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texte - Le Porche

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Colloque de Saint-Pétersbourg<br />

13-15 mars 2008<br />

Claire Daudin<br />

Institut Albert-le-Grand, Angers<br />

« La cathédrale de Notre-Dame de Kazan [...] avait coiffé sa coupole italienne d’un bonnet de<br />

neige russe, dessiné ses corniches et ses chapiteaux corinthiens en blanc pur, et posé sur la terrasse de<br />

sa colonnade demi-circulaire une balustrade d’argent massif pareille à celle qui orne son iconostase ; les<br />

marches qui conduisaient à son portail étaient couvertes d’un tapis d’hermine assez fin, assez moelleux,<br />

assez splendide pour que le soulier d’or d’une czarine s’y posât. », écrit Théophile Gautier dans son<br />

Voyage en Russie.<br />

Eh bien non ! Il n’y avait pas de neige à Saint-Pétersbourg quand nous y sommes allés pour le<br />

colloque organisé par le centre d’Études françaises de l’Université d’État, du 13 au 15 mars 2008. Il<br />

paraît même qu’il n’y en avait pas eu de l’hiver ! De quoi chambouler mes idées reçues sur cette ville<br />

mythique, et rendre superflus les après-ski dont je m’étais chaussée pour ce premier voyage en Russie.<br />

Premier voyage pour moi, mais pour <strong>Le</strong> <strong>Porche</strong> et ses amis, un rendez-vous de plus à la suite de<br />

ceux qui ont jalonné treize années de relations étroites et fécondes. Cette fois-ci, le thème qui nous<br />

réunit est « Modernisme, Postmodernisme, Antimodernisme ». Péguy, grand pourfendeur du monde<br />

moderne, y trouve sa place, parmi d’autres auteurs, car le programme est d’une grande diversité.<br />

La première journée, très dense, est consacrée pour une bonne part à la linguistique. Nous nous<br />

rassemblons dans la salle de cinéma de l’université. Nous sommes au cœur de Saint-Pétersbourg, sur les<br />

bords de la Néva, et de l’autre côté du fleuve s’étale la façade colorée de l’Ermitage. Mais pour l’heure,<br />

il n’est pas question d’admirer les beautés architecturales de la ville. Tatiana Taïmanova accueille et<br />

remercie les participants. Devant elle, un bouquet de fleurs qui nous suivra de salle en salle tout au long<br />

du colloque, et dont l’œil sagace d’Yves Avril a tout de suite remarqué qu’il était aux couleurs de la<br />

France… <strong>Le</strong> Consul, qui nous a gratifié de sa présence, souhaite à notre réunion un bon déroulement,<br />

et nous pouvons commencer.<br />

<strong>Le</strong>s communications se succèdent à un rythme rapide. Elles sont lues par leurs auteurs qui,<br />

selon l’usage local, optent pour la position debout. Ces beaux parleurs de Français, habitués à prendre<br />

leurs aises et à faire assaut d’éloquence, ont face à eux des Russes concentrés, qui sont là pour délivrer<br />

un savoir précis, dans un temps limité, sans effets de manches ni fioriture. <strong>Le</strong>s sujets sont pointus : « La<br />

nouvelle linguistique française : à propos du changement du paradigme épilinguistique », « <strong>Le</strong> rôle du<br />

lien sémiotique dans les critères phraséologiques avec un ou plusieurs sens »… Comme c’est en russe,<br />

j’avoue que ces « uns ou plusieurs sens » m’échappent. (Romain, notre cher président linguiste et<br />

polyglotte, que n’étiez-vous là pour me faire partager toute cette science !) Je suis d’autant plus<br />

reconnaissante à Jasmine Jacq, de l’université de Franche-Comté, d’avoir réussi à me faire saisir<br />

certaines particularités intraduisibles de la langue russe par son exposé passionnant sur le sous-titrage<br />

des films russes en français.<br />

Nous déjeunons dans la cafétéria de l’université. L’écrivain grec Costas Valetas, qui est des<br />

nôtres, déplore l’absence de vodka ; devant les refus courroucés que lui oppose la serveuse, je perds une<br />

idée reçue de plus… Comme toujours, ces repas pris ensemble sont l’occasion de mieux se connaître,<br />

d’autant que nous sommes très nombreux. Rien que pour cette première journée, une vingtaine<br />

d’interventions sont programmées ; là, je suis tentée de parler de « stakhanovisme »…<br />

L’après-midi nous réserve de beaux exposés, en particulier celui de Dominique Millet-Gérard,<br />

de la Sorbonne, sur l’exégèse et les réécritures du Cantique des cantiques, et celui d’Hélène Stafford, de<br />

l’Université de Birmingham, sur la « féerie quotidienne » et l’esthétique de l’ordinaire chez Mallarmé et<br />

Manet. Costas Valetas nous lit du Homère, heureux contraste avec la prose du ci-devant<br />

Frédéric Beigbeder qui, au grand étonnement, pour ne pas dire au scandale, de plusieurs d’entre nous, a<br />

été jugée digne d’une communication.<br />

La journée se clôt sur une intéressante visite de la bibliothèque Voltaire. Nous pouvons<br />

contempler la maquette du château de Ferney, que la tzarine Catherine voulait reproduire à l’identique<br />

dans le parc de sa résidence de campagne, afin d’y entreposer les livres légués par le philosophe des<br />

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