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mandibulaire - Information dentaire

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Endo<br />

L’hebdo<br />

de la médecine<br />

bucco-<strong>dentaire</strong><br />

www.information-<strong>dentaire</strong>.fr<br />

Paro<br />

Anatomie<br />

Patho<br />

Imagerie Chirurgie<br />

Analgésie<br />

Orthodontie<br />

Implanto<br />

Droit<br />

Région molaire<br />

<strong>mandibulaire</strong><br />

n° 41/42<br />

Vol. 94 - 28 novembre 2012


Région molaire l Mandibulaire<br />

Région molaire<br />

<strong>mandibulaire</strong><br />

Dossier coordonné par<br />

Thierry Gorce et Marie-Hélène Laujac<br />

pour la Sapo Clinique<br />

20<br />

1 re Partie<br />

Anatomie<br />

Imagerie<br />

Endo<br />

Patho<br />

Implanto<br />

Analgésie<br />

Paro<br />

Extraction<br />

Chirurgie<br />

Orthodontie<br />

Droit<br />

Bernard Cannas et Luc Gillot<br />

pour la Sapo Implant<br />

L’INFORMATION DENTAIRE n° 41/42 - 28 novembre 2012


La Sapo Implant et la Sapo<br />

Clinique ont décidé de mettre en<br />

commun leurs années d’expérience<br />

pédagogique pour distinguer une<br />

zone particulièrement délicate de notre exercice :<br />

la région molaire <strong>mandibulaire</strong>.<br />

Ce numéro spécial pour lequel la rédaction de l’ID<br />

nous a sollicités est le reflet de l’esprit d’ouverture<br />

de nos sociétés scientifiques : un enseignement doit<br />

toujours être pratique, analysant la clinique dans<br />

tous ses aspects et fondé sur l’expérience cumulée<br />

des enseignants.<br />

Pourquoi toujours l’anatomie ? Car elle est la base<br />

de la connaissance médicale et que notre discipline<br />

est une branche à part entière de la médecine.<br />

Mais l’anatomie aujourd’hui ne s’enseigne plus<br />

au tableau noir. Elle a su parfaitement intégrer<br />

les progrès de l’imagerie médicale<br />

et des simulations informatiques, tout<br />

en conservant son sens étymologique<br />

de « dissections ».<br />

Tout comme la pratique odonto-stomatologique,<br />

son enseignement doit être pluridisciplinaire<br />

et intégrer les progrès de la connaissance<br />

en orthodontie, chirurgie, parodontologie,<br />

implantologie…<br />

Ce dossier a l’ambition d’en être le reflet.<br />

Ce premier tome est plus particulièrement axé<br />

sur le diagnostic. Il sera suivi d’un second,<br />

en janvier, orienté sur les traitements.<br />

Nous avons été particulièrement honorés<br />

de l’accord unanime de participation de tous<br />

nos auteurs, membres actifs de nos encadrements<br />

et fiers de leurs contributions. Qu’ils en soient<br />

tous remerciés.<br />

L’INFORMATION DENTAIRE n° 41/42 - 28 novembre 2012<br />

Sommaire<br />

anatomie<br />

22 Anatomie de la région molaire<br />

<strong>mandibulaire</strong><br />

Thierry Gorce, Michèle Guillebaud-Renaux<br />

30 Apport du Cone Beam 3D par rapport<br />

à l’imagerie 2D en analyse <strong>mandibulaire</strong><br />

postérieure<br />

Nicolas Boutin<br />

41 Anatomie des molaires <strong>mandibulaire</strong>s<br />

Implications en endodontie<br />

Françoise Tilotta, Bernard Lazaroo<br />

48 Tumeurs de la région molaire mandiulaire<br />

Marie-Hélène Laujac, Jean-Charles Giunta<br />

55 Aspects implantaires de la région molaire<br />

<strong>mandibulaire</strong><br />

Bernard Cannas, Luc Gillot<br />

63 Les techniques analgésiques<br />

et leurs indications dans la région<br />

molaire <strong>mandibulaire</strong><br />

Marie-Hélène Laujac, Nicolas Caillieux<br />

2 e Partie en janvier…<br />

n Incisions et sutures de la région molaire<br />

<strong>mandibulaire</strong><br />

Christophe Bilweis, Marie-Hélène Laujac<br />

n Extraction des molaires inférieures<br />

Propositions de 10 commandements<br />

Jean-Luc Charrier, Philippe Tramba<br />

n Aspect parodontal de la région molaire<br />

<strong>mandibulaire</strong><br />

François Furic, Xavier Gouard<br />

n Orthodontie et molaire <strong>mandibulaire</strong><br />

Louis-Marie Dusserre<br />

n La particularité régionale <strong>mandibulaire</strong><br />

postérieure sous l’angle de l’expert<br />

Laure Tisserand, Jacques Bitton<br />

21


Région molaire l Mandibulaire<br />

4<br />

A<br />

22<br />

1<br />

B<br />

1. Vue médiale de la région molaire <strong>mandibulaire</strong><br />

Section vestibulo-linguale en avant de la première molaire<br />

<strong>mandibulaire</strong><br />

1 Dos de la langue<br />

2 Face interne de la joue<br />

3 Section du canal <strong>mandibulaire</strong><br />

4 Pilier antérieur du voile du palais<br />

A Région linguale<br />

B Région génienne.<br />

3<br />

Thierry Gorce<br />

Attaché d’enseignement<br />

Faculté de chirurgie<br />

<strong>dentaire</strong> Université<br />

Paris-Descartes<br />

Co-gérant<br />

de la Sapo clinique<br />

Michèle Guillebaud-Renaux<br />

Chirurgien-dentiste<br />

2<br />

Anatomie<br />

de la région<br />

molaire<br />

<strong>mandibulaire</strong><br />

La région molaire <strong>mandibulaire</strong> présente<br />

plusieurs particularités, y compris<br />

sur le plan anatomique. Ces spécificités<br />

vont avoir un retentissement diagnostic<br />

et un impact thérapeutique.<br />

Elle est située entre la région génienne<br />

en dehors, la langue et le plancher oral<br />

en dedans. Elle est délimitée en avant<br />

par la région prémolaire, berceau du foramen<br />

mentonnier, et en arrière par les régions<br />

massétériques et interptérygoïdiennes.<br />

De nombreux éléments anatomiques<br />

devront être pris en compte, en particulier<br />

lors d’actes chirurgicaux (fig. 1).<br />

L’INFORMATION DENTAIRE n° 41/42 - 28 novembre 2012


2<br />

2<br />

4<br />

L’INFORMATION DENTAIRE n° 41/42 - 28 novembre 2012<br />

3<br />

1<br />

2. Coupe coronale<br />

anatomique<br />

en avant de<br />

la première molaire<br />

<strong>mandibulaire</strong><br />

1 Os compact<br />

2 Os spongieux<br />

3 1 re molaire<br />

4 Pédicule<br />

alvéolaire inférieur<br />

dans le canal<br />

<strong>mandibulaire</strong>.<br />

Le support osseux<br />

La région molaire est située au niveau de la partie<br />

postérieure du corps de la mandibule dont la<br />

structure est formée d’un os compact recouvrant<br />

un tissu spongieux parcouru par le pédicule <strong>mandibulaire</strong>.<br />

Il est constitué de deux faces, deux bords<br />

et un contenu.<br />

La face latérale<br />

La face latérale <strong>mandibulaire</strong> est légèrement<br />

convexe et marquée au niveau de l’angle <strong>mandibulaire</strong><br />

de quelques crêtes verticales correspondant<br />

aux insertions tendineuses du muscle masséter.<br />

Au niveau des deux dernières molaires se situe la<br />

portion initiale de la crête buccinatrice, insertion<br />

inférieure du muscle buccinateur.<br />

La face médiale<br />

La face médiale est marquée par une crête oblique<br />

en bas et en avant, sur laquelle se fixe le muscle<br />

mylo-hyoïdien. Cette crête surplombe une zone<br />

excavée dans laquelle se loge la glande submandiblaire.<br />

Les bords<br />

Le bord supérieur correspond aux alvéoles <strong>dentaire</strong>s.<br />

En arrière, deux crêtes verticales séparées<br />

par un méplat forment le triangle rétro-molaire.<br />

anatomie<br />

La limite entre la branche <strong>mandibulaire</strong> et la région<br />

molaire est marquée par un rétrécissement brutal<br />

de la largeur de la crête qui indique la limite postérieure<br />

des insertions du muscle mylo-hyoïdien.<br />

Le bord inférieur, mousse, donne insertion au<br />

muscle platysma en avant du muscle masséter.<br />

Le contenu<br />

Quelle que soit l’importance de la résorption de la<br />

mandibule, l’étui cortical est toujours bien constitué,<br />

mais, chez l’édenté total, des dégénérescences graisseuses<br />

de l’os spongieux peuvent être observées.<br />

Le pédicule alvéolaire inférieur chemine dans le<br />

tissu spongieux, il n’existe pas de corticale pour<br />

définir le canal <strong>mandibulaire</strong> comme en donne<br />

l’impression l’imagerie sectionnelle. Cela s’explique<br />

par l’organisation concentrique des trabéculations<br />

osseuses du tissu spongieux autour du pédicule.<br />

L’environnement du canal est constitué d’os spongieux<br />

relativement lâche et très vascularisé qui<br />

s’élimine facilement lors des dissections, d’où la prudence<br />

avec laquelle les abords chirurgicaux doivent<br />

être menés.<br />

Pour rappel, le pédicule alvéolaire inférieur est<br />

constitué :<br />

- du nerf alvéolaire inférieur, branche du tronc terminal<br />

postérieur du nerf <strong>mandibulaire</strong> (V3) issu du<br />

nerf trijumeau ;<br />

- de l’artère alvéolaire inférieure issue de l’artère<br />

maxillaire, première branche terminale de l’artère<br />

carotide externe ;<br />

- de la veine alvéolaire inférieure qui se draine dans<br />

la veine maxillaire.<br />

L’os alvéolaire (partie supérieure du corps <strong>mandibulaire</strong>)<br />

est le support des trois molaires (voir article<br />

ci-après) (fig. 2).<br />

Cet étui osseux et son contenu ont un environnement<br />

périphérique.<br />

L’environnement jugal<br />

Il est musculaire et vasculo-nerveux.<br />

L’environnement musculaire<br />

Deux muscles principaux s’insèrent dans cette<br />

région, le muscle masséter en arrière et le muscle<br />

buccinateur en regard des molaires. Plus en dehors,<br />

le faisceau labial du muscle platysma croise cette<br />

région obliquement.<br />

• Le buccinateur. Classé parmi les muscles peauciers,<br />

c’est le muscle du trompettiste, il attire l’angle<br />

oral en arrière et latéralement, et participe à la<br />

23


Région molaire l Mandibulaire<br />

3. Face latérale de la face<br />

(d’après Gaudy)<br />

Dissection de la face, peau<br />

et tissu sous-cutané retirés<br />

1 Tissu cellulo-graisseux<br />

de la région génienne<br />

2 Muscle buccinateur<br />

3 Conduit parotidien<br />

4 Muscle masséter<br />

5 Veine faciale<br />

6 Artère faciale<br />

7 Muscle grand zygomatique<br />

8 Muscle abaisseur de l’angle oral.<br />

mastication. Il est large et aplati<br />

transversalement, situé dans la<br />

partie profonde de la joue, intimement<br />

lié à la face profonde de la<br />

3<br />

muqueuse orale.<br />

Ses insertions <strong>mandibulaire</strong>s se<br />

font le long d’une ligne située à hauteur variable<br />

en dessous du collet des molaires <strong>mandibulaire</strong>s.<br />

Ses faisceaux convergent vers la commissure orale.<br />

Il est traversé de dehors en dedans par le conduit<br />

parotidien.<br />

D’un point de vue clinique, à la suite de la résorption<br />

<strong>mandibulaire</strong> (liée à l’âge et/ou à la délicatesse<br />

des avulsions molaires), ses insertions peuvent être<br />

ramenées au niveau de la crête <strong>mandibulaire</strong>, ce<br />

qui nécessite, lors d’une intervention dans la région<br />

génienne, de protéger le périoste, seule structure<br />

séparant le site opératoire de la région génienne,<br />

par un écarteur pour éviter de léser les structures<br />

proches comme l’artère faciale.<br />

• Le masséter. Muscle masticateur, il est appliqué<br />

sur la face latérale de la branche <strong>mandibulaire</strong>. Il a<br />

une forme générale de quadrilatère, situé en avant<br />

de la région parotidienne et en arrière de la région<br />

génienne. Il s’organise en trois parties distinctes,<br />

une couche superficielle, une couche moyenne,<br />

une couche profonde.<br />

Ses insertions occupent toute la hauteur de la<br />

branche <strong>mandibulaire</strong>. Les insertions inférieures<br />

se situent sur la face latérale de l’angle <strong>mandibulaire</strong><br />

et le bord inférieur du corps de la mandibule.<br />

Les insertions supérieures se retrouvent sur le bord<br />

inférieur du processus zygomatique.<br />

Le masséter est partiellement recouvert dans sa<br />

région postérieure par le prolongement antérieur<br />

de la glande parotide dont le canal excréteur (le<br />

24<br />

1<br />

4<br />

5<br />

7<br />

3<br />

conduit parotidien) court longitudinalement,<br />

parallèlement à l’arcade zygomatique.<br />

• Le platysma. Nappe quadrilatère fine et large,<br />

ce muscle naît dans la région sterno-claviculaire et<br />

se termine d’une part sur le bord inférieur de la<br />

mandibule et d’autre part sur la face profonde du<br />

derme voisin. Un faisceau triangulaire le prolonge<br />

en haut et en avant vers la commissure orale où il<br />

se termine.<br />

La vascularisation<br />

• Artère et veine faciales. Le réseau vasculaire<br />

principal de cette région est constitué de l’artère et<br />

de la veine faciale.<br />

L’artère faciale, branche collatérale de la carotide<br />

externe, pénètre dans la région génienne en<br />

contournant le bord inférieur de la mandibule,<br />

en avant du muscle masséter et de la veine faciale.<br />

C’est au niveau de la première molaire <strong>mandibulaire</strong><br />

qu’elle se situe dans le vestibule jugal. Elle est<br />

d’abord appliquée contre le périoste puis chemine<br />

de façon sinueuse sur le muscle buccinateur et se<br />

dirige en haut et en avant vers la commissure orale<br />

en passant entre le buccinateur et le muscle abaisseur<br />

de l’angle oral.<br />

Quand elle est unique, son diamètre peut avoisiner<br />

1,5 mm.<br />

La veine faciale est souvent grêle, de l’angle interne<br />

de l’œil son trajet est rectiligne dans la région<br />

génienne où elle longe le bord antérieur du muscle<br />

6<br />

2<br />

L’INFORMATION DENTAIRE n° 41/42 - 28 novembre 2012<br />

8


L<br />

4<br />

4<br />

masséter pour contourner le bord inférieur du<br />

corps <strong>mandibulaire</strong> en arrière de l’artère faciale et<br />

aller se jeter dans la veine jugulaire interne (fig. 3).<br />

• Artère et veine buccales Le pédicule vasculaire<br />

accompagnant le nerf buccal est situé plus en<br />

arrière et parcourt longitudinalement le vestibule<br />

dont il assure la vascularisation.<br />

L’innervation<br />

La région molaire <strong>mandibulaire</strong> vestibulaire est<br />

essentiellement innervée, sur le plan sensitif, par le<br />

nerf buccal (branche du nerf <strong>mandibulaire</strong> V3) et,<br />

sur le plan moteur, par le nerf facial (VII).<br />

Les nerfs grand auriculaire (C2-C3) et transverse<br />

du cou (C3) participent à l’innervation sensitive de<br />

façon plus discrète.<br />

• Le nerf facial. Émergent du foramen stylomastoïdien,<br />

il pénètre dans la glande parotide, dont<br />

il réalise le clivage, et se divise en deux branches<br />

principales, une branche temporo-faciale et une<br />

branche cervico-faciale dont les nombreux rameaux<br />

innervent les muscles peauciers.<br />

• Le nerf buccal. Passant sous l’expansion latérale<br />

de l’aponévrose buccinatrice, il se termine en une<br />

branche externe, pour la peau de la région massétérique<br />

(sauf l’angle <strong>mandibulaire</strong> et la région<br />

parotidienne), et une branche interne qui traverse<br />

le muscle buccinateur devant le bord antérieur de<br />

la branche <strong>mandibulaire</strong> et se distribue au vestibule<br />

de la région.<br />

L’INFORMATION DENTAIRE n° 41/42 - 28 novembre 2012<br />

1<br />

2<br />

3<br />

V<br />

4. Environnement<br />

périphérique<br />

Coupe anatomique<br />

vestibulo-linguale<br />

en avant<br />

de la 1 re molaire<br />

<strong>mandibulaire</strong><br />

1 Section du corps<br />

<strong>mandibulaire</strong><br />

2 Pédicule alvéolaire<br />

inférieur<br />

3 Artère faciale<br />

4 Nerf lingual<br />

V Vestibulaire<br />

L Lingual.<br />

anatomie<br />

• Le nerf grand auriculaire et le nerf transverse<br />

du cou. Branche du plexus cervical, issue<br />

de C2 et C3, le nerf grand auriculaire se divise en<br />

deux rameaux, l’un antérieur pour les téguments de<br />

la région parotidienne et l’angle <strong>mandibulaire</strong>, et<br />

l’autre postérieur pour les téguments du processus<br />

mastoïde ainsi qu’une grande partie de l’auricule.<br />

Le nerf transverse du cou, issu de C3, contourne<br />

en arrière le muscle sterno-cléïdo-mastoïdien pour<br />

se diriger horizontalement et se distribuer à la peau<br />

de la partie antéro-latérale du cou depuis le bord<br />

inférieur de la mandibule.<br />

L’environnement lingual<br />

Musculaire<br />

• Le muscle mylo-hyoïdien. Ce muscle, qui<br />

constitue le plancher oral, s’étend de la crête <strong>mandibulaire</strong>,<br />

oblique en bas et en avant et située à<br />

la face médiale de la mandibule, au corps de l’os<br />

hyoïde. La limite d’insertion postérieure du muscle<br />

se situe au niveau de la face distale de la deuxième<br />

molaire ; au-delà de ce site, la mandibule se rétrécit<br />

brutalement.<br />

Application clinique : le décollement du lambeau<br />

lingual lors d’une chirurgie des dents de sagesse se<br />

fera au niveau de ce rétrécissement afin de ne pas<br />

léser les fibres du muscle. C’est dans cette portion<br />

du lambeau que le nerf lingual est en rapport direct<br />

avec la table osseuse.<br />

Le muscle mylo-hyoïdien est innervé par le nerf<br />

du mylo-hyoïdien et du ventre antérieur du digastrique,<br />

branche du nerf alvéolaire inférieur.<br />

• Le muscle hyo-glosse. Ce muscle lingual<br />

constitue la majeure partie de la paroi médiale du<br />

creux sublingual. Il s’étend du corps et de la grande<br />

corne de l’os hyoïde au fascia linguae, constituant la<br />

face latérale de la langue.<br />

La vascularisation<br />

Seule l’artère satellite du nerf lingual (20 à<br />

30/100 mm de diamètre) chemine dans le creux<br />

sublingual.<br />

L’artère sublinguale naît de l’artère linguale au<br />

niveau du bord antérieur du muscle hyo-glosse.<br />

L’artère sublinguale chemine sur le muscle mylohyoïdien<br />

dans la portion antérieure de la loge<br />

sublinguale.<br />

La situation de l’artère linguale (en dedans du<br />

muscle hyo-glosse) et de ses branches explique la<br />

blessure exceptionnelle lors d’une lésion du creux<br />

25


Région molaire l Mandibulaire<br />

5<br />

sublingual par un instrument rotatif. Les veines<br />

linguales principales descendent de la pointe de la<br />

langue sous la muqueuse de la face ventrale de la<br />

langue, à travers laquelle elles transparaissent.<br />

L’innervation<br />

Le nerf hypoglosse (XII) et le nerf lingual occupent<br />

le creux sublingual.<br />

• Le nerf hypoglosse. Le nerf moteur de la<br />

langue aborde le creux sublingual en dessous du<br />

nerf lingual sur la face latérale du muscle hyoglosse<br />

pour se distribuer aux muscles linguaux auxquels<br />

il assure l’innervation motrice.<br />

• Le nerf lingual. Branche du tronc terminal postérieur<br />

du nerf <strong>mandibulaire</strong> (V2), il entre dans le<br />

creux sublingual entre la mandibule en dehors et le<br />

muscle ptérygoïdien médial en dedans et en avant.<br />

A ce niveau, il est collé contre la table interne de<br />

la mandibule puis se dirige en dedans pour passer<br />

sous le conduit sub<strong>mandibulaire</strong> et se plaque sur la<br />

face latérale du muscle hyo-glosse pour continuer<br />

vers la pointe de la langue où il se termine (fig. 4).<br />

L’environnement inférieur<br />

La glande sub<strong>mandibulaire</strong><br />

La glande sub<strong>mandibulaire</strong>, située sous le bord<br />

inférieur du corps <strong>mandibulaire</strong>, est facilement<br />

palpable et épouse la forme des parois de la loge.<br />

Elle présente souvent des prolongements antérieur,<br />

26<br />

6<br />

5<br />

7<br />

8<br />

3<br />

9<br />

2<br />

4<br />

1<br />

6. Région<br />

antérolatérale<br />

du cou<br />

Tissus sous-cutanés<br />

et muscle platysma<br />

disséqués<br />

1 Bord inférieur<br />

du corps <strong>mandibulaire</strong><br />

2 Muscle<br />

mylo-hyoïdien<br />

3 Ventre antérieur<br />

du digastrique<br />

4 Artère submentale.<br />

5. Schéma du plancher oral (d’après Netter)<br />

1 Face médiale <strong>mandibulaire</strong><br />

2 Os hyoïde<br />

3 Muscle mylo-hyoïdien<br />

4 Artère sublinguale<br />

5 Glande sub<strong>mandibulaire</strong><br />

6 Nerf lingual<br />

7 Conduit sub<strong>mandibulaire</strong><br />

8 Glande sublinguale<br />

9 Muscle génioglosse.<br />

postéro-supérieur et postéro-inférieur.<br />

Son canal excréteur est le canal sub<strong>mandibulaire</strong><br />

(canal de Wharton) qui naît de<br />

la face profonde de la glande et suit son prolongement<br />

antérieur entre le muscle mylo-hyoïdien et le<br />

muscle hyo-glosse, il croise le nerf lingual par le<br />

dessus.<br />

La glande est contournée par l’artère faciale qui y<br />

creuse un sillon profond (fig. 5).<br />

L’artère submentale<br />

Elle naît de l’artère faciale dans la loge sub<strong>mandibulaire</strong>.<br />

Elle chemine entre la face médiale du<br />

corps de la mandibule et la face inféro-latérale du<br />

muscle mylo-hyoïdien. Distante de la mandibule à<br />

sa naissance, elle s’en approche progressivement en<br />

avant.<br />

Dans la partie antérieure de la loge sub<strong>mandibulaire</strong>,<br />

elle se divise en deux branches, l’une contournant<br />

le bord inférieur de la mandibule et donnant<br />

des rameaux irriguant la peau et les muscles peauciers,<br />

l’autre poursuivant son trajet vers l’avant sous<br />

le ventre antérieur du digastrique qui la plaque<br />

contre la mandibule.<br />

L’artère donne des rameaux qui s’anastomosent<br />

avec l’artère alvéolaire inférieure dans sa partie<br />

mentonnière et des rameaux trans-mylo-hyoïdiens<br />

qui s’anastomosent avec l’artère sublinguale (fig. 6).<br />

6<br />

2<br />

4<br />

L’INFORMATION DENTAIRE n° 41/42 - 28 novembre 2012<br />

3<br />

1


7<br />

4<br />

1<br />

5<br />

6<br />

7. Environnement postérieur<br />

(d’après Gaudy)<br />

Muqueuse et tissus cellulograisseux<br />

disséqués<br />

1 Portion temporale<br />

du temporal<br />

2 Ptérygoïdien médial<br />

3 Ptérygoïdien latéral<br />

4 Masséter<br />

5 Zygomatico-<strong>mandibulaire</strong><br />

6 Portion orbitaire<br />

du temporal.<br />

8. Schéma d’une coupe<br />

coronale en avant<br />

de la 1 re molaire<br />

(d’après Netter)<br />

1 Muscle buccinateur<br />

2 Corps <strong>mandibulaire</strong><br />

3 Canal <strong>mandibulaire</strong><br />

4 Artère faciale<br />

5 Glande sub<strong>mandibulaire</strong><br />

6 Veine faciale<br />

7 Glande sublinguale<br />

8 Muscle hyoglosse<br />

9 Muscle mylo-hyoïdien<br />

10 Nerf lingual<br />

11 Artère et veine<br />

linguales<br />

12 Os hyoïde.<br />

L’INFORMATION DENTAIRE n° 41/42 - 28 novembre 2012<br />

3<br />

8<br />

2<br />

12<br />

11<br />

anatomie<br />

L’environnement postérieur<br />

En arrière, la région molaire <strong>mandibulaire</strong> répond de<br />

dedans au dehors, au bord antérieur du muscle ptérygoïdien<br />

médial et à l’extrémité antérieure du défilé<br />

inter-ptérygo-<strong>mandibulaire</strong>, puis au bord antérieur<br />

de la branche <strong>mandibulaire</strong> et enfin au bord antérieur<br />

du muscle masséter.<br />

Le bord antérieur du muscle ptérygoïdien médial<br />

forme avec la face médiale de la branche <strong>mandibulaire</strong><br />

un angle dans lequel s’immisce le nerf lingual.<br />

Le bord antérieur de la branche présente deux crêtes :<br />

- l’une en dehors, sur laquelle s’insèrent le tendon<br />

terminal de la portion temporale du muscle temporal<br />

en haut et le muscle zygomatico-<strong>mandibulaire</strong> en<br />

bas ;<br />

- l’autre en dedans, la crête temporale, recouverte<br />

par les insertions du tendon terminal de la portion<br />

orbitaire du muscle temporal.<br />

Entre les deux crêtes se situe « le trigone rétromolaire<br />

», zone triangulaire à base inférieure, en<br />

avant duquel on retrouve parfois l’orifice du canal<br />

nourricier de la dent de sagesse (canal de Robinson)<br />

(fig. 7).<br />

10<br />

9<br />

8<br />

7<br />

5<br />

6<br />

2<br />

3<br />

4<br />

1<br />

27


Région molaire l Mandibulaire<br />

Tableau 1 - Structure, acte, risque<br />

Structure Risque Acte Conséquence Prévention<br />

Artère alvéolaire<br />

inférieure<br />

Faible<br />

Saignement Imagerie de qualité<br />

Nerf alvéolaire<br />

inférieur<br />

Important<br />

Hypo- et hyperesthésies<br />

hémi-mandibule<br />

et labio-mentonnières<br />

Imagerie de qualité<br />

Endodontie<br />

- Pas d’incision vestibulaire<br />

Artère faciale Grave Chirurgie 8 Hémorragie sévère verticale à l’aplomb de la 6<br />

Résection apicale<br />

- Lambeau de pleine épaisseur<br />

Implantologie<br />

- Pas d’incision vestibulaire<br />

Veine faciale Faible Prélèvement ramique Hémorragie contrôlable verticale à l’aplomb de la 6<br />

- Lambeau de pleine épaisseur<br />

Nerf buccal Faible<br />

Perte de sensibilité<br />

du fond du vestibule<br />

Lambeau vestibulaire<br />

de pleine épaisseur<br />

Nerf lingual Important<br />

Hypo et hyperesthésies<br />

linguales<br />

Lambeau lingual de pleine<br />

épaisseur<br />

Conclusion<br />

La région molaire <strong>mandibulaire</strong> contient des éléments<br />

anatomiques endo-osseux et des éléments<br />

périphériques dont il est indispensable de connaître<br />

les situations et les trajets pour une pratique sécure<br />

de la chirurgie oro-<strong>dentaire</strong>.<br />

La morphologie radiculaire des molaires, le pédicule<br />

<strong>mandibulaire</strong>, l’artère faciale, le nerf lingual<br />

sont autant de structures à prendre en compte<br />

en orthodontie, en endodontie, en chirurgie apicale,<br />

en chirurgie orale d’avulsion, en chirurgie<br />

parodontale, en implantologie et en chirurgie des<br />

greffes.<br />

La figure 8 schématise le positionnement respectif<br />

de ces éléments anatomiques et le tableau 1 résume<br />

les risques (faible, important, grave) selon les actes<br />

pratiqués et donne les éléments de prévention.<br />

28<br />

Correspondance<br />

thierrygorce@hotmail.com<br />

bibliographie<br />

1. Gaudy JF et coll. Anatomie clinique. Editions CdP 2003.<br />

2. Gaudy JF et coll. Atlas d’anatomie implantaire. Elsevier 2006.<br />

3. Netter FH. Atalas d’anatomie humaine. 5 e édition. Elsevier 2011.<br />

4. Gaudy JF, Vacher C. Atlas d’anatomie clinique et chirurgicale des tissus<br />

superficiels de la tête et du cou. Elsevier 2011.<br />

5. Oberlin C, Vacher C, Berthelot JL. Précis d’anatomie. Lavoisier (EM<br />

Inter) 2004.<br />

6. Kamina P. Précis d’anatomie clinique. Tome 2. Maloine 2002.<br />

7. Schuenke M et coll. Anatomie tête et cou en odontostomatologie.<br />

Lavoisier 2011.<br />

8. Schünke M et coll. Atlas d’anatomie prométhée. Tome 2. Maloine 2007.<br />

L’INFORMATION DENTAIRE n° 41/42 - 28 novembre 2012


Région molaire l Mandibulaire<br />

Apport du Cone Beam 3D<br />

par rapport à l’imagerie 2D<br />

en analyse <strong>mandibulaire</strong> postérieure<br />

30<br />

Nicolas Boutin<br />

Implantologie orale<br />

exclusive (Paris)<br />

Attaché au laboratoire<br />

d’anatomie P5<br />

L’essor de l’imagerie 3D<br />

dans les cabinets <strong>dentaire</strong>s,<br />

avec le développement des Cone<br />

Beam, permet une étude anatomique<br />

tridimensionnelle poussée des patients.<br />

Cette nouvelle conception de l’étude<br />

des patients permet, quelle que soit<br />

la discipline, (endodontie, chirurgie,<br />

orthodontie, implantologie…),<br />

un diagnostic plus précis, pour<br />

une réponse thérapeutique mieux<br />

adaptée, sécurisant patients et praticiens.<br />

1. Angulateur de RINN.<br />

sectionnelle voit son intérêt<br />

accru dans les régions <strong>mandibulaire</strong>s<br />

postérieures, dont les volumes osseux<br />

et les densités osseuses possèdent des<br />

L’imagerie<br />

disparités importantes et dans lesquelles<br />

chemine un obstacle anatomique majeur :<br />

le pédicule <strong>mandibulaire</strong>.<br />

2D versus 3D :<br />

intérêts et écueils<br />

Imagerie 2D conventionnelle<br />

Selon le Guide de bonne pratique en odontostomatologie,<br />

la radiographie rétro-alvéolaire et la radiographie<br />

panoramique restent les pièces principales de<br />

nos dossiers odontologiques. Ce sont les examens<br />

de première intention. Ils ont encore aujourd’hui<br />

tout leur intérêt, en termes autant d’outil diagnostique<br />

que de rayonnements ionisants maîtrisés (respect<br />

du principe ALARA : As Low As Reasonnably<br />

Achievable) [1, 2].<br />

L’INFORMATION DENTAIRE n° 41/42 - 28 novembre 2012


2. Principe de fonctionnement de l’orthopantomogramme.<br />

3. Déformation liée à la distance de l’objet entre<br />

la source et le film.<br />

Fonctionnement<br />

L’imagerie conventionnelle 2D, examen de première<br />

intention quelle que soit la discipline, est<br />

constituée essentiellement de la radio rétro-<br />

alvéolaire et du cliché panoramique. Ces clichés<br />

restent totalement d’actualité malgré la diffusion<br />

massive des Cone Beam dans les cabinets <strong>dentaire</strong>s.<br />

Une radio rétro-alvéolaire de qualité doit être prise<br />

avec un angulateur permettant un rayonnement<br />

orthogonal à la zone anatomique à explorer. C’est<br />

uniquement dans ces conditions de réalisation que<br />

les clichés apparaîtront à l’échelle 1, sans déformation<br />

et de manière reproductible (fig. 1).<br />

La radio panoramique est constituée d’un générateur<br />

de rayons X tournant de manière continue<br />

autour d’un axe de rotation fixe et à équidistance<br />

pendant tout le mouvement de rotation d’un capteur<br />

(fig. 2).<br />

Avantages<br />

La radiographie panoramique permet de visualiser<br />

le patient dans son ensemble, d’apprécier<br />

les volumes dans leur environnement osseux et<br />

cavitaire, de situer les particularités anatomiques<br />

(pédicules et foramen mentonnier), les différences<br />

L’INFORMATION DENTAIRE n° 41/42 - 28 novembre 2012<br />

4. Perte d’information (apex des incisives) liée à un mauvais<br />

positionnement du patient.<br />

3D versus 2D<br />

de densités osseuses. Elle privilégie le global sans<br />

occulter le particulier.<br />

Le cliché rétro-alvéolaire permet de préciser un site<br />

vu sur la panoramique. C’est un cliché à l’échelle 1<br />

lorsqu’il est correctement réalisé, ce qui permet de<br />

faire des mesures précises sur cet examen [6].<br />

Inconvénients<br />

L’écueil majeur de ces deux types de clichés est<br />

l’absence de notion tridimensionnelle. Seules des<br />

notions de hauteurs et de distances mésio-distales<br />

nous sont livrées par ces examens. Aucune notion<br />

d’épaisseur ne peut y être associée.<br />

En ce qui concerne la radio panoramique, l’équidistance<br />

entre la source de rayonnement et le capteur,<br />

entre lesquels les objets « maxillaires et mandibules<br />

» sont positionnés, est à l’origine de déformation<br />

et d’agrandissement de l’objet sur le film<br />

(fig. 3). En effet, l’hétérogénéité de ces deux structures<br />

osseuses, tant dans leur volume que dans leur<br />

densité, implique une déformation plus ou moins<br />

importante de leur anatomie sur le film. De plus, un<br />

mauvais positionnement du patient lors de cet examen<br />

peut engendrer une perte d’information supplémentaire<br />

(fig. 4).<br />

31


Région molaire l Mandibulaire<br />

5<br />

5. Mesures précises faites sur rétro-alvéolaire<br />

entre le pédicule et le sommet de la crête.<br />

7<br />

7. Choix du champ.<br />

32<br />

Ainsi, sur un cliché panoramique, il sera possible<br />

de faire une évaluation des mesures, mais en aucune<br />

manière de calculer une mesure précise.<br />

Sur un cliché rétro-alvéolaire, des mesures précises<br />

pourront être effectuées (fig. 5).<br />

Mais aucune notion d’épaisseur ne pourra être<br />

appréciée sur ces deux types d’examens.<br />

Imagerie Cone Beam 3D<br />

En mai 2006, dans sa première édition, le Guide des<br />

indications et des procédures des examens radiologiques<br />

en odontostomatologie annonçait déjà que « compte<br />

tenu des bénéfices diagnostiques de l’imagerie sectionnelle<br />

et de l’évolution extrêmement rapide des<br />

technologies, celle-ci devrait prendre une place<br />

importante dans les traitements implantaires ».<br />

Ce guide, rédigé par un comité de pilotage de<br />

l’ASN, à la demande du ministère de la Santé et des<br />

Sports, indiquait également : « L’avènement et la<br />

diffusion de techniques volumiques numérisées à<br />

faisceau conique annoncent une nouvelle approche<br />

sectionnelle. » [2]<br />

Or, six ans plus tard, les Cone Beam prennent une<br />

place de plus en plus importante dans les cabinets<br />

6<br />

6. Principe de fonctionnement du Cone Beam.<br />

<strong>dentaire</strong>s, ouvrant l’ère de l’étude tridimensionnelle<br />

quasi systématique des patients, quelle que<br />

soit la discipline.<br />

Fonctionnement<br />

Le Cone Beam est constitué d’un générateur de<br />

rayons X, en face duquel est situé un capteur plan.<br />

Cet ensemble tourne autour du patient. Durant ces<br />

360° de rotation, le générateur délivre un faisceau<br />

conique large qui réalise un cliché à chaque degré<br />

de rotation (fig. 6).<br />

Avant toute réalisation de ce type d’examen, il est<br />

nécessaire de choisir le champ du volume de rayon<br />

délivré (petits champs, en général 6 x 6 cm ; moyens<br />

champs, 8 x 8 cm ; grands champs 8 x 13 cm) (fig. 7).<br />

Le choix de ces différents champs dépend de la<br />

hauteur des zones à explorer : le maxillaire, le<br />

maxillaire et la mandibule, ou encore le maxillaire,<br />

la mandibule et les cavités sinusiennes. Plus<br />

le champ choisi sera large, plus la dose de rayons<br />

délivrée sera élevée.<br />

La durée de l’examen, ou temps d’acquisition, très<br />

court, est d’environ 20 secondes. Le patient, installé<br />

dans une position proche de celle de la panoramique,<br />

est moins inquiet lors de l’examen. À<br />

partir de ces données natives, les coupes sagittales,<br />

frontales et axiales, vont être reconstruites par<br />

l’outil informatique. Le temps de reconstruction<br />

est d’environ 1 minute (fig. 8) [3, 7, 8].<br />

Avantages<br />

Toute la littérature s’accorde aujourd’hui à dire que<br />

l’examen Cone Beam, en fonction du type d’appareil<br />

et de leurs paramétrages, fournit des images<br />

plus précises que l’imagerie scanner pour l’étude<br />

des tissus durs [4].<br />

L’INFORMATION DENTAIRE n° 41/42 - 28 novembre 2012


8. Coupes reconstruites.<br />

L’INFORMATION DENTAIRE n° 41/42 - 28 novembre 2012<br />

10. Proximité de l’implant<br />

avec le pédicule <strong>mandibulaire</strong><br />

après correction du plan<br />

de référence (logiciel Nobel<br />

Clinician).<br />

3D versus 2D<br />

De plus, sa rapidité d’exécution (20 secondes d’acquisition<br />

et 1 à 2 minutes de reconstruction) en fait<br />

un examen d’utilisation facile en pratique quotidienne.<br />

Enfin, les doses de rayonnement absorbées par les<br />

tissus, relativement faibles, respectent le principe<br />

ALARA [5].<br />

Écueils<br />

Cet appareil de haute technologie fait du<br />

chirurgien-dentiste un radiologue à part entière,<br />

qui doit savoir paramétrer l’appareil, le manipuler<br />

et interpréter les résultats obtenus. Une méconnaissance<br />

d’utilisation et de manipulation des fichiers<br />

DICOM (Digital Imagine and Communication<br />

in Medecine : images natives issues de l’examen)<br />

peut avoir des conséquences irréversibles comme<br />

des lésions anatomiques, dans le cas par exemple où<br />

le plan de référence <strong>mandibulaire</strong> serait mal choisi<br />

pour la mise en place d’implants dans<br />

la région <strong>mandibulaire</strong> postérieure<br />

(fig. 9 et 10).<br />

9. Planification d’un implant<br />

sur une coupe issue d’un mauvais<br />

choix de plan de référence (logiciel<br />

Nobel Clinician).<br />

33


Région molaire l Mandibulaire<br />

Apport de la 3D dans l’étude anatomique<br />

de la région postérieure <strong>mandibulaire</strong><br />

La région <strong>mandibulaire</strong> postérieure est un site anatomique<br />

complexe par la diversité de ses volumes<br />

et par ses rapports avec des éléments anatomiques<br />

remarquables tels que le nerf lingual, l’artère faciale,<br />

le muscle mylo-hyoïdien, le pédicule <strong>mandibulaire</strong>,<br />

etc. (fig. 11). C’est également un site très propice à<br />

la chirurgie (avulsion de dents de sagesse, germectomie,<br />

implantologie, prélèvements ramiques…) et<br />

qui la rend délicate [11].<br />

Le pédicule <strong>mandibulaire</strong><br />

La structure anatomique majeure en relation intime<br />

avec le corps de la mandibule est le pédicule <strong>mandibulaire</strong>,<br />

qui y chemine jusqu’à sa sortie au foramen<br />

mentonnier. Sa situation dans le corps de la<br />

mandibule est variable d’un individu à l’autre, mais<br />

aussi dans une même mandibule entre la gauche et<br />

la droite (fig. 12). Elle peut varier à la fois dans sa<br />

position verticale, mais aussi latéro-médiale.<br />

Étude bidimensionnelle<br />

Le cliché rétro-alvéolaire, réalisé avec un angulateur<br />

de RINN, permettant une orthogonalité parfaite<br />

entre le rayon et le corps <strong>mandibulaire</strong>, donne<br />

un positionnement très précis du pédicule dans le<br />

sens vertical. Sur ce cliché à l’échelle 1, une mesure<br />

exacte de la hauteur osseuse présente depuis la partie<br />

supérieure de ce pédicule jusqu’au sommet de la<br />

crête est permise.<br />

Le cliché panoramique, lui, compte tenu de ses différentes<br />

déformations, donnera une estimation de<br />

la position du pédicule, sans permettre une mesure<br />

de précision des volumes disponibles autour de lui<br />

34<br />

11. Anatomie péri-<strong>mandibulaire</strong> (dissection Sapo).<br />

12. Hétérogénéité anatomique du pédicule <strong>mandibulaire</strong> (dissection Sapo).<br />

13. Atrophie <strong>mandibulaire</strong> postérieure (logiciel Nobel Clinician).<br />

14. Planification des implants de part et d’autre du pédicule <strong>mandibulaire</strong><br />

(logiciel Nobel Clinician).<br />

Mais en aucun cas ces clichés 2D ne permettront<br />

de connaître de façon précise la position vestibulolinguale<br />

du pédicule dans le corps <strong>mandibulaire</strong>.<br />

Apport de la 3D dans la gestion<br />

des risques anatomiques<br />

L’étude de cette région par l’imagerie sectionnelle<br />

va permettre d’en connaître les volumes<br />

L’INFORMATION DENTAIRE n° 41/42 - 28 novembre 2012


15 16<br />

17<br />

tridimensionnels avec une grande exactitude. Le<br />

positionnement du pédicule dans le corps de la<br />

mandibule, tout au long de son cheminement, permet<br />

ainsi un diagnostic précis et des décisions thérapeutiques<br />

adaptées.<br />

Ainsi, par exemple, un examen détaillé de la<br />

position du pédicule dans l’épaisseur VL de la<br />

mandibule pourra montrer des volumes osseux<br />

disponibles important de part et d’autre de ce pédicule,<br />

permettant ainsi un traitement implantaire<br />

en cas de faible hauteur osseuse au-dessus. Les<br />

implants pourront être positionnés en dedans ou<br />

en dehors du pédicule (fig. 13 et 14).<br />

Les images 2D de ces positionnements donneront<br />

l’impression d’implants transpédiculaires (fig. 15,<br />

16 et 17).<br />

La chirurgie de prélèvement ramique ne sera possible<br />

qu’après réalisation d’un examen 3D qui donnera<br />

des informations sur l’épaisseur de la corticale<br />

disponible sur le site donneur et sur la position du<br />

pédicule par rapport à cette corticale afin qu’il ne<br />

soit pas lésé lors de la chirurgie (fig. 18 et 19).<br />

Enfin, l’imagerie 3D du secteur <strong>mandibulaire</strong> postérieur<br />

intéresse la chirurgie d’avulsion des dents<br />

de sagesse lorsque l’examen 2D montre une proximité<br />

entre les racines des 8 et les pédicules. Elle<br />

mettra en évidence le positionnement du pédicule<br />

situé en dehors de racines, en dedans, ou cheminant<br />

entre celles-ci.<br />

L’INFORMATION DENTAIRE n° 41/42 - 28 novembre 2012<br />

3D versus 2D<br />

15. Rétro-alvéolaire<br />

post-chirurgicale.<br />

16. Implant transpédiculé<br />

sur imagerie 2D.<br />

17. Position réelle de l’implant<br />

en vestibulaire du pédicule.<br />

18. Site de prélèvement ramique<br />

et situation du pédicule.<br />

19. Site après prélèvement.<br />

20. Anatomie de la concavité<br />

linguale (images Sapo).<br />

18 15 15 16 16<br />

19 15 16<br />

20<br />

La concavité linguale<br />

La concavité linguale est une particularité anatomique<br />

de la partie interne du corps <strong>mandibulaire</strong>. La<br />

partie supérieure de cette concavité est délimitée par<br />

l’insertion du muscle mylo-hyoïdien (fig. 20).<br />

35


Région molaire l Mandibulaire<br />

21<br />

21. Anatomie de la concavité linguale sur imagerie 2D.<br />

22. Projet prothétique : dent virtuelle (logiciel Simplant).<br />

23. Choix de l’axe implantaire en fonction du projet<br />

prothétique et de la concavité linguale (logiciel Simplant.)<br />

24. Ces 3 coupes pourraient provenir de ce même patient,<br />

mais la coupe réelle est la 131.<br />

Étude bidimensionnelle<br />

L’imagerie bidimensionnelle ne nous permet<br />

pas d’apprécier l’importance et la forme de cette<br />

concavité linguale. Seule une ligne légèrement plus<br />

radio-opaque, située sur le corps <strong>mandibulaire</strong>,<br />

peut laisser supposer la présence de l’amorce de<br />

cette concavité. En effet, à cet endroit, la dépressibilité<br />

osseuse de la concavité, moins épaisse,<br />

apparaîtra donc plus radioclaire sur les clichés 2D<br />

(fig. 21).<br />

Mais en aucune manière l’anatomie exacte de cette<br />

concavité ne pourra être déterminée.<br />

Apport de la 3D dans la gestion<br />

des risques anatomiques.<br />

La mise en place d’un implant, quelle que soit la<br />

situation, ne peut être envisagée sans projet prothétique<br />

initial (fig. 22). Un implant n’est pas placé<br />

parce qu’il y a de l’os, mais parce qu’une prothèse<br />

définitive sera supportée par celui-ci. C’est seulement<br />

lorsque le projet prothétique est validé,<br />

fonctionnellement et esthétiquement, que les<br />

raisonnements sur le positionnement axial des<br />

implants sous-jacents vont être entamés (fig. 23).<br />

Ainsi, dans les secteurs <strong>mandibulaire</strong>s postérieurs,<br />

en fonction du projet prothétique et de l’axe<br />

déterminé, la longueur de l’implant sera limitée<br />

par la présence d’une concavité linguale plus ou<br />

moins prononcée. Seul un examen 3D permet de<br />

connaître les volumes osseux présents sur le site à<br />

implanter (fig. 24 et 25) [9, 10].<br />

36<br />

23<br />

24<br />

22<br />

L’INFORMATION DENTAIRE n° 41/42 - 28 novembre 2012


Région molaire l Mandibulaire<br />

25<br />

38<br />

Les raisonnements porteront alors sur le fait de<br />

préférer un implant plus long, mais dans un axe<br />

angulé, ou un implant plus court (imposé par la<br />

présence de la concavité linguale), mais dans un axe<br />

prothétique favorable.<br />

La littérature s’accorde aujourd’hui sur le fait<br />

qu’il n’y a pas de différence significative entre des<br />

implants courts ou des implants longs. Mais un<br />

axe prothétique favorable aura pour conséquence<br />

bibliographie<br />

26<br />

1. HAS. Tomographie volumique à faisceau conique large de la face (Cone<br />

Beam Computerized Tomography). Rapport d’évaluation technologique.<br />

décembre 2009.<br />

2. ASN. Guide des indications et des procédures des examens radiologiques en<br />

odontostomatologie. Code de la santé publique. Mai 2006.<br />

3. Bellaiche N. Scanner et tomographie à faisceau conique : quelle méthode<br />

d’imagerie choisir en odontostomatologie. Le fil <strong>dentaire</strong> 2007 nov. ; 27.<br />

4. Bellaiche N, Missika P. La tomodensitométrie dans le bilan pré-opératoire en<br />

implantologie orale. Info Dent 1991 ; 32 : 268-289.<br />

5. Commission européenne. European guidelines on radiation protection in<br />

dental radiology. Bruxelles : Office des publications officielles de l’Union<br />

Européenne, 2003.<br />

6. Cavezian R, Pasquet G, Bel G, Baller G. Imagerie dento-maxillaire : approche<br />

radio-clinique. 3e édition, Masson. 2006.<br />

7. Bellaiche N. Tomographie à faisceau conique (Cone Beam) : les différents<br />

systèmes, leurs caractéristiques principales et indications. La lettre de<br />

stomatologie 2007 ; 33 : 10-15.<br />

8. Bellaiche N. Scanner et Cone Beam maxillo-facial. Principes, limites et indications<br />

respectives. Implantologie février 2009.<br />

9. Noharet R, Gillot L, Cannas B. Remplacement d’une molaire <strong>mandibulaire</strong><br />

encastrée. Les trois points clés de la solution implantaire. Info Dent 2010 ;<br />

31 : 18-21.<br />

10. Branemark PI, Hansson BO, Adell R, Breine U, Lindström J, Hallen O.<br />

Osseointegrated implants in treatment of the edentulous jaw : experience<br />

from a 10-year period. Scand J Plast Reconstr Surg Appl 1977 ; 11 : 1-132.<br />

11. Gaudy JF et al. Atlas d’anatomie implantaire. Elsevier. 2006.<br />

25. Le même implant serait possible sur la coupe 128<br />

alors qu’il ne serait pas réalisable sur 131 et 141.<br />

26. Implant dépassant la concavité linguale.<br />

une augmentation de la pérennité du traitement<br />

implantaire.<br />

Enfin, la mise en place d’un implant jusqu’à la<br />

concavité linguale permettra d’obtenir un ancrage<br />

primaire de qualité compte tenu de la densité<br />

souvent importante de la corticale linguale à cet<br />

endroit. Cependant, le dépassement d’un implant<br />

de cette corticale entraîne une irritation chronique<br />

du muscle mylo-hyoïdien désagréable pour<br />

le patient (fig. 26).<br />

Conclusion<br />

L’étude systématique de la région <strong>mandibulaire</strong><br />

postérieure par l’imagerie sectionnelle de type<br />

Cone Beam permet aujourd’hui d’obtenir une<br />

cartographie précise des volumes osseux, de leur<br />

densité et de leur rapport avec les obstacles anatomiques.<br />

Cette cartographie, étudiée avec des logiciels de<br />

planification implantaire, rend les traitements plus<br />

sécurisés et plus prédictibles. Les rapports projet<br />

prothétique - volumes osseux - contrainte biomécaniques<br />

pourront être analysés dans un même<br />

ensemble afin de rendre le traitement final cohérent<br />

dans son rapport risque anatomique/risque<br />

biomécanique.<br />

L’arrivée des Cone Beam dans les cabinets<br />

<strong>dentaire</strong>s devrait aujourd’hui interdire<br />

toute chirurgie de la région <strong>mandibulaire</strong><br />

postérieure sans examen tridimensionnel<br />

sécurisant le geste du praticien, et les éléments<br />

anatomiques des patients.<br />

Correspondance<br />

nicoboutin@free.fr<br />

L’INFORMATION DENTAIRE n° 41/42 - 28 novembre 2012


Région molaire l Mandibulaire<br />

Les molaires <strong>mandibulaire</strong>s sont<br />

des dents pluricuspidées<br />

et pluriradiculées. Elles sont en série<br />

descendante : la première est plus<br />

grande que la deuxième qui, elle-même<br />

est plus grande que la troisième.<br />

Ces dents sont caractérisées par<br />

une table occlusale très large<br />

permettant le broyage du bol<br />

alimentaire. La première molaire<br />

<strong>mandibulaire</strong> est une dent dont<br />

l’anatomie est très stable, ce qui fait<br />

d’elle un modèle de description<br />

pour toutes les molaires <strong>mandibulaire</strong>s.<br />

L’INFORMATION DENTAIRE n° 41/42 - 28 novembre 2012<br />

implications en endodontie<br />

Anatomie des molaires <strong>mandibulaire</strong>s<br />

implications en endodontie<br />

Françoise Tilotta<br />

MCU-PH<br />

Université Paris Descartes<br />

1. La ligne oblique (flèche jaune)<br />

prolonge en avant le bord<br />

antérieur de la branche<br />

<strong>mandibulaire</strong>. Elle est proche<br />

du collet de la troisième molaire.<br />

Bernard Lazaroo<br />

Praticien libéral<br />

Chargé d’enseignement<br />

en anatomie (Sapo)<br />

Le mot « molaire » vient du latin molaris,<br />

meule, par analogie avec la fonction de<br />

broyage des aliments. Galien (131-201)<br />

est le premier auteur qui met en relation<br />

la morphologie des molaires et leur fonction.<br />

Il considère cependant que les dents sont des<br />

os… Au fil du temps, d’autres noms ont été utilisés<br />

pour ces dents. Ainsi, dans son ouvrage De<br />

Dissectione Partium Corporis Humani (La dissection<br />

des parties du corps humain), paru en 1546, Charles<br />

Estienne, médecin, humaniste et imprimeur,<br />

nomme ces dents « masticatoires », car « elles<br />

meulent la viande » [4]. Il distingue cependant les<br />

troisièmes molaires qu’il associe à la croissance des<br />

« mâchoires », et qu’il nomme « dents génuines »<br />

ou « dents du sens ». De la même façon, Hémard,<br />

en 1582, les appelle « machelières » dans son<br />

ouvrage Recherche de la vraye anathomie, nature et<br />

propriétés d’icelles [6].<br />

41


Région molaire l Mandibulaire<br />

42<br />

5<br />

2. Le nerf et les vaisseaux alvéolaires inférieurs cheminent<br />

au sein de l’os spongieux du corps <strong>mandibulaire</strong>.<br />

4. La racine mésiale présente une importante courbure en direction<br />

distale, notamment sur la première molaire.<br />

5. La face distale de la racine mésiale des molaires <strong>mandibulaire</strong>s<br />

présente une importante dépression.<br />

Environnement anatomique<br />

Les molaires <strong>mandibulaire</strong>s sont implantées dans la<br />

partie postérieure du corps <strong>mandibulaire</strong>. La troisième<br />

molaire peut parfois se situer à la jonction<br />

entre le corps et la branche <strong>mandibulaire</strong>s. Dans<br />

cette région, l’épaisseur de la corticale osseuse est<br />

conséquente. Sur le versant vestibulaire, celle-ci<br />

est renforcée par la présence de la ligne oblique, ou<br />

crête buccinatrice, qui s’étend du bord antérieur de<br />

la branche <strong>mandibulaire</strong> jusqu’au tubercule mentonnier<br />

(fig. 1). Dans la région molaire, cette ligne<br />

qui donne insertion au muscle buccinateur, est particulièrement<br />

bien individualisée.<br />

L’environnement anatomique noble des molaires<br />

<strong>mandibulaire</strong>s est principalement constitué du<br />

3. La trabéculation de l’os spongieux du corps <strong>mandibulaire</strong><br />

est lâche.<br />

pédicule alvéolaire inférieur. Ce dernier comporte<br />

le nerf alvéolaire inférieur, branche sensitive du<br />

nerf <strong>mandibulaire</strong> qui donne les rameaux assurant<br />

l’innervation des molaires et prémolaires, ainsi que<br />

l’artère et la veine alvéolaires inférieures. Ce pédicule<br />

chemine au sein de l’os spongieux du corps<br />

<strong>mandibulaire</strong>, sans être protégé par un véritable<br />

« canal » (fig. 2). Par ailleurs, la trabéculation de<br />

l’os spongieux de la région molaire est lâche et présente<br />

souvent de nombreuses vacuoles (fig. 3). Cette<br />

morphologie rend le pédicule alvéolaire inférieur<br />

vulnérable aux différents éléments mécaniques ou<br />

chimiques pouvant l’atteindre.<br />

La distance entre les apex des molaires <strong>mandibulaire</strong>s<br />

et le pédicule est variable d’un individu à<br />

l’autre, et d’un côté à l’autre chez un même individu.<br />

Les rapports des apex des deuxième et troisième<br />

molaires avec le nerf alvéolaire inférieur sont généralement<br />

inférieurs au millimètre, alors que pour la<br />

première molaire, ils varient entre 1 et 4 mm, avec<br />

dans certains cas, des décalages transversaux importants<br />

[10].<br />

Anatomie pulpo-radiculaire<br />

Les molaires <strong>mandibulaire</strong>s ont deux racines. Bien<br />

distinctes pour la première molaire, elles se rapprochent<br />

jusqu’à s’accoler ou fusionner pour les<br />

deuxième et troisième molaires.<br />

La première molaire <strong>mandibulaire</strong><br />

La chambre pulpaire est plus étendue dans le sens<br />

mésio-distal et présente des cornes pulpaires en<br />

regard de chaque pointe cuspidienne.<br />

L’INFORMATION DENTAIRE n° 41/42 - 28 novembre 2012


La racine mésiale est large dans le sens vestibulo-lingual<br />

et fortement aplatie dans le sens mésio-distal.<br />

Elle peut être parcourue par une dépression longitudinale<br />

sur sa face distale et présente fréquemment<br />

une importante courbure (fig. 4 et 5). Dans la quasitotalité<br />

des cas, cette courbure existe dans le sens<br />

mésio-distal et est visible radiologiquement, mais<br />

elle peut également exister dans le sens vestibulo-lingual<br />

(fig. 6). Une courbure prononcée de l’extrémité<br />

apicale du canal peut également être observée.<br />

Dans 70 % des cas, il existe deux canaux dans la<br />

racine mésiale et un canal dans la racine distale.<br />

La configuration à quatre canaux est observée dans<br />

30 % des cas. Exceptionnellement, la racine mésiale<br />

ne comporte qu’un canal qui est alors bien centré<br />

dans le sens vestibulo-lingual. Les deux canaux de la<br />

racine mésiale peuvent se réunir dans le tiers apical<br />

de la racine ou se terminer par des orifices apicaux<br />

distincts.<br />

Dans la majorité des cas, le canal distal est unique et<br />

aplati dans le sens mésio-distal. En présence de deux<br />

canaux distaux, la configuration est variable.<br />

La deuxième molaire <strong>mandibulaire</strong><br />

La présence de deux canaux dans la racine mésiale de<br />

la deuxième molaire est très fréquente et peut adopter<br />

différentes configurations. Elle s’accompagne<br />

généralement d’une dépression longitudinale sur la<br />

face distale de la racine mésiale (fig. 5). La présence<br />

d’un canal mésial unique est toutefois fréquente<br />

puisqu’elle représente 40 à 45 % des cas.<br />

Dans la majorité des situations, le canal distal est<br />

unique et aplati dans le sens mésio-distal.<br />

Les racines mésiale et distale des molaires peuvent<br />

comporter plusieurs canaux présentant des fréquences<br />

et des configurations variables décrites par<br />

Weine [12].<br />

Pour ces deux dents, les canaux latéraux, secondaires<br />

et accessoires sont fréquents.<br />

Variations et aberrations<br />

anatomiques<br />

Des deuxièmes molaires à quatre ou cinq canaux<br />

sont retrouvées dans la littérature, ainsi que des premières<br />

molaires à quatre, cinq ou même six canaux.<br />

La présence d’un troisième canal mésial sur la première<br />

molaire est relativement fréquente. Ce canal<br />

supplémentaire se situe au niveau de l’isthme séparant<br />

le canal mésio-vestibulaire et le canal mésiolingual.<br />

Ces trois canaux peuvent être distincts<br />

ou se rejoindre à divers niveaux. La présence d’un<br />

L’INFORMATION DENTAIRE n° 41/42 - 28 novembre 2012<br />

6. La courbure<br />

de la racine<br />

mésiale doit<br />

être objectivée<br />

radiologiquement.<br />

implications en endodontie<br />

troisième canal dans la racine distale est également<br />

décrite dans la littérature, mais reste nettement<br />

moins fréquente.<br />

Les molaires <strong>mandibulaire</strong>s, et particulièrement<br />

la première molaire, peuvent présenter une configuration<br />

particulière à trois racines, avec un radix<br />

entomolaris (racine supplémentaire située à l’angle<br />

disto-lingual de la dent) ou un radix paramolaris<br />

(racine supplémentaire située à l’angle disto-<br />

vestibulaire de la dent). Le radix entomolaris présente<br />

généralement une courbure en direction linguale<br />

associée à une courbure apicale plus prononcée [8].<br />

Pour ces deux configurations, la molaire présente<br />

trois racines et trois ou quatre canaux.<br />

Pour toutes ces variations anatomiques, l’utilisation<br />

du microscope revêt un intérêt incontestable.<br />

Traitement endodontique<br />

des molaires <strong>mandibulaire</strong>s<br />

Cavité d’accès<br />

Différents éléments de la face occlusale doivent être<br />

repérés avant la réalisation de la cavité d’accès :<br />

- le sillon intercuspidien lingual ;<br />

- le sillon intercuspidien vestibulaire ;<br />

- le sillon principal mésio-distal ;<br />

- la fosse marginale mésiale ;<br />

- l’axe de la face mésiale ;<br />

- la pointe cuspidienne mésio-vestibulaire.<br />

L’orifice d’entrée du canal mésio-lingual se projette<br />

à proximité de la fosse marginale mésiale tandis<br />

que l’orifice d’entrée du canal mésio-vestibulaire<br />

se situe à l’aplomb de la pointe cupisdienne mésiovestibulaire.<br />

L’orifice d’entrée du canal distal, s’il est<br />

unique, se projette au niveau de la fosse centrale.<br />

En présence de deux canaux distaux, leurs orifices<br />

se projettent sur l’alignement des sillons intercuspidiens<br />

lingual et vestibulaire, de part et d’autre de la<br />

fosse centrale. Globalement, les entrées canalaires<br />

43


Région molaire l Mandibulaire<br />

44<br />

7. Le stripping<br />

est consécutif<br />

au non-respect<br />

de la courbure<br />

du canal mésial.<br />

se situent à l’aplomb de la partie mésio-vestibulaire<br />

de la table occlusale.<br />

À partir de ces repères, l’approfondissement s’effectue<br />

à l’aide d’une fraise boule montée sur turbine<br />

selon le grand axe coronaire (qui est différent du<br />

grand axe radiculaire). Le plafond pulpaire est éliminé.<br />

La cavité d’accès est trapézoïdale en présence<br />

de deux canaux mésiaux et un canal distal ; elle<br />

devient rectangulaire en présence de quatre canaux.<br />

L’observation du plancher pulpaire montre la présence<br />

de deux, trois ou quatre orifices canalaires.<br />

Les orifices mésiaux sont circulaires. Ils sont plus<br />

proches l’un de l’autre pour la deuxième molaire.<br />

L’orifice du canal distal, lorsqu’il est unique, est<br />

ovoïde à grand axe vestibulo-lingual. La découverte<br />

d’un orifice distal petit et excentré doit conduire à la<br />

recherche d’un second canal distal. La configuration<br />

du canal distal en « arc de cercle », dit également en<br />

« C », est souvent observée sur la deuxième molaire.<br />

La présence d’un radix entomolaris requiert une<br />

extension linguale de la cavité d’accès [8].<br />

Les parois sont alors régularisées et mises de<br />

dépouille. Les entrées canalaires sont évasées de<br />

manière à obtenir un accès instrumental direct.<br />

Préparation canalaire<br />

La racine mésiale des molaires <strong>mandibulaire</strong>s présente<br />

fréquemment une importante courbure qui<br />

est à l’origine des difficultés rencontrées lors de la<br />

préparation canalaire. Un élargissement du tiers<br />

coronaire du canal est indispensable pour redresser<br />

légèrement l’axe du canal et, ainsi, faciliter l’accès au<br />

tiers apical.<br />

Afin de réduire le risque de formation d’une butée,<br />

voire de perforation, les limes endodontiques doivent<br />

travailler de manière privilégiée sur les parois canalaires<br />

opposées à la courbure. Ces parois sont dites<br />

« parois de sécurité » [9]. Cette précaution permet<br />

également de ne pas surtravailler les parois canalaires<br />

internes (paroi distale pour un canal mésial et<br />

paroi mésiale pour un canal distal) et réduire ainsi<br />

le risque de stripping ou de perforation de la paroi<br />

radiculaire, en raison de la présence des dépressions<br />

longitudinales à la surface des racines (fig. 7).<br />

Les canaux en « C » doivent être préparés comme<br />

s’il s’agissait de deux canaux distincts, l’isthme étant<br />

nettoyé par la solution d’irrigation [2].<br />

Obturation canalaire<br />

Il existe à l’heure actuelle différents matériaux<br />

et différentes techniques d’obturation canalaire<br />

(condensation latérale à froid, thermocompactage,<br />

condensation verticale à chaud, etc.) que le praticien<br />

peut employer pour l’obturation endodontique<br />

des molaires <strong>mandibulaire</strong>s.<br />

Complication des<br />

dépassements de matériau<br />

d’obturation canalaire<br />

Le dépassement de matériau d’obturation, guttapercha<br />

ou ciment canalaire, au-delà de la limite de<br />

travail fixée, est généralement bien toléré, même<br />

si une réaction transitoire inflammatoire peut<br />

être observée. La principale complication liée au<br />

dépassement de matériau lors du traitement endodontique<br />

d’une molaire <strong>mandibulaire</strong> est l’atteinte<br />

du nerf alvéolaire inférieur qui peut se traduire<br />

principalement par des manifestations à type de<br />

paresthésie, voire d’anesthésie labio-mentonnières.<br />

Les paresthésies peuvent être définies comme une<br />

perturbation de la conduction sensitive associant<br />

une diminution de la sensibilité et des sensations<br />

conjointes surajoutées anormales. Elles se manifestent<br />

tantôt par une sensation de picotements permanents<br />

au niveau de la lèvre inférieure, tantôt par<br />

des décharges de fréquence variable. L’anesthésie,<br />

elle, signe une atteinte irréversible du nerf.<br />

Ces lésions peuvent être d’origine :<br />

- chimique en raison de la présence, à proximité du<br />

nerf, de produits cytotoxiques employés lors de la<br />

préparation canalaire (irrigation, médication intracanalaire,<br />

etc.) ou de l’obturation ;<br />

- mécanique, lors du passage d’instruments de travail<br />

endodontiques au-delà de l’apex ;<br />

- thermique à la suite d’un défaut de maîtrise des<br />

techniques d’obturation par thermocompactage.<br />

Tous ces facteurs ont en commun le non-respect<br />

de l’anatomie canalaire s’accompagnant d’un dépassement<br />

de matériau ou de solution au-delà de la<br />

L’INFORMATION DENTAIRE n° 41/42 - 28 novembre 2012


8. Un dépassement de matériau d’obturation peut rapidement atteindre<br />

le pédicule alvéolaire inférieur.<br />

constriction apicale et une proximité de ces agents<br />

avec le nerf alvéolaire inférieur (fig. 8).<br />

Dans les cas où une proximité, voire un contact<br />

est observé (15,6 % des cas pour Heasman [5]), les<br />

risques de lésion nerveuse ou artérielle à la suite<br />

d’une diffusion de matériau endodontique sont<br />

augmentés. Ces cas doivent être appréciés radiologiquement<br />

avant d’entreprendre un traitement<br />

endodontique. Pour d’autres cas, la distance séparant<br />

le pédicule <strong>mandibulaire</strong> et les apex <strong>dentaire</strong>s est<br />

plus importante. Cependant, les risques de lésions<br />

existent en raison de la diffusion aisée des produits<br />

d’irrigation dans la région molaire. Les manifestations<br />

cliniques décrites par les patients sont toutefois<br />

très variables, alors que le dépassement en cause<br />

semble comparable à l’examen radiologique. Ainsi,<br />

un dépassement radiologiquement minime pourra<br />

s’accompagner d’une anesthésie labio-mentonnière,<br />

alors qu’un dépassement qui semble important ne<br />

sera associé à aucune symptomatologie.<br />

La diffusion étant facilitée par la structure de l’os<br />

spongieux, cette atteinte peut même se produire<br />

sans véritable proximité entre les apex et le pédicule<br />

<strong>mandibulaire</strong>, et se manifester très rapidement. C’est<br />

ainsi que l’on peut être confronté à l’apparition précoce<br />

d’une paresthésie labio-mentonnière d’origine<br />

endodontique, avant la réalisation de l’obturation<br />

canalaire ou en absence de dépassement de matériau<br />

d’obturation.<br />

évolution des infections<br />

d’origine endodontique<br />

L’infection d’origine endodontique peut être localisée<br />

à la région péri-apicale, mais elle peut également<br />

être à l’origine de complications d’ordre cellulaire<br />

(cellulite) ou osseux (fistule) [7].<br />

Les cellulites aiguës peuvent se présenter sous plusieurs<br />

formes cliniques en fonction de paramètres<br />

anatomiques :<br />

L’INFORMATION DENTAIRE n° 41/42 - 28 novembre 2012<br />

implications en endodontie<br />

9. La coupe<br />

frontale du corps<br />

<strong>mandibulaire</strong><br />

passant par<br />

la première molaire<br />

montre l’importante<br />

épaisseur<br />

de la corticale<br />

vestibulaire<br />

et la proximité<br />

entre les apex<br />

et la corticale<br />

linguale. La distance<br />

entre le pédicule<br />

alvéolaire inférieur<br />

(flèche rouge)<br />

et les apex<br />

est variable.<br />

10. Les apex des molaires peuvent se situer en dessous<br />

ou au-dessus de la ligne mylo-hyoïdienne.<br />

- la molaire causale : le siège de la collection<br />

diffère selon que la dent causale est la première, la<br />

deuxième ou la troisième molaire ;<br />

- la distance séparant les apex des corticales<br />

vestibulaire et linguale : les apex des<br />

deuxième et troisième molaires sont généralement<br />

plus proches de la corticale linguale. Le processus<br />

infectieux évoluera donc préférentiellement en<br />

direction linguale (fig. 9). À l’inverse, les apex de la<br />

première molaire sont généralement plus proches<br />

de la corticale vestibulaire. Le processus infectieux<br />

évoluera donc préférentiellement en direction vestibulaire<br />

;<br />

- la position des apex par rapport aux<br />

lignes oblique (versant vestibulaire) et mylohyoïdienne<br />

(versant lingual). Si les apex se situent<br />

au-dessus de la ligne mylo-hyoïdienne, l’œdème<br />

affectera la région sublinguale. Si les apex se situent<br />

en dessous de la ligne mylo-hyoïdienne, l’œdème<br />

affectera la région sous-<strong>mandibulaire</strong> (fig. 10) ;<br />

45


Région molaire l Mandibulaire<br />

- la profondeur du vestibule : les apex des<br />

molaires <strong>mandibulaire</strong>s se situent en dessous de<br />

la ligne de réflexion de la muqueuse alvéolaire.<br />

L’extension du processus infectieux évoluera donc<br />

préférentiellement vers une cellulite génienne<br />

basse plutôt que vers une fistule.<br />

Résection apicale<br />

des molaires <strong>mandibulaire</strong>s<br />

La fréquence du recours à des résections apicales<br />

sur les molaires semble corrélée à la complexité de<br />

la configuration canalaire de ces dents.<br />

Accès aux apex<br />

L’importante épaisseur de la corticale vestibulaire<br />

dans la région molaire complique le repérage de<br />

l’apex causal à traiter [11] (fig. 9). De plus, de la<br />

première à la troisième molaire, la ligne oblique<br />

se rapproche du collet et les apex s’éloignent de la<br />

corticale vestibulaire pour se rapprocher de la corticale<br />

linguale (fig. 1).<br />

La trépanation doit être effectuée dans une zone<br />

où l’épaisseur osseuse est moindre. Certains<br />

auteurs décrivent un abord dans la région osseuse<br />

la plus proche du collet qui est considérée comme<br />

une « zone de sécurité » [1].<br />

En présence d’une corticale vestibulaire trop<br />

épaisse, certains auteurs préconisent l’accès par<br />

voie linguale [3]. Cette voie d’abord reste cependant<br />

exceptionnelle et doit être envisagée avec<br />

d’extrêmes précautions en raison de la présence du<br />

muscle mylo-hyoïdien et des éléments nobles du<br />

plancher buccal, mais surtout du passage du nerf<br />

lingual sur le versant lingual du rempart alvéolaire<br />

des deuxième et troisième molaires.<br />

Proximité du pédicule alvéolaire<br />

inférieur<br />

La littérature montre que la distance séparant<br />

les apex des molaires <strong>mandibulaire</strong>s et le pédicule<br />

alvéolaire inférieur est très variable selon les<br />

auteurs. Cependant, dans la région molaire <strong>mandibulaire</strong>,<br />

le pédicule est généralement déporté en<br />

direction linguale, ce qui explique le faible risque<br />

de lésion du nerf, rapporté par la littérature [11].<br />

Malgré tout, il est indispensable de localiser le<br />

canal <strong>mandibulaire</strong> par l’imagerie avant toute<br />

intervention.<br />

46<br />

Dans certains cas de figure, le foramen mentonnier<br />

peut être distalé et se situer à l’aplomb des apex de<br />

la première molaire. Le praticien doit donc garder à<br />

l’esprit l’existence de cette localisation afin de ne pas<br />

confondre le foramen et une éventuelle lésion apicale<br />

touchant la première molaire.<br />

Conclusion<br />

La connaissance de l’anatomie <strong>dentaire</strong> externe et<br />

interne constitue l’un des principaux fondements<br />

de nos actes endodontiques. Cependant, l’environnement<br />

anatomique, qu’il soit ostéologique, myologique<br />

ou encore vasculo-nerveux, explique certains<br />

tableaux cliniques et conditionne nos thérapeutiques.<br />

bibliographie<br />

1. Allam C. Microchirurgie endodontique sur les molaires maxillaires et <strong>mandibulaire</strong>s<br />

: nouvelle technique de trépanation osseuse. Rev Odont Stomat<br />

2009 ; 38 : 43-51.<br />

2. Bukiet F, Camps J, Pommel L. Anatomie pulpo-radiculaire des dents <strong>mandibulaire</strong>s<br />

: conséquences cliniques sur la préparation canalaire. Info Dent<br />

2003 ; 27 : 1891-1897.<br />

3. Camus J-P. Endodontie chirurgicale. Editions CdP, 1998, 196p.<br />

4. Estienne C. De Dissectione Partium Corporis Humani (La dissection des parties<br />

du corps humain). Paris : Simon de Colines, 1546.<br />

5. Heasman PA. Variation in the position of the inferior dental canal and its<br />

significance to restorative dentistry. J Dent 1988 ; 16(1) : 36-39.<br />

6. Hémard U. Recherche de la vraye anathomie, nature et propriétés d’icelles.<br />

Lyon : Benoît Rigaud, 1582.<br />

7. Le Breton G. Traité de sémiologie et clinique odonto-stomatologique.<br />

Editions CdP, 1997.<br />

8. Nallapati S. Anatomie canalaire et traitement endodontique. Rev Odont<br />

Stomat 2010 ; 39 : 239-262.<br />

9. Simon S, Ctorza-Perez C. Cavité d’accès en endodontie. EMC (Elsevier<br />

Masson SAS, Paris), Médecine buccale, 28-275-B-10, 2010, Odontologie,<br />

23-045-A-05, 2010.<br />

10. Tilotta-Yasukawa F, Millot S, El Haddioui A, Bravetti P, Gaudy JF.<br />

Labiomandibular paresthesia caused by endodontic treatment : an anatomic<br />

and clinical study. Oral Surg Oral Med Oral Pathol Oral Radiol Endod<br />

2006 ; 102 (4) : 47-59.<br />

11. Von Arx T. La résection apicale dans la région des molaires. Rev Mens<br />

Suisse Odontostomatol 1999 ; 109 (9) : 926-929.<br />

12. Weine FS. Endodontic Therapy. 4 th ed. St. Louis, MO: Mosby, 1989.<br />

Correspondance<br />

UFR Odontologie, Université Paris Descartes<br />

1 rue Maurice Arnoux - 92120 Montrouge<br />

L’INFORMATION DENTAIRE n° 41/42 - 28 novembre 2012


Région molaire l Mandibulaire<br />

Tumeurs<br />

de la région molaire <strong>mandibulaire</strong><br />

De symptomatologie frustre, la découverte<br />

des pathologies kystiques et tumorales<br />

de la mandibule est le plus souvent fortuite<br />

à l’occasion d’un simple examen radiologique<br />

de type orthopantomogramme. Cette région<br />

anatomique peut être le siège de tumeurs<br />

bien spécifiques. Pour permettre l’orientation<br />

du diagnostic, un certain nombre de questions<br />

doivent être évoquées systématiquement<br />

par le clinicien. Les pathologies les plus<br />

fréquentes de cette région anatomique<br />

et la malformation artério-veineuse (MAV)<br />

intra-<strong>mandibulaire</strong>, dont le pronostic peut être<br />

vital, sont présentées ici.<br />

48<br />

Marie-Hélène Laujac<br />

Attachée d’enseignement<br />

Faculté Paris-Descartes<br />

Co-gérante Sapo Clinique<br />

Jean-Charles Giunta<br />

Chirurgie orale exclusive<br />

Les pathologies tumorales de la<br />

région molaire <strong>mandibulaire</strong> sont<br />

fréquentes. Le plus souvent, les<br />

tumeurs sont bénignes. Certaines<br />

lésions sont spécifiques de cette<br />

zone anatomique. S’il est impossible de poser<br />

un diagnostic d’emblée en se fondant uniquement<br />

sur l’examen de la cavité buccale, il est<br />

important de savoir interpréter les signes cliniques<br />

présents et de réagir face à une image<br />

radiologique suspecte.<br />

Quelques règles de base s’appliquent à toute<br />

démarche chirurgicale. Ne jamais pratiquer<br />

l’avulsion d’une dent, même mobile, sans avoir<br />

au préalable fait un contrôle radiologique. Avant<br />

même l’examen radiologique, il est important<br />

de s’interroger sur les signes d’appel comme<br />

une tuméfaction, une déformation osseuse<br />

visible ou palpable. La douleur, en général<br />

peu intense, peut être liée à la compression<br />

L’INFORMATION DENTAIRE n° 41/42 - 28 novembre 2012


d’éléments anatomiques voisins de la tumeur.<br />

Dans la région molaire <strong>mandibulaire</strong>, la compression<br />

du nerf alvéolaire inférieur entraîne des<br />

paresthésies ou une analgésie. Au niveau <strong>dentaire</strong>,<br />

toute malposition ou mobilité suspecte est à<br />

prendre en compte. Il est nécessaire de contrôler<br />

la vitalité <strong>dentaire</strong> à chaque fois qu’une atteinte<br />

tumorale osseuse est suspectée.<br />

Imagerie<br />

D’un point de vue radiologique, l’orthopantomogramme<br />

permet d’affirmer l’existence d’une<br />

tumeur dont la découverte est le plus souvent fortuite.<br />

Il permet d’en suspecter la nature bénigne ou<br />

maligne, mais rarement de l’identifier. L’examen<br />

tomodensitométrique permettra de préciser les<br />

rapports de la tumeur avec les structures anatomiques<br />

avoisinantes et les racines <strong>dentaire</strong>s.<br />

Toute lésion intra-osseuse peut s’étendre vers les<br />

parties molles dès lors que la corticale osseuse est<br />

détruite.<br />

L’examen IRM délimite l’extension vers les parties<br />

molles et permet le repérage de métastases<br />

dans l’évolution des tumeurs malignes. Il s’agit<br />

de l’élément de référence pour l’évaluation du<br />

comportement de la tumeur avant et après une<br />

chimiothérapie.<br />

La scintigraphie au technétium 99 avec balayage<br />

corporel montre un éventuel foyer de fixation.<br />

Elle est demandée dès qu’il existe une suspicion<br />

de tumeur polyostosique.<br />

Tableau 1 - Signes caractéristiques des tumeurs<br />

Tumeurs bénignes Tumeurs malignes<br />

Image bien délimitée<br />

Liseré de condensation<br />

Refoulement harmonieux<br />

Migration des dents avoisinantes<br />

Soufflure voire effraction<br />

de la corticale<br />

sans envahissement<br />

Rhizalyse<br />

Irrégularité<br />

L’INFORMATION DENTAIRE n° 41/42 - 28 novembre 2012<br />

Contour flou<br />

Aspect de dents flottantes<br />

Rupture de la corticale<br />

avec envahissement<br />

des parties molles<br />

Questions types [4]<br />

tumeurs<br />

Malgré les possibilités technologiques, le diagnostic<br />

des lésions tumorales reste histologique.<br />

Certaines questions types permettent d’orienter<br />

le diagnostic en faveur d’une tumeur bénigne ou<br />

non, avant même les résultats histologiques.<br />

- Les limites de la lésion sont-elles nettes,<br />

bordées d’un liseré de condensation ?<br />

- Que révèle l’image d’ostéolyse ?<br />

La lésion est-elle mono-ostotique ou<br />

poly-ostotique, comme par exemple dans<br />

les myélomesou les granulomes éosinophiles ?<br />

- La lésion est-elle isolée sur la mandibule ?<br />

- La localisation permet-elle une orientation<br />

diagnostique ?<br />

- Le contenu de la tumeur paraît-il homogène<br />

ou hétérogène ? Existe-t-il des travées osseuses,<br />

des zones de calcification ?<br />

- La lésion a-t-elle une relation avec un germe<br />

<strong>dentaire</strong> ?<br />

La présence de dent incluse est fréquente dans le<br />

diagnostic de kyste dentigère, pas systématique.<br />

D’autres lésions comme les améloblastomes et les<br />

kystes épidermoïdes s’accompagnent aussi de dent<br />

incluse.<br />

Il faut se rappeler qu’une tumeur bénigne amincit<br />

puis efface la corticale sous la pression de la<br />

lésion circonscrite sous une coque conjonctivopériostée.<br />

La réaction du périoste est typiquement<br />

bien organisée, lisse et régulière.<br />

Les tumeurs malignes détruisent la corticale et<br />

envahissent les parties molles. Les réactions de<br />

type spicule, voire en rayons de soleil, traduisent<br />

une lésion hautement évolutive et l’extension des<br />

parties molles peut donc se retrouver aussi bien<br />

dans les tumeurs malignes que bénignes.<br />

- Les dents voisines sont-elles refoulées ? Tout<br />

kyste ou tumeur bénigne peut s’accompagner de<br />

migration <strong>dentaire</strong> au voisinage de la tumeur.<br />

- Existe-t-il une rhizalyse ? Dans les tumeurs<br />

bénignes, les rhizalyses sont banales, mais elles<br />

peuvent accompagner certaines tumeurs malignes<br />

comme les plasmocytomes malins. Le tableau 1<br />

résume les signes caractéristiques des différentes<br />

tumeurs. Dans tous les cas, un examen anatomopathologique<br />

s’impose dès qu’une indication de<br />

chirurgie est posée.<br />

49


Région molaire l Mandibulaire<br />

Les tumeurs<br />

de la mandibule<br />

L’améloblastome (fig. 1) représente 10 % de<br />

l’ensemble des tumeurs bénignes et kystes des<br />

maxillaires. Elles atteignent la région angulo-<br />

<strong>mandibulaire</strong> dans 80 % des cas. Ces tumeurs<br />

dérivent des améloblastes et présentent comme<br />

signes cliniques une tuméfaction qui finit par<br />

souffler la corticale osseuse avec parfois une douleur<br />

et une mobilité <strong>dentaire</strong>. L’image radiologique<br />

apparaît soit uniloculaire à contours nets,<br />

soit multiloculaire avec un aspect en bulle de<br />

savon ou nid-d’abeilles. Deux traitements sont<br />

proposés : soit radical avec résection de l’os <strong>mandibulaire</strong>,<br />

soit plus conservateur avec énucléation<br />

et curetage. Il semble que les récidives sont plus<br />

importantes dans le traitement conservateur.<br />

Le kyste dentigère (fig. 2 et 3) se développe<br />

à partir du sac coronaire d’une dent incluse. Le<br />

plus souvent, il s’agit de la dent de sagesse <strong>mandibulaire</strong>.<br />

La découverte de la tumeur est fortuite<br />

à l’occasion d’un examen radiologique de routine.<br />

Parfois, il est mis en évidence par la complication<br />

du kyste (infection, fracture <strong>mandibulaire</strong>).<br />

Le kyste épidermoïde se développe chez le<br />

sujet jeune et sa localisation principale est l’angle<br />

<strong>mandibulaire</strong>. Dans les signes cliniques figure<br />

souvent une tuméfaction modérée. L’image du<br />

kyste, unie ou polylobée, présente un liseré de<br />

condensation osseuse. C’est l’examen anatomopathologique<br />

qui fera le diagnostic différentiel avec<br />

l’améloblastome ou le kyste dentigère.<br />

50<br />

3. Kyste dentigère.<br />

1. Améloblastome.<br />

2. Panoramique et TDM montrant un kyste dentigère.<br />

L’INFORMATION DENTAIRE n° 41/42 - 28 novembre 2012


5. Malformation<br />

artério-veineuse<br />

chez une jeune fille<br />

de 13 ans<br />

(services de<br />

maxillo-faciale et<br />

de neuro-radiologie<br />

interventionnelle<br />

du CHU Bicêtre).<br />

L’INFORMATION DENTAIRE n° 41/42 - 28 novembre 2012<br />

4. Lacune<br />

de Stafne.<br />

La cavité idiopathique de Stafne (fig. 4) se<br />

traduit par une image radioclaire au-dessous du<br />

canal <strong>mandibulaire</strong> dans la région angulaire de la<br />

mandibule. Cette image arrondie, ou ovalaire, ou<br />

bien réalisant une encoche à concavité inférieure<br />

échancrant le bord basilaire, est souvent liée à des<br />

lobules de la glande sub<strong>mandibulaire</strong> ou du tissu<br />

conjonctif ou encore du tissu ganglionnaire.<br />

L’ostéosarcome se présente sous trois types :<br />

ostéolytique, ostéocondensant ou mixte. Cependant,<br />

à la mandibule, la forme ostéolytique est la<br />

plus fréquemment rencontrée. Les élargissements<br />

desmodontaux et du canal <strong>mandibulaire</strong>, considérés<br />

comme de signes précoces mais non spécifiques, ne<br />

sont pas toujours rencontrés.<br />

Les fibrosarcomes représentent 5 % des tumeurs<br />

malignes. Les signes radiologiques ne sont pas spécifiques.<br />

L’ostéolyse peut être unie ou plurigéodique,<br />

avec la possibilité de rupture de la corticale.<br />

Les sarcomes sont rares et touchent le sujet<br />

jeune. Dans 90 % des cas, ils se retrouvent à l’angle<br />

tumeurs<br />

<strong>mandibulaire</strong>. Il est important d’en reconnaître les<br />

signes cliniques : apparition en quelques semaines<br />

d’une tuméfaction de l’angle <strong>mandibulaire</strong> et de<br />

la joue, dure à la palpation, souvent précédée,<br />

quelques mois avant, d’une analgésie brutale du<br />

nerf alvéolaire inférieur asymptomatique. La mobilité<br />

des dents est fréquente et une douleur s’installe<br />

rapidement. L’orthopantomogramme montre une<br />

mandibule floue et doit s’accompagner d’une TDM<br />

qui mettra en évidence un aspect polylobé de la<br />

tumeur. À ce stade, une biopsie est indispensable<br />

pour poser un diagnostic.<br />

Le sarcome améloblastique est une transformation<br />

rare du fibrome améloblastique. L’image<br />

radiologique traduit une ostéolyse irrégulière avec<br />

rupture de la corticale et des répercussions <strong>dentaire</strong>s.<br />

Les malformations artério-veineuses (MAV)<br />

(fig. 5) sont très rares. Elles sont définies comme<br />

un hémo-détournement capillaire par shunt artérioveineux.<br />

La MAV est faite de shunts multiples<br />

aboutissant à un peloton vasculaire intermédiaire<br />

(Nidus) se drainant par une ou plusieurs veines.<br />

Elles peuvent se traduire par une tuméfaction<br />

cutanée et sous-cutanée rouge, chaude, battante,<br />

pulsatile, avec à l’auscultation un souffle et à la palpation<br />

un thrill. Elles entraînent des lyses osseuses<br />

diffuses compliquées d’hémorragie cataclysmique<br />

pouvant occasionner le décès du patient. La gravité<br />

tient en partie au caractère imprévisible de son évolution.<br />

L’anomalie apparaît souvent à la suite d’un<br />

facteur déclenchant. On distingue quatre stades évolutifs<br />

: la dormance, l’expansion, la destruction et la<br />

destruction avec défaillance cardiaque. La prise en<br />

charge est obligatoirement pluridisciplinaire et exige<br />

51


Région molaire l Mandibulaire<br />

52<br />

un environnement capable de réunir spécialistes<br />

et plateau technique pour la sécurité endo-vasculaire<br />

du malade. Néanmoins, la découverte de cette<br />

pathologie peut se faire de façon fortuite au cabinet<br />

<strong>dentaire</strong>. Les signes cliniques en bouche peuvent se<br />

traduire par une simple mobilité <strong>dentaire</strong>.<br />

Les tableaux 2 et 3 regroupent les tumeurs spécifiques<br />

de la mandibule. Leur localisation se situe<br />

très souvent dans l’angle <strong>mandibulaire</strong>.<br />

Tableau 2 - Tumeurs bénignes spécifiques de la région<br />

molaire <strong>mandibulaire</strong><br />

Origine <strong>dentaire</strong> Origine non <strong>dentaire</strong><br />

Améloblastome<br />

10 % de l’ensemble<br />

des tumeurs bénignes<br />

80 % des cas se situent<br />

à l’angle <strong>mandibulaire</strong><br />

Kyste dentigère<br />

Très fréquent sur les germes<br />

de dents de sagesse.<br />

Kyste épidermoïde<br />

bibliographie<br />

Cavité de Stafne<br />

Kératokyste<br />

Dans 50 % des cas, ce kyste<br />

se localise à l’angle<br />

<strong>mandibulaire</strong><br />

Kyste anévrismal d’origine<br />

indéterminée<br />

Se localise de préférence<br />

à l’angle <strong>mandibulaire</strong><br />

Tableau 3 - Tumeurs malignes de la région molaire <strong>mandibulaire</strong><br />

Origine non <strong>dentaire</strong> Origine <strong>dentaire</strong> Origine vasculaire<br />

Sarcome osseux : 4 à 7 %<br />

Ostéosarcomes de type<br />

ostéolytiques<br />

Sarcome d’Ewing<br />

(2e tumeur osseuse chez l’enfant)<br />

1 à 3 % des cas chondrosarcome<br />

Fibrosarcome<br />

5 % des cas de tumeurs malignes<br />

1. Benhalima H, Rafi H, Slaoui S, Kzadri M. L’améloblastome <strong>mandibulaire</strong>,<br />

problèmes thérapeutiques. Médecine du Maghreb<br />

1992, n° 34.<br />

2. Cavézian R, Pasquet G. Cone Beam, Imagerie diagnostique<br />

en odontostomatologie. Principes, résultats et perspective.<br />

Elsevier Masson.<br />

3. Martin-Duverneuil N, Chiras J. Imagerie maxillo-faciale.<br />

Médecine-Sciences Flammarion.1997. 375p.<br />

4. Chirurgie maxillo-faciale et stomatologie pour le 2 e cycle des<br />

études médicales. Coordination Pr Lebeau. Elsevier 2006.<br />

Carcinome odontogénique<br />

(rare)<br />

Sarcome améloblastique<br />

Conclusion<br />

Plus de 70 % des kystes et tumeurs sont d’origine<br />

<strong>dentaire</strong> et bénins. Les symptomatologies frustres<br />

qui accompagnent les tumeurs nous imposent de<br />

rester vigilants face à toute douleur inexpliquée,<br />

mobilité <strong>dentaire</strong>, paresthésie ou encore légère<br />

tuméfaction. Il ne faut pas hésiter à prescrire un<br />

examen radiologique à chaque fois qu’une lésion<br />

tumorale est suspectée. L’interprétation radiologique<br />

ne suffit pas en général à poser un diagnostic.<br />

C’est donc l’examen anatomopathologique<br />

qui le confirmera. La prise en charge de certaines<br />

tumeurs peut être pluridisciplinaire, mais le rôle<br />

du chirurgien-dentiste dans le dépistage de ces<br />

lésions reste primordial.<br />

Correspondance<br />

marielaujac@wanadoo.fr<br />

Malformation artério-veineuse<br />

(MAV) intra-<strong>mandibulaire</strong><br />

L’INFORMATION DENTAIRE n° 41/42 - 28 novembre 2012


Région molaire l Mandibulaire<br />

1. Environnement<br />

anatomique<br />

du secteur molaire<br />

<strong>mandibulaire</strong>.<br />

Nous abordons ici<br />

des considérations anatomiques<br />

et morphologiques autant<br />

pour le placement des implants<br />

qu‘en vue de l’exploitation<br />

de la zone ramique pour<br />

les greffes d’apposition.<br />

L’INFORMATION DENTAIRE n° 41/42 - 28 novembre 2012<br />

aspects implantaires<br />

Aspects implantaires<br />

de la région molaire <strong>mandibulaire</strong><br />

Bernard Cannas<br />

Attaché Université<br />

Paris-Descartes<br />

Attaché Hôpital<br />

de Lagny- Marne-la-Vallée<br />

Co-fondateur<br />

de Sapo Implant<br />

Luc Gillot<br />

Attaché Université<br />

Paris-Descartes<br />

Co-fondateur<br />

de Sapo Implant<br />

Expert près la Cour<br />

d’appel de Versailles<br />

Le remplacement des molaires <strong>mandibulaire</strong>s<br />

représente 25 à 30 % des indications<br />

des traitements implantaires<br />

rencontrées en pratique courante. En<br />

fonction de l’édentement à traiter, un<br />

implant encastré entre les secondes prémolaires et<br />

molaires, ou deux à trois implants pour remplacer<br />

les deux molaires seront alors placés.<br />

Un deuxième chapitre traitera de la particularité<br />

de la morphologie du ramus <strong>mandibulaire</strong> comme<br />

indication de choix des greffes d’apposition.<br />

Aspects anatomiques<br />

appliqués en chirurgie<br />

implantaire<br />

Environnement périphérique<br />

et incisions (fig. 1)<br />

En arrière du corpus mandibularis, les insertions<br />

les plus antérieures du tendon du muscle temporal<br />

(portion temporale) ne sont impliquées dans les<br />

55


Région molaire l Mandibulaire<br />

56<br />

2. Comparaison<br />

d’une planification<br />

implantaire<br />

et d’un scanner<br />

postopératoire.<br />

décollements que lors de prélèvements très postérieurs,<br />

mais pas lors de la pose d’implants.<br />

Sur le versant lingual de la crête alvéolaire, dans sa<br />

partie la plus postérieure, chemine le nerf lingual,<br />

plaqué contre la table interne de la mandibule. Il<br />

se dirige en dedans et en avant vers la pointe de la<br />

langue. Le décollement d’un lambeau de pleine<br />

épaisseur est indispensable afin d’assurer la protection<br />

de cette structure nerveuse.<br />

Le muscle buccinateur s’insère en dehors de la<br />

crête édentée, le muscle mylo-hyoïdien en dedans.<br />

La connaissance de ces insertions musculaires est<br />

importante, surtout en cas de forte résorption. Dans<br />

ces situations, les insertions du mylo-hyoïdien et du<br />

buccinateur peuvent se rejoindre sur la crête édentée<br />

qui se retrouve ainsi au niveau du plancher oral.<br />

L’incision devra se situer alors parfaitement médiane<br />

sur la crête alvéolaire. Le décollement vestibulaire<br />

comme lingual impliquera immédiatement les insertions<br />

musculaires.<br />

Environnement endo-osseux<br />

et règles de sécurité<br />

Le pédicule dento-alvéolaire est constitué de structures<br />

vasculaires et nerveuses. Il se dirige dans le<br />

corps <strong>mandibulaire</strong> d’arrière en avant du foramen<br />

<strong>mandibulaire</strong> et vers le foramen mentonnier.<br />

Il est important de rappeler l’absence de corticale<br />

autour du pédicule : cette pseudo-corticale décrite<br />

par son rendu radiologique ne trouve aucune correspondance<br />

clinique lors des dissections.<br />

Lors du forage, aucune augmentation particulière<br />

de la densité osseuse ne caractérise la proximité du<br />

pédicule. De même, il a été faussement décrit qu’un<br />

saignement soudain serait le signe de la proximité du<br />

pédicule avec le foret. Indiscutablement, seule l’imagerie<br />

sectionnelle apporte la garantie de localisation<br />

du pédicule <strong>mandibulaire</strong>.<br />

La réalisation d’examens radiographiques tridimensionnels<br />

préopératoires et le respect d’une marge de<br />

sécurité de 2 à 3 mm au minimum constituent les<br />

règles absolues de sécurité lors de la pose d’implants<br />

dans ce secteur.<br />

Toute atteinte, lésion, écrasement ou compression<br />

du pédicule peut se traduire par des douleurs des<br />

hypoesthésies ou dysesthésies labio-mentonnières.<br />

En effet, la partie terminale du pédicule <strong>mandibulaire</strong><br />

est constituée du pédicule mentonnier, responsable<br />

de la sensibilité d’une partie de la lèvre.<br />

Profil osseux de la région molaire<br />

et conséquences implantaires<br />

L’étui cortical de cette zone est moins épais que<br />

dans la symphyse <strong>mandibulaire</strong>, mais il reste généralement<br />

très dense et impliquera l’usage de forets<br />

de diamètre élevé proche de celui de l’implant, au<br />

moins pour le passage de la corticale supérieure, et<br />

parfois pour la préparation de la corticale interne.<br />

Un taraudage est également souvent nécessaire.<br />

La forme de la mandibule, la position du pédicule<br />

et l’axe donné à l’implant sont différents selon que<br />

l’on place un implant au niveau d’une racine mésiale<br />

d’une première molaire ou d’une racine distale d’une<br />

seconde molaire. Là encore, l’imagerie sectionnelle<br />

montre précisément la morphologie osseuse et permet<br />

une planification implantaire sûre.<br />

• Description des trois sites implantaires<br />

types de la région molaire <strong>mandibulaire</strong><br />

En arrière du foramen mentonnier (fig. 2). Juste<br />

en arrière du foramen mentonnier (situé majoritairement<br />

entre les apex des prémolaires), dans l’espace<br />

correspondant à la racine mésiale de la première<br />

molaire, la forme de la mandibule est encore rectiligne.<br />

Le pédicule, plus ou moins bas suivant les<br />

patients, reste généralement dans une position<br />

centrale. L’axe général de l’implant sera dans l’axe<br />

de l’enveloppe corticale en direction du pédicule<br />

<strong>mandibulaire</strong> en maintenant la distance de sécurité<br />

nécessaire. Le forage s’adaptera à cette situation<br />

morphologique dans laquelle seule la corticale supérieure<br />

permettra souvent d’obtenir la stabilité primaire.<br />

Implant intermédiaire (fig. 3). La zone correspondant<br />

au volume osseux résiduel entre la racine<br />

distale de la première molaire et la racine mésiale de<br />

L’INFORMATION DENTAIRE n° 41/42 - 28 novembre 2012


3. Comparaison d’une planification implantaire<br />

et d’un scanner postopératoire.<br />

la seconde, présente une forme plus inclinée que la<br />

précédente. La forme est plus marquée par la présence<br />

de la partie antérieure du creux sublingual et<br />

par la crête d’insertion du muscle mylo-hyoïdien.<br />

Le corps <strong>mandibulaire</strong> est à ce niveau oblique en<br />

bas et en dehors. L’implant placé dans cet espace<br />

est un peu plus court et sa partie apicale pourra<br />

généralement profiter de l’épaisseur de la partie<br />

interne de la corticale linguale au niveau de l’insertion<br />

du muscle mylo-hyoïdien. Il évitera ainsi le<br />

pédicule <strong>mandibulaire</strong><br />

Implant le plus postérieur (fig. 4). Ce site correspond<br />

à la zone la plus distale de la région molaire.<br />

Le balcon osseux formé par la mandibule au-dessus<br />

de l’insertion du mylo-hyoïdien offre un volume<br />

osseux exploitable beaucoup plus réduit. L’implant<br />

sera généralement plus court que les implants antérieurs.<br />

Sa plus petite taille n’en diminue pas le taux<br />

de succès. La stabilité est assurée par une parfaite<br />

bi-corticalité à la fois dans la crête édentée et dans<br />

le rebord osseux cortical en regard des insertions<br />

du muscle mylo-hyoïdien. Le chirurgien adaptera<br />

son forage afin d’éviter de perforer cette corticale.<br />

Ceci entraînerait un dépassement de l’apex de l’implant<br />

dans le creux sublingual qui pourrait provoquer<br />

des douleurs et des gênes importantes pour le<br />

patient, voire des hématomes.<br />

Comme montré sur la figure 5, si l’on compare la<br />

position des racines des dents naturelles et la planification<br />

des implants, nous trouvons une similitude.<br />

Ainsi, la situation des implants dans l’os<br />

<strong>mandibulaire</strong> se rapproche, site par site, de la situation<br />

des racines naturelles.<br />

L’INFORMATION DENTAIRE n° 41/42 - 28 novembre 2012<br />

aspects implantaires<br />

4. Comparaison d’une planification implantaire et d’un scanner<br />

postopératoire.<br />

5. Noter le mimétisme entre une planification implantaire<br />

et la position des racines des dents naturelles sur des coupes<br />

vestibulo-linguales.<br />

Anatomie <strong>mandibulaire</strong> d’avant en arrière et<br />

placement des implants. Le corps <strong>mandibulaire</strong><br />

présente dans la région molaire une courbure<br />

d’avant en arrière dont la concavité regarde vers le<br />

haut. Chaque implant étant posé dans un axe perpendiculaire<br />

à la crête édentée sur son site, les axes<br />

implantaires seront donc convergents. Ils se rapprochent<br />

de la convergence naturelle des racines<br />

des dents naturelles remplacées (fig. 6).<br />

57


Région molaire l Mandibulaire<br />

Aspects anatomiques<br />

appliqués au prélèvement<br />

ramique<br />

Le prélèvement d’un bloc osseux au niveau du<br />

ramus <strong>mandibulaire</strong> dans sa partie la plus antérieure<br />

constitue une alternative aux greffons extraoraux<br />

et à l’usage des substituts osseux.<br />

Le site de prélèvement intrabuccal le plus utilisé<br />

en chirurgie implantaire a d’abord été la symphyse<br />

<strong>mandibulaire</strong>. Sa simplicité d’accès en a<br />

fait la méthode de choix. Cependant, malgré cet<br />

avantage, les risques de complications et l’inconfort<br />

postopératoire (douleurs, hypoesthésie labio-<br />

mentonnière, perte de sensibilité <strong>dentaire</strong>) ont<br />

poussé les chirurgiens à s’orienter vers le prélèvement<br />

ramique. L’abord chirurgical est plus difficile<br />

et demande une parfaite connaissance des éléments<br />

anatomiques périphériques afin d’éviter les complications.<br />

L’usage d’une instrumentation spécifique<br />

est indispensable afin d’opérer en toute sécurité.<br />

La zone de prélèvement (ramus <strong>mandibulaire</strong>) et la<br />

zone réceptrice (en général le prémaxillaire) ont la<br />

même origine embryologique : le premier arc branchial.<br />

Pour sa portion ventrale, le mésenchyme du<br />

processus <strong>mandibulaire</strong> (cartilage de Meckel) va<br />

donner la mandibule par ossification membraneuse<br />

(zone donneuse). Pour sa portion dorsale, le mésenchyme<br />

du processus maxillaire donne entre autre<br />

aussi par ossification membraneuse l’os maxillaire<br />

(zone réceptrice). Nous avons donc une ossification<br />

membraneuse pour la zone donneuse et receveuse.<br />

Anatomie morphologique<br />

Le ramus <strong>mandibulaire</strong>, ou branche <strong>mandibulaire</strong>,<br />

est situé dans la partie postérieure de la mandibule.<br />

La zone proche du corpus <strong>mandibulaire</strong>, en dehors<br />

58<br />

7. Le prélèvement<br />

ramique peut<br />

être de taille<br />

et de localisation<br />

différentes.<br />

8. Prélèvement<br />

ramique de petite<br />

(rouge) ou large<br />

étendue (verte).<br />

6. Similitude<br />

de la convergence<br />

des implants<br />

par rapport<br />

aux racines<br />

des molaires<br />

sur une vue<br />

panoramique.<br />

de la dent de sagesse et de la deuxième molaire,<br />

constitue une zone de choix pour les prélèvements<br />

endo-buccaux. Cette zone est située en dehors de<br />

l’alvéole de la dent de sagesse. Elle peut être plus<br />

ou moins étendue, du processus coronoïde vers le<br />

corps <strong>mandibulaire</strong> (fig. 7 et 8).<br />

Cette poutre de résistance prolonge le processus<br />

coronoïde et constitue un balcon osseux corticospongieux.<br />

Le prélèvement atraumatique ne fragilise<br />

pas la mandibule. La présence de la dent de<br />

sagesse peut limiter ou contre-indiquer le prélèvement<br />

(fig. 9).<br />

L’INFORMATION DENTAIRE n° 41/42 - 28 novembre 2012


9. Coupe vestibulo-linguale montrant<br />

la morphologie de la zone<br />

de prélèvement ramique au niveau<br />

de la dent de sagesse <strong>mandibulaire</strong>.<br />

Environnement anatomique<br />

et voies d’abord du prélèvement<br />

ramique<br />

Deux types de tracé d’incision sont possibles.<br />

Le tracé doit permettre un abord suffisamment<br />

large, sans tension sur les tissus, et assurer la mise<br />

en place d’écarteurs adaptés à la morphologie du<br />

ramus : écarteur d’Obwegesser (fig. 10).<br />

• Incision superficielle curviligne au fond<br />

du vestibule partant de la première molaire<br />

vers le bord antérieur de la branche verticale de<br />

la mandibule puis dissection avec les ciseaux de<br />

Metzenbaum. Un abord osseux et un décollement<br />

sous-périosté sont ensuite réalisés. Cet abord est<br />

à réserver aux mandibules présentant un ramus<br />

volumineux ; aucun dégagement lingual n’est alors<br />

nécessaire.<br />

• Incision sulculaire autour de la deuxième<br />

molaire, puis incision de décharge partant de<br />

l’angle disto-vestibulaire de la 7 puis se prolongeant<br />

vers le vestibule en épaisseur partielle. Cette<br />

incision permet un dégagement limité vers l’avant<br />

et est réservée aux greffons de petite étendue. La<br />

fermeture de l’incision de décharge est réalisée par<br />

deux points en « O » (fig. 11).<br />

Un décollement sous-périosté est conduit vers le<br />

bas jusqu’au bord inférieur de la mandibule afin de<br />

placer un écarteur dit d’Obwegesser et de visualiser<br />

le volume osseux exploitable. Les incisions<br />

ne concernent pas le muscle buccinateur qui est<br />

ensuite tracté dans le lambeau muco-périosté et<br />

protège ainsi l’artère faciale. Le décollement sous-<br />

L’INFORMATION DENTAIRE n° 41/42 - 28 novembre 2012<br />

10. Ecarteur<br />

à ramus.<br />

aspects implantaires<br />

11. Les deux tracés d’incision conseillés lors d’un prélèvement<br />

ramique.<br />

12. Vue clinique peropératoire du prélèvement<br />

ramique.<br />

périosté est ensuite prolongé en arrière sur le bord<br />

antérieur de la branche verticale de la mandibule<br />

pour la mise en place de l’écarteur à « ramus »,<br />

placé à cheval en direction du coroné, le long du<br />

bord antérieur de la branche (fig. 10). Dans certaines<br />

situations anatomiques (étroitesse de la<br />

mandibule), un décollement du versant lingual<br />

avec la mise en place d’une lame linguale convexe<br />

de Tessier protège le nerf lingual lors de l’ostéotomie.<br />

Une parfaite visibilité de la zone de prélèvement<br />

est nécessaire afin de contrôler les gestes lors de<br />

l’ostéotomie (fig. 12).<br />

59


Région molaire l Mandibulaire<br />

60<br />

13. Les insertions musculaires impliquées<br />

lors du prélèvement ramique : le muscle<br />

buccinateur, les muscles zygomatico<strong>mandibulaire</strong>s<br />

et la portion orbitaire<br />

du muscle temporal.<br />

Les rapports périphériques (fig. 13)<br />

• Rapports latéraux. L’environnement anatomique latéral<br />

est constitué du muscle masséter qui s’insère sur la partie<br />

inférieure de la face latérale de la branche verticale de<br />

la mandibule et recouvre la totalité de la branche en avant<br />

jusqu’aux molaires. Le muscle est ainsi protégé par l’écarteur<br />

d’Obwegesser.<br />

Les muscles zygomatico-<strong>mandibulaire</strong>s et la portion orbitaire<br />

du muscle temporal qui s’insèrent sur le bord antérieur<br />

de la branche seront protégés par l’écarteur à ramus (fig. 12).<br />

Le muscle buccinateur s’insère sur la crête homonyme et se<br />

prolonge en arrière sur la lèvre externe de la crête temporale<br />

est lui protégé par la traction du lambeau muco-périosté.<br />

• Rapports médiaux. Le décollement du lambeau crestal<br />

ne se prolonge pas toujours sur le versant médial de la crête<br />

au niveau du creux sublingual. En cas de décollement, si la<br />

mandibule est étroite, une lame linguale protégera le nerf<br />

homonyme qui est plaqué contre la table interne de la mandibule.<br />

Les muscles mylo-hyoïdien et ptérygoïdien médial<br />

ne sont pas concernés lors de ce prélèvement.<br />

• Rapports endo-osseux (fig. 14). Le risque principal de<br />

cette chirurgie est la lésion du pédicule <strong>mandibulaire</strong>. Afin<br />

de l’éviter, nous préférons effectuer le prélèvement en avant<br />

de la branche quand cela est possible. Les traits d’ostéotomie<br />

supérieurs et verticaux ne dépasseront pas l’épaisseur<br />

de la corticale. Le trait inférieur est superficiel afin de créer<br />

un trait de fracture du bloc osseux avec le ciseau frappé<br />

(fig. 15). La radiographie rétro-alvéolaire montre la hauteur<br />

du pédicule. Si la position est haute, l’imagerie sectionnelle<br />

est nécessaire et confirmera la position exacte. Attention aux<br />

risques de lésion, si le pédicule est plaqué contre la corticale<br />

latérale en position haute.<br />

14. Vue 3D<br />

du pédicule<br />

<strong>mandibulaire</strong>.<br />

15. Vue<br />

peropératoire<br />

des traits<br />

d’ostéotomie<br />

du prélèvement<br />

ramique.<br />

Conclusion<br />

Les implants placés dans la zone édentée <strong>mandibulaire</strong><br />

postérieure imposent une parfaite connaissance<br />

de l’anatomie morphologique afin de placer<br />

les racines artificielles dans une situation proche<br />

de la position des dents naturelles. Ce parfait placement<br />

doit également tenir compte de l’environnement<br />

anatomique périphérique et endo-osseux.<br />

L’aide des outils d’imagerie est indispensable.<br />

Dans le secteur postérieur de la mandibule, le<br />

prélèvement ramique constitue l’alternative indiscutable<br />

aux prélèvements extra-oraux pour les<br />

reconstructions pré-implantaires des procès alvéolaires<br />

de petite et moyenne étendue. Le faible<br />

risque de complications en fait la méthode de choix<br />

de greffe autogène. Cela concerne surtout la mise<br />

en place de bloc osseux dit en onlay. L’inconvénient<br />

est bien entendu la nécessité d’un deuxième site.<br />

L’usage de substituts osseux sous forme de bloc est<br />

une alternative, mais demande encore une véritable<br />

validation scientifique.<br />

bibliographie<br />

1. Gaudy JF et coll. Atlas d’anatomie<br />

implantaire. Elsevier 2006.<br />

Correspondance<br />

bernardcannas@hotmail.com, lucgillot@aol.com<br />

L’INFORMATION DENTAIRE n° 41/42 - 28 novembre 2012


Région molaire l Mandibulaire<br />

La sensibilité de la région molaire<br />

<strong>mandibulaire</strong> est sous la dépendance<br />

de plusieurs nerfs appartenant au nerf<br />

Trijumeau. Le nerf buccal et le nerf lingual<br />

ne posent pas de difficulté d’analgésie.<br />

Le nerf alvéolaire inférieur, en raison<br />

de l’épaisseur de la corticale osseuse<br />

qui le protège, dans son trajet intra-osseux,<br />

du foramen <strong>mandibulaire</strong> au foramen<br />

mentonnier, reste difficile d’accès.<br />

De nombreuses techniques ont prouvé<br />

leur efficacité sans pour autant être fiables<br />

à 100 %. C’est le rôle du praticien<br />

de choisir celles qui seront les mieux<br />

adaptées aux patients et à l’acte opératoire.<br />

L’INFORMATION DENTAIRE n° 41/42 - 28 novembre 2012<br />

techniques analgésiques<br />

Les techniques analgésiques<br />

et leurs indications<br />

dans la région molaire <strong>mandibulaire</strong><br />

Marie-Hélène Laujac<br />

Attachée d’enseignement<br />

Faculté Paris-Descartes<br />

Co-gérante Sapo Clinique<br />

Nicolas Caillieux<br />

Ex-AHU Paris-Descartes<br />

De nombreux facteurs participent à la<br />

réussite d’une analgésie : choix du produit<br />

et de la technique en fonction de<br />

l’acte, maîtrise de l’anatomie par le<br />

praticien. Le succès dépend non seulement<br />

de son savoir-faire, mais devra aussi tenir<br />

compte de l’état de santé du patient, de son degré<br />

de stress, ainsi que de la difficulté liée à la pathologie<br />

elle-même. L’inflammation est parfois vectrice<br />

d’échec. Aussi, une même analgésie n’aura pas la<br />

même efficacité sur une pulpite que sur un simple<br />

soin de carie ou une avulsion.<br />

63


Région molaire l Mandibulaire<br />

64<br />

1<br />

Repères anatomiques<br />

et techniques d’analgésie<br />

Plusieurs nerfs participent à la sensibilité de la région<br />

molaire <strong>mandibulaire</strong>. Le nerf buccal, branche du<br />

nerf temporo-buccal, appartient au tronc terminal<br />

antérieur du nerf <strong>mandibulaire</strong>. Ce nerf assure l’innervation<br />

sensitive du buccinateur et de la muqueuse<br />

jugale de la région molaire et de la peau de la région<br />

massétérique. Son analgésie ne pose pas de difficulté,<br />

puisqu’il suffit d’infiltrer le vestibule avec une<br />

aiguille de 16 mm et 30/100e de diamètre dans la<br />

région molaire, puis de déposer 1/8e de cartouche<br />

pour obtenir le silence opératoire. L’analgésie du<br />

nerf buccal est indiquée dans toutes les chirurgies de<br />

la région molaire <strong>mandibulaire</strong> (fig. 1).<br />

Le nerf lingual assure l’innervation sensitive des<br />

deux tiers antérieurs de la langue, il aborde la partie<br />

postérieure du creux sublingual en restant collé à la<br />

table interne de la mandibule en regard de la dent<br />

de sagesse (fig. 2). Sa situation, très superficielle à ce<br />

niveau, le rend vulnérable en chirurgie, mais facilite<br />

son analgésie. Il suffit de déposer un quart de<br />

cartouche avec une aiguille de 16 mm et de 30/100e<br />

de diamètre dans le creux sublingual au niveau de<br />

la dent de sagesse pour obtenir l’insensibilité de la<br />

muqueuse du creux sublingual. Cette analgésie est<br />

indiquée pour les avulsions des dents de sagesse.<br />

Comme ce nerf est sensitif, il est tout à fait possible<br />

d’analgésier les côtés droit et gauche au cours d’une<br />

même chirurgie sans conséquence pour la motricité<br />

linguale.<br />

2<br />

4<br />

3<br />

3<br />

4<br />

1. Dissection de la face<br />

latérale de la joue.<br />

1 Muscle masséter<br />

2 Muscle buccinateur<br />

3 Nerf buccal<br />

4 Mandibule.<br />

Technique locorégionale<br />

Le nerf alvéolaire inférieur assure toute l’innervation<br />

sensitive des molaires et de la gencive attachée<br />

qui leur correspond. Son trajet intra-osseux dans<br />

la mandibule rend son accès difficile et représente<br />

une cause fréquente d’échec. De très nombreuses<br />

techniques se sont succédé au fil des générations,<br />

toutes témoignent de la complexité de cette analgésie.<br />

La technique d’analgésie locorégionale permet<br />

d’analgésier le nerf alvéolaire inférieur avant<br />

sa pénétration dans le foramen <strong>mandibulaire</strong>. Elle<br />

offre l’avantage d’insensibiliser en une fois tout<br />

le secteur molaire <strong>mandibulaire</strong>. La localisation<br />

du foramen <strong>mandibulaire</strong> nécessite une bonne<br />

connaissance de l’anatomie [4]. Dans la cavité<br />

orale, les repères anatomiques ostéo-musculaires<br />

fiables sont : en dehors, la saillie du bord antérieur<br />

de la branche <strong>mandibulaire</strong> recouverte par la partie<br />

temporale du tendon du temporal ; en dedans,<br />

le bord antérieur du muscle ptérygoïdien médial,<br />

en haut le bord inférieur du muscle ptérygoïdien<br />

latéral (fig. 3).<br />

Ces trois repères forment un triangle à sommet inférieur<br />

(fig. 4). L’injection se fera au niveau de la moitié<br />

de ce triangle. L’aiguille utilisée est de 38 mm et de<br />

50/100 e de diamètre, le corps de la seringue est situé<br />

au niveau des prémolaires controlatérales. L’aiguille<br />

5<br />

L’INFORMATION DENTAIRE n° 41/42 - 28 novembre 2012<br />

2<br />

1<br />

2. Dissection de la face médiale<br />

de la branche de la mandibule.<br />

1 Nerf avéolaire inférieur<br />

2 Nerf lingual<br />

3 Tubérosité du maxillaire<br />

4 Crête <strong>mandibulaire</strong><br />

5 Muscle mylo-hyoïdien.


1<br />

est enfoncée d’environ 15 mm. La difficulté est d’évaluer<br />

la position du foramen <strong>mandibulaire</strong>, toujours<br />

masqué par la lingula et le ligament sphéno-<strong>mandibulaire</strong><br />

qui peut faire dévier l’aiguille de son axe.<br />

Nouveau dispositif de guidage<br />

Une nouvelle technique vient compléter cette<br />

méthode d’analgésie locorégionale. Elle s’appuie<br />

sur l’utilisation d’un dispositif de guidage adapté à<br />

l’analgésie au foramen <strong>mandibulaire</strong>. Ce dispositif,<br />

actuellement à l’essai, a été configuré en tenant<br />

compte des variations morphologiques individuelles<br />

d’orientation de la branche <strong>mandibulaire</strong> et de la<br />

forme de l’arcade. Ce matériel de guidage projette la<br />

pointe de l’aiguille au contact osseux à une distance<br />

comprise entre 7 mm et 14 mm en avant du bord<br />

postérieur de la branche <strong>mandibulaire</strong>. L’aiguille se<br />

situe, d’après les études sur cadavres, invariablement<br />

en arrière du foramen <strong>mandibulaire</strong> (fig. 5).<br />

La manipulation de ce système de guidage met en<br />

évidence les différents repères décrits dans la technique<br />

anatomique d’analgésie régionale. Ce dispositif<br />

présente l’avantage de maintenir la langue en<br />

dehors de la trajectoire de l’aiguille tout en gardant<br />

la lèvre suffisamment écartée. L’analgésie au foramen<br />

<strong>mandibulaire</strong> est indiquée pour les soins longs<br />

et programmés.<br />

L’INFORMATION DENTAIRE n° 41/42 - 28 novembre 2012<br />

2<br />

3. Repères musculaires de l’analgésie loco-régionale.<br />

1 Tendon terminal de la portion temporale du temporel<br />

2 Tendon terminal de la portion orbitaire du temporal<br />

3 Muscle ptérygoïdien médial<br />

4 Muscle ptérygoïdien latéral.<br />

4<br />

3<br />

techniques analgésiques<br />

4. Site d’injection de l’analgésie locorégionale <strong>mandibulaire</strong>.<br />

5. Dispositif de guidage pour le bon positionnement<br />

de l’aiguille.<br />

Technique intra-diploïque<br />

Pour éviter les pièges de l’analgésie au foramen<br />

<strong>mandibulaire</strong>, la technique intra-diploïque cherche<br />

à perforer la corticale osseuse en regard de la dent<br />

à traiter et à déposer quelques gouttes de solution<br />

d’analgésie directement dans l’os spongieux. Cette<br />

méthode est efficace et présente l’avantage de limiter<br />

l’analgésie à une ou deux dents, tout en évitant<br />

l’inconfort de l’analgésie labio-mentonnière de la<br />

technique locorégionale. Dans un essai randomisé,<br />

Coggins et coll. [3] font état d’une efficacité dans<br />

75 % des cas seulement dans le secteur de la première<br />

molaire <strong>mandibulaire</strong>, ce qui est comparable,<br />

65


Région molaire l Mandibulaire<br />

66<br />

voire inférieur à toutes les autres techniques locorégionales.<br />

Par ailleurs, l’innocuité de la technique n’a<br />

pas été démontrée. L’augmentation du rythme cardiaque<br />

avec des solutions adrénalinées a été mise en<br />

évidence par Chamberlain et coll. [2]. D’autres arguments,<br />

comme la contamination bactérienne intraosseuse<br />

ou les sensations de malaises des patients<br />

(bouffées de chaleur, palpitations), sont mis en avant<br />

chez les détracteurs de cette méthode.<br />

Cependant, plusieurs études (Bigby, Nusstein et<br />

coll. [1]) ont évalué l’efficacité de cette technique<br />

chez des patients souffrant de pulpite sévère. Elles<br />

démontrent que 42 % des patients ressentent encore<br />

la douleur après une analgésie conventionnelle. Cet<br />

échec peut être pallié par l’utilisation d’un système<br />

intradiploïque, le taux de succès s’élève alors à 86 %.<br />

Cette technique trouve donc une bonne indication<br />

en seconde intention pour permettre la poursuite<br />

d’un traitement en cas d’insuffisance des méthodes<br />

locorégionales plus conventionnelles [5].<br />

Technique intra-ligamentaire<br />

L’analgésie intra-ligamentaire infiltre le desmodonte<br />

et permet l’analgésie de la pulpe et de l’alvéole.<br />

Cette technique nécessite un matériel adapté. Une<br />

Tableau 1 - Choix de la technique en fonction de l’acte opératoire<br />

Acte Analgésie<br />

régionale<br />

Soin en urgence<br />

sur dent unitaire<br />

Pulpite<br />

Soins programmés<br />

sur plusieurs dents<br />

Avulsions simples<br />

Dent de sagesse<br />

Plancher et langue<br />

Implantologie<br />

En première<br />

intention<br />

En première<br />

intention<br />

En première<br />

intention<br />

Possible<br />

mais inutile<br />

Analgésie<br />

para-apicale<br />

Infiltration de la gencive<br />

marginale<br />

et du desmodonte<br />

Eventuellement pour<br />

les suppléances nerveuses<br />

Si nécessaire, infiltration<br />

vestibulaire ou linguale<br />

de complément<br />

en fonction de l’acte<br />

Recommandée<br />

seringue spécifique à démultiplication permet de<br />

ne délivrer qu’une dose limitée de solution analgésique.<br />

L’aiguille utilisée est courte (12 mm) avec<br />

un diamètre de 30/100e. L’avantage est de n’utiliser<br />

qu’une très faible quantité de solution. Elle présente<br />

une bonne indication pour des patients dont l’état<br />

général est affaibli. Elle est à proscrire chez tous les<br />

patients ayant des pathologies parodontales.<br />

Technique intra-cavitaire<br />

Elle est réservée à la chirurgie des germes de dents<br />

de sagesse et consiste à infiltrer le sac folliculaire.<br />

L’avantage est d’utiliser une faible quantité de solution<br />

(3 à 4/10 e de ml). Simple à réaliser, avec une aiguille<br />

de 16 mm et de 30/100 e de diamètre, elle permet de<br />

compléter une analgésie locorégionale et favorise l’hémostase<br />

locale si la solution est adrénalinée.<br />

Technique intra-pulpaire<br />

L’analgésie intra pulpaire reste le dernier recours à<br />

l’échec des autres techniques. Elle est très douloureuse<br />

quelles que soient les précautions utilisées.<br />

En implantologie, il n’existe pas de technique<br />

spécifique.<br />

Analgésie<br />

de complément<br />

Intra-ligamentaire<br />

ou transcorticale<br />

Intra-ligamentaire<br />

et intra-pulpaire<br />

en deuxième intention<br />

Analgésie<br />

sectorielle<br />

Analgésie du nerf lingual<br />

et du nerf buccal<br />

Infiltration du nerf<br />

buccal et du nerf lingual<br />

Infiltration en première<br />

intention du nerf lingual<br />

Analgésie du nerf lingual<br />

et du nerf buccal<br />

L’INFORMATION DENTAIRE n° 41/42 - 28 novembre 2012


Région molaire l Mandibulaire<br />

Conclusion<br />

Toutes les techniques décrites sont efficaces.<br />

Aucune ne l’est à 100 % tant les paramètres qui<br />

contribuent au succès de l’infiltration sont nombreux.<br />

La clinique et l’état général du patient<br />

guideront le choix du praticien. La bonne connaissance<br />

de l’anatomie et le respect des protocoles<br />

permettent de réaliser avec succès et en toute<br />

confiance les différentes techniques d’analgésie<br />

proposées.<br />

Correspondance<br />

marielaujac@wanadoo.fr<br />

68<br />

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bibliographie<br />

1. Bigby J, Reader A, Nusstein J, Beck M, Weawer J. Articaïne for<br />

supplemental anesthesia in patients with irreversible pulpitis.<br />

J Endod 2006 ; 32 : 1044-1047.<br />

2. Chamberlain TM, David RD, Murchison DF, Hansen SR, Richardson<br />

BW, Keesler. Systemic effects of an intraosseius injection of<br />

2 % lidocaïne with 1/100 000 epinephrine. Gen dent 2000 May-<br />

Jun ; 48 (3) : 299-302.<br />

3. Coggins R, Reader A, Nist R, Beck M, Meyers WJ. Anesthetic efficacy<br />

of the intraosseous injection in maxillary and mandibular<br />

teeth. Oral surg Oral Med Oral Pathol Oral Radiol Endod 1996 ;<br />

Jun ; 81 (6) : 634-664.<br />

4. Gaudy JF, Arreto CD, Donnadieu S, Alimi D, Brulé S, Landru<br />

MM. Manuel d’analgésie en odontostomatologie (107-109).<br />

2 e édition. Masson.<br />

5. Millot S, Longuet A, Charrier J-L. Techniques d’analgésie bucco<strong>dentaire</strong>.<br />

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Orthodontie<br />

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Droit<br />

Région molaire<br />

<strong>mandibulaire</strong><br />

n° 3/4<br />

Vol. 95 - 23 janvier 2013


Région molaire<br />

<strong>mandibulaire</strong><br />

2 e Partie<br />

Dossier coordonné par<br />

Thierry Gorce et Marie-Hélène Laujac<br />

pour la Sapo Clinique<br />

Sommaire<br />

L’INFORMATION DENTAIRE n° 3/4 - 23 janvier 2013<br />

incisions et sutures<br />

Chirurgie<br />

Extraction<br />

Paro<br />

Orthodontie<br />

Droit<br />

Bernard Cannas et Luc Gillot<br />

pour la Sapo Implant<br />

n Incisions et sutures de la région molaire <strong>mandibulaire</strong><br />

Christophe Bilweis, Marie-Hélène Laujac<br />

n Extraction des molaires inférieures<br />

Propositions de 10 commandements<br />

Jean-Luc Charrier, Philippe Tramba<br />

n Aspect parodontal de la région molaire <strong>mandibulaire</strong><br />

François Furic, Xavier Gouard<br />

n Orthodontie et molaire <strong>mandibulaire</strong><br />

Louis-Marie Dussere<br />

n La particularité régionale <strong>mandibulaire</strong> postérieure<br />

sous l’angle de l’expert<br />

Laure Tisserand, Jacques Bitton<br />

11


Région molaire l Mandibulaire<br />

Incisions et sutures<br />

de la région molaire <strong>mandibulaire</strong><br />

en fonction du contexte chirurgical<br />

12<br />

Christophe Bilweis<br />

Ex-assistant Université<br />

Paris-Descartes<br />

Co-fondateur de la SAPO<br />

Le succès d’une chirurgie dépend<br />

de nombreux facteurs comme<br />

le respect des protocoles,<br />

des gestes opératoires adaptés,<br />

la qualité des tissus concernés.<br />

Il dépend également du choix<br />

approprié du tracé d’incision<br />

et des sutures. L’objectif est d’obtenir<br />

une cicatrisation de première intention<br />

optimale. C’est donc l’état des tissus<br />

et la cicatrisation recherchée qui<br />

guident le praticien dans ses choix.<br />

Marie-Hélène Laujac<br />

Attachée d’enseignement,<br />

faculté de chirurgie <strong>dentaire</strong>, Université Paris-Descartes<br />

Co-gérante de la SAPO clinique<br />

Généralités sur les tracés<br />

d’incisions et les sutures<br />

Le tracé d’incision doit être pensé en fonction des<br />

obstacles anatomiques et des sutures envisagées.<br />

Le praticien dispose aujourd’hui de matériel de<br />

plus en plus performant, au niveau tant des lames<br />

de bistouri que du choix des sutures. La lame n° 15<br />

ou 15C présente une grande surface travaillante et<br />

permet d’intervenir dans la majorité des chirurgies<br />

de la cavité buccale.<br />

Le but des sutures est de favoriser le rapprochement<br />

des berges au niveau du site opératoire. Parmi<br />

les variétés de fils de sutures proposées, le matériel<br />

doit être capable d’assurer une réaction tissulaire<br />

minimale, une absence de capillarité du fil,<br />

une bonne résistance à la traction et des résultats<br />

constants. L’aiguille doit comporter des caractéris-<br />

L’INFORMATION DENTAIRE n° 3/4 - 23 janvier 2013


tiques qui diffèrent en fonction de sa pointe, de son<br />

corps ou de sa zone de sertissure. Ainsi, la pointe<br />

de l’aiguille doit être dure, le biseau tranchant. La<br />

zone de sertissure doit permettre un empesage<br />

pour assurer le maintien du fil à l’aiguille. Le corps<br />

de l’aiguille doit pouvoir plier sans se rompre. La<br />

finition, variable d’un fabricant à l’autre, peut comporter<br />

des traitements chimiques ou électriques<br />

visant à différencier, sur la même aiguille, des<br />

zones dure (pointe), souple (le corps), malléable<br />

(la sertissure). Les fils synthétiques ont remplacé<br />

largement la première génération de fils qui était<br />

d’origine naturelle (soie, catgut). Leur structure<br />

peut être monofil ou polyfilament, résorbable ou<br />

non, leur surface traitée ou non. Les avantages et<br />

inconvénients de chaque fil sont regroupés dans le<br />

tableau 1. Le choix de la composition et de la structure<br />

du fil dépend du type d’intervention et de la<br />

qualité des tissus. Il n’existe pas de matériel universel<br />

qui puisse satisfaire toutes les chirurgies.<br />

En chirurgie, bien dégager le site opératoire<br />

facilite l’intervention. L’incision doit être franche<br />

et suffisamment étendue tout en respectant les<br />

obstacles anatomiques vasculaires et nerveux. Les<br />

lambeaux doivent être largement décollés pour<br />

retrouver une bonne élasticité et permettre le rapprochement<br />

des berges. L’incision devra toujours<br />

respecter l’axe de vascularisation du lambeau. Dans<br />

L’INFORMATION DENTAIRE n° 3/4 - 23 janvier 2013<br />

1. Incision sulculaire linguale.<br />

incisions et sutures<br />

le secteur molaire <strong>mandibulaire</strong>, il faut éviter toute<br />

incision de décharge en épaisseur totale au-delà de<br />

la gencive attachée en regard de la 6 en raison de la<br />

présence de l’artère faciale. Pour ne pas léser le nerf<br />

lingual qui chemine le long de la table interne de la<br />

mandibule en regard de la dent de sagesse, l’incision<br />

linguale, si elle est nécessaire, reste sulculaire autour<br />

de la 7 (fig. 1). La traction du lambeau lingual doit<br />

être délicate et toujours en épaisseur totale.<br />

Chirurgie des tissus sains<br />

Sur un tissu sain, il n’existe pas de voie d’abord ni<br />

de technique standard. Le tracé d’incision avec une<br />

lame n° 15 dépend du site opératoire et de la qualité<br />

des tissus. Il doit respecter les obstacles anatomiques<br />

du secteur à opérer, permettre une bonne visibilité<br />

Tableau 1 - Récapitulatif des fils de sutures, avantages et inconvénients<br />

Non résorbable synthétique<br />

(polyamides, polyester, polypropylène)<br />

Avantages Inconvénients<br />

Monofil Surface lisse<br />

Rigidité<br />

Facilite le passage dans les tissus Extrémité traumatique<br />

Peu d’adhérence des germes<br />

Moins bonne tenue du nœud<br />

Polyfilament Maniable<br />

Etat de surface moins régulier<br />

Résorbable synthétique<br />

Bonne tenue du nœud<br />

Favorise le processus infectieux<br />

Monofil : polydiaxone, glycomer 631, Maniable, bonne glisse<br />

Moins résistant<br />

polyglyconate<br />

Souplesse, élasticité<br />

Polyfilament tressé : polyglactine 910,<br />

acide polyglycolique<br />

Solide<br />

Limite les sutures dans le temps<br />

13


Région molaire l Mandibulaire<br />

2<br />

de la zone opératoire et éviter les récessions postopératoires.<br />

Le ou les points de suture doivent<br />

permettre un maintien stable du lambeau et être<br />

facile à déposer. Les sutures se situent toujours à<br />

distance des berges afin d’éviter le déchirement de<br />

la muqueuse lors de la tractation du lambeau.<br />

Chirurgie des tissus<br />

enflammés<br />

Dans les chirurgies sur tissus enflammés, l’objectif<br />

est de provoquer une cicatrisation en rapprochant<br />

les berges, mais en s’assurant que l’infection in situ<br />

sera suffisamment drainée. On tiendra compte<br />

de l’œdème responsable de la traction des fils. Le<br />

tracé d’incision sera plus étendu afin de dégager<br />

les plans aponévrotiques, de faciliter le drainage et<br />

la non-compression des structures sous-jacentes.<br />

Dans tous les cas, il est nécessaire d’avoir une très<br />

14<br />

3<br />

1<br />

2<br />

bonne visibilité du site opératoire. Il est important<br />

de réaliser des sutures solides pour ne pas interférer<br />

avec le processus inflammatoire et optimiser la<br />

cicatrisation. L’utilisation d’un fil synthétique non<br />

résorbable de type polyester tressé est une bonne<br />

indication à la chirurgie du tissu enflammé. La<br />

particularité de ce fil est de posséder une solidité<br />

invariable. De même, il est préférable d’augmenter<br />

le diamètre du fil plutôt que de multiplier les points<br />

et de faire des sutures suspendues pour ne pas traumatiser<br />

le lambeau (tableau 2).<br />

Les indications en fonction<br />

de l’acte opératoire<br />

Pour pratiquer une germectomie, ou l’avulsion<br />

d’une dent de sagesse enclavée ou délicate, le tracé<br />

d’incision est sulculaire de la face mésiale de la 6<br />

à la face distale de la 7. L’incision se poursuit en<br />

épaisseur totale sur la crête en distal de la deuxième<br />

molaire et sera peu étendue, quelques millimètres<br />

(fig. 2). Le tracé se continue en épaisseur partielle<br />

en direction du bord antérieur de la branche man-<br />

Tableau 2 - Comparatif des choix de suture en fonction de la qualité des tissus<br />

Objectif Choix du matériel Astuces<br />

Tissu sain Favoriser la cicatrisation<br />

de première intention<br />

Fil synthétique résorbable Sutures à distance des berges<br />

Tissu infecté Favoriser le drainage Fils synthétique Sutures suspendues<br />

Tracé d’incision plus étendu non résorbable de type Diminuer le nombre de points<br />

Éviter la compression<br />

des structures<br />

polyester tressé Augmenter le diamètre du fil<br />

3<br />

2. Schéma<br />

du tracé<br />

d’incision<br />

pour l’avulsion<br />

de la dent de<br />

sagesse incluse.<br />

3. Tracé<br />

d’incision pour<br />

l’avulsion<br />

d’une dent de<br />

sagesse incluse.<br />

L’INFORMATION DENTAIRE n° 3/4 - 23 janvier 2013


4<br />

4. Incision de décharge en épaisseur partielle pour<br />

l’avulsion d’une dent de sagesse incluse.<br />

dibulaire dans l’épaisseur du tendon du temporal<br />

(fig. 3 et 4). Pour dégager le site opératoire du côté<br />

lingual, une incision sulculaire en lingual de la 6<br />

et de la 7 est réalisée. Le décollement du lambeau<br />

tiendra compte de la présence du nerf lingual. La<br />

suture recherche un rapprochement berge à berge<br />

du site opératoire et sera faite avec un fil résorbable<br />

rapide. En cas d’œdème, il est préférable<br />

d’effectuer un point matelassier en face distale de<br />

la deuxième molaire (fig. 5). Ce point permet de<br />

limiter le nombre de pénétration de l’aiguille et de<br />

préserver la papille vestibulaire entre la 6 et la 7.<br />

C’est le point le plus important de la chirurgie. La<br />

suture des tissus se poursuit avec des points en O.<br />

le diamètre du fil recommandé est de 1,5. L’aiguille<br />

recommandée est de 20 mm<br />

L’INFORMATION DENTAIRE n° 3/4 - 23 janvier 2013<br />

incisions et sutures<br />

Pour une chirurgie d’exérèse kystique, il est préférable<br />

de pratiquer avec une lame n° 15 une incision<br />

semi-lunaire ou curviligne dans la muqueuse<br />

légèrement à distance de la tumeur. L’avantage de<br />

ce tracé d’incision est de minimiser les risques de<br />

récessions gingivales postopératoires. Dans ce type<br />

d’intervention, le choix du fil de suture se portera<br />

sur un fil résorbable tressé ou un monofil, avec la<br />

technique des points en O.<br />

5a b<br />

5a et b. Point de matelassier en distal de la 7.<br />

Tableau 3 - Récapitulatif des choix d’incision et de suture en fonction de l’acte opératoire<br />

Incisions Sutures Fils<br />

Dent incluse - Large pour faciliter l’accès - Solides pour permettre Choix en fonction :<br />

ou enclavée au site opératoire<br />

le maintien du lambeau - de la qualité des tissus ;<br />

- Doit protéger les éléments - Permettre une bonne<br />

- des tensions exercées<br />

vasculaire et nerveux proches cicatrisation de première sur le lambeau ;<br />

- Faciliter les sutures<br />

intention<br />

- du type de suture ;<br />

- Ne pas provoquer de rétention<br />

alimentaire<br />

- de l’hygiène<br />

Chirurgie<br />

parodontale<br />

Spécifique à chaque technique Spécifique à la technique Fils résorbable<br />

Chirurgie Incision décalée par rapport Spécifique à l’intervention Fils résorbable ou non<br />

implantaire à la crête pour obtenir<br />

un recouvrement de l’implant<br />

15


Région molaire l Mandibulaire<br />

6a b c<br />

16<br />

La technique du Distal Wedge permet la diminution<br />

des poches parodontales situées en distal<br />

de la dernière dent de l’arcade (fig. 6). Les incisions<br />

partent des angles disto-lingual et disto-<br />

vestibulaire de la molaire concernée et se rejoignent<br />

sur la crête. La longueur du tracé dépend de la<br />

quantité de tissu à éliminer. Une incision secondaire<br />

en distal de la dent réunit les deux incisions<br />

principales. La suture sera réalisée avec un fil non<br />

résorbable tressé 4/0 muni d’une aiguille triangulaire<br />

inversée (V) de 3/8 e de cercle et de 16 mm.<br />

Un point de matelassier mixte permet le placage du<br />

lambeau contre la dent. Dans tous les cas, la dépose<br />

des fils de suture est variable selon l’acte chirurgical<br />

et du type de fil choisi.<br />

Correspondance<br />

chr.bilweis@laposte.net<br />

Conclusion<br />

bibliographie<br />

6a, b et c. Les étapes<br />

du Distal Wedge.<br />

À chaque type d’intervention correspond une<br />

technique d’incision et de suture. Ces choix judicieux<br />

font partie intégrante de la chirurgie et participent<br />

au succès de l’intervention. Le praticien<br />

devra donc, en fonction des différents matériels de<br />

suture proposés sur le marché, faire le choix idéal<br />

pour optimiser ses résultats.<br />

1. Gaudy JF, Bilweis C, Lazaroo B, Tilotta F. Incisions et<br />

sutures. Mémento, éditions CdP, 2007.<br />

2. Davarpanah M, Caraman M, Sater SA, Jakubowick-<br />

Kohen B, Kebir-QuelinM, Agachi A. La chirurgie<br />

buccale. Mémento, éditions CdP, 2005.<br />

3. Biou C. Manuel de chirurgie buccale. Masson, 1978.<br />

L’INFORMATION DENTAIRE n° 3/4 - 23 janvier 2013


Région molaire l Mandibulaire<br />

Extraction des molaires<br />

inférieures<br />

Proposition de 10 commandements<br />

Les molaires <strong>mandibulaire</strong>s sont<br />

les dents les plus fréquemment extraites.<br />

Les indications d’extraction doivent<br />

cependant être rediscutées en fonction<br />

de l’importance du bénéfice en termes<br />

de traitement et des risques chirurgicaux<br />

qu’elles peuvent représenter.<br />

Pour les premières et deuxièmes molaires,<br />

l’anatomie de l’édentement, qui va conditionner<br />

les possibilités de réhabilitation prothétique,<br />

résulte des paramètres de l’édentation.<br />

Nous proposons dix « commandements »<br />

à respecter prioritairement pour minimiser<br />

les suites opératoires, éviter les complications<br />

les plus fréquentes et optimiser les possibilités<br />

prothétiques, en particulier en prothèse<br />

implanto-portée.<br />

L’INFORMATION DENTAIRE n° 3/4 - 23 janvier 2013<br />

Jean-Luc Charrier<br />

MCU-PH<br />

Faculté de chirurgie <strong>dentaire</strong><br />

Université Paris Descartes<br />

Service Odontologie Hôpital<br />

Bretonneau (Paris)<br />

Philippe Tramba<br />

MCU-PH<br />

Faculté de chirurgie <strong>dentaire</strong><br />

Université Paris Descartes<br />

Service Odontologie, Groupe<br />

hospitalier Charles Foix/<br />

Pitié Salpétrière<br />

extraction<br />

La troisième molaire, quand elle évolue<br />

normalement sur l’arcade, est la dent la<br />

moins accessible tant pour le brossage et<br />

l’entretien que pour la mise en œuvre des<br />

soins conservateurs. Elle est la dent la<br />

plus souvent extraite chez l’adulte, immédiatement<br />

suivie par la première molaire <strong>mandibulaire</strong>. La<br />

« dent de 6 ans » est la première dent définitive à<br />

faire son apparition sur l’arcade, c’est aussi, logiquement,<br />

la première touchée par la maladie carieuse<br />

[1]. Les dents de sagesse incluses ou enclavées sont<br />

souvent à l’origine d’accidents inflammatoires et<br />

infectieux qui conduisent à l’indication d’extraction.<br />

En fait, et d’un point de vue plus global, les avulsions<br />

des molaires inférieures sont les actes les<br />

plus fréquemment pratiqués dans le domaine de la<br />

chirurgie orale. Les techniques d’extraction ont été<br />

très largement décrites, expliquées, justifiées dans<br />

leurs approches et temps par temps dans une littérature<br />

répétitive faite à partir de cas cliniques.<br />

19


Région molaire l Mandibulaire<br />

1. Site de 46, 8 semaines après<br />

l’extraction (1a), à comparer<br />

avec le site de 36 (1b) où la dent<br />

est présente. On observe peu<br />

de pertes osseuses verticales<br />

et une diminution de la largeur<br />

vestibulo-linguale.<br />

2. Site de 36, 18 mois après<br />

l’extraction (2a), à comparer<br />

avec le site de 46 (2b)<br />

où la dent est présente.<br />

On observe une perte osseuse<br />

verticale de la table externe.<br />

20<br />

1a b<br />

2a b<br />

L’objectif de cet article n’est pas de les réexprimer, mais plutôt<br />

de relever dix points qui nous paraissent essentiels, fondamentaux<br />

vis-à-vis de la prévention des complications immédiates<br />

et retardées. Ces dix points vous sont présentés sous la forme<br />

de commandements qui, s’ils sont respectés, permettent d’obtenir<br />

des suites opératoires les plus simples possibles et une anatomie<br />

du futur édentement la plus favorable aux éventuelles<br />

réhabilitations prothétiques conventionnelles ou implanto-portées.<br />

1. Limiter le traumatisme<br />

infectieux<br />

L’un des objectifs de tout geste chirurgical est d’obtenir,<br />

à la fin de l’intervention, des conditions locales<br />

favorables à la future cicatrisation. Par exemple, un<br />

contexte infectieux non contrôlé peut nuire au futur<br />

processus de réparation tissulaire par contamination<br />

bactérienne. L’étiologie inflammatoire s’associe<br />

à la dent qui doit être extraite, mais aussi à d’autres<br />

pathologies buccales comme les infections carieuses<br />

et les maladies parodontales.<br />

Toute préparation initiale, locale ou régionale visant<br />

à diminuer préalablement l’inflammation améliore<br />

sensiblement les conditions opératoires et limite le<br />

risque de complication.<br />

En dehors du contexte de l’urgence, il est nécessaire<br />

de stopper les foyers carieux actifs et de stabiliser les<br />

atteintes des tissus parodontaux. Si une infection<br />

est à l’origine de l’indication d’extraction, une antibiothérapie<br />

mise en place 24 ou 48 heures avant la<br />

chirurgie (selon le contexte du patient) permet d’obtenir<br />

de meilleures conditions opératoires.<br />

2. Respecter les tissus<br />

parodontaux environnants<br />

L’instrumentation du site d’extraction peut être<br />

violente pour les tissus gingivaux en bordure du<br />

site d’extraction. En particulier, la papille inter<strong>dentaire</strong><br />

peut être lésée de façon importante lors des<br />

manœuvres de syndesmotomie et d’élévation. Les<br />

papilles jouent un rôle important dans le succès de<br />

la future réhabilitation prothétique : elles sont donc<br />

précieuses et méritent toute notre attention.<br />

L’acte chirurgical doit débuter par une incision sulculaire<br />

réalisée à l’aide d’un bistouri.<br />

Le décollement local, qui peut s’effectuer avec un<br />

syndesmotome, permet d’écarter, sans les dilacérer,<br />

les tissus gingivaux et les papilles. Dans un deuxième<br />

temps, la syndesmotomie est conduite avec<br />

des instruments fins et tranchants s’insinuant entre<br />

l’os et la racine <strong>dentaire</strong>.<br />

Si les racines <strong>dentaire</strong>s ne sont pas fusionnées, elles<br />

doivent être systématiquement séparées, même si<br />

l’extraction simple est envisageable. En effet, la<br />

luxation isolée d’une racine entraînera toujours<br />

moins de tension et de risques de microfractures<br />

osseuse, des corticales externes et de l’os interradiculaire<br />

que l’on tient à conserver pour initier la<br />

future régénération osseuse alvéolaire.<br />

L’INFORMATION DENTAIRE n° 3/4 - 23 janvier 2013


3a e<br />

h i<br />

3a. Exemple d’insert sonique (Komet) pour réaliser<br />

une syndesmotomie et une séparation atraumatique des racines.<br />

La particularité de ce type d’insert est d’être inactif sur les tissus<br />

mous. Il se fixe à l’unit sur le raccord multiflex de la turbine<br />

par l’intermédiare d’une pièce à main (W&H, KaVo, etc.).<br />

b. Situation clinique initiale (46 à ôter).<br />

c. Utilisation de l’insert Komet “scie” coudé sur le champ.<br />

d. Mise en action de l’effet sonique. Le champ visuel reste<br />

très accessible. Objectif dans la situation clinique présentée :<br />

syndesmotomie périphérique.<br />

e. Objectif dans la situation clinique présentée : séparation<br />

des racines.<br />

f. Mise en action de l’effet sonique. Action unique sur les tissus durs<br />

(os et dentine).<br />

g. Séparation effectuée.<br />

h. Racine distale ôtée. La découpe est fine, précise et sans atteinte<br />

possible des tissus mous.<br />

i. Racines mésiales déposées. Le site est préservé, l’atteinte osseuse<br />

est minimale. Le lambeau sera suturé pour guider sa cicatrisation.<br />

Les suites opératoires des instruments pour la “sono chirurgie”<br />

sont toujours excellentes.<br />

L’INFORMATION DENTAIRE n° 3/4 - 23 janvier 2013<br />

b c d<br />

f g<br />

3. Respecter la table<br />

osseuse vestibulaire<br />

extraction<br />

Dans les sites molaires <strong>mandibulaire</strong>s, la résorption<br />

osseuse verticale d’un édentement unitaire est<br />

faible dès lors que les corticales linguales et vestibulaires<br />

n’ont pas été “abîmées” avant ou pendant<br />

l’extraction (fig. 1).<br />

Il est essentiel de préserver, autant qu’il est possible,<br />

l’intégrité des corticales pour que l’alvéole<br />

d’extraction garde toutes ses parois osseuses. Lors<br />

de la mise en place chirurgicale d’implant dans les<br />

sites <strong>mandibulaire</strong>s postérieurs, le défaut osseux le<br />

plus pénalisant est la résorption osseuse vestibulaire.<br />

La table osseuse vestibulaire est régulièrement<br />

arrondie au-dessus de la ligne buccinatrice.<br />

À l’inverse, la table linguale est verticale au-dessus<br />

de la crête mylo-hyoïdienne qui résiste mieux à la<br />

résorption [2]. C’est finalement le niveau osseux<br />

vestibulaire qui détermine la hauteur globale<br />

exploitable du site implantaire (fig. 2).<br />

Si une ostéotomie est nécessaire à l’extraction,<br />

le dégagement lingual sera privilégié, plutôt que<br />

vestibulaire, même s’il est vrai qu’il est techniquement<br />

plus difficile d’accès. L’alvéolectomie<br />

classiquement enseignée détruisant tout ou partie<br />

de la corticale vestibulaire est, certes, un moyen<br />

efficace d’enlever une racine, mais c’est aussi le<br />

moyen le plus sûr de compromettre à terme les<br />

conditions osseuses favorables à la prothèse, qu’il<br />

s’agisse d’intermédiaire de bridge ou de prothèse<br />

implanto-portée. En regard d’un apex, une tunne-<br />

21


Région molaire l Mandibulaire<br />

4a b c<br />

22<br />

lisation de la corticale vestibulaire peut être envisagée<br />

pour chasser vers le haut le fragment radiculaire<br />

en préservant la partie haute de la paroi osseuse.<br />

L’utilisation et le choix de micro-élévateurs<br />

réduisent considérablement le recours au dégagement<br />

osseux. Lorsque celui-ci devient indispensable,<br />

une instrumentation rotative à grande vitesse permet<br />

des coupes fines évitant d’éliminer les corticales.<br />

Enfin, nous disposons d’instruments de chirurgie<br />

osseuse sonores et ultrasonores très utiles lorsque<br />

les dents présentent des plages d’ankylose (fig. 3). De<br />

plus, ces instruments sont discriminants vis-à-vis<br />

des tissus mous et donc non invasifs à leur égard.<br />

4. éradiquer les foyers<br />

apicaux<br />

Le foyer infectieux est souvent à l’origine de l’indication<br />

d’extraction. L’importance du curetage complet<br />

de l’alvéole n’est plus à démontrer. Il est souvent long<br />

et fastidieux, et peut parfois être douloureux et nécessiter<br />

un complément d’anesthésie. L’instrumentation<br />

doit être tranchante et avoir des formes adaptées à<br />

celles des cavités osseuses. L’idéal est, à partir d’un<br />

contact osseux en zone saine, de suivre sur la paroi<br />

osseuse le contour de la lésion sans dilacérer le tissu<br />

de granulation. L’ensemble du tissu extrait peut alors<br />

être examiné et permettre de conclure à l’énucléation<br />

complète. Lorsque tout le tissu de granulation n’est<br />

pas éliminé intégralement en un temps, il peut être<br />

difficile de s’assurer qu’aucun tissu inflammatoire ne<br />

reste au fond des alvéoles, et cela particulièrement<br />

lorsque la lésion s’étend autour de plusieurs apex.<br />

Il est souvent nécessaire de supprimer les septums<br />

inter-radiculaires pour cureter valablement tous les<br />

tissus fibreux (fig. 4). Le bénéfice pour la cicatrisation<br />

obtenu en termes de “propreté de l’alvéole”, est<br />

privilégié dans ce cadre par rapport au “sacrifice” en<br />

termes de conservation osseuse. La lecture d’imagerie<br />

de très bonne qualité est une aide indiscutable.<br />

4. Site de 36 avant l’extraction (4a), à comparer avec<br />

le site 6 semaines après l’extraction. On observe un début<br />

de trabéculation (4b) et l’observation de la crête osseuse<br />

à la réouverture du site pour la mise en place<br />

d’un implant (4c).<br />

5. Favoriser l’installation<br />

et la préservation du caillot<br />

Sans revenir sur les processus de régénération<br />

osseuse à l’intérieur de l’alvéole qui sont parfaitement<br />

décrits, nous savons aujourd’hui que tout débute dans<br />

les premières heures, à partir de la formation du caillot.<br />

L’obtention d’un caillot sanguin bien constitué et<br />

stable dans l’alvéole est une condition nécessaire au<br />

processus de cicatrisation osseuse. Le saignement de<br />

l’alvéole doit permettre de remplir la cavité et doit<br />

être favorisé puis maîtrisé.<br />

Lorsque les gestes d’extraction sont simples et rapides<br />

(de l’ordre de 10 min), l’utilisation d’une solution<br />

d’anesthésie locale fortement dosée en vasoconstricteur<br />

peut limiter le saignement et gêner la constitution<br />

du caillot. À ce titre, l’utilisation de techniques<br />

d’infiltration intra-osseuse peut être déconseillée,<br />

d’autant que les actes chirurgicaux posent généralement<br />

peu de problème en termes d’anesthésie<br />

par rapport aux autres actes de dentisterie sur dent<br />

vivante [3, 4].<br />

Une alvéole “sèche” visible immédiatement après une<br />

extraction est un signe négatif vis-à-vis de la cicatrisation.<br />

Il est possible de provoquer le saignement en<br />

perçant les parois de l’alvéole à l’aide d’instrument<br />

rotatif ou tranchant.<br />

Une fois l’alvéole remplie, le temps nécessaire à la<br />

constitution du caillot est celui du temps de saignement<br />

de l’ordre de 4 à 5 min si les conditions d’hémostases<br />

sont bonnes. Dans les cas où le saignement<br />

persiste, une série de techniques d’hémostase locale<br />

permettent l’obtention d’un caillot [5].<br />

Dans tous les cas, il faut protéger ce caillot et en assurer<br />

la stabilité pendant les premières heures. L’un des<br />

moyens efficaces et simples est de suturer les tissus<br />

L’INFORMATION DENTAIRE n° 3/4 - 23 janvier 2013


mous. L’objectif n’est pas de rapprocher les berges de<br />

l’alvéole, mais simplement de fixer les papilles et de<br />

protéger la plaie des mouvements de la langue.<br />

Il faut également rappeler clairement au patient l’importance<br />

de ne pas abîmer le caillot (ne pas cracher,<br />

ne pas faire de bain de bouche immédiat, ne pas manger<br />

tout de suite).<br />

6. Ne pas combler<br />

sans nécessité<br />

Hormis le caillot sanguin, tous les matériaux présents<br />

dans l’alvéole devront être résorbés avant réparation<br />

osseuse. Le temps de résorption des matériaux de<br />

comblement est du temps perdu pour la régénération<br />

osseuse.<br />

Deux types d’objectifs conduisent à l’indication de<br />

la mise en place d’un matériau de comblement dans<br />

l’alvéole immédiatement après l’extraction :<br />

- l’hémostase locale ;<br />

- la conservation des volumes osseux.<br />

Les procédures d’hémostase locale peuvent être<br />

nécessaires lorsque la coagulation ne se produit pas<br />

normalement, mais le recours immédiat au comblement<br />

de l’alvéole ne doit pas être systématique et mis<br />

en œuvre seulement si les procédures préalables ont<br />

échoué. On observe que, même sur des terrains diminués<br />

sur le plan hémostatique, la compression avec<br />

l’utilisation de produit simple (eau oxygénée, exacyl)<br />

permet, dans la grande majorité des cas, d’obtenir<br />

l’arrêt des saignements [5].<br />

Le remplissage de l’alvéole avec des substituts osseux<br />

n’a pas montré qu’il évitait la résorption latérale de<br />

la paroi vestibulaire dans les sites molaires <strong>mandibulaire</strong>s<br />

[6, 7]. Par ailleurs, la perte osseuse verticale<br />

après cicatrisation quand les corticales osseuses vestibulaire<br />

et linguale ont été conservées est très réduite<br />

dans les sites molaires <strong>mandibulaire</strong>s. Le bénéfice<br />

escompté par la mise en place de matériau est très<br />

contestable, d’autant que l’on sait que ces matériaux<br />

ne se résorbent pas ou peu dans les premières années.<br />

Dans le secteur molaire <strong>mandibulaire</strong>, la préférence<br />

doit aller vers la préservation des processus physiologiques<br />

naturels de régénération osseuse à partir du<br />

caillot.<br />

Des défauts plus importants peuvent résulter de la<br />

pathologie à l’origine de l’indication d’extraction : il<br />

s’agit de grosse perte osseuse dans le sens vertical ou<br />

transversal. La réparation osseuse de ces défauts peut<br />

être envisagée par régénération osseuse guidée ou par<br />

des greffes d’apposition après réévaluation à distance<br />

de l’extraction et du contexte inflammatoire.<br />

L’INFORMATION DENTAIRE n° 3/4 - 23 janvier 2013<br />

7. Réfléchir aux indications<br />

d’extraction des dents<br />

de sagesse<br />

extraction<br />

Les extractions des troisièmes molaires <strong>mandibulaire</strong>s<br />

font partie des interventions de chirurgie<br />

orale les plus fréquentes. Beaucoup des indications<br />

sont aujourd’hui largement remises en question,<br />

en particulier dans le contexte de la prévention<br />

des récidives des encombrements antérieurs. Les<br />

germectomies précoces sont des chirurgies délabrantes<br />

dont les indications doivent être mesurées<br />

et avoir fait la preuve de leur bénéfice. En effet, la<br />

responsabilité de l’évolution des dents de sagesse<br />

dans l’aggravation ou la récidive de l’encombrement<br />

<strong>dentaire</strong> des régions antérieures n’est toujours<br />

pas établie.<br />

On retient les indications qui visent à intercepter<br />

des situations dont on sait qu’elles vont se compliquer<br />

au cours de la croissance. Deux exemples<br />

types peuvent être décrits chez l’adulte jeune :<br />

- l’évolution des troisièmes molaires dans un<br />

contexte d’encombrement postérieur qui conduit<br />

à l’évidence à des accidents de péricoronarites à<br />

répétition (fig. 5) ;<br />

5a b<br />

b<br />

5. Indication d’extraction prophylactique des troisièmes<br />

molaires.<br />

23


Région molaire l Mandibulaire<br />

7<br />

9<br />

9. La lésion parodontale en distale de la deuxième molaire justifie<br />

l’indication d’extraction de 48.<br />

24<br />

6. Indication d’extraction<br />

prophylactique des troisièmes<br />

molaires : la proximité radiculaire<br />

du canal <strong>mandibulaire</strong> peut<br />

conduire à une situation à risque<br />

si on laisse évoluer l’édification<br />

radiculaire.<br />

7. Patient de 98 ans sans signe inflammatoire : il n’y a pas d’indication<br />

d’extraction de 38.<br />

8a b<br />

6<br />

- les dents en situation d’enclavement et dont les<br />

apex en formation sont à proximité du canal <strong>mandibulaire</strong><br />

(fig. 6).<br />

L’avantage d’intervenir avant la fin de l’édification<br />

radiculaire est très important en termes de<br />

chirurgie. Les interventions sont plus simples et<br />

moins traumatisantes.<br />

8. Indication<br />

d’extraction<br />

prophylactique<br />

des troisièmes<br />

molaires liée<br />

à l’exposition<br />

de la dent.<br />

Chez l’adulte, l’attitude clinique face à une dent<br />

de sagesse complètement incluse asymptomatique<br />

doit être l’abstention thérapeutique et<br />

reliée à de nombreuses observations de situations<br />

bien tolérées chez des sujets âgés (fig. 7).<br />

Les indications retenues sont celles des dents<br />

enclavées partiellement exposées (fig. 8) ou<br />

complètement incluses, mais dont une lésion<br />

parodontale distale de la deuxième molaire a<br />

“perméabilisé” un passage bactérien vers la dent<br />

de sagesse (fig. 9).<br />

L’INFORMATION DENTAIRE n° 3/4 - 23 janvier 2013


8. Ne pas ignorer<br />

le nerf lingual<br />

Les séquelles d’extraction des troisièmes molaires<br />

les plus fréquemment rapportées sont les paresthésies<br />

transitoires ou définitives du nerf lingual<br />

[6, 7, 8]. La proximité du passage du nerf lingual<br />

contre la table osseuse linguale le rend vulnérable<br />

lors des manœuvres d’abords linguaux et les sections<br />

<strong>dentaire</strong>s vestibulo-linguales, mais aussi<br />

lors de l’incision primaire (fig. 10).<br />

La connaissance anatomique de la région doit<br />

pouvoir écarter ce risque en mettant en œuvre<br />

des précautions opératoires simples :<br />

- l’incision postérieure doit débuter dans l’angle<br />

disto-vestibulaire de la 7 et se déporter en dehors<br />

en direction du bord antérieur de la branche<br />

<strong>mandibulaire</strong> (fig. 11) ;<br />

- lorsque des sections <strong>dentaire</strong>s ou osseuses sont<br />

nécessaires pour libérer le mouvement d’élévation,<br />

il est simple de protéger le nerf lingual dans<br />

les tissus mous en glissant un écarteur au contact<br />

de la table osseuse linguale (fig. 12).<br />

9. Respecter le nerf<br />

alvéolaire inférieur<br />

En première intention, les rapports des apex de<br />

la dent de sagesse inférieure et du nerf alvéolaire<br />

inférieur sont appréciés sur des clichés radiologiques<br />

rétro-alvéolaires ou panoramiques. Si,<br />

et seulement si, ces examens ne permettent pas<br />

d’objectiver les apex au-dessus du canal <strong>mandibulaire</strong>,<br />

un bilan d’imagerie permettant d’obtenir<br />

une vision sectionnelle vestibulo- linguale de la<br />

mandibule est réalisé. L’analyse et l’interprétation<br />

des rapports anatomiques sur le bilan 3D<br />

dictent l’attitude chirurgicale face aux situations<br />

compliquées.<br />

La vraie situation à risque se produit lorsque les<br />

apex emprisonnent le canal <strong>mandibulaire</strong> : les<br />

racines réalisent un crochet autour du canal ou<br />

fusionnent en l’encerclant (fig. 13).<br />

L’INFORMATION DENTAIRE n° 3/4 - 23 janvier 2013<br />

10<br />

11<br />

12a b<br />

c<br />

extraction<br />

10. Position haute<br />

du nerf lingual.<br />

11. Trait d’incision<br />

postérieur en arrière<br />

et en dehors à partir<br />

de l’angle<br />

disto-vestibulaire<br />

de la deuxième<br />

molaire.<br />

12. Position de l’écarteur lame le long de la table linguale.<br />

25


Région molaire l Mandibulaire<br />

13. Canal<br />

<strong>mandibulaire</strong><br />

passant dans<br />

la racine distale.<br />

14a<br />

b<br />

26<br />

15a<br />

b<br />

13<br />

14. Canal plaqué contre<br />

la table linguale :<br />

la dent doit être luxée<br />

en direction linguale<br />

pour tourner autour<br />

du canal.<br />

15. Canal en position<br />

vestibulaire des apex :<br />

l’alvéolectomie doit<br />

être effectuée avec<br />

prudence.<br />

Le principe chirurgical dans cette situation sera<br />

de réaliser dans un premier temps une coronectomie<br />

en laissant les parties apicales des racines.<br />

C’est un compromis thérapeutique qui permet<br />

d’éviter la prise de risque chirurgical de lésion du<br />

nerf alvéolaire inférieur.<br />

Dans un deuxième temps, si le problème initial<br />

n’est pas réglé, on réintervient avec des aides<br />

optiques. Les fragments de racines sont progressivement<br />

découpés et éliminés autour du canal.<br />

Le consentement du patient doit être obtenu<br />

après un éclairage clair sur les risques de lésion<br />

du nerf alvéolaire inférieur.<br />

Ces interventions délicates doivent être réservées<br />

à des équipes entraînées.<br />

Dans la plupart des cas, les racines entretiennent<br />

des rapports plus favorables : le canal est déporté<br />

en lingual (fig. 14) ou plus rarement en vestibulaire<br />

(fig. 15), le risque identifié est celui de l’écrasement<br />

du pédicule alvéolaire inférieur entre la<br />

dent et la paroi corticale lors des manœuvres de<br />

luxation et d’élévation.<br />

L’attitude chirurgicale la plus prudente est de<br />

libérer les mouvements radiculaires par la réalisation<br />

d’une section de la dent et d’un dégagement<br />

osseux pour ne pas exercer de pressions<br />

importantes. L’étude de l’imagerie sectionnelle<br />

permet de définir l’axe de sortie des racines.<br />

Généralement, les racines doivent être luxées en<br />

haut et de dehors en dedans si le canal est lingual<br />

et, à l’inverse s’il est vestibulaire, ce qui est plus<br />

rare. Une fois les mouvements à obtenir définis,<br />

le chirurgien peut dégager méthodiquement les<br />

obstacles, le but étant d’extraire les racines sans<br />

appliquer de tensions d’écrasement importantes<br />

sur les parois osseuses.<br />

Chez l’adulte, il est parfois nécessaire de faire<br />

le choix de ne pas retirer la totalité de l’apex,<br />

notamment quand celui-ci montre des signes<br />

d’ankylose.<br />

L’INFORMATION DENTAIRE n° 3/4 - 23 janvier 2013


10. Respecter les principes<br />

chirurgicaux<br />

Mêmes si elles sont très banalisées, les interventions<br />

d’extraction sont de véritables chirurgies intéressant<br />

les tissus muqueux, mais également les tissus<br />

osseux, qui sont particulièrement vulnérables.<br />

Les conditions d’asepsie doivent être conformes<br />

pour réduire les risques liés aux contaminations des<br />

sites opératoires :<br />

- décontamination du site : badigeons ou bains de<br />

bouche avec une solution antiseptique (chlorhexidine<br />

ou bétadine) ;<br />

- isolement de la zone opératoire (mise en place de<br />

champs stériles) ;<br />

- utilisation de gants stériles.<br />

Les principes chirurgicaux de base limitant les<br />

traumatismes physiques doivent être respectés :<br />

- incisions d’abords suffisamment larges pour ne<br />

pas exercer des tensions excessives sur les lambeaux<br />

- refroidissement efficace par irrigation des<br />

instruments rotatifs, sonores et ultrasonores.<br />

Les conditions opératoires optimales favorisent<br />

la rapidité et le risque d’accident opératoire :<br />

- travail à quatre mains avec des aides entraînées ;<br />

- éclairage à grand champ ;<br />

- aspiration efficace ;<br />

- instrumentation complète et bien entretenue<br />

(régulièrement aiguisée) ;<br />

- position du patient favorisant la vision directe du<br />

site opératoire.<br />

Correspondance<br />

Jean-Luc Charrier - jean-luc.charrier@parisdescartes.fr<br />

Philippe Tramba - philippe.tramba@parisdescartes.fr<br />

L’INFORMATION DENTAIRE n° 3/4 - 23 janvier 2013<br />

Conclusion<br />

extraction<br />

Le geste chirurgical d’extraction doit aujourd’hui<br />

être considéré comme la phase initiale du traitement<br />

de l’édentement. L’importance des séquelles<br />

d’une chirurgie mutilante peut être déterminante<br />

vis-à-vis des solutions de réhabilitation prothétique,<br />

en particulier pour la solution implantaire.<br />

Ces interventions d’extraction de première et<br />

deuxième molaires, même si elles sont simples,<br />

doivent être considérées comme de véritables actes<br />

chirurgicaux préprothétiques et de plus en plus<br />

fréquemment pré-implantaires. Elles ne doivent<br />

pas être banalisées et il convient d’y consacrer le<br />

temps nécessaire.<br />

Si les indications d’avulsion des dents de sagesse<br />

restent nombreuses, chacune doit être rediscutée<br />

en fonction du rapport bénéfice/risque pour le<br />

patient.<br />

bibliographie<br />

1. Marcus SE, Drury T F, Brown LJ, Zion, GR. Tooth retention and tooth<br />

loss in the permanent dentition of adults : United States, 1988-<br />

1991. J Dent Res 1996 Feb; 75 (Spec) : 684-685.<br />

2. Gaudy JF. Atlas d’anatomie implantaire. Edition CdP. Collection JPIO<br />

Paris : 2006 ; 282p. Réédition 2011.<br />

3. Charrier JL, Millot S. A propos de l’anesthésie locale en chirurgie<br />

buccale. Réal Clin 2006 ; 17(2) : 189-199.<br />

4. Millot S, Longuet A, Charrier JL. A propos de l’anesthésie locale en<br />

chirurgie <strong>dentaire</strong>. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris), Stomatologie/<br />

Odontologie, 22-090-K-05, 2008, Medecine buccale.<br />

5. Millot S, Charrier JL. Les anti-agrégants plaquettaires et le antivitamines<br />

K : respect des recommandations dans le cadre de la pratique<br />

quotidienne ambulatoire. JPIO 2011, numéro Hors série : La<br />

chirurgie orale au quotidien.<br />

6. Fielding AF. Lingual nerve paresthesia following third molar surgery :<br />

a restrospective clinical study. Oral Surg Oral Med Oral Pathol Oral<br />

Radiol Endod 1997 Oct ; 84 (4) : 345-348.<br />

7. Baqain ZH et coll. Lingual nerve morbidity and mandibular third<br />

molar surgery : a prospective study. Med Princ Pract 2010 ; 19 :<br />

28-32.<br />

8. Queral-Godoy E et coll. Frequency and evolution of lingual nerve<br />

lesions following lower third molar extraction. J Oral Maxillofac<br />

Surg. 2006.<br />

9. Ghaeminia H, Meiger G, Soehardi A, Borstlap W, Mulder J, Vlijmen O,<br />

Bergé S, Maal T. The use of cone beam CT for the removal of wisdom<br />

teeth changes the surgical approach compared with panoramic<br />

radiography : a pilot study. Int. J. Oral Maxillo facial Surgeons<br />

2011 ; 40 : 834-839.<br />

27


Région molaire l Mandibulaire<br />

Aspect parodontal<br />

de la région molaire <strong>mandibulaire</strong><br />

En France, 4,6 % des adultes<br />

de 35 à 65 ans présentent<br />

un parodonte sain avec des poches<br />

inférieures à 2 mm, 20 % des adultes<br />

présentent une parodontite modérée<br />

(poches > 5 mm) et 80 % des patients<br />

ont besoin de soins parodontaux.<br />

Une grande majorité d’entre eux<br />

sont aussi potentiellement candidats<br />

aux implants.<br />

28<br />

François Furic<br />

Pontivy (Morbihan)<br />

Xavier Gouard<br />

Le Mans (Sarthe)<br />

La perte des organes <strong>dentaire</strong>s se traduit la<br />

plupart du temps par une perte de volume,<br />

sur les tissus mous mais aussi sur le support<br />

osseux.<br />

Examen clinique<br />

Un examen clinique approprié de cette région<br />

<strong>mandibulaire</strong> permet au clinicien d’apprécier la<br />

position de la ligne de jonction muco-gingivale<br />

et le niveau de gencive kératinisée et adhérente,<br />

la présence de brides et de frein d’insertion haute,<br />

la profondeur du vestibule, le volume de la perte<br />

osseuse associée à la perte des organes <strong>dentaire</strong>s, la<br />

présence ou l’absence d’inflammation superficielle<br />

(fig. 1 et 2).<br />

L’INFORMATION DENTAIRE n° 3/4 - 23 janvier 2013


2<br />

L’INFORMATION DENTAIRE n° 3/4 - 23 janvier 2013<br />

1<br />

3<br />

3. Une greffe gingivale épithélio-conjonctive réalisée<br />

au deuxième temps chirurgical permet de renforcer<br />

l’environnement parodontal pour améliorer les possibilités<br />

de brossage. Une attention particulière sera portée<br />

dans la dissection du lit receveur vis-à-vis du foramen<br />

mentonnier (document X. Gouard).<br />

4. Evaluation par sondage de la santé parodontale lors<br />

d’une séance de maintenance avec une recherche de l’absence<br />

de saignement (parodonte sain ou assaini) ou d’un saignement<br />

au sondage, et de la profondeur de poche en l’absence de<br />

gencive kératinisée, avec ici un contexte muqueux défavorable<br />

et une perte d’attache déjà conséquente de 7 mm.<br />

4<br />

5<br />

2<br />

1<br />

3<br />

aspect parodontal<br />

4<br />

5<br />

1 et 2. Vue vestibulaire et occlusale d’un édentement unitaire<br />

avec un parodonte sain.<br />

1/ Hauteur de gencive kératinisée regroupant la gencive marginale<br />

libre et la gencive adhérente à l’os sous-jacent.<br />

2/ Ligne de jonction muco-gingivale.<br />

3/ Insertion de frein ou de brides de consistance muqueuse et/ou<br />

fibreuse.<br />

4/ Crête résiduelle et hauteur de la résorption post-extractionnelle.<br />

5/ Concavité liée au défaut osseux initial et à la résorption<br />

post-extractionnelle horizontale.<br />

Durant de nombreuses années, la présence d’une<br />

hauteur “adéquate” de gencive kératinisée a été<br />

considérée comme une notion fondamentale du<br />

maintien de la santé parodontale. Depuis les années<br />

90, nous savons que la hauteur de gencive kératinisée<br />

n’est pas indispensable à la santé parodontale,<br />

en l’absence de plaque <strong>dentaire</strong>.<br />

Toutefois, sur le plan clinique, en cas de brossage<br />

traumatique ou de présence d’une limite cervicale<br />

prothétique ou d’implant, il est préférable d’augmenter<br />

et de renforcer la hauteur et l’épaisseur<br />

de gencive kératinisée par une greffe épithélioconjonctive,<br />

bien entendu à distance du foramen<br />

mentonnier (fig. 3).<br />

Le sondage parodontal (fig. 4) reste le meilleur<br />

moyen clinique de définir si le parodonte est sain<br />

(absence de saignement au sondage) ou s’il présente<br />

une inflammation nécessitant impérativement un<br />

traitement parodontal. Ce sondage doit être corrélé<br />

à un examen précis radiographique complémentaire.<br />

Examen radiographique<br />

Pour un examen parodontal ou pré-implantaire,<br />

même si la radiographie panoramique représente<br />

un bon examen global, l’examen radiographique de<br />

choix reste le cliché rétro-alvéolaire numérique ou<br />

argentique en technique parallèle et avec un angulateur<br />

(fig. 5).<br />

Nous analysons quantitativement le niveau de perte<br />

osseuse (perte modérée limitée au premier tiers,<br />

perte moyenne atteignant le 2e tiers, perte profonde<br />

29


Région molaire l Mandibulaire<br />

5. Nouveau bras et anneau de visé XCP ORA,<br />

postérieur (Dentsply), conçu pour des capteurs<br />

numériques de différentes marques. Cela permet<br />

de réaliser une technique long cône parallèle.<br />

atteignant le 3 e tiers), mais aussi qualitativement,<br />

avec des pertes osseuses horizontales (perte horizontale<br />

des septa inter<strong>dentaire</strong>s) ou verticales et/ou<br />

angulaire (les septa osseux forment un angle plus ou<br />

moins aigu avec l’axe longitudinal de la dent) (fig. 6).<br />

Dans la région <strong>mandibulaire</strong> postérieure, les<br />

molaires présentent un tronc radiculaire commun<br />

à toutes leurs racines, qui s’étend de la jonction<br />

amélo-cémentaire à la fourche interradiculaire. On<br />

parle de bifurcation, avec une entrée vestibulaire et<br />

linguale. C’est la partie vestibulaire de la première<br />

molaire qui sera la plus atteinte par l’étroitesse de<br />

son espace interradiculaire et la brièveté de son<br />

tronc radiculaire.<br />

J Lindhe [4] classe les atteintes des zones de furcation<br />

(classe I, classe II et classe III) selon le niveau<br />

de sondage horizontal, facile à évaluer à la mandibule<br />

(fig. 7).<br />

Sur les radiographies, nous analyserons également<br />

les facteurs de rétention de plaque <strong>dentaire</strong> susceptibles<br />

d’aggraver les pertes d’attaches (le tartre<br />

sous-gingival, la présence fréquente de débordements<br />

au niveau des couronnes ou des restaurations,<br />

les concavités radiculaires qui augmentent<br />

l’accumulation de plaque <strong>dentaire</strong>).<br />

L’imagerie cone beam (CBCT pour Cone Beam<br />

Computerized Tomography) en parodontologie<br />

peut présenter un intérêt dans la visualisation<br />

pré-chirurgicale pour le traitement de lésions de la<br />

furcation de molaires, en apportant des informations<br />

non fournies par la clinique et la radiologie<br />

conventionnelle afin de vérifier le pronostic de la<br />

dent (fig. 8).<br />

30<br />

1<br />

2<br />

3<br />

6. Analyse radiographique des lésions parodontales de la région molaire<br />

prémolaire <strong>mandibulaire</strong>.<br />

1/ Présence de tartre sous-gingival.<br />

2/ Zone moins radio-dense au sommet du septa inter<strong>dentaire</strong><br />

correspondant à une perte en zone de cratère.<br />

3/ Petite lésion angulaire.<br />

4/ Lésion résiduelle alvéolaire par défaut de curetage.<br />

5/ Septa osseux intact avec présence d’une lamina dura.<br />

6/ Lésion angulaire sévère.<br />

7. Atteinte de furcation vestibulaire de ClII sur une 36 objectivée<br />

par la radiographie et le sondage associé.<br />

4<br />

L’INFORMATION DENTAIRE n° 3/4 - 23 janvier 2013<br />

5<br />

6


9. Projection d’émail de classe III (coulée d’émail atteignant la zone<br />

de furcation pour une molaire à tronc radiculaire court).<br />

10. Les lésions<br />

parodontales<br />

complexes<br />

nécessitent<br />

un débridement<br />

chirurgical<br />

et ultrasonore<br />

avec un lambeau<br />

d’accès de pleine<br />

épaisseur<br />

et un curetage<br />

soigneux<br />

de la lésion<br />

infra-osseuse.<br />

L’INFORMATION DENTAIRE n° 3/4 - 23 janvier 2013<br />

aspect parodontal<br />

Les projections d’émail, présentes sur 45 % des<br />

molaires <strong>mandibulaire</strong>s, favorisent le développement<br />

des poches parodontales et leur prévalence<br />

peut atteindre les 80 % sur les secondes molaires<br />

<strong>mandibulaire</strong>s (fig. 9).<br />

Traitement<br />

8. Visualisation<br />

en 2D et 3D<br />

du niveau<br />

de lyse osseuse<br />

dans la furcation<br />

vestibulaire,<br />

absence de lésion<br />

de la furcation<br />

linguale<br />

et présence<br />

d’une lésion<br />

à 3 murs<br />

(bon pronostic).<br />

En 2012, le traitement étiologique des maladies<br />

parodontales (renforcement et observance du<br />

contrôle de plaque, détartrage, désinfection parodontale,<br />

débridement radiculaire ultrasonore de<br />

toute la bouche, réévaluation) ne présente pas, dans<br />

cette région, de spécificité. Toutefois, la décontamination<br />

bactérienne d’une dent monoradiculée<br />

sur ses 4 faces avec des poches de 6 mm peut<br />

prendre jusqu’à 6 minutes !<br />

En cas de persistance de saignement au sondage<br />

chez un patient qui maîtrise parfaitement les<br />

31


Région molaire l Mandibulaire<br />

11. Patient de 50 ans avec des lésions terminales sur de nombreuses dents<br />

au maxillaire et une mobilité 3 (dans le plan transversal et axial)<br />

de la 47 supportant l’ensemble du bridge 47 46 45 44 avec la présence<br />

d’une lésion angulaire complexe.<br />

12. Après stabilisation de la maladie parodontale par débridement<br />

ultrasonore non chirurgical, la mobilité de la 47 a été réduite<br />

à un degré 2 (> 2 mm dans le plan horizontal) et un deuxième<br />

débridement de la lésion angulaire et de la furcation est réalisé pendant<br />

la chirurgie implantaire. La récupération de l’os de forage permet<br />

un comblement os d’une lésion à 2 murs. Contrôle radiographique<br />

à 6 ans.<br />

32<br />

bibliographie<br />

1. Bourgeois D, Bouchard P et al. Epidemiology of periodontal<br />

statusin dentale adults in France, 2002-2003.<br />

J Periodontal Res 2007 ; 42 (3) : 219-227.<br />

2. Furic François. Analyse critique de l’évaluation clinique des<br />

alveolyes interadiculaires. Mémoire DU de parodontologie<br />

et d’occlusodontie, Nantes 1992.<br />

3. Hou GL, Tsai CC. Relationships between periodontal furcation<br />

involvement and molar cervical enamel projection.<br />

J Periodontol 1987 ; 58 : 715-721.<br />

4. Lindhe J. Clinical periodontology and implant dentistery.<br />

3e édition, Munksgaard, 1997.<br />

Correspondance<br />

francois.furic@wanadoo.fr<br />

dépôts de plaque <strong>dentaire</strong>, il faut réaliser une<br />

chirurgie de débridement avec un lambeau<br />

muco-périosté d’épaisseur totale (fig. 10). Pour<br />

ces lambeaux d’accès, les éléments anatomiques<br />

de la région <strong>mandibulaire</strong> (nerf buccal, nerf lingual,<br />

artère faciale, muscle buccinateur) restent<br />

à distance, car notre champ d’intervention<br />

se limite à la zone crestale et à la zone juxtaosseuse<br />

des lésions parodontales, et sont ainsi<br />

emportés dans les lambeaux et donc protégés<br />

par les décolleurs chirurgicaux. Le traitement<br />

étiologique est le débridement ultrasonore du<br />

cément radiculaire et le curetage du tissu de<br />

granulation dans la lésion infra-osseuse.<br />

En cas d’indication d’implant dans cette région<br />

<strong>mandibulaire</strong>, il est impératif de traiter et de<br />

stabiliser en amont la parodontite dont la stabilisation<br />

se traduira par la disparition du saignement<br />

au sondage avec un temps d’évaluation de<br />

8 semaines à 6 mois selon la complexité des cas.<br />

Concernant les lésions parodontales résiduelles,<br />

elles peuvent être remodelées, pendant la pose<br />

des implants, par soustraction (ostéoectomie par<br />

fraisage) ou par addition (comblement osseux).<br />

L’os de fraisage implantaire récupéré dans un<br />

filtre à os est un bon moyen, très économique,<br />

d’améliorer l’architecture osseuse (fig. 11 et 12).<br />

Conclusion<br />

Il est de la responsabilité du chirurgien-dentiste<br />

de traiter et stabiliser en amont les lésions<br />

parodontales et, en cas de passage aux implants,<br />

de limiter le risque d’apparition de péri-implantites.<br />

Il faut aussi savoir refuser la demande du<br />

patient si l’observance au contrôle des dépôts<br />

bactériens n’est pas assurée. Cela est particulièrement<br />

vrai dans cette région anatomique<br />

(juste au-dessus du nerf alvéolaire) où la hauteur<br />

osseuse est parfois limitée.<br />

L’INFORMATION DENTAIRE n° 3/4 - 23 janvier 2013


Région molaire l Mandibulaire<br />

Orthodontie<br />

et molaire <strong>mandibulaire</strong><br />

34<br />

Louis-Marie Dussere<br />

DU d’Orthopédie Dento-<br />

Maxillo-Faciale Appliquée<br />

Esbly (Seine-et-Marne)<br />

La mandibule est un os particulier pour l’orthodontiste du fait<br />

de sa croissance différentielle par rapport au maxillaire. Sa croissance<br />

est complexe, tant par son mode d’ossification (origine membraneuse<br />

et cartilagineuse) que par ses modifications morphologiques.<br />

C’est le seul os mobile de la face ; il est relié à la partie postérieure<br />

de la base du crâne par l’intermédiaire des cavités glénoïdes<br />

qui se déplacent en bas et en arrière pendant la croissance. De ce fait,<br />

la croissance <strong>mandibulaire</strong> doit donc être quantitativement plus<br />

importante que celle du maxillaire, afin de conserver une articulation<br />

dento-<strong>dentaire</strong> équilibrée entre maxillaire et mandibule.<br />

Selon les courbes de Björk, la croissance condylienne se poursuit<br />

au-delà de la croissance suturale de la face et un peu au-delà<br />

de la croissance staturale, jusqu’à 22 ans chez le garçon et 18 ans<br />

chez la fille. Pour l’orthodontiste qui veut assurer la pérennité<br />

de son traitement, la bonne position de la première molaire, clé de voûte<br />

de l’occlusion, et une bonne croissance de la mandibule permettant<br />

aux dents de sagesse d’évoluer sans problème sont des objectifs<br />

primordiaux.<br />

L’INFORMATION DENTAIRE n° 3/4 - 23 janvier 2013


Région molaire l Mandibulaire<br />

36<br />

1. Illustration<br />

de la migration dans<br />

les trois sens de l’espace<br />

des dents adjacentes<br />

et antagonistes : version<br />

sagittale ou transversale<br />

et égression.<br />

1<br />

Orthodontie et première<br />

molaire <strong>mandibulaire</strong><br />

La dent de 6 ans est une dent stratégique à<br />

plusieurs titres. D’abord parce qu’elle est<br />

la première dent permanente à apparaître<br />

et que, située à un point où la force de<br />

mastication est la plus forte (ligne de tension<br />

de Langers), elle est, avec la canine, la véritable<br />

clé de voûte des arcades <strong>dentaire</strong>s et joue un rôle<br />

primordial dans l’établissement et le maintien de<br />

l’occlusion. Edward H. Angle a fondé sa classification<br />

sur la position de cette dent qu’il a dénommée<br />

« la clé de l’occlusion » et s’est basé sur sa position<br />

antéro-postérieure pour établir sa classification<br />

des malocclusions utilisée jusqu’à aujourd’hui. Sa<br />

bonne implantation au niveau tant maxillaire que<br />

<strong>mandibulaire</strong> est un objectif primordial pour l’orthodontiste.<br />

Elle est stratégique également parce que, très vulnérable<br />

à l’atteinte carieuse, elle peut être considérée<br />

comme le carrefour de tous les dangers. En<br />

effet, 80 % des caries détectées vers 10-12 ans sont<br />

situées sur cette dent et ce pour plusieurs raisons :<br />

- son caractère permanent est trop souvent<br />

méconnu de nos patients, car son éruption passe<br />

inaperçue : elle est alors confondue avec une dent<br />

temporaire ;<br />

- l’immaturité de son émail qui n’a pas encore<br />

subi sa maturation post-éruptive, c’est-à-dire qui<br />

n’a pas bénéficié en surface de la précipitation de<br />

phosphate de calcium et fluoro-phosphate de calcium<br />

;<br />

- la dentine sur dent immature qui présente des<br />

tubuli largement ouverts favorisant la prolifération<br />

rapide de la carie ;<br />

- l’immaturité pulpaire qui rend cette dent moins<br />

sensible aux différentes stimulations externes ;<br />

- la présence fréquente de dysplasies ;<br />

- la présence de sillons et fissures anfractueux qui sont<br />

des facteurs anatomiques de rétention de plaque ;<br />

- la difficulté à la nettoyer en rapport avec sa position<br />

distale dans la cavité buccale et la faible dextérité de<br />

l’enfant à cet âge.<br />

Pour toutes ces raisons, la perte de la première<br />

molaire est relativement fréquente.<br />

Les conséquences de l’extraction d’une molaire<br />

<strong>mandibulaire</strong> sont les suivantes :<br />

- perte de 50 % du niveau de l’os qui supportait la<br />

dent dans les 12 mois suivant, dont les deux tiers<br />

se produiront lors des 3 premiers mois (World J<br />

Orthod 2010) ;<br />

- migration (dite « migration secondaire ») des dents<br />

adjacentes et antagonistes (fig. 1).<br />

Il est important de noter que les conséquences de<br />

la perte d’une première molaire sont pires à<br />

la mandibule qu’au maxillaire car, à cette arcade,<br />

la mésialisation spontanée de la deuxième molaire<br />

s’accompagne de plus d’une mésio-version et d’une<br />

L’INFORMATION DENTAIRE n° 3/4 - 23 janvier 2013


2<br />

3 4<br />

rotation disto-vestibulaire. Ces migrations secondaires<br />

provoquent à moyen ou long terme des problèmes<br />

fonctionnels ou articulaires et une perte de<br />

tissus supportant les dents.<br />

C’est pourquoi le chirurgien-dentiste confronté à<br />

la perte précoce d’une molaire devra absolument<br />

mettre en œuvre tous les moyens nécessaires pour<br />

remplacer cette dent.<br />

Dans cette optique, chez le jeune patient, il aura<br />

le choix, après évaluation du potentiel éruptif et<br />

anatomique des deuxième et troisième molaires,<br />

de proposer un mainteneur d’espace pour éviter la<br />

migration secondaire des 7 et 8 ou, au contraire, de<br />

favoriser l’éruption mésiale de celles-ci.<br />

Chez un patient adulte, il devra remplacer prothétiquement<br />

la molaire perdue conformément aux<br />

recommandations de la Haute Autorité de Santé :<br />

« Il est nécessaire de proposer systématiquement<br />

l’alternative bridge ou implant à un patient ayant<br />

une molaire absente entre deux dents saines. »<br />

L’INFORMATION DENTAIRE n° 3/4 - 23 janvier 2013<br />

Dans ce dernier cas, le travail de l’orthodontiste<br />

visera à optimiser ou rendre possible ce travail prothétique<br />

en redressant l’axe des dents basculées, en<br />

ouvrant ou en refermant des espaces ou encore en<br />

ingressant les antagonistes.<br />

Correction d’axe<br />

La perte non compensée d’une molaire, la première<br />

en général, entraîne la version mésiale des deuxième<br />

et troisième molaires. Apparaissent alors :<br />

- des troubles parodontaux : formation de lésions<br />

osseuses angulaires ;<br />

- des difficultés de réalisation prothétique : parallélisation<br />

des piliers prothétiques, manque d’espace<br />

pour pose d’un implant (fig. 1).<br />

Un traitement orthodontique multi-attaches permet<br />

la correction des axes molaires et favorise la<br />

conception de la prothèse (fig. 2, 3 et 4).<br />

orthodontie<br />

37


Région molaire l Mandibulaire<br />

5 6<br />

7 8<br />

9a b c<br />

Ouverture/<br />

Fermeture d’espace<br />

Le choix entre ouverture ou fermeture<br />

d’espace se fera en fonction<br />

de l’occlusion et après concertation<br />

entre le praticien réalisant la prothèse<br />

et l’orthodontiste.<br />

Véritable révolution dans le monde<br />

orthodontique, les minivis d’ancrage,<br />

apparues il y a une quinzaine<br />

d’années, sont d’une aide précieuse<br />

pour ces mouvements (cas 1 et 2,<br />

fig. 5 à 10).<br />

38<br />

10a b<br />

c<br />

Cas 1 Ouverture d’espace<br />

5 et 6. La 33, incluse et cariée,<br />

doit être extraite (une greffe osseuse<br />

est pratiquée dans le même temps).<br />

Le plan de traitement prévoit<br />

son remplacement prothétique (implant).<br />

7 et 8. Après extraction des DDS,<br />

l’orthodontie permet, à l’aide<br />

d’une minivis ancrée dans le trigone<br />

rétro-molaire, l’ouverture d’un espace<br />

au niveau canin par distalisation<br />

des molaires et prémolaires.<br />

Cas 2 Fermeture d’espace<br />

9a à c. La 46 doit être extraite.<br />

La 47 et la 48 sont mésialées<br />

(NB : version mésiale de 36 et 37<br />

à la suite de la perte de 36).<br />

10a à c. La 47 a été<br />

mésialée. La 48, non<br />

appareillée, a suivi<br />

le déplacement grâce<br />

aux fibres transeptales<br />

(NB : redressement<br />

des axes de 37 et 38).<br />

L’INFORMATION DENTAIRE n° 3/4 - 23 janvier 2013


Ingression<br />

de l’antagoniste<br />

La perte d’une molaire <strong>mandibulaire</strong> provoque<br />

l’égression de la dent antagoniste.<br />

L’harmonie de la courbe de Spee et la cinématique<br />

<strong>mandibulaire</strong> s’en trouvent altérées,<br />

provoquant des troubles occlusaux.<br />

L’orthodontie va permettre un mouvement<br />

de la dent égressée en direction apicale afin<br />

de niveler l’arcade antagoniste (création<br />

d’une hauteur suffisante à la réalisation de<br />

la prothèse) et de retrouver une courbe de<br />

Spee harmonieuse.<br />

Ce mouvement, dangereux pour la racine<br />

(risque de résorption radiculaire), nécessite<br />

des forces légères et continues.<br />

La mise en place d’une unité d’ancrage de<br />

type minivis est une aide précieuse pour ce<br />

type de mouvement (fig. 11 à 13).<br />

L’INFORMATION DENTAIRE n° 3/4 - 23 janvier 2013<br />

11a b c<br />

12 13<br />

Maintien de l’espace<br />

Après les corrections orthodontiques, en attendant la conception de la prothèse, le<br />

maintien de l’espace est indispensable. En général, cette contention est constituée d’un<br />

fil collé sur les faces linguales des dents à l’aide d’une gouttière de transfert (fig. 14 à 16).<br />

14 15 16<br />

orthodontie<br />

11a à 13. Dans le cas présenté, la 17, égressée à la suite de la bascule<br />

mésiale de 47, doit être ingressée et dérotée pour permettre<br />

la restauration prothétique de 46. Une simple minivis d’ancrage<br />

et une seule attache collée sur 17 ont permis d’atteindre nos objectifs.<br />

Plus simplement, nous utilisons parfois un autre type de contention pour maintenir l’espace : laisser des<br />

attaches collées sur les dents adjacentes et maintien de l’espace à l’aide d’un ressort NiTi (fig. 17 à 20).<br />

17 18 19 20<br />

39


Région molaire l Mandibulaire<br />

Chez l’adulte, après un traitement orthodontique,<br />

l’occlusion doit être physiologique et stable à long<br />

terme. C’est pourquoi, en plus de la contention et<br />

afin d’assurer une bonne stabilité fonctionnelle,<br />

une équilibration occlusale est systématiquement<br />

effectuée afin de répartir de façon équilibrée les<br />

pressions sur l’ensemble des éléments <strong>dentaire</strong>s.<br />

Conclusion<br />

L’orthodontie de la molaire <strong>mandibulaire</strong> s’inscrit<br />

dans un concept de dentisterie pluridisciplinaire,<br />

car c’est avant tout une orthodontie préprothétique<br />

visant à favoriser, à optimiser et à pérenniser la réalisation<br />

d’une prothèse.<br />

Cette phase orthodontique, même si elle augmente<br />

le coût et la durée totale du traitement, permet au<br />

final une dentisterie plus conservatrice.<br />

40<br />

118e<br />

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bibliographie<br />

1. Hoffman T. A propos du diagnostic et du traitement de la<br />

perte des premières molaires permanentes. Rev Orthop<br />

Dento Fac 1987 ; 21 : 449-463.<br />

2. Matteson S.R. Extreme distal migration of the mandibular<br />

second bicuspid. Angle Orthodont 1978 ; 1 : 11-18.<br />

3. Plint DA. The effect on the occlusion of the loss of one or<br />

more first permanent molars (with special reference to<br />

the third molar). Eur Orthod Soc 1970 ; 329-336.<br />

4. Yavuz I. Effects of early loss of permanent first molars on<br />

the development of third molars. Am J Orthod Dentofac<br />

Orthop 2006 ; 130 : 634-663.<br />

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25 Cas complexes en Implantologie<br />

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L’INFORMATION DENTAIRE n° 3/4 - 23 janvier 2013


d’encombrement incisif à la mandibule<br />

est souvent constatée chez le jeune<br />

adulte dans la même période que l’évolution<br />

des troisièmes molaires (18-25 ans). Ainsi,<br />

L’apparition<br />

l’association entre dysharmonie dentomaxillaire<br />

et poussée des dents de sagesse s’est installée<br />

et a conduit les praticiens à pratiquer presque systématiquement<br />

les avulsions des troisièmes molaires.<br />

Or, si l’éruption des troisièmes molaires <strong>mandibulaire</strong>s<br />

peut en effet influencer l’encombrement antérieur, ce<br />

n’est pas un déterminant unique et les autres facteurs<br />

sont :<br />

• La croissance tardive de la mandibule : apparition<br />

de mouvements postéruptifs (bascule linguale des<br />

incisives) pour s’adapter à la croissance osseuse différentielle<br />

du maxillaire par rapport à la mandibule (Bjork : le<br />

chevauchement incisif secondaire serait le fait du blocage<br />

incisif pendant la croissance <strong>mandibulaire</strong> terminale par<br />

les incisives supérieures stoppant les inférieures qui sont<br />

obligées de changer d’axe).<br />

• La forme et la taille des incisives : largeur mésiodistale<br />

importante et/ou forme triangulaire induisant un<br />

point de contact petit, ce qui a pour conséquence un alignement<br />

des dents instable.<br />

• La pression des tissus mous : physiologiquement,<br />

le tonus labio-mentonnier est beaucoup plus important<br />

qu’avant.<br />

• Les facteurs évolutifs (phylogénèse) : des études<br />

menées sur les peuples aborigènes d’Australie (Begg)<br />

montrent une absence d’encombrement due à une attrition<br />

importante des contacts inter-proximaux (mouvements<br />

postéruptifs vers une position plus antérieure pour<br />

compenser l’abrasion occlusale et pour pallier l’usure<br />

inter-proximale).<br />

L’INFORMATION DENTAIRE n° 3/4 - 23 janvier 2013<br />

orthodontie<br />

Orthodontie et troisième<br />

molaire <strong>mandibulaire</strong><br />

Conserver ou extraire<br />

les dents de sagesse ?<br />

L’avulsion des troisièmes molaires est un geste<br />

chirurgical qui peut s’accompagner de complications<br />

plus ou moins graves tels qu’alvéolites, atteinte<br />

du nerf lingual, lésions du nerf mentonnier (en cas<br />

de décharge verticale à l’aplomb des prémolaires),<br />

atteinte du nerf buccal (si, en cas de décharge postérieure,<br />

l’incision le long du bord antérieur de la<br />

branche <strong>mandibulaire</strong> est d’épaisseur totale), infections,<br />

hémorragies, traumatisme des dents voisines,<br />

lésion de l’ATM, fractures <strong>mandibulaire</strong>s, trismus<br />

sévères…<br />

Au vu de ses connaissances, le praticien devra donc<br />

évaluer le ratio risque/bénéfice pour son patient.<br />

• Contexte favorable à extraction :<br />

- dent incluse ou enclavée asymptomatique et espace<br />

disponible insuffisant ;<br />

- lésion péri-apicale non traitable ;<br />

- atteinte des tissus durs (carie) non accessible aux<br />

soins conservateurs ;<br />

- péricoronarites, répétées ou non, compliquées d’abcès<br />

ou non ;<br />

- fracture ;<br />

- atteinte (osseuse ou carie) à la face distale de deuxième<br />

molaire ;<br />

- si risque de résorption radiculaire de la deuxième<br />

molaire ;<br />

- nécessité orthodontique (dans le cadre d’une distalisation<br />

de la 2e molaire par exemple) ;<br />

- absence d’antagoniste.<br />

41


Région molaire l Mandibulaire<br />

42<br />

• Contexte favorable à conservation :<br />

- dent incluse ou enclavée asymptomatique et espace disponible suffisant ;<br />

- si le risque le chirurgical dépasse le bénéfice escompté ;<br />

- si besoin d’un support postérieur de prothèse ;<br />

- pour un maintien de la Dimension Verticale d’Occlusion ;<br />

- utilisation de la DDS comme transplant pour compenser l’absence d’une autre dent ;<br />

- les progrès futurs de la science font que la troisième molaire représente un capital de tissus<br />

autologues pour la régénération des tissus <strong>dentaire</strong>s qui pourraient prochainement remplacer<br />

des dents perdues (technique restant à valider…).<br />

Aide à la décision<br />

Avant de prendre la décision d’extraire les dents de<br />

sagesse <strong>mandibulaire</strong>s asymptomatiques pour raison<br />

orthodontique, il faudra :<br />

• Analyser le plus précisément possible<br />

l’espace disponible<br />

- Pour les orthodontistes (à partir d’un cliché du crâne de profil<br />

et selon l’analyse céphalométrique de Ricketts) (fig. 1) :<br />

- Pour les omnipraticiens (à partir d’un cliché panoramique) :<br />

Évolution favorable si diamètre mésio-distal de la DDS mesuré<br />

sur la radio (espace nécessaire) = distance entre face distale de M2<br />

et bord antérieur du Ramus (espace disponible)<br />

• Analyser la direction d’éruption<br />

- Position du germe par rapport à la deuxième molaire et au<br />

canal du nerf alvéolaire inférieur susceptible de développer une<br />

pathologie (fig. 2)<br />

Évolution favorable<br />

si la distance entre<br />

la face distale<br />

de M2 à XI > 30 mm<br />

(XI = point milieu<br />

du Ramus)<br />

• Choisir le moment opportun pour extraire<br />

- L’énucléation du germe de la troisième molaire entre 7 et 9 ans n’est pas une pratique acceptable actuellement.<br />

- Si l’indication d’avulsion est posée, celle-ci doit se faire avant l’édification complète de la racine (qui a lieu entre<br />

18 et 25 ans) pour éviter la perte de tissus parodontaux. Idéalement, il faudrait intervenir après éruption de la 7, au<br />

stade compris entre la moitié et le tiers de l’édification radiculaire, et attendre que la dent ne soit plus complètement<br />

recouverte de tissus osseux (fig. 3, 4 et 5).<br />

3 4 5<br />

3 et 4. Attendre.<br />

1<br />

2<br />

5. Extraire.<br />

L’INFORMATION DENTAIRE n° 3/4 - 23 janvier 2013


6<br />

7<br />

bibliographie<br />

1. Korbendau JM, Korbendau X. L’extraction de la dent de sagesse.<br />

Quintessence Int. 2011.<br />

2. Langlade M. Thérapeutique orthdontique. 2e éd., Maloine éd. Paris,<br />

1978.<br />

3. Haroun A. Bulletin d’UNIODF 2008. 37 ; 22-37 DOI : 10.1051/<br />

uniodf/200837022<br />

4. HAS. Recommandations sur l’avulsion des troisièmes molaires<br />

(http://www.has-sante.fr/portail/upload/docs/application/pdf/<br />

Traitement_orthop_dento_faciale_rap.pdf)<br />

5. Richardson M. Late lower arch crowding : the effect of second molar<br />

extraction. Am j Orthod Dentofacial Orthop 1990 ; 98 : 242- 246.<br />

Correspondance<br />

cabinet<strong>dentaire</strong>.dussere@wanadoo.fr<br />

L’INFORMATION DENTAIRE n° 3/4 - 23 janvier 2013<br />

orthodontie<br />

Conclusion<br />

La question de la conservation ou de l’avulsion des<br />

troisièmes molaires n’est pas clairement résolue.<br />

Si une certaine unanimité existe concernant les<br />

indications d’avulsion des DDS pathologiques,<br />

délabrées ou à l’origine de péricoronarites récidivantes,<br />

les indications orthodontiques d’extraction<br />

de troisièmes molaires asymptomatiques en<br />

vue de diminuer le chevauchement des incisives<br />

<strong>mandibulaire</strong>s sont controversées, car l’évolution<br />

des troisièmes molaires reste imprévisible, ce qui<br />

est confirmé par un rapport de la Haute Autorité<br />

de Santé (HAS) selon lequel les DDS se mettent<br />

finalement en place correctement chez 44 % des<br />

jeunes adultes (étude menée auprès de 243 adultes<br />

âgés de 20 ans, dont les résultats ont été présentés<br />

dans un rapport de la HAS [ex-ANAES], 1997)<br />

(fig. 6 et 7).<br />

6. Williams S, Andersen CE. Incisor stability in patients with anterior<br />

rotational mandibular growth. Angle Orthod 1995 ; 65 : 431-442.<br />

7. Van Der Linden FR. De la denture temporaire à la denture permanente.<br />

Rev Orthop Dento Faciale 1979 ; 13 : 437-473.<br />

8. Le Gall M et coll. De la récidive. Rapport SFODF Marseille 1999 :<br />

70 (1).<br />

9. Bacon W, De Beaucorps A, Hildwein M. L’orthodontiste et la troisième<br />

molaire en développement. Med Bucc Chir Bucc 2001 ; 7 (2) :<br />

79-87.<br />

10. Gaudy JF, Charrier JL, Bilweis C, Cannas B. Anatomie clinique.<br />

Edition CdP, 2007.<br />

43


Région molaire l Mandibulaire<br />

L’INFORMATION DENTAIRE n° 3/4 - 23 janvier 2013<br />

l’angle de l’expert<br />

La particularité régionale<br />

<strong>mandibulaire</strong> postérieure<br />

sous l’angle de l’expert<br />

Laure Tisserand<br />

Expert près la Cour d’Appel<br />

de Besançon<br />

Jacques Bitton<br />

Expert près la Cour d’Appel<br />

de Besançon<br />

La région <strong>mandibulaire</strong> postérieure est complexe par son anatomie<br />

et les structures nobles immédiatement proches. Y prodiguer<br />

des soins sereinement implique une bonne connaissance du terrain.<br />

À mieux y regarder, la région molaire <strong>mandibulaire</strong> apparaît comme<br />

« la zone de tous les dangers », concentrant une importante partie<br />

des préjudices, pour la plupart liés à l’atteinte du nerf lingual<br />

et du nerf alvéolaire inférieur, avec malheureusement des lésions<br />

qui peuvent se révéler irréversibles. Toutefois, il va de soi que<br />

les notions de responsabilité exposées ne se limitent pas à la seule<br />

région molaire <strong>mandibulaire</strong> et sont à étendre à l’exercice de tout<br />

notre art. Ainsi, les obligations et leurs conséquences en cas<br />

de non-respect ne se différencient pas selon les zones anatomiques<br />

d’intervention. Il ne saurait être question ici d’élaborer un précis<br />

de responsabilités pour le chirurgien-dentiste. Il s’agit plutôt<br />

d’évoquer des notions simples, essentielles et pratiques permettant<br />

la mise en œuvre de procédures facilement applicables.<br />

45


Région molaire l Mandibulaire<br />

1<br />

Les sinistres<br />

re partie<br />

Dans un souci didactique,<br />

nous avons choisi<br />

de présenter ici les sinistres<br />

les plus décrits<br />

et faisant l’objet<br />

de nombreuses procédures.<br />

Ils correspondent<br />

majoritairement<br />

à des lésions irréversibles.<br />

Un même sinistre peut<br />

parfois avoir plusieurs<br />

causes, de même<br />

qu’un acte peut produire<br />

plusieurs dommages.<br />

Notre liste est non exhaustive,<br />

mais dresse un panorama<br />

de la jurisprudence actuelle.<br />

46<br />

Lésions neurologiques<br />

Lésion du nerf lingual<br />

1. Illustration d’une mandibule en 3D.<br />

La clinique<br />

Un article de Hillerup (2007) [5] clarifie les données cliniques<br />

: sur 449 cas de lésions trigéminales périphériques,<br />

secondaires à des chirurgies orales mineures, le nerf lingual<br />

est touché dans 58 % des cas, alors que le nerf alvéolaire<br />

inférieur l’est dans 33 % des cas. C’est donc la lésion<br />

la plus fréquente, dont la cause principale est l’avulsion de<br />

la dent de sagesse. Dans la population générale, le risque<br />

lésionnel lors de cet acte d’extraction est situé, selon les<br />

experts, entre 2 et 4 %. Le rapport 2011 du Sou Médical<br />

sur la sinistralité des chirurgiens-dentistes [10] fait état<br />

de 15 lésions du nerf lingual sur 54 suites d’extraction et<br />

conséquences d’anesthésie.<br />

Les conséquences sont d’ordre sensitif, avec des manifestations<br />

de type paresthésies, dysesthésies ou encore plus<br />

rarement allodynies. Des troubles sensoriels, de type<br />

hypogueusie, sont également décrits.<br />

Sous le regard du neurologue, trois types de dommages<br />

sont décrits, permettant une prédictibilité de la récupération<br />

clinique :<br />

L’INFORMATION DENTAIRE n° 3/4 - 23 janvier 2013


- neuropraxie (grade I) : léger dommage axonal<br />

engendrant un arrêt ou une diminution de la<br />

conduction nerveuse avec recouvrement spontané<br />

après quelques jours ou quelques semaines. Elle est<br />

souvent induite par la compression mécanique d’un<br />

écarteur ;<br />

- axonotmésis (grade II) : section de l’axone,<br />

mais continuité des enveloppes autorisant la régénération.<br />

Il faut en moyenne 80 à 100 jours pour<br />

réparer un nerf lingual<br />

- neurotmésis (grades III à V) : lésions de<br />

l’axone, de la gaine myélinique et de l’épinèvre. Il<br />

n’y a pas de possibilité de régénération spontanée,<br />

seule la microchirurgie peut apporter une solution.<br />

La particularité du nerf lingual est la variabilité de<br />

son trajet anatomique entre individus et pour un<br />

même individu d’un côté à l’autre. Aucun élément<br />

radiographique ou même clinique ne permet d’anticiper<br />

sa position. Le respect strict des consignes<br />

opératoires (tracé d’incision, décollement en épaisseur<br />

totale avec préservation du périoste, protection<br />

du lambeau lingual, visibilité…) est plus que jamais<br />

garant de la sécurité [1].<br />

La jurisprudence<br />

Cour d’appel de Lyon du 28 février 2012 :<br />

faute technique<br />

« Mme Y a été hospitalisée en vue<br />

d’une thérapeutique cardiaque. Ensuite<br />

de la découverte d’un kyste autour de la dent<br />

de sagesse n° 48, il est apparu nécessaire<br />

de procéder préalablement à son extraction.<br />

Le 9/7/2003, Mme D a procédé à l’avulsion<br />

de cette dent qui a entraîné une lésion du nerf<br />

lingual (…).<br />

(…) L’expert judiciaire a écarté l’existence d’un risque<br />

particulier de lésion du nerf lingual propre<br />

à la physiologie de Mme Y, ce qui n’est pas contesté<br />

par Mme D. Il ajoute que la lésion par arrachement<br />

du nerf lingual n’est pas une fatalité ; que Mme D<br />

n’a pas pris la précaution nécessaire préalable<br />

de repérer, puis de protéger ce nerf, qui a bien été<br />

lésé par une maladresse technique résultant<br />

de ce défaut de précaution (…).<br />

(…) Elle exerçait la profession de conseillère<br />

financière dans une banque à la date de l’intervention<br />

pratiquée par Mme D.<br />

Le professeur C constate que plus de six ans après<br />

l’intervention litigieuse, Mme Y présente toujours une<br />

anesthésie dans le territoire du nerf lingual droit, qui<br />

génère des difficultés alimentaires, gustatives.<br />

L’INFORMATION DENTAIRE n° 3/4 - 23 janvier 2013<br />

l’angle de l’expert<br />

La langue a perdu toute sensorialité et sensibilité<br />

du côté lésé, ainsi que ses repères somesthésiques<br />

de protection (morsures) (…). L’incidence<br />

professionnelle est importante du fait de la perte<br />

des repères gnoso-praxiques de la langue<br />

à droite dans la fonction de phonation, donc<br />

dans la communication verbale professionnelle.<br />

Le chuintement et les modifications mimiques<br />

de verbalisation entrent dans le préjudice<br />

fonctionnel (…). »<br />

Cour d’appel de Rouen du 9 février<br />

2011 : absence de faute technique,<br />

mais défaut d’information<br />

« Le 20 mars 2003, Mme X a subi l’extraction<br />

de deux dents de sagesse pratiquée par<br />

le Dr Y. À la suite de complications survenues<br />

après cette intervention, soit, notamment,<br />

une alvéolite bilatérale au niveau des zones<br />

d’extraction, une mycose linguale et, surtout,<br />

une hypoesthésie linguale gauche (lésion du nerf<br />

de la langue) (…).<br />

Ainsi, aucun manquement aux règles de l’art<br />

n’est établi à l’encontre du Docteur Y et, en l’état<br />

du risque de lésion afférent à l’extraction<br />

de cette dent particulière (la troisième molaire)<br />

souligné par les études ci-dessus rappelées,<br />

l’atteinte du nerf lingual subie par sa patiente<br />

ne suffit pas à elle seule à prouver la maladresse<br />

du Docteur Y au cours de l’intervention.<br />

Il est ainsi démontré que l’insensibilisation<br />

partielle de l’hémi-langue gauche subie<br />

par Mme X est survenue en dehors de toute<br />

faute du Docteur Y et qu’elle constitue un risque<br />

accidentel inhérent à l’acte médical pratiqué<br />

et qui ne pouvait être maîtrisé (…).<br />

(…) En revanche, les griefs relatifs<br />

au manquement à l’obligation d’information<br />

pesant sur le Docteur Y apparaissent fondés.<br />

Or le Docteur Y, qui n’a fait signer aucun écrit<br />

à sa patiente et soutient lui avoir, au cours<br />

d’entretiens préalables, donné verbalement toute<br />

information utile sur ce point particulier,<br />

ce que Mme X conteste, a cependant admis<br />

devant l’expert judiciaire qu’il n’était pas possible<br />

de “tout dire”. Ce dernier indique clairement<br />

que le risque d’atteinte neurologique définitive<br />

n’a pas été exposé (…). En cet état,<br />

la Cour retiendra qu’en effet Mme X n’a pas été<br />

complètement informée du risque neurologique<br />

inhérent à l’intervention (…). »<br />

47


Région molaire l Mandibulaire<br />

2a b<br />

2. Expertise judiciaire 2011 (Dr Bitton) :<br />

46 avant (a) et après traitement radiculaire (b).<br />

48<br />

Cour d’appel de Poitiers du 12 janvier<br />

2011 : absence de faute technique<br />

et respect du devoir d’information<br />

« Mlle Y a été opérée le 12 janvier 2004<br />

par le Docteur X, laquelle lui a extrait<br />

les quatre dents de sagesse sous anesthésie<br />

générale (…).<br />

Au regard des éléments cliniques,<br />

des difficultés prévisibles au seul vu<br />

de la radiographie panoramique telles<br />

que relevées ci-dessus, les notes<br />

du Docteur X quant au contenu des deux<br />

entretiens préopératoires avec alertes<br />

de la patiente sur les difficultés prévisibles,<br />

notamment sur les dents 38 et 48,<br />

caractérisent un ensemble concordant<br />

de présomptions au sens de l’article 1353<br />

du Code civil démontrant que le Docteur X<br />

a informé Mlle Y des risques d’atteinte<br />

aux nerfs <strong>dentaire</strong>s et linguaux et des<br />

conséquences pouvant en résulter (…). »<br />

En dehors de toute faute technique<br />

dûment avérée, l’expert conclura à un aléa<br />

thérapeutique sous réserve que l’indication<br />

opératoire a été parfaitement posée et le suivi<br />

postopératoire correctement assuré.<br />

Cette position n’exclut pas la recherche<br />

d’un éventuel défaut d’information (voir<br />

paragraphe analyse médico-légale).<br />

Lésion du nerf alvéolaire<br />

inférieur (NAI)<br />

La clinique<br />

Toujours selon l’étude de Hillerup [5], sur 449<br />

lésions trigéminales périphériques faisant suite à<br />

des actes de chirurgies orales, le NAI est lésé dans<br />

33 % des cas. Selon le rapport d’activité du Sou<br />

Médical [10] sur la sinistralité en responsabilité<br />

médicale, il est recensé en 2011 :<br />

- 17 cas d’atteinte du NAI sur 54 complications en<br />

suite d’extractions ;<br />

- 19 cas de dépassements d’obturations canalaires<br />

ayant entraîné, entre autres, des lésions nerveuses<br />

(incidence non communiquée) ;<br />

- 11 cas de lésions dans le cadre de la pratique<br />

implantaire.<br />

L’éventail des sensations anormales du NAI inclut<br />

des dysesthésies plus ou moins gênantes, des<br />

tableaux douloureux variables allant de la douleur<br />

continue légère à type de brûlure ou tiraillements<br />

jusqu’à des décharges électriques paroxystiques.<br />

Des signes d’allodynie locale à la mobilisation <strong>dentaire</strong><br />

ou à la palpation du site osseux sont également<br />

décrits. Le territoire de ressenti est celui du V3 ou<br />

autres branches du trijumeau.<br />

Les hypoesthésies, voire paresthésie labio-<br />

mentonnières, s’accompagnent d’une incontinence<br />

labiale et de la perte des réflexes de protection<br />

(morsure).<br />

Les lésions peuvent s’observer à la suite de traitements<br />

radiculaires des molaires <strong>mandibulaire</strong>s. La<br />

proximité du nerf avec ces dents explique la fréquence<br />

des incidents au premier rang desquels se<br />

trouvent les 2 e molaires et, plus rarement, les 1re<br />

molaires et prémolaires [9].<br />

L’exemple illustré par les clichés rétro-alvéolaires<br />

2a et 2b est riche d’enseignements : traitement<br />

radiculaire non justifié, technique non conforme<br />

aux connaissances médicales avérées, paresthésie<br />

labio-mentonnière droite. La patiente a dû subir<br />

une extraction associée à l’ablation du matériau<br />

d’obturation sans récupération sensitive.<br />

D’autres thérapeutiques peuvent engendrer une<br />

attente du NAI : prélèvement osseux rétro-molaire,<br />

chirurgie implantaire.<br />

L’INFORMATION DENTAIRE n° 3/4 - 23 janvier 2013


3a b<br />

3. Radiographies rétro alvéolaires avant (a) et après (b) pose de l’implant.<br />

La jurisprudence<br />

Cour d’appel de Nancy du 10 mai 2011 :<br />

avulsion de 38 et 48 suivies de névralgies<br />

et dysesthésie du NAI, faute technique<br />

« Le 24 novembre 1994, le Dr X a procédé<br />

à l’extraction des deux dents 38 et 48.<br />

L’intervention complexe a duré environ<br />

1 h 15 - 1 h 30 et a été marquée par un important<br />

hématome du côté gauche. Mme Y a souffert<br />

ensuite de douleurs dans la région de la dent 38,<br />

nécessitant la prise d’antalgiques, mais le Dr X<br />

lui a indiqué qu’il fallait attendre environ<br />

trois ans pour que ces douleurs se résorbent (…).<br />

Une nouvelle intervention a été proposée à Mme Y,<br />

qui a été réalisée par le Dr X le 14 janvier 1999.<br />

Celle-ci n’a pas fait disparaître les douleurs (…).<br />

(…) l’atteinte du nerf est directement liée<br />

à l’opération du 24 novembre 1994, consécutive<br />

au geste chirurgical de Mme Y (…).<br />

(…) qu’il s’ensuit que sa faute ne peut être exclue<br />

en faveur d’un aléa thérapeutique, qui est<br />

un risque inhérent à l’acte médical ne pouvant être<br />

maîtrisé, et qu’il y a lieu de retenir à son encontre<br />

un manquement à l’obligation de précision dans<br />

le geste chirurgical, d’autant qu’elle a reconnu<br />

lors des premières opérations d’expertise avoir<br />

touché et abîmé un nerf (…).<br />

(…) que la responsabilité du Dr X ne découle pas<br />

ainsi d’une obligation de sécurité résultat,<br />

mais d’une faute (…). »<br />

L’INFORMATION DENTAIRE n° 3/4 - 23 janvier 2013<br />

l’angle de l’expert<br />

Expertise judiciaire (Dr Bitton, 2005)<br />

Tribunal de Grande Instance de Mulhouse<br />

du 30 janvier 2007 : pose d’un implant<br />

en 46 (3a et b), paresthésie, allodynie,<br />

faute technique<br />

« Attendu qu’il résulte du rapport d’expertise<br />

médicale en date du 20 mai 2005 que l’acte<br />

de chirurgie implantaire réalisé le 4 juin 2003<br />

par le Docteur F a entraîné une allodynie<br />

et une paresthésie par compression du pédicule<br />

<strong>mandibulaire</strong> droit ; que la faute du praticien a<br />

eu pour conséquence, dans un premier temps,<br />

une anesthésie au niveau de lèvre inférieure droite,<br />

des dents 41 à 45 et de toute la région mentonnière<br />

en rapport ; que devant la persistance<br />

des symptômes, la dépose de l’implant a été réalisée<br />

le 16 juillet 2003 ; que trois jours après<br />

sont apparues de vives douleurs, spontanées<br />

et à l’effleurement, de la lèvre inférieure droite<br />

et de la région mentonnière en rapport (…).<br />

(…) Attendu qu’il résulte de tout ce qui précède<br />

que la créance de Madame B s’élève à la somme<br />

de 22 034,44 € (…). »<br />

49


Région molaire l Mandibulaire<br />

4a<br />

4a. Panoramique avant extractions des 3e molaires.<br />

4b. Coupe vestibulo-linguale du dentascan secteur 38.<br />

50<br />

La fracture <strong>mandibulaire</strong><br />

La clinique<br />

La fracture de l’angle <strong>mandibulaire</strong> est une<br />

complication exceptionnelle de l’extraction<br />

de la dent de sagesse <strong>mandibulaire</strong>. Certaines<br />

conditions particulières favorisent la survenue<br />

de cet accident :<br />

- inclusion basse (fig. 4a et 4b) ;<br />

- ostéotomie excessive ;<br />

- geste technique mal contrôlé ;<br />

- avulsion dans un contexte osseux fragile et<br />

ostéoporotique ;<br />

- kyste péricoronaire volumineux.<br />

Elle se manifeste par un craquement évocateur<br />

associé à une douleur. Le tableau clinique<br />

est le plus souvent le suivant : mobilité<br />

des segments osseux, hémorragie importante,<br />

trouble de l’occlusion.<br />

Elle peut parfois rester silencieuse et se révéler<br />

dans un second temps par des douleurs.<br />

Elle est confirmée par l’imagerie [12].<br />

Des cas de fractures angulaires ont été constatés<br />

à la suite de prélèvements ramiques. Selon<br />

F Khoury [8], sur 968 prélèvements ramiques,<br />

1 fracture a été recensée. Le risque de survenue,<br />

dans ces situations de greffes, semble<br />

culminant dans les trois semaines suivant<br />

l’intervention, lorsque le patient reprend un<br />

mode alimentaire normal.<br />

4b<br />

La jurisprudence<br />

Cour d’appel de Nîmes du 27 septembre<br />

2005 : absence de faute technique,<br />

non-respect du devoir d’information<br />

Il s’agit de l’avulsion d’une 38 incluse en 1999<br />

sous anesthésie générale. Les suites opératoires<br />

immédiates sont les suivantes : « Douleurs irradiantes,<br />

gêne à la mastication et paresthésie. » Diagnostic,<br />

deux mois plus tard, d’une fracture de l’angle<br />

<strong>mandibulaire</strong> gauche sans déplacement.<br />

Cicatrisation spontanée quatre mois après le diagnostic,<br />

mais persistance d’une anesthésie labio-mentonnière<br />

gauche avec gêne persistante à la mastication<br />

et incontinence salivaire. La faute technique n’a pas<br />

été retenue, mais le défaut d’information a, lui, été<br />

sanctionné.<br />

« (…) La Cour relève que le Dr X a pris toutes<br />

es précautions conformes aux données acquises<br />

de la science (…) que la fracture et l’anesthésie due<br />

à l’atteinte du nerf sont (…) la conséquence inévitable des<br />

anomalies présentées par la position ectopique<br />

de la dent et le trajet du nerf ; que la faute du Dr X<br />

doit donc être écartée (…). Qu’aucune pièce ne prouve<br />

l’exécution par le Dr X de l’obligation d’information<br />

sur la nature et la gravité des risques encourus (…) ;<br />

que le caractère médicalement nécessaire<br />

de cette opération ne dispensait par le Dr X<br />

de son obligation d’information (…). »<br />

L’INFORMATION DENTAIRE n° 3/4 - 23 janvier 2013


5<br />

5. Coupe vestibulo-linguale en secteur 35<br />

lexique<br />

L’allodynie est une douleur suscitée<br />

par un stimulus qui n’est normalement pas<br />

ressenti comme douloureux.<br />

Paresthésie : altération de la sensibilité<br />

ou de la motricité. Les formes communes<br />

sont le fourmillement (si touche les nerfs<br />

sensitifs) ou engourdissement (si touche<br />

les nerfs moteurs).<br />

Dysesthésie : diminution (hypoesthésie)<br />

ou exagération (hyperesthésie) de la sensibilité.<br />

Agueusie : perte du sens gustatif.<br />

Hypogueusie : diminution du sens gustatif.<br />

L’INFORMATION DENTAIRE n° 3/4 - 23 janvier 2013<br />

l’angle de l’expert<br />

Chirurgie orale<br />

Les autres actes de chirurgie orale peuvent aussi<br />

entraîner des dommages. Citons les résections<br />

apicales, lambeaux de chirurgie parodontale,<br />

les exérèses des lésions muqueuses.<br />

Illustration par deux cas<br />

Le premier, issu de la Cour d’appel de Paris du<br />

19 octobre 2007. En 2001, un praticien pose des<br />

implants <strong>mandibulaire</strong>s postérieurs gauches. Les suites<br />

opératoires sont silencieuses, mais une réintervention de<br />

suture est réalisée trois semaines plus tard. À l’issue de<br />

celle-ci apparaissent « une paresthésie du menton et une<br />

hyperesthésie labiale ». La responsabilité du praticien est<br />

reconnue pour maladresse.<br />

Le deuxième cas est rapporté par le Dr Bitton à la suite<br />

d’une expertise judiciaire datée de 2007. Il s’agit d’une<br />

résection apicale sur 35 réalisée par un médecin ORL.<br />

Le geste s’avérera non indiqué, car prescrit pour des douleurs<br />

persistantes liées en réalité à une algie faciale idiopathique.<br />

Absence de compte rendu opératoire, image<br />

du dentascan éloquente (fig. 5) et conséquence clinique<br />

prévisible (anesthésie labio-mentonnière).<br />

Risque analgésique<br />

La bibliographie et l’adresse de correspondance figurent en page 54.<br />

Des cas de pertes transitoires de sensibilités sur les territoires<br />

du nerf alvéolaire inférieur et du nerf lingual ont<br />

été recensés.<br />

La fracture de l’aiguille lors de l’analgésie régionale en<br />

cas de non-respect du matériel préconisé existe également<br />

[2]. Un cas documenté a fait l’objet d’une procédure<br />

judiciaire dont les conséquences cliniques sont des<br />

douleurs constantes associées à des migraines (Cour<br />

d’appel de Lyon du 1 er juin 2006).<br />

51


Région molaire l Mandibulaire<br />

52<br />

2 e partie<br />

L’analyse<br />

médico-légale<br />

Nous avons, dans une première partie, établi une liste non exhaustive des sinistres<br />

de la région molaire <strong>mandibulaire</strong> et de leur jurisprudence. Nous consacrerons<br />

cette deuxième partie à l’analyse médico-légale qui en découle.<br />

La responsabilité d’un praticien est engagée si<br />

trois éléments sont réunis : un dommage, un<br />

fait dommageable et un lien de causalité entre<br />

les deux. La charge de la preuve incombe au<br />

patient qui dispose pour cela de la faculté de<br />

solliciter des opérations d’expertise amiable ou judiciaire.<br />

Pour simplifier les faits dommageables, nous les classerons<br />

en deux catégories : la faute et le fait des choses.<br />

Le fait des choses C’est l’obligation de sécuritérésultat<br />

: produits, dispositifs médicaux, entretien du<br />

matériel, sécurité sanitaire, etc. Ce point particulier ne<br />

sera pas développé ici.<br />

La faute<br />

• La faute technique : erreur dans le choix de la technique,<br />

faiblesse des moyens mis en œuvre (bilan radio,<br />

bilan médical, etc.) et la faute opératoire.<br />

• La faute contre l’humanisme : défaut d’information et<br />

de consentement éclairé.<br />

1. Illustration d’une mandibule en 3D.<br />

La faute technique<br />

Elle correspond à l’utilisation d’une technique<br />

non conforme aux connaissances médicales avérées.<br />

La limitation des risques passe par une formation<br />

continue régulière ainsi que par la connaissance<br />

des préconisations des rapports d’experts.<br />

Il est alors possible de créer des procédures à respecter<br />

avant la mise en œuvre de nos actes quotidiens,<br />

comme :<br />

• Traitement radiculaire :<br />

- indication du traitement<br />

- cliché préopératoire<br />

- cliché peropératoire, instruments en place et/<br />

ou utilisation d’un localisateur d’apex<br />

- cliché postopératoire<br />

L’INFORMATION DENTAIRE n° 3/4 - 23 janvier 2013


• Avulsion de dent de sagesse incluse <strong>mandibulaire</strong><br />

[4] :<br />

- indication de l’avulsion<br />

- âge<br />

- contexte local<br />

- cliché rétro-alvéolaire ou panoramique préopératoires<br />

- dentascan ou cone beam si nécessaire<br />

- technique opératoire : analgésie, incisions, protection<br />

du nerf lingual, section de la dent, etc.<br />

- suivi postopératoire<br />

- information et consentement éclairé<br />

• Chirurgie implantaire :<br />

- bilan radiographique (dont dentascan ou cone<br />

beam)<br />

- guide chirurgical à partir du projet prothétique<br />

- technique opératoire<br />

- suivi postopératoire<br />

- information et consentement éclairé<br />

La faute contre l’humanisme<br />

Elle correspond au défaut d’information et donc à<br />

l’absence du consentement libre et éclairé du patient.<br />

Ces éléments ont été clairement définis par la loi du<br />

4 mars 2002, ou loi relative « aux droits des malades<br />

et à la qualité du système de santé ». Du fait de l’importance<br />

des sinistres de la région molaire <strong>mandibulaire</strong>,<br />

elle doit attirer notre attention.<br />

L’information délivrée au patient<br />

• Avant le traitement :<br />

- investigations, traitements ou actions de prévention<br />

proposés, coût et conditions de prise en charge<br />

- utilité, urgence<br />

- suites postopératoires prévisibles<br />

- risques fréquents ou graves normalement prévisibles<br />

- conséquences en cas d’échec<br />

- conséquences en cas de refus du traitement<br />

• Au cours du traitement :<br />

- informations régulières<br />

- changements dans le plan de traitement<br />

- problèmes rencontrés<br />

• Après le traitement :<br />

- précautions à prendre<br />

- information sur la nécessité de contrôles périodiques<br />

L’INFORMATION DENTAIRE n° 3/4 - 23 janvier 2013<br />

l’angle de l’expert<br />

Le praticien ne peut pas intervenir sans le consentement<br />

libre et éclairé du patient et ce consentement peut être<br />

retiré à tout moment. Or ce consentement est donné à<br />

partir d’une information claire, loyale et appropriée.<br />

Cette notion a progressivement évolué depuis quelques<br />

années. Mieux encore, la Cour de Cassation a multiplié<br />

les arrêts transformant une obligation contractuelle en<br />

droit fondamental du patient. Nous pouvons dire que<br />

le défaut d’information est systématiquement recherché<br />

même en l’absence de faute technique. Cela devient une<br />

des sources majeures de contentieux.<br />

Jusqu’en 2010, la Cour de Cassation estimait que :<br />

« (…) la violation d’une obligation d’information ne peut<br />

être sanctionnée qu’au titre de la perte de chance subie<br />

par le patient d’échapper par une décision peut-être plus<br />

judicieuse, au risque qui s’est finalement réalisé » Cass.<br />

Civ 07/12/2007<br />

Cette perte de chance était alors quantifiée selon l’importance<br />

du préjudice.<br />

Depuis 2010 (arrêts du 11/3/2010, du 3/6/2010, du<br />

12/1/2012), la Cour de Cassation insiste sur le fait que<br />

le défaut d’information n’est pas une faute « comme<br />

les autres » (arrêt du 11/3/2010). Elle devient une faute<br />

« éthique » ou « morale », qui porte atteinte à la dignité<br />

de l’être humain et qui doit être indemnisée comme<br />

telle.<br />

Un arrêt rendu le 12/6/2012 a fini<br />

d’enfoncer le clou en affirmant que,<br />

même si un patient ne peut refuser un<br />

acte du fait de son impérieuse nécessité,<br />

son droit à l’information est incontournable.<br />

Si elle est considérée par tous les observateurs<br />

comme une juste évolution de<br />

la jurisprudence, c’est un revirement majeur. La Cour de<br />

Cassation consacre un droit à l’information et condamne<br />

le professionnel de santé à réparer pleinement le préjudice<br />

moral né de ce manquement.<br />

La preuve du respect de cette obligation incombe au<br />

praticien qui peut la rapporter par tous moyens, y compris<br />

par présomptions : dossier médical dûment rempli,<br />

fiches d’information données, utilisation de logiciels de<br />

présentation, procédures internes au cabinet (Cour d’appel<br />

de Metz du /3/2004).<br />

Le fait de recueillir le consentement éclairé écrit est un<br />

plus mais ne suffit pas à démontrer que l’information a<br />

bien été donnée.<br />

Le praticien<br />

ne peut pas<br />

intervenir sans<br />

le consentement<br />

libre et éclairé<br />

du patient.<br />

53


Région molaire l Mandibulaire<br />

Et si le sinistre survient ?<br />

La première règle à respecter est d’assurer<br />

le suivi postopératoire.<br />

Si les conditions opératoires laissent présager<br />

des complications (durée d’intervention,<br />

fracture d’apex, exposition/trauma d’un nerf,<br />

hémorragie, etc.), il est impératif de prévoir<br />

au moins un contact téléphonique avec<br />

le patient ou, mieux, de planifier un rendezvous<br />

de contrôle. C’est l’obligation de suivi<br />

avec la notion de prise en charge immédiate :<br />

écoute, réponse aux courriers éventuels,<br />

gestion du stress, sollicitation d’un confrère<br />

ou service compétent…<br />

La décision de la Cour d’appel<br />

d’Orléans du 11 mai 2009 revient<br />

sur le fait de veiller sur son patient :<br />

« (…) Que la lettre recommandée avec avis<br />

de réception que lui a adressée ce dernier<br />

le 30/12/1999, pour solliciter des explications<br />

sur la persistance de douleurs et sur<br />

la possible évolution de son état, est, en effet,<br />

restée sans réponse. (…) Que ce manquement<br />

du médecin à ses obligations déontologiques,<br />

qui lui imposent d’être à l’écoute<br />

de son patient, de veiller sur lui<br />

et de répondre à ses interrogations, était<br />

de nature à causer à M Y, qui a pu se sentir<br />

abandonné par son médecin, un préjudice<br />

moral (…). »<br />

La deuxième règle, évidente à rappeler,<br />

est clairement notifiée dans la loi du 4 mars<br />

2002. Il s’agit de l’obligation de souscrire<br />

une assurance en responsabilité civile<br />

professionnelle pour les professionnels<br />

de santé exerçant au titre libéral.<br />

Le non-respect expose à des sanctions<br />

pénales, disciplinaires et au règlement<br />

des conséquences financières des préjudices.<br />

Ainsi, face à un sinistre, il est important<br />

de prendre contact avec son assureur dans<br />

les meilleurs délais.<br />

Correspondance<br />

4, rue Armand Bloch 25200 Montbeliard<br />

54<br />

Conclusion<br />

D’après le rapport 2011 du Sou Médical [10], le nombre de<br />

déclarations de sinistres est en hausse de 20,4 % sur une<br />

année. En effet, la sinistralité des chirurgiens-dentistes est passé de<br />

4,24 % en 2010 à 5,1 % en 2011. L’évolution de la pratique chirurgicale,<br />

notamment implantaire, entraîne une croissance des déclarations<br />

(201 en 2011 contre 77 en 2007) et du montant des indemnisations.<br />

Les dommages des structures de la région molaire <strong>mandibulaire</strong><br />

représentent une part non négligeable de ces litiges et préjudices, avec<br />

une notion bien souvent d’atteintes irréversibles.<br />

À la lumière de nos recherches, il apparaît clairement que l’évolution<br />

technique de nos cabinets et de notre art nous conduit à repousser<br />

sans cesse nos limites. Or, et c’est ce que nous rappellent souvent les<br />

communautés scientifiques, « primum non nocere ». Ce principe fondamental<br />

doit nous enjoindre à évaluer le plus justement possible le<br />

rapport bénéfice-risque.<br />

Nul n’est à l’abri d’une faute technique et/ou d’un défaut d’information.<br />

Mais si l’on peut imaginer une multitude de situations génératrices<br />

de problèmes, il ne peut y avoir qu’une ligne de conduite, celle<br />

dictée par nos obligations et notre éthique.<br />

Plus que jamais, la dentisterie devient un art de l’oralité.<br />

bibliographie<br />

1. Gaudy JF et coll. Anatomie clinique. Editions CdP 2003.<br />

2. Gaudy JF et Arreto CD. Manuel d’analgésie en odontostomatologie. Masson<br />

2005.<br />

3. HAS. Rapport ANAES 1997. Indications et non indications de l’avulsion des troisièmes<br />

molaires <strong>mandibulaire</strong>s.<br />

4. HAS. Rapport de juin 2005. Indications et contre-indications de l’anesthésie<br />

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L’INFORMATION DENTAIRE n° 3/4 - 23 janvier 2013

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