
50<br />
3. Kyste dentigère.<br />
1. Améloblastome.<br />
2. Panoramique et TDM montrant un kyste dentigère.<br />
L’INFORMATION DENTAIRE n° 41/42 - 28 novembre 2012
5. Malformation<br />
artério-veineuse<br />
chez une jeune fille<br />
de 13 ans<br />
(services de<br />
maxillo-faciale et<br />
de neuro-radiologie<br />
interventionnelle<br />
du CHU Bicêtre).<br />
L’INFORMATION DENTAIRE n° 41/42 - 28 novembre 2012<br />
4. Lacune<br />
de Stafne.<br />
La cavité idiopathique de Stafne (fig. 4) se<br />
traduit par une image radioclaire au-dessous du<br />
canal <strong>mandibulaire</strong> dans la région angulaire de la<br />
mandibule. Cette image arrondie, ou ovalaire, ou<br />
bien réalisant une encoche à concavité inférieure<br />
échancrant le bord basilaire, est souvent liée à des<br />
lobules de la glande sub<strong>mandibulaire</strong> ou du tissu<br />
conjonctif ou encore du tissu ganglionnaire.<br />
L’ostéosarcome se présente sous trois types :<br />
ostéolytique, ostéocondensant ou mixte. Cependant,<br />
à la mandibule, la forme ostéolytique est la<br />
plus fréquemment rencontrée. Les élargissements<br />
desmodontaux et du canal <strong>mandibulaire</strong>, considérés<br />
comme de signes précoces mais non spécifiques, ne<br />
sont pas toujours rencontrés.<br />
Les fibrosarcomes représentent 5 % des tumeurs<br />
malignes. Les signes radiologiques ne sont pas spécifiques.<br />
L’ostéolyse peut être unie ou plurigéodique,<br />
avec la possibilité de rupture de la corticale.<br />
Les sarcomes sont rares et touchent le sujet<br />
jeune. Dans 90 % des cas, ils se retrouvent à l’angle<br />
tumeurs<br />
<strong>mandibulaire</strong>. Il est important d’en reconnaître les<br />
signes cliniques : apparition en quelques semaines<br />
d’une tuméfaction de l’angle <strong>mandibulaire</strong> et de<br />
la joue, dure à la palpation, souvent précédée,<br />
quelques mois avant, d’une analgésie brutale du<br />
nerf alvéolaire inférieur asymptomatique. La mobilité<br />
des dents est fréquente et une douleur s’installe<br />
rapidement. L’orthopantomogramme montre une<br />
mandibule floue et doit s’accompagner d’une TDM<br />
qui mettra en évidence un aspect polylobé de la<br />
tumeur. À ce stade, une biopsie est indispensable<br />
pour poser un diagnostic.<br />
Le sarcome améloblastique est une transformation<br />
rare du fibrome améloblastique. L’image<br />
radiologique traduit une ostéolyse irrégulière avec<br />
rupture de la corticale et des répercussions <strong>dentaire</strong>s.<br />
Les malformations artério-veineuses (MAV)<br />
(fig. 5) sont très rares. Elles sont définies comme<br />
un hémo-détournement capillaire par shunt artérioveineux.<br />
La MAV est faite de shunts multiples<br />
aboutissant à un peloton vasculaire intermédiaire<br />
(Nidus) se drainant par une ou plusieurs veines.<br />
Elles peuvent se traduire par une tuméfaction<br />
cutanée et sous-cutanée rouge, chaude, battante,<br />
pulsatile, avec à l’auscultation un souffle et à la palpation<br />
un thrill. Elles entraînent des lyses osseuses<br />
diffuses compliquées d’hémorragie cataclysmique<br />
pouvant occasionner le décès du patient. La gravité<br />
tient en partie au caractère imprévisible de son évolution.<br />
L’anomalie apparaît souvent à la suite d’un<br />
facteur déclenchant. On distingue quatre stades évolutifs<br />
: la dormance, l’expansion, la destruction et la<br />
destruction avec défaillance cardiaque. La prise en<br />
charge est obligatoirement pluridisciplinaire et exige<br />
51
Région molaire l Mandibulaire<br />
52<br />
un environnement capable de réunir spécialistes<br />
et plateau technique pour la sécurité endo-vasculaire<br />
du malade. Néanmoins, la découverte de cette<br />
pathologie peut se faire de façon fortuite au cabinet<br />
<strong>dentaire</strong>. Les signes cliniques en bouche peuvent se<br />
traduire par une simple mobilité <strong>dentaire</strong>.<br />
Les tableaux 2 et 3 regroupent les tumeurs spécifiques<br />
de la mandibule. Leur localisation se situe<br />
très souvent dans l’angle <strong>mandibulaire</strong>.<br />
Tableau 2 - Tumeurs bénignes spécifiques de la région<br />
molaire <strong>mandibulaire</strong><br />
Origine <strong>dentaire</strong> Origine non <strong>dentaire</strong><br />
Améloblastome<br />
10 % de l’ensemble<br />
des tumeurs bénignes<br />
80 % des cas se situent<br />
à l’angle <strong>mandibulaire</strong><br />
Kyste dentigère<br />
Très fréquent sur les germes<br />
de dents de sagesse.<br />
Kyste épidermoïde<br />
bibliographie<br />
Cavité de Stafne<br />
Kératokyste<br />
Dans 50 % des cas, ce kyste<br />
se localise à l’angle<br />
<strong>mandibulaire</strong><br />
Kyste anévrismal d’origine<br />
indéterminée<br />
Se localise de préférence<br />
à l’angle <strong>mandibulaire</strong><br />
Tableau 3 - Tumeurs malignes de la région molaire <strong>mandibulaire</strong><br />
Origine non <strong>dentaire</strong> Origine <strong>dentaire</strong> Origine vasculaire<br />
Sarcome osseux : 4 à 7 %<br />
Ostéosarcomes de type<br />
ostéolytiques<br />
Sarcome d’Ewing<br />
(2e tumeur osseuse chez l’enfant)<br />
1 à 3 % des cas chondrosarcome<br />
Fibrosarcome<br />
5 % des cas de tumeurs malignes<br />
1. Benhalima H, Rafi H, Slaoui S, Kzadri M. L’améloblastome <strong>mandibulaire</strong>,<br />
problèmes thérapeutiques. Médecine du Maghreb<br />
1992, n° 34.<br />
2. Cavézian R, Pasquet G. Cone Beam, Imagerie diagnostique<br />
en odontostomatologie. Principes, résultats et perspective.<br />
Elsevier Masson.<br />
3. Martin-Duverneuil N, Chiras J. Imagerie maxillo-faciale.<br />
Médecine-Sciences Flammarion.1997. 375p.<br />
4. Chirurgie maxillo-faciale et stomatologie pour le 2 e cycle des<br />
études médicales. Coordination Pr Lebeau. Elsevier 2006.<br />
Carcinome odontogénique<br />
(rare)<br />
Sarcome améloblastique<br />
Conclusion<br />
Plus de 70 % des kystes et tumeurs sont d’origine<br />
<strong>dentaire</strong> et bénins. Les symptomatologies frustres<br />
qui accompagnent les tumeurs nous imposent de<br />
rester vigilants face à toute douleur inexpliquée,<br />
mobilité <strong>dentaire</strong>, paresthésie ou encore légère<br />
tuméfaction. Il ne faut pas hésiter à prescrire un<br />
examen radiologique à chaque fois qu’une lésion<br />
tumorale est suspectée. L’interprétation radiologique<br />
ne suffit pas en général à poser un diagnostic.<br />
C’est donc l’examen anatomopathologique<br />
qui le confirmera. La prise en charge de certaines<br />
tumeurs peut être pluridisciplinaire, mais le rôle<br />
du chirurgien-dentiste dans le dépistage de ces<br />
lésions reste primordial.<br />
Correspondance<br />
marielaujac@wanadoo.fr<br />
Malformation artério-veineuse<br />
(MAV) intra-<strong>mandibulaire</strong><br />
L’INFORMATION DENTAIRE n° 41/42 - 28 novembre 2012
Région molaire l Mandibulaire<br />
1. Environnement<br />
anatomique<br />
du secteur molaire<br />
<strong>mandibulaire</strong>.<br />
Nous abordons ici<br />
des considérations anatomiques<br />
et morphologiques autant<br />
pour le placement des implants<br />
qu‘en vue de l’exploitation<br />
de la zone ramique pour<br />
les greffes d’apposition.<br />
L’INFORMATION DENTAIRE n° 41/42 - 28 novembre 2012<br />
aspects implantaires<br />
Aspects implantaires<br />
de la région molaire <strong>mandibulaire</strong><br />
Bernard Cannas<br />
Attaché Université<br />
Paris-Descartes<br />
Attaché Hôpital<br />
de Lagny- Marne-la-Vallée<br />
Co-fondateur<br />
de Sapo Implant<br />
Luc Gillot<br />
Attaché Université<br />
Paris-Descartes<br />
Co-fondateur<br />
de Sapo Implant<br />
Expert près la Cour<br />
d’appel de Versailles<br />
Le remplacement des molaires <strong>mandibulaire</strong>s<br />
représente 25 à 30 % des indications<br />
des traitements implantaires<br />
rencontrées en pratique courante. En<br />
fonction de l’édentement à traiter, un<br />
implant encastré entre les secondes prémolaires et<br />
molaires, ou deux à trois implants pour remplacer<br />
les deux molaires seront alors placés.<br />
Un deuxième chapitre traitera de la particularité<br />
de la morphologie du ramus <strong>mandibulaire</strong> comme<br />
indication de choix des greffes d’apposition.<br />
Aspects anatomiques<br />
appliqués en chirurgie<br />
implantaire<br />
Environnement périphérique<br />
et incisions (fig. 1)<br />
En arrière du corpus mandibularis, les insertions<br />
les plus antérieures du tendon du muscle temporal<br />
(portion temporale) ne sont impliquées dans les<br />
55
Région molaire l Mandibulaire<br />
56<br />
2. Comparaison<br />
d’une planification<br />
implantaire<br />
et d’un scanner<br />
postopératoire.<br />
décollements que lors de prélèvements très postérieurs,<br />
mais pas lors de la pose d’implants.<br />
Sur le versant lingual de la crête alvéolaire, dans sa<br />
partie la plus postérieure, chemine le nerf lingual,<br />
plaqué contre la table interne de la mandibule. Il<br />
se dirige en dedans et en avant vers la pointe de la<br />
langue. Le décollement d’un lambeau de pleine<br />
épaisseur est indispensable afin d’assurer la protection<br />
de cette structure nerveuse.<br />
Le muscle buccinateur s’insère en dehors de la<br />
crête édentée, le muscle mylo-hyoïdien en dedans.<br />
La connaissance de ces insertions musculaires est<br />
importante, surtout en cas de forte résorption. Dans<br />
ces situations, les insertions du mylo-hyoïdien et du<br />
buccinateur peuvent se rejoindre sur la crête édentée<br />
qui se retrouve ainsi au niveau du plancher oral.<br />
L’incision devra se situer alors parfaitement médiane<br />
sur la crête alvéolaire. Le décollement vestibulaire<br />
comme lingual impliquera immédiatement les insertions<br />
musculaires.<br />
Environnement endo-osseux<br />
et règles de sécurité<br />
Le pédicule dento-alvéolaire est constitué de structures<br />
vasculaires et nerveuses. Il se dirige dans le<br />
corps <strong>mandibulaire</strong> d’arrière en avant du foramen<br />
<strong>mandibulaire</strong> et vers le foramen mentonnier.<br />
Il est important de rappeler l’absence de corticale<br />
autour du pédicule : cette pseudo-corticale décrite<br />
par son rendu radiologique ne trouve aucune correspondance<br />
clinique lors des dissections.<br />
Lors du forage, aucune augmentation particulière<br />
de la densité osseuse ne caractérise la proximité du<br />
pédicule. De même, il a été faussement décrit qu’un<br />
saignement soudain serait le signe de la proximité du<br />
pédicule avec le foret. Indiscutablement, seule l’imagerie<br />
sectionnelle apporte la garantie de localisation<br />
du pédicule <strong>mandibulaire</strong>.<br />
La réalisation d’examens radiographiques tridimensionnels<br />
préopératoires et le respect d’une marge de<br />
sécurité de 2 à 3 mm au minimum constituent les<br />
règles absolues de sécurité lors de la pose d’implants<br />
dans ce secteur.<br />
Toute atteinte, lésion, écrasement ou compression<br />
du pédicule peut se traduire par des douleurs des<br />
hypoesthésies ou dysesthésies labio-mentonnières.<br />
En effet, la partie terminale du pédicule <strong>mandibulaire</strong><br />
est constituée du pédicule mentonnier, responsable<br />
de la sensibilité d’une partie de la lèvre.<br />
Profil osseux de la région molaire<br />
et conséquences implantaires<br />
L’étui cortical de cette zone est moins épais que<br />
dans la symphyse <strong>mandibulaire</strong>, mais il reste généralement<br />
très dense et impliquera l’usage de forets<br />
de diamètre élevé proche de celui de l’implant, au<br />
moins pour le passage de la corticale supérieure, et<br />
parfois pour la préparation de la corticale interne.<br />
Un taraudage est également souvent nécessaire.<br />
La forme de la mandibule, la position du pédicule<br />
et l’axe donné à l’implant sont différents selon que<br />
l’on place un implant au niveau d’une racine mésiale<br />
d’une première molaire ou d’une racine distale d’une<br />
seconde molaire. Là encore, l’imagerie sectionnelle<br />
montre précisément la morphologie osseuse et permet<br />
une planification implantaire sûre.<br />
• Description des trois sites implantaires<br />
types de la région molaire <strong>mandibulaire</strong><br />
En arrière du foramen mentonnier (fig. 2). Juste<br />
en arrière du foramen mentonnier (situé majoritairement<br />
entre les apex des prémolaires), dans l’espace<br />
correspondant à la racine mésiale de la première<br />
molaire, la forme de la mandibule est encore rectiligne.<br />
Le pédicule, plus ou moins bas suivant les<br />
patients, reste généralement dans une position<br />
centrale. L’axe général de l’implant sera dans l’axe<br />
de l’enveloppe corticale en direction du pédicule<br />
<strong>mandibulaire</strong> en maintenant la distance de sécurité<br />
nécessaire. Le forage s’adaptera à cette situation<br />
morphologique dans laquelle seule la corticale supérieure<br />
permettra souvent d’obtenir la stabilité primaire.<br />
Implant intermédiaire (fig. 3). La zone correspondant<br />
au volume osseux résiduel entre la racine<br />
distale de la première molaire et la racine mésiale de<br />
L’INFORMATION DENTAIRE n° 41/42 - 28 novembre 2012
3. Comparaison d’une planification implantaire<br />
et d’un scanner postopératoire.<br />
la seconde, présente une forme plus inclinée que la<br />
précédente. La forme est plus marquée par la présence<br />
de la partie antérieure du creux sublingual et<br />
par la crête d’insertion du muscle mylo-hyoïdien.<br />
Le corps <strong>mandibulaire</strong> est à ce niveau oblique en<br />
bas et en dehors. L’implant placé dans cet espace<br />
est un peu plus court et sa partie apicale pourra<br />
généralement profiter de l’épaisseur de la partie<br />
interne de la corticale linguale au niveau de l’insertion<br />
du muscle mylo-hyoïdien. Il évitera ainsi le<br />
pédicule <strong>mandibulaire</strong><br />
Implant le plus postérieur (fig. 4). Ce site correspond<br />
à la zone la plus distale de la région molaire.<br />
Le balcon osseux formé par la mandibule au-dessus<br />
de l’insertion du mylo-hyoïdien offre un volume<br />
osseux exploitable beaucoup plus réduit. L’implant<br />
sera généralement plus court que les implants antérieurs.<br />
Sa plus petite taille n’en diminue pas le taux<br />
de succès. La stabilité est assurée par une parfaite<br />
bi-corticalité à la fois dans la crête édentée et dans<br />
le rebord osseux cortical en regard des insertions<br />
du muscle mylo-hyoïdien. Le chirurgien adaptera<br />
son forage afin d’éviter de perforer cette corticale.<br />
Ceci entraînerait un dépassement de l’apex de l’implant<br />
dans le creux sublingual qui pourrait provoquer<br />
des douleurs et des gênes importantes pour le<br />
patient, voire des hématomes.<br />
Comme montré sur la figure 5, si l’on compare la<br />
position des racines des dents naturelles et la planification<br />
des implants, nous trouvons une similitude.<br />
Ainsi, la situation des implants dans l’os<br />
<strong>mandibulaire</strong> se rapproche, site par site, de la situation<br />
des racines naturelles.<br />
L’INFORMATION DENTAIRE n° 41/42 - 28 novembre 2012<br />
aspects implantaires<br />
4. Comparaison d’une planification implantaire et d’un scanner<br />
postopératoire.<br />
5. Noter le mimétisme entre une planification implantaire<br />
et la position des racines des dents naturelles sur des coupes<br />
vestibulo-linguales.<br />
Anatomie <strong>mandibulaire</strong> d’avant en arrière et<br />
placement des implants. Le corps <strong>mandibulaire</strong><br />
présente dans la région molaire une courbure<br />
d’avant en arrière dont la concavité regarde vers le<br />
haut. Chaque implant étant posé dans un axe perpendiculaire<br />
à la crête édentée sur son site, les axes<br />
implantaires seront donc convergents. Ils se rapprochent<br />
de la convergence naturelle des racines<br />
des dents naturelles remplacées (fig. 6).<br />
57
Région molaire l Mandibulaire<br />
Aspects anatomiques<br />
appliqués au prélèvement<br />
ramique<br />
Le prélèvement d’un bloc osseux au niveau du<br />
ramus <strong>mandibulaire</strong> dans sa partie la plus antérieure<br />
constitue une alternative aux greffons extraoraux<br />
et à l’usage des substituts osseux.<br />
Le site de prélèvement intrabuccal le plus utilisé<br />
en chirurgie implantaire a d’abord été la symphyse<br />
<strong>mandibulaire</strong>. Sa simplicité d’accès en a<br />
fait la méthode de choix. Cependant, malgré cet<br />
avantage, les risques de complications et l’inconfort<br />
postopératoire (douleurs, hypoesthésie labio-<br />
mentonnière, perte de sensibilité <strong>dentaire</strong>) ont<br />
poussé les chirurgiens à s’orienter vers le prélèvement<br />
ramique. L’abord chirurgical est plus difficile<br />
et demande une parfaite connaissance des éléments<br />
anatomiques périphériques afin d’éviter les complications.<br />
L’usage d’une instrumentation spécifique<br />
est indispensable afin d’opérer en toute sécurité.<br />
La zone de prélèvement (ramus <strong>mandibulaire</strong>) et la<br />
zone réceptrice (en général le prémaxillaire) ont la<br />
même origine embryologique : le premier arc branchial.<br />
Pour sa portion ventrale, le mésenchyme du<br />
processus <strong>mandibulaire</strong> (cartilage de Meckel) va<br />
donner la mandibule par ossification membraneuse<br />
(zone donneuse). Pour sa portion dorsale, le mésenchyme<br />
du processus maxillaire donne entre autre<br />
aussi par ossification membraneuse l’os maxillaire<br />
(zone réceptrice). Nous avons donc une ossification<br />
membraneuse pour la zone donneuse et receveuse.<br />
Anatomie morphologique<br />
Le ramus <strong>mandibulaire</strong>, ou branche <strong>mandibulaire</strong>,<br />
est situé dans la partie postérieure de la mandibule.<br />
La zone proche du corpus <strong>mandibulaire</strong>, en dehors<br />
58<br />
7. Le prélèvement<br />
ramique peut<br />
être de taille<br />
et de localisation<br />
différentes.<br />
8. Prélèvement<br />
ramique de petite<br />
(rouge) ou large<br />
étendue (verte).<br />
6. Similitude<br />
de la convergence<br />
des implants<br />
par rapport<br />
aux racines<br />
des molaires<br />
sur une vue<br />
panoramique.<br />
de la dent de sagesse et de la deuxième molaire,<br />
constitue une zone de choix pour les prélèvements<br />
endo-buccaux. Cette zone est située en dehors de<br />
l’alvéole de la dent de sagesse. Elle peut être plus<br />
ou moins étendue, du processus coronoïde vers le<br />
corps <strong>mandibulaire</strong> (fig. 7 et 8).<br />
Cette poutre de résistance prolonge le processus<br />
coronoïde et constitue un balcon osseux corticospongieux.<br />
Le prélèvement atraumatique ne fragilise<br />
pas la mandibule. La présence de la dent de<br />
sagesse peut limiter ou contre-indiquer le prélèvement<br />
(fig. 9).<br />
L’INFORMATION DENTAIRE n° 41/42 - 28 novembre 2012
9. Coupe vestibulo-linguale montrant<br />
la morphologie de la zone<br />
de prélèvement ramique au niveau<br />
de la dent de sagesse <strong>mandibulaire</strong>.<br />
Environnement anatomique<br />
et voies d’abord du prélèvement<br />
ramique<br />
Deux types de tracé d’incision sont possibles.<br />
Le tracé doit permettre un abord suffisamment<br />
large, sans tension sur les tissus, et assurer la mise<br />
en place d’écarteurs adaptés à la morphologie du<br />
ramus : écarteur d’Obwegesser (fig. 10).<br />
• Incision superficielle curviligne au fond<br />
du vestibule partant de la première molaire<br />
vers le bord antérieur de la branche verticale de<br />
la mandibule puis dissection avec les ciseaux de<br />
Metzenbaum. Un abord osseux et un décollement<br />
sous-périosté sont ensuite réalisés. Cet abord est<br />
à réserver aux mandibules présentant un ramus<br />
volumineux ; aucun dégagement lingual n’est alors<br />
nécessaire.<br />
• Incision sulculaire autour de la deuxième<br />
molaire, puis incision de décharge partant de<br />
l’angle disto-vestibulaire de la 7 puis se prolongeant<br />
vers le vestibule en épaisseur partielle. Cette<br />
incision permet un dégagement limité vers l’avant<br />
et est réservée aux greffons de petite étendue. La<br />
fermeture de l’incision de décharge est réalisée par<br />
deux points en « O » (fig. 11).<br />
Un décollement sous-périosté est conduit vers le<br />
bas jusqu’au bord inférieur de la mandibule afin de<br />
placer un écarteur dit d’Obwegesser et de visualiser<br />
le volume osseux exploitable. Les incisions<br />
ne concernent pas le muscle buccinateur qui est<br />
ensuite tracté dans le lambeau muco-périosté et<br />
protège ainsi l’artère faciale. Le décollement sous-<br />
L’INFORMATION DENTAIRE n° 41/42 - 28 novembre 2012<br />
10. Ecarteur<br />
à ramus.<br />
aspects implantaires<br />
11. Les deux tracés d’incision conseillés lors d’un prélèvement<br />
ramique.<br />
12. Vue clinique peropératoire du prélèvement<br />
ramique.<br />
périosté est ensuite prolongé en arrière sur le bord<br />
antérieur de la branche verticale de la mandibule<br />
pour la mise en place de l’écarteur à « ramus »,<br />
placé à cheval en direction du coroné, le long du<br />
bord antérieur de la branche (fig. 10). Dans certaines<br />
situations anatomiques (étroitesse de la<br />
mandibule), un décollement du versant lingual<br />
avec la mise en place d’une lame linguale convexe<br />
de Tessier protège le nerf lingual lors de l’ostéotomie.<br />
Une parfaite visibilité de la zone de prélèvement<br />
est nécessaire afin de contrôler les gestes lors de<br />
l’ostéotomie (fig. 12).<br />
59
Région molaire l Mandibulaire<br />
60<br />
13. Les insertions musculaires impliquées<br />
lors du prélèvement ramique : le muscle<br />
buccinateur, les muscles zygomatico<strong>mandibulaire</strong>s<br />
et la portion orbitaire<br />
du muscle temporal.<br />
Les rapports périphériques (fig. 13)<br />
• Rapports latéraux. L’environnement anatomique latéral<br />
est constitué du muscle masséter qui s’insère sur la partie<br />
inférieure de la face latérale de la branche verticale de<br />
la mandibule et recouvre la totalité de la branche en avant<br />
jusqu’aux molaires. Le muscle est ainsi protégé par l’écarteur<br />
d’Obwegesser.<br />
Les muscles zygomatico-<strong>mandibulaire</strong>s et la portion orbitaire<br />
du muscle temporal qui s’insèrent sur le bord antérieur<br />
de la branche seront protégés par l’écarteur à ramus (fig. 12).<br />
Le muscle buccinateur s’insère sur la crête homonyme et se<br />
prolonge en arrière sur la lèvre externe de la crête temporale<br />
est lui protégé par la traction du lambeau muco-périosté.<br />
• Rapports médiaux. Le décollement du lambeau crestal<br />
ne se prolonge pas toujours sur le versant médial de la crête<br />
au niveau du creux sublingual. En cas de décollement, si la<br />
mandibule est étroite, une lame linguale protégera le nerf<br />
homonyme qui est plaqué contre la table interne de la mandibule.<br />
Les muscles mylo-hyoïdien et ptérygoïdien médial<br />
ne sont pas concernés lors de ce prélèvement.<br />
• Rapports endo-osseux (fig. 14). Le risque principal de<br />
cette chirurgie est la lésion du pédicule <strong>mandibulaire</strong>. Afin<br />
de l’éviter, nous préférons effectuer le prélèvement en avant<br />
de la branche quand cela est possible. Les traits d’ostéotomie<br />
supérieurs et verticaux ne dépasseront pas l’épaisseur<br />
de la corticale. Le trait inférieur est superficiel afin de créer<br />
un trait de fracture du bloc osseux avec le ciseau frappé<br />
(fig. 15). La radiographie rétro-alvéolaire montre la hauteur<br />
du pédicule. Si la position est haute, l’imagerie sectionnelle<br />
est nécessaire et confirmera la position exacte. Attention aux<br />
risques de lésion, si le pédicule est plaqué contre la corticale<br />
latérale en position haute.<br />
14. Vue 3D<br />
du pédicule<br />
<strong>mandibulaire</strong>.<br />
15. Vue<br />
peropératoire<br />
des traits<br />
d’ostéotomie<br />
du prélèvement<br />
ramique.<br />
Conclusion<br />
Les implants placés dans la zone édentée <strong>mandibulaire</strong><br />
postérieure imposent une parfaite connaissance<br />
de l’anatomie morphologique afin de placer<br />
les racines artificielles dans une situation proche<br />
de la position des dents naturelles. Ce parfait placement<br />
doit également tenir compte de l’environnement<br />
anatomique périphérique et endo-osseux.<br />
L’aide des outils d’imagerie est indispensable.<br />
Dans le secteur postérieur de la mandibule, le<br />
prélèvement ramique constitue l’alternative indiscutable<br />
aux prélèvements extra-oraux pour les<br />
reconstructions pré-implantaires des procès alvéolaires<br />
de petite et moyenne étendue. Le faible<br />
risque de complications en fait la méthode de choix<br />
de greffe autogène. Cela concerne surtout la mise<br />
en place de bloc osseux dit en onlay. L’inconvénient<br />
est bien entendu la nécessité d’un deuxième site.<br />
L’usage de substituts osseux sous forme de bloc est<br />
une alternative, mais demande encore une véritable<br />
validation scientifique.<br />
bibliographie<br />
1. Gaudy JF et coll. Atlas d’anatomie<br />
implantaire. Elsevier 2006.<br />
Correspondance<br />
bernardcannas@hotmail.com, lucgillot@aol.com<br />
L’INFORMATION DENTAIRE n° 41/42 - 28 novembre 2012
Région molaire l Mandibulaire<br />
La sensibilité de la région molaire<br />
<strong>mandibulaire</strong> est sous la dépendance<br />
de plusieurs nerfs appartenant au nerf<br />
Trijumeau. Le nerf buccal et le nerf lingual<br />
ne posent pas de difficulté d’analgésie.<br />
Le nerf alvéolaire inférieur, en raison<br />
de l’épaisseur de la corticale osseuse<br />
qui le protège, dans son trajet intra-osseux,<br />
du foramen <strong>mandibulaire</strong> au foramen<br />
mentonnier, reste difficile d’accès.<br />
De nombreuses techniques ont prouvé<br />
leur efficacité sans pour autant être fiables<br />
à 100 %. C’est le rôle du praticien<br />
de choisir celles qui seront les mieux<br />
adaptées aux patients et à l’acte opératoire.<br />
L’INFORMATION DENTAIRE n° 41/42 - 28 novembre 2012<br />
techniques analgésiques<br />
Les techniques analgésiques<br />
et leurs indications<br />
dans la région molaire <strong>mandibulaire</strong><br />
Marie-Hélène Laujac<br />
Attachée d’enseignement<br />
Faculté Paris-Descartes<br />
Co-gérante Sapo Clinique<br />
Nicolas Caillieux<br />
Ex-AHU Paris-Descartes<br />
De nombreux facteurs participent à la<br />
réussite d’une analgésie : choix du produit<br />
et de la technique en fonction de<br />
l’acte, maîtrise de l’anatomie par le<br />
praticien. Le succès dépend non seulement<br />
de son savoir-faire, mais devra aussi tenir<br />
compte de l’état de santé du patient, de son degré<br />
de stress, ainsi que de la difficulté liée à la pathologie<br />
elle-même. L’inflammation est parfois vectrice<br />
d’échec. Aussi, une même analgésie n’aura pas la<br />
même efficacité sur une pulpite que sur un simple<br />
soin de carie ou une avulsion.<br />
63
Région molaire l Mandibulaire<br />
64<br />
1<br />
Repères anatomiques<br />
et techniques d’analgésie<br />
Plusieurs nerfs participent à la sensibilité de la région<br />
molaire <strong>mandibulaire</strong>. Le nerf buccal, branche du<br />
nerf temporo-buccal, appartient au tronc terminal<br />
antérieur du nerf <strong>mandibulaire</strong>. Ce nerf assure l’innervation<br />
sensitive du buccinateur et de la muqueuse<br />
jugale de la région molaire et de la peau de la région<br />
massétérique. Son analgésie ne pose pas de difficulté,<br />
puisqu’il suffit d’infiltrer le vestibule avec une<br />
aiguille de 16 mm et 30/100e de diamètre dans la<br />
région molaire, puis de déposer 1/8e de cartouche<br />
pour obtenir le silence opératoire. L’analgésie du<br />
nerf buccal est indiquée dans toutes les chirurgies de<br />
la région molaire <strong>mandibulaire</strong> (fig. 1).<br />
Le nerf lingual assure l’innervation sensitive des<br />
deux tiers antérieurs de la langue, il aborde la partie<br />
postérieure du creux sublingual en restant collé à la<br />
table interne de la mandibule en regard de la dent<br />
de sagesse (fig. 2). Sa situation, très superficielle à ce<br />
niveau, le rend vulnérable en chirurgie, mais facilite<br />
son analgésie. Il suffit de déposer un quart de<br />
cartouche avec une aiguille de 16 mm et de 30/100e<br />
de diamètre dans le creux sublingual au niveau de<br />
la dent de sagesse pour obtenir l’insensibilité de la<br />
muqueuse du creux sublingual. Cette analgésie est<br />
indiquée pour les avulsions des dents de sagesse.<br />
Comme ce nerf est sensitif, il est tout à fait possible<br />
d’analgésier les côtés droit et gauche au cours d’une<br />
même chirurgie sans conséquence pour la motricité<br />
linguale.<br />
2<br />
4<br />
3<br />
3<br />
4<br />
1. Dissection de la face<br />
latérale de la joue.<br />
1 Muscle masséter<br />
2 Muscle buccinateur<br />
3 Nerf buccal<br />
4 Mandibule.<br />
Technique locorégionale<br />
Le nerf alvéolaire inférieur assure toute l’innervation<br />
sensitive des molaires et de la gencive attachée<br />
qui leur correspond. Son trajet intra-osseux dans<br />
la mandibule rend son accès difficile et représente<br />
une cause fréquente d’échec. De très nombreuses<br />
techniques se sont succédé au fil des générations,<br />
toutes témoignent de la complexité de cette analgésie.<br />
La technique d’analgésie locorégionale permet<br />
d’analgésier le nerf alvéolaire inférieur avant<br />
sa pénétration dans le foramen <strong>mandibulaire</strong>. Elle<br />
offre l’avantage d’insensibiliser en une fois tout<br />
le secteur molaire <strong>mandibulaire</strong>. La localisation<br />
du foramen <strong>mandibulaire</strong> nécessite une bonne<br />
connaissance de l’anatomie [4]. Dans la cavité<br />
orale, les repères anatomiques ostéo-musculaires<br />
fiables sont : en dehors, la saillie du bord antérieur<br />
de la branche <strong>mandibulaire</strong> recouverte par la partie<br />
temporale du tendon du temporal ; en dedans,<br />
le bord antérieur du muscle ptérygoïdien médial,<br />
en haut le bord inférieur du muscle ptérygoïdien<br />
latéral (fig. 3).<br />
Ces trois repères forment un triangle à sommet inférieur<br />
(fig. 4). L’injection se fera au niveau de la moitié<br />
de ce triangle. L’aiguille utilisée est de 38 mm et de<br />
50/100 e de diamètre, le corps de la seringue est situé<br />
au niveau des prémolaires controlatérales. L’aiguille<br />
5<br />
L’INFORMATION DENTAIRE n° 41/42 - 28 novembre 2012<br />
2<br />
1<br />
2. Dissection de la face médiale<br />
de la branche de la mandibule.<br />
1 Nerf avéolaire inférieur<br />
2 Nerf lingual<br />
3 Tubérosité du maxillaire<br />
4 Crête <strong>mandibulaire</strong><br />
5 Muscle mylo-hyoïdien.
1<br />
est enfoncée d’environ 15 mm. La difficulté est d’évaluer<br />
la position du foramen <strong>mandibulaire</strong>, toujours<br />
masqué par la lingula et le ligament sphéno-<strong>mandibulaire</strong><br />
qui peut faire dévier l’aiguille de son axe.<br />
Nouveau dispositif de guidage<br />
Une nouvelle technique vient compléter cette<br />
méthode d’analgésie locorégionale. Elle s’appuie<br />
sur l’utilisation d’un dispositif de guidage adapté à<br />
l’analgésie au foramen <strong>mandibulaire</strong>. Ce dispositif,<br />
actuellement à l’essai, a été configuré en tenant<br />
compte des variations morphologiques individuelles<br />
d’orientation de la branche <strong>mandibulaire</strong> et de la<br />
forme de l’arcade. Ce matériel de guidage projette la<br />
pointe de l’aiguille au contact osseux à une distance<br />
comprise entre 7 mm et 14 mm en avant du bord<br />
postérieur de la branche <strong>mandibulaire</strong>. L’aiguille se<br />
situe, d’après les études sur cadavres, invariablement<br />
en arrière du foramen <strong>mandibulaire</strong> (fig. 5).<br />
La manipulation de ce système de guidage met en<br />
évidence les différents repères décrits dans la technique<br />
anatomique d’analgésie régionale. Ce dispositif<br />
présente l’avantage de maintenir la langue en<br />
dehors de la trajectoire de l’aiguille tout en gardant<br />
la lèvre suffisamment écartée. L’analgésie au foramen<br />
<strong>mandibulaire</strong> est indiquée pour les soins longs<br />
et programmés.<br />
L’INFORMATION DENTAIRE n° 41/42 - 28 novembre 2012<br />
2<br />
3. Repères musculaires de l’analgésie loco-régionale.<br />
1 Tendon terminal de la portion temporale du temporel<br />
2 Tendon terminal de la portion orbitaire du temporal<br />
3 Muscle ptérygoïdien médial<br />
4 Muscle ptérygoïdien latéral.<br />
4<br />
3<br />
techniques analgésiques<br />
4. Site d’injection de l’analgésie locorégionale <strong>mandibulaire</strong>.<br />
5. Dispositif de guidage pour le bon positionnement<br />
de l’aiguille.<br />
Technique intra-diploïque<br />
Pour éviter les pièges de l’analgésie au foramen<br />
<strong>mandibulaire</strong>, la technique intra-diploïque cherche<br />
à perforer la corticale osseuse en regard de la dent<br />
à traiter et à déposer quelques gouttes de solution<br />
d’analgésie directement dans l’os spongieux. Cette<br />
méthode est efficace et présente l’avantage de limiter<br />
l’analgésie à une ou deux dents, tout en évitant<br />
l’inconfort de l’analgésie labio-mentonnière de la<br />
technique locorégionale. Dans un essai randomisé,<br />
Coggins et coll. [3] font état d’une efficacité dans<br />
75 % des cas seulement dans le secteur de la première<br />
molaire <strong>mandibulaire</strong>, ce qui est comparable,<br />
65
Région molaire l Mandibulaire<br />
66<br />
voire inférieur à toutes les autres techniques locorégionales.<br />
Par ailleurs, l’innocuité de la technique n’a<br />
pas été démontrée. L’augmentation du rythme cardiaque<br />
avec des solutions adrénalinées a été mise en<br />
évidence par Chamberlain et coll. [2]. D’autres arguments,<br />
comme la contamination bactérienne intraosseuse<br />
ou les sensations de malaises des patients<br />
(bouffées de chaleur, palpitations), sont mis en avant<br />
chez les détracteurs de cette méthode.<br />
Cependant, plusieurs études (Bigby, Nusstein et<br />
coll. [1]) ont évalué l’efficacité de cette technique<br />
chez des patients souffrant de pulpite sévère. Elles<br />
démontrent que 42 % des patients ressentent encore<br />
la douleur après une analgésie conventionnelle. Cet<br />
échec peut être pallié par l’utilisation d’un système<br />
intradiploïque, le taux de succès s’élève alors à 86 %.<br />
Cette technique trouve donc une bonne indication<br />
en seconde intention pour permettre la poursuite<br />
d’un traitement en cas d’insuffisance des méthodes<br />
locorégionales plus conventionnelles [5].<br />
Technique intra-ligamentaire<br />
L’analgésie intra-ligamentaire infiltre le desmodonte<br />
et permet l’analgésie de la pulpe et de l’alvéole.<br />
Cette technique nécessite un matériel adapté. Une<br />
Tableau 1 - Choix de la technique en fonction de l’acte opératoire<br />
Acte Analgésie<br />
régionale<br />
Soin en urgence<br />
sur dent unitaire<br />
Pulpite<br />
Soins programmés<br />
sur plusieurs dents<br />
Avulsions simples<br />
Dent de sagesse<br />
Plancher et langue<br />
Implantologie<br />
En première<br />
intention<br />
En première<br />
intention<br />
En première<br />
intention<br />
Possible<br />
mais inutile<br />
Analgésie<br />
para-apicale<br />
Infiltration de la gencive<br />
marginale<br />
et du desmodonte<br />
Eventuellement pour<br />
les suppléances nerveuses<br />
Si nécessaire, infiltration<br />
vestibulaire ou linguale<br />
de complément<br />
en fonction de l’acte<br />
Recommandée<br />
seringue spécifique à démultiplication permet de<br />
ne délivrer qu’une dose limitée de solution analgésique.<br />
L’aiguille utilisée est courte (12 mm) avec<br />
un diamètre de 30/100e. L’avantage est de n’utiliser<br />
qu’une très faible quantité de solution. Elle présente<br />
une bonne indication pour des patients dont l’état<br />
général est affaibli. Elle est à proscrire chez tous les<br />
patients ayant des pathologies parodontales.<br />
Technique intra-cavitaire<br />
Elle est réservée à la chirurgie des germes de dents<br />
de sagesse et consiste à infiltrer le sac folliculaire.<br />
L’avantage est d’utiliser une faible quantité de solution<br />
(3 à 4/10 e de ml). Simple à réaliser, avec une aiguille<br />
de 16 mm et de 30/100 e de diamètre, elle permet de<br />
compléter une analgésie locorégionale et favorise l’hémostase<br />
locale si la solution est adrénalinée.<br />
Technique intra-pulpaire<br />
L’analgésie intra pulpaire reste le dernier recours à<br />
l’échec des autres techniques. Elle est très douloureuse<br />
quelles que soient les précautions utilisées.<br />
En implantologie, il n’existe pas de technique<br />
spécifique.<br />
Analgésie<br />
de complément<br />
Intra-ligamentaire<br />
ou transcorticale<br />
Intra-ligamentaire<br />
et intra-pulpaire<br />
en deuxième intention<br />
Analgésie<br />
sectorielle<br />
Analgésie du nerf lingual<br />
et du nerf buccal<br />
Infiltration du nerf<br />
buccal et du nerf lingual<br />
Infiltration en première<br />
intention du nerf lingual<br />
Analgésie du nerf lingual<br />
et du nerf buccal<br />
L’INFORMATION DENTAIRE n° 41/42 - 28 novembre 2012
Région molaire l Mandibulaire<br />
Conclusion<br />
Toutes les techniques décrites sont efficaces.<br />
Aucune ne l’est à 100 % tant les paramètres qui<br />
contribuent au succès de l’infiltration sont nombreux.<br />
La clinique et l’état général du patient<br />
guideront le choix du praticien. La bonne connaissance<br />
de l’anatomie et le respect des protocoles<br />
permettent de réaliser avec succès et en toute<br />
confiance les différentes techniques d’analgésie<br />
proposées.<br />
Correspondance<br />
marielaujac@wanadoo.fr<br />
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bibliographie<br />
1. Bigby J, Reader A, Nusstein J, Beck M, Weawer J. Articaïne for<br />
supplemental anesthesia in patients with irreversible pulpitis.<br />
J Endod 2006 ; 32 : 1044-1047.<br />
2. Chamberlain TM, David RD, Murchison DF, Hansen SR, Richardson<br />
BW, Keesler. Systemic effects of an intraosseius injection of<br />
2 % lidocaïne with 1/100 000 epinephrine. Gen dent 2000 May-<br />
Jun ; 48 (3) : 299-302.<br />
3. Coggins R, Reader A, Nist R, Beck M, Meyers WJ. Anesthetic efficacy<br />
of the intraosseous injection in maxillary and mandibular<br />
teeth. Oral surg Oral Med Oral Pathol Oral Radiol Endod 1996 ;<br />
Jun ; 81 (6) : 634-664.<br />
4. Gaudy JF, Arreto CD, Donnadieu S, Alimi D, Brulé S, Landru<br />
MM. Manuel d’analgésie en odontostomatologie (107-109).<br />
2 e édition. Masson.<br />
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Région molaire<br />
<strong>mandibulaire</strong><br />
n° 3/4<br />
Vol. 95 - 23 janvier 2013
Région molaire<br />
<strong>mandibulaire</strong><br />
2 e Partie<br />
Dossier coordonné par<br />
Thierry Gorce et Marie-Hélène Laujac<br />
pour la Sapo Clinique<br />
Sommaire<br />
L’INFORMATION DENTAIRE n° 3/4 - 23 janvier 2013<br />
incisions et sutures<br />
Chirurgie<br />
Extraction<br />
Paro<br />
Orthodontie<br />
Droit<br />
Bernard Cannas et Luc Gillot<br />
pour la Sapo Implant<br />
n Incisions et sutures de la région molaire <strong>mandibulaire</strong><br />
Christophe Bilweis, Marie-Hélène Laujac<br />
n Extraction des molaires inférieures<br />
Propositions de 10 commandements<br />
Jean-Luc Charrier, Philippe Tramba<br />
n Aspect parodontal de la région molaire <strong>mandibulaire</strong><br />
François Furic, Xavier Gouard<br />
n Orthodontie et molaire <strong>mandibulaire</strong><br />
Louis-Marie Dussere<br />
n La particularité régionale <strong>mandibulaire</strong> postérieure<br />
sous l’angle de l’expert<br />
Laure Tisserand, Jacques Bitton<br />
11
Région molaire l Mandibulaire<br />
Incisions et sutures<br />
de la région molaire <strong>mandibulaire</strong><br />
en fonction du contexte chirurgical<br />
12<br />
Christophe Bilweis<br />
Ex-assistant Université<br />
Paris-Descartes<br />
Co-fondateur de la SAPO<br />
Le succès d’une chirurgie dépend<br />
de nombreux facteurs comme<br />
le respect des protocoles,<br />
des gestes opératoires adaptés,<br />
la qualité des tissus concernés.<br />
Il dépend également du choix<br />
approprié du tracé d’incision<br />
et des sutures. L’objectif est d’obtenir<br />
une cicatrisation de première intention<br />
optimale. C’est donc l’état des tissus<br />
et la cicatrisation recherchée qui<br />
guident le praticien dans ses choix.<br />
Marie-Hélène Laujac<br />
Attachée d’enseignement,<br />
faculté de chirurgie <strong>dentaire</strong>, Université Paris-Descartes<br />
Co-gérante de la SAPO clinique<br />
Généralités sur les tracés<br />
d’incisions et les sutures<br />
Le tracé d’incision doit être pensé en fonction des<br />
obstacles anatomiques et des sutures envisagées.<br />
Le praticien dispose aujourd’hui de matériel de<br />
plus en plus performant, au niveau tant des lames<br />
de bistouri que du choix des sutures. La lame n° 15<br />
ou 15C présente une grande surface travaillante et<br />
permet d’intervenir dans la majorité des chirurgies<br />
de la cavité buccale.<br />
Le but des sutures est de favoriser le rapprochement<br />
des berges au niveau du site opératoire. Parmi<br />
les variétés de fils de sutures proposées, le matériel<br />
doit être capable d’assurer une réaction tissulaire<br />
minimale, une absence de capillarité du fil,<br />
une bonne résistance à la traction et des résultats<br />
constants. L’aiguille doit comporter des caractéris-<br />
L’INFORMATION DENTAIRE n° 3/4 - 23 janvier 2013
tiques qui diffèrent en fonction de sa pointe, de son<br />
corps ou de sa zone de sertissure. Ainsi, la pointe<br />
de l’aiguille doit être dure, le biseau tranchant. La<br />
zone de sertissure doit permettre un empesage<br />
pour assurer le maintien du fil à l’aiguille. Le corps<br />
de l’aiguille doit pouvoir plier sans se rompre. La<br />
finition, variable d’un fabricant à l’autre, peut comporter<br />
des traitements chimiques ou électriques<br />
visant à différencier, sur la même aiguille, des<br />
zones dure (pointe), souple (le corps), malléable<br />
(la sertissure). Les fils synthétiques ont remplacé<br />
largement la première génération de fils qui était<br />
d’origine naturelle (soie, catgut). Leur structure<br />
peut être monofil ou polyfilament, résorbable ou<br />
non, leur surface traitée ou non. Les avantages et<br />
inconvénients de chaque fil sont regroupés dans le<br />
tableau 1. Le choix de la composition et de la structure<br />
du fil dépend du type d’intervention et de la<br />
qualité des tissus. Il n’existe pas de matériel universel<br />
qui puisse satisfaire toutes les chirurgies.<br />
En chirurgie, bien dégager le site opératoire<br />
facilite l’intervention. L’incision doit être franche<br />
et suffisamment étendue tout en respectant les<br />
obstacles anatomiques vasculaires et nerveux. Les<br />
lambeaux doivent être largement décollés pour<br />
retrouver une bonne élasticité et permettre le rapprochement<br />
des berges. L’incision devra toujours<br />
respecter l’axe de vascularisation du lambeau. Dans<br />
L’INFORMATION DENTAIRE n° 3/4 - 23 janvier 2013<br />
1. Incision sulculaire linguale.<br />
incisions et sutures<br />
le secteur molaire <strong>mandibulaire</strong>, il faut éviter toute<br />
incision de décharge en épaisseur totale au-delà de<br />
la gencive attachée en regard de la 6 en raison de la<br />
présence de l’artère faciale. Pour ne pas léser le nerf<br />
lingual qui chemine le long de la table interne de la<br />
mandibule en regard de la dent de sagesse, l’incision<br />
linguale, si elle est nécessaire, reste sulculaire autour<br />
de la 7 (fig. 1). La traction du lambeau lingual doit<br />
être délicate et toujours en épaisseur totale.<br />
Chirurgie des tissus sains<br />
Sur un tissu sain, il n’existe pas de voie d’abord ni<br />
de technique standard. Le tracé d’incision avec une<br />
lame n° 15 dépend du site opératoire et de la qualité<br />
des tissus. Il doit respecter les obstacles anatomiques<br />
du secteur à opérer, permettre une bonne visibilité<br />
Tableau 1 - Récapitulatif des fils de sutures, avantages et inconvénients<br />
Non résorbable synthétique<br />
(polyamides, polyester, polypropylène)<br />
Avantages Inconvénients<br />
Monofil Surface lisse<br />
Rigidité<br />
Facilite le passage dans les tissus Extrémité traumatique<br />
Peu d’adhérence des germes<br />
Moins bonne tenue du nœud<br />
Polyfilament Maniable<br />
Etat de surface moins régulier<br />
Résorbable synthétique<br />
Bonne tenue du nœud<br />
Favorise le processus infectieux<br />
Monofil : polydiaxone, glycomer 631, Maniable, bonne glisse<br />
Moins résistant<br />
polyglyconate<br />
Souplesse, élasticité<br />
Polyfilament tressé : polyglactine 910,<br />
acide polyglycolique<br />
Solide<br />
Limite les sutures dans le temps<br />
13
Région molaire l Mandibulaire<br />
2<br />
de la zone opératoire et éviter les récessions postopératoires.<br />
Le ou les points de suture doivent<br />
permettre un maintien stable du lambeau et être<br />
facile à déposer. Les sutures se situent toujours à<br />
distance des berges afin d’éviter le déchirement de<br />
la muqueuse lors de la tractation du lambeau.<br />
Chirurgie des tissus<br />
enflammés<br />
Dans les chirurgies sur tissus enflammés, l’objectif<br />
est de provoquer une cicatrisation en rapprochant<br />
les berges, mais en s’assurant que l’infection in situ<br />
sera suffisamment drainée. On tiendra compte<br />
de l’œdème responsable de la traction des fils. Le<br />
tracé d’incision sera plus étendu afin de dégager<br />
les plans aponévrotiques, de faciliter le drainage et<br />
la non-compression des structures sous-jacentes.<br />
Dans tous les cas, il est nécessaire d’avoir une très<br />
14<br />
3<br />
1<br />
2<br />
bonne visibilité du site opératoire. Il est important<br />
de réaliser des sutures solides pour ne pas interférer<br />
avec le processus inflammatoire et optimiser la<br />
cicatrisation. L’utilisation d’un fil synthétique non<br />
résorbable de type polyester tressé est une bonne<br />
indication à la chirurgie du tissu enflammé. La<br />
particularité de ce fil est de posséder une solidité<br />
invariable. De même, il est préférable d’augmenter<br />
le diamètre du fil plutôt que de multiplier les points<br />
et de faire des sutures suspendues pour ne pas traumatiser<br />
le lambeau (tableau 2).<br />
Les indications en fonction<br />
de l’acte opératoire<br />
Pour pratiquer une germectomie, ou l’avulsion<br />
d’une dent de sagesse enclavée ou délicate, le tracé<br />
d’incision est sulculaire de la face mésiale de la 6<br />
à la face distale de la 7. L’incision se poursuit en<br />
épaisseur totale sur la crête en distal de la deuxième<br />
molaire et sera peu étendue, quelques millimètres<br />
(fig. 2). Le tracé se continue en épaisseur partielle<br />
en direction du bord antérieur de la branche man-<br />
Tableau 2 - Comparatif des choix de suture en fonction de la qualité des tissus<br />
Objectif Choix du matériel Astuces<br />
Tissu sain Favoriser la cicatrisation<br />
de première intention<br />
Fil synthétique résorbable Sutures à distance des berges<br />
Tissu infecté Favoriser le drainage Fils synthétique Sutures suspendues<br />
Tracé d’incision plus étendu non résorbable de type Diminuer le nombre de points<br />
Éviter la compression<br />
des structures<br />
polyester tressé Augmenter le diamètre du fil<br />
3<br />
2. Schéma<br />
du tracé<br />
d’incision<br />
pour l’avulsion<br />
de la dent de<br />
sagesse incluse.<br />
3. Tracé<br />
d’incision pour<br />
l’avulsion<br />
d’une dent de<br />
sagesse incluse.<br />
L’INFORMATION DENTAIRE n° 3/4 - 23 janvier 2013
4<br />
4. Incision de décharge en épaisseur partielle pour<br />
l’avulsion d’une dent de sagesse incluse.<br />
dibulaire dans l’épaisseur du tendon du temporal<br />
(fig. 3 et 4). Pour dégager le site opératoire du côté<br />
lingual, une incision sulculaire en lingual de la 6<br />
et de la 7 est réalisée. Le décollement du lambeau<br />
tiendra compte de la présence du nerf lingual. La<br />
suture recherche un rapprochement berge à berge<br />
du site opératoire et sera faite avec un fil résorbable<br />
rapide. En cas d’œdème, il est préférable<br />
d’effectuer un point matelassier en face distale de<br />
la deuxième molaire (fig. 5). Ce point permet de<br />
limiter le nombre de pénétration de l’aiguille et de<br />
préserver la papille vestibulaire entre la 6 et la 7.<br />
C’est le point le plus important de la chirurgie. La<br />
suture des tissus se poursuit avec des points en O.<br />
le diamètre du fil recommandé est de 1,5. L’aiguille<br />
recommandée est de 20 mm<br />
L’INFORMATION DENTAIRE n° 3/4 - 23 janvier 2013<br />
incisions et sutures<br />
Pour une chirurgie d’exérèse kystique, il est préférable<br />
de pratiquer avec une lame n° 15 une incision<br />
semi-lunaire ou curviligne dans la muqueuse<br />
légèrement à distance de la tumeur. L’avantage de<br />
ce tracé d’incision est de minimiser les risques de<br />
récessions gingivales postopératoires. Dans ce type<br />
d’intervention, le choix du fil de suture se portera<br />
sur un fil résorbable tressé ou un monofil, avec la<br />
technique des points en O.<br />
5a b<br />
5a et b. Point de matelassier en distal de la 7.<br />
Tableau 3 - Récapitulatif des choix d’incision et de suture en fonction de l’acte opératoire<br />
Incisions Sutures Fils<br />
Dent incluse - Large pour faciliter l’accès - Solides pour permettre Choix en fonction :<br />
ou enclavée au site opératoire<br />
le maintien du lambeau - de la qualité des tissus ;<br />
- Doit protéger les éléments - Permettre une bonne<br />
- des tensions exercées<br />
vasculaire et nerveux proches cicatrisation de première sur le lambeau ;<br />
- Faciliter les sutures<br />
intention<br />
- du type de suture ;<br />
- Ne pas provoquer de rétention<br />
alimentaire<br />
- de l’hygiène<br />
Chirurgie<br />
parodontale<br />
Spécifique à chaque technique Spécifique à la technique Fils résorbable<br />
Chirurgie Incision décalée par rapport Spécifique à l’intervention Fils résorbable ou non<br />
implantaire à la crête pour obtenir<br />
un recouvrement de l’implant<br />
15
Région molaire l Mandibulaire<br />
6a b c<br />
16<br />
La technique du Distal Wedge permet la diminution<br />
des poches parodontales situées en distal<br />
de la dernière dent de l’arcade (fig. 6). Les incisions<br />
partent des angles disto-lingual et disto-<br />
vestibulaire de la molaire concernée et se rejoignent<br />
sur la crête. La longueur du tracé dépend de la<br />
quantité de tissu à éliminer. Une incision secondaire<br />
en distal de la dent réunit les deux incisions<br />
principales. La suture sera réalisée avec un fil non<br />
résorbable tressé 4/0 muni d’une aiguille triangulaire<br />
inversée (V) de 3/8 e de cercle et de 16 mm.<br />
Un point de matelassier mixte permet le placage du<br />
lambeau contre la dent. Dans tous les cas, la dépose<br />
des fils de suture est variable selon l’acte chirurgical<br />
et du type de fil choisi.<br />
Correspondance<br />
chr.bilweis@laposte.net<br />
Conclusion<br />
bibliographie<br />
6a, b et c. Les étapes<br />
du Distal Wedge.<br />
À chaque type d’intervention correspond une<br />
technique d’incision et de suture. Ces choix judicieux<br />
font partie intégrante de la chirurgie et participent<br />
au succès de l’intervention. Le praticien<br />
devra donc, en fonction des différents matériels de<br />
suture proposés sur le marché, faire le choix idéal<br />
pour optimiser ses résultats.<br />
1. Gaudy JF, Bilweis C, Lazaroo B, Tilotta F. Incisions et<br />
sutures. Mémento, éditions CdP, 2007.<br />
2. Davarpanah M, Caraman M, Sater SA, Jakubowick-<br />
Kohen B, Kebir-QuelinM, Agachi A. La chirurgie<br />
buccale. Mémento, éditions CdP, 2005.<br />
3. Biou C. Manuel de chirurgie buccale. Masson, 1978.<br />
L’INFORMATION DENTAIRE n° 3/4 - 23 janvier 2013
Région molaire l Mandibulaire<br />
Extraction des molaires<br />
inférieures<br />
Proposition de 10 commandements<br />
Les molaires <strong>mandibulaire</strong>s sont<br />
les dents les plus fréquemment extraites.<br />
Les indications d’extraction doivent<br />
cependant être rediscutées en fonction<br />
de l’importance du bénéfice en termes<br />
de traitement et des risques chirurgicaux<br />
qu’elles peuvent représenter.<br />
Pour les premières et deuxièmes molaires,<br />
l’anatomie de l’édentement, qui va conditionner<br />
les possibilités de réhabilitation prothétique,<br />
résulte des paramètres de l’édentation.<br />
Nous proposons dix « commandements »<br />
à respecter prioritairement pour minimiser<br />
les suites opératoires, éviter les complications<br />
les plus fréquentes et optimiser les possibilités<br />
prothétiques, en particulier en prothèse<br />
implanto-portée.<br />
L’INFORMATION DENTAIRE n° 3/4 - 23 janvier 2013<br />
Jean-Luc Charrier<br />
MCU-PH<br />
Faculté de chirurgie <strong>dentaire</strong><br />
Université Paris Descartes<br />
Service Odontologie Hôpital<br />
Bretonneau (Paris)<br />
Philippe Tramba<br />
MCU-PH<br />
Faculté de chirurgie <strong>dentaire</strong><br />
Université Paris Descartes<br />
Service Odontologie, Groupe<br />
hospitalier Charles Foix/<br />
Pitié Salpétrière<br />
extraction<br />
La troisième molaire, quand elle évolue<br />
normalement sur l’arcade, est la dent la<br />
moins accessible tant pour le brossage et<br />
l’entretien que pour la mise en œuvre des<br />
soins conservateurs. Elle est la dent la<br />
plus souvent extraite chez l’adulte, immédiatement<br />
suivie par la première molaire <strong>mandibulaire</strong>. La<br />
« dent de 6 ans » est la première dent définitive à<br />
faire son apparition sur l’arcade, c’est aussi, logiquement,<br />
la première touchée par la maladie carieuse<br />
[1]. Les dents de sagesse incluses ou enclavées sont<br />
souvent à l’origine d’accidents inflammatoires et<br />
infectieux qui conduisent à l’indication d’extraction.<br />
En fait, et d’un point de vue plus global, les avulsions<br />
des molaires inférieures sont les actes les<br />
plus fréquemment pratiqués dans le domaine de la<br />
chirurgie orale. Les techniques d’extraction ont été<br />
très largement décrites, expliquées, justifiées dans<br />
leurs approches et temps par temps dans une littérature<br />
répétitive faite à partir de cas cliniques.<br />
19
Région molaire l Mandibulaire<br />
1. Site de 46, 8 semaines après<br />
l’extraction (1a), à comparer<br />
avec le site de 36 (1b) où la dent<br />
est présente. On observe peu<br />
de pertes osseuses verticales<br />
et une diminution de la largeur<br />
vestibulo-linguale.<br />
2. Site de 36, 18 mois après<br />
l’extraction (2a), à comparer<br />
avec le site de 46 (2b)<br />
où la dent est présente.<br />
On observe une perte osseuse<br />
verticale de la table externe.<br />
20<br />
1a b<br />
2a b<br />
L’objectif de cet article n’est pas de les réexprimer, mais plutôt<br />
de relever dix points qui nous paraissent essentiels, fondamentaux<br />
vis-à-vis de la prévention des complications immédiates<br />
et retardées. Ces dix points vous sont présentés sous la forme<br />
de commandements qui, s’ils sont respectés, permettent d’obtenir<br />
des suites opératoires les plus simples possibles et une anatomie<br />
du futur édentement la plus favorable aux éventuelles<br />
réhabilitations prothétiques conventionnelles ou implanto-portées.<br />
1. Limiter le traumatisme<br />
infectieux<br />
L’un des objectifs de tout geste chirurgical est d’obtenir,<br />
à la fin de l’intervention, des conditions locales<br />
favorables à la future cicatrisation. Par exemple, un<br />
contexte infectieux non contrôlé peut nuire au futur<br />
processus de réparation tissulaire par contamination<br />
bactérienne. L’étiologie inflammatoire s’associe<br />
à la dent qui doit être extraite, mais aussi à d’autres<br />
pathologies buccales comme les infections carieuses<br />
et les maladies parodontales.<br />
Toute préparation initiale, locale ou régionale visant<br />
à diminuer préalablement l’inflammation améliore<br />
sensiblement les conditions opératoires et limite le<br />
risque de complication.<br />
En dehors du contexte de l’urgence, il est nécessaire<br />
de stopper les foyers carieux actifs et de stabiliser les<br />
atteintes des tissus parodontaux. Si une infection<br />
est à l’origine de l’indication d’extraction, une antibiothérapie<br />
mise en place 24 ou 48 heures avant la<br />
chirurgie (selon le contexte du patient) permet d’obtenir<br />
de meilleures conditions opératoires.<br />
2. Respecter les tissus<br />
parodontaux environnants<br />
L’instrumentation du site d’extraction peut être<br />
violente pour les tissus gingivaux en bordure du<br />
site d’extraction. En particulier, la papille inter<strong>dentaire</strong><br />
peut être lésée de façon importante lors des<br />
manœuvres de syndesmotomie et d’élévation. Les<br />
papilles jouent un rôle important dans le succès de<br />
la future réhabilitation prothétique : elles sont donc<br />
précieuses et méritent toute notre attention.<br />
L’acte chirurgical doit débuter par une incision sulculaire<br />
réalisée à l’aide d’un bistouri.<br />
Le décollement local, qui peut s’effectuer avec un<br />
syndesmotome, permet d’écarter, sans les dilacérer,<br />
les tissus gingivaux et les papilles. Dans un deuxième<br />
temps, la syndesmotomie est conduite avec<br />
des instruments fins et tranchants s’insinuant entre<br />
l’os et la racine <strong>dentaire</strong>.<br />
Si les racines <strong>dentaire</strong>s ne sont pas fusionnées, elles<br />
doivent être systématiquement séparées, même si<br />
l’extraction simple est envisageable. En effet, la<br />
luxation isolée d’une racine entraînera toujours<br />
moins de tension et de risques de microfractures<br />
osseuse, des corticales externes et de l’os interradiculaire<br />
que l’on tient à conserver pour initier la<br />
future régénération osseuse alvéolaire.<br />
L’INFORMATION DENTAIRE n° 3/4 - 23 janvier 2013
3a e<br />
h i<br />
3a. Exemple d’insert sonique (Komet) pour réaliser<br />
une syndesmotomie et une séparation atraumatique des racines.<br />
La particularité de ce type d’insert est d’être inactif sur les tissus<br />
mous. Il se fixe à l’unit sur le raccord multiflex de la turbine<br />
par l’intermédiare d’une pièce à main (W&H, KaVo, etc.).<br />
b. Situation clinique initiale (46 à ôter).<br />
c. Utilisation de l’insert Komet “scie” coudé sur le champ.<br />
d. Mise en action de l’effet sonique. Le champ visuel reste<br />
très accessible. Objectif dans la situation clinique présentée :<br />
syndesmotomie périphérique.<br />
e. Objectif dans la situation clinique présentée : séparation<br />
des racines.<br />
f. Mise en action de l’effet sonique. Action unique sur les tissus durs<br />
(os et dentine).<br />
g. Séparation effectuée.<br />
h. Racine distale ôtée. La découpe est fine, précise et sans atteinte<br />
possible des tissus mous.<br />
i. Racines mésiales déposées. Le site est préservé, l’atteinte osseuse<br />
est minimale. Le lambeau sera suturé pour guider sa cicatrisation.<br />
Les suites opératoires des instruments pour la “sono chirurgie”<br />
sont toujours excellentes.<br />
L’INFORMATION DENTAIRE n° 3/4 - 23 janvier 2013<br />
b c d<br />
f g<br />
3. Respecter la table<br />
osseuse vestibulaire<br />
extraction<br />
Dans les sites molaires <strong>mandibulaire</strong>s, la résorption<br />
osseuse verticale d’un édentement unitaire est<br />
faible dès lors que les corticales linguales et vestibulaires<br />
n’ont pas été “abîmées” avant ou pendant<br />
l’extraction (fig. 1).<br />
Il est essentiel de préserver, autant qu’il est possible,<br />
l’intégrité des corticales pour que l’alvéole<br />
d’extraction garde toutes ses parois osseuses. Lors<br />
de la mise en place chirurgicale d’implant dans les<br />
sites <strong>mandibulaire</strong>s postérieurs, le défaut osseux le<br />
plus pénalisant est la résorption osseuse vestibulaire.<br />
La table osseuse vestibulaire est régulièrement<br />
arrondie au-dessus de la ligne buccinatrice.<br />
À l’inverse, la table linguale est verticale au-dessus<br />
de la crête mylo-hyoïdienne qui résiste mieux à la<br />
résorption [2]. C’est finalement le niveau osseux<br />
vestibulaire qui détermine la hauteur globale<br />
exploitable du site implantaire (fig. 2).<br />
Si une ostéotomie est nécessaire à l’extraction,<br />
le dégagement lingual sera privilégié, plutôt que<br />
vestibulaire, même s’il est vrai qu’il est techniquement<br />
plus difficile d’accès. L’alvéolectomie<br />
classiquement enseignée détruisant tout ou partie<br />
de la corticale vestibulaire est, certes, un moyen<br />
efficace d’enlever une racine, mais c’est aussi le<br />
moyen le plus sûr de compromettre à terme les<br />
conditions osseuses favorables à la prothèse, qu’il<br />
s’agisse d’intermédiaire de bridge ou de prothèse<br />
implanto-portée. En regard d’un apex, une tunne-<br />
21
Région molaire l Mandibulaire<br />
4a b c<br />
22<br />
lisation de la corticale vestibulaire peut être envisagée<br />
pour chasser vers le haut le fragment radiculaire<br />
en préservant la partie haute de la paroi osseuse.<br />
L’utilisation et le choix de micro-élévateurs<br />
réduisent considérablement le recours au dégagement<br />
osseux. Lorsque celui-ci devient indispensable,<br />
une instrumentation rotative à grande vitesse permet<br />
des coupes fines évitant d’éliminer les corticales.<br />
Enfin, nous disposons d’instruments de chirurgie<br />
osseuse sonores et ultrasonores très utiles lorsque<br />
les dents présentent des plages d’ankylose (fig. 3). De<br />
plus, ces instruments sont discriminants vis-à-vis<br />
des tissus mous et donc non invasifs à leur égard.<br />
4. éradiquer les foyers<br />
apicaux<br />
Le foyer infectieux est souvent à l’origine de l’indication<br />
d’extraction. L’importance du curetage complet<br />
de l’alvéole n’est plus à démontrer. Il est souvent long<br />
et fastidieux, et peut parfois être douloureux et nécessiter<br />
un complément d’anesthésie. L’instrumentation<br />
doit être tranchante et avoir des formes adaptées à<br />
celles des cavités osseuses. L’idéal est, à partir d’un<br />
contact osseux en zone saine, de suivre sur la paroi<br />
osseuse le contour de la lésion sans dilacérer le tissu<br />
de granulation. L’ensemble du tissu extrait peut alors<br />
être examiné et permettre de conclure à l’énucléation<br />
complète. Lorsque tout le tissu de granulation n’est<br />
pas éliminé intégralement en un temps, il peut être<br />
difficile de s’assurer qu’aucun tissu inflammatoire ne<br />
reste au fond des alvéoles, et cela particulièrement<br />
lorsque la lésion s’étend autour de plusieurs apex.<br />
Il est souvent nécessaire de supprimer les septums<br />
inter-radiculaires pour cureter valablement tous les<br />
tissus fibreux (fig. 4). Le bénéfice pour la cicatrisation<br />
obtenu en termes de “propreté de l’alvéole”, est<br />
privilégié dans ce cadre par rapport au “sacrifice” en<br />
termes de conservation osseuse. La lecture d’imagerie<br />
de très bonne qualité est une aide indiscutable.<br />
4. Site de 36 avant l’extraction (4a), à comparer avec<br />
le site 6 semaines après l’extraction. On observe un début<br />
de trabéculation (4b) et l’observation de la crête osseuse<br />
à la réouverture du site pour la mise en place<br />
d’un implant (4c).<br />
5. Favoriser l’installation<br />
et la préservation du caillot<br />
Sans revenir sur les processus de régénération<br />
osseuse à l’intérieur de l’alvéole qui sont parfaitement<br />
décrits, nous savons aujourd’hui que tout débute dans<br />
les premières heures, à partir de la formation du caillot.<br />
L’obtention d’un caillot sanguin bien constitué et<br />
stable dans l’alvéole est une condition nécessaire au<br />
processus de cicatrisation osseuse. Le saignement de<br />
l’alvéole doit permettre de remplir la cavité et doit<br />
être favorisé puis maîtrisé.<br />
Lorsque les gestes d’extraction sont simples et rapides<br />
(de l’ordre de 10 min), l’utilisation d’une solution<br />
d’anesthésie locale fortement dosée en vasoconstricteur<br />
peut limiter le saignement et gêner la constitution<br />
du caillot. À ce titre, l’utilisation de techniques<br />
d’infiltration intra-osseuse peut être déconseillée,<br />
d’autant que les actes chirurgicaux posent généralement<br />
peu de problème en termes d’anesthésie<br />
par rapport aux autres actes de dentisterie sur dent<br />
vivante [3, 4].<br />
Une alvéole “sèche” visible immédiatement après une<br />
extraction est un signe négatif vis-à-vis de la cicatrisation.<br />
Il est possible de provoquer le saignement en<br />
perçant les parois de l’alvéole à l’aide d’instrument<br />
rotatif ou tranchant.<br />
Une fois l’alvéole remplie, le temps nécessaire à la<br />
constitution du caillot est celui du temps de saignement<br />
de l’ordre de 4 à 5 min si les conditions d’hémostases<br />
sont bonnes. Dans les cas où le saignement<br />
persiste, une série de techniques d’hémostase locale<br />
permettent l’obtention d’un caillot [5].<br />
Dans tous les cas, il faut protéger ce caillot et en assurer<br />
la stabilité pendant les premières heures. L’un des<br />
moyens efficaces et simples est de suturer les tissus<br />
L’INFORMATION DENTAIRE n° 3/4 - 23 janvier 2013
mous. L’objectif n’est pas de rapprocher les berges de<br />
l’alvéole, mais simplement de fixer les papilles et de<br />
protéger la plaie des mouvements de la langue.<br />
Il faut également rappeler clairement au patient l’importance<br />
de ne pas abîmer le caillot (ne pas cracher,<br />
ne pas faire de bain de bouche immédiat, ne pas manger<br />
tout de suite).<br />
6. Ne pas combler<br />
sans nécessité<br />
Hormis le caillot sanguin, tous les matériaux présents<br />
dans l’alvéole devront être résorbés avant réparation<br />
osseuse. Le temps de résorption des matériaux de<br />
comblement est du temps perdu pour la régénération<br />
osseuse.<br />
Deux types d’objectifs conduisent à l’indication de<br />
la mise en place d’un matériau de comblement dans<br />
l’alvéole immédiatement après l’extraction :<br />
- l’hémostase locale ;<br />
- la conservation des volumes osseux.<br />
Les procédures d’hémostase locale peuvent être<br />
nécessaires lorsque la coagulation ne se produit pas<br />
normalement, mais le recours immédiat au comblement<br />
de l’alvéole ne doit pas être systématique et mis<br />
en œuvre seulement si les procédures préalables ont<br />
échoué. On observe que, même sur des terrains diminués<br />
sur le plan hémostatique, la compression avec<br />
l’utilisation de produit simple (eau oxygénée, exacyl)<br />
permet, dans la grande majorité des cas, d’obtenir<br />
l’arrêt des saignements [5].<br />
Le remplissage de l’alvéole avec des substituts osseux<br />
n’a pas montré qu’il évitait la résorption latérale de<br />
la paroi vestibulaire dans les sites molaires <strong>mandibulaire</strong>s<br />
[6, 7]. Par ailleurs, la perte osseuse verticale<br />
après cicatrisation quand les corticales osseuses vestibulaire<br />
et linguale ont été conservées est très réduite<br />
dans les sites molaires <strong>mandibulaire</strong>s. Le bénéfice<br />
escompté par la mise en place de matériau est très<br />
contestable, d’autant que l’on sait que ces matériaux<br />
ne se résorbent pas ou peu dans les premières années.<br />
Dans le secteur molaire <strong>mandibulaire</strong>, la préférence<br />
doit aller vers la préservation des processus physiologiques<br />
naturels de régénération osseuse à partir du<br />
caillot.<br />
Des défauts plus importants peuvent résulter de la<br />
pathologie à l’origine de l’indication d’extraction : il<br />
s’agit de grosse perte osseuse dans le sens vertical ou<br />
transversal. La réparation osseuse de ces défauts peut<br />
être envisagée par régénération osseuse guidée ou par<br />
des greffes d’apposition après réévaluation à distance<br />
de l’extraction et du contexte inflammatoire.<br />
L’INFORMATION DENTAIRE n° 3/4 - 23 janvier 2013<br />
7. Réfléchir aux indications<br />
d’extraction des dents<br />
de sagesse<br />
extraction<br />
Les extractions des troisièmes molaires <strong>mandibulaire</strong>s<br />
font partie des interventions de chirurgie<br />
orale les plus fréquentes. Beaucoup des indications<br />
sont aujourd’hui largement remises en question,<br />
en particulier dans le contexte de la prévention<br />
des récidives des encombrements antérieurs. Les<br />
germectomies précoces sont des chirurgies délabrantes<br />
dont les indications doivent être mesurées<br />
et avoir fait la preuve de leur bénéfice. En effet, la<br />
responsabilité de l’évolution des dents de sagesse<br />
dans l’aggravation ou la récidive de l’encombrement<br />
<strong>dentaire</strong> des régions antérieures n’est toujours<br />
pas établie.<br />
On retient les indications qui visent à intercepter<br />
des situations dont on sait qu’elles vont se compliquer<br />
au cours de la croissance. Deux exemples<br />
types peuvent être décrits chez l’adulte jeune :<br />
- l’évolution des troisièmes molaires dans un<br />
contexte d’encombrement postérieur qui conduit<br />
à l’évidence à des accidents de péricoronarites à<br />
répétition (fig. 5) ;<br />
5a b<br />
b<br />
5. Indication d’extraction prophylactique des troisièmes<br />
molaires.<br />
23
Région molaire l Mandibulaire<br />
7<br />
9<br />
9. La lésion parodontale en distale de la deuxième molaire justifie<br />
l’indication d’extraction de 48.<br />
24<br />
6. Indication d’extraction<br />
prophylactique des troisièmes<br />
molaires : la proximité radiculaire<br />
du canal <strong>mandibulaire</strong> peut<br />
conduire à une situation à risque<br />
si on laisse évoluer l’édification<br />
radiculaire.<br />
7. Patient de 98 ans sans signe inflammatoire : il n’y a pas d’indication<br />
d’extraction de 38.<br />
8a b<br />
6<br />
- les dents en situation d’enclavement et dont les<br />
apex en formation sont à proximité du canal <strong>mandibulaire</strong><br />
(fig. 6).<br />
L’avantage d’intervenir avant la fin de l’édification<br />
radiculaire est très important en termes de<br />
chirurgie. Les interventions sont plus simples et<br />
moins traumatisantes.<br />
8. Indication<br />
d’extraction<br />
prophylactique<br />
des troisièmes<br />
molaires liée<br />
à l’exposition<br />
de la dent.<br />
Chez l’adulte, l’attitude clinique face à une dent<br />
de sagesse complètement incluse asymptomatique<br />
doit être l’abstention thérapeutique et<br />
reliée à de nombreuses observations de situations<br />
bien tolérées chez des sujets âgés (fig. 7).<br />
Les indications retenues sont celles des dents<br />
enclavées partiellement exposées (fig. 8) ou<br />
complètement incluses, mais dont une lésion<br />
parodontale distale de la deuxième molaire a<br />
“perméabilisé” un passage bactérien vers la dent<br />
de sagesse (fig. 9).<br />
L’INFORMATION DENTAIRE n° 3/4 - 23 janvier 2013
8. Ne pas ignorer<br />
le nerf lingual<br />
Les séquelles d’extraction des troisièmes molaires<br />
les plus fréquemment rapportées sont les paresthésies<br />
transitoires ou définitives du nerf lingual<br />
[6, 7, 8]. La proximité du passage du nerf lingual<br />
contre la table osseuse linguale le rend vulnérable<br />
lors des manœuvres d’abords linguaux et les sections<br />
<strong>dentaire</strong>s vestibulo-linguales, mais aussi<br />
lors de l’incision primaire (fig. 10).<br />
La connaissance anatomique de la région doit<br />
pouvoir écarter ce risque en mettant en œuvre<br />
des précautions opératoires simples :<br />
- l’incision postérieure doit débuter dans l’angle<br />
disto-vestibulaire de la 7 et se déporter en dehors<br />
en direction du bord antérieur de la branche<br />
<strong>mandibulaire</strong> (fig. 11) ;<br />
- lorsque des sections <strong>dentaire</strong>s ou osseuses sont<br />
nécessaires pour libérer le mouvement d’élévation,<br />
il est simple de protéger le nerf lingual dans<br />
les tissus mous en glissant un écarteur au contact<br />
de la table osseuse linguale (fig. 12).<br />
9. Respecter le nerf<br />
alvéolaire inférieur<br />
En première intention, les rapports des apex de<br />
la dent de sagesse inférieure et du nerf alvéolaire<br />
inférieur sont appréciés sur des clichés radiologiques<br />
rétro-alvéolaires ou panoramiques. Si,<br />
et seulement si, ces examens ne permettent pas<br />
d’objectiver les apex au-dessus du canal <strong>mandibulaire</strong>,<br />
un bilan d’imagerie permettant d’obtenir<br />
une vision sectionnelle vestibulo- linguale de la<br />
mandibule est réalisé. L’analyse et l’interprétation<br />
des rapports anatomiques sur le bilan 3D<br />
dictent l’attitude chirurgicale face aux situations<br />
compliquées.<br />
La vraie situation à risque se produit lorsque les<br />
apex emprisonnent le canal <strong>mandibulaire</strong> : les<br />
racines réalisent un crochet autour du canal ou<br />
fusionnent en l’encerclant (fig. 13).<br />
L’INFORMATION DENTAIRE n° 3/4 - 23 janvier 2013<br />
10<br />
11<br />
12a b<br />
c<br />
extraction<br />
10. Position haute<br />
du nerf lingual.<br />
11. Trait d’incision<br />
postérieur en arrière<br />
et en dehors à partir<br />
de l’angle<br />
disto-vestibulaire<br />
de la deuxième<br />
molaire.<br />
12. Position de l’écarteur lame le long de la table linguale.<br />
25
Région molaire l Mandibulaire<br />
13. Canal<br />
<strong>mandibulaire</strong><br />
passant dans<br />
la racine distale.<br />
14a<br />
b<br />
26<br />
15a<br />
b<br />
13<br />
14. Canal plaqué contre<br />
la table linguale :<br />
la dent doit être luxée<br />
en direction linguale<br />
pour tourner autour<br />
du canal.<br />
15. Canal en position<br />
vestibulaire des apex :<br />
l’alvéolectomie doit<br />
être effectuée avec<br />
prudence.<br />
Le principe chirurgical dans cette situation sera<br />
de réaliser dans un premier temps une coronectomie<br />
en laissant les parties apicales des racines.<br />
C’est un compromis thérapeutique qui permet<br />
d’éviter la prise de risque chirurgical de lésion du<br />
nerf alvéolaire inférieur.<br />
Dans un deuxième temps, si le problème initial<br />
n’est pas réglé, on réintervient avec des aides<br />
optiques. Les fragments de racines sont progressivement<br />
découpés et éliminés autour du canal.<br />
Le consentement du patient doit être obtenu<br />
après un éclairage clair sur les risques de lésion<br />
du nerf alvéolaire inférieur.<br />
Ces interventions délicates doivent être réservées<br />
à des équipes entraînées.<br />
Dans la plupart des cas, les racines entretiennent<br />
des rapports plus favorables : le canal est déporté<br />
en lingual (fig. 14) ou plus rarement en vestibulaire<br />
(fig. 15), le risque identifié est celui de l’écrasement<br />
du pédicule alvéolaire inférieur entre la<br />
dent et la paroi corticale lors des manœuvres de<br />
luxation et d’élévation.<br />
L’attitude chirurgicale la plus prudente est de<br />
libérer les mouvements radiculaires par la réalisation<br />
d’une section de la dent et d’un dégagement<br />
osseux pour ne pas exercer de pressions<br />
importantes. L’étude de l’imagerie sectionnelle<br />
permet de définir l’axe de sortie des racines.<br />
Généralement, les racines doivent être luxées en<br />
haut et de dehors en dedans si le canal est lingual<br />
et, à l’inverse s’il est vestibulaire, ce qui est plus<br />
rare. Une fois les mouvements à obtenir définis,<br />
le chirurgien peut dégager méthodiquement les<br />
obstacles, le but étant d’extraire les racines sans<br />
appliquer de tensions d’écrasement importantes<br />
sur les parois osseuses.<br />
Chez l’adulte, il est parfois nécessaire de faire<br />
le choix de ne pas retirer la totalité de l’apex,<br />
notamment quand celui-ci montre des signes<br />
d’ankylose.<br />
L’INFORMATION DENTAIRE n° 3/4 - 23 janvier 2013
10. Respecter les principes<br />
chirurgicaux<br />
Mêmes si elles sont très banalisées, les interventions<br />
d’extraction sont de véritables chirurgies intéressant<br />
les tissus muqueux, mais également les tissus<br />
osseux, qui sont particulièrement vulnérables.<br />
Les conditions d’asepsie doivent être conformes<br />
pour réduire les risques liés aux contaminations des<br />
sites opératoires :<br />
- décontamination du site : badigeons ou bains de<br />
bouche avec une solution antiseptique (chlorhexidine<br />
ou bétadine) ;<br />
- isolement de la zone opératoire (mise en place de<br />
champs stériles) ;<br />
- utilisation de gants stériles.<br />
Les principes chirurgicaux de base limitant les<br />
traumatismes physiques doivent être respectés :<br />
- incisions d’abords suffisamment larges pour ne<br />
pas exercer des tensions excessives sur les lambeaux<br />
- refroidissement efficace par irrigation des<br />
instruments rotatifs, sonores et ultrasonores.<br />
Les conditions opératoires optimales favorisent<br />
la rapidité et le risque d’accident opératoire :<br />
- travail à quatre mains avec des aides entraînées ;<br />
- éclairage à grand champ ;<br />
- aspiration efficace ;<br />
- instrumentation complète et bien entretenue<br />
(régulièrement aiguisée) ;<br />
- position du patient favorisant la vision directe du<br />
site opératoire.<br />
Correspondance<br />
Jean-Luc Charrier - jean-luc.charrier@parisdescartes.fr<br />
Philippe Tramba - philippe.tramba@parisdescartes.fr<br />
L’INFORMATION DENTAIRE n° 3/4 - 23 janvier 2013<br />
Conclusion<br />
extraction<br />
Le geste chirurgical d’extraction doit aujourd’hui<br />
être considéré comme la phase initiale du traitement<br />
de l’édentement. L’importance des séquelles<br />
d’une chirurgie mutilante peut être déterminante<br />
vis-à-vis des solutions de réhabilitation prothétique,<br />
en particulier pour la solution implantaire.<br />
Ces interventions d’extraction de première et<br />
deuxième molaires, même si elles sont simples,<br />
doivent être considérées comme de véritables actes<br />
chirurgicaux préprothétiques et de plus en plus<br />
fréquemment pré-implantaires. Elles ne doivent<br />
pas être banalisées et il convient d’y consacrer le<br />
temps nécessaire.<br />
Si les indications d’avulsion des dents de sagesse<br />
restent nombreuses, chacune doit être rediscutée<br />
en fonction du rapport bénéfice/risque pour le<br />
patient.<br />
bibliographie<br />
1. Marcus SE, Drury T F, Brown LJ, Zion, GR. Tooth retention and tooth<br />
loss in the permanent dentition of adults : United States, 1988-<br />
1991. J Dent Res 1996 Feb; 75 (Spec) : 684-685.<br />
2. Gaudy JF. Atlas d’anatomie implantaire. Edition CdP. Collection JPIO<br />
Paris : 2006 ; 282p. Réédition 2011.<br />
3. Charrier JL, Millot S. A propos de l’anesthésie locale en chirurgie<br />
buccale. Réal Clin 2006 ; 17(2) : 189-199.<br />
4. Millot S, Longuet A, Charrier JL. A propos de l’anesthésie locale en<br />
chirurgie <strong>dentaire</strong>. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris), Stomatologie/<br />
Odontologie, 22-090-K-05, 2008, Medecine buccale.<br />
5. Millot S, Charrier JL. Les anti-agrégants plaquettaires et le antivitamines<br />
K : respect des recommandations dans le cadre de la pratique<br />
quotidienne ambulatoire. JPIO 2011, numéro Hors série : La<br />
chirurgie orale au quotidien.<br />
6. Fielding AF. Lingual nerve paresthesia following third molar surgery :<br />
a restrospective clinical study. Oral Surg Oral Med Oral Pathol Oral<br />
Radiol Endod 1997 Oct ; 84 (4) : 345-348.<br />
7. Baqain ZH et coll. Lingual nerve morbidity and mandibular third<br />
molar surgery : a prospective study. Med Princ Pract 2010 ; 19 :<br />
28-32.<br />
8. Queral-Godoy E et coll. Frequency and evolution of lingual nerve<br />
lesions following lower third molar extraction. J Oral Maxillofac<br />
Surg. 2006.<br />
9. Ghaeminia H, Meiger G, Soehardi A, Borstlap W, Mulder J, Vlijmen O,<br />
Bergé S, Maal T. The use of cone beam CT for the removal of wisdom<br />
teeth changes the surgical approach compared with panoramic<br />
radiography : a pilot study. Int. J. Oral Maxillo facial Surgeons<br />
2011 ; 40 : 834-839.<br />
27
Région molaire l Mandibulaire<br />
Aspect parodontal<br />
de la région molaire <strong>mandibulaire</strong><br />
En France, 4,6 % des adultes<br />
de 35 à 65 ans présentent<br />
un parodonte sain avec des poches<br />
inférieures à 2 mm, 20 % des adultes<br />
présentent une parodontite modérée<br />
(poches > 5 mm) et 80 % des patients<br />
ont besoin de soins parodontaux.<br />
Une grande majorité d’entre eux<br />
sont aussi potentiellement candidats<br />
aux implants.<br />
28<br />
François Furic<br />
Pontivy (Morbihan)<br />
Xavier Gouard<br />
Le Mans (Sarthe)<br />
La perte des organes <strong>dentaire</strong>s se traduit la<br />
plupart du temps par une perte de volume,<br />
sur les tissus mous mais aussi sur le support<br />
osseux.<br />
Examen clinique<br />
Un examen clinique approprié de cette région<br />
<strong>mandibulaire</strong> permet au clinicien d’apprécier la<br />
position de la ligne de jonction muco-gingivale<br />
et le niveau de gencive kératinisée et adhérente,<br />
la présence de brides et de frein d’insertion haute,<br />
la profondeur du vestibule, le volume de la perte<br />
osseuse associée à la perte des organes <strong>dentaire</strong>s, la<br />
présence ou l’absence d’inflammation superficielle<br />
(fig. 1 et 2).<br />
L’INFORMATION DENTAIRE n° 3/4 - 23 janvier 2013
2<br />
L’INFORMATION DENTAIRE n° 3/4 - 23 janvier 2013<br />
1<br />
3<br />
3. Une greffe gingivale épithélio-conjonctive réalisée<br />
au deuxième temps chirurgical permet de renforcer<br />
l’environnement parodontal pour améliorer les possibilités<br />
de brossage. Une attention particulière sera portée<br />
dans la dissection du lit receveur vis-à-vis du foramen<br />
mentonnier (document X. Gouard).<br />
4. Evaluation par sondage de la santé parodontale lors<br />
d’une séance de maintenance avec une recherche de l’absence<br />
de saignement (parodonte sain ou assaini) ou d’un saignement<br />
au sondage, et de la profondeur de poche en l’absence de<br />
gencive kératinisée, avec ici un contexte muqueux défavorable<br />
et une perte d’attache déjà conséquente de 7 mm.<br />
4<br />
5<br />
2<br />
1<br />
3<br />
aspect parodontal<br />
4<br />
5<br />
1 et 2. Vue vestibulaire et occlusale d’un édentement unitaire<br />
avec un parodonte sain.<br />
1/ Hauteur de gencive kératinisée regroupant la gencive marginale<br />
libre et la gencive adhérente à l’os sous-jacent.<br />
2/ Ligne de jonction muco-gingivale.<br />
3/ Insertion de frein ou de brides de consistance muqueuse et/ou<br />
fibreuse.<br />
4/ Crête résiduelle et hauteur de la résorption post-extractionnelle.<br />
5/ Concavité liée au défaut osseux initial et à la résorption<br />
post-extractionnelle horizontale.<br />
Durant de nombreuses années, la présence d’une<br />
hauteur “adéquate” de gencive kératinisée a été<br />
considérée comme une notion fondamentale du<br />
maintien de la santé parodontale. Depuis les années<br />
90, nous savons que la hauteur de gencive kératinisée<br />
n’est pas indispensable à la santé parodontale,<br />
en l’absence de plaque <strong>dentaire</strong>.<br />
Toutefois, sur le plan clinique, en cas de brossage<br />
traumatique ou de présence d’une limite cervicale<br />
prothétique ou d’implant, il est préférable d’augmenter<br />
et de renforcer la hauteur et l’épaisseur<br />
de gencive kératinisée par une greffe épithélioconjonctive,<br />
bien entendu à distance du foramen<br />
mentonnier (fig. 3).<br />
Le sondage parodontal (fig. 4) reste le meilleur<br />
moyen clinique de définir si le parodonte est sain<br />
(absence de saignement au sondage) ou s’il présente<br />
une inflammation nécessitant impérativement un<br />
traitement parodontal. Ce sondage doit être corrélé<br />
à un examen précis radiographique complémentaire.<br />
Examen radiographique<br />
Pour un examen parodontal ou pré-implantaire,<br />
même si la radiographie panoramique représente<br />
un bon examen global, l’examen radiographique de<br />
choix reste le cliché rétro-alvéolaire numérique ou<br />
argentique en technique parallèle et avec un angulateur<br />
(fig. 5).<br />
Nous analysons quantitativement le niveau de perte<br />
osseuse (perte modérée limitée au premier tiers,<br />
perte moyenne atteignant le 2e tiers, perte profonde<br />
29
Région molaire l Mandibulaire<br />
5. Nouveau bras et anneau de visé XCP ORA,<br />
postérieur (Dentsply), conçu pour des capteurs<br />
numériques de différentes marques. Cela permet<br />
de réaliser une technique long cône parallèle.<br />
atteignant le 3 e tiers), mais aussi qualitativement,<br />
avec des pertes osseuses horizontales (perte horizontale<br />
des septa inter<strong>dentaire</strong>s) ou verticales et/ou<br />
angulaire (les septa osseux forment un angle plus ou<br />
moins aigu avec l’axe longitudinal de la dent) (fig. 6).<br />
Dans la région <strong>mandibulaire</strong> postérieure, les<br />
molaires présentent un tronc radiculaire commun<br />
à toutes leurs racines, qui s’étend de la jonction<br />
amélo-cémentaire à la fourche interradiculaire. On<br />
parle de bifurcation, avec une entrée vestibulaire et<br />
linguale. C’est la partie vestibulaire de la première<br />
molaire qui sera la plus atteinte par l’étroitesse de<br />
son espace interradiculaire et la brièveté de son<br />
tronc radiculaire.<br />
J Lindhe [4] classe les atteintes des zones de furcation<br />
(classe I, classe II et classe III) selon le niveau<br />
de sondage horizontal, facile à évaluer à la mandibule<br />
(fig. 7).<br />
Sur les radiographies, nous analyserons également<br />
les facteurs de rétention de plaque <strong>dentaire</strong> susceptibles<br />
d’aggraver les pertes d’attaches (le tartre<br />
sous-gingival, la présence fréquente de débordements<br />
au niveau des couronnes ou des restaurations,<br />
les concavités radiculaires qui augmentent<br />
l’accumulation de plaque <strong>dentaire</strong>).<br />
L’imagerie cone beam (CBCT pour Cone Beam<br />
Computerized Tomography) en parodontologie<br />
peut présenter un intérêt dans la visualisation<br />
pré-chirurgicale pour le traitement de lésions de la<br />
furcation de molaires, en apportant des informations<br />
non fournies par la clinique et la radiologie<br />
conventionnelle afin de vérifier le pronostic de la<br />
dent (fig. 8).<br />
30<br />
1<br />
2<br />
3<br />
6. Analyse radiographique des lésions parodontales de la région molaire<br />
prémolaire <strong>mandibulaire</strong>.<br />
1/ Présence de tartre sous-gingival.<br />
2/ Zone moins radio-dense au sommet du septa inter<strong>dentaire</strong><br />
correspondant à une perte en zone de cratère.<br />
3/ Petite lésion angulaire.<br />
4/ Lésion résiduelle alvéolaire par défaut de curetage.<br />
5/ Septa osseux intact avec présence d’une lamina dura.<br />
6/ Lésion angulaire sévère.<br />
7. Atteinte de furcation vestibulaire de ClII sur une 36 objectivée<br />
par la radiographie et le sondage associé.<br />
4<br />
L’INFORMATION DENTAIRE n° 3/4 - 23 janvier 2013<br />
5<br />
6
9. Projection d’émail de classe III (coulée d’émail atteignant la zone<br />
de furcation pour une molaire à tronc radiculaire court).<br />
10. Les lésions<br />
parodontales<br />
complexes<br />
nécessitent<br />
un débridement<br />
chirurgical<br />
et ultrasonore<br />
avec un lambeau<br />
d’accès de pleine<br />
épaisseur<br />
et un curetage<br />
soigneux<br />
de la lésion<br />
infra-osseuse.<br />
L’INFORMATION DENTAIRE n° 3/4 - 23 janvier 2013<br />
aspect parodontal<br />
Les projections d’émail, présentes sur 45 % des<br />
molaires <strong>mandibulaire</strong>s, favorisent le développement<br />
des poches parodontales et leur prévalence<br />
peut atteindre les 80 % sur les secondes molaires<br />
<strong>mandibulaire</strong>s (fig. 9).<br />
Traitement<br />
8. Visualisation<br />
en 2D et 3D<br />
du niveau<br />
de lyse osseuse<br />
dans la furcation<br />
vestibulaire,<br />
absence de lésion<br />
de la furcation<br />
linguale<br />
et présence<br />
d’une lésion<br />
à 3 murs<br />
(bon pronostic).<br />
En 2012, le traitement étiologique des maladies<br />
parodontales (renforcement et observance du<br />
contrôle de plaque, détartrage, désinfection parodontale,<br />
débridement radiculaire ultrasonore de<br />
toute la bouche, réévaluation) ne présente pas, dans<br />
cette région, de spécificité. Toutefois, la décontamination<br />
bactérienne d’une dent monoradiculée<br />
sur ses 4 faces avec des poches de 6 mm peut<br />
prendre jusqu’à 6 minutes !<br />
En cas de persistance de saignement au sondage<br />
chez un patient qui maîtrise parfaitement les<br />
31
Région molaire l Mandibulaire<br />
11. Patient de 50 ans avec des lésions terminales sur de nombreuses dents<br />
au maxillaire et une mobilité 3 (dans le plan transversal et axial)<br />
de la 47 supportant l’ensemble du bridge 47 46 45 44 avec la présence<br />
d’une lésion angulaire complexe.<br />
12. Après stabilisation de la maladie parodontale par débridement<br />
ultrasonore non chirurgical, la mobilité de la 47 a été réduite<br />
à un degré 2 (> 2 mm dans le plan horizontal) et un deuxième<br />
débridement de la lésion angulaire et de la furcation est réalisé pendant<br />
la chirurgie implantaire. La récupération de l’os de forage permet<br />
un comblement os d’une lésion à 2 murs. Contrôle radiographique<br />
à 6 ans.<br />
32<br />
bibliographie<br />
1. Bourgeois D, Bouchard P et al. Epidemiology of periodontal<br />
statusin dentale adults in France, 2002-2003.<br />
J Periodontal Res 2007 ; 42 (3) : 219-227.<br />
2. Furic François. Analyse critique de l’évaluation clinique des<br />
alveolyes interadiculaires. Mémoire DU de parodontologie<br />
et d’occlusodontie, Nantes 1992.<br />
3. Hou GL, Tsai CC. Relationships between periodontal furcation<br />
involvement and molar cervical enamel projection.<br />
J Periodontol 1987 ; 58 : 715-721.<br />
4. Lindhe J. Clinical periodontology and implant dentistery.<br />
3e édition, Munksgaard, 1997.<br />
Correspondance<br />
francois.furic@wanadoo.fr<br />
dépôts de plaque <strong>dentaire</strong>, il faut réaliser une<br />
chirurgie de débridement avec un lambeau<br />
muco-périosté d’épaisseur totale (fig. 10). Pour<br />
ces lambeaux d’accès, les éléments anatomiques<br />
de la région <strong>mandibulaire</strong> (nerf buccal, nerf lingual,<br />
artère faciale, muscle buccinateur) restent<br />
à distance, car notre champ d’intervention<br />
se limite à la zone crestale et à la zone juxtaosseuse<br />
des lésions parodontales, et sont ainsi<br />
emportés dans les lambeaux et donc protégés<br />
par les décolleurs chirurgicaux. Le traitement<br />
étiologique est le débridement ultrasonore du<br />
cément radiculaire et le curetage du tissu de<br />
granulation dans la lésion infra-osseuse.<br />
En cas d’indication d’implant dans cette région<br />
<strong>mandibulaire</strong>, il est impératif de traiter et de<br />
stabiliser en amont la parodontite dont la stabilisation<br />
se traduira par la disparition du saignement<br />
au sondage avec un temps d’évaluation de<br />
8 semaines à 6 mois selon la complexité des cas.<br />
Concernant les lésions parodontales résiduelles,<br />
elles peuvent être remodelées, pendant la pose<br />
des implants, par soustraction (ostéoectomie par<br />
fraisage) ou par addition (comblement osseux).<br />
L’os de fraisage implantaire récupéré dans un<br />
filtre à os est un bon moyen, très économique,<br />
d’améliorer l’architecture osseuse (fig. 11 et 12).<br />
Conclusion<br />
Il est de la responsabilité du chirurgien-dentiste<br />
de traiter et stabiliser en amont les lésions<br />
parodontales et, en cas de passage aux implants,<br />
de limiter le risque d’apparition de péri-implantites.<br />
Il faut aussi savoir refuser la demande du<br />
patient si l’observance au contrôle des dépôts<br />
bactériens n’est pas assurée. Cela est particulièrement<br />
vrai dans cette région anatomique<br />
(juste au-dessus du nerf alvéolaire) où la hauteur<br />
osseuse est parfois limitée.<br />
L’INFORMATION DENTAIRE n° 3/4 - 23 janvier 2013
Région molaire l Mandibulaire<br />
Orthodontie<br />
et molaire <strong>mandibulaire</strong><br />
34<br />
Louis-Marie Dussere<br />
DU d’Orthopédie Dento-<br />
Maxillo-Faciale Appliquée<br />
Esbly (Seine-et-Marne)<br />
La mandibule est un os particulier pour l’orthodontiste du fait<br />
de sa croissance différentielle par rapport au maxillaire. Sa croissance<br />
est complexe, tant par son mode d’ossification (origine membraneuse<br />
et cartilagineuse) que par ses modifications morphologiques.<br />
C’est le seul os mobile de la face ; il est relié à la partie postérieure<br />
de la base du crâne par l’intermédiaire des cavités glénoïdes<br />
qui se déplacent en bas et en arrière pendant la croissance. De ce fait,<br />
la croissance <strong>mandibulaire</strong> doit donc être quantitativement plus<br />
importante que celle du maxillaire, afin de conserver une articulation<br />
dento-<strong>dentaire</strong> équilibrée entre maxillaire et mandibule.<br />
Selon les courbes de Björk, la croissance condylienne se poursuit<br />
au-delà de la croissance suturale de la face et un peu au-delà<br />
de la croissance staturale, jusqu’à 22 ans chez le garçon et 18 ans<br />
chez la fille. Pour l’orthodontiste qui veut assurer la pérennité<br />
de son traitement, la bonne position de la première molaire, clé de voûte<br />
de l’occlusion, et une bonne croissance de la mandibule permettant<br />
aux dents de sagesse d’évoluer sans problème sont des objectifs<br />
primordiaux.<br />
L’INFORMATION DENTAIRE n° 3/4 - 23 janvier 2013
Région molaire l Mandibulaire<br />
36<br />
1. Illustration<br />
de la migration dans<br />
les trois sens de l’espace<br />
des dents adjacentes<br />
et antagonistes : version<br />
sagittale ou transversale<br />
et égression.<br />
1<br />
Orthodontie et première<br />
molaire <strong>mandibulaire</strong><br />
La dent de 6 ans est une dent stratégique à<br />
plusieurs titres. D’abord parce qu’elle est<br />
la première dent permanente à apparaître<br />
et que, située à un point où la force de<br />
mastication est la plus forte (ligne de tension<br />
de Langers), elle est, avec la canine, la véritable<br />
clé de voûte des arcades <strong>dentaire</strong>s et joue un rôle<br />
primordial dans l’établissement et le maintien de<br />
l’occlusion. Edward H. Angle a fondé sa classification<br />
sur la position de cette dent qu’il a dénommée<br />
« la clé de l’occlusion » et s’est basé sur sa position<br />
antéro-postérieure pour établir sa classification<br />
des malocclusions utilisée jusqu’à aujourd’hui. Sa<br />
bonne implantation au niveau tant maxillaire que<br />
<strong>mandibulaire</strong> est un objectif primordial pour l’orthodontiste.<br />
Elle est stratégique également parce que, très vulnérable<br />
à l’atteinte carieuse, elle peut être considérée<br />
comme le carrefour de tous les dangers. En<br />
effet, 80 % des caries détectées vers 10-12 ans sont<br />
situées sur cette dent et ce pour plusieurs raisons :<br />
- son caractère permanent est trop souvent<br />
méconnu de nos patients, car son éruption passe<br />
inaperçue : elle est alors confondue avec une dent<br />
temporaire ;<br />
- l’immaturité de son émail qui n’a pas encore<br />
subi sa maturation post-éruptive, c’est-à-dire qui<br />
n’a pas bénéficié en surface de la précipitation de<br />
phosphate de calcium et fluoro-phosphate de calcium<br />
;<br />
- la dentine sur dent immature qui présente des<br />
tubuli largement ouverts favorisant la prolifération<br />
rapide de la carie ;<br />
- l’immaturité pulpaire qui rend cette dent moins<br />
sensible aux différentes stimulations externes ;<br />
- la présence fréquente de dysplasies ;<br />
- la présence de sillons et fissures anfractueux qui sont<br />
des facteurs anatomiques de rétention de plaque ;<br />
- la difficulté à la nettoyer en rapport avec sa position<br />
distale dans la cavité buccale et la faible dextérité de<br />
l’enfant à cet âge.<br />
Pour toutes ces raisons, la perte de la première<br />
molaire est relativement fréquente.<br />
Les conséquences de l’extraction d’une molaire<br />
<strong>mandibulaire</strong> sont les suivantes :<br />
- perte de 50 % du niveau de l’os qui supportait la<br />
dent dans les 12 mois suivant, dont les deux tiers<br />
se produiront lors des 3 premiers mois (World J<br />
Orthod 2010) ;<br />
- migration (dite « migration secondaire ») des dents<br />
adjacentes et antagonistes (fig. 1).<br />
Il est important de noter que les conséquences de<br />
la perte d’une première molaire sont pires à<br />
la mandibule qu’au maxillaire car, à cette arcade,<br />
la mésialisation spontanée de la deuxième molaire<br />
s’accompagne de plus d’une mésio-version et d’une<br />
L’INFORMATION DENTAIRE n° 3/4 - 23 janvier 2013
2<br />
3 4<br />
rotation disto-vestibulaire. Ces migrations secondaires<br />
provoquent à moyen ou long terme des problèmes<br />
fonctionnels ou articulaires et une perte de<br />
tissus supportant les dents.<br />
C’est pourquoi le chirurgien-dentiste confronté à<br />
la perte précoce d’une molaire devra absolument<br />
mettre en œuvre tous les moyens nécessaires pour<br />
remplacer cette dent.<br />
Dans cette optique, chez le jeune patient, il aura<br />
le choix, après évaluation du potentiel éruptif et<br />
anatomique des deuxième et troisième molaires,<br />
de proposer un mainteneur d’espace pour éviter la<br />
migration secondaire des 7 et 8 ou, au contraire, de<br />
favoriser l’éruption mésiale de celles-ci.<br />
Chez un patient adulte, il devra remplacer prothétiquement<br />
la molaire perdue conformément aux<br />
recommandations de la Haute Autorité de Santé :<br />
« Il est nécessaire de proposer systématiquement<br />
l’alternative bridge ou implant à un patient ayant<br />
une molaire absente entre deux dents saines. »<br />
L’INFORMATION DENTAIRE n° 3/4 - 23 janvier 2013<br />
Dans ce dernier cas, le travail de l’orthodontiste<br />
visera à optimiser ou rendre possible ce travail prothétique<br />
en redressant l’axe des dents basculées, en<br />
ouvrant ou en refermant des espaces ou encore en<br />
ingressant les antagonistes.<br />
Correction d’axe<br />
La perte non compensée d’une molaire, la première<br />
en général, entraîne la version mésiale des deuxième<br />
et troisième molaires. Apparaissent alors :<br />
- des troubles parodontaux : formation de lésions<br />
osseuses angulaires ;<br />
- des difficultés de réalisation prothétique : parallélisation<br />
des piliers prothétiques, manque d’espace<br />
pour pose d’un implant (fig. 1).<br />
Un traitement orthodontique multi-attaches permet<br />
la correction des axes molaires et favorise la<br />
conception de la prothèse (fig. 2, 3 et 4).<br />
orthodontie<br />
37
Région molaire l Mandibulaire<br />
5 6<br />
7 8<br />
9a b c<br />
Ouverture/<br />
Fermeture d’espace<br />
Le choix entre ouverture ou fermeture<br />
d’espace se fera en fonction<br />
de l’occlusion et après concertation<br />
entre le praticien réalisant la prothèse<br />
et l’orthodontiste.<br />
Véritable révolution dans le monde<br />
orthodontique, les minivis d’ancrage,<br />
apparues il y a une quinzaine<br />
d’années, sont d’une aide précieuse<br />
pour ces mouvements (cas 1 et 2,<br />
fig. 5 à 10).<br />
38<br />
10a b<br />
c<br />
Cas 1 Ouverture d’espace<br />
5 et 6. La 33, incluse et cariée,<br />
doit être extraite (une greffe osseuse<br />
est pratiquée dans le même temps).<br />
Le plan de traitement prévoit<br />
son remplacement prothétique (implant).<br />
7 et 8. Après extraction des DDS,<br />
l’orthodontie permet, à l’aide<br />
d’une minivis ancrée dans le trigone<br />
rétro-molaire, l’ouverture d’un espace<br />
au niveau canin par distalisation<br />
des molaires et prémolaires.<br />
Cas 2 Fermeture d’espace<br />
9a à c. La 46 doit être extraite.<br />
La 47 et la 48 sont mésialées<br />
(NB : version mésiale de 36 et 37<br />
à la suite de la perte de 36).<br />
10a à c. La 47 a été<br />
mésialée. La 48, non<br />
appareillée, a suivi<br />
le déplacement grâce<br />
aux fibres transeptales<br />
(NB : redressement<br />
des axes de 37 et 38).<br />
L’INFORMATION DENTAIRE n° 3/4 - 23 janvier 2013
Ingression<br />
de l’antagoniste<br />
La perte d’une molaire <strong>mandibulaire</strong> provoque<br />
l’égression de la dent antagoniste.<br />
L’harmonie de la courbe de Spee et la cinématique<br />
<strong>mandibulaire</strong> s’en trouvent altérées,<br />
provoquant des troubles occlusaux.<br />
L’orthodontie va permettre un mouvement<br />
de la dent égressée en direction apicale afin<br />
de niveler l’arcade antagoniste (création<br />
d’une hauteur suffisante à la réalisation de<br />
la prothèse) et de retrouver une courbe de<br />
Spee harmonieuse.<br />
Ce mouvement, dangereux pour la racine<br />
(risque de résorption radiculaire), nécessite<br />
des forces légères et continues.<br />
La mise en place d’une unité d’ancrage de<br />
type minivis est une aide précieuse pour ce<br />
type de mouvement (fig. 11 à 13).<br />
L’INFORMATION DENTAIRE n° 3/4 - 23 janvier 2013<br />
11a b c<br />
12 13<br />
Maintien de l’espace<br />
Après les corrections orthodontiques, en attendant la conception de la prothèse, le<br />
maintien de l’espace est indispensable. En général, cette contention est constituée d’un<br />
fil collé sur les faces linguales des dents à l’aide d’une gouttière de transfert (fig. 14 à 16).<br />
14 15 16<br />
orthodontie<br />
11a à 13. Dans le cas présenté, la 17, égressée à la suite de la bascule<br />
mésiale de 47, doit être ingressée et dérotée pour permettre<br />
la restauration prothétique de 46. Une simple minivis d’ancrage<br />
et une seule attache collée sur 17 ont permis d’atteindre nos objectifs.<br />
Plus simplement, nous utilisons parfois un autre type de contention pour maintenir l’espace : laisser des<br />
attaches collées sur les dents adjacentes et maintien de l’espace à l’aide d’un ressort NiTi (fig. 17 à 20).<br />
17 18 19 20<br />
39
Région molaire l Mandibulaire<br />
Chez l’adulte, après un traitement orthodontique,<br />
l’occlusion doit être physiologique et stable à long<br />
terme. C’est pourquoi, en plus de la contention et<br />
afin d’assurer une bonne stabilité fonctionnelle,<br />
une équilibration occlusale est systématiquement<br />
effectuée afin de répartir de façon équilibrée les<br />
pressions sur l’ensemble des éléments <strong>dentaire</strong>s.<br />
Conclusion<br />
L’orthodontie de la molaire <strong>mandibulaire</strong> s’inscrit<br />
dans un concept de dentisterie pluridisciplinaire,<br />
car c’est avant tout une orthodontie préprothétique<br />
visant à favoriser, à optimiser et à pérenniser la réalisation<br />
d’une prothèse.<br />
Cette phase orthodontique, même si elle augmente<br />
le coût et la durée totale du traitement, permet au<br />
final une dentisterie plus conservatrice.<br />
40<br />
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bibliographie<br />
1. Hoffman T. A propos du diagnostic et du traitement de la<br />
perte des premières molaires permanentes. Rev Orthop<br />
Dento Fac 1987 ; 21 : 449-463.<br />
2. Matteson S.R. Extreme distal migration of the mandibular<br />
second bicuspid. Angle Orthodont 1978 ; 1 : 11-18.<br />
3. Plint DA. The effect on the occlusion of the loss of one or<br />
more first permanent molars (with special reference to<br />
the third molar). Eur Orthod Soc 1970 ; 329-336.<br />
4. Yavuz I. Effects of early loss of permanent first molars on<br />
the development of third molars. Am J Orthod Dentofac<br />
Orthop 2006 ; 130 : 634-663.<br />
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Librairie<br />
L’INFORMATION DENTAIRE n° 3/4 - 23 janvier 2013
d’encombrement incisif à la mandibule<br />
est souvent constatée chez le jeune<br />
adulte dans la même période que l’évolution<br />
des troisièmes molaires (18-25 ans). Ainsi,<br />
L’apparition<br />
l’association entre dysharmonie dentomaxillaire<br />
et poussée des dents de sagesse s’est installée<br />
et a conduit les praticiens à pratiquer presque systématiquement<br />
les avulsions des troisièmes molaires.<br />
Or, si l’éruption des troisièmes molaires <strong>mandibulaire</strong>s<br />
peut en effet influencer l’encombrement antérieur, ce<br />
n’est pas un déterminant unique et les autres facteurs<br />
sont :<br />
• La croissance tardive de la mandibule : apparition<br />
de mouvements postéruptifs (bascule linguale des<br />
incisives) pour s’adapter à la croissance osseuse différentielle<br />
du maxillaire par rapport à la mandibule (Bjork : le<br />
chevauchement incisif secondaire serait le fait du blocage<br />
incisif pendant la croissance <strong>mandibulaire</strong> terminale par<br />
les incisives supérieures stoppant les inférieures qui sont<br />
obligées de changer d’axe).<br />
• La forme et la taille des incisives : largeur mésiodistale<br />
importante et/ou forme triangulaire induisant un<br />
point de contact petit, ce qui a pour conséquence un alignement<br />
des dents instable.<br />
• La pression des tissus mous : physiologiquement,<br />
le tonus labio-mentonnier est beaucoup plus important<br />
qu’avant.<br />
• Les facteurs évolutifs (phylogénèse) : des études<br />
menées sur les peuples aborigènes d’Australie (Begg)<br />
montrent une absence d’encombrement due à une attrition<br />
importante des contacts inter-proximaux (mouvements<br />
postéruptifs vers une position plus antérieure pour<br />
compenser l’abrasion occlusale et pour pallier l’usure<br />
inter-proximale).<br />
L’INFORMATION DENTAIRE n° 3/4 - 23 janvier 2013<br />
orthodontie<br />
Orthodontie et troisième<br />
molaire <strong>mandibulaire</strong><br />
Conserver ou extraire<br />
les dents de sagesse ?<br />
L’avulsion des troisièmes molaires est un geste<br />
chirurgical qui peut s’accompagner de complications<br />
plus ou moins graves tels qu’alvéolites, atteinte<br />
du nerf lingual, lésions du nerf mentonnier (en cas<br />
de décharge verticale à l’aplomb des prémolaires),<br />
atteinte du nerf buccal (si, en cas de décharge postérieure,<br />
l’incision le long du bord antérieur de la<br />
branche <strong>mandibulaire</strong> est d’épaisseur totale), infections,<br />
hémorragies, traumatisme des dents voisines,<br />
lésion de l’ATM, fractures <strong>mandibulaire</strong>s, trismus<br />
sévères…<br />
Au vu de ses connaissances, le praticien devra donc<br />
évaluer le ratio risque/bénéfice pour son patient.<br />
• Contexte favorable à extraction :<br />
- dent incluse ou enclavée asymptomatique et espace<br />
disponible insuffisant ;<br />
- lésion péri-apicale non traitable ;<br />
- atteinte des tissus durs (carie) non accessible aux<br />
soins conservateurs ;<br />
- péricoronarites, répétées ou non, compliquées d’abcès<br />
ou non ;<br />
- fracture ;<br />
- atteinte (osseuse ou carie) à la face distale de deuxième<br />
molaire ;<br />
- si risque de résorption radiculaire de la deuxième<br />
molaire ;<br />
- nécessité orthodontique (dans le cadre d’une distalisation<br />
de la 2e molaire par exemple) ;<br />
- absence d’antagoniste.<br />
41
Région molaire l Mandibulaire<br />
42<br />
• Contexte favorable à conservation :<br />
- dent incluse ou enclavée asymptomatique et espace disponible suffisant ;<br />
- si le risque le chirurgical dépasse le bénéfice escompté ;<br />
- si besoin d’un support postérieur de prothèse ;<br />
- pour un maintien de la Dimension Verticale d’Occlusion ;<br />
- utilisation de la DDS comme transplant pour compenser l’absence d’une autre dent ;<br />
- les progrès futurs de la science font que la troisième molaire représente un capital de tissus<br />
autologues pour la régénération des tissus <strong>dentaire</strong>s qui pourraient prochainement remplacer<br />
des dents perdues (technique restant à valider…).<br />
Aide à la décision<br />
Avant de prendre la décision d’extraire les dents de<br />
sagesse <strong>mandibulaire</strong>s asymptomatiques pour raison<br />
orthodontique, il faudra :<br />
• Analyser le plus précisément possible<br />
l’espace disponible<br />
- Pour les orthodontistes (à partir d’un cliché du crâne de profil<br />
et selon l’analyse céphalométrique de Ricketts) (fig. 1) :<br />
- Pour les omnipraticiens (à partir d’un cliché panoramique) :<br />
Évolution favorable si diamètre mésio-distal de la DDS mesuré<br />
sur la radio (espace nécessaire) = distance entre face distale de M2<br />
et bord antérieur du Ramus (espace disponible)<br />
• Analyser la direction d’éruption<br />
- Position du germe par rapport à la deuxième molaire et au<br />
canal du nerf alvéolaire inférieur susceptible de développer une<br />
pathologie (fig. 2)<br />
Évolution favorable<br />
si la distance entre<br />
la face distale<br />
de M2 à XI > 30 mm<br />
(XI = point milieu<br />
du Ramus)<br />
• Choisir le moment opportun pour extraire<br />
- L’énucléation du germe de la troisième molaire entre 7 et 9 ans n’est pas une pratique acceptable actuellement.<br />
- Si l’indication d’avulsion est posée, celle-ci doit se faire avant l’édification complète de la racine (qui a lieu entre<br />
18 et 25 ans) pour éviter la perte de tissus parodontaux. Idéalement, il faudrait intervenir après éruption de la 7, au<br />
stade compris entre la moitié et le tiers de l’édification radiculaire, et attendre que la dent ne soit plus complètement<br />
recouverte de tissus osseux (fig. 3, 4 et 5).<br />
3 4 5<br />
3 et 4. Attendre.<br />
1<br />
2<br />
5. Extraire.<br />
L’INFORMATION DENTAIRE n° 3/4 - 23 janvier 2013
6<br />
7<br />
bibliographie<br />
1. Korbendau JM, Korbendau X. L’extraction de la dent de sagesse.<br />
Quintessence Int. 2011.<br />
2. Langlade M. Thérapeutique orthdontique. 2e éd., Maloine éd. Paris,<br />
1978.<br />
3. Haroun A. Bulletin d’UNIODF 2008. 37 ; 22-37 DOI : 10.1051/<br />
uniodf/200837022<br />
4. HAS. Recommandations sur l’avulsion des troisièmes molaires<br />
(http://www.has-sante.fr/portail/upload/docs/application/pdf/<br />
Traitement_orthop_dento_faciale_rap.pdf)<br />
5. Richardson M. Late lower arch crowding : the effect of second molar<br />
extraction. Am j Orthod Dentofacial Orthop 1990 ; 98 : 242- 246.<br />
Correspondance<br />
cabinet<strong>dentaire</strong>.dussere@wanadoo.fr<br />
L’INFORMATION DENTAIRE n° 3/4 - 23 janvier 2013<br />
orthodontie<br />
Conclusion<br />
La question de la conservation ou de l’avulsion des<br />
troisièmes molaires n’est pas clairement résolue.<br />
Si une certaine unanimité existe concernant les<br />
indications d’avulsion des DDS pathologiques,<br />
délabrées ou à l’origine de péricoronarites récidivantes,<br />
les indications orthodontiques d’extraction<br />
de troisièmes molaires asymptomatiques en<br />
vue de diminuer le chevauchement des incisives<br />
<strong>mandibulaire</strong>s sont controversées, car l’évolution<br />
des troisièmes molaires reste imprévisible, ce qui<br />
est confirmé par un rapport de la Haute Autorité<br />
de Santé (HAS) selon lequel les DDS se mettent<br />
finalement en place correctement chez 44 % des<br />
jeunes adultes (étude menée auprès de 243 adultes<br />
âgés de 20 ans, dont les résultats ont été présentés<br />
dans un rapport de la HAS [ex-ANAES], 1997)<br />
(fig. 6 et 7).<br />
6. Williams S, Andersen CE. Incisor stability in patients with anterior<br />
rotational mandibular growth. Angle Orthod 1995 ; 65 : 431-442.<br />
7. Van Der Linden FR. De la denture temporaire à la denture permanente.<br />
Rev Orthop Dento Faciale 1979 ; 13 : 437-473.<br />
8. Le Gall M et coll. De la récidive. Rapport SFODF Marseille 1999 :<br />
70 (1).<br />
9. Bacon W, De Beaucorps A, Hildwein M. L’orthodontiste et la troisième<br />
molaire en développement. Med Bucc Chir Bucc 2001 ; 7 (2) :<br />
79-87.<br />
10. Gaudy JF, Charrier JL, Bilweis C, Cannas B. Anatomie clinique.<br />
Edition CdP, 2007.<br />
43
Région molaire l Mandibulaire<br />
L’INFORMATION DENTAIRE n° 3/4 - 23 janvier 2013<br />
l’angle de l’expert<br />
La particularité régionale<br />
<strong>mandibulaire</strong> postérieure<br />
sous l’angle de l’expert<br />
Laure Tisserand<br />
Expert près la Cour d’Appel<br />
de Besançon<br />
Jacques Bitton<br />
Expert près la Cour d’Appel<br />
de Besançon<br />
La région <strong>mandibulaire</strong> postérieure est complexe par son anatomie<br />
et les structures nobles immédiatement proches. Y prodiguer<br />
des soins sereinement implique une bonne connaissance du terrain.<br />
À mieux y regarder, la région molaire <strong>mandibulaire</strong> apparaît comme<br />
« la zone de tous les dangers », concentrant une importante partie<br />
des préjudices, pour la plupart liés à l’atteinte du nerf lingual<br />
et du nerf alvéolaire inférieur, avec malheureusement des lésions<br />
qui peuvent se révéler irréversibles. Toutefois, il va de soi que<br />
les notions de responsabilité exposées ne se limitent pas à la seule<br />
région molaire <strong>mandibulaire</strong> et sont à étendre à l’exercice de tout<br />
notre art. Ainsi, les obligations et leurs conséquences en cas<br />
de non-respect ne se différencient pas selon les zones anatomiques<br />
d’intervention. Il ne saurait être question ici d’élaborer un précis<br />
de responsabilités pour le chirurgien-dentiste. Il s’agit plutôt<br />
d’évoquer des notions simples, essentielles et pratiques permettant<br />
la mise en œuvre de procédures facilement applicables.<br />
45
Région molaire l Mandibulaire<br />
1<br />
Les sinistres<br />
re partie<br />
Dans un souci didactique,<br />
nous avons choisi<br />
de présenter ici les sinistres<br />
les plus décrits<br />
et faisant l’objet<br />
de nombreuses procédures.<br />
Ils correspondent<br />
majoritairement<br />
à des lésions irréversibles.<br />
Un même sinistre peut<br />
parfois avoir plusieurs<br />
causes, de même<br />
qu’un acte peut produire<br />
plusieurs dommages.<br />
Notre liste est non exhaustive,<br />
mais dresse un panorama<br />
de la jurisprudence actuelle.<br />
46<br />
Lésions neurologiques<br />
Lésion du nerf lingual<br />
1. Illustration d’une mandibule en 3D.<br />
La clinique<br />
Un article de Hillerup (2007) [5] clarifie les données cliniques<br />
: sur 449 cas de lésions trigéminales périphériques,<br />
secondaires à des chirurgies orales mineures, le nerf lingual<br />
est touché dans 58 % des cas, alors que le nerf alvéolaire<br />
inférieur l’est dans 33 % des cas. C’est donc la lésion<br />
la plus fréquente, dont la cause principale est l’avulsion de<br />
la dent de sagesse. Dans la population générale, le risque<br />
lésionnel lors de cet acte d’extraction est situé, selon les<br />
experts, entre 2 et 4 %. Le rapport 2011 du Sou Médical<br />
sur la sinistralité des chirurgiens-dentistes [10] fait état<br />
de 15 lésions du nerf lingual sur 54 suites d’extraction et<br />
conséquences d’anesthésie.<br />
Les conséquences sont d’ordre sensitif, avec des manifestations<br />
de type paresthésies, dysesthésies ou encore plus<br />
rarement allodynies. Des troubles sensoriels, de type<br />
hypogueusie, sont également décrits.<br />
Sous le regard du neurologue, trois types de dommages<br />
sont décrits, permettant une prédictibilité de la récupération<br />
clinique :<br />
L’INFORMATION DENTAIRE n° 3/4 - 23 janvier 2013
- neuropraxie (grade I) : léger dommage axonal<br />
engendrant un arrêt ou une diminution de la<br />
conduction nerveuse avec recouvrement spontané<br />
après quelques jours ou quelques semaines. Elle est<br />
souvent induite par la compression mécanique d’un<br />
écarteur ;<br />
- axonotmésis (grade II) : section de l’axone,<br />
mais continuité des enveloppes autorisant la régénération.<br />
Il faut en moyenne 80 à 100 jours pour<br />
réparer un nerf lingual<br />
- neurotmésis (grades III à V) : lésions de<br />
l’axone, de la gaine myélinique et de l’épinèvre. Il<br />
n’y a pas de possibilité de régénération spontanée,<br />
seule la microchirurgie peut apporter une solution.<br />
La particularité du nerf lingual est la variabilité de<br />
son trajet anatomique entre individus et pour un<br />
même individu d’un côté à l’autre. Aucun élément<br />
radiographique ou même clinique ne permet d’anticiper<br />
sa position. Le respect strict des consignes<br />
opératoires (tracé d’incision, décollement en épaisseur<br />
totale avec préservation du périoste, protection<br />
du lambeau lingual, visibilité…) est plus que jamais<br />
garant de la sécurité [1].<br />
La jurisprudence<br />
Cour d’appel de Lyon du 28 février 2012 :<br />
faute technique<br />
« Mme Y a été hospitalisée en vue<br />
d’une thérapeutique cardiaque. Ensuite<br />
de la découverte d’un kyste autour de la dent<br />
de sagesse n° 48, il est apparu nécessaire<br />
de procéder préalablement à son extraction.<br />
Le 9/7/2003, Mme D a procédé à l’avulsion<br />
de cette dent qui a entraîné une lésion du nerf<br />
lingual (…).<br />
(…) L’expert judiciaire a écarté l’existence d’un risque<br />
particulier de lésion du nerf lingual propre<br />
à la physiologie de Mme Y, ce qui n’est pas contesté<br />
par Mme D. Il ajoute que la lésion par arrachement<br />
du nerf lingual n’est pas une fatalité ; que Mme D<br />
n’a pas pris la précaution nécessaire préalable<br />
de repérer, puis de protéger ce nerf, qui a bien été<br />
lésé par une maladresse technique résultant<br />
de ce défaut de précaution (…).<br />
(…) Elle exerçait la profession de conseillère<br />
financière dans une banque à la date de l’intervention<br />
pratiquée par Mme D.<br />
Le professeur C constate que plus de six ans après<br />
l’intervention litigieuse, Mme Y présente toujours une<br />
anesthésie dans le territoire du nerf lingual droit, qui<br />
génère des difficultés alimentaires, gustatives.<br />
L’INFORMATION DENTAIRE n° 3/4 - 23 janvier 2013<br />
l’angle de l’expert<br />
La langue a perdu toute sensorialité et sensibilité<br />
du côté lésé, ainsi que ses repères somesthésiques<br />
de protection (morsures) (…). L’incidence<br />
professionnelle est importante du fait de la perte<br />
des repères gnoso-praxiques de la langue<br />
à droite dans la fonction de phonation, donc<br />
dans la communication verbale professionnelle.<br />
Le chuintement et les modifications mimiques<br />
de verbalisation entrent dans le préjudice<br />
fonctionnel (…). »<br />
Cour d’appel de Rouen du 9 février<br />
2011 : absence de faute technique,<br />
mais défaut d’information<br />
« Le 20 mars 2003, Mme X a subi l’extraction<br />
de deux dents de sagesse pratiquée par<br />
le Dr Y. À la suite de complications survenues<br />
après cette intervention, soit, notamment,<br />
une alvéolite bilatérale au niveau des zones<br />
d’extraction, une mycose linguale et, surtout,<br />
une hypoesthésie linguale gauche (lésion du nerf<br />
de la langue) (…).<br />
Ainsi, aucun manquement aux règles de l’art<br />
n’est établi à l’encontre du Docteur Y et, en l’état<br />
du risque de lésion afférent à l’extraction<br />
de cette dent particulière (la troisième molaire)<br />
souligné par les études ci-dessus rappelées,<br />
l’atteinte du nerf lingual subie par sa patiente<br />
ne suffit pas à elle seule à prouver la maladresse<br />
du Docteur Y au cours de l’intervention.<br />
Il est ainsi démontré que l’insensibilisation<br />
partielle de l’hémi-langue gauche subie<br />
par Mme X est survenue en dehors de toute<br />
faute du Docteur Y et qu’elle constitue un risque<br />
accidentel inhérent à l’acte médical pratiqué<br />
et qui ne pouvait être maîtrisé (…).<br />
(…) En revanche, les griefs relatifs<br />
au manquement à l’obligation d’information<br />
pesant sur le Docteur Y apparaissent fondés.<br />
Or le Docteur Y, qui n’a fait signer aucun écrit<br />
à sa patiente et soutient lui avoir, au cours<br />
d’entretiens préalables, donné verbalement toute<br />
information utile sur ce point particulier,<br />
ce que Mme X conteste, a cependant admis<br />
devant l’expert judiciaire qu’il n’était pas possible<br />
de “tout dire”. Ce dernier indique clairement<br />
que le risque d’atteinte neurologique définitive<br />
n’a pas été exposé (…). En cet état,<br />
la Cour retiendra qu’en effet Mme X n’a pas été<br />
complètement informée du risque neurologique<br />
inhérent à l’intervention (…). »<br />
47
Région molaire l Mandibulaire<br />
2a b<br />
2. Expertise judiciaire 2011 (Dr Bitton) :<br />
46 avant (a) et après traitement radiculaire (b).<br />
48<br />
Cour d’appel de Poitiers du 12 janvier<br />
2011 : absence de faute technique<br />
et respect du devoir d’information<br />
« Mlle Y a été opérée le 12 janvier 2004<br />
par le Docteur X, laquelle lui a extrait<br />
les quatre dents de sagesse sous anesthésie<br />
générale (…).<br />
Au regard des éléments cliniques,<br />
des difficultés prévisibles au seul vu<br />
de la radiographie panoramique telles<br />
que relevées ci-dessus, les notes<br />
du Docteur X quant au contenu des deux<br />
entretiens préopératoires avec alertes<br />
de la patiente sur les difficultés prévisibles,<br />
notamment sur les dents 38 et 48,<br />
caractérisent un ensemble concordant<br />
de présomptions au sens de l’article 1353<br />
du Code civil démontrant que le Docteur X<br />
a informé Mlle Y des risques d’atteinte<br />
aux nerfs <strong>dentaire</strong>s et linguaux et des<br />
conséquences pouvant en résulter (…). »<br />
En dehors de toute faute technique<br />
dûment avérée, l’expert conclura à un aléa<br />
thérapeutique sous réserve que l’indication<br />
opératoire a été parfaitement posée et le suivi<br />
postopératoire correctement assuré.<br />
Cette position n’exclut pas la recherche<br />
d’un éventuel défaut d’information (voir<br />
paragraphe analyse médico-légale).<br />
Lésion du nerf alvéolaire<br />
inférieur (NAI)<br />
La clinique<br />
Toujours selon l’étude de Hillerup [5], sur 449<br />
lésions trigéminales périphériques faisant suite à<br />
des actes de chirurgies orales, le NAI est lésé dans<br />
33 % des cas. Selon le rapport d’activité du Sou<br />
Médical [10] sur la sinistralité en responsabilité<br />
médicale, il est recensé en 2011 :<br />
- 17 cas d’atteinte du NAI sur 54 complications en<br />
suite d’extractions ;<br />
- 19 cas de dépassements d’obturations canalaires<br />
ayant entraîné, entre autres, des lésions nerveuses<br />
(incidence non communiquée) ;<br />
- 11 cas de lésions dans le cadre de la pratique<br />
implantaire.<br />
L’éventail des sensations anormales du NAI inclut<br />
des dysesthésies plus ou moins gênantes, des<br />
tableaux douloureux variables allant de la douleur<br />
continue légère à type de brûlure ou tiraillements<br />
jusqu’à des décharges électriques paroxystiques.<br />
Des signes d’allodynie locale à la mobilisation <strong>dentaire</strong><br />
ou à la palpation du site osseux sont également<br />
décrits. Le territoire de ressenti est celui du V3 ou<br />
autres branches du trijumeau.<br />
Les hypoesthésies, voire paresthésie labio-<br />
mentonnières, s’accompagnent d’une incontinence<br />
labiale et de la perte des réflexes de protection<br />
(morsure).<br />
Les lésions peuvent s’observer à la suite de traitements<br />
radiculaires des molaires <strong>mandibulaire</strong>s. La<br />
proximité du nerf avec ces dents explique la fréquence<br />
des incidents au premier rang desquels se<br />
trouvent les 2 e molaires et, plus rarement, les 1re<br />
molaires et prémolaires [9].<br />
L’exemple illustré par les clichés rétro-alvéolaires<br />
2a et 2b est riche d’enseignements : traitement<br />
radiculaire non justifié, technique non conforme<br />
aux connaissances médicales avérées, paresthésie<br />
labio-mentonnière droite. La patiente a dû subir<br />
une extraction associée à l’ablation du matériau<br />
d’obturation sans récupération sensitive.<br />
D’autres thérapeutiques peuvent engendrer une<br />
attente du NAI : prélèvement osseux rétro-molaire,<br />
chirurgie implantaire.<br />
L’INFORMATION DENTAIRE n° 3/4 - 23 janvier 2013
3a b<br />
3. Radiographies rétro alvéolaires avant (a) et après (b) pose de l’implant.<br />
La jurisprudence<br />
Cour d’appel de Nancy du 10 mai 2011 :<br />
avulsion de 38 et 48 suivies de névralgies<br />
et dysesthésie du NAI, faute technique<br />
« Le 24 novembre 1994, le Dr X a procédé<br />
à l’extraction des deux dents 38 et 48.<br />
L’intervention complexe a duré environ<br />
1 h 15 - 1 h 30 et a été marquée par un important<br />
hématome du côté gauche. Mme Y a souffert<br />
ensuite de douleurs dans la région de la dent 38,<br />
nécessitant la prise d’antalgiques, mais le Dr X<br />
lui a indiqué qu’il fallait attendre environ<br />
trois ans pour que ces douleurs se résorbent (…).<br />
Une nouvelle intervention a été proposée à Mme Y,<br />
qui a été réalisée par le Dr X le 14 janvier 1999.<br />
Celle-ci n’a pas fait disparaître les douleurs (…).<br />
(…) l’atteinte du nerf est directement liée<br />
à l’opération du 24 novembre 1994, consécutive<br />
au geste chirurgical de Mme Y (…).<br />
(…) qu’il s’ensuit que sa faute ne peut être exclue<br />
en faveur d’un aléa thérapeutique, qui est<br />
un risque inhérent à l’acte médical ne pouvant être<br />
maîtrisé, et qu’il y a lieu de retenir à son encontre<br />
un manquement à l’obligation de précision dans<br />
le geste chirurgical, d’autant qu’elle a reconnu<br />
lors des premières opérations d’expertise avoir<br />
touché et abîmé un nerf (…).<br />
(…) que la responsabilité du Dr X ne découle pas<br />
ainsi d’une obligation de sécurité résultat,<br />
mais d’une faute (…). »<br />
L’INFORMATION DENTAIRE n° 3/4 - 23 janvier 2013<br />
l’angle de l’expert<br />
Expertise judiciaire (Dr Bitton, 2005)<br />
Tribunal de Grande Instance de Mulhouse<br />
du 30 janvier 2007 : pose d’un implant<br />
en 46 (3a et b), paresthésie, allodynie,<br />
faute technique<br />
« Attendu qu’il résulte du rapport d’expertise<br />
médicale en date du 20 mai 2005 que l’acte<br />
de chirurgie implantaire réalisé le 4 juin 2003<br />
par le Docteur F a entraîné une allodynie<br />
et une paresthésie par compression du pédicule<br />
<strong>mandibulaire</strong> droit ; que la faute du praticien a<br />
eu pour conséquence, dans un premier temps,<br />
une anesthésie au niveau de lèvre inférieure droite,<br />
des dents 41 à 45 et de toute la région mentonnière<br />
en rapport ; que devant la persistance<br />
des symptômes, la dépose de l’implant a été réalisée<br />
le 16 juillet 2003 ; que trois jours après<br />
sont apparues de vives douleurs, spontanées<br />
et à l’effleurement, de la lèvre inférieure droite<br />
et de la région mentonnière en rapport (…).<br />
(…) Attendu qu’il résulte de tout ce qui précède<br />
que la créance de Madame B s’élève à la somme<br />
de 22 034,44 € (…). »<br />
49
Région molaire l Mandibulaire<br />
4a<br />
4a. Panoramique avant extractions des 3e molaires.<br />
4b. Coupe vestibulo-linguale du dentascan secteur 38.<br />
50<br />
La fracture <strong>mandibulaire</strong><br />
La clinique<br />
La fracture de l’angle <strong>mandibulaire</strong> est une<br />
complication exceptionnelle de l’extraction<br />
de la dent de sagesse <strong>mandibulaire</strong>. Certaines<br />
conditions particulières favorisent la survenue<br />
de cet accident :<br />
- inclusion basse (fig. 4a et 4b) ;<br />
- ostéotomie excessive ;<br />
- geste technique mal contrôlé ;<br />
- avulsion dans un contexte osseux fragile et<br />
ostéoporotique ;<br />
- kyste péricoronaire volumineux.<br />
Elle se manifeste par un craquement évocateur<br />
associé à une douleur. Le tableau clinique<br />
est le plus souvent le suivant : mobilité<br />
des segments osseux, hémorragie importante,<br />
trouble de l’occlusion.<br />
Elle peut parfois rester silencieuse et se révéler<br />
dans un second temps par des douleurs.<br />
Elle est confirmée par l’imagerie [12].<br />
Des cas de fractures angulaires ont été constatés<br />
à la suite de prélèvements ramiques. Selon<br />
F Khoury [8], sur 968 prélèvements ramiques,<br />
1 fracture a été recensée. Le risque de survenue,<br />
dans ces situations de greffes, semble<br />
culminant dans les trois semaines suivant<br />
l’intervention, lorsque le patient reprend un<br />
mode alimentaire normal.<br />
4b<br />
La jurisprudence<br />
Cour d’appel de Nîmes du 27 septembre<br />
2005 : absence de faute technique,<br />
non-respect du devoir d’information<br />
Il s’agit de l’avulsion d’une 38 incluse en 1999<br />
sous anesthésie générale. Les suites opératoires<br />
immédiates sont les suivantes : « Douleurs irradiantes,<br />
gêne à la mastication et paresthésie. » Diagnostic,<br />
deux mois plus tard, d’une fracture de l’angle<br />
<strong>mandibulaire</strong> gauche sans déplacement.<br />
Cicatrisation spontanée quatre mois après le diagnostic,<br />
mais persistance d’une anesthésie labio-mentonnière<br />
gauche avec gêne persistante à la mastication<br />
et incontinence salivaire. La faute technique n’a pas<br />
été retenue, mais le défaut d’information a, lui, été<br />
sanctionné.<br />
« (…) La Cour relève que le Dr X a pris toutes<br />
es précautions conformes aux données acquises<br />
de la science (…) que la fracture et l’anesthésie due<br />
à l’atteinte du nerf sont (…) la conséquence inévitable des<br />
anomalies présentées par la position ectopique<br />
de la dent et le trajet du nerf ; que la faute du Dr X<br />
doit donc être écartée (…). Qu’aucune pièce ne prouve<br />
l’exécution par le Dr X de l’obligation d’information<br />
sur la nature et la gravité des risques encourus (…) ;<br />
que le caractère médicalement nécessaire<br />
de cette opération ne dispensait par le Dr X<br />
de son obligation d’information (…). »<br />
L’INFORMATION DENTAIRE n° 3/4 - 23 janvier 2013
5<br />
5. Coupe vestibulo-linguale en secteur 35<br />
lexique<br />
L’allodynie est une douleur suscitée<br />
par un stimulus qui n’est normalement pas<br />
ressenti comme douloureux.<br />
Paresthésie : altération de la sensibilité<br />
ou de la motricité. Les formes communes<br />
sont le fourmillement (si touche les nerfs<br />
sensitifs) ou engourdissement (si touche<br />
les nerfs moteurs).<br />
Dysesthésie : diminution (hypoesthésie)<br />
ou exagération (hyperesthésie) de la sensibilité.<br />
Agueusie : perte du sens gustatif.<br />
Hypogueusie : diminution du sens gustatif.<br />
L’INFORMATION DENTAIRE n° 3/4 - 23 janvier 2013<br />
l’angle de l’expert<br />
Chirurgie orale<br />
Les autres actes de chirurgie orale peuvent aussi<br />
entraîner des dommages. Citons les résections<br />
apicales, lambeaux de chirurgie parodontale,<br />
les exérèses des lésions muqueuses.<br />
Illustration par deux cas<br />
Le premier, issu de la Cour d’appel de Paris du<br />
19 octobre 2007. En 2001, un praticien pose des<br />
implants <strong>mandibulaire</strong>s postérieurs gauches. Les suites<br />
opératoires sont silencieuses, mais une réintervention de<br />
suture est réalisée trois semaines plus tard. À l’issue de<br />
celle-ci apparaissent « une paresthésie du menton et une<br />
hyperesthésie labiale ». La responsabilité du praticien est<br />
reconnue pour maladresse.<br />
Le deuxième cas est rapporté par le Dr Bitton à la suite<br />
d’une expertise judiciaire datée de 2007. Il s’agit d’une<br />
résection apicale sur 35 réalisée par un médecin ORL.<br />
Le geste s’avérera non indiqué, car prescrit pour des douleurs<br />
persistantes liées en réalité à une algie faciale idiopathique.<br />
Absence de compte rendu opératoire, image<br />
du dentascan éloquente (fig. 5) et conséquence clinique<br />
prévisible (anesthésie labio-mentonnière).<br />
Risque analgésique<br />
La bibliographie et l’adresse de correspondance figurent en page 54.<br />
Des cas de pertes transitoires de sensibilités sur les territoires<br />
du nerf alvéolaire inférieur et du nerf lingual ont<br />
été recensés.<br />
La fracture de l’aiguille lors de l’analgésie régionale en<br />
cas de non-respect du matériel préconisé existe également<br />
[2]. Un cas documenté a fait l’objet d’une procédure<br />
judiciaire dont les conséquences cliniques sont des<br />
douleurs constantes associées à des migraines (Cour<br />
d’appel de Lyon du 1 er juin 2006).<br />
51
Région molaire l Mandibulaire<br />
52<br />
2 e partie<br />
L’analyse<br />
médico-légale<br />
Nous avons, dans une première partie, établi une liste non exhaustive des sinistres<br />
de la région molaire <strong>mandibulaire</strong> et de leur jurisprudence. Nous consacrerons<br />
cette deuxième partie à l’analyse médico-légale qui en découle.<br />
La responsabilité d’un praticien est engagée si<br />
trois éléments sont réunis : un dommage, un<br />
fait dommageable et un lien de causalité entre<br />
les deux. La charge de la preuve incombe au<br />
patient qui dispose pour cela de la faculté de<br />
solliciter des opérations d’expertise amiable ou judiciaire.<br />
Pour simplifier les faits dommageables, nous les classerons<br />
en deux catégories : la faute et le fait des choses.<br />
Le fait des choses C’est l’obligation de sécuritérésultat<br />
: produits, dispositifs médicaux, entretien du<br />
matériel, sécurité sanitaire, etc. Ce point particulier ne<br />
sera pas développé ici.<br />
La faute<br />
• La faute technique : erreur dans le choix de la technique,<br />
faiblesse des moyens mis en œuvre (bilan radio,<br />
bilan médical, etc.) et la faute opératoire.<br />
• La faute contre l’humanisme : défaut d’information et<br />
de consentement éclairé.<br />
1. Illustration d’une mandibule en 3D.<br />
La faute technique<br />
Elle correspond à l’utilisation d’une technique<br />
non conforme aux connaissances médicales avérées.<br />
La limitation des risques passe par une formation<br />
continue régulière ainsi que par la connaissance<br />
des préconisations des rapports d’experts.<br />
Il est alors possible de créer des procédures à respecter<br />
avant la mise en œuvre de nos actes quotidiens,<br />
comme :<br />
• Traitement radiculaire :<br />
- indication du traitement<br />
- cliché préopératoire<br />
- cliché peropératoire, instruments en place et/<br />
ou utilisation d’un localisateur d’apex<br />
- cliché postopératoire<br />
L’INFORMATION DENTAIRE n° 3/4 - 23 janvier 2013
• Avulsion de dent de sagesse incluse <strong>mandibulaire</strong><br />
[4] :<br />
- indication de l’avulsion<br />
- âge<br />
- contexte local<br />
- cliché rétro-alvéolaire ou panoramique préopératoires<br />
- dentascan ou cone beam si nécessaire<br />
- technique opératoire : analgésie, incisions, protection<br />
du nerf lingual, section de la dent, etc.<br />
- suivi postopératoire<br />
- information et consentement éclairé<br />
• Chirurgie implantaire :<br />
- bilan radiographique (dont dentascan ou cone<br />
beam)<br />
- guide chirurgical à partir du projet prothétique<br />
- technique opératoire<br />
- suivi postopératoire<br />
- information et consentement éclairé<br />
La faute contre l’humanisme<br />
Elle correspond au défaut d’information et donc à<br />
l’absence du consentement libre et éclairé du patient.<br />
Ces éléments ont été clairement définis par la loi du<br />
4 mars 2002, ou loi relative « aux droits des malades<br />
et à la qualité du système de santé ». Du fait de l’importance<br />
des sinistres de la région molaire <strong>mandibulaire</strong>,<br />
elle doit attirer notre attention.<br />
L’information délivrée au patient<br />
• Avant le traitement :<br />
- investigations, traitements ou actions de prévention<br />
proposés, coût et conditions de prise en charge<br />
- utilité, urgence<br />
- suites postopératoires prévisibles<br />
- risques fréquents ou graves normalement prévisibles<br />
- conséquences en cas d’échec<br />
- conséquences en cas de refus du traitement<br />
• Au cours du traitement :<br />
- informations régulières<br />
- changements dans le plan de traitement<br />
- problèmes rencontrés<br />
• Après le traitement :<br />
- précautions à prendre<br />
- information sur la nécessité de contrôles périodiques<br />
L’INFORMATION DENTAIRE n° 3/4 - 23 janvier 2013<br />
l’angle de l’expert<br />
Le praticien ne peut pas intervenir sans le consentement<br />
libre et éclairé du patient et ce consentement peut être<br />
retiré à tout moment. Or ce consentement est donné à<br />
partir d’une information claire, loyale et appropriée.<br />
Cette notion a progressivement évolué depuis quelques<br />
années. Mieux encore, la Cour de Cassation a multiplié<br />
les arrêts transformant une obligation contractuelle en<br />
droit fondamental du patient. Nous pouvons dire que<br />
le défaut d’information est systématiquement recherché<br />
même en l’absence de faute technique. Cela devient une<br />
des sources majeures de contentieux.<br />
Jusqu’en 2010, la Cour de Cassation estimait que :<br />
« (…) la violation d’une obligation d’information ne peut<br />
être sanctionnée qu’au titre de la perte de chance subie<br />
par le patient d’échapper par une décision peut-être plus<br />
judicieuse, au risque qui s’est finalement réalisé » Cass.<br />
Civ 07/12/2007<br />
Cette perte de chance était alors quantifiée selon l’importance<br />
du préjudice.<br />
Depuis 2010 (arrêts du 11/3/2010, du 3/6/2010, du<br />
12/1/2012), la Cour de Cassation insiste sur le fait que<br />
le défaut d’information n’est pas une faute « comme<br />
les autres » (arrêt du 11/3/2010). Elle devient une faute<br />
« éthique » ou « morale », qui porte atteinte à la dignité<br />
de l’être humain et qui doit être indemnisée comme<br />
telle.<br />
Un arrêt rendu le 12/6/2012 a fini<br />
d’enfoncer le clou en affirmant que,<br />
même si un patient ne peut refuser un<br />
acte du fait de son impérieuse nécessité,<br />
son droit à l’information est incontournable.<br />
Si elle est considérée par tous les observateurs<br />
comme une juste évolution de<br />
la jurisprudence, c’est un revirement majeur. La Cour de<br />
Cassation consacre un droit à l’information et condamne<br />
le professionnel de santé à réparer pleinement le préjudice<br />
moral né de ce manquement.<br />
La preuve du respect de cette obligation incombe au<br />
praticien qui peut la rapporter par tous moyens, y compris<br />
par présomptions : dossier médical dûment rempli,<br />
fiches d’information données, utilisation de logiciels de<br />
présentation, procédures internes au cabinet (Cour d’appel<br />
de Metz du /3/2004).<br />
Le fait de recueillir le consentement éclairé écrit est un<br />
plus mais ne suffit pas à démontrer que l’information a<br />
bien été donnée.<br />
Le praticien<br />
ne peut pas<br />
intervenir sans<br />
le consentement<br />
libre et éclairé<br />
du patient.<br />
53
Région molaire l Mandibulaire<br />
Et si le sinistre survient ?<br />
La première règle à respecter est d’assurer<br />
le suivi postopératoire.<br />
Si les conditions opératoires laissent présager<br />
des complications (durée d’intervention,<br />
fracture d’apex, exposition/trauma d’un nerf,<br />
hémorragie, etc.), il est impératif de prévoir<br />
au moins un contact téléphonique avec<br />
le patient ou, mieux, de planifier un rendezvous<br />
de contrôle. C’est l’obligation de suivi<br />
avec la notion de prise en charge immédiate :<br />
écoute, réponse aux courriers éventuels,<br />
gestion du stress, sollicitation d’un confrère<br />
ou service compétent…<br />
La décision de la Cour d’appel<br />
d’Orléans du 11 mai 2009 revient<br />
sur le fait de veiller sur son patient :<br />
« (…) Que la lettre recommandée avec avis<br />
de réception que lui a adressée ce dernier<br />
le 30/12/1999, pour solliciter des explications<br />
sur la persistance de douleurs et sur<br />
la possible évolution de son état, est, en effet,<br />
restée sans réponse. (…) Que ce manquement<br />
du médecin à ses obligations déontologiques,<br />
qui lui imposent d’être à l’écoute<br />
de son patient, de veiller sur lui<br />
et de répondre à ses interrogations, était<br />
de nature à causer à M Y, qui a pu se sentir<br />
abandonné par son médecin, un préjudice<br />
moral (…). »<br />
La deuxième règle, évidente à rappeler,<br />
est clairement notifiée dans la loi du 4 mars<br />
2002. Il s’agit de l’obligation de souscrire<br />
une assurance en responsabilité civile<br />
professionnelle pour les professionnels<br />
de santé exerçant au titre libéral.<br />
Le non-respect expose à des sanctions<br />
pénales, disciplinaires et au règlement<br />
des conséquences financières des préjudices.<br />
Ainsi, face à un sinistre, il est important<br />
de prendre contact avec son assureur dans<br />
les meilleurs délais.<br />
Correspondance<br />
4, rue Armand Bloch 25200 Montbeliard<br />
54<br />
Conclusion<br />
D’après le rapport 2011 du Sou Médical [10], le nombre de<br />
déclarations de sinistres est en hausse de 20,4 % sur une<br />
année. En effet, la sinistralité des chirurgiens-dentistes est passé de<br />
4,24 % en 2010 à 5,1 % en 2011. L’évolution de la pratique chirurgicale,<br />
notamment implantaire, entraîne une croissance des déclarations<br />
(201 en 2011 contre 77 en 2007) et du montant des indemnisations.<br />
Les dommages des structures de la région molaire <strong>mandibulaire</strong><br />
représentent une part non négligeable de ces litiges et préjudices, avec<br />
une notion bien souvent d’atteintes irréversibles.<br />
À la lumière de nos recherches, il apparaît clairement que l’évolution<br />
technique de nos cabinets et de notre art nous conduit à repousser<br />
sans cesse nos limites. Or, et c’est ce que nous rappellent souvent les<br />
communautés scientifiques, « primum non nocere ». Ce principe fondamental<br />
doit nous enjoindre à évaluer le plus justement possible le<br />
rapport bénéfice-risque.<br />
Nul n’est à l’abri d’une faute technique et/ou d’un défaut d’information.<br />
Mais si l’on peut imaginer une multitude de situations génératrices<br />
de problèmes, il ne peut y avoir qu’une ligne de conduite, celle<br />
dictée par nos obligations et notre éthique.<br />
Plus que jamais, la dentisterie devient un art de l’oralité.<br />
bibliographie<br />
1. Gaudy JF et coll. Anatomie clinique. Editions CdP 2003.<br />
2. Gaudy JF et Arreto CD. Manuel d’analgésie en odontostomatologie. Masson<br />
2005.<br />
3. HAS. Rapport ANAES 1997. Indications et non indications de l’avulsion des troisièmes<br />
molaires <strong>mandibulaire</strong>s.<br />
4. HAS. Rapport de juin 2005. Indications et contre-indications de l’anesthésie<br />
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L’INFORMATION DENTAIRE n° 3/4 - 23 janvier 2013