Globe 7.qxp - Faculté de médecine - Université Laval

ÉDITORIAL Le GGlobbe && MMed - mardi 120 novembre
Ce qui nous fait bouger
Suis-je le seul à trouver que nos réactions, en tant que société, sont parfois soumises à des tendances
irrationnelles et trop liées à l'actualité? Prenons l'exemple récent des accommodements
raisonnables. Depuis quelques années, un débat a lieu au Québec sur la conduite à tenir pour vivre le
plus harmonieusement la réalité d'une population qui devient de plus en plus multiculturelle. Récemment,
les activités de la commission Bouchard-Taylor font grandir le débat, lui confèrent une importance prioritaire
dans les médias et en font la préoccupation numéro un des Québécois. Puis, à cause du débat qui
prend de l'ampleur, on commence à considérer de plus en plus d'aspects qu'on prenait pour acquis depuis
quelques temps. Et comment est-ce que tout cela se traduit? Bien, par exemple, on demande à Saku
Koivu de parler français. Le capitaine du tricolore a bien dû être surpris de cette demande, après qu'on
ait toléré qu'il ne s'exprime qu'en anglais pendant plus de dix ans… Ceci montre bien la tendance que
notre société a à se préoccuper des choses de façon très concentrée, mais aussi très synergique. Tout
d'un coup, une commission change radicalement les préoccupations de la population, et par conséquent
des sujets qui n'ont presqu'aucun lien avec les accommodements raisonnables, tel que le hockey, sont
touchés.
Voulez-vous d'autres exemples? Prenons celui du scandale des commandites. Depuis plusieurs
années, il y avait une certaine insatisfaction envers le gouvernement fédéral dans notre chère province.
Soudainement, avec le dévoilement des sordides détails de ce scandale, plusieurs Québécois deviennent
très mécontents de leur gouvernement et blâment le parti Libéral. Et, encore une fois, une sorte de réaction
en chaîne de type tout-ou-rien a lieu. Le parti libéral chute dans les sondages, et perd sa prochaine
élection. De plus, les sondages au Québec montrent que la souveraineté est souhaitée par une majorité
de Québécois, et ce en conséquence directe du scandale! Ne trouvez-vous pas cela un peu excessif? Il
me semble qu'un choix aussi important que l'avenir politique du Québec ne devrait pas être influencé par
des événements aussi ponctuels que celui-ci, dont on parle si peu deux ans après. Ce que je trouve, c'est
que ceux qui ont changés d'avis sur la question nationale à cause du scandale devraient peut-être avoir
une opinion référendaire basée sur des raisons économiques, culturelles, politiques ou sociales plutôt que
sur des frustrations passagères. Et qu'est-il arrivé par la suite? Avec la venue au pouvoir du parti conservateur,
l'option souverainiste a drôlement chuté dans les sondages. Ceci veut dire que des gens qui
étaient mécontents du gouvernement fédéral auraient voté pour la souveraineté si le référendum aurait
eu lieu dans cette période, mais que leur opinion a changé lorsque le tout est mort dans les médias et
qu'ils ont oubliés la chose. L'option souverainiste ne devrait pas être prise aussi à la légère! Les raisons
qui poussent à y adhérer, ou à changer d'avis, devraient être mûrement soupesées et réfléchies.
Ce qui arrive, selon moi, est que l'opinion politique de plusieurs de nos concitoyens est basée sur
une perspective beaucoup trop courte et ponctuelle, plutôt que sur des opinions solides fermement constituées
au fil du temps. L'idéal, pour moi, est de ne pas se laisser influencer outre mesure par l'actualité
dans nos convictions, et de toujours bien soupeser une option avant de la prendre. Ainsi, notre opinion
possède des bases beaucoup plus solides, et nous pouvons mieux justifier nos choix, à long terme.
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Charles Faubert