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Jean-Loïc LE QUELLEC<br />
l'enfant apparaissait, pour qu'il n'appartienne pas au diable" 122.128. Dans le canton de La Rochefoucauld,<br />
on utilisait également dans le même but, vers 1941 une langue de serpent, en réalité, dent de squale 122.<br />
On sait que dans l'Europe <strong>des</strong> XVII-XVIIIe siècles, les dents fossiles de Carcharodon megalodon<br />
appelées "glossopètres" (langues [de serpents] pétrifiées), étaient fort renommées pour leurs vertus<br />
médicales.<br />
Le souvenir estompé d'un serpent mythique apparaît peut-être dans la mention imprécise d'une<br />
couleuvre de quatre mètres de long qui, selon R. Colle, aurait été tuée en 1818 120.<br />
Orvets : On les appelle serpenta. serpentea. engoell, enghoe, gnél, niél, nell, ane/l, sourd ou<br />
viroe 129. On dit proverbialement "aveugle comme un nell" (St-Germain-du-Seudre), et <strong>des</strong> variantes du<br />
dire selon lequel "si le sourd entendait, si le niél [var: aveugle] y voyait, personne existerait", sont<br />
connues à Arthenac, Arvert et St-Sornin 129.<br />
Lézards: Appelés laugrote (Saintonge) ou angrote (Charente-M.) 107. Leur queue porte chance<br />
aux joueurs, en Charente-Maritime 49.<br />
Cocatri : Vers Les Sauzets-St-Martial (Chte-M.), le coq qui chante comme la poule est considéré<br />
comme fou ou "sorcier", et il faut le sacrifier 38. On tue également les poules qui chantent le jàu, car<br />
certains disent qu'elles sont le signe que "la maison est divisée contre elle-même" 113. Plus généralement,<br />
la poule çhi chante le jàu est un présage de mort, dans tout le pays charentais 122. Robert Colle précise<br />
qu'il faut briser les oeufs cognatris (i.e.: sans jaune) en disant: "Eù cognatri, je te voe ... a fàut que tu<br />
maures avant mac" (oeuf cocatrix, je te vois, il faut que tu meures avant moi) 120. Notons qu'un<br />
magnifique coq à queue de serpent (ou serpent à corps de coq) se trouve sur un chapiteau de l'Abbaye de<br />
La Sauve-Majeur 120.<br />
Basilic: Selon R. Colle 120, il y en avait un dans la fontaine de la Rouillasse à Soubise, source<br />
thermale déjà exploitée du temps <strong>des</strong> Romains. Un jeune paysan <strong>des</strong> environs, ayant décidé de lui voler<br />
son diamant, se glissa au crépuscule près de la fontaine. Quand le monstre déposa son oeil sur l'herbe<br />
pour plonger, le jeune homme s'en empara, et se cacha sous un cuvier hérissé de clous, qu'il avait eu soin<br />
d'apporter avec lui. L'animal, devenu aveugle, ressortit précipitamment de l'cau et se rua rageusement<br />
sur le cuvier, jusqu'ù s'y déchirer et en mourir à l'aube. Quand le jeune homme sortit de son abri, ses<br />
cheveux étaient devenus tout blancs, et le diamant n'était plus qu'un vulgaire morceau de quartz. On<br />
enterra le cadavre du Basilic près de la source, et son action néfaste se poursuivant par-delà sa mort,<br />
l'établissement thermal tomba en ruines et fut finalement abandonné.<br />
Dragons : A Nuaillé, on remarque dans l'église un chapiteau qui représente le combat d'un<br />
chevalier contre un dragon crachant le feu. C'est que le nom de cette commune proviendrait de celui du<br />
Dragon Nuaâ, rejeté un jour par la mer, et qui dévorait les moutons de la côte et leurs bergers. Un jeune<br />
Seigneur du nom de Listang, aidé de ses chiens bardés de cuir armé de lames acérées, se rendit à<br />
Plaisance où vivait le monstre, qu'il réussit à défaire. En mémoire de quoi une chapelle fut ensuite<br />
construite sur l'emplacement où il fut enterré, et un château élevé au-<strong>des</strong>sus de son ancien repaire 120.<br />
Le Dragon précédent tenait son nom de son cri, tout comme la "Bête Rô", également marine, qui<br />
vivait dans un puits caverneux et qui n'en sortait que pour dévorer les pêcheurs, aux alentours de la<br />
Pointe de Roux, près d'Aytré. Mais celle-ci fut tuée par sept chevaliers arrivés par mer, et qui réussirent<br />
à la neutraliser en lui plantant leurs flèches dans les yeux, les oreilles et la gorge. Ils précipitèrent<br />
ensuite Râ dans un gouffre profond où ce monstre est toujours captif, et où l'on peut l'entendre gronder<br />
les jours de tempête 120,121.<br />
A Talmont-sur-Gironde, le méchant seigneur Brise-Fer n'était autre qu'un Dragon habitant le<br />
château dressé sur le rocher de La Balise, et d'où il pillait les épaves, dévorait les pêcheurs et rançonnait<br />
les voyageurs. Radégonde, la fille du seigneur de Meschers réussit à le vaincre, grâce aa" objets que lui<br />
confia sa marraine du Bois de la Chasse: une pomme et une ceinture magiques. Avec l'aide <strong>des</strong><br />
pêcheurs, le monstre fut enterré dans la vase <strong>des</strong> marais, où l'on voit toujours affleurer son dos, lors<br />
<strong>des</strong> fortes marées. En ex-vota, on fit construire l'église de Talmont, dont les sculptures content cette<br />
histoire 120. C'est également à Talmont qu'apparut le 25 juin 1616 "un dragon de grandeur extresme, se<br />
combattant furieusement avec un serpent de la hauteur de trois piques, gros à l'advenant" : le rapporteur<br />
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