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Éditorial - Faculté de médecine - Université Laval

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Le GGlobbe && MMed - mardi 24 octobre Concours <strong>de</strong> nouvelles<br />

Histoire d’horreur (suite)<br />

avait parlé <strong>de</strong> cette jeune femme comme <strong>de</strong> son «<br />

salut ». Une fois qu’elle eut pénétré les portes du<br />

Vandry, Hector eut l’impression <strong>de</strong> perdre la<br />

maîtrise <strong>de</strong> son corps, si bienfaisante <strong>de</strong>puis le<br />

matin. S’il avait vraiment été guéri <strong>de</strong> sa maladie,<br />

le vieillard aurait reconnu la femme qu’il suivait<br />

<strong>de</strong>puis les rési<strong>de</strong>nces; il aurait reconnu sa petite<br />

fille. Soudain, sa conscience bascula.<br />

Aucun <strong>de</strong>s étudiants qui déambulaient ne vit<br />

le changement s’opérer sur ce vieillard. De l’extérieur,<br />

il était resté i<strong>de</strong>ntique, il n’avait même pas<br />

cessé <strong>de</strong> marcher. C’est en effet ce que son corps<br />

fît pendant les 4 heures qui suivirent : marcher.<br />

Arrivé à un point où ses jambes atrophiées le firent<br />

vaciller, il se redirigea vers le Vandry. Il n’était<br />

plus lui-même, mais son odorat reconnut, dès son<br />

entrée dans le pavillon, l’o<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> sa potion miracle.<br />

Il avançait vers elle et, comme <strong>de</strong> fait, l’o<strong>de</strong>ur<br />

<strong>de</strong>venait <strong>de</strong> plus en plus perceptible. Il se trouva<br />

enfin <strong>de</strong>vant une porte barrée, qu’il ouvrit suite à<br />

une manoeuvre habile et méthodique, qu’on ne<br />

l’aurait jamais vu faire s’il avait été lui-même. Il<br />

était seul dans cette gran<strong>de</strong> pièce lorsqu’il retrouva<br />

ses esprits. Il s’imprégna immédiatement <strong>de</strong><br />

l’o<strong>de</strong>ur et ne se posa aucune question sur la façon<br />

dont il s’était retrouvé dans cette pièce. Il ne se<br />

questionna pas non plus sur la présence <strong>de</strong><br />

plusieurs rangées <strong>de</strong> boîtes <strong>de</strong> métal <strong>de</strong> gran<strong>de</strong><br />

taille. En fait, son cœur était rempli d’une joie<br />

intense, d’une excitation hors-norme, qui lui enlevait<br />

tout repère. Cette o<strong>de</strong>ur était celle <strong>de</strong> son rêve,<br />

celle qui lui permettrait <strong>de</strong> cesser <strong>de</strong> vieillir. Il se<br />

rappelait la procédure. L’o<strong>de</strong>ur se répandait à travers<br />

les caissons <strong>de</strong> métal, il s’approcha donc d’un<br />

<strong>de</strong>s caissons. Il <strong>de</strong>vait ensuite suivre cette procédure<br />

qu’une voix lui dictait : tout d’abord fermer<br />

ses yeux, ensuite ouvrir le caisson et… boire.<br />

Émilie avait définitivement mis <strong>de</strong> côté ses<br />

angoisses du matin, à l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> force distractions.<br />

Elle se promenait, seule, au rez-<strong>de</strong>-chaussée <strong>de</strong><br />

son pavillon. Elle allait rejoindre <strong>de</strong>s amis avant<br />

son laboratoire d’anatomie. Il était un peu tôt,<br />

mais elle n’avait rien <strong>de</strong> mieux à faire pour perdre<br />

du temps. En arrivant à proximité du laboratoire,<br />

elle trouva une porte ouverte. Comme il était<br />

encore tôt, elle se <strong>de</strong>mandait qui pouvait bien être<br />

arrivé. Un frisson la parcourut alors même qu’elle<br />

ressentait une impression <strong>de</strong> déjà-vu… C’était son<br />

cauchemar qui avait débuté <strong>de</strong> cette façon. Elle se<br />

mit à grelotter violemment tout en continuant d’avancer,<br />

comme si une main poussait dans son dos.<br />

En pénétrant dans la pièce, elle posa une main horrifiée<br />

contre sa bouche et toute parole refusa d’en<br />

sortir. Elle était paralysée par l’horreur <strong>de</strong> sa<br />

vision. Il y avait si longtemps qu’elle n’avait pas<br />

vu cette silhouette. Son grand-père se tenait <strong>de</strong>vant<br />

elle, courbé au <strong>de</strong>ssus d’un « cercueil » , comme<br />

elle les appelait. Il était en train <strong>de</strong> saper goulûment<br />

le liqui<strong>de</strong> <strong>de</strong> conservation d’un corps… et ce<br />

fut la <strong>de</strong>rnière chose qu’elle vit avant <strong>de</strong> s’évanouir.<br />

Hector ne goûtait même pas sa potion. Il ne<br />

faisait que l’avaler. Ses effets se faisaient<br />

d’ailleurs ressentir, il sentait le feu dans sa<br />

bouche, son œsophage et dans son estomac, <strong>de</strong><br />

même que <strong>de</strong>s étourdissements… Il faut souffrir<br />

pour rajeunir, se dit-il, jusqu’au moment où ses<br />

jambes ne le soutinrent plus. Il s’effondra sur le<br />

sol, pour ne plus jamais se relever.<br />

Émilie entendit <strong>de</strong>s voix qui la firent revenir<br />

à elle. Son amie, penchée au –<strong>de</strong>ssus d’elle, sanglotait<br />

en murmurant inintelligiblement. Un<br />

remue-ménage intense déplaçait <strong>de</strong> l’air tout<br />

autour d’elles. On transportait un homme sur une<br />

civière et étudiants comme enseignants contemplaient<br />

la scène d’un air désolé. Soudain, Émilie se<br />

souvint. Son grand-père, le corps, l’o<strong>de</strong>ur vaguement<br />

écœurante… Au milieu du brouhaha, elle<br />

perçut une voix très claire qui prononçait son nom,<br />

doucement : Émilie, Émilie….. N’arrivant pas à<br />

localiser la personne qui lui parlait et qui pourtant<br />

semblait toute proche d’elle, Émilie comprit. Elle<br />

comprit qu’il lui faudrait faire taire cette voix<br />

toute sa vie, ne pas lui répondre sous peine d’être<br />

hospitalisée. Ne pas l’écouter. Ne pas l’écouter. Ne<br />

pas la laisser lui empoisonner la vie. Ne pas l’écouter.<br />

Comme son grand-père avait réussit à faire<br />

si longtemps.<br />

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