Éditorial - Faculté de médecine - Université Laval

Le GGlobbe && MMed - mardi 24 octobre Chronique cinéma
L’acteur moyen
On est lundi matin, je sors tout juste de mon cours de
neuro et je me demande de quel film je vais parler lors
de la prochaine chronique. Je suis allé voir le film
français La Doublure, la semaine dernière, et j’ai vraiment
envie de vous en parler. Seulement, quelque chose
me tracasse. Non, pire encore : quelque chose m’énerve.
Loin de moi l’idée de reprendre la chronique «
chiâlage » de Jérôme, mais, cette semaine, j’ai vraiment
envie de jouer l’amateur frais chier et de cracher
sur l’industrie du cinéma…À trois, on se défoule : 1,
2…3 !
Comme 2 millions de québécois, j’ai écouté, hier soir,
l’émission Tout le monde en parle qui, pour une
512 ème semaine consécutive, interviewait des comédiens.
Y’a-t-il juste moi au Québec qui trouve que les
acteurs n’ont rien à dire ? Je comprends qu’ils sont
invités par Radio-Canada pour faire la promotion de
leurs émissions ou de leurs films, mais y’as-tu
quelqu’un de plus ennuyant en entrevue qu’un comédien
? On lui demande de parler du travail de ses confrères
: « Ah ! Il est tellement généreux cet acteur-là
(c’est quoi le rapport) », d’élaborer sur leur nouvelle
émission : « Les gens ont pas compris, le premier
épisode, c’était pour faire la présentation des personnages
(Hey, le grand, on a tout compris. Le premier
épisode, c’était plate en simonack). » ou même de leur
demander leur avis sur un événement de l’actualité : «
Quand je pense à l’article de Wong, je viens tellement
enragée que ça me fait mal. C’est tellement une conne
cette fille-là…(Bravo pour l’argumentation logique et
approfondie, ma grande) ». Bref, les entrevues finissent
tout le temps par tourner autour de leur grande sensibilité
et de leur ouverture d’esprit. Il me semble que,
quand tu te définis comme étant sensible, c’est que t’as
pas réussi à te trouver une meilleure qualité en faisant
ton CV. Y’as-tu quelqu’un d’insensible aux misères du
monde, bordel ?
J’ai aussi l’impression qu’on vit dans une société où le
métier le plus valorisé en termes de défis et de diffi-
Marc-André Doré
drmad23@hotmail.com
«Qui a faillit lâcher la médecine pour le théâtre»
cultés est celui d’acteur. Voyons donc ! On fait sans
arrêt l’éloge de leur performance dans leurs plus récents
films en parlant d’eux comme s’ils étaient des demidieux
qui possèdent un talent hors du
commun…Pourtant, j’ai vraiment l’impression que la
job la plus facile sur la planète est de jouer à la télé ou
dans un film. Vous n’avez pas remarqué que tout le
monde peut le faire ? Les humoristes, les chanteurs, les
sportifs, les animateurs télé, les journalistes, les garagistes,
les menuisiers, les médecins, les préposés aux
bénéficiaires…y’as-tu quelqu’un qui peut pas le faire ?
Tout ce qu’il faut faire c’est de dire quelques lignes
avec crédibilité. Et puis, au pire, si on se trompe, le
monde des artistes est tellement ouvert d’esprit et
respecteux qu’il nous permet de recommencer la scène
indéfiniment. Vous connaissez d’autres jobs qui vous
donnent une seconde chance, puis une troisième et une
quatrième…etc ? « Docteur, vous venez de couper
l’aorte bord en bord. C’est pas grave. On ferme ça et on
recommence. » On a dit de Louis-José Houde qu’il
avait donné une performance extraordinaire dans Bon
Cop Bad Cop. Comprenez-moi bien, je me suis tapé sur
les cuisses en écoutant ses répliques, mais jamais j’ai
pensé qu’il était quelqu’un d’autre que lui-même. Il a
joué Louis-José Houde intégralement. Ça doit pas être
trop dur de jouer Louis-José quand on est Louis-José.
Mais là je divague.
Je sais pas trop où je veux venir avec ça. Je suis juste
blasé d’entendre tout le monde louanger les prouesses
des acteurs alors que, selon moi, y’a rien de plus inutile
qu’un comédien sur Terre. Détrompez-vous, j’admire
ceux qui font du théâtre et qui réussissent à en vivre :
ces gens sont forcément talentueux et je trouve leur
courage admirable. Seulement, la plupart de ceux qui
œuvrent dans le cinéma n’ont aucun talent. Ils sont
beaux, bien foutus et photogéniques, voilà tout. Or,
avoir du talent, c’est beaucoup plus que bien paraître. Je
vais en parler à Boisclair…
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