MEMOIRE MAFOUO RAISSA - L'ENS
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1.1.2.3- La narration proprement dite<br />
Le conte résulte rarement de l’inspiration du conteur. C’est généralement une histoire qu’il a<br />
déjà entendue; néanmoins, une seule et même histoire peut subir des altérations au fur et à mesure<br />
qu’elle est dite car l’interprète de l’œuvre la recrée toujours. 30<br />
À l’oral, le conteur associe toujours le geste à le parole car les mimiques rendent plus vivants<br />
et crédibles les contes; et parfois, sa voix est relayée par des instruments. En effet, le conte est<br />
parfois agrémenté de chants en relation avec l’intrigue et le refrain est repris en chœur par les<br />
auditeurs. Avant de continuer son récit, le conteur peut esquisser quelques pas de danse sous<br />
l’acclamation du public. Les textes transcrits ne reflètent pas toujours ces pratiques, mais on y<br />
décèle des proverbes et des onomatopées. S’il s’ouvre sur une formule, le récit s’achève également<br />
sur une formule.<br />
1.1.2.4- La formule finale<br />
Le conte s’achève généralement par une formule stable qui s’utilise pour tous les récits: «je<br />
remets ce conte là où je l’ai pris», «c’est cela que j’ai vu.» 31<br />
Elle peut cependant varier d’un récit à un autre en présentant par exemple la situation du héros<br />
ou celle de l’anti-héros: «Son père ne se maria jamais»; «Ils eurent beaucoup d’enfants et vécurent<br />
heureux»; «Ils nommèrent la jeune fille chef».<br />
En somme, c’est généralement au clair de lune, et autour d’un grand feu de bois, que les<br />
contes sont dits par n’importe qui. [Le conte est ainsi] fait pour plaire, et distraire, instruire et<br />
éduquer. 32 Ces aspects du conte que nous venons d’étudier nous ont permis d’avoir une idée sur le<br />
déroulement de ce type de récit dans le mode oral qui lui est originel. Toutefois, le conte ne se<br />
contente plus de la pratique orale pour se perpétuer d’où la nécessité de s’appuyer sur ceux<br />
transcrits, qui constituent d’ailleurs notre champ d’étude, pour en dégager la structure profonde.<br />
1.1.3- Structure narrative<br />
Les contes, contrairement à ce qu’on pourrait penser, ne sauraient plus longtemps être<br />
considérés comme un ensemble capricieux de modèles pris au hasard. 33 En effet, ils sont structurés<br />
et nous nous inspirerons de la sémiotique greimassienne pour mettre en évidence cette<br />
programmation narrative dans la mesure où il existe une armature relationnelle qui organise le récit<br />
aussi bien du point de vue apparent que du point de vue immanent. Cette dernière s’applique<br />
30 S. M. Eno Belinga, Comprendre la littérature orale africaine, op.cit., p. 31.<br />
31 G. Meyer, Contes du pays Malinké, op.cit., pp.16-17.<br />
32 Beling-Nkoumba, Contes du Cameroun II, op.cit., pp. 11-12.<br />
33 D. Paulme, La Mère dévorante : Essai pour une morphologie des contes africains, op.cit., p. 44.<br />
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