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Éditorial - Faculté de médecine - Université Laval

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CRIAC Le GGlobbe && MMed - mardi 24 octobre<br />

De l’In<strong>de</strong> et <strong>de</strong> ses enfants<br />

Écrire l’impossible, raconter un méli-mélo <strong>de</strong> sentiments se cherchant<br />

les uns les autres et qui se rencontrent tous à la fois. Le<br />

mon<strong>de</strong>, le découvrir, c’est presque une poésie : si beau, si insaisissable<br />

dans sa totalité. De son essence en surgit notre mémoire,<br />

notre vécu, <strong>de</strong>s o<strong>de</strong>urs, <strong>de</strong>s sons, <strong>de</strong>s rencontres. De ses vers les<br />

idées meurent, elles n’existent plus : seules les impressions<br />

restent, adieu la certitu<strong>de</strong> ! Des mots nous donnent <strong>de</strong>s émotions,<br />

<strong>de</strong>s êtres humains, <strong>de</strong>s souvenirs, et tout s’entremêle. Il y a <strong>de</strong>s<br />

images <strong>de</strong> cette poésie qui se racontent mal, mais essayons tout<br />

<strong>de</strong> même.<br />

Dans ce mon<strong>de</strong> gigantesque, l’homme se crée un petit mon<strong>de</strong><br />

bien à lui qu’il appelle sa famille.<br />

Neelofar, 15 ans, enfant <strong>de</strong> la rue, Delhi<br />

Ces images, ce sont celles qui provoquent ce tourbillon qui nous<br />

monte à la gorge, alors que nous en sommes seulement les<br />

témoins : ce sont d’autres qui les vivent vraiment. Voyager, ce<br />

n’est pas se bala<strong>de</strong>r, c’est plutôt errer d’image en image, assis<br />

plus ou moins confortablement dans notre perception <strong>de</strong>s choses<br />

afin <strong>de</strong> refaire le plus gros casse-tête qui soit : en In<strong>de</strong>, il est<br />

formé d’un milliard trois cent millions <strong>de</strong> pièces. Plus <strong>de</strong><br />

morceaux que la boîte ne peut en contenir : On en laisse donc <strong>de</strong><br />

côté, ceux qui gênent au paysage que l’on voudrait construire.<br />

On en écartera au moins dix huit millions, <strong>de</strong>s enfants. Comme<br />

Neelofar, dont le petit mon<strong>de</strong> ne tenait sûrement plus pour mille<br />

et une raisons, ils ont du s’en remettre au gigantesque, non plus<br />

12<br />

Une famille dans le désert du Thar<br />

François Lemay<br />

françois.lemay.5@ulaval.ca<br />

gran<strong>de</strong>ur nature, mais gran<strong>de</strong>ur sauvage : la Rue. Ils ramassent<br />

les déchets, mendient, cirent les chaussures, ven<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> tout<br />

jusqu’à leur corps, s’il le faut, pourvu que ce soir ils ne doivent<br />

pas encore fermer leurs petits yeux avec le ventre qui hurle.<br />

L’instinct <strong>de</strong> survie peut-être, du moins serait-ce le premier pas<br />

pour certains afin <strong>de</strong> reconnaître ces enfants comme <strong>de</strong>s êtres<br />

humains à part entière. Et pourtant, ils sont encore bien plus. Ils<br />

aiment rire, ils aiment découvrir, ils aiment <strong>de</strong>ssiner, ils<br />

aimeraient sûrement aller à l’école aussi et avoir quelque lieu où<br />

vivre.<br />

Dans un train au Gujarat : la joie <strong>de</strong>s enfants<br />

Que les souvenirs coulent. L’enfant <strong>de</strong> la rue, on le voit partout.<br />

Le matin, c’est à la gare (où il aura sûrement passé la nuit si la<br />

police n’a pas voulu lui faire un mauvais coup), alors qu’il vous<br />

vend le journal, du garam cay, <strong>de</strong>s samoses, <strong>de</strong>s noix, <strong>de</strong>s jouets.<br />

Puis, il vient vous voir, faisant un spectacle avec son frère ou sa<br />

sœur pour recevoir quelques roupies. Ou pas <strong>de</strong> spectacle du<br />

tout, le scénario est déjà suffisamment triste <strong>de</strong> toute façon. Le<br />

prochain, pendant que le train approche, vous fait comprendre<br />

avec les trois mots d’anglais qu’il connait qu’il voudrait bien que<br />

vous l’embarquiez avec vous pour Delhi, fuir d’où il vient pour<br />

y trouver du travail. Devant vos yeux, vous êtes en train d’essayer<br />

<strong>de</strong> vous excuser d’être ce que vous êtes à ce jeune garçon, et<br />

<strong>de</strong>ux copains passent sur le quai, l’un transportant l’autre,<br />

quadraplégique. Des roupies ? Il semble que personne ne s’en<br />

soucie; on peut hausser le ton et lever la main sur eux s’ils <strong>de</strong>viennent<br />

encombrants. Avant <strong>de</strong> sortir du train, un petit bonhomme<br />

<strong>de</strong> peut-être neuf ans rampe sur le sol crasseux, nu-pieds, torse<br />

nu. C’est qu’il utilise son chandail tout troué pour nettoyer le<br />

plancher, pour la semelle <strong>de</strong> vos chaussures. Il vous observe <strong>de</strong><br />

ses grands yeux et vous ne savez déchiffrer son regard. Des<br />

roupies ? Parfois on les surprend à sortir quelques secon<strong>de</strong>s <strong>de</strong>

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