MEMOIRE MAFOUO RAISSA - L'ENS

1.1.3.3- Épreuves sanctionnantes
Ces épreuves sont relatives au dénouement et perceptibles dans la manière avec laquelle le
sujet célèbre ou est célébré après les épreuves décisives. La sanction implique un rétablissement de
l’harmonie universelle ou plutôt une rupture de cette harmonie. Greimas définit la sanction
pragmatique à cet effet comme un jugement épistémique porté par le destinateur judicateur sur la
conformité des comportements et plus précisément du programme narratif du sujet performant par
rapport au système axiologique (de justice, de bonnes manières, d’esthétique) implicite ou explicite,
tel du moins qu’il a été actualisé dans le contrat initial 36 .L’étude de la structure narrative met en
évidence les étapes traversées par les sujets des contes pour acquérir l’objet qu’ils convoitent. Le
dénouement est dans cette mesure tributaire de la manière avec laquelle ces sujets accomplissent
leurs actions. Cette structure reste néanmoins symbolique, car elle sous-tend d’autres valeurs.
On peut déduire à cet effet que dans tout récit, il est possible de faire la distinction entre le
niveau apparent de la narration (où les diverses manifestations de la narrativité sont soumises aux
exigences spécifiques des substances linguistiques à travers lesquelles elles s’expriment) et le niveau
immanent (où elle se trouve organisée antérieurement à sa manifestation). Néanmoins, la même
structure immanente peut se manifester au moyen de diverses substances et techniques d’expression,
c’est pour cette raison que la sémiotique postule l’appréhension de la signification par des approches
diversifiées, c’est-à-dire selon les niveaux différents définis par l’ensemble des traits distinctifs
dégagés des objets étudiés.
1.1.4- Fonction axiologique
L’explication historique du conte est généralement d’ordre mythologique, car il nous amène à
une époque quelque peu extraordinaire où la cohabitation et le dialogue entre les hommes et les
animaux sont effectifs. Toutefois, il faut préciser avec Pierre N’DA KAN que les personnages des
contes africains sont généralement des personnages allégoriques, de véritables symboles, et par
conséquent leur choix et les fonctions qu’on leur confie sont significatifs. 37 Nous montrerons de ce
fait qu’au-delà de la valeur ludique qui lui est apparent, le conte véhicule, à travers ses personnages,
ses fonctions et ses thèmes, des réalités symboliques.
1.1.4.1- Attributs des personnages
Les personnages des contes peuvent être d’apparence humaine et désignés soit par leurs noms
propres, soit plutôt par leur situation ou rang social. C’est ainsi qu’il est courant de rencontrer des
36 A. J. Greimas et Courtès, (1985), Sémiotique : dictionnaire raisonné de la théorie du langage, Paris, Hachette, p.297.
37 P. N’da Kan, Le Conte africain et l’éducation, op.cit., pp.47-48.
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