Protection des animaux et agriculture - Schweizer Fleisch

PROTECTION
DES ANIMAUX
ET AGRICULTURE
LE BIEN-ÊTRE DES ANIMAUX NOUS CONCERNE TOUS
PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA

Protection des animaux et
agriculture: le bien-être des
animaux nous concerne tous
La demande de viande et autres produits de provenance
animale est en constante augmentation.
Bien au-delà du «riche Occident», elle s‘étend
aussi aux pays autrefois pauvres et amène du
souci à beaucoup de personnes. Car derrière
la démocratisation mondiale de la consommation
de viande, de produits laitiers et d‘œufs se
cachent une production animale intensive, des
détentions cruelles en masse, des animaux sélectionnés
à l‘extrême, des transports causant des
souffrances aux animaux, des méthodes d‘abattage
brutales et des régimes fourragers désastreux
d’un point de vue écologique, éthique et
sanitaire.
Les questions fondamentales quant à la légitimité
éthique d’exploiter des animaux ne sont
plus seulement soulevées par les éthiciens et les
activistes des droits des animaux, mais aussi par
une large part de la population, particulièrement
les jeunes qui adoptent une alimentation végétarienne
voire végétalienne. Ce comportement
éthiquement conséquent est répliqué par des critiques,
car les détentions ne sont pas toutes pareilles.
Des détentions paysannes, adaptées aux
espèces et aux endroits où elles sont pratiquées,
ne seraient pas un problème contrairement aux
élevages en masse. À l’avenir, elles pourraient
contribuer à alimenter durablement la population
et protéger les ressources mondiales.
Cette brochure renseigne les personnes intéressées
à la protection des animaux quant au
développement, à l’importance et aux problèmes
de la détention des animaux de rente. Elle sert
donc à se forger une opinion personnelle. Car la
détention des animaux de rente nous concerne
tous. Cette documentation souhaite également
rendre compte du développement de la protection
des animaux de rente au cours des dernières
années et indiquer dans quels domaines il est
encore impératif d‘intervenir en faveur du bienêtre
des animaux, tant en Suisse que sur le plan
international.
Dr Hansuli Huber, ing. agr. dipl. ETHZ
Directeur de la Section technique
Protection Suisse des Animaux PSA
2
1. Les contraintes autour de la détention d’animaux de rente 3
2. Agriculture et détention d’animaux de rente 7
2.1 Domestication 7
2.2 L’histoire de la détention d’animaux de rente 8
2.3 Les relations entre l’être humain et l’animal 10
2.4 L’élevage d’animaux de rente : éthiquement justifié ? 12
3. La détention d’animaux de rente en Suisse au XXe siècle 14
3.1 Le bien-être des animaux malgré les périodes de restriction 14
3.2 Des décennies perdues 14
4. La législation sur la protection des animaux 17
4.1 Développement de la législation sur la protection des animaux
de 1981 à 2011 17
4.2 Évaluation de la nouvelle loi sur la protection des animaux (LPA) 20
4.3 Évaluation de la nouvelle ordonnance sur la protection
des animaux (OPAn) 21
4.4 Application 22
5. Politique agricole 23
5.1 Développements de 1951 à 2011 23
5.2 Loi sur l’agriculture et paiements directs 26
5.3 Promotion du bien-être des animaux 26
5.4 L’importance du bien-être des animaux pour les contribuables
et les consommateurs 28
6. Information, marché et consommation 29
6.1 Développement de 1972 à 2011 29
6.2 Information et conseil 33
6.3 Le commerce de détail mise sur des produits issus d’une détention
respectueuse des animaux 34
6.4 Une gastronomie hésitante 34
7. Des importations conformes à la protection des animaux 35
7.1 Les possibilités légales et de l’économie privée 35
7.2 Les différences dans l’importance du bien-être des animaux
en Suisse et dans l’UE 36
8. Ce qu’il reste à faire pour le bien-être des animaux en Suisse 39
8.1 Généralités 39
8.2 Les problèmes de protection des animaux chez les bovins 40
8.3 Les problèmes de protection des animaux chez les porcs 43
8.4 Les problèmes de protection des animaux chez la volaille 45
8.5 Les problèmes de protection des animaux chez les moutons,
chèvres et lapins 48
8.6 Les problèmes de protection des animaux chez les chevaux 49
8.7 Les problèmes de protection des animaux dans les transports 49
8.8 Les problèmes de protection des animaux dans les abattoirs 50
8.9 Les autres aspects de la détention d’animaux de rente 51
8.10 Le gaspillage des ressources 54
9. Des mesures pour améliorer le bien-être des animaux 56
9.1 Généralités 56
9.2 La responsabilité individuelle 56
9.3 Le rôle des consommateurs 57
9.4 Le rôle de l’agriculture et de l’économie alimentaire 57
9.5 Le rôle de l’État 59
9.6 Le rôle de la politique internationale 61
Glossaire / Impressum 63
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1. Les contraintes autour de
la détention d’animaux de rente
Dans le monde occidental «saturé» de
nourriture depuis des décennies, l’élevage
intensif, désormais pratiqué au niveau
mondial, est de plus en plus critiqué. Les
questions fondamentales quant à la légitimité
éthique d’exploiter des animaux
ne sont plus seulement soulevées par les
éthiciens et les activistes des droits des
animaux, mais aussi par une large part de
la population, particulièrement les jeunes
qui adoptent une alimentation végétarienne
voire végétalienne.
Le rapport entre l’être humain et
l’animal change à vue d’œil. La distinction
entre les animaux de compagnie et
les animaux de rente, autrefois nette, devient
plus floue autant chez la population
citadine que la population rurale. L’animal
se rapproche de l’être humain et les
détenteurs d’animaux sont de plus en plus
prêts à fournir l’investissement matériel
et émotionnel nécessaire dans ce sens. Il
ne s’agit pas d’humaniser l’animal, ce qui
n’est pas souhaitable, mais d’atteindre
une nouvelle forme de cohabitation, entre
l’être humain et l’animal, plus consciente
et responsable.
L’argument, prôné par certains lob-
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byistes, d’un approvisionnement de denrées
alimentaires avantageux et sûr justifie
de moins en moins des conditions
de détention des animaux de rente négligeant
leur protection. Les ONG et les
médias mentionnent souvent la consommation
élevée de produits de provenance
animale, en augmentation au niveau
mondial, comme la cause de nombreux
problèmes écologiques et sanitaires, ainsi
que de la famine. L’alimentation purement
végétarienne prend de plus en plus racine:
elle est considérée comme la solution aux
problèmes alimentaires de la population
mondiale croissante.
Les formes de détentions dans des espaces
limités et peu stimulants, le transport
et le commerce transnational ou carrément
transcontinental d’animaux d’élevage
et de boucherie, les sélections extrêmes
pour la performance, parfois liées
à des composants du fourrage contraires
à la protection des animaux, compromettent
le bien-être des animaux et leur
état de santé. Dans notre pays, de plus
en plus de personnes remettent en question
l’énorme extension de la production
animale à travers le monde, l’emploi rou-
tinier dans beaucoup de pays en dehors
de l’Europe d’hormones et d’antibiotiques
pour augmenter la productivité, et la qualité
des denrées alimentaires bon marché
issues de fabriques d’animaux. Les
transports d’animaux de boucherie dans
l’Union Européenne et les exportations
d’agneaux d’Australie et de Nouvelle-Zélande
vers les pays arabes et d’Asie du
Sud-Est sont devenus synonymes de souffrances
animales. Les conséquences négatives
de la production animale sur l’environnement
et sur la nature se retrouvent
également dans le viseur de la critique,
comme les pics régionaux de production
de lisier, pouvant entraîner des excès
d’azote et de phosphore dans les sols
ou des émissions d’ammoniac, ainsi que
de CO2 et de méthane ayant un effet sur
le climat. La façon de cultiver les fourrages
riches en énergie et la taille des surfaces
labourées dans ce dessein sont également
contestées, de même que le commerce
international du fourrage concentré.
La production excessive de viande et
d’autres produits de provenance animale
dans certains pays est également critiquée:
le commerce mondial des excédents
3

exportés, bradant parfois les prix, fait de
la concurrence aux paysans et aux marchés
des pays qui reçoivent ces marchandises
et crée de fortes dépendances.
À l’exception de la Suisse et de
quelques pays d’Europe occidentale, la
consommation de viande, de lait et d’œufs
augmente presque dans tous les pays depuis
des années, notamment dans les pays
Les terres agricoles au niveau mondial:
5 milliards d’hectares, dont 3,5 milliards
sont des herbages permanents. Dans le
monde, la terre agricole utile à disposition
de chaque personne correspond à 72
ares, dont seulement 20 sont cultivables.
En Suisse, chaque personne dispose de
14 ares de surface agricole utile, dont 6
sont cultivables. Sur ces 14 ares, on produit
60 % des calories alimentaires nécessaires
à la population suisse; si l’on en déduit
les «inputs» importés, p. ex. les engrais
chimiques et les fourrages concentrés,
ce pourcentage descend à 50 %. La
Suisse doit donc importer environ 40 % de
ses calories alimentaires.
La croissance démographique pronostiquée
d’ici 2050: des 7 milliards actuels
à 9 milliards. Aujourd’hui, 1 milliard
de personnes sont sous-alimentées, mais
4
Production en masse dans
des fabriques d’animaux à
travers le monde
autrefois pauvres, et avec elle, la détention
d’animaux de rente. Au niveau mondial,
un milliard de paysans vivent de l’élevage,
dont la moitié dans des pays pauvres. Ces
exploitations détiennent 1,4 milliard de
bovins ainsi qu’un milliard de porcs. Si
l’on plaçait ces animaux les uns à côté
des autres, il en résulterait une ceinture
qui ferait soixante fois le tour de la Terre!
De plus, on élève 68 milliards de poulets.
La Chine construit actuellement la plus
grande détention d’animaux de rente du
monde. Dans ce pays, la consommation
de viande a quadruplé depuis 1970, pour
atteindre aujourd’hui 62 kilogrammes par
habitant et par an. La consommation de
viande annuelle en Chine pourrait couvrir
la demande suisse de viande pour environ
200 ans ! C’est la remarquable demande de
produits laitiers dans les pays asiatiques et
en Russie qui a causé la forte augmentation
de détentions d’animaux producteurs
de lait. La consommation de viande a également
doublé dans les «pays en voie de
développement» depuis 1970, pour se situer
actuellement à 30 kilogrammes par
habitant et par an.
Cette demande généralisée de produits
de provenance animale est satisfaite
principalement par une production
animale industrielle dans des détentions
50 % des denrées alimentaires produites
dans le monde entier sont «dilapidées»
(pertes dues au stockage, aux prescriptions
de qualité et de «fraîcheur», etc.).
Cela signifie que l’on produit bien assez
pour rassasier toutes les personnes de la
planète.
À l’avenir, les terres agricoles disponibles
pour produire des denrées alimentaires
et pour la détention d’animaux diminueront,
en raison de méthodes d’exploitation
et de culture (p. ex., l’érosion
des couches fertiles du sol ou leur salinisation),
et de la demande croissante en
surfaces pour la production d’énergie et
des changements climatiques. De plus,
l’approvisionnement alimentaire de la
population mondiale est également mis
en danger par le manque d’eau, de plus
en plus prononcé dans les régions arides,
en masse, sans égard vis-à-vis du bienêtre
des animaux. Autour des métropoles
d’Asie, d’Inde, des États arabes et du Brésil,
les poulaillers pour l’engraissement
ont poussé comme des champignons. Ils
«abritent» des centaines de milliers d’animaux,
suivant l’exemple de l’Occident. Les
cultures fourragères nécessaires à ces détentions
intensives (maïs, soja et céréales)
accaparent actuellement environ 15 % de
la surface agricole utile mondiale. À titre
de comparaison, les cultures destinées à
nourrir directement les êtres humains (céréales,
pommes de terre, légumes, fruits,
etc.) nécessitent environ 20 % de la surface
agricole disponible.
La grande partie des terres agricoles
mondiales, comme en Suisse, ne sont pas
cultivables. Cependant, elles peuvent être
utilisées pour mettre en pâture des animaux
de rente consommant des fourrages
grossiers. Si malgré tout on labourait
ces sols, ils libéreraient de grandes
quantités de CO2 et le danger existe qu’en
quelques années la couche d’humus fertile
soit dégradée par l’érosion, empêchant
tant la culture que le pâturage. Du point
de vue écologique et de celui de l’alimentation
humaine, la mise en pâture est raisonnable,
car les bovins, les ovins et les
caprins transforment le fourrage des prés
car les stocks mondiaux de phosphate
(un engrais important) tirent à leur fin
et parce que les terres agricoles, notamment
en Afrique, en Amérique du Sud, en
Asie du Sud-Est et en Australie sont rachetées
par des investisseurs privés de
Chine, d’Inde, des pays du Golfe, des USA
et d’Europe. On estime que ces derniers
ont déjà acheté ou loué une quantité de
terres supérieure à toute la surface agricole
utile d’Europe, afin de mettre en
place de grandes monocultures, à négocier
en fonction du marché mondial (spéculatif).
A l’avenir, dans la lancée de ce
développement, les prix des denrées alimentaires
et des fourrages grimperont
sur le marché mondial.
Pour info: 1 are = 100 m 2 ,
1 hectare = 100 ares = 10 000 m 2
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en lait et en viande. Ce qui est problématique
par contre, c’est l’exploitation excessive
des steppes par un nombre trop
élevé d’animaux en pâture, telle qu’elle
est pratiquée en Asie et dans certaines régions
d’Afrique. En effet, cela compromet
la fertilité et le rendement des sols à long
terme, désertifiant les steppes.
Les régions de l’UE pratiquant la production
animale intensive, comme le
nord-ouest de l’Allemagne, les Pays-Bas,
la Belgique, le Danemark, la Bretagne et
la Plaine du Pô, comme les Etats-Unis et
certains pays d’Amérique latine, le Brésil
en tête, produisent d’énormes excédents
contrairement à l’agriculture suisse. De
cette façon, elles forcent l’exportation de
viande de volaille, de porc et de bœuf par
tous les moyens. La production de volaille
est la plus répandue et industrialisée. Elle
a quintuplé au cours des trente dernières
années, pour atteindre aujourd’hui les 93
millions de tonnes annuelles. En effet, la
consommation du poulet, contrairement
à celle du porc et du bœuf, n’est pas soumise
aux restrictions liées aux convictions
religieuses. De plus, cette viande
peut, maintenant, être vendue meilleur
marché que toutes les autres sortes. En
effet, aujourd’hui, les poulets d’engraissement
croissent incroyablement vite – ils
mettent deux fois moins de temps qu’auparavant
pour atteindre leur poids d’abattage.
À l’étranger, ils sont détenus dans
des halles contenant jusqu’à 100 000 animaux
et un abattoir «turbo» moderne tue
plus de 10 000 poulets par heure. D’après
les experts, d’ici 2020, les marchés croissants
d’Amérique latine, d’Asie et d’Europe
de l’est feront en sorte que la production
de viande de volaille dépassera
celle de porc qui est actuellement en tête
de la production mondiale, et qu’elle se situera
à 120 millions de tonnes annuelles.
Pourtant, les marges de bénéfice de la production
animale intensive sont extrêmement
basses. En Allemagne, une entreprise
d’engraissement de volaille gagne à
peine dix centimes par poulet.
La Nouvelle-Zélande et l’Australie, de
leur côté, ont surtout relancé la production
de viande d’agneau, par leurs expor-
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tations vers les marchés des pays arabes et
d’Asie du Sud-Est, mais aussi vers l’Amérique
du Nord et l’Europe. La Suisse se
procure la moitié de la viande d’agneau
qu’elle consomme dans ces deux pays, et
tout particulièrement les parties nobles.
Au niveau mondial, l’engraissement
d’animaux et la production de lait et
d’œufs sont généralement dominés par
des industries agroalimentaires. L’éthique,
la protection des animaux, l’écologie et la
protection du climat n’y jouissent d’aucune
importance. Le seul but est une production
en grande quantité et la moins
chère possible de viande, de lait et d’œufs.
Les petites et moyennes exploitations
agricoles, leurs formes de détention traditionnelles
et leur exploitation des pâturages
sont rationnalisées ou démantelées.
Les exportations bon marché de l’UE, des
États-Unis et du Brésil mettent désormais
en danger une grande partie de l’élevage
suisse, encore calqué sur le modèle paysan,
et causent la perte du travail et du
revenu de millions de petits paysans dans
le monde entier, notamment dans les pays
en développement et dans les pays émergents.
En conséquence à cela, l’approvisionnement
alimentaire de ces pays dépend
de plus en plus des marchés agroalimentaires
internationaux, en partie gérés
par la spéculation.
Trois faits justifient la critique envers
la prolifération massive des détentions
animales et la production animale
intensive sévissant au niveau
mondial, ainsi qu’envers leurs effets
négatifs manifestes pour l’être humain,
l’environnement et les animaux.
Rappelons-les:
1. Les sociétés et les pays économiquement
émergents sont de plus en plus
«friands» de produits de provenance animale.
Cela revient à imiter le modèle alimentaire
occidental et correspond exactement
au développement qui a eu lieu
en Suisse après la deuxième guerre mondiale.
À cette époque, la viande était le
symbole du bien-être et est devenue toujours
plus accessible. Au niveau mondial,
Elle a quintuplé en l’espace de trente
ans: la production de poulet détient le
record du monde de la croissance
on constate un meilleur approvisionnement
en denrées alimentaires et la démocratisation
de la consommation de produits
de provenance animale, parallèlement
à une réjouissante amélioration de
l’économie de plusieurs pays autrefois
pauvres.
Aujourd’hui, ce sont surtout les grands
producteurs d’excédents d’exportation
dans l’UE, les Etats-Unis, la Chine et le
Brésil, ainsi que des pays du Tiers-Monde
en plein essor, qui demandent la grande
partie du fourrage céréalier et protéique
destiné aux animaux de rente. Cela dépasse
les vieilles conceptions idéologiques
des années 1980, encore colportées aujourd’hui,
selon lesquelles la Suisse nourrit
son bétail avec les céréales des pauvres
de ce monde. En outre aujourd’hui, la détention
des animaux de rente s’amasse de
plus en plus à l’extérieur de l’Occident.
Il faut donc en tirer des conclusions
correctes en ce qui concerne notre pays et
notre approvisionnement en denrées alimentaires.
La Suisse devra décider si elle
souhaite laisser tomber son agriculture et
la production interne de denrées alimentaires
pour se tourner de plus en plus vers
des importations bon marché issues, par
exemple, de fabriques d’animaux, ou si
5

elle souhaite investir dans une agriculture
indigène proche de la nature et respectueuse
des animaux, produisant des denrées
un peu plus chères. Cela ne changera
en rien la tendance mondiale actuelle
visant à étendre massivement la production
animale intensive. La Suisse pourrait
arrêter ses détentions animales sans
que cela exerce une quelconque influence
sur le développement du climat ou sur la
consommation de fourrages.
La surface agricole mondiale disponible
est en recul à cause d’une exploitation
inappropriée (érosion, salinisation),
les surfaces cultivables sont utilisées pour
la production lucrative d’énergie, et la demande
en aliments (de provenance animale)
augmente parallèlement à la population
mondiale et à une embellie économique.
Les surfaces exploitables de cette
planète deviennent dès lors un bien précieux.
À l’avenir, les denrées alimentaires
seront plus chères au niveau mondial. La
Chine, les pays arabes riches et les investisseurs
occidentaux achètent des terrains
à tour de bras, surtout en Afrique. Par ces
prémisses, au cours des cinquante prochaines
années, la Suisse ferait bien de
veiller à sa propre agriculture et à un approvisionnement
sûr de sa population.
6
2. Si l’on remet en question la détention
des animaux de rente d’un point de vue
éthique, il ne faut pas oublier que la domestication
et la sélection des animaux
qui l’a accompagnée ont constitué l’un
des grands exploits culturels de l’humanité.
Détenir des animaux d’une façon régulière
a apporté une meilleure sécurité
d’approvisionnement, a relancé la productivité
agricole, a permis de coloniser
des régions et d’utiliser des sols peu ou
pas du tout adaptés à la culture.
Même en Suisse, le climat et la météorologie
limitent les possibilités de cultiver,
conjointement à la configuration du
terrain, escarpé, en zones montagneuses
et collinaires. Cela limite donc les cultures
destinées à l’alimentation directe des êtres
humains. Par contre, ce qui pousse bien
sur les prés et pâturages alpins, ce sont
les graminées, les trèfles et les herbages,
dont l’être humain ne peut pas se nourrir
mais qui fournissent des aliments de
grande qualité aux bovins, aux chèvres,
aux moutons, aux chevaux et aux lapins
et donc indirectement à l’être humain. Les
porcs sont omnivores: ils peuvent brouter
de jeunes herbes, mais leur force réside
en la transformation de toute sorte
de restes de provenance végétale ou ani-
La Chine, les pays arabes riches et les investisseurs
occidentaux achètent des terres à tour de bras,
principalement en Afrique.
male issus de la production de fourrage et
de denrées alimentaires. Les poulets, en
revanche, sont les animaux de rente qui
transforment le plus efficacement les céréales
en œufs et en viande. Le fumier et
le lisier des animaux améliorent la croissance
des végétaux et le rendement des
sols. De cette façon, chaque unité de surface
assure une récolte nettement meilleure
et cela permet de nourrir un plus
grand nombre de personnes. Cette interaction
mesurée entre les sols, les plantes
et les animaux de rente, développée et
constamment améliorée durant des millénaires,
constitue une des plus grandes
performances de l’humanité. Fondamentalement
d’un point de vue éthique, on
peut – et il faut – remettre en question
l’exploitation et l’abattage d’animaux.
Cependant, c’est un fait que la détention
d’animaux, si elle est pratiquée conformément
aux espèces et aux endroits, contribue
à résoudre les problèmes alimentaires
et climatiques. Aujourd’hui, elle procure
de la nourriture et un revenu à des milliards
de personnes.
3. Au cours des années 1960, 1970 et en
partie encore dans les années 1980, la politique
agricole suisse, le conseil et la recherche
agricoles, et de nombreux paysans
ont misé sur la production animale
intensive, douteuse sur le plan éthique et
écologique. Ils se sont donc complètement
détournés des formes de détention recommandées
et pratiquées auparavant. Cependant,
contrairement aux autres pays,
une forte réaction s’était déjà manifestée
en Suisse dès la fin des années 1970. Elle
misait dès le début sur un retour à une
consommation responsable et sur une demande
de produits naturels et issus de détentions
respectueuses des animaux. Depuis
les années 1990, de larges groupes de
population font pression pour un changement
de cap dans la politique agricole.
Entre-temps, des situations ont donc pu
être corrigées et améliorées.
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2. Agriculture et détention d’animaux
de rente
2.1 Domestication
Chasser les animaux, les tuer et les manger,
est accepté par l’être humain depuis
des centaines de milliers d’années. Mais ce
n’est qu’après la dernière époque glaciaire
qu’ont commencé la détention et l’exploitation
régulières d’animaux domestiques.
La plupart des animaux de compagnie et
de rente qui nous sont familiers ont été
domestiqués dans un laps de temps allant
de six à dix mille ans avant notre
époque, à deux exceptions près. Le lapin
n’a atteint le statut d’animal domestique
qu’au Moyen-Âge, grâce aux efforts de
quelques moines. D’autre part, de nouvelles
découvertes de squelettes de chiens
dans des grottes de la Dordogne et en
Europe de l’Est indiquent que le chien
était probablement déjà un fidèle compagnon
de l’être humain il y a vingt à
trente mille ans, l’aidant à chasser. On
spécule même que c’est cette collaboration
fructueuse dans la chasse qui a permis
à l’Homo sapiens, venu du sud, de
prendre la domination de l’Europe et de
causer l’extinction de son prédécesseur,
l’homme de Neandertal. Il est surprenant
de constater que plusieurs espèces ani-
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males ont été domestiquées simultanément,
mais indépendamment les unes des
autres dans plusieurs endroits du monde ;
le porc: au Proche Orient, en Europe et
en Chine. Cependant, parmi les milliers
d’espèces animales vivant sur cette Terre,
seule une douzaine s’est laissée domestiquer
au-delà d’un apprivoisement superficiel
et transformer en animaux domestiques;
en dehors du chien et du chat, figurent
le bovin, la chèvre, le mouton, la
poule et la dinde, le cochon, le cheval et
l’âne. L’affinité de ces animaux pour l’être
humain tient presque du miracle, car les
tentatives d’apprivoiser d’autres espèces
n’ont jamais manqué au cours des millénaires
jusqu’à l’époque moderne. Mais
elles ont toutes échouées. Même le zèbre,
un parent très proche du cheval, ne s’est
jamais laissé domestiquer.
Malgré la détention depuis plusieurs
millénaires sous la protection de l’être humain
et de la sélection parfois extrême de
l’époque moderne, les bovins, les porcs et
les poulets ont maintenu la plupart des
exigences biologiques et éthologiques de
leurs ancêtres sauvages. C’est ainsi qu’en
Grande-Bretagne et en Suède, dans les an-
nées 1980, des porcs et des poulets hautement
sélectionnés en détentions conventionnelles
ont pu être transférés de l’étable
à de spacieux enclos «sauvages» en plein
air. Contre toute attente, ils se sont parfaitement
accommodés à leur nouvelle vie
en plein air et ont pu se reproduire sans
problème.
La domestication a mené à une vraie
symbiose entre l’être humain et l’animal.
Après avoir cohabité durant des millénaires,
ils s’échangent même des bactéries
et des virus, devenus désormais des
accompagnateurs permanents des populations
qui vivent en contact étroit avec
leurs animaux domestiques. C’est ce qu’on
dû amèrement constater les royaumes
des Incas et des Aztèques, très développés,
dont l’organisme ne disposait pas
des défenses contre ces germes, au XVe et au XVIe siècle. Les méthodes modernes
de recherche dans l’Histoire ont démontré
que ces populations n’ont succombé
ni aux armes supérieures ni à la prétendue
technique de guerre des conquistadors
espagnols, mais qu’elles ont surtout
été les victimes des germes véhiculés par
les européens.
7

8
L’exploitation de prairies, pâturages
et champs pour la détention animale – et
aussi des forêts, jusqu’à la fin du Moyen-
Âge – s’est répandue et a enrichi les lieux
concernés de flore et de faune, car elle
a créé de nouveaux habitats et donc des
niches pour d’autres espèces végétales et
animales. Malheureusement, aujourd’hui,
l’agriculture intensive agit justement
dans le sens contraire. Les possibilités et
les modes de vie de l’être humain se sont
également multipliés grâce à la détention
animale; de chasseurs et cueilleurs
à paysans, bergers ou nomades, du pur et
simple approvisionnement au commerce
et à l’échange de biens, possible aussi sur
de grandes distances grâce aux animaux
de somme. La détention du bétail et la
production d’engrais de ferme qui y est
liée ont permis de nourrir davantage de
personnes et de produire des excédents.
De cette manière, il a été possible d’établir
des commerces, de fonder des villes et de
répartir le travail parmi les êtres humains,
ainsi que d’établir une administration, des
sciences et des arts. Sans la domestication
et l’élevage régulier, l’humanité n’aurait
pas pu suivre ce développement.
2.2 L’histoire de la détention
d’animaux
Les anciennes cultures romaines et
grecques appréciaient les terres cultivées
de céréales, de fruits, d’olives et de
vignes. Seuls les moutons signifiaient leur
importance comme animaux de rente.
À l’opposé, les peuples germaniques du
nord préféraient la nature, les forêts et la
chasse. Ils comptaient davantage sur la
détention animale que les peuples méridionaux.
À la fin de l’époque romaine,
l’influence des coutumes septentrionales
a augmenté dans toute l’Europe et par
cela, l’importance de la viande. Au IXe siècle, le roi des Francs Lothar avait décrété
qu’un guerrier qui tuerait un évêque
ne doive pas seulement quitter les armes,
mais qu’il doive également vivre sans
viande. Les chroniqueurs du Moyen-Âge
parlent d’énormes taux de consommation
de viande, jusqu’à 100 kilogrammes par
personne dans la classe supérieure. Au vu
des nombreux jours de jeûne sans viande
prescrits par l’Église, jusqu’à 150 l’an, ce
taux implique une consommation quotidienne
énorme. À l’opposé, la classe inférieure
ne pouvait que rêver de viande et de
poisson. L’idée de pays de Cocagne n’est
pas née par hasard à cette période.
À la fin du XVe siècle, les nobles et
les communes réclamaient l’exploitation
des forêts, déjà très amenuisées et la disponibilité
du combustible et du matériau
de construction principal de l’époque: le
bois. C’est ainsi que de grandes étendues
de pâturage ont été perdues en Europe
centrale, car à cette époque-là, le bétail
se tenait également en forêt. C’est à cette
même époque qu’est né le concept de séparation
des forêts et des terres agricoles
qui aujourd’hui va de soi. Pour compenser
cela, il a fallu se procurer de nouvelles
terres cultivables, en asséchant des zones
inondables, des marais, des tourbières
ou des bords de mer. Une autre conséquence
de la perte de terrains de pâture a
été l’augmentation des détentions du bétail
dans les étables. Toutefois, des traités
médicaux déconseillaient de se nourrir
de viandes d’animaux détenus de cette
façon et recommandaient, pour des raisons
sanitaires et de qualité, de se nourrir
de viande d’animaux élevés en liberté.
Par contre, la détention à l’étable a produit
du lisier et du fumier qui ont pu être
épandus sur les champs et augmenter le
rendement des cultures. Les exploitations
agricoles ont commencé à se spécialiser
dans la culture maraîchère, céréalière ou
dans l’élevage et sont passées de la pure
autarcie à l’échange et la vente de produits.
Sans campagne, pas de ville: encore
jusqu’en 1900, des troupeaux de chèvres
étaient conduits de Fluntern au «Dörfli»
zurichois, où les citadines pouvaient s’essayer
à les traire, moyennant une rétribution.
Les jours de marché, les paysans
acheminaient leurs denrées à Zurich par
la voie terrestre ou par bateau, sur les fameuses
«Seeschwalben».
Depuis l’époque romaine à travers le
Moyen-Âge et jusqu’à l’époque moderne,
le flux des marchés a amené de nombreuses
nouvelles espèces végétales et
animales en Europe (centrale). Ceux qui se
réjouissent des marguerites et des ancolies
dans les prairies fleuries ne savent souvent
pas que ces espèces ne sont arrivées
chez nous qu’au Moyen-Âge. Les pintades
et les dindes ont été amenées chez nous
par les «découvertes» espagnoles et portugaises.
Lorsque des Pères pèlerins anglais
se sont rendus en Amérique avec le «Mayflower»,
au XVIIe siècle, ils avaient aussi
quelques dindes à bord parmi d’autres animaux
domestiques. Lorsqu’ils arrivèrent
de l’autre côté de l’océan, ils furent surpris
de constater que les dindes sauvages peuplaient
le continent par millions.
Au début du XIXe siècle, la consommation
moyenne de viande dans les pays
d’Europe occidentale se situait à 30 kilogrammes
annuels par personne. Dès la
moitié du siècle, ce chiffre n’a cessé de
croître. En 1845 on développa la technologie
pour mettre la viande en conserve
et entre 1855 et 1860 on mit au point la
production du lait en poudre et condensé,
ce qui permit de constituer de meilleurs
stocks et assura l’approvisionnement.
Comme effet secondaire, cela changea la
manière de mener la guerre – puisqu’il
était désormais possible de planifier l’approvisionnement
des armées. En 1822, le
Royaume-Uni, le pays le plus puissant et
le plus avancé et influent du monde au
XIXe siècle, sur le plan politique, culturel
et technique, promulgua la première loi
sur la protection des animaux de l’époque
moderne. La première association végétarienne
fut fondée à Manchester en 1847.
En 1860, la Grande-Bretagne fut à nouveau
le premier pays du monde qui mit en
vigueur une loi contre l’escroquerie alimentaire.
On peut constater que la qualité
des denrées alimentaires n’a jamais
été au beau fixe, même pas au «bon vieux
temps».
Vers 1800, l’élevage était encore relativement
insignifiant en Suisse. Il n’y
avait que de grands troupeaux de bovins
et d’ovins. Cela changea complètement
dans la deuxième moitié du XIXe siècle. Les possibilités croissantes d’écouler
la marchandise à l’intérieur du pays et
à l’étranger et les conditions climatiques
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et topographiques favorables ont permis
de développer la détention animale au détriment
de la culture céréalière. Jusqu’à la
première guerre mondiale, grâce aux possibilités
de transports ferroviaires et maritimes,
une meilleure fertilité des assolements
et au doublement de la surface
cultivable au niveau mondial, les céréales
devinrent extrêmement avantageuses sur
les marchés mondiaux. Par conséquent,
la culture céréalière indigène collapsa
pratiquement à la fin du XIXe siècle. À
ce temps-là, comme durant la période
entre les deux guerres, la Suisse importait
quelque 800 000 tonnes de céréales, c’està-dire
environ la même quantité qu’aujourd’hui
mais pour la moitié d’habitants
et pour beaucoup moins d’animaux de
rente.
Vers la fin du XIXe siècle, la production
laitière suisse a acquis la grande importance
économique, qu’elle revêt encore
aujourd’hui au sein de l’agriculture
indigène. Les facteurs déclencheurs
furent, entre autres, le développement
du chocolat au lait, du lait condensé et
la production de fromages au moyen de
présure, qui permit de multiplier les sortes
de fromages et de diffuser les fromageries
à l’extérieur de la zone de montagne.
Le fromage, le chocolat au lait et le lait
Total des exploitations
agricoles en Suisse en 2012:
59 000
35 000 dans les régions de plaines
et de collines
24 000 dans la zone de montagnes
41 000 exploitations professionnelles
18 000 exploitations non professionnelles
38 000 spécialisées dans la détention
d’animaux
Taille moyenne environ 18 ha
Nombre d’exploitations bio environ 6000
Chaque jour disparaissent en moyenne
5 à 6 exploitations
Surface agricole utile en Suisse (prairies,
pâturages, champs et cultures permanentes):1,1
million ha, plus 455 000 ha de
pâturages alpins et jurassiens
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Nombre d’animaux de rente en Suisse (en milliers)
Année Vaches
Bovins
total Porcs Chevaux Mouton Chèvres Volaille
1850 501 885 339 104 451 348 –
1900 744 1354 542 123 259 382 –
1950 858 1530 908 134 192 165 6300
1960 940 1746 1351 100 227 90 5975
1970 896 1907 1753 53 291 66 5919
1980 875 2031 2205 45 354 80 6146
1990 795 1855 1787 45 395 68 5822
2000 714 1588 1498 50 421 62 6789
2010 700 1591 1589 62 434 87 8944
GVE* 76 % 13 % 3 % 3 % 1 % 4 %
*Unités de gros bétail
Nombre de détenteurs d’animaux de rente en Suisse
Année Animaux Bovins Porcs Chevaux Moutons Chèvres Volaille Lapins
1985 88 600 71 800 36 000 12 600 14 000 9800 41 700 6000
2000 60 000 50 800 15 300 10 700 12 600 7100 20 700 6000
2005 54 400 45 400 11 800 10 300 11 200 6600 17 100 4500
2010 50 000 41 100 8800 9600 9800 7000 13 500 3300
Abattages en Suisse
Année Gros bétail Vaches Veaux Porcs
1950 65 000 111 000 470 000 740 000
1960 100 000 142 000 522 000 1,4 mio.
1970 165 000 198 000 444 000 2,3 mio.
1980 231 000 237 000 408 000 3,4 mio.
1990 259 000 211 000 319 000 3,3 mio.
2000 185 000 169 000 300 000 2,6 mio.
2007 210 000 151 000 253 000 2,8 mio.
S’y ajoute l’abattage annuel de quelque 2 millions de poules pondeuses et d’environ
40 millions de poulets et de dindes d’engraissement.
condensé devinrent rapidement d’importants
produits suisses d’exportation. L’élevage
bovin suisse fleurit. Le bétail sélectionné
était vendu dans tous les pays
d’Europe – les êtres humains ainsi que
leur bétail devaient parfois faire le parcours
à pied! – ainsi qu’en Amérique du
Nord. Aujourd’hui, on peut à peine imaginer
ce que ces animaux ont dû endurer.
Ironie du sort: moins d’un siècle plus tard,
dès les années 1970, les éleveurs de bétail
brun et tacheté étrangers avaient rattrapé
leurs collègues suisses. La génétique revint
en Suisse sous la forme de sperme,
conformément aux temps, et y fit exploser
la production laitière.
Depuis que Nestlé, grand acheteur auprès
des producteurs de lait, a délocalisé
sa production de lait condensé à l’étranger
dans les années 1930, la surproduction
de lait a entraîné l’effondrement des
prix et la ruine de nombreuses exploitations
paysannes. Suite à la crise économique
mondiale, les exploitations de bé-
9

tail laitier sont tombées sous le feu de la
critique. «Il est vrai que ces économies purement
axées sur la culture des surfaces
en herbage ne sont plus de vraies exploitations
paysannes. Leur activité s’épuise
dans l’affourragement, la traite, la pâture,
l’épandage d’engrais, la fenaison. Ce n’est,
bien entendu, pas une économie agricole
saine» jugeait l’ancien politicien agricole
et Conseiller national Roman Abt, de façon
rude et marquée par une idéologie
dans l’esprit du temps. Depuis lors, dans
ce pays on n’a cessé de chanter l’hymne à
l’autosuffisance paysanne et à l’exploitation
familiale. La culture des champs a été
forcée par le «Plan Wahlen», pour le bien
de la population, après la très mauvaise
situation de l’approvisionnement durant
la deuxième guerre mondiale.
Au milieu du XXe siècle, ce fut la fin
des bœufs et des chevaux de trait, employés
depuis des millénaires dans l’agriculture,
les tracteurs ayant pris la relève
dans les lourds travaux des champs. Il fallait
deux personnes et presque 40 heures
de travail pour labourer un champ d’une
pause – l’unité de mesure agricole la plus
utilisée à l’époque, correspondant selon
les régions, à environ 3 500 mètres carrés
– en se servant d’une charrue tirée par
10
des animaux. Aujourd’hui, un paysan accomplit
ce travail en moins d’une heure,
à l’aide de son tracteur et d’une charrue
à trois socs!
À partir des années 1960, la haute
conjoncture qui s’est mise en place a
rendu à la Suisse le plein emploi, ainsi
qu’une pénurie de main-d’œuvre et des
salaires fortement à la hausse. La demande
de produits de provenance animale
a augmenté en parallèle. En même
temps, la mécanisation, la rationalisation
et les connaissances scientifiques, techniques
et biologiques ont envahi l’agriculture
et l’élevage. Par conséquent, les
denrées alimentaires ont pu être offertes
à des prix de plus en plus avantageux.
Bien que les familles aient commencé à
consommer davantage, les dépenses budgétaires
pour les denrées alimentaires ont
diminué rapidement, de 30 % en 1950 à
14 % en 1975, puis aux 7 % actuels, suite
aux grands progrès dans la productivité
agricole!
Ce développement serait impensable
sans l’élevage et l’intensification de
l’agriculture. Nous profitons encore aujourd’hui,
quotidiennement, des conséquences
positives de cela, à savoir de la
sécurité alimentaire et d’un choix de den-
Les Égyptiens anciens honoraient
les chats – contrairement
aux Persans
rées alimentaires extrêmement ample et
avantageux. Heureusement, l’approvisionnement
sûr et suffisant d’aliments,
préoccupation principale de la plupart
des êtres humains de cette planète depuis
la nuit des temps, jusqu’à il y a un
siècle également en Europe occidentale,
est désormais devenu une évidence pour
un nombre de plus en plus élevé de personnes.
2.3 Les relations entre l’être
humain et l’animal
L’idée très répandue, fausse et pessimiste,
selon laquelle autrefois tout allait mieux,
peut être résolument contrée par le bienêtre
et l’approvisionnement alimentaire,
mais aussi par des faits concernant les relations
entre l’être humain et l’animal. La
manière de s’y prendre avec les animaux
a toujours suivi le «droit» du plus fort et
l’écart entre l’être humain et l’animal.
Elle était caractérisée par l’abus, les idéologies
et par des prédilections et des prescriptions
irrationnelles propres à chaque
culture. Les anciens Égyptiens vénéraient
les chats et abhorraient les chiens, tandis
que les Perses dressaient des monuments
aux chiens et les inhumaient comme des
être humains, mais considéraient les chats
comme des bêtes du diable et des hors la
loi. Les Grecs anciens et les Romains effectuaient
des expériences cruelles sur des
animaux vivants. Dans les arènes de Rome,
la plus grande ville du monde connue à
l’époque, ont été lâché, les uns contre les
autres, quelques 200 000 prisonniers de
guerre, criminels et gladiateurs, et des
millions d’animaux domestiques et sauvages,
en faisant des carnages, juste pour
le divertissement. Au Moyen-Âge, dans
beaucoup de régions d’Europe, on détenait
des veaux, des agneaux et des brebis
dans l’obscurité durant toute leur vie.
Les livres de cuisine recommandaient de
clouer la palmure des oies, afin qu’elles
engraissent plus vite, ou de battre à mort
les veaux et les porcelets avec des cordes
pour obtenir une chair plus tendre. De
tout temps, l’être humain s’est montré
sans cœur envers les animaux. Il n’a pas
fallu attendre l’homme «moderne» pour
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tourmenter les espèces animales par son
style de vie et en condamner plusieurs à
l’extinction. Nos ancêtres ont éradiqué
plusieurs espèces animales: en Suisse, par
exemple, au Moyen-âge le bison d’Europe
et au XIXe siècle, le castor et l’ours.
Même le «bon sauvage» reste simplement
un idéal romantique occidental en
ce qui concerne la relation entre l’être humain
et l’animal. On a rapporté que les
Indiens d’Amérique du Nord pratiquaient
d’absurdes massacres de bisons, en les faisant
se précipiter dans des gorges et qu’ils
encourageaient leurs enfants à capturer
des oiseaux, leur casser les pattes ou les
ailes et à jouer avec eux. Des peuplées nomades
saignaient leurs bovins vivants ou
coupaient la graisse de la queue de leurs
moutons pour en faire des friandises. La
pratique de prier avant de tuer un animal
ou de lui «demander pardon», colportée
par les Inuit ou autres «peuples de la nature»
et comparable aux us et coutumes
de nos chasseurs face au gibier abattu,
correspond plutôt à un geste sentimental
et voué à s’assurer la bienveillance
d’une puissance supérieure réprobatrice
qu’à l’expression sincère et consciente
d’amour et d’équité vis-à-vis des autres
créatures. Tant les «peuples de la nature»
que les cultures «civilisées», ont éradiqué
des espèces animales sans scrupules
et sans égard envers les relations écologiques
et ont fait souffrir et exploité des
animaux sans égard en ce qui concerne
la conscience, la morale, l’éthique ou une
quelconque prescription religieuse.
C’est avec le cheval que l’être humain
a été le plus mauvais. Jusqu’au XXe siècle
bien entamé, cet animal était un outil de
travail et une machine de guerre: toute sa
vie sous terre dans des houillères, forcé au
travail et aveuglé, attaché à des roues de
moulin et à des pompes, tournant en rond
tous les jours, des années durant, tirant des
bus et des calèches sur les pavés durs de
Londres, Paris, Berlin et New York ou à la
campagne, tirant des bateaux de charge le
long de canaux et de rivières, ruisselant de
sueur sur les champs, devant la charrue.
Aujourd’hui, on s’indigne, à juste titre,
contre les transports trop longs et inutiles
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Le cheval était un outil de travail
et un martyr de guerre jusqu’au
XXe siècle bien entamé
des animaux de boucherie à travers l’UE.
Mais dans nos pays, à la fin du Moyenâge,
on en faisait de même, notamment
par des convois d’animaux de boucherie,
avec des bovins de Hongrie vers les
riches villes marchandes du sud de l’Allemagne
ou du Danemark vers la Hollande.
Les animaux devaient parcourir des centaines,
parfois des milliers de kilomètres
à pied. Comme dans le Far West, où les
bovins d’engraissement, la plupart du
temps redevenus sauvages, étaient acheminés
du Texas au nord, vers les stations
de chargement, pour être amenés
aux énormes abattoirs de Chicago. Ceux
qui croient que les animaux avaient une
meilleure vie, autrefois, devrait savoir que
l’étourdissement avant l’abattage est une
pratique récente à peine centenaire, encore
inconnue de nos jours, dans de nombreux
pays et cultures.
Il y a peu d’éléments qui laissent présumer
que les animaux de rente avaient
une meilleure vie autrefois. Fondamentalement,
on peut retenir que le rapport
entre l’être humain et les animaux aujourd’hui,
du moins en Suisse, est plus
étroit qu’il ne l’était il y a un quart de
siècle, avant que la législation sur la protection
des animaux n’entre en vigueur.
Dans la conscience de beaucoup de personnes,
il n’y a plus de séparation nette
entre les animaux de compagnie et les
animaux de rente. Certes, l’exploitation
de bovins, porcs et poulets n’est généralement
pas remise en question, mais aujourd’hui,
il y a un large consensus sur le
fait que si c’est normal que ces animaux
soient élevés, détenus et abattus, ils ont
au moins le droit d’être ménagés le plus
possible et d’être détenus conformément
à leur espèce.
Jusqu’à présent, les êtres humains ont
protégé les animaux de façon sélective.
La première loi sur la protection des animaux
au monde, promulguée en Grande-
Bretagne au début du XIXe siècle, ne
concernait que les chevaux. Les députés
qui souhaitèrent étendre la protection aux
ânes furent la cible de moqueries et restèrent
en minorité. Aujourd’hui, cela peut
faire sourire. Mais le racisme spécifique
existe toujours. En Inde, ce ne sont pas
les vaches en général qui sont protégées
et «sanctifiées», mais seulement les zébus
de la race indienne pure (parfois quand
même aussi leurs «hybrides»).
Les autorités suisses et les professeurs
universitaires soutiennent que remplacer
les chiens et les chats par des souris et
11

des rats dans l’expérimentation animale
est une mesure de protection des animaux
au sens du principe légal des 3R: replace
(remplacer), reduce (réduire), refine (raffiner).
Les industries pharmaceutiques sont
plus honnêtes et conformes aux connaissances
actuelles, car elles admettent sans
détour que les rats ne sont pas en reste
face aux chiens, en ce qui concerne l’évolution
biologique et la capacité de supporter
la douleur et la souffrance. Dans l’expérimentation
animale, on préfère utiliser
des rongeurs plutôt que des chiens ou des
chats pour des questions de coûts, mais
aussi parce que la société s’oppose moins
à l’utilisation de ces animaux, perçus
comme «nuisibles» et parce que les animaliers
s’y attachent moins. Au sein de
l’UE, la protection des animaux de rente
est également très sélective: jusqu’à présent,
il n’y avait pas de directives contraignantes
en matière de protection des animaux
pour la détention de vaches, bœufs,
moutons, chèvres, chevaux et dindes. Encore
moins cohérente est la législation fédérale
en matière de protection des animaux
et d’agriculture: dans notre pays,
elle promulgue, à juste titre, des prescriptions
quant à l’éthique et à la protection
des animaux à l’intention des détenteurs,
12
«Ethiquement» acceptable
comme animal de laboratoire,
de par son image de nuisible?
mais en même temps, elle admet l’importation
de produits issus de la souffrance
animale, comme le foie gras, les cuisses
de grenouilles et la viande provenant de
fabriques d’animaux, transportés sans
ménagement. Tout cela, pour des raisons
d’argent et de politique.
2.4 L’élevage d’animaux de
rente : éthiquement justifié ?
Incontestablement, la décision d’être végétarien
et encore plus végétalien, mérite
du respect, car il s’agit d’une décision
éthique personnelle visant à réduire
la souffrance animale. En dehors de cela,
on peut se poser la question si le végétarisme
ou le végétalisme constituent la
seule mesure éthique qui puisse diminuer
la souffrance des animaux ou s’il ne faut
pas d’autres stratégies complémentaires
de protection.
En effet, la protection des animaux et
le végétarisme ont des racines différentes.
De plus, de manière générale, ces deux
idéologies sont traditionnellement fédérées
dans des organisations qui ne visent
pas les mêmes objectifs. Les végétariens
et les végétaliens pratiquants contribuent,
certes, à diminuer la souffrance due à
l’exploitation d’animaux, car grâce à eux,
il y a moins d’animaux qui sont exploités,
détenus d’une façon non conforme à leur
espèce, transportés et tués brutalement.
Une personne qui s’alimente de façon végétarienne
durant quatre-vingts ans évite
d’élever, de tuer et de faire souffrir environ
un millier d’animaux (poulets d’engraissement,
bovins, veaux et porcs), si
l’on se réfère à la consommation moyenne
suisse actuelle.
D’un point de vue purement quantitatif,
on atteindrait le même effet si les gens
mangeaient moins de viande. Si trois millions
de Suisses renonçaient à deux repas
à base de viande par semaine, le nombre
d’animaux de rente détenus et tués baisserait
autant que si 900 000 Suisses devenaient
végétariens. Selon l’optique d’une
politique réaliste de protection des animaux,
les deux stratégies, le végétarisme
et la diminution de la consommation de
viande sont efficaces, bien que l’expérience
montre qu’il est plus facile d’inciter
les gens à diminuer la consommation de
viande plutôt que d’y renoncer. En Suisse,
le recul de la consommation de viande au
cours des 25 dernières années est considérable:
de 72 à 53 kilogrammes par personnes.
Cela ne signifie probablement pas
que les gens renoncent à la viande, mais
plutôt qu’ils en mangent moins. Et cela
changera encore à l’avenir, car la proportion
de végétariens chez les jeunes
semble être au-dessus de la moyenne,
tandis que la génération de la guerre et
celle des grands-parents, chez lesquelles
la consommation de viande semble rester
majoritairement positive, contribuent de
moins en moins à la consommation totale.
Cependant, même si les organisations
de végétariens et celles de protection des
animaux réussissaient à faire augmenter
la proportion de personnes végétariennes,
les abattoirs suisses ne seraient pas démantelés.
Cela, également à cause des végétariens.
Certes, ils ne mangent pas de
viande, mais ils consomment des œufs
et des produits laitiers. Une consommation
moyenne de 180 œufs par personne
et par année implique qu’un végétarien
exploite 50 poules pondeuses de haute
performance, dans un laps de temps de
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80 ans. En plus, ces personnes endossent
également la responsabilité de la mort de
50 poussins mâles, triés et tués immédiatement
après l’éclosion, car on sait
qu’il n’est pas rentable de les engraisser.
Puisqu’une vache ne donne du lait que
si elle vêle chaque année et que seul un
veau sur deux est une femelle que l’on
peut élever comme vache laitière, le mode
de vie végétarien n’implique pas seulement
l’abattage, tôt ou tard, des vaches
laitières, mais aussi l’engraissement et
l’abattage des taurillons.
Le mode de vie végétarien ou végétalien
ne donne pas une solution satisfaisante
au destin de millions d’animaux de
rente qui naissent actuellement et naîtront
dans vingt ou trente ans, qui seront élevés
et finalement abattus. L’éthique et le fairplay
demandent de s’occuper de tous les
animaux qui existent. Il est donc nécessaire
que les organisations de protection
des animaux se penchent sur des concepts
tels que la détention des animaux de rente
– dont ne fait pas seulement partie la détention
de bovins, porcs et poulets, mais
aussi l’exploitation d’animaux de laboratoire,
d’animaux sauvages et, malheureusement,
aussi d’animaux de compagnie –
et qu’ils s’engagent contre la consommation
excessive de produits de provenance
animale. C’est un péché contre la création
que de refuser l’aide et la protection
aux animaux et d’accepter qu’ils continuent
à être détenus en batterie, transportés
cruellement, castrés sans anesthésie
et tués sans étourdissement préalable,
Proportion de personnes
végétariennes
Étude de Proviande (2006): 5 % de végétariens
en Suisse
Étude nationale sur l’alimentation, Max
Rubner Institut, Allemagne (2007): 1,6
% de végétariens en moyenne; 2,2 % de
femmes, seulement 0,1 % de végétaliens
Statistique autrichienne (2007): 1,4 % de
végétariens et 3.9 % de végétariennes
Étude sur les végétariens dans le
Royaume-Uni (1995), resp. aux USA
(2009): 5 %, resp. 3 % de végétariens
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En Suisse, les chiens et les
chats mangent approximativement
60 000 tonnes de viande
à l’échelle mondiale! Car le pire pour un
animal n’est probablement pas qu’on le
tue à la fin de sa vie – pourvu que cela
se passe rapidement, avec ménagement et
après étourdissement. Le pire est une vie
non conforme à son espèce et chargée de
souffrances, douleurs et frustrations. C’est
exactement cela qu’on impose systématiquement
aux animaux détenus en masse
à travers le monde.
Jusqu’à présent, la consommation de
viande de la part des animaux domestiques
carnivores tels que chiens et chats,
dont la détention est à la hausse, n’a absolument
pas été thématisée d’un point de
vue éthique. La seule demande de viande
pour nourrir les 13 millions d’animaux de
compagnie en Allemagne devrait se situer
à quelque 900 000 tonnes annuelles, correspondant
à peu près à la production
annuelle de viande de l’Autriche. Environ
200 millions d’animaux de compagnie
vivent dans l’UE. En Suisse, les chiens
et les chats mangent 60 000 tonnes de
viande par année, selon les estimations.
Toutefois, les chiens et les chats mangent
surtout de la viande qui ne peut pas être
utilisée autrement, par exemple des sousproduits
de boucherie.
Consommation de produits
de provenance animale
Suisse: environ 170 kg/par personne et
par année
(53 kg de viande; 180 œufs; 110 kg de
produits laitiers)
Consommation de viande en Suisse: 53
kg/par personne et par année; dont 50 %
à l’extérieur du ménage (gastronomie,
take-away); 13 kg proviennent de l’importation,
souvent de détentions en masse;
part de produits labellisés selon la catégorie
de viande
10–50 %, dont 4 % de viande bio
Consommation internationale de viande
(par personne et par année): moyenne
mondiale 40 kg, pays en développement
environ 30 kg; Allemagne
62 kg; France 72 kg; Espagne 80 kg; USA
110 kg
13

3. La détention d’animaux
de rente en Suisse
au XX e siècle
3.1 Le bien-être des animaux
malgré les périodes de
restriction
Un regard rétrospectif sur la première
moitié du XXe siècle indique qu’il y eut
un temps (encore que court) en Suisse,
où le bien-être des animaux allait de soi
dans la détention animale agricole. Oui,
il a été exigé par des responsables du
monde paysan de façon véhémente et de
leur propre initiative, pas en grinçant des
dents comme aujourd’hui, en réaction à la
pression populaire. À l’époque, la responsabilité
vis-à-vis des animaux comptait
même si l’économie allait mal. Durant les
années de crises des années 1920 et 1930,
Ernst Laur (1871–1964), professeur d’économie
agraire à l’ETH de Zurich et premier
directeur de l’Union des paysans mit
en évidence l’importance de sortir les animaux
de rente au pâturage. Par exemple,
il soutenait que l’air, la lumière et le mouvement
étaient incontournables pour une
détention porcine économiquement rentable.
«Si les animaux sont habitués à être
gardés à l’air libre, il ne faut pas craindre
de les faire sortir l’hiver, mais il faut faire
en sorte qu’ils puissent s’abriter à tout
14
moment dans une étable chaude». Ainsi
il écrivit, une bonne fois pour toutes, aux
paysans et aux étudiants.
Le bien-être des animaux a été respecté
même en temps de guerre. La «Schweizerische
Landwirtschaftliche Zeitung» du
8.9.1944 a soutenu ce qui suit, dans un article
sur l’influence du bien-être des animaux
sur la production de lait: «En fait,
cela paraît presque grotesque de parler de
protection des animaux en ce moment, où
des milliers de précieuses vies humaines
finissent misérablement dans des camps
de déportation. En tout cas, ces atrocités
formeront une honteuse tache dans
l’Histoire, ineffaçable aux yeux de notre
culture et civilisation actuelles. Oui, l’aide
aux réfugiés dans le besoin est la nécessité
la plus urgente à l’heure actuelle. Mais
nos animaux domestiques dépendent également
de notre bonne volonté. L’être humain
a ravi la liberté de ces animaux, les
a apprivoisés et les a mis à son service. Ils
sont à sa merci et leur grâce dépend de
lui. C’est donc également un devoir que de
veiller à leur bien-être avec la meilleure
des volontés.»
Dans les années 1950, les étables ou-
vertes étaient courantes. La plupart des
bovins sortaient à l’abreuvoir deux fois
par jour, même en hiver. En ce temps-là,
il existait déjà des exploitations qui détenaient
des milliers de poules pondeuses.
Elles étaient distribuées par petits groupes
dans plusieurs poulaillers sur un pré vert.
L’ainsi dit système suédois, un procédé de
réhabilitation sanitaire confirmé, était appliqué
pour assurer la santé des troupeaux
de truies reproductrices. Cela consistait à
les détenir en plein air, sous des cabanes.
La plupart du temps, les porcs d’engraissement
avaient également la possibilité de
sortir en plein air. Parmi les agronomes
et les vétérinaires, le dicton suivant était
courant: «Là où le soleil n’arrive pas, arrive
le vétérinaire.»
3.2. Des décennies perdues
Au milieu du siècle, la recherche, les institutions
de conseil et les paysans ont
commencé à ne plus tenir compte du savoir-faire
et des expériences en matière
de détention des animaux. La détention
en plein air, auparavant encouragée, était
désormais diabolisée, les sorties ont été
condamnées et les animaux de rente ont
PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA

été parqués dans des étables de plus en
plus à l’étroit. L’état sanitaire des populations
porcines fut maintenu par un moyen
qui devenait à la mode, le procédé SPF
(specific pathogen free), remplaçant la
détention en plein air et sous des abris.
Les truies en gestation proches du terme
étaient délivrées par césarienne et les
porcelets étaient élevés dans un milieu le
plus aseptique possible. L’entreprise Ovomaltine
introduisit la détention en cages
en batterie, déjà développée aux USA et
considérée comme dernier cri, pour sa
production d’œufs. Dès les années 1960,
cette méthode s’imposa de plus en plus
auprès des aviculteurs «modernes», bien
qu’il fût considérablement plus cher de se
procurer de tels poulaillers que de continuer
avec les formes de détentions en
plein air d’avant, plus respectueuses des
animaux. Cela faisait gagner du temps et
permettait «d’abriter» nettement plus de
poulets, pour le même effort en matière
de travail.
L’élevage sélectif par hybridation des
poulets s’est établi avec l’apparition des
cages en batterie. Jusqu’alors, les poules
étaient détenues pour pondre des œufs
et les poulets mâles étaient engraissés
jusqu’à l’âge de trois ou quatre mois. La
nouvelle méthode d’élevage a marqué la
fin de l’exploitation duale des poulets,
vieille de quelque huit mille ans. On se
concentra désormais sur des lignées spécifiquement
aptes à l’engraissement et on
engraissa les mâles et les femelles sans
distinction. En effet, les deux sexes produisaient
une bonne quantité de chair à
la poitrine et aux cuisses, très convoitée,
atteignaient leur taille pour la boucherie
déjà après six semaines et consommaient
moins de fourrage par kilo de viande produite.
Les lignées de poules pondeuses
se sont distinguées par leur production
d’œufs très élevée. Auparavant, une poule
pondait 150 à 180 œufs, tandis qu’une
poule moderne, sélectionnée, produit 300
œufs par année. Puisqu’il n’est pas rentable
d’engraisser les mâles fluets des
races pondeuses, ceux-ci sont tués après
un jour d’existence. Dans la seule Europe,
cela concerne 500 millions de poussins.
PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA
Ce développement matérialiste a eu pour
effet que la viande de volaille, auparavant
très chère, soit désormais la viande
la meilleur marché et que les prix des œufs
ait aussi massivement baissé, du moins en
ce qui concerne la rémunération des paysans.
Dans les années 1930, un paysan
suisse pouvait acheter une vache grâce
au produit annuel de la vente des œufs
de cinq ou six poules. Aujourd’hui, il lui
faudrait au moins cent fois plus de poules
pour le même revenu.
La performance a augmenté de façon
incroyable tant dans les champs que dans
les étables. Depuis 1960, la production de
pommes de terre à l’hectare a doublé pour
atteindre 400 tonnes, celle de blé a triplé
pour se situer à 7,6 tonnes. En l’espace
de quelques décennies, la production
moyenne par vache est passée de 4 000 à
presque 8 000 litres par année. Comme
les poulets et les dindes d’engraissement,
les porcs produisent aussi de plus en plus
de viande, si bien qu’aujourd’hui 57 % de
la carcasse est constituée de parties ainsi
dites «nobles», c’est-à-dire de la chair prisée
et de deux côtelettes en plus.
Entre 1950 et 1980, le cheptel porcin
de Suisse a augmenté de deux fois et demie
pour se situer à 2,2 millions d’animaux.
Dans le même laps de temps, la population
bovine a augmenté d’un tiers, dépassant
les 2 millions d’animaux. Par cela, le
nombre des deux espèces animales les plus
importantes du point de vue économique
a atteint un maximum historique. Mais la
production de lisier a aussi augmenté. Les
conséquences écologiques et économiques
de cette croissance disproportionnée ne se
sont pas fait attendre. L’épandage de l’engrais
de ferme, à l’époque non réglementé
et quantitativement très important, notamment
dans les régions à forte concentration
de bétail comme la Suisse centrale,
a porté atteinte à certains lacs et a mené au
collapse de leurs écosystèmes. Leur assainissement
a demandé une somme d’argent
des contribuables très élevée, comme l’utilisation
de l’excédent de la production laitière.
Depuis lors, les populations de bétail
ont été ramenées au 1,6 million de bovins
et 1,6 million de porcs actuellement.
La science agronomique, les institutions
de conseil et les paysans sont encore
très performants dans la production de
denrées alimentaires. La rationalisation
(p. ex. la spécialisation sur une branche
bien précise comme l’engraissement des
bovins, l’élevage de vaches laitières ou de
poules pondeuses, ainsi que l’introduction
de formes de détention économisant
la place et le travail), la mécanisation et
l’intensification (p. ex. les progrès dans
la production de fourrages et dans l’affourragement,
ainsi que l’introduction de
l’élevage unilatéral) ont considérablement
fait baisser les coûts de production des
produits de provenance animale. Grâce
aux progrès techniques et scientifiques
dans l’agriculture, il est aujourd’hui possible
de nourrir 4,5 personnes avec un
hectare de terre arable. En 1975, lorsque
le rapport du «Club de Rome» était considéré
comme un Évangile, ce chiffre n’atteignait
que 2,8 personnes et en 1950 à
peine 1,8. On calcule que, si la population
mondiale continue à croître, en 2050, un
hectare de terre arable devra nourrir 5,5
à 6 personnes.
En Suisse, entre 1965 et 1985, l’adoption
de modèles d’élevage provenant de
l’étranger et le passage d’une détention
La performance de la volaille a été augmentée
de façon extrême par la génétique;
c’est désormais la viande la moins chère
15

d’animaux paysanne à des formes de production
animale industrielles a profité
principalement aux bouchers, aux commerces
de détail et aux consommateurs.
Auparavant, la viande quotidienne n’était
réservée qu’à quelques riches. En peu de
temps, elle est devenue accessible à tout le
monde et est désormais une évidence. Cependant,
alors que la détention d’animaux
était au zénith et que les produits laitiers,
la viande et les œufs devenaient toujours
meilleur marché, ceux qui en faisaient
les frais étaient les animaux de rente. Car
les formes de détention qui épargnaient
de l’espace et du travail, promues par la
science et les institutions de conseil, ainsi
que l’élevage unilatéral ont masqué l’essence
et la biologie des animaux. Leurs nécessités
ont été réduites à la nourriture et
à l’eau: moins que ce que l’on accorde à
une plante, puisqu’à l’époque, les porcs et
les poulets ont même été privés de la lumière
du jour!
Les porcs ont été durement frappés.
Alors que dans la première moitié du XXe siècle les truies reproductrices pouvaient
encore s’ébattre en groupe sur les pâturages,
et que les porcs d’engraissement
pouvaient sortir régulièrement en plein
air, ils ont été complètement enfermés de-
16
puis les années 1960. La brutale réalité de
plusieurs générations de truies reproductrices
a consisté en une courroie étroitement
fixée à la poitrine ou à passer toute
leur vie dans une cage métallique dans
laquelle l’animal ne pouvait même pas
se retourner! Leurs petits, les porcs d’engraissement,
n’ont pas eu la vie plus facile.
Peu après la naissance, on leur arrachait
les canines, de façon routinière, et
on leur coupait la queue, les mâles étaient
castrés – tout cela sans anesthésie! Ils végétaient
par groupes de dix, dans des stabulations
sombres et sans litière, sur des
dalles de béton perforées, couchés sur
leurs excréments et leur urine, en attendant
la boucherie. À l’époque, on était au
moins honnête: dans les années 1970, des
représentants de la Station de testage pour
l’engraissement de Sempach ont défini
cette méthode de détention sur caillebotis
comme «dure», devant des visiteurs; on
savait donc ce qu’on faisait aux animaux.
Dix ans plus tard, lorsque cette cruauté
envers les animaux essuyait de plus en
plus les critiques de l’opinion publique, les
fonctionnaires de la branche soutenaient
cyniquement qu’il ne manquait rien à ces
cochons et qu’en fin de compte, ils engraissaient
bien.
Les truies ne peuvent plus
se mouvoir dans les stabulations
Les éleveurs bovins suisses, autrefois
fiers à juste titre, perdirent leurs liens avec
leurs animaux et se laissèrent convaincre
en peu de temps par les prétendus avantages
de la détention permanente à l’étable,
à l’attache et par les dresse-vaches électrifiés.
Ils enterrèrent leurs convictions quant
à la zootechnie et ses objectifs, et se mirent
à importer de plus en plus de génétique.
La race originale fribourgeoise, tachetée
noire, a complètement disparue. Les races
polyvalentes comme la Simmental «originale»
et la vache brune, élevées tant pour le
lait que pour la viande, représentent désormais
des minorités; les descendantes des
laitières US-Holstein (rouges et noires) et
des Brownswiss, par contre, se sont imposées.
On a commencé à détenir les bovins
d’engraissement dans des stabulations
économiques en espace et sur caillebotis,
comme les porcs. On en est arrivé
à compresser jusqu’à quinze bovins d’engraissement
de 500 kilogrammes sur 30
mètres carrés, correspondant à la surface
moyenne d’une pièce d’habitation. On a
imposé la muselière aux veaux, afin qu’ils
ne mangent pas un seul brin d’herbe et que
leur viande reste belle blanche. Ils végétaient,
isolés, dans des caissons à clairevoie
en bois, d’où ils ne sortaient que pour
aller à l’abattoir.
Au cours des décennies entre 1960 et
1980, la plupart des paysans suisses cessèrent
presque entièrement la détention
des animaux en pâture, en plein air ou
avec la possibilité de sortir régulièrement,
pratique qui était courante durant la première
moitié du siècle. L’animal devint la
plupart du temps un simple facteur de production,
la relation entre l’être humain et
l’animal fut réduite au minimum. En même
temps, la plupart des fonctionnaires agricoles
refusèrent, des décennies durant, de
reconnaître le bien-fondé des études scientifiques
et des connaissances pratiques
quant aux conséquences négatives de la
production animale intensive sur la santé
et le bien-être des animaux qui s’amoncelaient
depuis la fin des années 1970. Ils
renièrent également la pensée idéologique
en faveur de la protection des animaux de
leur premier secrétaire agricole.
PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA

4. La législation sur la protection
des animaux
4.1 Le développement de la
législation sur la protection
des animaux de 1981 à 2011
En Suisse, la cruauté envers les animaux
de rente a rapidement mis en mouvement
des forces d’opposition efficaces, contrairement
aux pays étrangers, l’UE en tête.
Dans ces pays, la production animale intensive
n’est toujours pas sérieusement
remise en question par les politiques et la
protection des animaux de rente n’a pas
la part belle. Les protecteurs suisses des
animaux s’allièrent aux paysans et aux
consommateurs responsables pour défendre
la protection des animaux de rente
sur le plan législatif.
1981 La législation fédérale sur la protection
des animaux entre en vigueur. Elle
interdit désormais les cages en batterie
pour l’élevage des poulets et réglemente
de façon complète la détention des animaux
de rente, de compagnie, de laboratoire
et sauvages. Elle suscite donc l’attention
sur le plan international. Aujourd’hui
encore, après la révision complète de
2008, elle constitue la législation sur la
protection des animaux la plus avan-
PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA
cée du monde. Afin d’amortir les conséquences
économiques, les détentions non
conformes existantes disposent d’un délai
de dix ans pour se mettre à la page.
1985 Les organisations de protection des
animaux commencent à thématiser les
déficits de l’ordonnance sur la protection
des animaux. La Confédération est enfin
forcée à agir à coups de pétitions et d’interventions
parlementaires. On conteste
certaines lacunes, des termes juridiques
vagues et des prescriptions quantitatives
insuffisantes en matière de détention animale.
L’application reste un sujet permanent.
Les contrôles laxistes ou inexistants
dans certains cantons sont fortement critiqués,
comme la surveillance insuffisance
par l’OVF et le formalisme des autorités
dans une «protection millimétrée des
animaux», aux frais d’une protection qualitative,
par exemple en ce qui concerne
l’éclairage, le mouvement et l’occupation
des animaux.
1988 Une action de la PSA, par des cartes
postales adressées au Conseil fédéral, permet
l’interdiction les produits provenant
des tortues dans toute la Suisse.
1989 La PSA organise, à Bâle, le premier
congrès international contre l’ingénierie
génétique sur les animaux. Elle demande
que la zootechnie garantisse la dignité de
la créature. En 1992, l’exigence de la PSA
quant à la dignité de la créature est inscrite
dans la Constitution fédérale. Depuis
2008, elle se trouve également dans la loi
fédérale sur la protection des animaux.
1990 Le Conseil fédéral complète l’ordonnance
sur la protection des animaux
par des prescriptions quant à la protection
des lapins.
1991 Le délai transitoire pour l’exécution
des prescriptions concernant la protection
des animaux arrive à échéance.
Les éleveurs de poules pondeuses sont
ceux qui ont appliqué les nouvelles dispositions
de la manière la plus conséquente.
Toutes les cages en batterie ont
disparu avant l’échéance du délai transitoire.
La nouvelle forme de détention
qui s’impose désormais est celle en volière,
développée par ETH de Zurich. C’est
17

la forme de détention la plus intéressante
du point de vue économique et de la protection
des animaux. Au niveau européen,
elle constitue désormais la solution alternative
à la détention en cage. Les poules
disposent de litière pour picorer, gratter
et prendre des bains de poussière, de nids
protégés pour pondre leurs œufs, et d’espaces
de repos et de retrait.
1993/1994 En conséquence à la critique
permanente à l’application de la
protection des animaux, les Commissions
de gestion du Conseil National et
Le chemin vers la loi sur la
protection des animaux
1961 La PSA lance une pétition en faveur
d’une loi fédérale sur la protection des
animaux et cherche des alliés au Parlement.
1963 Le Conseil fédéral approuve la pétition
et un projet de loi formulé par la
PSA et des spécialistes. Le conseiller national
Walter Degen, vétérinaire cantonal
de Bâle Campagne, y rajoute une motion
en faveur d’une loi sur la protection des
animaux, cosignée par 41 conseillers.
1965 Paraît le livre «Animal Machines»
de l’Anglaise Ruth Harrison. Il relance la
demande en faveur d’une loi sur la protection
des animaux. Le livre montre
d’une manière impressionnante et sans
ménagement le développement erroné
de la détention animale dans l’agriculture.
1967 La PSA publie le rapport «Nutztierhaltung
ohne Gesetz» (Détention d’animaux
de rente sans loi), dénonçant les
conditions des étables suisses,
contraires à la protection des animaux et
faisant pression en faveur d’une loi sur
la protection des animaux.
1971 Une commission dirigée par le directeur
de l’Office vétérinaire fédéral, le
Prof. Andreas Nabholz, commence à éla-
18
du Conseil des États s’occupent de façon
approfondie de la législation sur la protection
des animaux, en entendant également
des représentants de la PSA. Les critiques
objectives de la protection des animaux
sont en grande partie confirmées et
la CG réclame une révision de la loi et de
l’ordonnance d’application.
1996 La PSA lance une pétition en faveur
de prescriptions concrètes également pour
la protection des chevaux, des chèvres et
des moutons. Jusqu’à ce moment, ces animaux
n’étaient pas mentionnés dans l’or-
borer un article constitutionnel en faveur
de la protection des animaux.
1973 la percée: La majorité écrasante
du peuple et des cantons approuve le
nouvel article constitutionnel en faveur
de la protection des animaux: 1 041 282
de oui contre 198 866 de non.
1974 Le Conseiller fédéral Ernst Brugger
instaure une commission extraparlementaire
chargée d’élaborer une loi sur
la protection des animaux, à nouveau
sous la direction du Prof. Andreas Nabholz.
Le directeur de la PSA, Hans-Peter
Haering, compte également parmi ses
membres. MM. Nabholz et Haering font
pression en faveur d’une législation progressiste
et complète sur la protection
des animaux. Cette lutte commune en
faveur d’une protection légale des animaux
débouchera sur une amitié qui durera
toute leur vie.
Deux locomotives devant la loi sur la protection
des animaux: le Prof. Dr Andreas Nabholz
et M. Hans-Peter Haering
donnance sur la protection des animaux
(»les animaux oubliés»). Deux autres pétitions
pour réglementer les sélections
extrêmes et pour interdire la castration
des porcelets sans anesthésie suivront.
La Confédération satisfera ces exigences
dans le cadre de la révision sur la législation
sur la protection des animaux entre
2003 et 2008.
1997 Le Conseil fédéral stoppe le projet de
révision de la loi sur la protection des animaux
et, à sa place, met en vigueur l’ordonnance
sur la protection des animaux,
1975 Le jeune Suisse de l’étranger Mark
M. Rissi tourne le long métrage «De Grotzepuur»,
avec Schaggi Streuli, Ines Torelli,
Jörg Schneider et Walo Lüönd. Ce
film, cofinancé par la PSA, montre pour
la première fois des poulets en batterie,
des veaux d’engraissement attachés et
muselés et des cages à porcelets au
grand public, choqué par ces visions. Il a
contribué à présenter le thème des fabriques
d’animaux à l’opinion publique
et à faire reconnaître la nécessité d’une
loi sur la protection des animaux à un
large cercle de la population.
1977 D’éminentes personnalités
comme le Prix Nobel Konrad Lorenz, le
Prof. Heini Hediger, directeur d’un zoo, et
l’essayiste et chercheur en zoologie
Bernhard Grzimek ont soutenu la PSA
dans sa lutte pour une loi progressiste
sur la protection des animaux.
1978 Le Parlement promulgue la première
loi fédérale sur la protection des
animaux. La «Ligue contre la vivisection»
s’y oppose par référendum, alors que la
PSA et les vétérinaires la soutiennent,
avec certaines réserves. En décembre
de la même année, le peuple et les cantons
l’approuvent par 78 % de oui.
1979 Les autorités fédérales entament
les travaux pour une ordonnance sur la
protection des animaux. Elle constituera
le texte d’application de la loi fédérale.
PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA

éélaborée, suite aux fortes critiques des
détenteurs d’animaux et des milieux de la
protection des animaux dans le cadre de
la consultation. L’ordonnance apporte des
améliorations, notamment en faveur des
animaux de rente, telles que la détention
des veaux en groupes (à l’exception de
la détention dans des igloos individuels),
l’interdiction des sols en caillebotis et de
détenir les truies à l’attache ou dans des
caissons à claire-voie. Le délai transitoire
pour transformer les stabulations existantes
varie entre cinq et dix ans.
1999 Les changements dans la relation
entre l’être humain et l’animal conduisent
la PSA, la Société Cynologique Suisse
(SCS) et la Société des vétérinaires suisses
(SVS) à lancer l’initiative populaire «Les
animaux ne sont pas des choses!». En l’an
2000, l’initiative est retirée, après que
le Parlement ait adapté la législation en
conséquence, suite à une initiative parlementaire
du Conseiller aux États Dick
Marty.
2000 Depuis cette année, les nouvelles
connaissances de la médecine vétérinaire,
de l’éthologie et du droit ainsi que les
changements dans la relation entre l’être
humain et l’animal montrent de plus en
plus clairement qu’il est urgent d’intervenir
au niveau de la loi sur la protection des
animaux: tout n’est pas réglé par de seules
adaptations de l’ordonnance. Il y a des
Il est temps de mieux
protéger les animaux!
Soutenez l’initiative populaire
«Pour une protection des animaux moderne
(Protection des animaux – OUI!)»
Protection suisse des animaux Psa
PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA
La lutte pour améliorer la loi sur
la protection des animaux continue
– pour tous les animaux!
lacunes patentes quant aux animaux de
compagnie et à la technologie génétique
appliquée aux animaux, tout comme dans
les sélections extrêmes où il y a déjà un
consensus en faveur de l’interdiction. Cependant,
les autorités manquent du soutien
nécessaire pour l’ancre dans la loi
sur la protection des animaux. Le changement
du statut juridique des animaux,
approuvé par le Parlement, va également
dans ce sens.
2001 Une commission extraparlementaire
désignée par le Conseil fédéral dans
laquelle siègent également des représentants
de la protection des animaux et de
la société des vétérinaires, demande une
révision complète de la loi sur la protection
des animaux, désormais vieille de
vingt ans. Le Conseil fédéral met donc
en consultation un message en faveur
d’une nouvelle loi sur la protection des
animaux. La PSA critique le projet avec
véhémence, car il met l’accent surtout sur
la formation des détenteurs d’animaux et
ne propose quasiment aucune amélioration
matérielle en faveur des animaux.
De plus, le Conseil fédéral veut abroger
une partie des prescriptions concernant
l’étourdissement des mammifères. Cette
prescription remonte à l’initiative populaire
de la PSA, approuvée par le peuple
et les cantons en 1893.
2002 La PSA lance l’initiative populaire
«Oui à la protection des animaux!». Elle
comprend un catalogue complet et détaillé
d’exigences en faveur de la protection
des animaux. Suite à cette initiative
et à des protestations massives, le Conseil
fédéral retire la proposition d’abroger
l’obligation générale d’étourdir les animaux
avant de les abattre. Il est désormais
exclu que l’on puisse réintroduire
la manière d’abattre un animal en l’égorgeant,
sans l’étourdir au préalable. Le Parlement
décide de reporter d’une année les
consultations en vue d’une nouvelle loi
19

sur la protection des animaux, afin que
cette affaire puisse être traitée parallèlement
à l’initiative de la PSA.
2003 La PSA soumet l’initiative populaire
«Oui à la protection des animaux!»,
avec quelque 120 000 signatures. Le Parlement
entame les consultations quant à
la nouvelle loi sur la protection des animaux.
Les organisations de protection des
animaux sont consultées à plusieurs reprises
et accompagnent intensivement le
processus législatif.
2005 La PSA peut désormais retirer l’initiative
populaire «Oui à la protection des
animaux!», car le Conseil des États et le
National ont retouché des domaines particuliers
de la loi sur la protection des animaux,
contre l’avis du Conseil fédéral. De
plus, le Conseil fédéral promet aux organisations
de protection des animaux de
combler certaines lacunes lors de la révision
de l’ordonnance sur la protection
des animaux (concernant les moutons, les
chèvres, les chevaux et les poissons) et de
faire aboutir des améliorations matérielles
en faveur des animaux en général.
2006 La PSA lance l’initiative populaire
20
Interdite depuis 2010: la
castration des porcelets
sans anesthésie
«Avocat de la protection des animaux,
oui!». Elle la déposera en été 2007, dotée
de quelque 140 000 signatures valables.
2008 La nouvelle législation sur la protection
des animaux, entièrement réélaborée,
entre en vigueur. Elle prévoit, entre
autres, de limiter à six heures le temps de
transport des animaux, d’interdire les sélections
extrêmes et la castration des porcelets
sans anesthésie. Elle contient également
des prescriptions concrètes quant
à la protection des chèvres, des moutons
et des chevaux. Jusqu’ici, ces animaux de
rente n’étaient pas protégés légalement.
La formation, le perfectionnement et l’information
des détenteurs d’animaux sont
désormais ancrés dans la législation.
2010 Le peuple et les Cantons refusent
l’initiative pour l’avocat de la protection
des animaux par 77 % de voix négatives.
Les organisations de protection des animaux,
les paysans et les vétérinaires se
sont battus durant quatre ans contre la
condescendance du Conseil fédéral soumis
à la pression de l’UE en matière de
transit des animaux de boucherie à travers
la Suisse. Désormais, le Conseil fédéral
a inscrit l’interdiction totale du tran-
sit des animaux de boucherie à travers la
Suisse dans l’ordonnance sur la protection
des animaux. Après que la PSA ait
critiqué, des années durant, les prescriptions
obsolètes concernant la protection
des animaux lors de l’abattage, le Conseil
fédéral a mis en vigueur une ordonnance
départementale dotée de prescriptions
importantes concernant les animaux de
boucherie.
2011 Le Parlement rejette une motion visant
à abolir l’interdiction du fil barbelé
sur les pâturages à chevaux de l’ordonnance
sur la protection des animaux, ainsi
qu’une intervention ayant l’objectif de
subventionner les exportations de bétail.
Le Conseil fédéral présente une mini révision
de la loi sur la protection des animaux
au Parlement. L’expérimentation
animale devra être déclarée de manière
plus transparente, le commerce de fourrures
de chats et de chiens totalement interdit,
l’emploi de «moyens auxiliaires»
avec les animaux sera réglementé. De
plus, les infractions à la loi sur la protection
des animaux, délibérées ou par négligence,
pourront être signalées. En 2012,
le Parlement approuve ces améliorations
en faveur de la protection des animaux.
De plus, il adopte l’interdiction de détenir
des dauphins et promeut l’interdiction de
transporter les animaux de boucherie au
niveau de la loi. Le commerce des chiens
par colportage sera également interdit.
4.2 Évaluation de la nouvelle
loi sur la protection des animaux
(LPA)
La nouvelle LPA comporte toute une série
d’améliorations en faveur des animaux,
par exemple:
• L’interdiction de castrer les porcelets
sans anesthésie depuis 2010
• La limitation du transport d’animaux à
un maximum de six heures
• L’interdiction d’importer des fourrures
de chats et de chiens
• Des prescriptions quant à la zootechnie
et l’interdiction des sélections extrêmes
• L’encouragement de la recherche en faveur
de la protection des animaux
PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA

• La protection de la «dignité de l’animal»,
y compris l’interdiction de la sodomie
• De nouveaux instruments d’exécution:
une meilleure formation et information
des détenteurs d’animaux, des transporteurs
d’animaux et du personnel
des abattoirs; des services cantonaux
de protection des animaux; l’interdiction
de détenir certains animaux, valable
pour toute la Suisse; Elle fixe des
objectifs et des mandats de prestation;
finalement, elle prolonge les délais de
prescription.
Dans son ensemble, la révision est peu
originale du point de vue de la protection
des animaux, à cause du découragement
du Conseil fédéral et de certains
parlementaires qui souhaitaient y mettre
un frein. Les animaux auraient mérité une
meilleure loi. Par exemple, il n’a pas été
possible d’y ancrer:
• L’interdiction d’effectuer des expériences
très invasives sur des animaux
et à des buts expérimentaux douteux du
point de vue éthique (cosmétique, produits
de nettoyage, biens de luxe, tabac)
• La sortie régulière en plein air pour tous
les animaux de rente
• Une détention des animaux sauvages et
de laboratoire conforme à leurs espèces
• Que l’on interdise les importations
contraires à la protection des animaux
et que l’on déclare le type de détention
4.3 Évaluation de la nouvelle
ordonnance sur la protection
des animaux (OPAn)
La volonté du Conseil fédéral de prendre
en compte un degré plus élevé de protection
au niveau de la loi, décidé par le Parlement,
mais aussi des connaissances de
la science et de la pratique, s’observe dans
la nouvelle OPAn. Plusieurs espèces animales
en profitent, si l’on compare à la
situation d’avant 2008. Par exemple, les
quelque sept millions d’animaux de compagnie,
ainsi que les chevaux, les chèvres,
les moutons, les dindes et les poissons. Ces
espèces animales, jusqu’ici «oubliées» par
l’OPAn, sont désormais protégées par des
PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA
dispositions concrètes.
Cependant, la nouvelle législation en
matière de protection des animaux n’a
pas été le grand bond en faveur des animaux
de rente qu’avait représenté en son
temps, l’interdiction des cages en batterie
dans l’aviculture. Notre société aurait pu
se permettre un progrès plus conséquent
pour réparer la situation des animaux de
rente, exploités sans égard quant à leurs
besoins, des décennies durant. Mais une
fois de plus, les lobbys agricoles ont balayé
ces réflexions par une campagne
contre la protection des animaux.
De l’eau pour tous les
animaux de rente
La nouvelle OPAn est plus sévère que la
précédente et apporte au moins plusieurs
améliorations de détail en faveur de la
plupart des animaux. Par exemple, le droit
à l’eau pour tous les animaux. Jusqu’à
présent, les porcs et les veaux d’engraissement,
nourris avec des produits liquides
et riches en sel, dérivés de la production
fromagère, ne recevaient pas d’eau – avec
des conséquences sanitaires désastreuses
et un taux de mortalité très élevé, notamment
chez les veaux.
Jusqu’en 2008, il n’y avait aucune prescription
concernant les moutons dans l’ordonnance
sur la protection des animaux
Moins de souffrance
La formation et l’information spécifiques
des détenteurs sont également bienvenues,
tout comme la meilleure protection
des animaux élevés en liberté, l’exigence
concernant les contacts sociaux et la détention
en groupes, ainsi que la protection
contre le bruit excessif. Enfin, il a également
été possible de réglementer la plupart
des interventions douloureuses afin
de ménager la souffrance des animaux,
par exemple dans les opérations consistant
à arracher les dents et à couper la
queue des porcelets, à poser des anneaux
nasaux aux porcs, à castrer les jeunes animaux,
à couper le bec et à rogner les ailes
à la volaille. Du point de vue des interventions
douloureuses, les animaux de rente
suisses sont désormais les mieux protégés
au monde.
Combler les lacunes
Les chanceux de la révision de l’ordon-
nance sont les moutons, les chèvres, les
dindes et les chevaux. Jusqu’à la révision,
il n’y avait pas encore de prescriptions de
protection concrètes et contraignantes les
concernant. Le Conseil fédéral en a désormais
stipulées quelques-unes. Depuis
2010, les 76 000 chèvres et les 450 000
21

moutons vivant en Suisse peuvent se
coucher sur de la litière. Cette dernière
est une nécessité fondamentale de tous
les animaux de ferme, prouvée scientifiquement.
Pour sa part, la volaille nécessite
la litière pour picorer, gratter et pour
prendre des bains de poussière mais, par
sa nature, se repose sur des perchoirs. Cependant,
le Conseil fédéral n’accorde la
litière que de façon sélective à nos animaux
de rente. Deux des trois malchanceux
de la révision, soit les porcs et les
bovins d’engraissement, doivent continuer
à vivre dans des caissons nus et
étroits, sans litière et sans la possibilité
de sortir en plein air. Les vaches non plus
n’ont pas joui d’améliorations remarquables.
On peut continuer à leur faire
passer la plupart de leur vie à l’étable, à
l’attache, et même le dresse-vaches reste
légal, dans les étables existantes.
La fin des veaux nourris
incorrectement?
Les veaux d’engraissement et les amis
de la viande de veaux ont de meilleurs
jours devant eux. Jusqu’à présent, l’état
sanitaire des veaux d’engraissement, souvent
déficient à cause de leur alimentation
non naturelle, devait être amélioré en
22
leur administrant fréquemment des antibiotiques.
Dès l’automne 2013, l’immunité
naturelle des veaux doit être renforcée
par une alimentation conforme à leur
espèce, plus riche en fibres, à base de foin,
d’ensilage et d’herbe, ce qui augmente
aussi l’apport de fer. Les consommateurs
devront donc définitivement dire adieu
à la viande de veau claire. En revanche,
ils auront la garantie que la viande rosée
qu’ils achèteront à l’avenir proviendra
de veaux sains et que l’emploi d’antibiotiques
dans l’engraissement des veaux
diminuera.
Les porcs pourront enfin respirer un
peu, au moins en été. Jusqu’à maintenant,
lors des journées chaudes, ils souffraient
de la chaleur excessive, puisque
leur peau ne transpire pas et que, dans les
porcheries, ils ne peuvent pas se souiller
comme à l’air libre. Les éleveurs devront
désormais veiller à leur procurer des possibilités
de se rafraîchir. À ce propos, un
moyen qui a fait ses preuves est la douche
pour cochons, que l’animal peut déclencher
par une pression du groin, lorsqu’il
ressent le stress de la chaleur.
Unique au monde: le transport
d’animaux limité à un
maximum de six heures
Transport d’animaux et
abattage
La nouvelle OPAn a amélioré les condi-
tions de transport des animaux de rente,
notamment en limitant le temps de transport
à un maximum de six heures: une
première mondiale. Toutefois, il reste encore
des questions à clarifier. Par exemple,
il manque une définition claire du moment
à partir duquel les animaux ne sont
plus transportables et qu’ils devraient être
abattus sur place ou dans l’abattoir le plus
proche, au lieu d’être encore charriés à
travers le pays. La question du transport
des femelles en gestation est également
restée sans réponse. Dans notre pays, cela
est malheureusement encore permis, tandis
que l’UE interdit de transporter les
femelles gravides au cours du dernier
dixième de la gestation.
Une réussite importante en faveur des
animaux a été atteinte dans le domaine
de l’abattage. En automne 2010, les prescriptions
en vigueur jusqu’alors, complètement
obsolètes, ont enfin été adaptées à
l’état actuel des connaissances.
4.4. Application
Nonobstant le net rejet de l’initiative pour
l’avocat des animaux par le peuple et les
cantons, en 2010, la PSA remarque la volonté
de nombreux offices de vétérinaires
cantonaux d’améliorer l’application. De
toute évidence, les nouveaux instruments
d’exécution semblent être efficaces. En
même temps, la volonté politique d’instaurer
des contrôles et des sanctions adéquates
semble être plus marquée. Les organisations
de protection des animaux remarquent
également avec satisfaction les
premières tentatives d’établir périodiquement
des rapports nationaux de la protection
des animaux. Elles apprécient également
les travaux en cours pour réglementer
les sélections extrêmes du point
de vue de la protection, ainsi que le premier
audit de l’exécution de la protection
des animaux, établi sur mandat de l’OVF
et publié en été 2011 – bien que la PSA y
ait détecté de graves lacunes dans la manière
d’examiner.
PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA

5. Politique agricole
5.1 Développements de 1951
à 2011
1951 Le Parlement promulgue une nouvelle
loi fédérale sur l’agriculture. Ses objectifs,
compréhensibles après les amères
expériences faites durant la deuxième
guerre mondiale, sont d’encourager une
paysannerie saine et de favoriser la production
de denrées alimentaires aptes à
approvisionner la population, même en
temps de crise.
1970 Les progrès scientifiques et techniques,
les énormes importations de fourrages
concentrés, les croisements avec des
races laitières étrangères et l’augmentation
du rendement des vaches qui en a résulté,
ainsi que les prix établis par l’État et
la garantie de reprise du lait, de la viande
et des produits des cultures ont causé
chaque année des surproductions (une
surproduction laitière, des «montagnes
de beurre») et ont demandé de coûteuses
mesures de valorisation des excédents.
Cette situation, accompagnée du fait que
des exploitations d’engraissement à large
échelle ont vu le jour (les «fabriques d’animaux»,
des installations engraissant des
PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA
animaux sans posséder de terrains ni produire
du fourrage), a suscité l’opposition
des milieux paysans, des consommateurs
et de la protection des animaux.
1979 On introduit le contingentement
laitier, afin de contenir la surproduction.
1980 a marqué la fondation de l’Association
suisse pour la défense des petits
et moyens paysans (Kleinbauernvereinigung
VKMB). Elle a collaboré de plus en
plus souvent avec la PSA au cours des
décennies suivantes: pour une détention
d’animaux paysanne et conforme aux
espèces, contre les fabriques d’animaux
et contre le changement structurel forcé
(la «mort de la paysannerie»). Cependant,
entre 1951 et 2011, le nombre d’exploitations
agricoles a chuté de 200 000 à
60 000.
1981 La législation sur la protection
des animaux entre en vigueur. On pose
des limites à l’engraissement. Un paysan
ne pourra désormais plus engraisser
plus de 1000 porcs ou de 12 000 poulets,
par exemple, et les nouveaux per-
mis de construire ne seront plus octroyés
qu’aux exploitations disposant de terrains
à cultiver. Les exploitations trop grandes
et celles qui ne sont pas liées à des terrains
devront être démantelées. La Suisse essaie
donc de mettre un verrou à la détention
d’animaux en masse.
1985 Les conséquences écologiques négatives
de la production végétale et animale
intensive se font de plus en plus sentir.
L’opinion publique les critique toujours
plus fortement. Par conséquent, la
VKMB lance «l’initiative en faveur des petits
paysans».
1989 L’initiative en faveur des petits
paysans est rejetée de justesse, par 51 %
de voix négatives. Ce signal d’alerte inattendu
éveille le Conseil fédéral et l’administration,
et contribue à poser des jalons
en faveur d’une nouvelle politique agricole.
1990 La PSA se dresse contre l’application
de la génétique aux animaux de
rente, notamment contre la production
d’animaux transgéniques et l’utilisation
23

de l’hormone de croissance modifiée génétiquement
rBST (somatotropine bovine
recombinante) pour augmenter la performance
des vaches. Cette hormone est employée
à large échelle dans la production
laitière aux Etats-Unis, depuis 1993, mais
n’est pas autorisée en Suisse et dans les
États européens. La PSA demande que les
animaux transgéniques soient interdits et
formule l’idée d’encourager les méthodes
de détention respectueuses des animaux
de rente par les paiements directs. Ces demandes
sont contenues dans l’initiative
«Paysans et consommateurs», lancée par
des ONG telles que le WWF, Pro Natura, la
VKMB et KAGfreiland, ainsi que les partis
politiques comme le PS et la AdI.
1992 L’initiative «Paysans et consommateurs»
est déposée. Elle demande une nouvelle
politique agricole et que soient introduits
des paiements directs d’ordre général
et écologiques.
1993 La PSA établit un rapport de fond
sur la pratique, répandue, d’enrichir le
fourrage d’auxiliaires de stimulation de la
production à base d’antibiotiques (AML).
Cela correspond à plusieurs tonnes annuelles,
principalement dans l’élevage et
24
Les étables particulièrement respectueuses
des animaux bénéficient
de crédits plus élevés
l’engraissement des bovins et des porcs.
La critique principale à cela: de mauvaises
conditions de détention peuvent
être masquées par ces «fourrages aux antibiotiques»
et cette pratique favorise la
résistance des agents pathogènes aux antibiotiques.
Les programmes importants
de labellisation ont exclu l’emploi d’AML.
La PSA demande leur interdiction sur tout
le territoire national, à l’instar de l’interdiction
d’utiliser des hormones dans l’engraissement
des animaux, décrétée en
Suisse dans les années 1980 et, plus tard,
également dans l’UE.
1995 Le peuple et les cantons approuvent
un nouvel article constitutionnel
sur l’agriculture, prescrivant le système
des paiements directs actuels et
davantage de prestations écologiques et
en faveur de la protection des animaux.
Cette réussite permettra à la PSA, aux organisations
environnementales et à l’Association
suisse pour la défense des petits
et moyens paysans de retirer l’initiative
«Paysans et consommateurs».
L’ancienne politique agricole a donc
vécu. Les prix du lait, de la viande, des
œufs et des produits de provenance végétale
ne seront plus garantis par l’État
mais seront l’affaire du marché. Ce sont
désormais les lois du marché faisant appel
à l’offre et à la demande et le pouvoir de
marché qui entrent en jeu et qui font baisser
les prix à la production, parfois de façon
sensible. En 1993, un paysan gagnait
encore 1,08 franc par litre de lait, tandis
qu’aujourd’hui, après la levée du contingentement
laitier, il ne perçoit plus que
60 centimes!
En contrepartie, les subventions agricoles
liées au marché interne et à l’exportation,
auparavant gigantesques, sont
progressivement supprimées, pour reverser
aux paysans une partie de l’argent
rendu ainsi disponible, sous la forme
de paiements directs d’ordre général. À
côté de cela, les paysans ont la possibilité
de fournir des prestations supplémentaires
volontaires en faveur de l’écologie
ou du bien-être des animaux (agriculture
bio, surfaces de compensation écologique
telles que des haies, des vergers à haute
tige ou des prairies extensives, élevage des
animaux de rente en liberté). Ils peuvent
les faire valoir pour des paiements directs
écologiques. Les paiements directs, écologiques
et d’ordre général sont liés aux
prestations écologiques requises (PER).
Cela signifie que chaque paysan qui perçoit
cet argent s’engage à:
• détenir ses animaux de rente dans le
respect des animaux
• présenter un bilan de fumure équilibré
• maintenir une proportion appropriée de
surfaces de compensation écologique
• veiller à l’assolement régulier
• protéger le sol de façon appropriée
• choisir et employer les produits phytosanitaires
de façon ciblée
Dans l’élaboration du système des paiements
directs, la PSA soutient l’exigence
d’encourager les systèmes de stabulations
particulièrement respectueux des
animaux (SST) et les sorties régulières en
plein air des animaux de rente (SRPA).
Elle est appuyée par l’Union suisse des
paysans dans cette démarche. Ces programmes
d’encouragement suivent la demande
des consommateurs qui souhaitent
des produits respectueux des animaux
PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA

(programmes de labellisation). Par conséquent,
de plus en plus d’animaux de rente
ont la possibilité de sortir ou sont détenus
sur le pâturage.
1998 Dans le cadre des mesures d’amélioration
structurelle dans l’agriculture,
le Conseil fédéral décide d’augmenter de
20 % les crédits à l’investissement destinés
aux nouveaux systèmes de stabulations
particulièrement respectueux
des animaux, par rapport aux systèmes
conventionnels. De cette façon, il s’approche
de la demande de la PSA, consistant
à n’octroyer des crédits à l’investissement
qu’aux systèmes de stabulations
conformes aux principes SST/SRPA. L’ordonnance
sur les améliorations structurelles
entre en vigueur en 1999. Plus de
90 % des étables subventionnées au cours
des dernières années sont des installations
SST.
1999 La politique agricole range la compétitivité
(démantèlement de la protection
douanière et concurrence accrue de l’importation)
au même niveau que la multifonctionnalité
de l’agriculture (production
de denrées alimentaires naturelles et
respectueuses des animaux; ménagement
des bases vitales naturelles telles que l’air,
le sol et les eaux). Par la suite, cette tâche
additionnelle minera fortement les prestations
écologiques de l’agriculture.
Le Conseil fédéral stipule l’interdiction
d’utiliser des AML. La Suisse est donc
le deuxième pays au monde à barrer la
route aux AML, après la Suède, qui avait
déjà interdit les antibiotiques alimentaires
dix ans auparavant. L’UE ne les interdira
qu’en 2009.
2001 La PSA obtient que les paiements
directs destinés à encourager la sortie régulière
des animaux de rente (les contributions
SRPA) ne soient plus versés pour
favoriser certaines races de poulets à l’engraissement
ultrarapide, mais qu’ils soient
liés à une durée minimale de l’engraissement;
de plus, le montant des contributions
en faveur des détentions de poulets
en plein air est augmenté.
PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA
2003 Le Conseil fédéral met en vigueur
l’ordonnance relative à la déclaration de
produits agricoles issus de modes de production
interdits en Suisse. Il faudra déclarer,
entre autres, les œufs importés provenant
de poules détenues en batterie et
la viande d’animaux auxquels on a administré
des AML ou des hormones pour en
augmenter le rendement. Depuis 2012, il
faut également déclarer la viande importée
provenant de lapins élevés en batterie.
La loi sur le génie génétique entre en vigueur
et interdit l’utilisation d’animaux
de rente génétiquement modifiés dans
l’agriculture. Les vertébrés génétiquement
modifiés ne peuvent être produits et mis
en circulation qu’à des fins de recherche,
de thérapie et de diagnostic sur des êtres
humains ou des animaux.
2005 La PSA dépose une pétition comptant
90 000 signatures contre les fabriques
d’animaux, avec l’Association
suisse pour la défense des petits et moyens
paysans. En conséquence de cela, le Parlement
prescrit des limites maximales aux
élevages.
Le peuple et les cantons approuvent
l’initiative «sans OGM», du Groupe suisse
de travail sur le génie génétique (SAG),
dont la PSA fait partie. On impose un
moratoire à l’utilisation d’organismes génétiquement
modifiés dans l’agriculture
(cultures, fourrages).
2006 La PSA découvre l’exigence du
Conseil fédéral lequel, à l’occasion de
la révision de l’ordonnance concernant
l’importation, le transit et l’exportation
d’animaux et de produits animaux
(OITE), souhaite à nouveau permettre le
transit d’animaux de boucherie. Sept initiatives
de Cantons et une parlementaire
sont déposées en conséquence de cela, si
bien que le Conseil fédéral ne peut faire
autrement que d’inscrire l’interdiction de
transit pour tous les animaux destinés aux
abattoirs dans l’ordonnance sur la protection
des animaux en 2010.
2008 La PSA démarre la campagne «En
finir avec le fil barbelé». Tous les grands
revendeurs de clôtures s’engagent à renoncer
à proposer ce produit s’il est destiné
aux pâturages. Une brochure de la
PSA sur les clôtures destinées aux pâturages
est distribuée à large échelle aux
détenteurs d’animaux. À la suite de cela,
plusieurs communes suisses interdisent la
pose de ce système de clôture contraire à
la protection des animaux. La PSA soutient
des actions vouées à remplacer le fil
barbelé sur les pâturages.
2009 Le contingentement laitier est levé.
La PSA avait clamé au préalable avec véhémence:
les vaches seraient encore plus
forcées à la performance et l’utilisation
de fourrages concentrés augmenterait. Le
prix du lait payé aux producteurs chute
à 60 centimes. On produit beaucoup trop
de lait conventionnel et on administre de
plus en plus de fourrages concentrés importés.
La PSA obtient l’augmentation des
contributions destinées à encourager les
détentions de lapins en groupes et particulièrement
respectueuses des animaux.
2010 L’exigence du Conseil fédéral de
conclure un accord complet de libreéchange
avec l’UE dans le domaine agricole
est accueilli de façon différenciée. Les
réactions vont de l’approbation sans réserve
du côté des représentants du marché
et des importateurs à un «oui, mais»
de l’Alliance agraire, jusqu’au rejet par la
plupart des organisations paysannes. La
PSA mène une recherche sur les conditions
de détention dans l’UE, afin de se
faire une opinion propre et de les comparer
à la situation en Suisse. Elle arrive
à la conclusion que, du point de vue
de la protection des animaux, l’accord
de libre-échange avec l’UE doit être rejeté
car, entre autres, il ferait augmenter
les importations de produits issus de fabriques
d’animaux et concurrencerait les
denrées indigènes, produites dans le souci
du bien-être des animaux.
L’Alliance agraire et la PSA s’engagent
en faveur d’une stratégie conséquente
vouée à la qualité, tant dans la politique
agricole, par la nouvelle orientation des
25

paiements directs, que sur le marché. La
seule chance de l’agriculture suisse, à long
terme, est une production de qualité, se
distinguant clairement de la production
intensive prônée au niveau mondial. La
promotion des aspects écologiques et inhérents
au bien-être des animaux, actuellement
soutenue encore de façon insuffisante,
et d’un nombre croissant de
consommateurs sensibilisés, confèrent de
bonnes conditions de départ à la Suisse.
2011 Lors de la consultation sur la politique
agricole 2014–2017 (PA 2014–17),
le Conseil fédéral propose d’organiser le
système des paiements directs d’une façon
complètement nouvelle. Les paiements directs
généraux pour la détention d’animaux
devront être rayés. La PSA exige
que le bien-être des animaux soit encouragé
davantage et de façon conséquente,
que la déclaration des produits issus de
méthodes de production interdites soit
améliorée, que les effectifs maximaux de
bétail continuent à être régulés, que les
subventions aux marchés de bétail publics
soient supprimés. Elle formule également
la condition que les crédits à l’investissement
et autres mesures en faveur des
améliorations structurelles ne soient dé-
26
Des contrôles inopinés
garantiraient des paiements
directs crédibles
sormais octroyés qu’aux projets de stabulations
respectueuses des animaux. En
automne 2012, le Parlement a délibéré et
s’est décidé au sujet de la nouvelle loi sur
l’agriculture et sur la nouvelle orientation
du système des paiements directs.
5.2 Loi sur l’agriculture et
paiements directs
L’introduction des paiements directs, dans
les années 1990, a marqué un changement
radical dans la politique agricole. C’était
judicieux et nécessaire que l’on change de
système. Les paiements directs ont contribué
à faire en sorte qu’on s’éloigne du dirigisme
économique pour s’orienter vers
l’économie de marché et ont procuré les
premiers résultats mesurables dans le domaine
écologique et du bien-être des animaux.
Les PER sont une condition sensée,
apte à maintenir les paiements directs.
Cependant, le manque notoire de
contrôles et de sanctions entame la
confiance dans les paiements directs. Une
partie considérable des contrôles aux détentions
d’animaux est annoncée au préalable.
Souvent, la protection qualitative
des animaux ne peut donc pas être évaluée
correctement, ce qui constitue un
avantage pour les détenteurs qui contreviennent
à la protection des animaux.
Ceci, bien que les PER stipulent de manière
claire et nette que la détention respectant
les animaux constitue une condition
à l’octroi des paiements directs. L’été
2011, une décision du Tribunal fédéral a
encouragé les détenteurs irrespectueux
des animaux et a trahi les contribuables.
En effet, cette décision du Tribunal fédéral
laisse entendre qu’un paysan qui gère
une installation d’engraissement de porcs
sur caillebotis, admise légalement, mais
qui néglige ses porcs au point de les laisser
mourir, n’aurait rien à craindre quant
à d’éventuelles retenues sur les paiements
directs. De larges couches de la population
y voient, avec raison, un gaspillage
de l’argent des contribuables.
De nombreux milieux externes à
l’agriculture ont remis en question le système
des paiements directs, car les paiements
directs généraux sont prépondé-
rants (80 % du montant global). Les besoins
et les attentes des contribuables et
des consommateurs ont changé. Les nouvelles
connaissances et les expériences
faites avec le système actuel suggèrent
d’accorder plus d’importance aux prestations
écologiques qu’aux paiements directs
généraux, à l’avenir. En automne
2007, même l’OCDE a critiqué le fait
qu’une proportion relativement restreinte
des 2,5 milliards de francs versés annuellement
comme paiements directs soit destinée
aux intérêts des consommateurs, de
la protection des animaux, de l’environnement
et de l’agriculture biologique.
De plus, les recherches de la plate-forme
agricole au cours des années 2005 à 2007
ont abouti à des résultats indiquant que
plusieurs paiements écologiques, notamment
ceux qui étaient destinés aux programmes
d’encouragement SST/SRPA, ne
couvraient de loin pas les efforts des agriculteurs
concernés.
Par conséquent, les paiements directs
prévus par la PA 2014–17 doivent, certes,
être reconduits, mais ils doivent être versés
en lien avec des prestations.
5.3 Promouvoir le bien-être
des animaux
La politique agricole essaie d’encourager
le bien-être des animaux d’abord par
deux mesures incitatives: des crédits à
l’investissement 20 % plus élevés pour les
projets de nouvelles étables particulièrement
respectueuses des animaux (SST),
par exemple des stabulations libres pour
vaches, et des paiements directs pour les
paysans qui s’engagent à satisfaire les
prescriptions du programme visant le
bien-être des animaux par des sorties régulières
en plein air (SRPA) et la stabulation
particulièrement respectueuse des
animaux (SST).
L’idée fondamentale des paiements
directs écologiques et liés au bien-être
des animaux – encourager les prestations
concrètes et souhaitées par la société par
des prestations – s’est avérée judicieuse
également pour les SST et les SRPA. En effet,
on a pu faire bouger les choses en faveur
de plusieurs catégories d’animaux et
PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA

améliorer ainsi l’état sanitaire et le bienêtre
des animaux.
Ce dernier n’est pas toujours une prestation
commercialisable, récompensée par
les labels et la demande correspondante
des consommateurs. Aucune catégorie
d’animaux, parmi les 25 exploitées dans
l’agriculture, ne se voit distinguée d’un label
lié à leur bien-être. Il n’y a absolument
aucun label de ce type, par lequel il serait
possible d’encourager une meilleure détention
des animaux grâce aux avantages
du marché et à la demande des consommateurs.
Cela vaut pour presque tous les
jeunes animaux et les animaux d’élevage,
les truies, les chèvres, les moutons et les
chevaux.
Pour cela, au milieu des années 1990,
la Confédération a introduit des programmes
d’encouragement en faveur des
formes de détention particulièrement respectueuses
des animaux. Afin de compléter
les possibilités limitées du marché,
les agriculteurs peuvent participer à
des programmes étatiques en faveur du
bien-être des animaux, sur une base volontaire.
Les autorités, les paysans et les
milieux de protection des animaux sont
unanimes: les programmes SST et SRPA
sont efficaces et apportent des prestations
appréciables au bien-être des animaux,
PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA
concrètes et détectables, précisées pour
chaque catégorie d’animaux détenue dans
les fermes suisses, soit environ deux douzaines.
Les formes de détention respectueuses
des animaux sont plus chères que
celles qui se limitent à se conformer à la
loi. Elles demandent davantage de travail,
ainsi qu’une infrastructure additionnelle
(espaces de sortie, installations conformes
au comportement) et des coûts de maintenance
(de la litière au lieu de sols en béton
nu et dur). En même temps, les recettes diminuent,
comme, par exemple, lorsqu’on
choisit une race de poulets élevés en plein
air qui poussent plus lentement et produisent
moins de viande.
Les programmes SST/SRPA ont apporté
des améliorations tangibles au bien-être et
à l’état sanitaire des animaux, comme le
démontrent les examens des vaches laitières
et des porcs d’engraissement effectués
par l’OVF et de l’OFAG. Les effets les
plus remarquables en ce qui concerne le
bien-être et l’état sanitaire des animaux
sont toujours constatés dans les exploitations
qui combinent les programmes SST
et SRPA. Les prescriptions qualitatives des
programmes SST et SRPA ont largement
fait leurs preuves et garantissent un bienêtre
acceptable aux animaux.
Ces prescriptions améliorent en partie
Développement des programmes d’encouragement en faveur
du bien-être des animaux SST et SRPA de 1996 à 2009
CHF 180
CHF 160
CHF 140
CHF 120
CHF 100
CHF 80
CHF 60
CHF 40
CHF 29
CHF 0
144
47
153
50
161
SRPA montant total/an
SST montant total/an
163
1996 2004 2006 2008 2009
56
60
également la qualité des produits, la sécurité
des denrées alimentaires (les installations
de porcs d’engraissement SST/SRPA
présentent moins de germes pathogènes
résistants aux antibiotiques) et l’état sanitaire
des animaux (p. ex. moins de blessures
à la peau des bovins et des porcs
SST/SRPA; un taux de mortalité inférieur
chez les poulets élevés en plein air). La détention
de bovins, chèvres et moutons au
pâturage, encouragée par le programme
SRPA, diminue les émissions d’ammoniac
et de CO2.
Puisqu’elles couvrent une partie de
l’engagement supplémentaire, les contributions
SST et SRPA incitent les paysans
à fournir les prestations en faveur
du bien-être des animaux souhaitées par
la société. Des détenteurs d’animaux motivés
et dont les exploitations présentent
les caractéristiques favorables aux programmes
SST/SRPA constituent une prémisse
idéale pour cette reconversion. Cela
signifie que leur système de stabulation
ne demande que de légères adaptations
ou que ces exploitants prévoient une nouvelle
construction. Cela implique également
qu’il existe un label pour leur catégorie
d’animaux dans le commerce de
détail ou dans la filière gastronomique. La
plupart des exploitations qui participent
actuellement aux programmes SST/SRPA,
présentent deux de ces prémisses ou carrément
les trois.
Cependant, il n’y a aucun label distinguant
le bien-être des animaux, ni de produits
correspondants sur le marché pour
environ la moitié des catégories d’animaux.
Dans ces cas, il n’y a donc aucune
synergie entre le marché et les programmes
SST/SRPA ou la politique agricole. La motivation
à se reconvertir dépend donc exclusivement
du montant des contributions
SST/SRPA. Si d’autres conditions d’exploitation
défavorables s’y ajoutent, la plupart
des contributions SST/SRPA actuelles seront
trop basses pour constituer une réelle
motivation sur le plan économique. La
stagnation de la participation aux programmes
SST/SRPA qui s’observe depuis
2006 dérive de cette réalité.
27

Participation aux programmes d’encouragement du bien-être des animaux SST et SRPA
Catégorie d’animaux SST (% de toutes les UGB) SRPA (% de toutes les UGB)
2004 2006 2008 2009 2004 2006 2008 2009
Vaches laitières 23 27 32 34 73 77 79 79
Bovins > 1 ans 29 33 36 39 69 73 75 74
Taureaux > 1 ans 30 36 38 51 56 57
Génisses 4-12 mois 29 32 35 60 63 66
Taurillons 4-12 mois 11 13 15 * 28 31 33 *
Vaches allaitantes 80 84 85 93 94 95
Bovins d’engraissement (de plus de 4 mois) 59 60 61 46 48 50
Total Bovins 30 35 39 40 70 73 76 76
Chèvres 27 30 32 33 69 72 73 75
Lapins 16 45 41 30 4 3 4 3
Truies 55 58 66 64 53 59 66 66
Porcs d’engraissement 64 64 64 64 57 60 63 50
Total Porcs 61 62 65 64 57 60 63 50
Poules pondeuses 78 81 86 86 62 65 69 69
Poulets 85 88 88 88 10 9 10 11
Cheveaux 13** 83 84 84 84
Moutons *** 80 82 84 84
* 2009: changement des catégories ** Les chevaux SST ont été introduits en 2009 *** Il n’y a pas de programme SST pour les moutons
5.4 L’importance du bien-être
des animaux pour les contribuables
et les consommateurs
Les attentes de la population constituent
un aspect fondamental dans la question
d’encourager le bien-être des animaux,
outre les bases professionnelles de la détention
animale et les conditions économiques.
La population n’achète pas que
des produits, élaborés ou non, issus de la
paysannerie: elle subvient également aux
besoins de cette dernière par les impôts.
Sans consommateurs ni contribuables:
pas d’agriculture!
Selon une enquête de Coop Isopublic
(2009), 87 % des personnes interrogées
considèrent que la protection des animaux
de rente est importante, voire très
importante. 73 % d’entre elles veillent à
acheter de la viande labellisée. Pour 65 %
de celles-ci, cette viande est qualitativement
meilleure.
Une enquête Univox de l’ETH sur le
thème «agriculture» (depuis 2009, c’est
l’OFAG qui est le mandant) indique que,
depuis 1995, le bien-être des animaux
28
constitue l’aspect le plus important selon
les personnes interrogées. Selon les
résultats de l’enquête 2009, le soutien
et l’encouragement des détentions respectueuses
des animaux se trouvent en
tête des attentes concernant l’utilisation
de l’argent public dans l’agriculture. Le
souhait que les détentions respectueuses
des animaux soient encouragées par des
paiements directs spécifiques a augmenté
au cours des dernières années. Aux yeux
de la population, la détention conforme
aux espèces animales constitue la tâche la
plus importante de l’agriculture. L’entretien
du paysage, l’assurance de l’approvisionnement
en temps de crise, le maintien
du mode de vie paysan et la colonisation
des régions isolées sont considérés comme
moins importants.
Prendre au sérieux les
contribuables
Si la politique agricole veut prendre au
sérieux les exigences des consommateurs
et des contribuables, elle devra, à l’avenir,
accorder davantage d’importance au
bien-être des animaux. Les exigences des
personnes interpellées reposent sur des
faits authentiques: des millions d’animaux
de rente ne profitent pas encore des
conditions de détention SST/SRPA et sont
élevés selon les prescriptions minimales
de l’ordonnance sur la protection des animaux.
Ces dernières ne garantissent pas
une détention respectueuse des animaux,
elles fixent juste des limites à la cruauté
envers les animaux.
En premier lieu, les consommateurs
et les contribuables se soucient incontestablement
de l’éthique de l’élevage. En
plus de cela, les intérêts personnels ont
leur importance. En particulier, la relation
entre le bien-être des animaux et leur état
sanitaire (zoonoses/épizooties, administration
de médicaments), étayée scientifiquement,
ainsi que la qualité et la sécurité
des produits. Un autre argument de
poids en faveur du bien-être des animaux
est l’effet positif des sorties régulières au
pâturage sur le climat et sur la diminution
des émissions d’ammoniac.
PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA

6. Information, marché et consommation
6.1 Développement de 1972
à 2011
1972 L’organisation KAGfreiland est
fondée, sous le nom de «Konsumenten-
Arbeitsgruppe zur Förderung tierfreundlicher
und umweltgerechter Nutzung von
Haustieren» (groupe de travail pour les
consommateurs, encourageant l’exploitation
des animaux domestiques respectueuse
de l’animal et de l’environnement).
Dès 1973, elle commercialise des œufs
suisses produits par des poules élevées en
liberté. En 1974, la première viande KAG
arrive sur le marché. C’est la naissance des
produits issus de détentions respectueuses
des animaux. Au cours des décennies suivantes,
la PSA collabore étroitement avec
KAGfreiland.
1976 Afin de faire comprendre que la
protection des animaux n’est pas seulement
une question de prescriptions et de
lois, mais qu’elle est aussi liée au comportement
des consommateurs, la PSA et
la revue «Annabelle» démarrent l’action
«Herz statt Portemonnaie» (du cœur au
lieu du porte-monnaie). Des œufs issus
PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA
d’élevages au sol et en liberté sont spécialement
promus et commercialisés, les
exploitations les produisant sont contrôlées
par la PSA.
1980 La PSA et la Société zurichoise de
protection des animaux créent la Fondation
MUT (mensch-, umwelt- und tiergerecht:
équitable pour l’être humain, pour
l’environnement et pour les animaux). Au
cours des années qui suivent, elles la soutiennent
dans le cadre de plusieurs projets
de stabulations exemplaires, respectueuses
des animaux, par des prêts sans
intérêt.
1984 La PSA soutient l’Association
suisse des détenteurs de vaches nourrices
et mères (ASVNM), fondée en 1980,
comme solution alternative, respectueuse
des animaux, à la production de viande de
veau blanche. Cette dernière se heurte à la
protection des animaux. La PSA contribue
à faire connaître son label «Naturabeef».
Des organisations paysannes et des représentants
de l’OFAG craignaient que les détentions
d’animaux labellisées naissantes
ne discréditent la production convention-
nelle et adressent des mots durs aux pionniers
de l’élevage de vaches mères et à la
PSA. Cette position négative de plusieurs
organisations paysannes et de certains
fonctionnaires à l’encontre de la production
issue de détentions respectueuses
des animaux et des activités qui lui sont
propres perdurera jusqu’après l’an 2000.
1985 La consommation de viande atteint
son maximum historique en Suisse: plus de
70 kilogrammes par personne. La PSA publie
«Unser täglich Fleisch» (notre viande
quotidienne), plaidant en faveur d’exploitations
paysannes plus respectueuses des
animaux et contre la consommation excessive
de viande et les fabriques d’animaux.
Depuis lors, la consommation de
viande a diminué, pour se situer à 53 kilogrammes,
dont 12 sont importés.
La PSA ouvre un service de conseil sur
la détention d’animaux respectueuse des
espèces, voué à promouvoir plus de bienêtre
aux animaux dans l’agriculture.
1986 La PSA démarre un projet pour
tester la détention des lapins reproducteurs
et d’engraissement en groupes,
29

avec la collaboration de l’école d’agriculture
de Bäregg et une douzaine de paysans
de l’Emmental. Jusqu’alors, les lapins
étaient généralement détenus individuellement
dans des réduits étroits ou des
cages. Le projet mené dans l’Emmental a
été un phare: aujourd’hui, en Suisse, environ
un tiers des lapins vivent dans des
détentions en groupes.
1987 La PSA et la Fondation MUT souhaitent
s’engager davantage en faveur de
la commercialisation de produits issus de
détentions d’animaux respectueuses des
espèces dans le commerce de détail. Elles
obtiennent la collaboration de l’Association
des consommateurs de Zurich (K3000)
et de l’union de coopératives agricoles fenaco,
sous le label «Gourmet mit Herz/
Agri-Natura». Au début, les milieux agricoles
critiquèrent durement cette collaboration,
contrariés que justement la plus
grande coopérative agricole perçoive les
signes de son temps et collabore avec la
PSA. Cependant, les milieux progressistes
avaient réalisé depuis longtemps qu’une
part de plus en plus importante de la population
n’était plus d’accord de consommer
simplement des produits provenant
de l’agriculture, mais qu’elle manifestait
également ses attentes, en particulier en
ce qui concernait la nature, l’environnement
et la protection des animaux dans
la production de viande, de lait et d’œufs.
30
Les septante filiales de K3000 sont
adaptées et disposent désormais d’une
large offre d’œufs de détentions respectueuses
des animaux et de viande labellisée.
La PSA en contrôle les exploitations,
environ un millier. Le label «Gourmet
mit Herz/Agri-Natura», comme les
programmes de Coop, Migros et d’autres
commerçants au détail qui lui succèdent,
repose sur trois piliers. D’abord, la détention
respectueuse des animaux, disposant
de plus de place, de structures conformes
au comportement des animaux et permettant
le plus possible de sorties à l’air
libre. Deuxièmement, le traitement ménageant
les animaux (lors des transports et
de l’abattage). Finalement, l’interdiction
d’utiliser des fourrages enrichis d’antibiotiques.
Pour des raisons pragmatiques, ces
exigences ont toujours été valables pour
toutes les catégories d’animaux. Une partie
de ces exigences en matière de protection
des animaux, touchant à l’économie
privée, ne sont entrées que plus tard dans
la législation sur la protection des animaux,
par les programmes d’encouragement
SST/SRPA, en 1995, ou par l’interdiction
des AML, en 1999.
1988 La PSA entame la campagne «Des
délices de la salle de torture», avec l’artiste
Tomi Ungerer. Il en va des produits issus
de la souffrance animale comme le foie
gras, les cuisses de grenouille, les produits
Tomi Ungerer a soutenu la
campagne contre les «Délices
de la salle de torture»
à base de tortue, les ailerons de requin et
le homard. Une action de cartes postales
adressées au Conseil fédéral mène à l’interdiction
des produits à base de tortue.
1989 La PSA organise le premier congrès
suisse contre le génie génétique sur les
animaux à Bâle, auquel l’auteur américain
et défenseur des consommateurs Jeremy
Rifkin prononce un chaleureux plaidoyer
en faveur de l’intégrité des animaux. La
PSA exige que l’élevage garantisse la dignité
de la créature. En 1992, cette exigence
est introduite dans la Constitution
fédérale et se trouve désormais également
dans la loi sur la protection des animaux.
1991 Les détenteurs de poulets ont mis
en pratique l’interdiction des cages en
batterie de manière conséquente. Après
la disparition des détentions en cages,
les consommateurs suisses ont de plus en
plus accès à des œufs issus de détentions
respectueuses des animaux.
1992 La PSA commence à publier régulièrement
du matériel d’information à
l’attention des détenteurs d’animaux de
rente. Elle démarre la série de manifestations
«Journées sur les animaux de rente»,
adressées aux milieux de la protection des
animaux, aux paysans, aux consultants,
aux consommateurs, aux autorités et aux
scientifiques. Elle se manifestera, au fil
des ans, par des thèmes tels que l’élevage
en liberté, les vaches à cornes, la castration
des porcelets, les transports d’animaux,
l’abattage et la consommation.
1993 La PSA effectue des recherches
au sujet des transports d’animaux et des
conditions dans les abattoirs. Elle détecte
des dysfonctionnements considérables.
Après des discussions intensives,
elle fonde la Communauté d’intérêts pour
des transports d’animaux et des abattoirs
conformes à la protection des animaux
(IGTTS), avec des représentants engagés
de la branche, des scientifiques et
les autorités. Au cours des quinze années
qui suivent, cette dernière forme plus de
2000 chauffeurs et collaborateurs d’abat-
PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA

toirs dans des cours de protection des animaux
sur mesure.
1994 Coop intègre la PSA dans l’élaboration
de son programme de labellisation
«Naturaplan Porc» et lui confie le contrôle
des exploitations mandataires. Le label
sera renommé plus tard «Coop Naturafarm».
Aujourd’hui, Naturafarm et Naturaplan
sont les labels les plus connus en
Suisse. La PSA a reçu la tâche de contrôler
les programmes Naturaplan Porc, Naturaplan
Poulet et Naturaplan Veau, de même
que la surveillance des transports d’animaux
et des abattoirs.
1995 Le Service de contrôle de la PSA
pour une détention des animaux de rente
conforme aux espèces est la première
institution de contrôle accréditée par la
Confédération. Une dizaine de contrôleurs,
paysans, agronomes et vétérinaires
y sont employés. Ils sont chargés
de contrôler plus de mille exploitations
labellisées, plusieurs transports hebdomadaires
d’animaux et une douzaine d’abattoirs
en Suisse.
La PSA et la Stiftung für Konsumentenschutz
(Fondation pour la protection
des consommateurs) mènent un boycott
de la viande, intitulé «Boykottlets» durant
une semaine. Les reportages, amplement
diffusés dans la presse, font chuter
les ventes de viande. Ensuite, la branche
de la viande se montre plus ouverte quant
aux améliorations en matière de protection
des animaux.
La PSA obtient la possibilité de présenter
ses revendications à la séance du
comité directeur et à l’assemblée des délégués
de l’Union professionnelle suisse
de la viande. Par la suite, l’Union soutient
les exigences de la PSA lors de la
révision de la législation sur la protection
des animaux.
1996 Migros et Coop s’engagent à ne
plus proposer d’œufs produits en cage en
batterie. Coop retire les cuisses de grenouille
et le foie gras de son assortiment.
1998 Pendant trois ans, de 1995 à 1998,
PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA
Mark Rissi et Eric Gysling ont produit
l’émission TIERREPORT, qui a grandement
contribué à informer les consommateurs
la Télévision suisse diffuse l’émission sur
la protection des animaux «Tierreport»,
produite par Mark M. Rissi et modérée
par Erich Gysling. Elle atteint des millions
de téléspectateurs et reçoit plusieurs distinctions.
La protection des animaux est
le centre de l’attention de 18 émissions.
Outre les problèmes en matière de protection
des animaux, on y diffuse également
des cas exemplaires et on met l’accent
sur le lien entre le comportement des
consommateurs et le bien-être des animaux.
Peu d’autres émissions ont suscité
un écho pareil parmi les téléspectateurs.
1999 Au cours d’une «semaine du veau»,
la PSA et la Fondation pour la protection
des consommateurs pointent du
doigt l’alimentation erronée administrée
aux veaux d’engraissement pour produire
de la viande claire. En réaction à
cela, la branche des bouchers déclare renoncer
aux déductions sur la viande de
veau rosée.
2003 La PSA démarre l’action «Manger
avec du cœur». Son objectif consiste à
convaincre les consommateurs, le commerce
de détail et la branche de la gastronomie
quant aux avantages des pro-
duits issus de détentions respectueuses
des animaux. Les pièces maîtresses de la
campagne sont les portails www.manger
avecducoeur.ch et www.essenmitherz.ch.
Ils diffusent de larges notions quant à la
consommation de produits de provenance
animale et énumèrent les labels, restaurants
et boulangeries recommandables.
2005 Premier classement des commerçants
au détail en ce qui concerne la protection
des animaux. Une enquête permet
à la PSA de dresser un tableau des «prestations
en matière de protection des animaux»
des commerces de détail les plus
importants. On examine et évalue la proportion
de viande, d’œufs et de fromages
indigènes, celle de produits labellisés et
bio et l’offre de «délices» comme le foie
gras et les cuisses de grenouille chez les
commerçants au détail. Coop arrive en
tête du classement.
2007 Migros et les paysans IP-Suisse
confèrent au Service de contrôle de la PSA
le mandat de surveiller les transports de
leurs animaux labellisés.
La PSA fonde un centre de compétences
pour des transports d’animaux et
des abattoirs conformes à la protection
31

des animaux (Kompetenzzentrum für
tierschutzkonforme Tiertransporte und
Schlachthöfe, KTTS). Il est chargé de relever
les problèmes inhérent à la protection
des animaux dans ces domaines d’activités,
se basant sur des critères scientifiques,
et de collaborer avec les milieux
intéressés de l’économie, du commerce de
détail, des organisations de la branche et
des autorités, afin d’y trouver des solutions
et de les mettre en application.
On effectue le deuxième classement
des commerces de détail en matière de
protection des animaux. Au cours des
deux années écoulées, les produits issus
de détentions respectueuses des animaux
ont progressé chez les deux grands distributeurs,
en dépit de la mentalité «être
radin, c’est bien» qui s’impose, des importations
bon marché et de l’apparition
des lignes «budget» dans le commerce
de détail. La PSA peut montrer de bons
signes aux consommateurs. En effet, pour
nombre d’entre eux, le bien-être des animaux
n’est visiblement pas qu’une question
de mode passagère. Les œufs provenant
d’élevages en liberté et la viande
labellisée ne sont désormais plus des produits
de niche. Chez certains commerçants
de détail, ils constituent parfois une
32
La PSA exige et encourage
une détention des lapins
respectueuse des animaux
part de marché de 50 à 75 %. Le chiffre
d’affaires au niveau suisse est estimé à
plus de 1,5 milliard de francs. Coop est à
nouveau le «champion suisse de la protection
des animaux», mais désormais suivie
de près par Migros, laquelle a amplement
comblé le retard en matière de produits
issus de détentions respectueuses des animaux,
par sa collaboration avec IP-Suisse
et en ayant repris le label «Terra-Suisse».
2008 Une part importante des œufs et des
produits à base d’œufs importés (œufs liquides),
parmi lesquels certains provenant
de détentions en cages en batterie, font
partie de la demande des boulangeries et
confiseries. La PSA distingue dès lors les
commerces qui utilisent exclusivement
des œufs suisses provenant de détentions
respectueuses des animaux. Elle décerne
un document et les indique sur le portail
www.mangeravecducoeur.ch.
Alors que la viande labellisée gagne
de plus en plus d’importance auprès des
grands distributeurs suisses, la branche
de la gastronomie continue à rechigner.
Peu de restaurants ont de l’égard vis-àvis
du bien-être des animaux et proposent
des produits issus de détentions respectueuses.
La PSA arrive à cette conclusion
après une enquête auprès de restaurateurs
de toute la Suisse.
2009 La PSA lance une pétition pour que
McDonald’s Suisse adopte une politique
d’approvisionnement respectueuse des
animaux. En conséquence de cela, McDonald’s
se tourne vers les œufs de poules
élevées en liberté et vers la viande de bovins
élevés au pâturage ou avec la possibilité
de sortir. Ainsi, la plus grande entreprise
gastronomique du pays, du point
de vue du chiffre d’affaires, donne le bon
exemple en matière de protection des animaux.
KAGfreiland découvre des importations
de viande de lapins détenus de façon
contraire à la protection des animaux
et fait en sorte que la viande de lapin importée
et produite dans des cages en batterie
soit déclarée. À la suite de cela, la PSA
s’engage afin de promouvoir la détention
de lapins respectueuse des animaux, en
groupes, au niveau national.
2010 Coop décide de proposer uniquement
de la viande indigène de lapins détenus
en groupes et attribue au Service de
contrôle de la PSA le mandat de surveiller
ces détentions SST, ainsi que les transports
et l’abattage de leurs lapins.
La PSA lance un concours parmi les
apprentis cuisiniers. Outre les questions
quant à la protection des animaux et les
denrées alimentaires, les candidats devaient
présenter un menu à base de produits
issus de détentions respectueuses
des animaux et un menu végétarien. Ces
recettes constituent la base du livre de
cuisine respectueux des animaux «Manger
avec du cœur», que la PSA a publié
en 2012.
La PSA analyse les labels à la loupe,
avec le WWF et la Fondation pour la protection
des consommateurs, et participe à
établir le guide des labels du WWF.
2011 La PSA publie son troisième classement
des commerçants au détail en
matière de protection des animaux, après
ceux de 2005 et de 2007. Cette fois, Coop
et Migros sont confrontées aux nouveaux:
Lidl et Aldi. Coop et Migros ont
fait de nouveaux progrès dans l’assortiment
respectueux des animaux, tandis
qu’on ne constate pratiquement pas
d’efforts remarquables chez Aldi et Lidl,
à l’exception de l’assortiment d’œufs. À
la suite de cela, la PSA cherche le dialogue
avec tous les commerçants de détail
de Suisse, parmi lesquels Spar, Volg,
Aldi et Lidl, afin de promouvoir l’offre de
produits issus de détentions respectueuses
des animaux.
Coop attribue le mandat de surveiller
les élevages de poules pondeuses en liberté
Naturafarm au Service de contrôle de la
PSA, ainsi que d’effectuer les contrôles
par échantillonnage chez les détenteurs
de vaches mères (Label «Naturabeef»).
La PSA débute le contrôle des abattoirs
où l’on emmène les animaux IP labellisés
«TerraSuisse», sur mandat de Migros
et d’IP-Suisse.
PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA

Dans les restaurants gastronomiques
on continue à servir de la viande issue
de détentions en masse. C’est ce que démontre
une enquête de la PSA auprès de
cette branche. Comparé aux commerces
de détail, leur proportion de viande labellisée
est basse, se situant entre 35 et 50 %,
selon le type de viande.
Tous les grands importateurs d’œufs
s’engagent auprès de la PSA à renoncer
à importer des œufs provenant des cages
en batterie. La PSA compte beaucoup sur
cette convention, car l’interdiction des
cages en batterie au niveau de l’UE n’est
pas encore mise en application en 2012
et l’UE admet des variantes contraires à
la protection des animaux, interdites en
Suisse, comme la détention des poules en
petits groupes.
La PSA organise un sommet sur les
veaux, afin d’améliorer la détention et
l’affourragement des veaux et d’en finir
avec le critère «de qualité» contre-productif
de la couleur de la viande.
La PSA avance une campagne sur la
volaille, planifiée pour 2012, après avoir
constaté des conditions problématiques
dans les installations d’engraissement de
poulets et de dindes allemandes et que
leurs produits bon marché, contraires à
la protection des animaux, étaient livrés
également en Suisse.
6.2 Information et conseil
Pour la protection des animaux, cela a
rapidement été clair: la détention respectueuse
des animaux ne tombe pas
du ciel et peut poser des problèmes tant
aux animaux qu’à l’être humain. Il s’agit
d’autres problèmes par rapport à la détention
d’animaux conventionnelle. La PSA
publie donc des brochures depuis le début
des années 1990, entre autres quant
à la détention de poulets et de porcs, à la
sélection, à la manière d’éviter des accidents
avec des animaux de rente ou au
sujet du confort des animaux. Elle publie
également des séries de feuilles d’informations
quant à des formes de stabulations
économiquement avantageuses et
respectueuses des animaux, ainsi que des
dépliants montrant l’aménagement de
PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA
sorties et de pâturages. Depuis lors, nous la fin des années 1980, la PSA a parti-
avons pu proposer quelque 500 000 exemcipé à créer les installations d’engraisseplaires
de nos publications aux milieux ment en liberté avec des animaux de races
intéressés.
à croissance lente, auparavant inconnues
La PSA n’a pas craint de s’adresser à en Suisse.
des professionnels (paysans, vétérinaires Il y a 25 ans, on ne pouvait pas se
et scientifiques) pour élaborer des direc- baser sur des résultats scientifiques pour
tives quant à la détention et au transport beaucoup de problèmes pratiques de la
respectueux des animaux et à la manière détention d’animaux labellisés, si bien
d’abattre des bovins, des porcs et des pou- qu’il fallait développer des solutions avec
lets avec ménagement. De plus, elle a ins- les paysans et les consultants, tant pour
titué un service de conseil sur la déten- aménager des pâturages à poulets, pour
tion d’animaux de rente conforme aux détenir les porcs en liberté ou pour lo-
espèces. Ce dernier a la tâche de renseiger de jeunes animaux dans des stabulagner
les agriculteurs quant aux formes tions froides. La PSA a permis de clarifier
de détention respectueuses des animaux de nombreux thèmes concernant les ani-
et d’expliquer aux consommateurs l’inmaux de rente d’un point de vue scientifluence
des achats sur la manière de défique, par exemple l’élevage des porcs en
tenir les animaux. Les expériences avec liberté, le comportement des dindes et des
ce service ont permis à la PSA d’en dé- poulets d’engraissement en liberté ou le
velopper d’autres, au sujet des animaux rôle des caillebotis dans l’élevage porcin
de compagnie, des animaux sauvages et et bovin du point de vue de la protection
des animaux de laboratoire, ainsi qu’un des animaux. Ce savoir-faire a pu être mis
conseil vétérinaire. Elle a également en pratique dans le cadre des programmes
fondé un service de contrôle pour la dé- de labellisation.
tention des animaux de rente conforme La détention d’animaux labellisés a
aux espèces.
également été le déclencheur dans la re-
La détention d’animaux labellisés a cherche des méthodes d’anesthésie pra-
parfois demandé des réformes dans les exticables lors de la castration des porceploitations
et de nouvelles formes de stalets, et des améliorations dans le transbulations.
Au milieu des années 1980, la port d’animaux et dans les abattoirs. La
PSA, en collaboration avec les détenteurs PSA participe à la «Communauté d’inté-
de volaille intéressés, a développé l’aire à rêts pour des transports d’animaux et des
climat extérieur pour enrichir l’élevage de abattoirs conformes à la protection des
poulets en liberté. Cet aménagement per- animaux» depuis sa fondation, en 1993,
met aux poulets de sortir dans un espace en mettant à disposition ses spécialistes
protégé même par mauvais temps ou en pour la formation des chauffeurs et des
hiver, afin de jouir de l’air frais, de la lumière
et du climat naturels.
Ces «espace de sortie
par mauvais temps»
sont désormais le standard
dans les détentions
de poules pondeuses et
de poulets d’engraissement
en Suisse et commencent
à prendre pied
collaborateurs dans les abattoirs.
également à l’étranger.
Suite à un voyage
d’études en France avec De nombreuses Feuilles d’information de
des professionnels de
l’élevage de volaille, à
la PSA peuvent être téléchargées depuis
www.protection-animaux.com
FEUILLE D’INFORMATION PSA
StabulationS économiqueS et reSpectueuSeS de la vie animale tKS 1.11
Taureaux reproducteurs dans
des boxes à 3 aires
«Détenir des taureaux reproducteurs n’a rien à voir avec une garde de taureaux à l’engrais», explique
l’agriculteur Samuel Herrmann du Forenhof d’Altikon (ZH).
Samuel Herrmann détient entre 70 et 90 taureaux reproducteurs pour Swissgenetics. Les taureaux
de la station d’IA de Mülligen (AG) arrivent dans sa ferme à l’âge de 14 à 18 mois. A Mülligen, les
semences qui seront utilisées ont été prélevées. Jusqu’à ce que les taureaux soient testés sur la
base de leur descendance, ils restent en quelque sorte en attente dans l’exploitation, pendant
quatre bonnes années en moyenne. Aujourd’hui, le Forenhof détient ses taureaux reproducteurs en
groupes essentiellement alors qu’ils étaient précédemment souvent détenus individuellement dans
un box.
Les taureaux reproducteurs sont logés dans une simple stabulation à front ouvert.
Les taureaux ont besoin de beaucoup d’espace
Il pourrait aussi s’agir d’une stabulation à front ouvert pour des bovins d’élevage, des vaches allaitantes
ou des taureaux à l’engrais: il comporte un couloir central avec, de chaque côté, une aire
d’exercice non couverte et une surface de repos couverte. Mais les animaux profitent de davantage
d’espace que des taureaux à l’engrais. Les grands et puissants taureaux ont besoin d’espace pour
pouvoir s’éviter les uns les autres. Dans les boxes à trois aires du Forenhof, 6 taureaux sont systématiquement
côté à côte. Chacun des 14 boxes est subdivisé en une surface de repos sur plan
incliné à l’arrière, une aire d’exercice non couverte et une aire d’alimentation couverte. Les boxes
ont 13 m de profond et 5 de large; chaque animal a donc 11 m2 en tout à sa disposition, 4,5 m2 de plus que ne l’exige l’ordonnance sur la protection des animaux pour de lourds taureaux reproducteurs.
Il y a 6,25 m2 /animal de surface de repos, 2,50 m2 /animal d’aire d’exercice non couverte
et 2,25 m2 /animal d’aire d’alimentation couverte.
FEUILLE FEUILLE D’INFORMATION D’INFORMATION PSA PSA
StabulationS Stabulation économiqueS et reSpectueuSeS de la vie animale tKS 1.1
Construction Construction Construction d’une d’une d’une aire aire aire
d’alimentation d’alimentation d’alimentation d’alimentation annexée annexée annexée annexée à à à à une une une une étab- étab étab- étab
le le le le existante existante existante existante pour pour pour pour vaches vaches vaches vaches laitières laitières laitières laitières
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vail. vail.
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mique mique mique et et et et les les les les animaux animaux animaux animaux devaient devaient devaient devaient s’y s’y s’y s’y sentir sentir sentir sentir à à à à l’aise. l’aise. l’aise. l’aise.
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ments ments ments ments agricoles agricoles agricoles agricoles construisaient construisaient construisaient construisaient d’autres d’autres d’autres d’autres étables», étables», étables», étables»,
constate constate constate constate Roland Roland Roland Roland Werner. Werner. Werner. Werner. Par Par Par Par là, là, là, là, il il il il Au entend entend entend entend lieu de des des des des détenir les lapins en cages, on peut leur aménager une stabulation sur le modèle d’une
étables étables étables étables fermées fermées fermées fermées où où où où tout tout tout tout était était était était placé placé placé placé maison sous sous sous sous comportant un un un un plusieurs étages et chambres. Ce mode de garde permet aussi un engraissement
même même même même toit. toit. toit. toit. Werner Werner Werner Werner voulait voulait voulait voulait toutefois toutefois toutefois toutefois construire construire construire construire Le Le nouveau nouveau couloir couloir d’alimentation.
d’alimentation.
rentable comme l’ont démontré des pionniers suisses en la matière.
«Le lapin est un animal exigeant. Plus on a de connaissances à son sujet, plus nous serons
conscients du peu de choses que nous savons», lance Felix Näf pour expliquer ce qui le fascine
tant dans ces animaux laineux et bondissants. A la ferme de ses parents, il élevait déjà près de
200 lapins quand il était enfant. Il a fait de ce hobby précoce une branche d’exploitation jouissant
de bonnes perspectives d’avenir et collabore avec des paysans de la région dans ce secteur.
1
FEUILLE D’INFORMATION PSA
StabulationS économiqueS et reSpectueuSeS de la vie animale tKS 7.2
Garde de lapins d’engraissement
en groupes
Piètres conditions de garde à l’étranger
11
Dès 1999 déjà, le grand distributeur Coop a misé sur la viande de lapin issue de garde respectueuse
des animaux. La demande s’est amplifiée lorsque les grands distributeurs suisses se sont
imposé un arrêt volontaire des importations de viande de lapin à la fin 2008. Ce sont les mauvaises
conditions de garde en France et dans les Etats de l’Est qui furent à l’origine de cette décision.
Livrer aux grands distributeurs suffisamment de viande issue de garde respectueuse des animaux
est une chance et un défi pour la détention agricole de lapins pratiquée en Suisse.
33
1

6.3 Le commerce de détail
mise sur des produits de détentions
respectueuses des
animaux
Lorsque KAGfreiland et la Protection
Suisse des Animaux PSA ont commencé à
commercialiser des œufs suisses de poules
élevées au sol et en liberté, dans les années
1970, personne n’aurait prédit un
développement pareil des produits issus
de détentions respectueuses des animaux.
Au début des années 1990, les «experts»
prédisaient un chiffre d’affaires de 2 à 5 %
et la plupart des fonctionnaires de l’agriculture
étaient très sceptiques à l’égard
de ces produits. Certaines associations
paysannes ont diffamé les programmes
de labellisation en faveur de la protection
des animaux, bien que ceux-ci permettent
la survie de milliers de paysans,
améliorent l’image des paysans suisses et
de leur contact avec les animaux d’une
manière générale, intéressent des millions
de consommateurs et génèrent annuellement
plus de 2,5 milliards de francs de
chiffre d’affaires.
La demande de produits issus de détentions
respectueuses des animaux par
les consommateurs et des commerçants
de détail, notamment l’encouragement
des formes de détentions particulièrement
respectueuses des animaux par les
paiements directs spécifiques, détermine
le bien-être des animaux dans les étables
suisses au même titre que la législation
en matière de protection des animaux et
que la politique agricole. La condition de
la PSA pour un label crédible quant au
respect des animaux stipule que soient
satisfaites au moins les prescriptions du
programme fédéral SST (systèmes de stabulation
particulièrement respectueux des
animaux) et SRPA (sorties régulières en
plein air).
Les grands distributeurs Coop et Migros
ont été des moteurs importants du
développement des labels. Leur engagement
a permis que les œufs de poules
en liberté et la viande labellisée passent
du statut de produits de niche à celui de
produits standards au tournant du millénaire.
Dans les années 1990, Coop a placé
34
les labels les plus conséquents et les plus
connus actuellement, grâce à «Naturaplan»
(bio) et «Naturafarm» (détention respectueuse
des animaux). Migros a changé
plusieurs fois les dénominations des labels
et leurs exigences, mais a désormais
trouvé sa place, sa constance et sa crédibilité
grâce à «TerraSuisse» et à la collaboration
avec les paysans IP. La viande
de veau labellisée de Coop (Naturafarm)
pose des exigences nettement plus hautes
que celle de Migros (TerraSuisse): Coop
exige la sortie en plein air ou la détention
de vaches mères, tandis que Migros
vend de la viande de veau labellisée sans
qu’il soit obligatoire de faire sortir les animaux.
Elle demande donc à peine plus que
les prescriptions légales suisses en matière
de protection des animaux. La viande de
bœuf de Coop se base sur la détention des
vaches mères (Naturabeef), exemplaire.
Migros souhaite poser les mêmes exigences,
par le programme de bovins au
pâturage lancé en 2010. Les proportions
de viande de bœuf et de porc labellisées
de Migros sont plus élevées que celle de
Coop. Cette dernière présente les proportions
les plus élevées dans l’assortiment
d’œufs labellisés (œufs suisses bio et de
poules en liberté ou avec la possibilité de
sortir: 57 %) et la part la plus faible d’œufs
importés: 10 %. Par contre, chez Migros,
la part d’œufs suisses labellisés bio et de
poules en liberté ou avec la possibilité de
sortir est de 41 %. La part d’œufs importés
y est de 22 %.
Au cours des dernières années,
l’exemple des grands distributeurs et la
demande plus importante de produits provenant
de détentions respectueuses des
animaux ont motivé d’autres commerces
de détail à proposer davantage de produits
labellisés. Par exemple, Manor, Volg
et Spar. Même les nouveaux venus d’Allemagne,
Aldi et Lidl, semblent désormais
convaincus d’élargir leur assortiment de
cette façon.
6.4 Une gastronomie
hésitante
La plupart des quelque 20 000 restaurants,
cantines du personnel et fast-foods
de Suisse utilisent peu de produits issus
de détentions respectueuses des animaux.
Ils proposent plutôt de la viande suisse
conventionnelle ou, encore plus souvent,
de la viande et des œufs importés. Souvent,
les tenanciers ne sont pas correctement
informés quant aux conditions
de détentions des animaux et aux labels
suisses et étrangers. Cette constatation,
qui fait l’effet d’une douche froide, est le
bilan d’une enquête menée par la Protection
Suisse des Animaux PSA en 2008.
En 2011, la PSA a écrit à quelque trois
cents restaurants renommés et gastronomiques
dans toute la Suisse, pour demander
des renseignements quant à leur
utilisation de viande suisse labellisée et
d’œufs de poules en liberté. À la question
de l’approvisionnement en viande, œufs
et fromages, ces restaurants mentionnent
la qualité comme premier critère, suivie
par la provenance (Suisse) et le bien-être
des animaux. Du point de vue de la protection
des animaux, il est réconfortant
de constater que, par la suite, la part de
viande bio a augmenté à 38 %, celle de
fromages bio à 26 % et celle d’œufs de
poules en liberté à 24 %. La viande labellisée
aurait une part plus importante dans
les restaurants gastronomiques, si elle
était plus facile à se procurer (29 %), si
elle était de meilleure qualité par rapport
à la viande conventionnelle (28 %), si elle
était plus avantageuse (24 %) et si la clientèle
en demandait davantage (19 %). La
part de clients qui, pour une offre comparable,
choisiraient des menus respectueux
des animaux et plus chers a été estimée
à 52 % en moyenne. Selon les établissements
gastronomiques, il y a donc un potentiel
considérable parmi la clientèle, en
ce qui concerne les produits respectueux
des animaux; étonnamment, ce potentiel
n’est pas exploité.
PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA

7. Des importations conformes
à la protection des animaux
La PSA est d’avis que, du point de vue
historique, le démantèlement des douanes
et l’extension du libre-échange des biens,
marchandises et services ont apporté un
plus au progrès économique, au développement
et au bien-être. En tant que petit
pays dépourvu de ressources, la Suisse a
toujours encouragé ce développement et
en a profité. Par contre, la PSA est d’avis
que les conséquences positives du libre
commerce sont à rapporter premièrement
aux biens et aux services des secteurs secondaires
et tertiaires, et qu’elles ne reposent
que de façon très limitée, voire pas
du tout, sur le commerce mondial de denrées
alimentaires et de matières premières.
En effet, jusqu’à présent, il s’est avéré que
le libre-échange a créé plus de perdants
que de gagnants, entraînant avec soi des
dépendances non souhaitées et ouvrant
les portes à la spéculation alimentaire.
Il en résulte notamment des différences
fondamentales en ce qui concerne
les conditions et les lieux de production
agricoles et des secteurs secondaires et
tertiaires. Contrairement à une fabrique
ou à une entreprise de services, on ne
peut pas faire surgir de terre des champs
PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA
ou des détentions d’animaux, d’une année
à l’autre. De plus, les facteurs qui ne
peuvent pas être influencés par l’être humain
(climat, météo, qualité du sol, apparition
d’épizooties et zoonoses, etc.) ont
un rôle important dans la production alimentaire.
Un paysan est lié à sa terre, tandis
que les entreprises peuvent s’implanter
(presque) où elles veulent.
7.1 Les possibilités légales et
de l’économie privée
La face brutale du libre-échange des
denrées alimentaires se montre dans le
manque de garde-fous au niveau social,
écologique et de la protection des animaux.
En conséquence de cela, des produits
importés se heurtant à la protection
des animaux se ruent de plus en plus sur
le marché suisse. Notre pays importe annuellement
110 000 tonnes de viande –
presque un quart de la demande interne
– dont, par exemple 45 000 tonnes de
poulets et de dindes, la plupart du temps
produits dans des types de détention interdits
en Suisse. Certes, le législateur a
créé des instruments pour lutter contre ces
abus, mais le Conseil fédéral les applique
à peine, par crainte de répercussions de
l’étranger:
«Dans le respect des engagements internationaux,
le Conseil fédéral édicte des
dispositions relatives à la déclaration des
produits issus de modes de production interdits
en Suisse; il relève les droits de
douane de ces produits ou en interdit l’importation.
Sont interdits au sens de l’al. 1
les modes de production qui ne sont pas
conformes à la protection de la vie ou de
la santé des être humains, des animaux ou
des végétaux ou à la protection de l’environnement.»
(Art. 18 de la Loi fédérale sur l’agriculture)
La PSA est d’avis que chaque pays doit
avoir la possibilité d’assurer la contribution
la plus haute possible à l’alimentation
de sa population, dans le respect de l’écologie
et de la protection des animaux. Les
importations devraient se limiter d’abord
à compléter l’offre interne et l’approvisionnement,
par exemple là où ce dernier
présente des carences à cause des conditions
climatiques ou d’autres facteurs. La
protection des animaux s’arrête à la fron-
35

tière. La PSA s’engage donc pour des importations
conformes à la protection des
animaux. Dans le cas contraire, la Suisse
soutiendrait et encouragerait des pratiques
contraires à la protection des animaux,
des détentions d’animaux en masse
et des transports cruels à l’étranger. En
même temps, elle concurrencerait les efforts
que l’on fait dans notre pays en faveur
de la protection des animaux.
La PSA ne souhaite pas prescrire des
menus, des listes de commissions ni interdire
une consommation modérée de
viande. Cependant, elle s’engage afin
que les animaux soient détenus conformément
à leur espèce et qu’ils soient
transportés et abattus avec ménagement,
puisqu’ils sont utilisés à des fins alimentaires
et donnent leur vie pour cela. Ce
principe vaut pour les animaux en Suisse
et à l’étranger. Les consommateurs profitent
également des standards écologiques
et en matière de protection des
animaux au niveau du commerce international.
En effet, ils sont régulièrement
confrontés à la peu réjouissante réalité de
certains produits importés, issus de détentions
d’animaux en masse, souvent problématiques
du point de vue de la sécurité
et de la qualité. Les détentions d’animaux
36
à caractère paysan dans les pays exportateurs
en profitent également.
La PSA a montré comment cela
marche avec l’exemple des œufs. En
Suisse, depuis 1991, on ne trouve plus
que des œufs d’élevages au sol ou en liberté,
mais l’importation d’œufs de poules
détenues en cages en batterie est encore
légale. Cela est incompréhensible. Déjà
au milieu des années 1990, les milieux
de la protection des animaux ont pu
convaincre les grands distributeurs Migros
et Coop à renoncer à importer des
œufs produits en batterie. Par la suite,
tous les commerçants de détail ont suivi
cet exemple. Cependant, l’importation
d’œufs de poules en batterie a continué
sur une large échelle comme auparavant,
sous la forme de produits à base d’œufs,
comme les œufs liquides utilisées dans les
produits élaborés. On peut donc partir du
principe que, jusqu’en 2010, on a encore
importé annuellement 40 à 80 millions
d’œufs de poules en batterie en Suisse. En
2011, la Protection Suisse des Animaux
PSA a conclu une convention avec 26 entreprises,
parmi lesquelles tous les grands
importateurs et le géant de la branche
Lüchinger + Schmid SA. Ces entreprises
s’engagent à ne plus importer d’œufs ni
Dans l’UE, la détention
en cage est encore très
répandue
de produits à base d’œufs produits en batterie,
à l’avenir.
Dans les magasins, heureusement, la
majorité écrasante des consommateurs
achète des œufs suisses. Cependant, l’importation
d’œufs est toujours de quelque
770 millions d’œufs par année. Les raisons
de cette augmentation résident dans
la branche de la gastronomie, dans les
boulangeries-pâtisseries et dans les fabricants
de produits à base d’œufs et de repas
prêts à être consommés, où malheureusement
le prix est encore trop souvent plus
important que la qualité suisse et le bienêtre
des animaux.
La PSA compte beaucoup sur ces
conventions, car l’interdiction de produire
des œufs en batterie au sein de l’UE,
prévue pour 2012, ne sera pas appliquée.
Quelque 60 à 80 millions de poules pondeuses,
soit environ 20 % de l’effectif
européen, continueront à végéter dans
ce système de détention cruel. Des pays
comme l’Espagne, le Portugal, la Grèce,
la République Tchèque et la Pologne sont
à la traîne dans l’exécution de cette interdiction.
Il est encore plus important de savoir
que l’UE admettra des solutions alternatives
contraires à la protection des animaux,
telles que les détentions de poules
en petits groupes. Cette forme de détention
correspond, à quelques retouches
alibi près, à la cage en batterie traditionnelle
(cf. photo). La Suisse a testé ces systèmes
dans les années 1990 du point de
vue pratique et de la conformité à la protection
des animaux et les avait interdits,
à juste titre.
7.2 Les différences dans
l’importance du bien-être des
animaux en Suisse et dans
l’UE
Les trois différences suivantes sont particulièrement
intéressantes:
1. La législation suisse prévoit des prescriptions
concrètes et détaillées et des critères
minimaux pour tous les animaux de
rente; par contre, dans l’UE, il manque des
directives, entre autres, quant à la détention
des vaches, des bovins d’engraisse-
PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA

ment, des dindes, des autruches et d’autres
espèces de volaille (hormis les poulets),
des moutons, des chèvres et des chevaux.
Dans l’UE, des millions d’animaux
de rente sont donc sans protection légale.
2. L’UE ne prescrit aucun examen quant
à la protection des animaux. Par contre,
en Suisse, les systèmes de détention et les
aménagements pour étables doivent être
testés et autorisés quant à leur conformité
en matière de protection des animaux et
d’aptitude avant d’être commercialisés.
Tout le monde en profite: les paysans qui
les achètent et, bien sûr, les animaux qui
y sont détenus.
3. En Suisse, la plupart des interventions
douloureuses est interdite, tandis que
dans l’UE, par exemple, on peut castrer
les jeunes taurillons, boucs, porcelets etc.
sans anesthésie. En Suisse, les pratiques
consistant à rogner le bec de la volaille et
à couper la queue aux animaux, ainsi qu’à
arracher les dents aux porcelets, sont en
partie autorisées mais fortement limitées.
Tant les cinq directives de l’UE concernant
la protection des animaux de rente
(protection des animaux dans les élevages;
protection des veaux, des porcs,
des poules pondeuses, des poulets d’engraissement)
que la nouvelle législation
suisse en matière de protection des animaux
n’établissent pas de standards pour
une protection optimale. Elles se bornent
à définir, par des prescriptions concrètes
la limite de la cruauté envers les animaux.
Ceux qui ne satisfont pas ces exigences
sont amendables, mais ceux qui les satisfont
ne détiennent pas encore leurs animaux
dans des conditions de détentions
respectueuses. D’une manière générale, il
faut admettre qu’en Suisse, la limite à la
souffrance des animaux est définie de façon
plus restrictive, ce qui signifie que les
prescriptions minimales suisses, dans leur
ensemble, apportent davantage aux animaux.
PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA
Ci-après, nous indiquons les différences
principales entre les prescriptions suisses
et européennes en matière de protection
des animaux:
Vaches, bovins d’engraissement,
dindes, autruches et autres espèces
de volaille (hormis les poulets), moutons,
chèvres et chevaux: en Suisse, il
y a des prescriptions concrètes et détaillées;
par contre, dans l’UE, des directives
contraignantes manquent.
Veaux: en Suisse, les veaux doivent être
détenus en groupes dès l’âge de deux semaines;
dans l’UE, dès l’âge de huit semaines.
Dans l’UE, la détention en groupes
n’est prévue que pour les grandes détentions,
tandis que les petites exploitations
avec 6 veaux au maximum peuvent
continuer à les détenir seuls; en Suisse,
les igloos individuels avec possibilité de
sortir sont admis. Les places de repos couvertes
de litière ne sont prescrites qu’en
Suisse. Dans l’UE, les veaux peuvent être
détenus sur caillebotis.
Porcs: dans l’UE, les cages à porcelets
à plusieurs étages sont admises, tandis
qu’elles sont interdites en Suisse. Il en va
de même pour la castration sans anesthésie.
En Suisse, dès 2018, les porcs d’engraissement
auront plus de place: 0,9 m2 au lieu de 0,65 m2 (la surface dont ils disposent
dans l’UE). La litière n’est prescrite
ni en Suisse ni dans l’UE. Les truies vivent
dans de meilleures conditions en Suisse.
Dans l’UE, les truies allaitantes ou en gestation
peuvent être isolées durant 4 semaines
après la fertilisation. En Suisse, les
truies allaitantes peuvent se mouvoir librement
et celles qui sont en gestation ne
peuvent être isolées que pendant 10 jours
au maximum. En Suisse, il est interdit de
couper la queue et d’arracher les dents aux
porcelets, tandis que cela se fait dans l’UE
(certes, pas de façon routinière, mais dans
des cas motivés).
Poules pondeuses: dans l’UE, la litière
pour que les poules puissent gratter, picorer
et prendre des bains de poussière
n’est pas prescrite, tandis qu’elle est obligatoire
en Suisse. En Suisse, il est interdit
de couper le bec, tandis que cela est
admis dans l’UE. Des cages aménagées et
des grandes cages sont toujours admises
dans l’UE, malgré que la détention en batterie
soit interdite depuis 2012; les œufs
issus de ces détentions doivent être déclarés
comme «œufs de cage». En Suisse,
ces formes de détention ont été utilisées
et sont interdites parce qu’elles se sont
avérées contraires à la protection des animaux.
Poulets d’engraissement: en Suisse,
la lumière du jour et au moins 8 heures
d’obscurité sont obligatoires, tandis que
dans l’UE les poulaillers peuvent être
éclairés artificiellement et soumis à des
programmes alternant lumière et obscurité.
En Suisse, les surfaces surélevées pour
se retirer et se reposer sont prescrites, tandis
que dans l’UE, les poulets d’engraissement
doivent se reposer sur le sol crotté du
poulailler. La densité maximale est de 30
kg/m2 , en Suisse, mais de 42 kg/m2 dans
l’UE; selon les prescriptions européennes
un éleveur suisse pourrait augmenter son
effectif d’une fois et demie.
Dans l’UE, les porcs vivent
beaucoup plus «salement»
37

En conclusion: bien que la législation
suisse en matière de protection des animaux
ne contienne que le strict minimum
et des prescriptions qui définissent la limite
de la cruauté envers les animaux, sans
en garantir la détention respectueuse, les
animaux de rente suisse sont mieux protégés
légalement - avec plusieurs importantes
exceptions - que leurs congénères
européens. D’une part, la Suisse stipule
des prescriptions concrètes et détaillées
pour tous les animaux de rente; d’autre
part, les prescriptions suisses sont plus
38
La Suisse est à la pointe dans toute
l’Europe en matière de formes de détention
respectueuses des animaux
sévères que les européennes (lorsque ces
dernières existent: par exemple celles qui
concernent les veaux, les porcs, les poules
pondeuses, les poulets d’engraissement).
Les standards de protection des animaux
de rente d’un pays se définissent en
premier lieu par sa législation. Cependant,
l’exemple de la Suisse montre que la demande
du marché (viande labellisée, œufs
de poules en liberté) et les programmes
étatiques d’encouragement contribuent
grandement à affiner et influencer la pratique
de la détention d’animaux en faveur
Diffusion des formes de détention particulièrement respectueuses des animaux
de standards qui dépassent les prescriptions
légales minimales.
En 2009, la PSA a donc mené une enquête,
dans les pays de l’UE, au sujet des
formes de détention particulièrement respectueuses
des animaux (pâturage; détention
avec possibilité de sortir et élevage en
liberté; élevages bio). Nous avons approché
des organisations nationales d’agriculture
biologique et de labellisation, des
autorités agricoles, des scientifiques et des
organisations de protection de animaux,
les priant d’évaluer la diffusion des pâturages
et des sorties des bovins, des porcs
et des poulets. L’Institut de recherche de
l’agriculture biologique (FiBL) a également
fourni des renseignements importants
quant à la détention d’animaux biologiques
dans les pays de l’UE. Ensuite, les
20 résultats évaluables, provenant de 9
pays de l’UE, ont été comparés à la diffusion
des formes de détention SST et SRPA
en Suisse, comme les renseignements du
FiBL et ceux de dix organisations biologiques
nationales quant à la diffusion de
l’élevage bio dans l’UE et dans les États
membres de l’UE.
Il en ressort que la Suisse est à la pointe
ou qu’elle partage la première place en ce
qui concerne la détention respectueuse
des animaux, pratiquement pour toutes
les espèces considérées. La Suisse est de
loin le pays d’Europe qui présente la plus
grande quantité de formes de détention
respectueuses des animaux.
CH A NL F S D FIN GB DK B IRL PL EST
Pâturage des vaches vaches laitières 80 80 20-40 20-40 60-80 60-80 10 10 80* 20-40 20-40 60-80* 80 80 40-60 40-60 80 80 60-80 60-80 60-80 60-80 20-40
Sorties Sorties bétail à l’engraissement 50 5-10 80 10 80* 5-10 60-80* 60-80* 60-80 80 10-20 60-80 40-60 60-80
Sorties truies portantes 66

8. Ce qu’il reste à faire pour le bien-être
des animaux en Suisse
8.1 Généralités
Comparée aux législations précédentes en
matière de protection des animaux, celle
de 2008 a apporté des améliorations en
faveur des animaux de rente. La Suisse
garantit donc un niveau de protection
des animaux plus élevé que les pays européens.
Toutefois, il faut considérer que
les prescriptions et les stricts minimums
concernant par exemple la demande d’espace,
ne garantissent pas une détention
d’animaux optimale. Elles définissent
simplement les limites de la cruauté envers
les animaux qui peuvent être officiellement
poursuivies et sanctionnées.
Rétrospectivement, la combinaison
des programmes de labellisation et des
paiements directs spécifiques aptes à encourager
les formes de détention particulièrement
respectueuses des animaux,
ont apporté davantage au bien-être des
animaux que les prescriptions légales,
constamment combattues par les paysans
et les milieux de la protection des animaux.
Les améliorations dans le bien-être
animal, sont clairement dues au marché
et aux mesures de la politique agricole
susmentionnées. On pense, en particulier,
PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA
au fait qu’aujourd’hui, de plus en plus de
vaches, de porcs et de poulets peuvent
sortir à l’air libre, ce qui était encore impensable
à la fin des années 1980.
Les paysans suisses et les branches
annexes, y compris la gastronomie et
les commerces de détail, tirent profit des
améliorations dans la protection des animaux.
L’image des paysans et des produits
de provenance animale qu’ils commercialisent
jouissent fortement de la faveur
des consommateurs et des contribuables.
L’argument de qualité «bien-être des animaux»
est toujours décisif pour que les
acheteurs acceptent les prix élevés des
produits suisses.
Maintenant, une grande partie des
gens croient, à tort, que les détentions
animales labellisées sont la règle en
Suisse et que le dresse-vaches, la détention
des vaches à l’attache et la détention
des bovins et des porcs d’engraissement
dans des stabulations étroites, sans
litière et sans la possibilité de sorties en
plein air, sont des pratiques interdites depuis
longtemps. Une enquête que la PSA
a mené en 2008 montre que plus de 90
% des personnes interrogées considèrent
qu’il faut interdire de détenir des porcs
d’engraissement de 100 kilogrammes sur
une surface de moins d’un mètre carré,
sans litière et sans la possibilité de sortir.
De la même façon, 86 % des personnes
interrogées sont de ce même avis quant à
la détention des bovins d’engraissement
de 500 kilogrammes sur moins de quatre
mètres carrés, dans les mêmes conditions
que les porcs. 90 % des personnes interrogées
souhaitent interdire que les vaches
laitières soient détenues à l’attache durant
270 jours par année. 89 % d’entre
elles sont pour l’interdiction du dressevaches
électrifié dans les étables à vaches
laitières.
La réalité est tout autre: les formes de
détentions susmentionnées, rejetées par
l’opinion publique, sont légales en Suisse.
Dans notre pays, des millions d’animaux
de rente ne peuvent toujours pas sortir
régulièrement à l’air libre et ne disposent
pas de stabulations respectueuses des animaux!
39

8.2 Les problèmes de
protection des animaux chez
les bovins
Veaux
Pas de possibilités de sortir et pratiquement
aucune détention au pâturage:
la plupart des veaux – carrément 9
animaux sur 10 dans l’engraissement – ne
peuvent pas sortir à l’air libre, bien que le
mouvement, l’air frais et le soleil fassent
du bien aux jeunes animaux et qu’il soit
avéré que les veaux qui peuvent sortir à
l’air libre sont plus sains et demandent
moins de soins médicaux. À l’exception
de la détention de vaches mères, on ne
trouve pratiquement plus de veaux au pâturage,
bien que cette forme de détention
soit la plus naturelle pour les bovins.
Aucun contact social: la détention individuelle
dans des igloos d’à peine 3 mètres
carrés de surface au sol constitue l’exception
légale à la détention en groupes, recommandée.
Elle apporte quelques avantages
sanitaires en faveur des veaux,
par rapport à la détention permanente à
l’étable: de l’air frais, du soleil et moins
de poussières, de gaz nocifs et de germes
dans l’air. Toutefois, le contact social inné
et le besoin de mouvement sont impossibles.
Une proportion considérable des
veaux élevés en Suisse vit dans ce type
de détentions contraires à la protection
des animaux.
Impossible de jouer ni de courir: la détention
des veaux en groupes, fondamentalement
respectueuse de l’animal, met
une surface d’à peine 1,5 mètre carré par
animal, pour des veaux pouvant atteindre
160 kilogrammes. Ces animaux, très portés
sur le jeu et le mouvement, doivent
donc croître dans un espace extrêmement
limité.
Élevage sans mère: depuis cent ans,
partout où l’on élève des veaux de façon
professionnelle (en Suisse comme dans
l’UE, en Amérique du Nord et du Sud et
en Asie, à l’exception de la détention de
vaches mères), les veaux sont séparés de
40
leur mère à la naissance. La relation naturelle
entre la mère et sa progéniture ne
peut pas avoir lieu. Cela est effectué à
un moment où le lien individuel entre la
vache et le veau est encore relativement
faible, car la reconnaissance réciproque et
indubitable, olfactive, optique et visuelle
demande plusieurs jours. Si le veau est séparé
de la mère une semaine après la naissance,
les deux animaux montrent de plus
forts symptômes d’abandon, tels que l’agitation,
la recherche et l’appel de l’autre.
Alimentation erronée dans l’engraissement:
théoriquement, la législation
en matière de protection des animaux a
mis un terme à la production de viande
blanche de veau en 1981 déjà, en prescrivant
du fourrage grossier et du fer en
suffisance et en interdisant d’administrer
des rations provoquant l’anémie. Cependant,
on continue à alimenter les veaux
de façon erronée, afin de produire de la
viande la plus claire possible, avec des
conséquences négatives sur la santé de
l’animal.
Un moment problématique pour la
commercialisation: les marchands
achètent les veaux destinés à l’engraissement
à un âge où les animaux sont en
train de terminer la protection contre les
maladies, acquise à travers le lait maternel,
mais n’ont pas encore fini de développer
leur propre système immunitaire (»lacune
immunitaire»). À cela s’ajoutent la
promiscuité entre animaux provenant de
plusieurs exploitations, la détention dans
des espaces parfois réduits, sans possibilité
de sortir à l’air libre et l’alimentation erronée.
Tout cela contribue à susciter l’administration
d’antibiotiques, souvent disproportionnée,
aux veaux d’engraissement.
Abattage après la naissance: les veaux
issus des élevages laitiers à haute performance
ne se prêtent pas à être engraissés,
car ils ne produisent pas assez de viande.
Ce ne sera plus qu’une question de temps,
avant que même en Suisse, une partie des
descendants des vaches laitières à haute
performance, notamment les mâles, ne
soient tués juste après leur naissance. Cela
se produit déjà en Nouvelle-Zélande et, en
partie, en Irlande et en Italie, et est pratique
courante au niveau mondial pour
une autre espèce animale, notamment
les poulets mâles des poules pondeuses à
haute performance.
Bovins d’élevage et
d’engraissement
Une qualité insuffisante de la litière:
au lieu de la litière, du sable ou d’autres
matériaux appropriés pour permettre aux
animaux de se coucher, l’emploi de tapis
en gomme dure est admis, bien que
ces structures ne correspondent pas aux
besoins des bovins et se salissent rapidement,
devenant glissantes. Des expériences
qui permettent aux animaux de
choisir montrent qu’ils évitent ces tapis,
préférant toujours la litière.
Presque aucune liberté de mouvements:
des animaux atteignant 500 kilogrammes
n’ont que 3 mètres carrés à disposition,
selon les prescriptions. Cela signifie
qu’on pourrait détenir 8 à 10 bovins
d’engraissement dans une pièce d’habitation
de taille moyenne! Cette place suffit
juste pour se coucher, mais pas pour se
mouvoir, comme le demandent les exigences
comportementales de cette espèce
animale. Dans cette étroitesse oppressante,
les jeunes animaux se dérangent constamment,
ceux qui sont couchés sont contraints
de se lever et les animaux de rang inférieur
sont évincés sans ménagement. Une partie
des bovins d’engraissement et, surtout de
ceux d’élevage, sont détenus à l’attache.
Ces animaux doivent rester attachés à la
mangeoire durant 275 jours par année et,
les 90 jours restants, ils ne peuvent se
mouvoir librement que pendant deux ou
trois heures par jour. On prive en permanence
ces animaux de la liberté de mouvement,
mais aussi du comportement social
naturel et des soins corporels.
Pas de sortie ni de pâturage: alors
qu’environ trois quarts des bovins d’élevage
peuvent sortir et se rendre au pâturage,
environ la moitié des bovins d’en-
PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA

graissement ne peuvent pas sortir à l’air
libre et passent leur vie dans des stabulations
étroites, jusqu’au jour où on les
conduit à l’abattoir.
Vaches
Un comportement social limité: la détention
de vaches mères est pratiquée en
Suisse depuis le début des années 1980.
Aujourd’hui on compte quelque 90 000
individus. Cette forme de détention satisfait
amplement le comportement social
des bovins. Par contre, quelque 600 000
vaches laitières doivent en partie supporter
des réserves considérables lors de
l’achat. D’une part, parce que 2 vaches sur
3 ne peuvent pas se mouvoir librement
dans un troupeau, étant donné qu’elles
sont détenues à l’attache, souvent aussi
sous le dresse-vaches électrifié. D’autre
part, parce que l’élevage des petits et, par
conséquent, la relation entre la mère et
le veau disparaît et que la sélection des
vaches pratiquée par l’être humain est
élevée. De nombreux animaux quittent
le troupeau précocement, en raison d’une
prestation défaillante ou de maladie. Les
relations d’amitiés qui, dans des conditions
naturelles, peuvent durer toute la
vie et se construisent essentiellement
entre mères et filles, sont constamment
rompues. De plus, la structure des âges
tend à maintenir artificiellement des animaux
jeunes, car les vaches actuelles à
haute performance s’épuisent rapidement.
En Suisse, elles ne produisent du lait que
pendant trois ans, en moyenne.
Presque pas de mouvement: 65 % des
vaches laitières sont détenues à l’attache,
où les mouvements sont, par définition,
limités. Environ 120 000 d’entre elles ne
peuvent pas sortir régulièrement en plein
air. Elles sont attachées à la crèche pendant
275 jours par année et, les 90 jours
restants, elles ne peuvent bouger que durant
deux à trois heures par jour. On prive
en permanence ces vaches de leur liberté
de mouvement, mais aussi du comportement
social naturel et des soins corporels.
L’espace vital qui leur est accordé ne mesure
que 110 centimètres sur 185.
PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA
Interdit seulement lors d’une
nouvelle construction: le dressevaches,
un instrument cruel
Le dresse-vaches: on estime que
quelque 300 000 vaches sont encore soumises
à ces «instruments de torture», bien
qu’une étude de l’Office vétérinaire fédéral
soit arrivée à la conclusion, il y a
quinze ans déjà, que cela n’est pas compatible
avec les principes de législation sur
la protection des animaux et qu’il s’agit,
par conséquent, d’une pratique cruelle.
Cependant, son emploi reste légal. Il est
juste interdit d’en poser dans une nouvelle
étable. Le dresse-vaches est un câble électrifié
qui passe au-dessus des animaux,
les forçant à reculer d’un pas au moment
où ils bombent le dos pour déféquer ou
pour uriner, afin que leur place se salisse
moins. La vie de ces vaches attachée, déjà
contraintes dans un espace étriqué, est limitée
ultérieurement et la fertilité des animaux
en souffre.
Écornage: la plupart des races de vaches
laitières détenues en Suisse (brunes et
tachetées) sont naturellement dotées de
cornes, comme chez la plupart des races
de chèvres laitières indigènes. Les races
génétiquement dépourvues de cornes sont
d’importantes productrices de viande, de
plus en plus présentes dans les détentions
de vaches mères. Aujourd’hui, plus de
90 % des bovins sont écornés très jeunes.
L’anesthésie est prescrite légalement et
contraignante, comme l’interdiction de
certaines pratiques d’écornage. Chez les
bovins et les chèvres, les cornes sont importantes
dans la communication, pour
établir les rangs et pour les soins corporels.
L’écornage est pratiqué pour faciliter
le travail des êtres humains (danger d’accidents)
ou pour adapter les animaux au
système de détention.
Haute performance laitière et alimentation
contraire à l’espèce: l’optimisation
de l’affourragement et des décennies
de croisements avec des races laitières
augmentent la production moyenne de
lait d’année en année. Aujourd’hui, une
vache à aptitude mixte, comme celles de
la race brune originale suisse, produit en
moyenne 6000 kilogrammes de lait par
année (lactation), tandis qu’un bovin des
lignées laitières sélectionnées Brown-
Swiss, soumis à des croisements importants,
en produit en moyenne 7000 kilogrammes.
L’augmentation la plus importante
dans la production laitière s’observe
chez les bovins Holstein: de 6400
à 7400 kilogrammes de 1991 à 2001 et à
8400 kilogrammes par lactation en 2010;
41

en Suisse, les animaux très performants
ne dépassent pas les 12 000 kilogrammes.
L’alimentation et la détention de ces
vaches à haute performance sont extrêmement
difficiles et posent des exigences
élevées de travail, stabulation et d’affourragement.
Si celles-ci ne sont pas satisfaites,
des maladies liées à la performance
s’accumulent rapidement, par exemple des
mastites, des maladies du métabolisme,
la boiterie et des troubles du comportement.
À cause de la performance laitière,
les vaches sont également plus grandes.
Par conséquent, les places dans les stabulations
à l’attache et dans les stabulations
libres sont souvent trop petites et les
agriculteurs doivent conclure des investissements
financiers considérables pour
les agrandir. À cause de leurs mamelles
disproportionnées, ces vaches peuvent à
peine se déplacer. Puisque la production
laitière, même avec les meilleurs fourrages
de base (foin, herbe, ensilage) ne dépasse
pas les 6000 à 7000 kilogrammes par année,
ces vaches à haute performance demandent
proportionnellement beaucoup
de fourrage concentré. En moyenne, les
vaches suisses reçoivent 650 kilogrammes
de fourrage concentré. Les bovins, des
herbivores idéaux et optimaux, sont trans-
42
Les erreurs de
la sélection
formés en cochons, du point de vue de
l’alimentation. Même le Conseil fédéral
ne se sent plus tout à fait à l’aise avec
ce développement. Dans son message au
sujet de la politique agricole 2014–2017,
il s’est exprimé comme suit: «En matière
d’alimentation des ruminants, la tendance
est à une utilisation accrue des aliments
concentrés. La production suisse de lait
et de viande risque ainsi de perdre à long
terme un avantage concurrentiel stratégique.
[…] La comparaison de systèmes
de Hohenrain montre que la production
de lait reposant sur une faible utilisation
d’aliments concentrés et une proportion
forte de pâturages obtient, pour la plupart
des indicateurs écologiques, de meilleurs
résultats par kilo de lait que la stabulation
qui recourt beaucoup aux aliments
concentrés.»
Moins de lactations: en raison d’une sélection
plus sévère pour atteindre des performances
laitières toujours plus élevées
et de l’apparition de maladies dues à la
performance, à la détention et à l’alimentation,
la quantité de lactations par vache
baisse constamment. Une vache brune
moyenne (tachetée/Holstein) n’atteint
plus que l’âge de 6,7 (6,2/6,3) ans et donne
4,1 (3,8/3,3) lactations, pour une performance
de 27 100 kilogrammes (26 000 kg/
26 400 kg) (2008) au cours de sa vie. À
titre de comparaison, il y a cinquante ans,
les vaches étaient utilisées en moyenne
pour 6 lactations, donc elles mettaient au
monde 6 veaux et on pouvait les traire
durant 6 ans. Aujourd’hui, il y a encore
quelques individus qui montrent le potentiel
qui se trouve dans chaque vache. La
vache «Morchel» de la famille Studach, à
Mörschwil, par exemple. En 2011, à sa 21e année de service elle avait produit 184 000
kilogrammes de lait. Ou «Jerry Adoravon»,
née en 1990, appartenant à la famille Eicher,
d’Engelburg. En 2011, elle avait produit
la quantité cumulée record de 168 000
kilogrammes de lait.
Les causes principales de décès chez
les vaches (race brune, 2008) sont la fertilité
défaillante (27 %), les maladies des
mamelles (21 %), les maladies des sabots
ou des membres (17 %), une performance
insuffisante (12 %), des accidents (6 %),
des troubles du métabolisme (5 %) et des
difficultés à vêler (5 %). Les autres causes
se montent à 7 %. En Allemagne voisine,
le taux moyen de lactation se trouve déjà
à 2,5 et dans les USA au-dessous de 2 lactations.
Cette tendance de la durée d’exploitation
à la baisse, due à un état sanitaire
défaillant, fait pression sur les coûts
et le rendement de la production laitière.
L’élevage à haute performance, unilatéral,
a comporté une certaine mentalité de gaspillage.
Chaque année, il faut élever davantage
de jeunes vaches et abattre davantage
d’individus âgés, puisque la durée
de l’utilisation diminue.
Expositions de bétail et styliste pour
animaux: ces rencontres traditionnelles
sont indissociables de la vie des éleveurs
et constituent une vitrine très appréciée
de l’élevage. Du point de vue de la protection
des animaux, il n’y a rien à redire
à cela. Par contre, certains excès, comme
le styling de plus en plus apprêté, le fait
de sceller les trayons, ainsi que l’administration
(illégale) d’analgésiques sont des
effets secondaires absolument douteux.
PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA

8.3 Les problèmes de
protection des animaux chez
les porcs
Porcelets sevrés
Sevrage précoce: dans la nature, la truie
et les porcelets restent ensemble durant
plusieurs mois, en relâchant petit à petit
la liaison, jusqu’à ce que la mère, peu
avant la naissance de la nouvelle portée,
ne veuille plus rien savoir de ses petits.
Dans les détentions, pour des raisons économiques,
la séparation intervient de façon
artificielle et abrupte, par l’être humain;
en Suisse, généralement lorsque les
porcelets ont cinq semaines, à l’étranger,
parfois déjà après deux ou trois semaines.
La relation naturelle entre mère et progéniture
cesse. Plus tôt on sèvre les porcelets,
plus difficile est leur élevage. Des erreurs
dans la détention ou dans l’alimentation
peuvent rapidement avoir des effets
négatifs sur leur santé et leur bien-être.
Pas de possibilité de sortir: seulement
un porcelet sevré sur vingt peut sortir en
liberté, bien que le mouvement, l’air frais
et le soleil fassent du bien aux jeunes animaux.
Du mouvement et des occupations en
insuffisance: on peut détenir trois porcelets
sur un mètre carré, sans que l’apport
de litière pour se coucher, fouiller,
s’occuper et mâcher soit obligatoire. Plus
d’un tiers des porcelets sont encore détenus
de cette façon restrictive. Ces limitations
massives à la liberté de mouvement
à un animal qui demande beaucoup d’occupation
peuvent causer des troubles du
comportement et des blessures.
Protection contre le froid lorsque l’animal
est couché: en hiver, les porcelets
sevrés peuvent souffrir du froid dans des
porcheries non protégées, ce qui s’observe
par le fait que les animaux se regroupent
en tas. Il leur faut donc une niche protégée
et bien dotée de litière.
PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA
Truies
Des exigences différentes en ce qui
concerne les températures et aucune
possibilité de sortir: contrairement aux
porcelets nouveaux-nés, qui apprécient la
chaleur et le confort, les truies allaitantes
souffrent lorsque les températures sont
élevées car, durant la production de lait,
leur corps se réchauffe considérablement.
Les exigences de la truie et de ses petits en
ce qui concerne la température diffèrent
de presque 15 degrés. Pourtant, ils doivent
vivre dans le même espace. Afin de les satisfaire
correctement et d’éviter le stress
thermique, il faut veiller à aménager des
niches chauffées pour les porcelets et faire
en sorte que la truie puisse sortir à l’air
libre. De plus, de cette façon, la stabulation
prévue pour l’allaitement reste plus
propre, car les porcs préfèrent aménager
leurs toilettes à l’extérieur. Cependant,
aujourd’hui seulement 6 % des truies allaitantes
peuvent sortir en plein air.
Des boxes pour s’alimenter contraires
à la protection des animaux: dans ce
genre de boxes, les truies en gestation
doivent se nourrir et se coucher dans le
même espace. Celui-ci n’est pas suffisamment
couvert de litière et oblige chaque
animal à rester couché à une place déterminée,
étriquée. L’espace est trop réduit
pour que l’animal puisse se mouvoir librement
et il n’y a aucune possibilité de sortir
en plein air. Les truies ne peuvent pas
s’éviter les unes les autres ou se retirer, par
exemple lors des combats pour établir les
rangs. On estime que 20 % des truies en
gestation sont encore détenues dans ces
conditions minimalistes.
Détention des truies non gravides
dans des caissons: cette forme de détention
n’est, certes, admise que pendant
un temps limité, entre une gestation et
la suivante. Cependant, durant ce temps,
le comportement de l’animal se limite à
s’alimenter, se coucher et se lever. La solution
alternative est la détention individuelle
dans une stabulation ou la détention
en groupes.
Les porcelets sont déjà
séparés de leur mère à
l’âge de cinq semaines
Pas assez de sorties et presque pas de
pâturage: un tiers des truies en gestation
sont détenues en permanence à l’étable et
n’ont pas de possibilité de sortir. Le pâturage
des porcs a pratiquement disparu,
bien que cela corresponde parfaitement à
la nature de cet animal. Les cochons profitent
bien de l’herbe fraîche. De plus, la
liberté de mouvement est très importante
pour la condition physique et, donc, pour
l’état sanitaire des truies, fortement sollicitées
par les grossesses et les naissances
régulières de portées nombreuses.
Des installations qui ne tiennent pas
compte du comportement: les porcs
ne transpirent pas, ils souffrent donc
des hautes températures estivales. La législation
sur la protection des animaux
exige qu’ils aient la possibilité de se rafraîchir.
Lorsqu’ils sont élevés en liberté,
ils peuvent se souiller, ce qui les rafraîchit
bien, et lorsqu’ils peuvent sortir, on
peut leur aménager une douche. Ils apprennent
rapidement à déclencher une
courte douche, par une pression du groin
sur un bouton. Puisque les porcs adultes
sont moins flexibles que les jeunes, leur
entretien corporel demande une structure
pour se frotter, se gratter le dos, les flancs
43

et l’arrière-train. Fouiller constitue l’une
des nécessités comportementales fondamentales
des porcs, mais cela leur est pratiquement
impossible en détention, excepté
dans les élevages en liberté. L’aménagement
d’une place de fouissement
contribue à satisfaire ce besoin.
D’importantes portées et un temps
d’exploitation court, à cause d’une
sélection extrême de la performance:
l’accouplement avec des truies très fertiles
donne de plus en plus de porcelets par
portée, parfois même plus qu’elles n’ont
de mamelles. La nature a déterminé un
ordre de tétées pour les porcelets, s’instaurant
peu après la naissance. À chaque
porcelet «appartient» donc une mamelle.
Les grandes portées produites par la sélection
sèment le trouble parmi les porcelets.
Les éleveurs ont donc le travail
supplémentaire de trouver des nourrices
pour les petits surnuméraires ou les allaiter
artificiellement, séparés de leur mère.
Aujourd’hui, les truies mettent bas deux
porcelets de plus qu’il y a 25 ans. Mais
après quatre semaines, cet avantage se réduit
déjà à un seul porcelet. Cela signifie
que la mortalité parmi les petits est élevée.
Les truies sont fortement sollicitées
44
par les nombreux porcelets à allaiter, il est
presque impossible de les nourrir conformément
à leur performance. Après le sevrage
des porcelets, on les féconde immédiatement
à nouveau, si bien que leur
organisme doit constamment faire un
immense effort reproductif. Le tribut, ce
sont les animaux qui le paient: généralement,
les truies, complètement amaigries
et épuisées, sont emmenées à l’abattoir
déjà après cinq portées, à l’âge de trois
ans seulement, très jeune pour des porcs.
De cette façon, chaque année il faut élever
un nombre considérable de jeunes truies
et abattre les anciennes.
Des transports extrêmes: autrefois, un
paysan détenait des truies et engraissait
leurs progénitures. Depuis plus de trente
ans, cette branche s’est spécialisée. D’une
part, il y a des éleveurs qui détiennent
des truies qui produisent des porcelets.
D’autre part, il y a des installations d’engraissement
qui achètent ces porcelets et
les engraissent. Depuis environ dix ans
il y a un procédé encore plus spécialisé,
la «production de porcelets basée sur la
division du travail», dans laquelle le domaine
de l’élevage porcin est encore subdivisé:
un paysan gère la production de
Détention légale de porcs d’engraissement
sur caillebotis, sans
litière et sans sortie en plein air
porcelets, un autre détient des verrats et
s’occupe de faire couvrir les truies ou le
fait par insémination artificielle, un autre
encore détient les truies en gestation et
un quatrième élève les porcelets sevrés.
Par conséquent, les truies et les porcelets
doivent être transportés beaucoup plus
souvent. Du point de vue de la protection
des animaux, le transport routinier
des truies en gestation est particulièrement
problématique.
Porcs d’engraissement
Une stabulation de qualité insuffisante:
au lieu de la litière ou d’autres ma-
tériaux appropriés pour que les animaux
puissent se coucher, les sols durs, en béton
perforé, sont admis. Ces derniers ne
correspondent absolument pas aux exigences
des porcs, car ces animaux aménagent
des niches avec la paille. Les sols
se salissent rapidement, deviennent glissants
et causent des marques de pression
et des éraflures aux animaux. Environ 40
% des porcs d’engraissement ne disposent
toujours pas de places conformes à leur
espèce pour se coucher.
Impossible de se mouvoir: on ne prescrit
que 0,9 mètre carré de surface pour
des porcs d’engraissement atteignant 105
kilogrammes. Cela signifie qu’on pourrait
engraisser légalement 10 porcs sur
une place de stationnement d’un parking
conventionnel. Cette surface suffit tout
juste pour se coucher, mais pas pour se
mouvoir comme l’espèce le demande. Environ
40 % des porcs sont encore engraissés
dans des conditions aussi étriquées.
Pas de sortie: 40 % des porcs d’engraissement
ne quittent la porcherie que le jour
de l’abattage. Autrement, ils sont détenus
dans des conditions les empêchant de sortir
en plein air, dans des stabulations étriquées
et nues.
Castration: depuis le 1er janvier 2010, les
porcelets mâles ne peuvent plus être castrés
sans anesthésie. C’est une première
mondiale. Cependant, des recherches
montrent qu’environ 10 % des porcelets
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ne sont pas anesthésiés correctement, ce
qui contrevient aux exigences de la législation
en matière de protection des animaux.
Il serait mieux d’éviter de castrer
les porcelets et d’engraisser de jeunes verrats.
Croissance rapide: pour des raisons économiques,
afin de produire de la viande de
porc bon marché, on élève de plus en plus
d’animaux qui poussent rapidement et qui
accumulent du muscle. Au cours de l’engraissement,
les porcs prennent un kilo
par jour en moyenne. Il y a donc le danger
que les os, les articulations et les tendons
soient sollicités outre mesure. Cela
est très douloureux pour les animaux. En
conséquence à cela, ils bougent moins et
ne peuvent plus profiter d’une détention
respectueuse des animaux, en liberté ou
qui leur donne la possibilité de sortir. Les
croisements avec des races étrangères à
croissance très rapide donnent également
des viandes de qualité moindre au jambon,
similaires au syndrome PSE (de la
viande pale/claire, soft/molle, exudative/
exsudative).
La taille limite des porcheries est atteinte:
la Confédération admet des porcheries
pouvant élever jusqu’à 1500 animaux.
En cas de permis exceptionnel,
même davantage. Des recherches scientifiques
montrent que les grandes exploitations
de plus de 2000 porcs présentent de
plus en plus de problèmes sanitaires. En
cas d’épidémie, il faut éliminer beaucoup
d’animaux (»risque d’agrégation»). Le
bien-être des animaux dépend de la taille
de l’effectif. Chez les porcs, comme chez
d’autres catégories d’animaux, l’investissement
pour la prise en charge par ani-
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Une prairie à volaille
exemplaire
mal diminue de façon inversement proportionnelle
à la taille. Les paysans sont
donc en train de se tirer une balle dans le
pied, car l’entretien, la surveillance et la
relation entre l’être humain et l’animal,
outre le type de détention, constituent les
facteurs d’influence les plus importants,
tant sur le bien-être des animaux que sur
la rentabilité économique. Puisque les immissions
et les odeurs augmentent proportionnellement
au nombre d’animaux,
les grandes exploitations tendent à détenir
les porcs d’une manière contre nature,
dans des porcheries fermées, sans la possibilité
de sortir à l’air libre.
Résultats de l’institut d’examen des installations
d’engraissement de Sempach
Année Augmentation des Proportion des Valorisation du
journées d’engraissement parties nobles fourrage*
1980 800 g 52 % 3,0
2010 930 g 57 % 2,5
* kg de fourrage par kg de croissance
8.4 Les problèmes de
protection des animaux chez
la volaille
Poulets d’élevage, élevage des
souches parentales
Peu de sorties à l’air libre: les parents
des poules destinées à la ponte des œufs
et à l’engraissement sont généralement
détenus dans des poulaillers fermés. Seulement
un tiers des poules et des coqs
peuvent passer toute l’année à l’air frais,
dans une aire à climat extérieur (jardins
d’hiver) et au soleil. 83 % des animaux
parents n’iront jamais au pâturage.
Des coqs aux éperons et aux orteils
coupés: ces interventions sont légales et
sont pratiquées, entre autres, pour protéger
les poules lors de l’accouplement. Toutefois,
cette mesure constitue une adaptation
douteuse de l’animal aux conditions
de détention dictées par l’être humain.
Elle est due, par exemple à la proportion
relativement élevée de coqs dans les effectifs
d’animaux parents ou au surpoids
des coqs et des dindons mâles dans les
lignées d’engraissement, imposé par les
conditions de sélection.
45

Rognage du bec chez les poussins
destinés à la ponte: à la différence des
poulets au bec coupés, qui raccourcit une
partie considérable du bec, cette opération
consiste à éliminer le bout non innervé
du bec. Cependant, cela donne des résultats
différents, dépendant de la qualité du
travail et de la personne qui l’effectue. Si
l’on coupe le bec dans la partie innervée,
l’intervention est douloureuse et l’animal
souffrira durant toute sa vie de douleurs
fantômes, comme les personnes à qui on
a amputé des membres.
Importation des problèmes de protection
et de santé des animaux: la sélection
des poulets est désormais dans les
mains de deux multinationales de l’élevage.
Celle des poules pondeuses est dans
les mains de trois groupes internationaux.
La Suisse ne pratique plus sa propre sélection
de volaille domestique depuis de
nombreuses décennies: elle compte de
plus en plus sur les animaux sélectionnés
importés. La plupart de ces lignées sont sélectionnées
pour de hautes performances,
tandis que l’on n’accorde presque aucune
importance à la santé, au comportement
et au bien-être des animaux. Les lignées
appropriées pour la détention à l’air libre
46
Une poule pondeuse (à gauche)
et un poulet d’engraissement (à
droite), les deux à l’âge de 29 jours
constituent un produit de niche, dans le
portefeuille de ces grandes entreprises, si
bien que l’approvisionnement peut représenter
un problème chez les multiplicateurs
suisses responsables. Les dindons
«turbo» prennent quelque 150 grammes
de poids par jour et croissent dès lors
deux fois plus vite que les dindes. Les
poulets «turbo» prennent 50 grammes par
jour et poussent quatre fois plus rapidement
que les poulettes. Les dindons et les
poulets «turbo» doivent être tués jeunes.
Si on les laissait vieillir, ils ne pourraient
presque plus se mouvoir, à cause de leur
énorme poids et des douleurs dont ils
souffriraient en se déplaçant. Le taux de
mortalité grimperait à 30 %, comme l’ont
montré des recherches!
Couvée et poulettes
On tue les mâles chez les poules pondeuses:
il y a encore soixante ans dans
une exploitation «à aptitude mixte», on
détenait des poules pour la ponte et des
coqs pour l’engraissement. Aujourd’hui,
la situation a changé: on engraisse des
mâles et des femelles descendant de lignées
d’engraissement spécialisées. Ces
espèces poussent plus rapidement et produisent
davantage de muscle. Un mâle
des espèces actuelles de poules pondeuses
hybrides, devrait être engraissé trois fois
plus longtemps, soit 18 semaines, afin
d’atteindre le poids d’un hybride d’engraissement,
au moment d’être abattu. Il
nécessiterait également cinq fois plus de
fourrage, comme l’a montré une récente
étude allemande. Ainsi, l’engraissement
des poulets sélectionnés pour une haute
performance dans la ponte n’est pas rentable
et est inefficace du point de vue de
l’utilisation du fourrage. Par conséquent,
en Suisse et partout dans le monde, les
poussins mâles des lignées pondeuses
sont triés et tués juste après l’éclosion. Il
sera peut-être bientôt possible de déterminer
le sexe des poussins déjà dans l’œuf.
Cela éviterait de couver les œufs contenant
des poussins mâles et on pourrait renoncer
à la perversion de faire naître des
poussins d’un jour.
Presque pas de sortie à l’air libre:
la plupart des poulettes élevées durant
quatre mois pour devenir des poules pondeuses,
soit 80 % d’entre elles, n’ont pas
accès au pâturage. Pourtant, du mouvement
en liberté serait bon pour leur santé
et améliorerait leur condition physique.
Poules pondeuses
En Suisse, toutes les poules pondeuses dis-
posent de places surélevées pour se reposer,
de nids protégés pour pondre et de
litière pour picorer, gratter et prendre des
bains de poussière. Presque 90 % d’entre
elles ont accès en permanence à une aire à
climat extérieur, et 70 % peuvent sortir au
pâturage. Du point de vue international, la
détention des poules pondeuses en Suisse
est celle qui s’approche davantage des besoins
des animaux. Mais elle a également
atteint un niveau assez élevé par rapport
aux standards de détention d’autres animaux,
tels que les bovins et les porcs.
Poussière et substances nuisibles:
plusieurs aspects de la gestion et de la détention
provoquent l’accumulation, parfois
élevée, de poussières et de substances
nuisibles dans l’air du poulailler. Il peut
s’agir de densités d’occupation élevées,
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du type de litière ou de systèmes d’aération
ou d’évacuation des déjections défaillants.
Cela nuit aux poulets et cause
des maladies des voies respiratoires chez
les êtres humains et les animaux.
Qualité du nid insuffisante: les poules
préfèrent clairement des nids couverts de
litière, par exemple en paille, pour pondre.
La ponte des œufs est associée à la préparation
du nid. C’est un comportement
inné. Les poules ne peuvent exprimer
ce comportement que dans un matériau
qu’elles peuvent remanier. Cependant,
plus de 95 % des nids ne satisfont pas ces
conditions, puisqu’ils sont constitués de
coques en matière plastique ou en résine
synthétique.
Éclairage: la plupart des oiseaux, parmi
lesquels également les poulets et les
dindes, ont un spectre de vision différent
de celui des êtres humains. Ils arrivent à
voir le rayonnement UV et le papillotement
(par une fréquence de 100 Hertz)
des tubes fluorescents. Ils perçoivent ce
dernier comme une alternance continue
de clair et obscur, rapide comme l’éclair,
qui peut engendrer de la nervosité et des
troubles du comportement. La lumière naturelle,
non tamisée, est la meilleure également
pour les poulets, mais de nombreux
poulaillers sont encore mal lotis en
ce qui concerne l’ensoleillement de leurs
espaces.
Utilisées et vite jetées: aujourd’hui, les
poules pondeuses sont abattues après tout
juste 14 mois de service et quelque 350
œufs pondus – c’est-à-dire au jeune âge
d’un an et demi. Ceci, bien qu’elles se remettraient
à pondre chaque année, après
une pause annuelle de plusieurs semaines,
associée au renouvellement du plumage.
Pour un total de quelque 1500 œufs, durant
l’ensemble de leur carrière. La performance
baisse, certes, de quelque 20 % par
année, mais la taille des œufs augmente.
Cette durée d’exploitation extrêmement
courte demande l’élevage d’un nombre
considérable de poulettes et l’abattage
d’autant de poules pondeuses «âgées».
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La vie sous la lumière artificielle.
Cela engendre des
troubles nerveux
La limite dans la taille des poulaillers
est atteinte: en Suisse, on admet des poulaillers
pouvant héberger jusqu’à 18 000
poulettes ou poules pondeuses. Puisque
même dans les meilleurs aménagements,
permettant la sortie et le pâturage (notamment
en ce qui concerne la protection
contre les oiseaux prédateurs), les poules
ne s’éloignent jamais de plus de 100 à 150
mètres du poulailler – ou de l’arbre qui leur
sert de dortoir, dans la nature – cette valeur
fixe la limite supérieure supportable pour
une détention en plein air, du point de vue
éthologique et écologique. De plus grandes
unités surchargeraient d’excréments les
sols autour du poulailler. De plus, le pâturage
serait surpeuplé et surexploité et un
nombre plus élevé d’animaux resterait à
l’intérieur. Un «élevage en liberté» de ce
genre serait également douteux vis-à-vis
des consommateurs.
Maladies professionnelles: les poules
pondeuses produisent toujours davantage
d’œufs et des œufs de plus en plus
gros au cours de l’année d’exploitation
et cela les soumet à une sollicitation extrême
de leur métabolisme. Des maladies
spécifiques aux poules pondeuses à haute
performance apparaissent, telles que des
inflammations de l’oviducte et des ostéomalacies
(ramollissement des os).
Poulets et dindes
d’engraissement
Presque pas de pâture pour les poulets
d’engraissement: seulement un
poulet d’engraissement sur dix peut sortir
au pâturage. La raison de cela réside
dans le fait que les lignées d’engraissement
conventionnelles ne peuvent pas
profiter du pâturage à cause de symptômes
dus à la sélection à outrance. Ils ne
Essais d’engraissement de
poulets UFA-Bühl
1965: 59 jours d’engraissement pour atteindre
1,6 kg; 26 g de prise de poids par
jour; valorisation du fourrage: 2,3 kg de
fourrage par kilo de croissance
2008: 38 jours d’engraissement pour atteindre
2,3 kg; 60 g de prise de poids par
jour; valorisation du fourrage: 1,7 kg de
fourrage par kilo de croissance.
Les races actuelles demandent donc nettement
moins de fourrage pour être engraissées,
mais les mélanges de fourrages
actuels sont nettement plus riches
du point de vue nutritionnel.
47

conviennent donc pas à un élevage en liberté
crédible. Par contre, les races adaptées
à l’élevage en liberté, à la croissance
normale, doivent être engraissées pendant
un temps environ 50 % plus long,
si bien que les coûts de production et les
prix à la vente seraient considérablement
plus élevés. La situation semble être meilleure
pour les dindes: 95 % des animaux
ont accès au pâturage. C’est également réjouissant
que l’aire à climat extérieur, le
jardin d’hiver, se répande tant pour les
poules pondeuses que pour les poulets
d’engraissement: 89 % des poulets d’engraissement
et 95 % des dindes disposent
d’une aire à climat extérieur.
Peu de place: il est permis de détenir 30
kilogrammes d’animaux (quelque 17 individus,
pour un poids final moyen de 1,8
kg) par mètre carré de poulailler. Contrairement
aux poules pondeuses, les poulets
d’engraissement conventionnels restent
presque exclusivement au sol durant la
journée. La densité d’animaux est donc
élevée.
La limite dans la taille des poulaillers
est atteinte: des poulaillers hébergeant
18 000 poulets d’engraissement sont ad-
48
Une grande partie des moutons
sortent au pâturage
mis en Suisse. Puisque l’investissement
pour la prise en charge par animal diminue
de façon inversement proportionnelle
à la taille, celle-ci représente le maximum
absolu. Car l’entretien, la surveillance et
la relation entre l’être humain et l’animal,
outre le type de détention, constituent les
facteurs d’influence les plus importants,
tant sur le bien-être des animaux que sur
la rentabilité économique.
»Maladies professionnelles»: les lignées
de volaille d’engraissement sont sélectionnées
pour la croissance rapide de la
musculature de la poitrine et de la cuisse.
Le développement musculaire devance le
développement du squelette, les os et les
tendons, qui sont donc sollicités outre mesure
par le poids et la force des muscles.
Tandis que les poulettes volent et peuvent
voleter sans problèmes un mètre ou un
mètre et demi en hauteur, la volaille d’engraissement
devient inerte à mesure que
les semaines passent et reste la plupart du
temps au sol, ce qui n’est pas conforme à
la nature des poulets. Cela, aussi parce que
chaque mouvement surcharge ces animaux
trop sélectionnés, au point de leur
causer des douleurs. D’autres «maladies
professionnelles» des poulets d’engraissement
à croissance rapide sont le collapsus
cardiovasculaire aigu, des œdèmes et
la stéatose hépatique. Comparés aux poulets
d’engraissement qui se développent
normalement en liberté, les poulets d’engraissement
«turbo» présentent une mortalité
presque deux fois plus haute.
Canards, oies, pintades,
faisans, cailles, colombes
La législation en matière de protection des
animaux régule la détention de ces espèces
animales en Suisse. Toutefois, dans
notre pays il n’y a presque pas de détentions
professionnelles et basées sur le rendement
économique de ces espèces. Font
exception quelques élevages de cailles,
satisfaisant des prescriptions légales nettement
plus strictes que les exploitations
à l’étranger, où la détention en cages est
encore admise, par exemple. La plupart
de ces espèces vivent dans des détentions
de hobby. La viande de canard, d’oie, de
pintade, de faisan, de caille et de colombe
consommées en Suisse provient généralement
de l’importation et, pour la plupart,
de détentions douteuses du point de vue
de la protection des animaux.
8.5 Les problèmes de
protection des animaux chez
les moutons, les chèvres et
les lapins
Moutons
En Suisse, la détention des moutons est
pratiquée de façon assez extensive et au
pâturage. Quelque 80 % des moutons détenus
à la ferme peuvent sortir au pâturage.
Deux particularités importantes du
point de vue de la protection des animaux
caractérisent la détention ovine: environ
un tiers du cheptel ovin appartient à des
exploitations non agricoles et plus de la
moitié des moutons est estivée à l’alpage.
Dans ces deux formes de détention, la
surveillance par les autorités est moins
conséquente que dans les fermes agricoles.
De plus, les prescriptions en matière
de protection des animaux, notamment en
ce qui concerne la protection contre les
intempéries, l’accès à l’eau et la surveillance
des troupeaux sont plus permissives
sur l’alpage qu’en plaine.
Il est permis de couper la queue: on
coupe la queue aux moutons pour éviter
que l’arrière-train se salisse, par exemple
lorsqu’ils changent rapidement de mode
alimentaire. Cette intervention est indubitablement
douloureuse. De plus, un meilleur
entretien et une meilleure alimentation
peuvent diminuer le risque de salissures.
Chèvres
La détention à l’attache est très répandue:
environ deux tiers des chèvres
ne peuvent pas vivre en groupes ou dans
des étables à stabulation libre, ce qui correspondrait
à leur nature; elles sont détenues
à l’attache, individuellement. Leur
vie sociale très développée en souffre,
tout comme leur comportement deman-
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dant beaucoup de mouvement, notamment
pendant la période où elles sont
détenues à l’étable, d’octobre à avril. Les
chèvres sont des animaux curieux. Elles
vont mieux durant la saison de végétation,
lorsque trois quarts d’entre elles
peuvent aller au pâturage.
Écornage: la plupart des races de chèvres
laitières indigènes sont naturellement
pourvues de cornes. Comme chez les bovins,
on décorne également de plus en
plus les caprins, sous anesthésie et par des
méthodes bien définies. Les cornes sont
importantes pour la communication, pour
établir les rangs hiérarchiques et pour les
soins corporels, tant pour les bovins que
pour les chèvres. L’écornage est pratiqué
pour faciliter le travail des êtres humains
(danger d’accidents) ou pour adapter les
animaux au système de détention.
Lapins
La détention individuelle est très répandue,
les sorties en plein air sont rares: la
plupart des lapins vivant en Suisse appartiennent
à des sélectionneurs qui les présentent
à des expositions, ou à des ménages
privés, comme animaux de compagnie.
Comme ces deux catégories de détenteurs,
les éleveurs de lapins à des buts
économiques préfèrent la détention individuelle,
encore légale. Seulement 26 %
des lapins sont détenus en groupes, selon
leur nature, dans des stabulations libres
bien structurées. La détention avec possibilité
de sortir est pratiquement inexistante,
ne concernant que 2 % de lapins.
Toutefois, il faut préciser que la détention
professionnelle de lapins en liberté s’accompagne
parfois d’un taux de mortalité
de 30 à 40 %, ce qui pose un grand point
d’interrogation quant au bien-fondé de
cette forme de détention, du point de vue
de la protection des animaux.
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8.6 Les problèmes de
protection des animaux chez
les chevaux
La détention individuelle est très répandue:
une grande partie des chevaux
se trouvent dans des détentions non agricoles.
De manière générale, les chevaux
détenus dans des fermes devraient aller
mieux, car ils ont plus de place et des
pâturages. Il est en effet réjouissant de
constater que quelque 80 % des chevaux
détenus dans l’agriculture peuvent sortir
et se rendre au pâturage, mais la détention
individuelle de juments et de hongres
est encore très répandue. Un seul cheval
adulte sur huit vit en groupe, conformément
à son espèce.
Relation et moyens auxiliaires: la manière
de former et de solliciter l’animal
lorsqu’on le monte, de même que l’utilisation
de moyens tels que des brides et
des rênes auxiliaires peuvent avoir une
grande influence sur le bien-être et sur
l’état sanitaire des chevaux. Jusqu’à présent,
l’Ordonnance sur la protection des
animaux ne règle absolument pas ces
questions sensibles.
8.7 Les problèmes de
protection des animaux dans
les transports
La Suisse est dotée de la législation la plus
stricte au monde, en matière de transports
d’animaux. Elle prescrit l’obligation de
former les transporteurs, une durée maximale
de six heures de transport et des dispositions
concrètes quant aux moyens de
transport et au comportement à adopter
avec les animaux à transporter. Pour
des raisons de protection des animaux, le
transit d’animaux de boucherie provenant
de l’UE à travers la Suisse est interdit. En
Suisse, on conduit annuellement quelque
3 millions de veaux, vaches et autres bovins,
de porcs, de moutons et de chèvres,
ainsi que 45 millions de poulets à l’abattoir.
Si l’on y ajoute les transports d’animaux
d’élevage et des jeunes, on arrive
à environ 60 millions par année. Chaque
jour ouvrable, presque un quart de million
d’animaux est donc en route.
Les transports d’animaux augmentent:
pour de nombreux animaux, les itinéraires
se sont rallongés, car en Suisse,
on tend de plus en plus à concentrer les
abattoirs dans un petit nombre de grandes
entreprises «plus performantes», pour des
raisons économiques. La compartimentation
du travail et la spécialisation progressive
dans la détention des animaux de
rente relancent également le commerce et
le transport des animaux. Aujourd’hui, la
plupart des animaux destinés à l’engraissement
sont vendus jeunes. Des exploitations
spécialisées dans la multiplication
les vendent à d’autres, spécialisées dans
l’engraissement. Les poules pondeuses
sont transportées trois fois au cours de
leur vie: en tant que poussines, de l’installation
de couvée à celle d’élevage, puis
à l’exploitation qui s’occupe de la ponte,
à tout juste quatre mois. À l’âge d’environ
18 mois, après avoir pondu 350 œufs,
elles sont emmenées à l’abattoir.
Transport d’animaux en gestation
avancée: c’est incompréhensible que la
législation sur la protection des animaux
admette le transport de ces animaux, qui
se trouvent dans une phase très difficile
de leur vie. En particulier, l’apparition de
Une vie de cheval comme il se doit:
en groupe, sur le pâturage et avec
la possibilité de sortir librement
49

la spécialisation dans la production de
porcelets a fait augmenter les transports
de truies en gestation avancée.
Transport dans des véhicules à trois
étages: ces véhicules circulent désormais
aussi en Suisse. La faible hauteur des compartiments
limite la place disponible pour
les animaux et rend l’aération difficile. En
été, c’est difficile de les rafraîchir. Le chargement
et le déchargement des animaux
est plus compliqué et, surtout, plus long,
si bien que la durée des transports augmente
au détriment des animaux.
8.8 Les problèmes de
protection des animaux dans
les abattoirs
En 2010, la Confédération a promulgué de
nouvelles prescriptions modernes, quant à
la manière de tuer les animaux dans les
abattoirs. De cette façon, beaucoup d’animaux
finiront leur vie sous de meilleurs
auspices.
Concentration des abattoirs: plus de
90 % des vaches, veaux et autres bovins,
porcs, chèvres, moutons, poulets et dindes
de toute la Suisse sont tués dans une douzaine
d’abattoir de moyenne ou grande
50
Dernier train pour
les porcs
taille. Cela comporte des avantages et des
inconvénients. Un nombre restreint de
grands abattoirs permet d’appliquer plus
rapidement le savoir-faire et les expériences,
et d’investir dans de meilleures
installations; ils peuvent engager du personnel
bien formé et être surveillés de façon
plus aisée. Par contre, les transports
augmentent, il faut emmener davantage
d’animaux, selon les tranches horaires,
les parquer dans des stabulations d’attente
et finalement, les conduire dans les
installations adéquates pour les étourdir.
Cela demande une technique bien rôdée,
de l’organisation et une bonne surveillance.
La fréquence d’abattage augmente:
en Suisse on travaille à des fréquences
d’étourdissement et d’abattage inférieures
à celles des grands abattoirs de l’UE et des
USA, selon les heures et les lignes d’abattage,
notamment en ce qui concerne les
porcs et les poulets. Cependant, cette fréquence
a quadruplé au cours des cinquante
dernières années. Actuellement,
certains abattoirs suisses spécialisés tuent
8000 poulets et 300 porcs par heure. À
l’étranger, ce sont parfois même 12 000
poulets et 700 porcs par heure. À de telles
vitesses, il est de plus en plus difficile
d’emmener les animaux dans les installations
en les ménageant et, surtout, de
vérifier que chaque animal ait été correctement
étourdi. Des études récentes au niveau
européen montrent que dans les installations
d’étourdissement électrique sur
restrainer et par des fréquences d’abattage
de 600–700 porcs par heure, les animaux
sont conduits au couloir d’amenée par
l’utilisation régulière d’instruments électriques
d’aide à l’acheminement, très douloureux
et contraires à la protection des
animaux. Après l’étourdissement électrique
ou au gaz, les animaux doivent
être saignés au plus vite, avant qu’ils ne
se réveillent. À ces fréquences de travail
extrêmes, il ne reste que six secondes pour
que le travailleur puisse saigner correctement
les animaux, à l’aide d’un couteau
de saignée! Par conséquent, 1 % des animaux
n’est pas saigné correctement et est
conduit en plein état de conscience dans
la phase d’élaboration suivante (échaudoir!).
C’est un scénario d’horreur qui peut
concerner, selon les experts, quelque 2,5
millions de porcs, des environ 250 millions
qui sont tués dans l’UE.
Abattage de la volaille: l’étourdissement
de la volaille dans un bassin traversé
par du courant électrique, pratiqué au niveau
mondial depuis des décennies, présente
d’énormes problèmes de protection
des animaux, d’abord par le fait que les
animaux destinés à être tués sont pendus
par les pieds. De plus la garantie que ces
animaux soient étourdis est insuffisante,
car certains poulets réussissent toujours
à maintenir la tête et le cou en dehors
de l’eau. À cause de la fréquence d’abattage,
extrêmement élevée, il n’est pas possible
de contrôler et de trier les poulets
qui n’ont pas été correctement étourdis.
En Suisse, cette méthode obsolète et posant
des problèmes quant à la protection
des animaux est admise. L’étourdissement
de la volaille dans des installations modernes,
au gaz, constitue une méthode
plus sûre, ménageant les animaux. Bell
SA dispose de ce type d’installation depuis
2011, après conseil de la PSA.
PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA

8.9 Les autres aspects de la
détention d’animaux de rente
Le contact entre l’être humain
et l’animal
Le nombre d’animaux par exploitation
augmente et des installations permettant
d’économiser le travail ont été introduites,
par exemple les systèmes de traite robotisés.
Par conséquent, le contact avec les
animaux diminue. Mais il est plus difficile
d’établir un contact entre chaque animal
et l’être humain également dans les
détentions extensives comme les stabulations
libres, l’engraissement au pâturage
et la détention de vaches mères. Le nettoyage
des vaches à la brosse et à l’étrille
est désormais relégué au passé. Beaucoup
d’animaux ne sont plus habitués à être
attachés et à être conduits à l’attache. Cependant,
il faut bien trier les bovins et
les attacher pour les conduire aux examens
vétérinaires, aux vaccinations, aux
soins des sabots, les changer d’étable ou
les transporter.
La façon dont un paysan approche ses
animaux et celle dont ces derniers réagissent
en dit beaucoup sur la qualité de la
détention. Un contact positif permet généralement
à l’animal de rester plus tranquille,
détendu et confiant. L’observation
attentive et les soins constituent les facteurs
de réussite sanitaire et économique
d’une détention – mais aussi ceux que l’on
sous-estime le plus souvent!
Une vie sociale limitée
Le comportement social inné des ani-
maux de rente est très limité par les exigences
dues à la technique de production.
Les groupes sociaux naturels se composent
généralement de mâles d’âges différents,
de femelles adultes, de juvéniles
et de petits. De plus, chez les bovins et les
porcs, les mères et les filles vivent parfois
ensemble durant toute leur vie. Par
contre, dans l’engraissement et la production
d’œufs, on détient toujours des animaux
du même âge. De plus, les animaux
de rente sont souvent isolés très tôt ou
croissent carrément sans mère. Dans la
plupart des cas, la relation naturelle entre
PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA
mère et enfant, d’une grande importance
chez tous les animaux de rente, est désormais
presque impossible. Il y a encore peu
d’examens scientifiques quant aux conséquences
sur les mères et sur le développement
des jeunes. Cependant, des expériences
pratiques indiquent que l’élevage
artificiel ou la séparation rapide et prématurée
de la mère et du petit ont des
conséquences et que, chez les veaux et
les porcelets, cela les mène à se téter réciproquement.
Les formes de détention qui
favorisent les relations sociales naturelles,
comme le concept génial de la porcherie
familiale, conçue par un comportementaliste
zurichois, le regretté Alex Stolba,
n’ont pas pu prendre pied, à l’exception de
la détention des vaches mères. Au vu des
nouvelles orientations de l’agriculture, en
faveur d’une meilleure protection des animaux,
la science et la pratique sont sollicitées
à chercher des solutions pour mieux
prendre en compte le comportement social
des animaux de rente.
Rentabilité
Aucun autre thème que l’économie ne
donne autant de sujets de discussion entre
les paysans et les milieux de protection
des animaux. Dans les faits, il s’agit d’y
regarder de façon différenciée. La formule
simpliste des lobbys agricoles, «protection
des animaux = augmentation des
coûts», est fausse et un peu courte. En
effet, les produits provenant d’animaux
détenus conformément à leurs espèces
ont un meilleur prix sur le marché et la
Confédération soutient ces formes de détention
depuis 1996 par des contributions
annuelles (bien que minimes). L’argument
que les animaux doivent être bien traités
lorsqu’ils fournissent des prestations importantes
est également faux. En effet, la
performance est innée. Un animal à haute
performance produit beaucoup de lait ou
d’œufs ou croît rapidement, en produisant
donc beaucoup de viande, qu’il le
veuille ou non, qu’il soit enfermé ou en
liberté. Des recherches de l’ETH de Zurich
montraient déjà dans les années 1980 que
même des poules en batterie gravement
blessées pondaient leur œuf quotidien!
La façon dont un paysan
approche ses bêtes en dit
beaucoup sur la détention
Les résultats comptables indiquent
que les différences économiques entre
les exploitations bien ou mal gérées sont
plus importantes que celles des exploitations
pratiquant des formes de détention
d’animaux différentes. Les évaluations
annuelles de l’UFA sur des centaines
d’installations d’engraissement et
d’élevage porcins montrent que le premier
quart des paysans gagne presque le
double du dernier, indépendamment des
systèmes de détention. Les économistes
mentionnent toujours un facteur principal:
la meilleure gestion. La détention de
vaches mères donne un tableau similaire.
25 % de paysans au top gagnent 2 700
francs par vache et par année, tandis que
les 25 % mauvais élèves ne gagnent que
1 200 francs! Ici aussi, la gestion, c’est-àdire
le facteur humain, joue le rôle le plus
important. Parallèlement, les entreprises
qui gagnent bien n’essuient que 2 % de
pertes chez les veaux, contre 15 % chez
les mauvaises!
En ce qui concerne plusieurs catégories
d’animaux, il faut constater que la
protection des animaux rend, certes, la
production plus chère, par des coûts d’investissement
plus élevés ou pour un surplus
de travail. La détention en volière,
51

alternative respectueuse des animaux aux
cages en batterie, a entraîné des coûts de
production 10–15 % plus élevés. Des coûts
supplémentaires très élevés se constatent
dans l’engraissement des poulets en liberté.
Le pâturage, la densité inférieure dans le
poulailler et l’utilisation d’hybrides à croissance
lente, pour une durée supplémentaire
de l’engraissement d’environ 50 %,
font considérablement augmenter les coûts
de production, comparés à ceux des détentions
conventionnelles.
Dans l’élevage et l’engraissement des
porcs et dans l’engraissement des bovins,
les coûts d’investissement diffèrent peu
d’une forme de détention à l’autre, à l’exception
de l’engraissement au pâturage,
possible sans construire des étables chères.
Par contre, les formes de détentions respectueuses
des animaux prévoyant de la
litière et la possibilité de sortir génèrent
parfois un surplus de travail. Pour cette
raison, les suppléments de prix pour les
produits bio et labellisés et les contributions
étatiques SST/SRPA sont justifiés.
En revanche, dans la détention de
vaches laitières, les mesures de protection
des animaux ont grandement contribué à
faire baisser les coûts de production. Une
modélisation de l’ETH a indiqué que limiter
52
les sorties au pâturage aux 90 sorties annuelles,
légalement prescrites, fait baisser
les recettes du lait de 7 centimes le kilogramme,
comparé aux vaches qui sont au
pâturage du printemps à l’automne. Les exploitations
au pâturage présentent un potentiel
d’économie de plusieurs centaines de
francs par vache, par rapport aux exploitations
qui maintiennent et fourragent les
vaches à l’étable. La détention au pâturage
et les stabulations libres permettent de diminuer
le temps de travail. De plus, les stabulations
libres avec salle de traite peuvent
également faire diminuer la charge de travail
due à la traite. On y constate moins de
postures défavorables par rapport à la traite
dans les étables à l’attache.
Des expériences dans le pays et à
l’étranger montrent que la pâture régulière
et l’élevage en liberté favorisent la
fertilité et l’état sanitaire des animaux (p.
ex. ils réduisent les problèmes aux sabots,
les mastites, les maladies aux membres) et
rallongent leur durée de vie. Il en découle
un important potentiel d’économie, si l’on
considère que les mastites et les troubles de
la fertilité coûtent chaque année un demi
milliard de francs de pertes aux 40 000 producteurs
laitiers suisses.
Les coûts vétérinaires ne sont que la
La détention en stabulation
libre est bonne pour les animaux
et réduit le travail
pointe de l’iceberg. Certes, les factures du
vétérinaire et le prix des médicaments apparaissent
dans la comptabilité et sautent
aux yeux du paysan. Mais le lait qui se perd
durant la période du traitement et la production
laitière moindre des vaches concernées,
en conséquence de la maladie et du
traitement, pèsent beaucoup plus lourd sur
la balance. Une meilleure santé animale
ne signifie donc pas seulement moins de
coûts de vétérinaire, mais surtout de meilleures
performances, moins de perte de performance,
moins de décès, une meilleure
exploitation des bâtiments et des installations,
moins de coûts de fourrage, de récupération,
de travail et de soins.
La protection des animaux est souvent
vue en lien avec de grands projets de
construction ou de réaménagement et, par
conséquent, avec des centaines de milliers
de francs d’investissements. De plus,
les étables existantes ne sont pas toutes
amorties et les détenteurs d’animaux ne
disposent pas tous d’un matelas financier
épais. La protection des animaux n’estelle
donc que pour les paysans riches?
Absolument pas! Il ne doit pas toujours
s’agir de transformations coûteuses. La
bonne volonté et le talent permettent de
faire beaucoup et à moindres frais pour le
bien-être des animaux:
• Un affourragement optimal (en qualité,
régularité, fréquence) et de l’eau propre
et fraîche en permanence (p. ex. dans
l’engraissement des veaux!)
• De la lumière et de l’air (éviter les gaz
nocifs, la poussière, les courants d’air;
beaucoup d’air frais par les fenêtres ou
les portes ouvertes; maintenir les parois
et le plafond propres; évacuer le fumier;
prévenir la surchauffe et l’hypothermie)
• Soins (sabots et pelage; état sanitaire),
parler aux animaux, surveiller les installations
(danger d’accident et de blessures)
• Veiller à mettre de la litière ou à aménager
des surfaces pour que les animaux
puissent se coucher (les animaux se reposent
durant 12 heures!), leur donner
des possibilités de s’occuper
• Du mouvement (les sortir à l’air libre)
PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA

De nombreux paysans et consultants agricoles
insistent pour que la main-d’œuvre
humaine soit remplacée par des techniques
et des machines coûteuses. Cela
est tout à fait plausible, mais les limites
économiques à cela sont souvent négligées.
Par exemple, cela n’a pas beaucoup
de sens de remplacer de la main-d’œuvre
bon marché par une technique coûteuse.
Plus le paysan investit dans de la technique,
par exemple dans la production
laitière, plus il devra augmenter la performance
de ses vaches pour répartir les
coûts élevés sur les kilogrammes de lait
produits. Une installation de traite automatisée
engendre donc des surcoûts de
plusieurs dizaines de milliers de francs par
an, comparée à une salle de traite en épi
avec trayeur. On peut se demander à bon
droit si cet argent n’est pas mieux investi
dans le travail d’une personne qui trait les
vaches et s’en occupe – ce que le robot ne
sait pas faire!
Protection du climat
La production animale industrielle, repo-
sant sur la détention d’animaux en masse,
a une influence incontestée sur le climat.
Transformer des pâturages en champs
cultivés, soit pour alimenter directement
les êtres humains, soit pour fourrager des
animaux, de même que produire et appliquer
aux sols des engrais azotés synthétiques,
libère de grandes quantités de
CO2 et de monoxyde d’azote dans l’atmosphère.
Ces deux gaz ont un effet notoire
sur le climat. La tendance mondiale
à étendre les surfaces cultivables, notamment
dans des stations qui n’y sont
pas appropriées, exerce dès lors un effet
considérable sur le climat. Or, ces cultures
servent souvent à produire des fourrages
industriels, afin de nourrir des fabriques
d’animaux.
Le défrichement des forêts tropicales
à des fins de pâturage et le changement
d’utilisation de certaines surfaces herbeuses
et autres surfaces de pâturage extensif,
telles que des steppes, des savanes,
des pampas, pour gagner des terrains
cultivables (entre autres pour y cultiver
du soja et des céréales) sont responsables
PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA
d’environ 20 % de toutes les émissions de
gaz à effet de serre. Le libre-échange facilite
la production et le transport de fourrages
concentrés au niveau mondial, ce
qui exerce aussi un effet sur le climat. Au
cours de dix dernières années, la Suisse
a importé de plus en plus de fourrages
concentrés, produits dans des régions problématiques
en ce qui concerne la protection
de l’environnement et du climat.
De plus, utiliser les steppes et autres surfaces
herbeuses naturelles à des fins de
cultures peut s’avérer un phénomène de
brève durée, car les cultures qu’on y pratique,
généralement des monocultures, ne
ménagent pas les sols. Il faut donc s’attendre
à ce que la mince couche d’humus
fertile soit emportée par l’érosion et que
ces terrains ne puissent plus être utilisés ni
pour la culture ni pour la pâture.
Il faut faire la distinction entre la production
animale industrielle et la détention
d’animaux paysanne, adaptée à la station
et respectueuse des espèces. Cette dernière
compte sur des animaux consommant des
fourrages grossiers, tels que les bovins, les
moutons, les chèvres et les chevaux et ne
fait que peu d’usage de fourrage concentrés.
Ces manières de détenir les animaux,
au pâturage, dans des conditions proches
de l’état naturel, n’influencent pas le climat.
Au contraire, elles permettent de
fixer du CO2 dans l’humus du sol. Les ruminants
au pâturage ne concurrencent
pas l’être humain du point de vue des ressources
alimentaires, car ils exploitent des
surfaces enherbées en permanence, souvent
pas cultivables. De ces herbages que
l’être humain ne peut pas digérer, ils produisent
du lait et de la viande. Une détention
d’animaux paysanne basée sur un
pâturage réglé et une gestion naturelle par
des exploitations bio et IP constitue donc
une partie de la solution aux problèmes
climatiques, contrairement aux détentions
d’animaux en masse qui les créent.
La Suisse, où la proportion de prairies,
pâturages et zones d’alpage est élevée et
où moins un tiers de la surface agricole
utile est cultivable, possède les meilleures
conditions pour cela.
Importance pour
l’environnement
On part du principe que la détention mon-
diale d’animaux de rente est responsable
d’environ 15 % des émissions anthropiques
de CO2. Sur l’ensemble des bovins
et des porcs élevés dans le monde entier,
seul un sur mille se trouve en Suisse. L’influence
de la détention animale suisse sur
le climat mondial est donc modeste. Si la
détention d’animaux était interdite dans
notre pays, cela ne ferait diminuer que de
0,015 % les émissions globales de CO2.
Dans son ensemble, la Suisse est modérément
«occupée» par des animaux et
n’est pas surpeuplée, contrairement à ce
que l’on prétend parfois. Notre 1,3 million
d’unités de gros bétail (UGB) se répartissent
sur 1,1 million d’hectares de surface
agricole, ce qui correspond à une occupation
de 1,2 UGB/ha. À titre de comparaison,
les Pays-Bas ont une densité de
3,5, le Danemark de 1,6 et l’Allemagne de
1,1 UGB/ha. Cependant, même en Suisse,
la détention d’animaux est parfois problématique
en ce qui concerne l’environnement.
En sont concernés les cours d’eau,
l’air et les sols dans les cantons qui ont
permis d’augmenter leurs effectifs de bétail,
au cours des dernières années, bien
Défricher pour créer des
pâturages et planter pour
produire du fourrage…
53

que la densité d’animaux sur leur territoire
soit déjà élevée. En particulier, il y a
des régions du canton de Lucerne où les
animaux sont particulièrement concentrés
et, par conséquent la production de
lisier est élevée. Il en va de même pour les
cantons d’Appenzell Rhodes-Intérieures,
St Gall, Thurgovie, Zoug, Obwald, Nidwald
et Fribourg, avec 2 UGB/ha et plus.
Par contre, dans tous les autres cantons, la
densité du bétail est inférieure à 1,0 UGB/
ha. Dans les régions à la densité élevée de
bétail, l’engrais de ferme épandu en excès
peut charger les eaux souterraines ou de
surface en nitrate et phosphore et dégager
davantage d’ammoniac dans l’air.
Emploi de fourrages
concentrés
Administrer des céréales, du maïs, du soja,
des pommes de terre, des raves et autres
produits similaires au bétail n’est pas
mauvais en soi. La volaille, par exemple,
profite des céréales mieux que tous les
autres animaux de rente, les transformant
en œufs et en viande. La production végétale
destinée à l’alimentation humaine
génère de grandes quantités de «déchets»
que des animaux, en particulier les cochons,
peuvent consommer. Par contre,
54
Beaucoup d’animaux, cela signifie
beaucoup de lisier: mauvais pour les
eaux souterraines et pour le climat
la tendance croissante à administrer des
fourrages concentrés à des animaux qui
consomment des fourrages grossiers, en
particulier pour la production laitière et
la production de viande de bœuf, est extrêmement
douteuse.
En Suisse, au milieu des années 1970,
les importations et l’administration de
fourrages concentrés ont atteint le record
absolu. On en importait environ 1,5 million
de tonnes, plus les 500 000 tonnes
qui étaient produites dans le pays, c’està-dire
qu’environ 2 millions de tonnes
de fourrages concentrés ont fini dans
les mangeoires. Vingt ans plus tard, on
n’en importait plus que 350 000 tonnes.
Entre-temps, l’importation de fourrages
protéiques, tels que le soja, a augmenté
chaque année. Aujourd’hui, leur quantité
correspond presque au triple d’il y a
quinze ans: environ 1 million de tonnes!
Ces fourrages sont produits à l’étranger,
sur une surface globale de quelque
250 000 hectares, ce qui correspond environ
à la surface du canton du Tessin.
Le développement des céréales indigènes
destinées au fourrage a suivi un
destin inverse. La quantité de 800 000
tonnes, produite en 1995, est descendue
aux 550 000 tonnes actuelles, dont 70 000
tonnes de fourrage protéique. Certes, la
demande suisse en soja ne représente que
0,3 % de la quantité commercialisée sur le
plan mondial, tandis que l’UE et la Chine,
à elles seules, se servent de 60 %, soit 200
fois plus. Cependant, c’est inquiétant que
la culture de végétaux fourragers ne soit
plus encouragée en Suisse, d’autant plus
que les nouvelles variétés de soja se prêtent
bien à être cultivées dans nos régions climatiques.
Au lieu de cela, les importations
de fourrages protéiques ont triplé, celles
de soja ont carrément décuplé. Les raisons
de cela sont multiples et dépendent, entre
autres, de l’augmentation de la performance
des animaux de rente, de l’extension
de la production laitière et de viande,
de la diminution de la proportion de farines
de poisson dans les rations (afin de
contenir la surpêche au niveau mondial),
de l’interdiction des farines animales depuis
la crise de la vache folle (BSE) et de
l’interdiction de nourrir les porcs avec des
reste de repas, en vigueur depuis 2011,
ainsi que des prix des fourrages importés,
actuellement relativement bas.
8.10 Le gaspillage des
ressources
En Suisse, comme dans d’autres pays,
on gaspille encore beaucoup trop de ressources
dans la production et la distribution
des denrées alimentaires. Cela commence
dans les étables. En particulier, la
courte durée de la performance maximale
raccourcit également la vie de vaches,
porcs et poules. Par conséquent, il faut
élever chaque année plus d’animaux, pour
remplacer les générations précédentes, qui
sortent de scène de plus en plus jeunes. Il
faut donc plus de fourrage, plus d’espace,
plus d’énergie et plus de travail, pour un
gaspillage d’animaux toujours plus élevé!
Des denrées alimentaires
dans les ordures
On parle à peine du fait que 30 à 50 %
des denrées alimentaires produites dans
le monde finissent à la poubelle, au lieu
de nourrir des êtres humains. Cela signifie
qu’il est déjà possible de nourrir toute
l’humanité avec les denrées alimentaires
PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA

produites aujourd’hui, cela également en
l’an 2050 – bien que l’on suppose qu’à ce
moment-là, un hectare de terre agricole
devra nourrir 5,5 personnes, au lieu des
4,5 actuelles.
Dans les pays pauvres, le problème
du gaspillage est dû surtout au mauvais
stockage, notamment des céréales, si bien
qu’il y a trop de perte par avarie. Chez
nous, la mentalité de jeter commence
dans les champs et à l’étable, lorsque l’on
trie les pommes de terre, les pommes, les
salades ou les œufs trop gros ou trop petits.
Le commerce fixe également des critères
qui n’ont rien à voir avec la valeur
nutritive des produits. Ainsi, en Suisse
on évacue encore une partie des poules
pondeuses abattues dans des installations
pour la production de biogaz, bien que
leur viande soit tendre. Cette quantité de
viande de volaille permettrait de nourrir
toute la ville de Winterthur. Un exemple
particulièrement crapuleux des «exigences
de qualité» douteuses est le diktat
des bouchers suisses quant à la couleur de
la viande de veaux, qui a duré plusieurs
décennies. En Suisse, selon les organisations
de protection des consommateurs,
plus de 2 millions de tonnes de denrées
alimentaires ne sont pas utilisées, c’està-dire
quelque 300 kilogrammes par personne.
Il semble que les ménages, à eux
seuls, jettent 700 000 tonnes de denrées
alimentaires aux ordures!
L’offre gigantesque et la «manie du
frais» sont responsables des grandes
quantités d’aliments qui sont jetées. La
chercheuse en matière de déchets, Felicitas
Schneider, dans ses recherches sur les
ménages en Autriche, a découvert que les
utilisateurs finaux jettent chaque année
des denrées alimentaires pour une valeur
de 400 euros, dont parfois des produits
encore parfaitement emballés et pouvant
être conservés!
Sous-produits de provenance
animale
Lorsqu’on abat un porc, un tiers de la
carcasse finit aux ordures. Lorsqu’il s’agit
d’une vache, c’est carrément la moitié. En
Suisse, on produit annuellement 450 000
PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA
tonnes de viande. Cela génère 220 000
tonnes de sous-produits de provenance
animale, qui sont désormais jetés et incinérés
dans leur grande majorité, après les
expériences de la BSE et l’interdiction de
nourrir les animaux de rente avec des farines
animales. Bien sûr, on ne remet pas
en question le principe d’éviter le cannibalisme,
c’est-à-dire qu’on ne donne pas
la farine d’un animal d’une certaine espèce
à des animaux de la même espèce,
ce qui se passait encore jusqu’en 1990.
Cependant, le gaspillage extrême de la
ressource «sous-produits de provenance
animale» devrait stimuler à réfléchir à
une utilisation plus intelligente que l’incinération!
Car l’interdiction de fourrager
avec des farines animales a contribué
à faire augmenter l’importation de
fourrages concentrés, douteuse du point
de vue écologique, au cours des dix dernières
années.
La demande de parties nobles
La Suisse se procure à peu près la moitié
de la viande de mouton qu’elle consomme
en Australie et en Nouvelle-Zélande. Il
s’agit sans exception, de parties nobles.
Pour cela, plus de 2 millions de moutons
doivent être abattus dans les pays de provenance.
Les parties moins nobles de ces
Une partie des poules pondeuses
est simplement incinérée
après l’abattage
carcasses sont destinées aux pays asiatiques.
On observe des situations analogues
– des importations de viande limitées
aux parties nobles – pour la viande
de bœuf et de poulet. Entre-temps, la demande
croissante de parties nobles de la
part des consommateurs suisses, au pouvoir
d’achat élevé, pose un problème de
fond, car la valorisation des autres parties
des animaux élevés et abattus dans le
pays et de plus en plus difficile.
Les parties «de moindre valeur»
doivent être déclassées et vendues ou exportées
au-dessous de leur valeur réelle, si
bien que les bouchers doivent vendre nettement
plus chères les parties nobles des
animaux indigènes, afin de rentrer dans
leurs frais. Ils perdent donc de la compétitivité
face à l’importation. De plus,
à cause de cette demande unilatérale de
parties nobles, il faut engraisser et abattre
davantage d’animaux. La sélection essaie
d’y faire face en misant sur des lignées
avec davantage de parties nobles, ce qui
génère rapidement des effets négatifs sur
le bien-être et l’état sanitaire des porcs et
des poulets.
55

9. Des mesures pour
améliorer le bien-être
des animaux
9.1 Généralités
Celles et ceux qui observent la façon dont
les paysans détiennent leurs animaux, de
nos jours, seront étonnés. On ne trouvera
plus les poules sur le tas de fumier, telles
que les décrivait Gotthelf. Les détentions
d'animaux ont énormément augmenté par
rapport au passé, et les installations techniques
telles que les trayeuses robotisées
et le fourragement contrôlé par ordinateur
ont fait leur entrée. Certes, des formes de
détention telles que la stabulation libre,
la sortie et le pâturage se sont amplement
répandues entre-temps et ne constituent
plus les cas exceptionnels qu'elles étaient
encore il y a vingt ans. Entre-temps, des
parties importantes de l'agriculture et de
l'élevage suisses se distinguent positivement
des pratiques des autres pays.
Toutefois, au royaume des aveugles,
les borgnes sont rois. Dans notre pays, des
millions d'animaux vivent toujours dans
des étables étriquées sans la possibilité de
sortir en plein air. Les veaux sont toujours
fourragés pour produire de la viande
claire, si bien qu'ils doivent être traités
aux antibiotiques plus souvent que les
autres catégories d'animaux. Les vaches
56
laitières sont poussées à des performances
toujours plus hautes et les truies mettent
au monde plus de porcelets qu'elles n'ont
de mamelles. Des stabulations dénudées
pour engraisser des bovins et des porcs,
sans paille pour se coucher et sans la possibilité
de sortir en plein air sont légales.
Et la politique (agricole) veut ouvrir les
frontières à toujours plus de denrées alimentaires
produites dans des conditions
interdites chez nous et dans des détentions
d'animaux en masse. De cette manière,
elle met sous forte pression les efforts
qui se font en faveur du bien-être des
animaux dans notre pays.
Il est donc toujours urgent d'intervenir
en ce qui concerne le bien-être des
animaux. À l'avenir, les milieux de la protection
des animaux ne doivent pas miser
trop fort sur la législation en la matière.
Cette dernière a été complètement révisée
il y a quelques années seulement et
de nombreux délais transitoires courent
jusqu'en 2018. La volonté politique en faveur
d'une révision totale est donc minime.
De plus, il faut considérer que la
législation en matière de protection des
animaux ne prescrit pas de formes de dé-
tention particulièrement respectueuses
des animaux: elle ne fixe que la limite
entre ce qui est admis et ce qui est interdit.
Un moyen qui s'est avéré efficace
pour améliorer le bien-être des animaux
dans l'agriculture consiste en une combinaison
d'économie de marché et de mesures
étatiques. En particulier, faire en
sorte que les consommateurs demandent
davantage de produits labellisés et promouvoir
les formes de détention particulièrement
respectueuses des animaux par
des paiements directs spécifiques.
9.2 Responsabilité
individuelle
La protection des animaux demande
d'abord des personnes responsables, puis,
mais seulement en un second temps, le
soutien de l'État. On peut placer la protection
des animaux sous ordonnance, mais
afin que les prescriptions soient réellement
efficaces en faveur des animaux,
elle doit être vécue au quotidien par les
paysans et les consommateurs.
Il ne s'agit pas de renoncer à la
consommation, mais de consommer de
façon responsable. S'il faut manger des
PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA

Que puis-je faire?
1. M’informer au sujet de la détention
animale et de l’agriculture, p. ex. sur
www.protection-animaux.com et www.
mangeravecducoeur.ch. Discuter avec
des amis sur la protection des animaux
et sur la consommation.
2. Adopter un mode de vie végétarien ou
ne consommer de la viande que modérément,
c’est-à-dire pas quotidiennement –
les physiologistes de la nutrition recommandent
d’en consommer 1 à 2 fois par
semaine. Par contre, miser sur la qualité
(en ce qui concerne le fourrage, la protection
des animaux, la détention paysanne,
les transports, la sélection), prêter attention
aux produits régionaux et Suisses dotés
de labels contrôlés et crédibles.
œufs, des produits laitiers et de la viande,
il faut au moins garantir une détention
décente et des traitements qui ménagent
les animaux. Les conditions économiques
ne doivent pas être perdues de vue. D'une
part, les paysans respectueux des animaux
veulent aussi vivre de leur élevage
et, d'autre part, même des consommateurs
très motivés par la protection des
animaux ne peuvent pas dépenser sans limites
pour leur alimentation.
Cette vision pragmatique n'exclut pas
que la PSA s'engage fortement afin de réduire
la consommation de produits de provenance
animale et en faveur de l'alimentation
végétarienne et végétalienne. Emprunter
ces deux chemins – une consommation
acceptable de produits issus de
détentions respectueuses des animaux
et encourager des solutions alternatives
aux produits de provenance animale – ne
constitue aucunement une contradiction
ni un manque de cohérence. C'est plutôt
une nécessité des organisations de protection
des animaux qui sont jugées sur la
base des objectifs qu'elles atteignent dans
les améliorations concrètes en faveur des
animaux – à l'étable, dans les transports
et à l'abattoir. La vraie protection des animaux
va au delà des sermons et des stigmatisations
moralistes pour se donner une
bonne conscience!
PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA
9.3 Le rôle des
consommateurs
Les consommateurs doivent connaître
l'interdépendance entre leurs achats et le
bien-être des animaux dans les fermes.
Seul un consommateur averti peut réfléchir
à ses achats et peut être prêt à payer
un prix plus élevé pour des produits issus
d'une détention respectueuse des animaux.
Le consommateur suisse a une responsabilité
vis-à-vis des animaux, au vu
de sa haute consommation de produits de
provenance animale (quelque 170 kilogrammes
par an), ainsi qu'en raison des
dépenses réduites des ménages suisses
pour l'alimentation: 7 % du budget du
ménage. Même un ménage de quatre personnes
ne dépense plus au-delà de 10 %.
Pour un revenu mensuel de 5 000 francs,
cette proportion monte à 13 %. Il y a cinquante
ans, cette proportion était encore
de 30 % et plus. Du point de vue international,
la Suisse est à la pointe. En Allemagne,
le ménage moyen dépense 14 %
de son budget pour les denrées alimentaires,
bien que leurs prix, en Allemagne,
soient plus bas qu'en Suisse.
Par sa demande, le consommateur a
un rôle très important, mais également
difficile, car il lui manque désormais tout
rapport avec l'élevage et l'élaboration des
denrées alimentaires. Cet «éloignement»
est de plus en plus marqué et semble être
irréversible. Les consommateurs n'ont
Qualité des produits et
bien-être des animaux
Contrairement aux vaches nourries aux
fourrages concentrés et détenues uniquement
à l’étable, les vaches qui sortent
au pâturage produisent du lait riche en
acides gras insaturés omega-3, p. ex. de
l’acide linoléique, qui se retrouve également
dans le fromage fabriqué à partir de
ce lait. Leur viande est également meilleure
du point de vue physiologique et nutritionnel
et, en outre, elle est plus tendre.
C’est ce que montre une comparaison récente
entre détentions à l’étable et au
pâturage de l’ETH de Zurich. Bien sûr, le
d'autre choix que de faire preuve de
confiance envers les paysans, l'industrie
alimentaire et le commerce et leur manière
correcte d'agir. Cela explique aussi
la sensibilité élevée en ce qui concerne la
sécurité et la qualité des denrées alimentaires
et la «scandalisation» médiatique
immédiate lors d'irrégularités et de problèmes.
Des contrôles crédibles, accompagnés
de sanctions lorsque celles-ci sont
nécessaires, sont également importants,
avec l'information aux consommateurs
et les déclarations.
9.4 Le rôle de l'agriculture et
de l'économie alimentaire
Ceux qui gagnent de l'argent avec des
animaux et des produits de provenance
animale, que ce soient des paysans, des
transporteurs, des bouchers, des commerces
de détail, des professionnels de la
gastronomie ou des importateurs, ont un
devoir éthique clair envers les animaux.
Ils doivent en tenir compte dans leur environnement
de travail et dans la mesure
de leurs possibilités. La PSA coince régulièrement
des paysans et des représentants
de la branche alimentaire sur cet aspect.
Les étables et les installations se trouvent
souvent déjà en place au moment où l'on
remet une ferme et ne sont pas encore
amorties. Pour cette raison – afin d'éviter
des cas extrêmes – le législateur doit
toujours fixer des délais transitoires pour
que les étables existantes soient adaptées,
stockage correct, le refroidissement et la
durée du stockage influencent également
la qualité de la viande. Les porcs bien détenus
donnent une viande légèrement
rouge, de haute qualité, grâce au mouvement.
Il en est de même pour les veaux
nourris et détenus conformément à leur
espèce.
Les poules élevées en plein air
pondent des œufs contenant jusqu’au
double de caroténoïdes par rapport à
celles qui sont élevées dans des poulaillers.
La viande des poulets élevés en plein
air présente une meilleure qualité organoleptique
et est plus juteuse.
57

lorsqu'il promulgue de nouvelles prescriptions
quant au bien-être des animaux. Ces
délais peuvent aller jusqu'à dix ans. Cependant,
la gestion, le soin des animaux,
leur observation et le contact que l'on entretient
avec eux, ainsi que les sorties au
pâturage, sont des aspects qui peuvent
être réglés sans grands investissements.
Ils peuvent donc être pris en compte par
tout détenteur d'animaux responsable, indépendamment
de la situation de son infrastructure
et de ses finances.
Les anciens moteurs du développement
des produits respectueux du
bien-être des animaux, Migros et Coop,
semblent désormais piétiner. Leur stratégie
de présenter une offre aussi vaste
que possible fait de la concurrence aux
produits respectueux des animaux. Ces
derniers ne constituent désormais plus
qu'une offre parmi d'autres, entre les
lignes de produits avantageux et la panoplie
de spécialités (Heidi, Anna’s Best,
Betty Bossi, Pro Montagna, Jamie Oliver),
jusqu'aux offres Premium et aux lignes de
produits pour enfants. Par conséquent, la
publicité en faveur des produits respectant
les animaux diminue. Il y a donc le
danger que la créativité et la crédibilité de
Migros et Coop du point de vue de la ges-
58
De la viande issue de détentions
permettant la sortie régulière
en plein air: McDonald’s
tion de l'offre respectueuse du bien-être
des animaux soient entamées.
On peut se demander si la clientèle et
les entreprises sont vraiment servies par
la multiplication actuelle des lignes de
produits ou si cette dernière ne renchérit
pas simplement les produits. D'une façon
générale, on peut admettre que les
prix des produits suisses, notamment des
produits labellisés, soient plus élevés que
dans l'UE. Cela également parce que les
exigences suisses en matière d'écologie et
de bien-être des animaux sont plus élevées.
Cependant, la part qui revient aux
producteurs pour couvrir les coûts est justement
de plus en plus basse dans le domaine
de la viande et des œufs. Cela signifie
que les paysans reçoivent de moins
en moins de ce que le consommateur paie.
Même si les éleveurs vendaient leurs animaux
aux abattoirs à des prix européens,
le prix de la viande du pays dans les commerces
serait plus élevé qu'à l'étranger.
L'optimisation des coûts de la viande, du
lait et des œufs sur le dos des paysans se
répercute rapidement sur le bien-être des
animaux, sur la qualité des produits et sur
leur sécurité. D'autre part, les consommateurs,
au niveau de leur porte-monnaie,
ne remarquent quasiment rien de ces économies
contreproductives. Selon les commerces
de détail, les œufs, la viande et
les produits laitiers sont parfois vendus à
des prix très différents, même en dehors
des actions. Cela signifie qu'il y a encore
des possibilités de rendement dans ce domaine.
Tandis que Migros et Coop proposent
un assortiment de produits respectueux
du bien-être des animaux relativement
étoffé, la plupart des autres commerces
de détail peuvent encore faire des efforts
dans ce sens. Par exemple, peu de commerces
proposent des poulets d'élevages
en liberté, des lapins ou de la viande
d'agneau labellisés. Par contre, hélas, de
plus en plus de viande importée, produite
dans des détentions en masse interdites
chez nous, dans lesquelles, force est de
constater que le mot «contrôle» est inconnu.
Dans la branche gastronomique,
tout est à construire en ce qui concerne
le bien-être des animaux. En 2008, les
Suisses ont dépensé plus de 13 milliards
de francs pour manger au restaurant. Selon
une étude de l'institut amPuls Market
Research de 2009, la viande est toujours
l'élément le plus important des menus
consommés au restaurant. Un quart
des mets à base de viande consommés au
restaurant contient du porc, qui constitue
donc la viande la plus appréciée au
bistrot, suivie de près du bœuf, avec une
proportion de 23 %. La volaille suit une
tendance variable et se situe actuellement
à 18 %.
Trois entreprises gastronomiques se
distinguent en ce qui concerne l'utilisation
de viande issue de détentions respectueuses
des animaux. McDonald’s, le
numéro un de la gastronomie suisse en
ce qui concerne son chiffre d'affaires, depuis
février 2010 propose uniquement de
la viande de bœuf suisse provenant de détentions
avec sorties régulières en plein
air (SRPA), après recommandation de la
Protection Suisse des Animaux PSA. En
2009, McDonald’s Suisse a acheté 3900
tonnes de bœuf aux paysans suisses, correspondant
à 4,5 % du bœuf consommé
en Suisse. Migros, le deuxième acteur
de la gastronomie suisse, propose de la
viande labellisée depuis un peu plus longtemps
dans ses restaurants. Les restaurants
de Coop, numéro six de la gastronomie
suisse, misent de façon conséquente
sur la viande labellisée. Ils n'utilisent que
du bœuf et du porc Coop Naturafarm et
du veau bio.
La fondation «Goût Mieux» distingue
65 restaurants qui se sont engagés à s'approvisionner
de façon conséquente, de
produits bio et provenant de détentions
respectueuses des animaux (www.goutmieux.ch).
L'action «Manger avec du
cœur» de la Protection Suisse des Animaux
PSA indique environ 120 restaurants
qui proposent régulièrement des
menus végétariens ou avec des produits
issus de détentions respectueuses des animaux
(www.mangeravecducoeur.ch).
Par contre, la majorité des 20 000 et
plus restaurants, cantines du personnel et
PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA

fast-food de Suisse n'utilise que peu de
produits provenant de détentions respectueuses
des animaux. Ils ne proposent que
de la viande et des œufs suisses conventionnels
ou, le plus souvent, importés. La
plupart du temps, les tenanciers ne sont
pas renseignés quant aux conditions de
détention des animaux en Suisse et à
l'étranger et aux différents labels pour le
bien-être des animaux.
Il semble que, dans le domaine gastronomique,
le prix est toujours prioritaire
par rapport à la qualité. Pourtant, les matières
premières ne font presque pas la différence
en ce qui concerne le prix: le coût
d'un œuf d'élevage en liberté ne constitue
que 4 % du prix d'un tiramisu de CHF
6.60. Le prix de la viande conventionnelle
suisse représente 33 % d'un menu
avec steak, pommes frites et légumes à
CHF 23, celui de la viande labellisée ou
provenant d'une détention respectueuse
des animaux représente 37 %, soit à peine
un franc de plus. Le porte-monnaie du
client ne verra pas de différence si le tenancier
utilise des produits un peu plus
chers, mais respectueux des animaux. Par
contre, cela apporte beaucoup aux animaux
et à la qualité du repas!
Puisque presque la moitié de la viande
consommée en Suisse est écoulée par les
restaurants, il est très important que la
branche de la gastronomie prenne enfin
ses responsabilités vis-à-vis des animaux
et de leur bien-être. Il y a assez de clients
qui feront honneur à ces efforts. À l'occasion
d'une enquête que la PSA a menée en
2011 auprès des milieux de la gastronomie,
même les restaurateurs ont estimé le
potentiel du bien-être des animaux à
50 %.
9.5 Le rôle de l'État
L'État doit être plus actif pour stopper les
abus et les pratiques contraires à la protection
des animaux, poursuivre les infractions
et les sanctionner. De plus, il
doit intervenir dans le cas d'échec sur
le marché, c'est-à-dire là où le marché
et les consommateurs seuls ne peuvent
pas exercer une influence. Par exemple
parce qu'il manque une offre de produits
PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA
labellisés ou parce que le marché suscite
des comportements et des pratiques
contraires à la protection des animaux,
comme lors des importations bon marché
de produits issus de détentions animales
en masse ou de denrées comme le
foie gras et les cuisses de grenouille. Dans
ces cas, l'État peut interdire certaines importations,
exiger une déclaration de protection
des animaux pour les denrées alimentaires
ou promouvoir des systèmes de
détention respectueux des animaux, leur
permettant la sortie.
Un tel engagement de l'État en faveur
du bien-être des animaux est légitimé par
la grande importance que la population
suisse accorde à la détention respectueuse
des animaux de rente. Pour cette exigence
qu'elle impose à sa paysannerie, la population
est largement disposée à investir
une part élevée de l'argent de ses impôts.
La détention des animaux de rente n'est
pas seulement le secteur financier le plus
important de l'économie alimentaire: elle
exerce un effet sur la qualité des produits
laitiers, de la viande et des œufs, ainsi
que sur celle de l'air, des sols et de l'eau.
La détention des animaux de rente influe
également sur l'approvisionnement en
denrées alimentaires, le cadre paysager,
l'utilisation des terres agricoles et l'exploitation
des ressources et de l'énergie,
ainsi que sur les émissions de gaz à effet
de serre. D'après les expériences et dans
l'état actuel des connaissances scientifiques,
on peut affirmer que les détentions
paysannes respectueuses du bienêtre
des animaux exercent un effet positif
sur tous ces aspects. Les détentions d'animaux
en masse et les fabriques d'animaux
produisent des denrées momentanément
bon marché, mais pour lesquelles l'être
humain, les animaux et l'environnement
paient le prix fort sur le long terme, par
des scandales alimentaires répétés, des
dégâts environnementaux ou des cruautés
envers les animaux. Par contre, tout
le monde profite des mesures en faveur
du bien-être des animaux: les paysans,
les consommateurs et les contribuables –
mais aussi l'environnement!
La Protection Suisse des Animaux
PSA souhaite dès lors tendre vers une
«Suisse, pays des élevages en liberté» et a
élaboré un catalogue de mesures de politique
agricole à cet égard.
1. Mesure: une stratégie
qualitative conséquente
La PSA demande depuis vingt-cinq ans
une stratégie de qualité conséquente en
matière d'agriculture et s'engage à mettre
sur pied et en application des programmes
de labellisation en faveur du bien-être
des animaux et dans l'information des
consommateurs à ce sujet. Il est désormais
important que la politique agricole
soit basée sur une stratégie de qualité,
afin de viser des stratégies, de compléter
les défaillances du marché et de se profiler
sur un marché agricole international
en ouverture. Mener une stratégie timide
comme celle menée jusqu'à présent – la
politique agricole encourage un peu de
qualité par-ci, un peu de quantité par-là
– est inefficace et n'a pas de sens dans un
pays aussi petit que la Suisse.
À une époque où les terres agricoles
se font de plus en plus rares et que la
demande de denrées alimentaires et de
produits de provenance animale augmente,
notamment dans les pays autre-
Les prix suisses ne sont justifiés que
par des exigences élevées quant à la
qualité et au bien-être des animaux
59

fois pauvres, l'approvisionnement à long
terme de la population indigène par les
paysans suisses doit être revalorisé. Les
nécessités des consommateurs, aussi bien
en matière de qualité que de durabilité des
produits, doit à nouveau être au centre de
l'attention.
2. Mesure: des paiements
directs qui ciblent les objectifs
Les 2.8 milliards de francs versés chaque
année sous la forme de paiements directs
ne doivent pas continuer à être distribués
par le principe de l'arrosoir. Ils doivent
être octroyés en fonction des objectifs
atteints par les paysans. L'écologie et le
bien-être des animaux doivent être mieux
encouragés. C'est la question centrale de
la stratégie de qualité sur laquelle il faut
mettre le cap. Les contributions destinées
aux exploitations bio et soucieuses du
bien-être des animaux doivent être dirigées
afin de compléter le marché. Les programmes
de labellisation doivent être ciblés
et étoffés. De cette manière, le marché
et les encouragements étatiques se complètent
de façon optimale. La Suisse ne
peut se profiler et réussir dans un marché
agricole et alimentaire ouvert que par la
qualité et le bien-être des animaux. Les
contributions bio et en faveur du bienêtre
des animaux, définies selon les objectifs,
permettent à nos paysans de produire
de façon moderne, efficace, naturelle et
respectueuse des animaux.
L'agriculture biologique est une méthode
permettant d'économiser l'énergie
et les ressources en ménageant l'environnement.
L'agriculture organique et biologique,
la méthode bio la plus répandue
au monde, a été développée en Suisse.
Notre pays a donc un rôle de pionnier en
la matière. À une époque où les ressources
se font rares, l'agriculture biologique revêt
un rôle important pour l'alimentation
mondiale.
Bien que le bien-être des animaux soit
l'exigence la plus importante des contribuables
vis-à-vis des paysans et de la politique
agricole, le Conseil fédéral ne l'a
encouragé que timidement jusqu'à présent.
Seuls 9 % des 2.8 milliards de francs
60
versés chaque année par les paiements directs
sont investis pour le bien-être des
animaux. Par conséquent, des millions
d'animaux de rente doivent continuer à
vivre toute leur existence dans des étables
étriquées, sans avoir de surfaces appropriées
pour se coucher et sans la possibilité
de sortir en plein air. La PSA demande
donc que les paiements directs soient versés
autrement: les contributions générales
destinées à la détention d'animaux
doivent être rayées, au profit de contributions
incitatives en faveur des systèmes
de stabulation respectueux des animaux
et des possibilités de sorties régulières en
plein air. L'objectif de cela consiste à permettre
à tous les animaux de sortir à l'air
libre!
De plus, la PSA demande que l'on
mette sur pied un programme de pâturage
en faveur des animaux consommant du
fourrage grossier, afin de s'écarter des animaux
sélectionnés pour la haute performance
et des excès de fourrages concentrés
liés à leur exploitation. Entre-temps,
même le Conseil fédéral l'a reconnu: «En
matière d’alimentation des ruminants, la
tendance est à une utilisation accrue des
aliments concentrés. La production suisse
de lait et de viande risque ainsi de perdre
à long terme un avantage concurrentiel
stratégique.» (Message concernant la «Politique
agricole 2014–17»)
Le Conseil fédéral souhaite dès lors
encourager les exploitations qui couvrent
largement leur demande en fourrage par
les herbages, le foin, le regain et l'ensilage
d'herbe. Les exploitations qui administrent
peu de fourrages concentrés et
qui comptent principalement sur le pâturage
sont plus respectueuses des animaux
et plus écologiques. La détention au pâturage
assure des avantages à l'être humain,
aux animaux et à l'environnement. Elle
contribue grandement à protéger l'environnement
et le climat. Elle fournit également
de meilleurs produits (p. ex. plus
d'acides gras CLA et Omega-3 dans le lait
et la viande). Finalement, les animaux
sont plus sains et ont une durée de vie
plus longue, il y a moins de défaillances
et de décès dus aux conditions sanitaires.
3. Mesure: des contrôles et
des sanctions conséquents
Une décision du Tribunal fédéral tombée
en été 2011 a permis de verser les paiements
directs à un paysan de Thurgovie
qui, entre autres, a maltraité un cheval au
point de le faire mourir. Le Canton avait
refusé une partie des paiements directs.
Cette décision scandaleuse du Tribunal
fédéral fait la part belle à ceux qui commettent
des cruautés envers les animaux
et doit être revue au plus vite. La PSA
exige que les personnes contrevenant à
la protection des animaux ne soient pas
seulement frappées de la sanction justifiée
par leurs infractions, mais qu'elles soient
également privées des paiements directs
ou d'une partie de ceux-ci, puisqu'elles
ne satisfont pas les exigences. Rayer les
paiements directs ne constitue pas une
punition. Le paysan inculpé n'a simplement
pas droit à une partie des paiements,
puisqu'il n'a pas fourni la prestation demandée
en ce qui concerne la protection
des animaux (ou, dans le cas extrême,
n'en a fourni aucune). De plus, la PSA
exige davantage de contrôles inopinés
des détentions d'animaux.
4. Mesure: encourager les
paysans respectueux des
animaux
Aujourd'hui, la Confédération promeut
des étables peu économiques et problématiques
en ce qui concerne la protection des
animaux, pas des crédits à l'investissement.
Il s'agit d'étables à l'attache pour
vaches et bovins d'élevage ou d'étables
sans litière et sans possibilité de sortir
pour le bétail d'engraissement. La PSA
exige donc qu'à l'avenir, les crédits à l'investissement
ne soient octroyés qu'aux
projets d'étables respectueuses des animaux.
Les constructions ou transformations
d'étables destinées à la détention de
vaches ou de chèvres à cornes, demandant
plus de place, doivent être soutenues par
des contributions et des crédits à l'investissement
proportionnellement plus élevés.
PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA

5. Mesure: pas de fabriques
d'animaux
Une stratégie de qualité crédible auprès
des consommateurs, des contribuables
et des milieux de la protection des animaux,
ainsi que l'acceptation de l'ensemble
du système des paiements directs
dépendent en grande partie de l'attitude
de la Confédération. En effet, c'est celleci
qui décide si elle tient à maintenir des
détentions d'animaux paysannes ou si
elle préfère se tourner vers les détentions
en masse (fabriques d'animaux), selon le
modèle étranger, comme l'ont souhaité à
plusieurs reprises certains représentants
du monde agricole par le passé. D'autant
plus que le bien-être des animaux dépend
également de la taille de l'effectif. Ainsi,
au-delà d'une certaine limite, il n'est plus
possible de pratiquer l'élevage de volaille
en liberté. Chez les porcs et d'autres catégories
d'animaux, l'effort consacré à l'assistance
diminue rapidement si la taille
de l'effectif augmente. Les soins, la surveillance
et le contact entre l'être humain
et l'animal constituent les facteurs
les plus importants du bien-être des animaux,
ainsi que de la rentabilité économique,
à côté du type de détention. La
PSA demande que les limites maximales
actuelles pour les exploitations soient
maintenues et que l'on n'accorde plus
d'exceptions, à l'avenir, par exemple pour
des installations d'engraissement industriel
des porcs.
6. Mesure: en finir avec les
sélections extrêmes
La Confédération encourage les sélec-
tions indigènes. Cela est sensé et incontesté.
Cependant, les sélections unilatérales
en vue d'augmenter énormément
une performance ont conduit à des lignées
de poulets et de dindes d'engraissement
qui ne se comportent plus dune
façon conforme à leurs espèces et qui ne
peuvent plus se mouvoir correctement.
Leur croissance musculaire excessive et
unilatérale leur cause des douleurs continuelles.
Dans l'élevage porcin, des truies
très fertiles mettent au monde de plus en
plus de porcelets – parfois plus qu'elles
PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA
Les paysans agissant dans le
respect des animaux doivent
être encouragés en Suisse
n'ont de tétines. Par conséquent certains
porcelets sont surnuméraires, délaissés,
et les troubles sanitaires augmentent,
tant chez la truie (surexploitation!) que
chez les porcelets (élevage artificiel; surnuméraires).
La sélection unilatérale en
faveur d'une production laitière extrêmement
élevée a pour conséquence qu'il est
considéré de moins en moins rentable de
respecter la période de finition des veaux
femelles qui ne seront pas sélectionnés.
On entendra bientôt des appels à tuer les
veaux nouveaux-nés, comme on fait déjà
en Nouvelle-Zélande et en Italie, pour
s'épargner la période de finition, non rentable.
À l'avenir, la Confédération ne doit
plus encourager de telles dérives de l'élevage,
sans égard vis-à-vis des principes
éthiques, facilitant la prédisposition des
animaux à la maladie et affaiblissant leur
résilience, par l'argent des impôts!
7. Mesure: interdire les
importations contraires à la
protection des animaux
À l'avenir, la Confédération doit main-
tenir ouverte la possibilité d'interdire les
importations de produits éthiquement
douteux ou au moins, d'exiger une déclaration
conséquente. Aujourd'hui, il ar-
rive constamment que les consommateurs
soient submergés de denrées étrangères,
produites dans des conditions contraires à
la protection des animaux. Actuellement,
l'urgence se situe, en particulier, dans
le domaine des importations de volaille
(poulets, dindes), tant en ce qui concerne
la quantité, quelque 45 000 tonnes, que le
non respect de la protection des animaux
et le potentiel de danger (résistance aux
antibiotiques; apparition de salmonelles
dans les poulaillers).
9.6 Le rôle de la politique
internationale
La Suisse importe environ 40 % des calories
qu'elle consomme, dont 120 000
tonnes de viande par an, correspondant
environ à un quart de la consommation
globale, tandis que de nombreux pays de
l'UE augmentent massivement leurs détentions
d'animaux. Le Danemark produit
donc presque 4 fois plus, l'Irlande 3 fois
plus, les Pays-Bas et la Belgique le double
de la viande dont ils ont besoin. La situation
de la viande de porc est particulièrement
frappante: le Danemark produit
6 fois plus, les Pays-Bas et la Belgique
2,5 fois plus qu'ils ne consomment. Cette
production excessive est clairement effec-
61

tuée au détriment du bien-être des animaux,
de l'écologie et de la qualité et de
la sécurité des produits. Afin que ces installations
industrielles d'engraissement
d'animaux fonctionnent, il faut importer
des quantités gigantesques de fourrages
concentrés depuis l'autre côté de l'Océan.
Entre-temps, l'Allemagne se lance également
à côté de ces producteurs «traditionnels»
d'excédents. En l'espace de cinq
ans, son exportation de viande et de produits
carnés a augmenté de 60 %. Outre
le développement de l'engraissement de
la volaille, la production de porc a également
fortement augmenté. L'Allemagne a
augmenté son degré d'approvisionnement
interne en viande de 94 %, en 2000, aux
115 % actuels. Cela a été possible, comme
chez les autres producteurs d'excédents,
grâce à l'importation massive de fourrages
concentrés, parfois génétiquement
manipulés, provenant du Brésil, d'Argentine
et des USA, ainsi qu'en développant
les détentions d'animaux en masse.
En Allemagne, une installation d'engraissement
doit produire 550 000 poulets,
afin de générer un revenu de quelque
50 000 euros par an, car elle ne gagne
que 10 centimes par animal! Ce n'est pas
étonnant que l'administration d'antibio-
62
L’augmentation des détentions
animales sur le plan mondial
fait grimper les prix du fourrage
tiques soit devenue une pratique courante
et nécessaire dans ces installations d'engraissement
de volaille. Une étude mandatée
par le ministère de la protection des
consommateurs du Land de Rhénaniedu-Nord
– Westphalie, en 2011, montre
qu'on a administré des substances antimicrobiennes
dans 83 % des processus
d'engraissement. Globalement, 96 % des
animaux provenant des exploitations
examinées ont été traités aux antibiotiques.
Parfois, ils recevaient jusqu'à 8 administrations
d'antibiotiques, avec trois
principes actifs différents, déjà à l'âge de
moins de six semaines!
Il n'y a pas de raison de croire que
dans d'autres pays, pratiquant la détention
d'animaux en masse de façon comparable,
la situation sanitaire et des traitements
médicamenteux suscitent moins
d'inquiétudes.
Le marché de la volaille dans l'UE
montre la face négative du libre-échange,
à savoir le va-et-vient de denrées alimentaires,
douteux sur le plan écologique et
la destruction des structures paysannes
régionales. En 2011, les exportations ont
atteint le record, avec environ 1,3 million
de tonnes. La viande, surtout les
cuisses et les ailes, était écoulée partout
dans le monde – en Russie, à Hongkong,
en Arabie Saoudite et même en Afrique,
au Ghana et au Benin. En même temps,
l'UE importait 700 000 tonnes de volaille,
principalement du Brésil et de Thaïlande.
Le marché de la viande de volaille est en
pleine explosion au niveau mondial. Les
experts partent du principe qu'au plus
tard en 2020, on produira plus de 120 millions
de tonnes (aujourd'hui: 95 millions
de tonnes) et que la production de viande
de volaille dépassera celle de viande de
porc, en ce qui concerne la quantité.
Les experts considèrent avec inquiétude
le développement mondial de la production
animale intensive. Afin de nourrir
les 9 milliards de personnes qui peupleront
le monde à l'avenir, il ne faut pas encourager
les grandes exploitations, mais
plutôt les petits paysans. C'est ce qu'affirment
les experts agricoles, comme la
task-force de l'ONU contre la faim dans
le monde. Il faut donner la possibilité aux
petits paysans d'augmenter leur productivité
de façon écologiquement soutenable.
En 2011, des représentants de ce groupe
ont fait consigner dans le procès-verbal
qu'il ne faut pas une nouvelle révolution
verte, plutôt une révolution toujours
verte. Il est très important de renforcer les
femmes et leur égalité des droits, car elles
accomplissent 60 à 80 % du travail agricole
au niveau mondial.
Mais ce sont justement les petits paysans
et l'agriculture paysanne qui se
trouvent sous pression, partout dans le
monde, à cause des exportations des excédents
des USA, de l'UE et du Brésil. Ainsi,
au Cameroun, le marché interne de la volaille
a collapsé en 2000, alors qu'il fonctionnait
parfaitement, après que l'UE a
inondé le pays avec ses parties de volaille
bon marché. En 2008/09, la production
allemande de poulets, en plein essor, a
renversé le marché français de la volaille.
En réponse à cela, la France et d'autres
pays de l'Union ont renforcé leurs installations
industrielles d'engraissement
de volaille. Tous les producteurs d'excédents,
parmi lesquels l'UE, cherchent fébrilement
des créneaux pour écouler leur
marchandise partout dans le monde. Les
PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA

accords de libre-échange tant souhaités,
par exemple entre l'UE et la Suisse
ou l'Inde, devraient être considérés également
sous cet aspect. Pour l'Inde, un
accord de libre-échange avec l'UE signifie
la disparition de 150 milliards d'euros
de droits de douane, soit 11 % du budget
interne! Des millions de petits paysans
indiens et de petits commerçants ou
de commerçants de rue craignent que les
importations de l'UE et les chaînes commerciales
de l'UE ne les écrasent.
Les terres agricoles et les ressources
sont limitées, les changements climatiques
– d'origine naturelle ou anthropique
– menacent et la demande de denrées
alimentaires augmente. Au cours des
prochaines années, le thème de la sécurité
de l'approvisionnement reviendra donc
Glossaire
Are 100 mètres carrés
AML auxiliaires de stimulation de la production
à base d’antibiotiques («antibiotique
alimentaires»)
ETH-Zurich École polytechnique fédérale
de Zurich
Hectare 100 ares
LPA Loi fédérale sur la protection des
animaux
Lactation, quantité de lait standardisée
sur 305 jours, produite par une
vache en une année
OFAG Office fédéral de l’agriculture
OPAn Ordonnance sur la protection des
animaux (dispositions d’exécution)
OVF Office vétérinaire fédéral
Rapport du «Club de Rome» Dans les
années 1970, ce livre prophétisait (de
façon erronée) une surpopulation mas-
Éditeur
Protection Suisse des Animaux PSA
Dornacherstrasse 101, case postale
4008 Bâle
Tél. 061 365 99 99
Fax 061 365 99 90
CCP 40-33680-3
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www.protection-animaux.com
PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA
d'actualité. Après la crise immobilière et
des banques, de plus en plus d'experts
conseillent les investisseurs de garder des
matières premières agricoles dans leur
portfolio. Des milliards sont désormais
impliqués dans les matières premières et
dans leur commercialisation, ce qui allèche
les spéculateurs. En savent quelque
chose les organisations humanitaires: en
2011, lors des inondations au Pakistan,
bien qu'il y ait eu assez de blé, les spéculateurs
avaient tellement fait grimper
son prix dans les bourses mondiales des
matières premières que l'argent mis à disposition
ne suffisait même pas à acheter
la moitié de la quantité de blé nécessaire!
Il faut donc se réjouir que la question
de la sécurité de l'approvisionnement et
de la souveraineté alimentaire revienne
sive et le déclin des matières premières
et des combustibles fossiles dès 2000
PER Prestations écologiques requises.
Conditions fondamentales qu’un paysan
doit respecter dans la culture et la
détention d’animaux pour obtenir les
paiements directs
Principe des 3R Concept qui s’adresse
à la responsabilité individuelle des chercheurs
pour contenir l’expérimentation
sur des animaux (reduce/réduire, refine/raffiner,
replace/remplacer)
rBST Hormone de croissance produite
artificiellement, régulièrement injectée
aux bovins, en particulier dans les USA,
afin d’augmenter la production de lait et
de viande. Interdite en Suisse.
SST Programme étatique pour encourager
les systèmes de stabulation particulièrement
respectueux des animaux
Auteur
Dr Hansuli Huber, ing. agr. dipl. ETH
Directeur de la section technique
Protection Suisse des Animaux PSA
Traduction Walter Rosselli
Graphisme die zwei bâle
de plus en plus régulièrement dans les
ordres du jour des politiques nationales
et internationales. Cela aussi afin de
faire le contrepoids aux négociations de
l'OMC, dont l'objectif majeur est le libre
commerce mondial dans le domaine des
denrées alimentaires – dépourvu de tout
garde-fou en ce qui concerne l'écologie,
la protection des animaux et le domaine
social. Ces accords ne favorisent, unilatéralement,
que les pays producteurs d'excédents
et exportateurs, au détriment des
petits et moyens paysans et d'une détention
d'animaux de rente à caractère paysan
et respectueuse des espèces. l
SPF Concept d’assainissement contre
la transmission de maladies porcines
(specific pathogen free (libre d’agents
pathogènes spécifiques)), se distinguant
par la détention aseptique des
truies et par la césarienne remplaçant
la naissance naturelle des porcelets
SRPA Programme étatique apte à promouvoir
les sorties régulières des animaux
de rente en plein air
UGB Unité de gros bétail: clé de calcul
pour comparer les différentes espèces
d’animaux de rente; 1 UGB correspond
à une vache laitière, à 6 chèvres, moutons
ou porcs ou à 100 poules pondeuses
Viande PSE Viande de qualité moindre,
notamment de porc (pale/claire, soft/
molle, exudative/exsudative)
Photos
123RF, Lydia Baumgarten, Michael Götz,
iStockphoto, KAGfreiland, Keystone,
Barbara Marty, Reuters, Mark Rissi,
Franz J. Steiner, Simon Templar,
tierschutzbilder.de
63

17’/1.07/die zwei
imaux PSA · Dornacherstrasse 101 · CH-4008 Bâle
99 90 · sts@tierschutz.com · www.protection-animaux.com Protection SuiSSe deS AnimAux PSA
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LIBRE-ÉCHANGE ET
PROTECTION DES ANIMAUX
UNE COMPARAISON SUISSE–UE
PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA
Prévenir
vAut mieux que guérir
FEUILLE D’INFORMATION PSA
StabulationS économiqueS et reSpectueuSeS de la vie animale
Garde Garde de de lapins lapins d’engraissement
d’engraissement
en groupes
Avec liste de contrôle
des causes d’accident
FEUILLE D’INFORMATION PSA
StabulationS économiqueS et reSpectueuSeS de la vie animale tKS 1.1
Construction Construction d’une d’une aire aire
d’alimentation d’alimentation annexée annexée à à une une étab étable
le existante existante pour pour vaches vaches laitières laitières
La La La ferme ferme ferme vue vue vue de de de l’est. l’est. l’est. A A A gauche, gauche, gauche, la la la grange, grange, grange, à à à droite droite droite l’aire l’aire l’aire d’affouragement d’affouragement d’affouragement séparée. séparée. séparée.
Affourager Affourager les les vaches vaches en en plein plein air air
Il Il Il est est est inutile inutile inutile de de de démolir démolir démolir les les les stabulations stabulations stabulations existantes existantes existantes qui qui qui ont ont ont été été été bien bien bien construites. construites. construites. Parfois, Parfois, Parfois, on on on peut peut peut y y y
adjoindre adjoindre adjoindre également également également une une une aire aire aire d’alimentation d’alimentation d’alimentation en en en plein plein plein air air air et et et un un un local local local de de de traite. traite. traite. Il Il Il en en en résulte résulte résulte ainsi ainsi ainsi
une une une étable étable étable à à à stabulation stabulation stabulation libre libre libre adaptée adaptée adaptée aux aux aux animaux animaux animaux et et et favorable favorable favorable sur sur sur le le le plan plan plan de de de l’économie l’économie l’économie du du du tra- tra- tra
vail.
Roland Roland Roland Werner Werner Werner du du du Waldhof Waldhof Waldhof à à à Wäldi Wäldi Wäldi (TG) (TG) (TG) a a a été été été l’un l’un l’un des des des premiers premiers premiers à à à avoir avoir avoir eu eu eu le le le courage courage courage d’alimenter d’alimenter d’alimenter
ses ses ses vaches vaches vaches en en en plein plein plein air air air toute toute toute l‘année l‘année l‘année durant. durant. durant. «Je «Je «Je suis suis suis convaincu convaincu convaincu que que que cela cela cela ne ne ne pose pose pose pas pas pas de de de problèmes problèmes problèmes
sous sous sous nos nos nos latitudes, latitudes, latitudes, au au au moins moins moins jusqu’à jusqu’à jusqu’à 1000 1000 1000 mètres mètres mètres d’altitude», d’altitude», d’altitude», lance lance lance l’agriculteur. l’agriculteur. l’agriculteur. En En En 1995, 1995, 1995, il il il a a a
transformé transformé son son étable étable à à stabulation stabulation entravée entravée en en
étable étable à à stabulation stabulation libre libre dotée dotée d‘une d‘une aire aire de de
promenade promenade et et d’une d’une aire aire d’affouragement.
d’affouragement.
Construire Construire un un couloir couloir d’alimentation d’alimentation séparé séparé
Les Les lapins lapins veulent veulent pouvoir pouvoir faire faire des des bonds… bonds… et et se se reposer reposer également. également.
Au Au lieu lieu de de détenir détenir les les lapins lapins en en cages, cages, on on peut peut leur leur aménager aménager une une stabulation stabulation sur sur le le modèle modèle d’une d’une
maison maison comportant comportant plusieurs plusieurs étages étages et et chambres. chambres. Ce Ce mode mode de de garde garde permet permet aussi aussi un un engraissement
engraissement
rentable rentable comme comme l’ont l’ont démontré démontré des des pionniers pionniers suisses suisses en en la la matière. matière.
«Le «Le lapin lapin est est un un animal animal exigeant. exigeant. Plus Plus on on a a de de connaissances connaissances à à son son sujet, sujet, plus plus nous nous serons serons
conscients conscients du du peu peu de de choses choses que que nous nous savons», savons», lance lance Felix Felix Näf Näf pour pour expliquer expliquer ce ce qui qui le le fascine fascine
tant tant dans dans ces ces animaux animaux laineux laineux et et bondissants. bondissants. A A la la ferme ferme de de ses ses parents, parents, il il élevait élevait déjà déjà près près de de
200 200 lapins lapins quand quand il il était était enfant. enfant. Il Il a a fait fait de de ce ce hobby hobby précoce précoce une une branche branche d’exploitation d’exploitation jouissant jouissant
de de bonnes bonnes perspectives perspectives d’avenir d’avenir et et collabore collabore avec avec des des paysans paysans de de la la région région dans dans ce ce secteur. secteur.
Piètres conditions de garde à l’étranger
FEUILLE D’INFORMATION PSA
Dès Dès 1999 1999 déjà, déjà, le le grand grand distributeur distributeur Coop Coop a a misé misé sur sur la la viande viande de de lapin lapin issue issue de de garde garde respec respec-
tueuse tueuse des des animaux. animaux. La La demande demande s’est s’est amplifiée amplifiée lorsque lorsque les les grands grands distributeurs distributeurs suisses suisses se se sont sont
imposé imposé un un arrêt arrêt volontaire volontaire des des importations importations de de viande viande de de lapin lapin à à la la fin fin 2008. 2008. Ce Ce sont sont les les mauvaises mauvaises
conditions conditions de de garde garde en en France France et et dans dans les les Etats Etats de de l’Est l’Est qui qui furent furent à à l’origine l’origine de de cette cette décision. décision.
Livrer Livrer aux aux grands grands distributeurs distributeurs suffisamment suffisamment de de viande viande issue issue de de garde garde respectueuse respectueuse des des animaux animaux
est est une une chance chance et et un un défi défi pour pour la la détention détention agricole agricole de de lapins lapins pratiquée pratiquée en en Suisse. Suisse.
StabulationS économiqueS et reSpectueuSeS de la vie animale tKS 1.11
Taureaux reproducteurs dans
des boxes à 3 aires
«Détenir des taureaux reproducteurs n’a rien à voir avec une garde de taureaux à l’engrais», explique
l’agriculteur Samuel Herrmann du Forenhof d’Altikon (ZH).
Samuel Herrmann détient entre 70 et 90 taureaux reproducteurs pour Swissgenetics. Les taureaux
de la station d’IA de Mülligen (AG) arrivent dans sa ferme à l’âge de 14 à 18 mois. A Mülligen, les
semences qui seront utilisées ont été prélevées. Jusqu’à ce que les taureaux soient testés sur la
base de leur descendance, ils restent en quelque sorte en attente dans l’exploitation, pendant
quatre bonnes années en moyenne. Aujourd’hui, le Forenhof détient ses taureaux reproducteurs en
groupes essentiellement alors qu’ils étaient précédemment souvent détenus individuellement dans
un box.
L’agriculteur L’agriculteur a a poursuivi poursuivi deux deux objectifs objectifs lorsqu’il lorsqu’il
a a conçu conçu son son projet. projet. L’étable L’étable devait devait être être éconoéconomiquemique et et les les animaux animaux devaient devaient s’y s’y sentir sentir à à l’aise. l’aise.
«A «A l’époque, l’époque, les les architectes architectes spécialisés spécialisés en en bâtibâtimentsments agricoles agricoles construisaient construisaient d’autres d’autres étables», étables»,
constate constate Roland Roland Werner. Werner. Par Par là, là, il il entend entend des des
étables étables fermées fermées où où tout tout était était placé placé sous sous un un
même même toit. toit. Werner Werner voulait voulait toutefois toutefois construire construire Le Le Le nouveau nouveau nouveau couloir couloir couloir d’alimentation.
d’alimentation.
d’alimentation.
1
Les taureaux ont besoin de beaucoup d’espace
Il pourrait aussi s’agir d’une stabulation à front ouvert pour des bovins d’élevage, des vaches allaitantes
ou des taureaux à l’engrais: il comporte un couloir central avec, de chaque côté, une aire
d’exercice non couverte et une surface de repos couverte. Mais les animaux profitent de davantage
d’espace que des taureaux à l’engrais. Les grands et puissants taureaux ont besoin d’espace pour
pouvoir s’éviter les uns les autres. Dans les boxes à trois aires du Forenhof, 6 taureaux sont systématiquement
côté à côte. Chacun des 14 boxes est subdivisé en une surface de repos sur plan
incliné à l’arrière, une aire d’exercice non couverte et une aire d’alimentation couverte. Les boxes
ont 13 m de profond et 5 de large; chaque animal a donc 11 m2 en tout à sa disposition, 4,5 m2 de plus que ne l’exige l’ordonnance sur la protection des animaux pour de lourds taureaux reproducteurs.
Il y a 6,25 m2 /animal de surface de repos, 2,50 m2 /animal d’aire d’exercice non couverte
et 2,25 m2 Les taureaux reproducteurs sont logés dans une simple stabulation à front ouvert.
/animal d’aire d’alimentation couverte.
Libre-échange et protection des
animaux – une comparaison
Suisse-UE
Le bien-être des animaux reste-til
sur le carreau lors d’un accord de
libre-échange? En comparant les
formes de détention pratiquées en
Suisse et dans l’UE, on est plutôt
sceptique.
Format A4, 20 pages, gratuit*
Prévenir vaut mieux que
guérir
Il vaut la peine de prévenir à
l’étable, sur l’alpage et sur les
pâturages, ainsi que lors du
transport. Avec des exemples,
des conseils et une check-list des
causes d’accidents.
Format A5, 16 pages, gratuit*
1
11
LE CONFORT
DES ANIMAUX
EXEMPLES DU TERRAIN
PROTECTION PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA SUISSE DES ANIMAUX PSA
Des souffrances
animales cachées
dans la volaille importée
Protection SuiSSe deS Anim AnimAux PSA
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tél. 061 365 99 99 · fax 061 365 99 90 · CCP 40-33680-3 · sts@tierschutz.com · www.protection-animaux.com
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Le confort des animaux –
exemples du terrain
De petites interventions à l’étable
augmentent souvent considérablement
le confort des animaux.
D’innovants détenteurs d’animaux
de toute la Suisse montrent des
exemples pratiques.
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Des souffrances animales cachées
dans la volaille importée
Les différences en matière de protection
des animaux entre la Suisse
et l’UE dans le domaine des détentions
de poulets sont énormes. Faits
et chiffres.
Format A5, 12 pages, gratuit*
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Feuilles d’information PSA, Animaux de rente
(bovins, porcs, chevaux, volaille, chèvres, moutons et lapins)
Informatifs, didactiques et enrichis de nombreux exemples issus de la pratique au sujet de:
• Étables conformes aux animaux pour des coûts avantageux
• Soins et manière d’interagir avec les animaux
• Le comportement des animaux de rente
• Des aménagements d’étables conformes aux animaux
Format A4, télécharger via www.protection-animaux.com/publications > ANIMAUX DE
RENTE, CHEVAUX, CONSOMMATION > INFOTHEQE
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1’/1.2013