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Éditorial - Faculté de médecine - Université Laval

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<strong>Éditorial</strong> Le GGlobbe && MMed - mardi 24 octobre<br />

Les réformes<br />

Vers le début du mois d’octobre se tenait un débat sur le thème <strong>de</strong> l’éducation à l’Agora du<br />

pavillon Desjardins. Quatre invités, dont Pauline Marois, donnaient leurs avis sur la réforme<br />

ayant pris place dans le système scolaire québécois primaire et secondaire <strong>de</strong>puis six ans. Le<br />

tableau était assez catastrophique. Tous les invités, à l’exception <strong>de</strong> madame Marois, étaient<br />

ligués contre la réforme et exprimaient, statistiques à l’appui, jusqu’à quel point elle est un<br />

échec. Les jeunes apprennent moins bien et le taux <strong>de</strong> décrochage scolaire est le même. La<br />

performance <strong>de</strong>s jeunes Québécois dans les différents concours nationaux est aussi en net<br />

déclin. Pendant ce temps, la détresse <strong>de</strong>s professeurs ainsi que le nombre <strong>de</strong> ceux-ci qui abandonnent<br />

l’enseignement augmentent.<br />

Madame Marois nous présentait le document <strong>de</strong> la réforme en nous disant que les concepts y<br />

sont clairs et que cela <strong>de</strong>vrait être très bénéfique pour l’éducation. Cependant, <strong>de</strong>s professeurs<br />

<strong>de</strong> l’auditoire nous ont appris que les profs n’avaient eu, en moyenne, que <strong>de</strong> 0-7<br />

jours <strong>de</strong> formation au sujet <strong>de</strong> la réforme, ce qui était nettement insuffisant pour la mettre<br />

adéquatement en pratique.<br />

Un monsieur assis à ma gauche me dit que c’était la même chose en ce qui a trait au domaine<br />

<strong>de</strong> la construction, en faisant référence à la catastrophe qui est survenue concernant l’effondrement<br />

d’un viaduc. Il me dit que, théoriquement, tout était clair dans les protocoles <strong>de</strong> construction<br />

et <strong>de</strong> vérification, mais que l’information ne se rendait pas aux constructeurs et<br />

autres employés sur le terrain. Il me dit que ce phénomène se présentait partout dans la<br />

société.<br />

En réfléchissant un peu, j’ai réalisé que c’était la même chose avec l’enseignement <strong>de</strong> la<br />

mé<strong>de</strong>cine. Théoriquement, l’approche bio-psycho-socio-je-ne-sais-plus-quoi, ou l’approche<br />

centrée sur le patient, existe et est bien admise comme étant la meilleure. Cependant, ce<br />

qu’on nous apprend dans les faits, c’est une approche centrée sur la maladie. Presque tous nos<br />

cours sont orientés vers les phénomènes biologiques. Avez déjà entendu un professeur vous<br />

expliquer comment <strong>de</strong>s contraintes psychologiques peuvent dérégler notre système et provoquer<br />

la maladie? Simplement mentionner le stress parmi les facteurs <strong>de</strong> risque modifiables est<br />

bien loin <strong>de</strong> tenir compte <strong>de</strong> toute la complexité <strong>de</strong> la psychologie humaine. Les facteurs sociologiques<br />

sont eux aussi laissés <strong>de</strong> côté. Les cours qui abor<strong>de</strong>nt ces questions sont séparés du<br />

reste <strong>de</strong>s connaissances médicales et beaucoup moins rigoureux scientifiquement. La nouvelle<br />

approche centrée sur le patient n’existera pas dans les hôpitaux tant qu’elle ne sera pas une<br />

partie centrale <strong>de</strong> notre apprentissage. Simplement dire que dorénavant nous prônons une<br />

nouvelle approche est bien insuffisant.<br />

Selon un psychanalyste dont je ne me souviens plus l’i<strong>de</strong>ntité, la définition <strong>de</strong> la dépression,<br />

selon la mé<strong>de</strong>cine mo<strong>de</strong>rne est « la maladie qui se guérit par <strong>de</strong>s anti-dépresseurs. » Voilà<br />

qui illustre bien l’approche réductrice biologique.<br />

2<br />

Vincent Laliberté<br />

vincelalib@yahoo.ca

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