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MEMOIRE MAFOUO RAISSA - L'ENS

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1.1.1- Conditions de production<br />

La rituelle qui entoure le conte est assez particulière et rend le récit vivant et agréable à<br />

écouter. C’est ainsi que la nature de l’orateur et de l’auditoire, le cadre et le moment choisis pour<br />

dire le conte, les différentes étapes de son déroulement sont autant d’aspects significatifs.<br />

1.1.1.1- L’orateur<br />

Précisons d’emblée que l’orateur n’est pas l’auteur des contes. Il n’en est que l’interprète car<br />

on ne saurait parler d’auteur dans la littérature orale. Elle appartient au groupe social dans lequel elle<br />

a vu le jour et tout le monde est susceptible de dire les contes. Dans certaines veillées, ils se disent à<br />

tour de rôle, mais il faut préciser qu’en Afrique traditionnelle, les femmes et les enfants ne<br />

participent que rarement à cette diction. Si les premières sont généralement en retrait et s’activent<br />

dans la préparation du repas du soir, à décortiquer les arachides ou à effectuer une autre tâche<br />

ménagère, les seconds, quant à eux, sont plus à l’écoute pour en tirer des leçons. Ce sont donc les<br />

hommes qui les disent en général. Toutefois, il existe des initiés ou spécialistes en la matière, des<br />

vieillards en l’occurrence, qui maîtrisent cet art et sont chargés de transmettre l’héritage culturel de<br />

la race. 23 Pour captiver l’auditoire, l’orateur s’identifie parfois à un personnage du conte par le<br />

biaisdu changement de voix, de l’association des mimiques à la parole ; bref, l’intérêt de l’auditoire<br />

naît du pouvoir oratoire.<br />

1.1.1.2- L’auditoire<br />

Tout le monde est généralement convié à une veillée des contes, mais fidèlement au principe<br />

hiérarchique de l’Afrique traditionnelle, les hommes occupent une place de choix. La place des<br />

enfants est d’autant plus intéressante car la morale contenue dans ces récits leur est en partie<br />

destinée. Les femmes, quant à elles, constituent un auditoire passif.<br />

Bien que l’ambiance des veillées soit chaleureuse, l’auditoire ne se borne pas à écouter en<br />

récepteur inactif. En effet, on note parfois des mimiques de désapprobation, d’horreur ou de<br />

soulagement en relation avec l’action décrite par l’orateur. Ces réactions concourent à conforter le<br />

récit et à créer une ambiance de communion à laquelle se confondent tous les protagonistes de la<br />

veillée.<br />

1.1.1.3- L’espace<br />

S’il s’agit de déterminer le lieu où se disent les contes au moment où ceux-ci avaient le statut<br />

d’oralité primaire, c’est-à-dire telle qu’elle existe dans une société qui ignore totalement l’écriture<br />

23 Beling-Nkoumba, (1982), Contes du Cameroun II, Yaoundé, CLE, p.11.<br />

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