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La « neuvième heure » est donc ce point à deux dimensions, la verticale et l’horizontale. Elle relie<br />
étroitement l’éternité au temps et à l’espace, réconciliant l’homme avec son Créateur :<br />
Tout était consommé. Ne parlons plus de cela. Ça me fait mal.<br />
Cette incroyable descente de mon fils parmi les hommes.<br />
Chez les hommes.<br />
Pour ce qu’ils en ont fait. 207<br />
<strong>Le</strong> Christ a « tout consommé ». Quant aux péchés des hommes, par l’acte de la Rédemption, Il les a<br />
« neutralisés », creusant ainsi un passage de l’ordre de la justice à celui de la miséricorde :<br />
Tout était consommé, cette incroyable aventure<br />
Par laquelle, moi, Dieu, j’ai les bras liés pour mon éternité.<br />
Cette aventure par laquelle mon Fils m’a lié les bras.<br />
Pour éternellement liant les bras de ma justice, pour éternellement déliant les bras<br />
de ma miséricorde.<br />
Et contre ma justice inventant une justice même.<br />
Une justice d’amour. Une justice d’Espérance.<br />
Tout était consommé. 208<br />
Ce passage de la mort (qui, selon l’ordre de la justice, est le fruit du péché) à la vie (qui ne peut<br />
être que gratuite, parce que liée à l’ordre de la miséricorde), l’événement de « la neuvième heure », révèle<br />
une continuation et une profonde unité entre les deux Testaments :<br />
Tout était consommé.<br />
[...]<br />
Ce qu’il fallait. Comme il avait fallu. Comme mes prophètes l’avaient annoncé. 209<br />
En même temps, le drame du brisement du Corps du Christ signifie une déchirure à l’intérieur<br />
de la Parole de Dieu dont le Christ est l’Incarnation. La Parole devient cri :<br />
<strong>Le</strong> voile du temple s’était déchiré en deux, depuis le haut jusqu’en bas.<br />
[...]<br />
Et environ la neuvième heure mon Fils avait poussé<br />
<strong>Le</strong> cri qui ne s’effacera point. 210<br />
C’est le cri à la fois vers l’homme 211 et vers le Père 212 , le cri de douleur et de tourment à cause<br />
des âmes qui se perdent, ne fût-ce que pour une seule.<br />
Traditionnellement, à la Passion du Christ on associe les trois paraboles de la miséricorde 213 , en<br />
tant que motifs d’espérance et figures de l’amour que Dieu éprouve pour l’homme 214 . Nous pouvons<br />
voir que chacune des trois « Similitudes » 215 choisies par Péguy afin de mieux illustrer sa conception de<br />
207 Ch. Péguy, <strong>Le</strong> <strong>Porche</strong> du mystère de la deuxième vertu, op. cit., P 668-669.<br />
208 Ch. Péguy, <strong>Le</strong> <strong>Porche</strong> du mystère de la deuxième vertu, op. cit., P 669.<br />
209 Ch. Péguy, <strong>Le</strong> <strong>Porche</strong> du mystère de la deuxième vertu, op. cit., P 668-669.<br />
210 Ch. Péguy, <strong>Le</strong> <strong>Porche</strong> du mystère de la deuxième vertu, op. cit., P 669.<br />
211 Jn 19:28 : « Jésus dit : J’ai soif. » – Toutes les citations bibliques sont tirées de la Traduction Œcuménique de la Bible, Cerf,<br />
1987.<br />
212 Lc 23:46 : « Jésus poussa un grand cri ; il dit : Père, entre tes mains je remets mon esprit. Et, sur ces mots, il expira. »<br />
213 Cf. Lc 15:1-32. C’est pour cette raison que Péguy les appelle « les paroles de l’espérance » (cf. <strong>Le</strong> <strong>Porche</strong>, op. cit., p. 114).<br />
214 Ch. Péguy, <strong>Le</strong> <strong>Porche</strong> du mystère de la deuxième vertu, op. cit., P 577 (bien ainsi en italiques) :<br />
En effet le Fils de l’homme est venu sauver ce qui avait péri.<br />
[...]<br />
Ainsi n’est pas la volonté devant votre Père, qui est aux cieux, que périsse un seul de ces petits.<br />
215 Ch. Péguy, <strong>Le</strong> <strong>Porche</strong> du mystère de la deuxième vertu, op. cit., P 621 :<br />
Il y avait une grande procession; en tête s’avançaient les trois Similitudes ;<br />
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