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f2ges d'Egy. - L'esprit des pierres

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ETHNO-HERPETOLOGIE et MITHOLOGIE<br />

A Saint-Gilles-Croix-de-Vie, la fontaine de la Georgette tire son nom de celui d'une jeune fille<br />

qui y fut menacée par "un grand serpent" : on peut y voir une version du thème de saint Georges et du<br />

Dragon, d'autant plus que les habitants de Saint-Gilles s'appellent populairement les Giras : Gilles,<br />

Gillon, Juire, et Giras sont <strong>des</strong> doublets de Georges. A St-Juire-Champgillon, la plus belle fille du pays<br />

était amenée chaque année en tribut près du lavoir, pour y être dévorée par un énorme "serpent volant".<br />

Une certaine année, saint Georges arrivant sur son cheval, transperça de son glaive ce Dragon, qui<br />

s'engloutit sous terre, laissant sur son passage "un creux profond rempli d'un liquide fétide bouillonnant".<br />

Le saint sauroctone trempa son épée dans le sang du monstre ct implora: "qu'en souvenir de ceci<br />

le sang empoisonné de l'ennemi du genre humain devienne une eau pure et bienfaisante". Depuis lors,<br />

une cau pure et intarissable coule en cet endroit.<br />

Vrim : c'est le venin de toutes les bàetes vrimouses (bêtes venimeuses). En 1977, Madame<br />

Daviaud, de Mouilleron-le-Captif (maintenant décédée) expliquait à M. Gautier et D. Gauvrit la<br />

croyance au vrim d'eau (venin d'cau) : au printemps, le vrim de tous les animaux venimeux monte au<br />

soleil et retombe la nuit avec l'égall (la rosée). Toucher à <strong>des</strong> feuillages égal/ous (humi<strong>des</strong> de rosée) peut<br />

alors donner le vrim d'eau. Le vrim est aussi une sorte d'itûection qui gagne le sang, et qui s'attrape en<br />

traversant une rivière: pour s'en préserver, il suffit d'avoir une poignée de grousse sàu (gros sel) dans sa<br />

poche 24. A Monsireigne, le Gaillet jaune [Galium verum L.] est appelé érbe au vrim (herbe au venin).<br />

Deux croyances vendéennes mentionnées par Léo Desaivre paraissent devoir être rattachées au thème du<br />

\'rim d'eau:<br />

1- la présence <strong>des</strong> crapauds dans les jardins empêche a la brime de nuire aux plantes 112.<br />

2- si la coque de l'oeuf qu'on vient de manger tombe "aux mains d'un sorcier qui vous en<br />

veuille", il lui suffira pour vous faire mourir "de la remplir de rosée ct de la piquer dans<br />

une épine noire" 127.<br />

Eùs cocatris : dans son glossaire, l'abbé Lalanne donne du mot cocatre ou cocatri, la définition<br />

suivante, valable d'ailleurs pour tout le Poitou: "oeuf avorté. Les habitants de nos campagnes croient<br />

encore que cet oeuf est le résultat de l'accouplement d'une poule ct d'un serpent, du coca/rix<br />

apparemment, puisque le nom de l'Oeuf en dérive" 25. Dans le Marais-Sud, on appelle cocatreù un "petit<br />

oeuf rond sans jaulle. qui marque, dit-on, la fin d'une période de ponte pour la pouIc qui l'a pondu" 14, et<br />

à Vouvant un cocatri est un "oeuf sans coquille" 15. Le Dictionnaire <strong>des</strong> Régionalismes de l'Ouest<br />

indique, dans une définition valable pour le Poitou-Charente dans son ensemble, qu'il s'agit d'un "petit<br />

oeuf sans jaune, de début ou de fin de ponte, qu'on prétendait pondu par une pouIc fécondée par un<br />

serpent, ct qui n'était pas consommé" 23. A Brenessard, j'ai appris que traditionnellement cet oeuf, qu'on<br />

reconnaît à sa très petite taille, était soigneusement conservé sur le vaesselàe (vaisselier) et qu'on prenait<br />

bien soin de ne pas le briser 26. Rappelons, à propos de ces oeufs, une coutume signalée aux Herbiers, et<br />

commune dans le Bocage: "Une poule qui se mettait à "chanter le coq" devait être tuée pour éviter toute<br />

une chaîne de malheurs" 43.<br />

Tout cela est confirmé par le Dr Viaud-Grand-Marais : "On ne peut parler <strong>des</strong> couleuvres sans<br />

dire un mot <strong>des</strong> coca/ris ou oeufs de coq [ ... ] regardés par les paysans comme le résultat de<br />

l'accouplement d'un serpent et d'une poule, ou d'un vieux coq et d'une couleuvre. Ils renferment, dit le<br />

pcuple, un petit serpent fascinateur dont le regard seul cause la mort et qui est tué par son propre<br />

charme, quand on peut le forcer à se voir dans une glace polie [ ... ]. Le cultivateur du Bocage qui trouve<br />

un coca/ris dans sa basse-cour, se signe et l'écrase du pied, de peur qu'il ne soit couvé par un chat :<br />

condition nécessaire pour qu'un basilic vienne au monde. Quand une poule a pondu un de ces oeufs<br />

hardés, son instinct semble lui dire qu'elle n'a pas donné le jour à un être capable de vivre. Son chant<br />

[ ... ] prend un caractère tout particulier ct se rapproche de celui du coq. On dit qu'elle estjalée et qu'elle<br />

.chante le jau [ ... ]. Cette poule maudite est sacrifiée" 53.<br />

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