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Sciences au Sud n°34 - mars/avril 2006 ( PDF , 1082 Ko) - IRD

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n° 34 - <strong>mars</strong>/<strong>avril</strong> <strong>2006</strong><br />

3,81 €<br />

bimestriel<br />

É d i t o r i a l<br />

Émergence,<br />

science<br />

et politique<br />

Par Jean-François Girard<br />

Président de l’<strong>IRD</strong><br />

Sida, vache<br />

folle, Sras,<br />

grippe aviaire,<br />

chikungunya…<br />

la liste sans<br />

doute continuera de s’allonger.<br />

Sans parler des épidémies<br />

encore circonscrites comme<br />

Ebola et West Nile.<br />

Les maladies infectieuses<br />

émergentes sont incontestablement<br />

devenues une priorité sur<br />

l'agenda scientifique comme<br />

sur l'agenda public.<br />

D’un point de vue scientifique,<br />

les maladies émergentes<br />

présentent trois caractéristiques<br />

qu'il f<strong>au</strong>t prendre en<br />

considération <strong>au</strong> moment<br />

d'organiser et de conduire la<br />

recherche. D’abord, la notion<br />

même d'émergence est un<br />

concept qui force à l'interdisciplinarité.<br />

Au-delà des<br />

sciences biomédicales,<br />

son étude fait en effet appel<br />

<strong>au</strong>x sciences de la Terre,<br />

<strong>au</strong>x sciences du vivant et bien<br />

sûr <strong>au</strong>x sciences humaines.<br />

Ensuite, l’émergence soulève<br />

les mêmes questions pour les<br />

maladies humaines, animales<br />

et végétales et le bon sens<br />

commande de s’y intéresser en<br />

même temps. Pour les deux<br />

premières, l'encéphalite bovine<br />

et la grippe aviaire en<br />

fournissent une illustration<br />

évidente. Quant <strong>au</strong>x maladies<br />

végétales, qui pèsent sur<br />

l’économie mondiale et surtout<br />

menacent dangereusement<br />

la vie des populations du <strong>Sud</strong>,<br />

si elles ne sont pas, en l'état<br />

actuel de nos connaissances,<br />

liées <strong>au</strong>x maladies animales<br />

et humaines, leur émergence<br />

relève probablement de<br />

mécanismes communs. Voilà<br />

le besoin d'interdisciplinarité<br />

encore renforcé.<br />

© <strong>IRD</strong>/A. Debray<br />

(suite page 2)<br />

© <strong>IRD</strong>/M. Dukhan Deuxième<br />

Pour ce généticien de l’unité de<br />

recherche Diversité et génomes<br />

des plantes cultivées<br />

(UR141 / UMR DGPC), l’histoire commence<br />

en 1985 lorsqu’il rédige sa thèse d’État,<br />

Relations évolutives chez le genre<br />

Oryza et processus de domestication<br />

des riz, dans laquelle il propose une<br />

arborescence des riz depuis le tronc<br />

commun d’où a émergé la tribu des<br />

Oryzeae. Le fossile viendrait confirmer<br />

ce scénario évolutif, malheureusement<br />

il est à l’époque égaré. Seuls les croquis<br />

de O. Heer (risque de confusion entre<br />

Oswald et Gérard Second) permettent<br />

de supposer que l’espèce fossilisée, originaire<br />

de deux sites <strong>au</strong> bord du lac de<br />

Constance (Oeningen en Allemagne et<br />

Hohe Rhonen en Suisse) et représentée<br />

par des fragments de feuilles et un<br />

épillet, appartiendrait à l’espèce Oryza<br />

Du Nord <strong>au</strong> <strong>Sud</strong>, d’un continent à<br />

l’<strong>au</strong>tre, la problématique d’insécurité<br />

alimentaire est-elle la même ?<br />

Le titre de l’exposition pourrait laisser<br />

penser qu’elle est centrée sur le débat,<br />

récurrent depuis Malthus, du rapport<br />

entre le nombre de bouches à nourrir et<br />

les disponibilités alimentaires. En réalité,<br />

tout l’effort des équipes d’Agropolis a<br />

été de dépasser ce débat pour aborder<br />

l’ensemble de la question alimentaire<br />

dans le monde. Et notamment deux<br />

aspects qui avaient été singulièrement<br />

négligés et qui vont totalement renouveler<br />

la manière de produire les aliments<br />

et toucher l’ensemble de la chaîne alimentaire<br />

: la protection de l’environnement<br />

et la prise en compte de la santé.<br />

Pour ne prendre que ce dernier aspect,<br />

plus de la moitié de la population mondiale<br />

est atteinte par une forme ou une<br />

<strong>au</strong>tre de malnutrition, maladies de<br />

carences et/ou d’excès. La FAO nous<br />

rappelle chaque année que plus de<br />

granulata, distribuée actuellement en<br />

Asie et dont le statut phylogénétique<br />

d’ancêtre de tous les Oryza est maintenant<br />

confirmé.<br />

Une enquête sur Internet, pour localiser<br />

la collection susceptible de détenir<br />

la pièce manquante, met Gérard<br />

Second en contact avec Milena Pika,<br />

conservatrice de la collection de géologie<br />

de l'ETH. Elle l’invite à venir luimême<br />

fouiller parmi les nombreux<br />

échantillons d’Oswald Heer. Exhumer<br />

cette pièce unique le 9 novembre 2005<br />

et constater qu’il s’agissait bien de<br />

l’épillet dessiné un siècle <strong>au</strong>paravant<br />

fut une véritable émotion. Microscope<br />

à l’appui, il confirme l’absence d’évolution<br />

morphologique visible entre<br />

l’épillet fossile et celui d’Oryza granulata<br />

asiatique. Reste à examiner le fossile<br />

à l’aide de techniques modernes<br />

afin d’évaluer, <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> cellulaire, son<br />

homologie avec l’espèce actuelle. La<br />

validation de la détermination sera<br />

alors complète.<br />

Pourquoi un tel intérêt pour cet échantillon<br />

? « À l’heure où le riz et ses princip<strong>au</strong>x<br />

parents s<strong>au</strong>vages figurent parmi<br />

les plantes dont le génome est le plus<br />

décrypté, ce fossile peut apporter une<br />

preuve permettant de situer l’origine<br />

du riz dans le temps et l’espace »,<br />

répond Gérard Second et il ajoute «en<br />

cohérence avec les toutes récentes<br />

850 millions de personnes continuent à<br />

souffrir de la faim et de l’insécurité alimentaire.<br />

Des centaines de millions<br />

d’<strong>au</strong>tres sont atteintes à des degrés<br />

divers par des carences nutritionnelles<br />

spécifiques, les jeunes enfants et les<br />

femmes étant particulièrement touchés.<br />

La recherche scientifique a révélé le tribut<br />

énorme que ces malnutritions font<br />

peser sur le développement humain et<br />

sur celui des sociétés. Dans le même<br />

temps l’émergence des maladies chroniques<br />

liées à l’alimentation – obésité,<br />

diabète de type 2, maladies cardio- et<br />

cérébro-vasculaires, certains cancers –<br />

devient un sujet de préoccupation<br />

majeure pour be<strong>au</strong>coup de sociétés en<br />

développement. Sur l’ensemble de la<br />

planète s’amorce une véritable épidémie<br />

de ces maladies, qui conduisent à une<br />

morbidité accrue et coûteuse et à une<br />

surmortalité précoce à l’âge adulte. Les<br />

populations de la plupart des pays du<br />

<strong>Sud</strong> cumulent <strong>au</strong> moins momentané-<br />

Le journal de l'<strong>IRD</strong><br />

vie pour un fossile de riz<br />

Retrouvé grâce à la ténacité<br />

de Gérard Second dans<br />

une collection de l’École<br />

polytechnique fédérale (ETH)<br />

de Zurich, le fossile d’Oryza<br />

décrit par le paléontologue<br />

suisse Oswald Heer en 1855<br />

– seul fossile de riz connu<br />

à ce jour – vient confirmer<br />

l’origine du riz.<br />

découvertes en Inde de traces<br />

d’Oryzoïdes – ancêtreS des Oryzeae –<br />

dans des fientes de dinos<strong>au</strong>res fossilisées,<br />

ce fossile permet de calibrer<br />

l’horloge moléculaire déduite des<br />

séquences d’ADN ». Le paléobotaniste<br />

Peter Hochuli, chercheur à l’Institut de<br />

paléontologie de Zurich, rappelle que<br />

les deux sites où ce fossile a été<br />

observé sont datés à –15 et –30 millions<br />

d’années. Ces éléments feront<br />

certainement avancer les discussions<br />

actuelles sur les étapes de l’évolution<br />

des riz et les modalités de leur expansion<br />

mondiale.<br />

Selon Milena Pika, elle-même paléontologue,<br />

« ce coup de projecteur sur<br />

E n t r e t i e n a v e c F r a n c i s D e l p e u c h<br />

Pas de solution miracle<br />

pour nourrir la planète<br />

L’exposition itinérante Nourrir 9 milliards d’hommes a été in<strong>au</strong>gurée fin 2005<br />

à Agropolis Museum à Montpellier. Commandée par le ministère des Affaires étrangères<br />

pour les établissements culturels français dans le monde 1 , cette exposition,<br />

et le livret qui l’accompagne livrent <strong>au</strong> grand public l’analyse, les points de vue<br />

et les diagnostics d’une vingtaine d’experts, agronomes, nutritionnistes, économistes,<br />

sociologues, etc. Entretien avec Francis Delpeuch, nutritionniste de l’<strong>IRD</strong>,<br />

directeur de l’UR106 Nutrition, alimentation, sociétés, sur ce défi majeur du XXI e siècle.<br />

© ETH/Urs Gerber<br />

ment les deux types de pathologies,<br />

double farde<strong>au</strong> coûteux en termes de<br />

vies et de revenus.<br />

Dans l’avant-propos, Gérard Ghersi,<br />

coordinateur de cette réponse collective,<br />

assure que « nous disposons<br />

de toutes les solutions techniques<br />

permettant de vaincre la faim »,<br />

pourquoi alors ce flé<strong>au</strong> endeuille-t-il<br />

encore les populations ?<br />

Le développement considérable des<br />

techniques et du commerce <strong>au</strong> cours de<br />

la deuxième moitié du XX e siècle a permis<br />

de produire suffisamment d’aliments<br />

pour nourrir, du moins en théorie,<br />

les six milliards d’habitants de la<br />

planète. Le paradoxe est donc que malgré<br />

ce succès, des humains meurent<br />

encore de faim. Pourtant cette question<br />

a figuré en bonne place sur l’agenda<br />

politique international des dernières<br />

décennies. Point d’orgue en 2000, le<br />

(suite page 16)<br />

Photo du fossile d’épillet<br />

inclus dans une roche calcaire<br />

fine et de deux épillets<br />

de l’espèce Oryza granulata<br />

originaire<br />

de Birmanie<br />

et cultivée en<br />

serre. À droite,<br />

copie d’un des<br />

dessins publiés<br />

par Oswald<br />

Heer en 1855<br />

sous<br />

l’appelation<br />

Oryza<br />

exasperata.<br />

Tous les<br />

fossiles<br />

dessinés ont<br />

été retrouvés.<br />

l’échantillon de riz va raviver l’intérêt<br />

des paléobotanistes pour la collection<br />

d’Oswald Heer et contribuer à conforter<br />

la réputation du site de Oeningen<br />

où la construction d'un musée est prévue<br />

».<br />

Petit clin d’œil historique, Oswald Heer<br />

(1809-1883), géologue et naturaliste,<br />

fondateur du musée botanique de<br />

Zurich, a entretenu une correspondance<br />

avec son homologue britannique<br />

Charles Darwin… ●<br />

Contact<br />

Gérard Second<br />

gerard.second@mpl.ird.fr<br />

Vallée du fleuve Sénégal<br />

Une ressource<br />

bien répartie<br />

L’équipe Divha (<strong>IRD</strong>, UMR G-EAU)<br />

a développé une méthodologie<br />

analytique visant à optimiser<br />

la gestion du barrage implanté<br />

à Manantali (Mali). La phase de<br />

transfert des connaissances et des<br />

outils prolonge actuellement l’appui<br />

scientifique qui a porté ses fruits. p. 8<br />

Actualités<br />

« Organismes parasitiquement<br />

modifiés » p. 2<br />

Aedes albopictus<br />

Le tour du monde d'un moustique<br />

Histoire du vecteur de la maladie de<br />

chikungunya. p. 3<br />

Partenaires<br />

Thaïlande<br />

Les roboviroses sont-elles<br />

sous-estimées ?<br />

Comprendre l’émergence de pathologies<br />

provoquées par des virus dont les<br />

réservoirs sont des rongeurs. p. 5<br />

Métis Âge à la Caraïbe<br />

Regards croisés sur le métissage p. 6<br />

Recherches<br />

Plantes et parasites<br />

Ennemis intimes<br />

Les plantes et leurs parasites poursuivent<br />

un incessant combat où chaque parade<br />

entraîne une riposte de l’assaillant. p. 7<br />

Quel développement durable pour<br />

l’Aïr-Ténéré ?<br />

Concilier conservation et développement<br />

dans cette région inscrite <strong>au</strong> patrimoine<br />

mondial de l’Unesco. p. 10<br />

Valorisation<br />

Bourbon pointu<br />

Un café réunionnais en quête<br />

d’excellence p. 11<br />

Témoignage<br />

Joseph Diatte<br />

Parcours d’un homme<br />

destin d’un pays p. 16


Actualités<br />

2<br />

Enfin, les maladies émergentes<br />

prennent en déf<strong>au</strong>t la médecine<br />

qui a besoin de temps pour<br />

trouver un traitement adéquat<br />

ou mettre <strong>au</strong> point un vaccin<br />

efficace. Aussi, la recherche<br />

doit-elle contribuer à la détection<br />

des risques d’émergence,<br />

à l’identification précoce<br />

des maladies et à leur contrôle<br />

par des méthodes préventives<br />

adaptées et acceptées.<br />

En termes politiques, cette<br />

succession de maladies<br />

infectieuses donne à la santé<br />

publique une dimension qui lui<br />

était difficilement reconnue<br />

tant qu'il s'agissait surtout de<br />

lutte contre le tabagisme,<br />

l'alcoolisme ou plus récemment<br />

l'obésité. Il est vrai que<br />

les épidémies de maladies<br />

infectieuses frappent<br />

l'imaginaire collectif plus que<br />

les cent mille cancers annuels<br />

et appellent un contrôle et une<br />

intervention de l'État puisqu'il<br />

s'agit de sécurité collective.<br />

Encore f<strong>au</strong>t-il ne pas oublier<br />

que la santé publique passe<br />

inévitablement par une lutte<br />

efficace contre les inégalités<br />

dont les plus criantes sont<br />

celles qui opposent le Nord<br />

et le <strong>Sud</strong>.<br />

Écrivez à :<br />

213, rue La Fayette,<br />

75480 Paris, cedex 10, France<br />

WEB <strong>Sciences</strong>.<strong>au</strong>.sud<br />

@paris.ird.fr<br />

Le journal de l'<strong>IRD</strong><br />

<strong>Sciences</strong>.<strong>au</strong>.sud@paris.ird.fr<br />

<strong>IRD</strong> - 213, rue La Fayette -<br />

F - 75480 Paris cedex 10<br />

Tel. : 33 (0)1 48 03 77 77<br />

Fax : 33 (0)1 48 03 08 29<br />

http://www.ird.fr<br />

Directeur de la publication<br />

Le directeur général de l’<strong>IRD</strong><br />

Directrice de la rédaction<br />

Marie-Noëlle Favier<br />

Rédacteur en chef<br />

Olivier Dargouge (dargouge@paris.ird.fr)<br />

Comité éditorial<br />

Roger Bambuck, Jacques Boulègue, Elsa<br />

Bru, Jacques Charmes, Nathalie<br />

Dusuze<strong>au</strong>, Éva Giesen, Alain Le Plaideur,<br />

Daniel Lefort, Christian Marion, Jacques<br />

Merle, Georges de Noni, Michel Portais,<br />

Gérard Winter<br />

Rédacteurs<br />

Fabienne Beurel-Doumenge<br />

(Fabienne.Doumenge@mpl.ird.fr),<br />

Olivier Blot (blot@rio.net)<br />

Céline Ravallec<br />

Marie-Lise Sabrié (rubrique Recherches<br />

sabrie@paris.ird.fr)<br />

Correspondants<br />

Jacqueline Thomas (Dakar)<br />

Mina Vilayleck (Nouméa)<br />

Frédéric Huynh (Une photo, une recherche)<br />

Photos <strong>IRD</strong> – Indigo Base<br />

Claire Lissalde<br />

Danièle Cavanna<br />

Photogravure, Impression<br />

IME, 3, rue de l’Industrie,<br />

25112 B<strong>au</strong>me-les-Dames<br />

Tél. : 03 81 84 11 78<br />

ISSN : 1297-2258<br />

Commission paritaire : 0909B05335<br />

Dépôt légal : <strong>mars</strong> <strong>2006</strong><br />

Journal réalisé sur papier recyclé.<br />

<strong>Sciences</strong> <strong>au</strong> <strong>Sud</strong> - Le journal de l’<strong>IRD</strong> - n° 34 - <strong>mars</strong>/<strong>avril</strong> <strong>2006</strong><br />

À la découverte de l’upwelling<br />

côtier néo-calédonien<br />

Des capteurs<br />

de température<br />

et des images satellite<br />

de température de surface<br />

de la mer ont mis<br />

en évidence l’apparition<br />

régulière de larges<br />

extensions d’e<strong>au</strong> froide<br />

le long du récif ouest<br />

de la Nouvelle-Calédonie.<br />

Cette e<strong>au</strong> froide, à l’origine profonde,<br />

émerge en surface par<br />

l’effet du vent alizé durant la<br />

période d’octobre à <strong>avril</strong>. Ce processus,<br />

nommé upwelling côtier, est très<br />

fréquent le long des bords est des<br />

océans. L’upwelling apporte <strong>au</strong>ssi un<br />

surplus en sels nutritifs et fertilise ainsi<br />

les e<strong>au</strong>x côtières, créant des régions<br />

très riches en ressources naturelles.<br />

Ainsi, les écosystèmes d’upwelling<br />

fournissent plus de 40 % des captures<br />

Leurs résultats sont fascinants et<br />

ont d’ailleurs servi de trame à<br />

un documentaire intitulé Le<br />

manipulateur (© VB Films/CNRS Images<br />

Media 2002) qui met en scène un ver<br />

nématomorphe et le grillon qu’il parasite1<br />

. Pour accomplir son cycle de vie, le<br />

ver doit passer du milieu terrestre, où il<br />

existe sous forme larvaire parasite, <strong>au</strong><br />

milieu aquatique qui lui est indispensable<br />

pour se reproduire lorsqu’il a<br />

atteint le stade adulte et libre. Le<br />

nématomorphe machiavélique a développé<br />

<strong>au</strong> cours de son évolution une<br />

stratégie pour contourner cette difficulté.<br />

La larve, d’une taille microscopique,<br />

se fait avaler par un grillon,<br />

s’y développe jusqu’à devenir un ver<br />

qui peut atteindre 12 à 15 cm et<br />

occupe la majeure partie du corps de<br />

son hôte. La manipulation intervient à<br />

ce moment : le parasite conditionne<br />

l’hôte pour le pousser à rechercher<br />

l’élément liquide et à s’y précipiter, à<br />

l’encontre de son instinct de survie<br />

puisque le grillon est un insecte terrestre.<br />

Les chercheurs ont montré,<br />

grâce à des techniques de protéomique,<br />

que ce suicide est bel et bien<br />

piloté par le ver. Celui-ci produit des<br />

molécules mimétiques qui conditionnent<br />

le cerve<strong>au</strong> des malheureux hôtes.<br />

Publiés en 2005 dans les Proceedings<br />

of the Royal Society of London, les<br />

trav<strong>au</strong>x ont consisté à analyser la<br />

production de protéines par le ver et le<br />

système nerveux de l’insecte parasité<br />

juste avant, pendant et après la<br />

noyade. Dans ce « dialogue » de substances<br />

se trouve la clé du comportement<br />

induit.<br />

Depuis, l’équipe a confirmé que l’on<br />

retrouve les mêmes molécules à l’œuvre<br />

des pêcheries mondiales alors qu’ils<br />

représentent seulement 3 % de la surface<br />

de l’océan !<br />

dans les grillons et dans les s<strong>au</strong>terelles.<br />

Pour aller plus loin et essayer d’avoir une<br />

vision d’ensemble des molécules de la<br />

manipulation par les parasites dans des<br />

groupes phylogénétiques plus ou moins<br />

proches, l’équipe OPM collabore avec<br />

une unité de l’<strong>IRD</strong> travaillant sur les<br />

mouches tsé-tsé vectrices de la maladie<br />

du sommeil (Trypanosomoses de<br />

l’homme, de l’animal et des plantes,<br />

UR177). In fine l’hypothèse de convergences<br />

évolutives sera testée. Pour<br />

l’instant, les chercheurs ont réalisé la<br />

comparaison des profils des protéines<br />

de cerve<strong>au</strong>x de tsé-tsé saines, parasitées<br />

mais à un stade non transmissible et<br />

parasitées à un stade transmissible. Les<br />

protéines exprimées sont en cours<br />

d’identification. « Sachant qu’il n’y a<br />

toujours <strong>au</strong>cun vaccin contre le paludisme<br />

et la maladie du sommeil, toute<br />

amélioration des connaissances susceptibles<br />

de devenir des points clés en<br />

matière de santé publique ou vétérinaire<br />

est bonne à prendre », rappelle Frédéric<br />

Thomas qui ajoute, enthousiaste : « Il<br />

est intéressant, lorsqu’on démontre<br />

qu’un vecteur manipulé par le patho-<br />

L’<strong>IRD</strong> Nouméa, sous l’égide de ZoNéCo<br />

(programme d'évaluation des ressources<br />

marines dans la zone économique<br />

de Nouvelle-Calédonie - ZEE)<br />

et du ministère de l’Outre-Mer,<br />

mène actuellement une étude<br />

Images satellite de chlorophylle en surface (à g<strong>au</strong>che) et de température<br />

en surface (à droite). Ces images montrent l’étendue des événements<br />

d’upwelling le long de la pente externe sud-ouest du Territoire.<br />

Des filaments 10 fois plus riches en chlorophylle se propagent<br />

vers le large. L’e<strong>au</strong> froide émergeante couvre une surface importante,<br />

presque de la taille de la Grande Terre.<br />

« Organismes parasitiquement<br />

modifiés »<br />

Pratiquer une recherche de pointe n’exclut pas l’humour<br />

puisque Organismes parasitiquement modifiés (OPM)<br />

est le nom choisi par l’équipe de Frédéric Thomas (CNRS),<br />

affiché sur le site web de l’unité mixte de recherche CNRS/<strong>IRD</strong><br />

Génétique et évolution des maladies infectieuses (UR165/UMR<br />

GEMI). Il f<strong>au</strong>t dire que leur objet d’étude est original :<br />

la manipulation exercée par des parasites sur leurs hôtes.<br />

© Pascal Goetgheluck<br />

gène pique plus fréquemment les hôtes<br />

qu’un vecteur sain, de savoir quels<br />

mécanismes sont à l’œuvre ; cela<br />

change tous les scénarios de transmission<br />

des maladies et les données épidémiologiques.<br />

»<br />

L’équipe OPM a déjà à son actif un gros<br />

travail de décryptage des dialogues et<br />

conflits moléculaires (DCM) entre ces<br />

acteurs (vecteur, hôte, pathogène) qui<br />

emploient donc des « arguments biochimiques<br />

». Il f<strong>au</strong>t savoir qu’il y a même<br />

des contre-manipulateurs ! Un exemple<br />

de deux parasites présents dans le<br />

même hôte se sabotant l’un l’<strong>au</strong>tre a<br />

été publié : le nématode Gammarinema<br />

gammari entre en conflit avec le trématode<br />

Microphallus papillorobustus.<br />

Le premier induit un comportement<br />

aberrant chez l’hôte, le gammare (un<br />

crustacé amphipode) tandis que le<br />

second arrive à en bloquer les effets.<br />

Un <strong>au</strong>tre article sous presse relate<br />

l’analyse d’un nouve<strong>au</strong> type de dialogue<br />

moléculaire, non plus entre le ver<br />

et le grillon mais entre le ver et un<br />

batracien (ou un poisson) prédateur du<br />

grillon. Le parasite doit absolument res-<br />

Après le suicide du grillon à l'intérieur duquel il a atteint sa taille adulte,<br />

le ver nématomorphe rejoint le milieu aquatique pour s'y reproduire.<br />

© GEMI/D. Patrel<br />

pour comprendre, simuler, prévoir et<br />

évaluer les événements d’upwelling<br />

calédoniens.<br />

Les baisses brusques de température,<br />

parfois de l’ordre de 5 °C, et la multiplication<br />

par dix des concentrations de<br />

chlorophylle, observées durant les événements<br />

d’upwelling, ont en effet des<br />

conséquences potentielles importantes<br />

pour l’écosystème marin.<br />

La prévision des upwelling, et plus généralement<br />

de la circulation océanique<br />

dans la ZEE de Nouvelle-Calédonie,<br />

devrait permettre d’améliorer la gestion<br />

des ressources en instruisant les<br />

connaissances de l’impact de la pollution,<br />

de l’échange d’e<strong>au</strong> entre le lagon<br />

et le large, de la trajectoire des cyclones<br />

et du climat régional. ●<br />

Contact<br />

Andres Vega<br />

Andres.Vega@noumea.ird.nc<br />

sortir intact du prédateur si le grillon se<br />

fait avaler. Petit clin d’œil de Frédéric<br />

Thomas : « Et c’est bien ce qui se<br />

passe, le nématomorphe est “polyglotte”<br />

par nécessité. En tout cas cette<br />

stratégie est unique dans le monde du<br />

vivant. »<br />

Des contacts récemment noués avec le<br />

service Neurologie et imagerie médicale<br />

de l’hôpital Pitié-Salpêtrière (Paris)<br />

vont permettre d’utiliser le dispositif<br />

qui capte dans le cerve<strong>au</strong> humain des<br />

changements de champ électromagnétique<br />

traduisant l’activité cérébrale.<br />

Aucune certitude encore que les<br />

champs électromagnétiques infimes<br />

émis par des insectes soient captés. En<br />

cas de succès, le projet est de comparer<br />

l’activité des cerve<strong>au</strong>x de grillons<br />

sains et de grillons parasités.<br />

Frédéric Thomas précise que « Les<br />

grandes questions que nous posons et<br />

que nous cherchons à résoudre par une<br />

approche pluridisciplinaire (comportement,<br />

protéomique, modélisation…)<br />

sont : Quelle est la diversité des mécanismes<br />

? Qu’est-ce qui détermine cette<br />

diversité ? Les modalités sont-elles limitées<br />

par l’hôte ou par le parasite ? » ●<br />

1. Un second film, en cours de montage,<br />

présentera les avancées publiées récemment<br />

et les perspectives.<br />

Contact<br />

Frédéric Thomas<br />

fthomas@mpl.ird.fr<br />

WEB<br />

L'équipe OPM, de droite<br />

à g<strong>au</strong>che : Fleur Ponton<br />

(en thèse), Frédéric Thomas<br />

(CNRS), David Biron (postdoc<br />

CNRS).<br />

Frédéric Thomas présente<br />

ses trav<strong>au</strong>x sur Canal <strong>IRD</strong> :<br />

http://www.canal.ird.fr/<br />

Rubrique entretien.


© Susan Ellis, www.forestryimages.org<br />

A e d e s a l b o p i c t u s<br />

Le tour du monde d'un moustique<br />

Les chercheurs de l’unité de recherche <strong>IRD</strong> Caractérisation<br />

et contrôle des populations de vecteur (UR016)<br />

et de l’EID Méditerranée 1 se sont penchés sur l’expansion<br />

planétaire d’un moustique responsable de la transmission<br />

des virus chikungunya et de la dengue,<br />

qui ont provoqué des épidémies à l’île de la Réunion.<br />

Aedes albopictus, moustique<br />

vecteur d’arbovirus, en particulier<br />

des virus chikungunya<br />

et de la dengue, est en passe de coloniser<br />

la planète. Originaire d’Asie, il a<br />

déjà traversé les océans et conquis<br />

<strong>au</strong>jourd’hui tous les continents. Cet<br />

insecte diptère se propage grâce à ses<br />

œufs. Les femelles pondent en bordure<br />

de petites collections d’e<strong>au</strong>, la plupart<br />

du temps d’origine humaine, telles que<br />

des pneus usagés à l’abandon, des<br />

fûts, des boîtes de conserve, des bouteilles<br />

cassées ou des pots de fleurs. De<br />

fait, des pneus en provenance d’Asie<br />

sont probablement responsables de<br />

l’arrivée d’Aedes albopictus en<br />

Amérique du Nord à partir de 1972. Le<br />

moustique ne s’est pas arrêté sur sa<br />

lancée : il a été signalé <strong>au</strong> Brésil vers<br />

1986, puis dans les îles du Pacifique et<br />

des Caraïbes et, plus récemment, en<br />

Europe (Albanie en 1979, Italie en<br />

1990, France en 1999, Belgique en<br />

2000, Serbie et Monténégro en 2000<br />

et Suisse en 2003). Il semble être maintenant<br />

établi dans quelques villes françaises<br />

proche de la frontière italienne.<br />

En Afrique continentale, ce vecteur a<br />

été observé pour la première fois dans<br />

le port de Durban en Afrique du <strong>Sud</strong> en<br />

1989. Il a ensuite été retrouvé <strong>au</strong><br />

Chikungunya<br />

Nigeria, en 1991, où il est maintenant<br />

abondant. Des équipes de l’<strong>IRD</strong> l’ont<br />

mis en évidence <strong>au</strong> Cameroun dès<br />

1999, puis en Guinée équatoriale en<br />

2003.<br />

Cette expansion planétaire s’explique<br />

par l’adaptation de l’espèce à des climats<br />

variés, par sa capacité à se reproduire<br />

dans de nombreux types de gîtes,<br />

la plupart du temps de petite taille et<br />

d’origine anthropique, par la résistance<br />

des œufs à l’assèchement durant de<br />

longs mois et naturellement par l’<strong>au</strong>gmentation<br />

des échanges intercontinent<strong>au</strong>x.<br />

Aedes albopictus colonise rapidement<br />

les niches écologiques qui lui sont favorables.<br />

Ainsi, en Italie, l’espèce est<br />

devenue une véritable nuisance dans<br />

tout le nord du pays. Les larves se développent<br />

en particulier dans l’e<strong>au</strong> des<br />

pots de fleurs. En France métropolitaine,<br />

Aedes albopictus avait été identifié<br />

sur plusieurs sites de stockage de<br />

pneus usés entre 1999 et 2004. Des<br />

mesures immédiates de contrôle,<br />

financées par le ministère de la Santé,<br />

avaient empêché l’installation de l’espèce.<br />

Malheureusement, depuis 2005,<br />

ce moustique a été signalé comme<br />

abondant dans plusieurs quartiers des<br />

villes de Menton et de Nice. Dans cer-<br />

Héritier d'une longue expérience en entomologie<br />

médicale (voir <strong>au</strong>ssi page 4), l'<strong>IRD</strong> participe à la lutte<br />

contre l'épidémie qui frappe la Réunion.<br />

Expertise<br />

Christophe P<strong>au</strong>py, entomologiste médical<br />

à l’<strong>IRD</strong> qui avait pris part à la<br />

Mission d’appui à la lutte contre l’épidémie<br />

de chikungunya de l’Inspection<br />

générale des affaires sociales (Rapport<br />

<strong>2006</strong>-02), a participé en février <strong>2006</strong><br />

à une mission de recherche sur chikungunya<br />

diligentée par les ministères<br />

chargés de la Santé et de la Recherche<br />

et destinée à « mieux cerner … les<br />

axes de recherche qui permettraient<br />

de mieux connaître et par suite<br />

combattre cette maladie émergente ».<br />

Le rapport de mission liste une douzaine<br />

de thèmes de recherche à initier<br />

sans délai, de l’écologie virale <strong>au</strong> stockage<br />

des prélèvements biologiques en<br />

passant par l’étude de la perception<br />

et de la gestion du risque. Au-delà, les<br />

experts ouvrent des pistes pour des<br />

recherches et actions à moyen et<br />

long terme, notamment constitution<br />

d’un rése<strong>au</strong> d’excellence, épidémiosurveillance,<br />

lutte anti-vectorielle, criblage<br />

d’activités anti-virales, études<br />

socio-anthropologiques et organisation<br />

de la première conférence internationale<br />

sur les fièvres de chikungunya<br />

et de Ross River. ●<br />

Le virus<br />

Le virus de chikungunya est un<br />

arbovirus de la famille des<br />

Togaviridae ; c’est un virus à ARN. Il<br />

a été isolé pour la première fois en<br />

Tanzanie et en Ouganda en 1953.<br />

On distingue, sur la base de leurs<br />

caractéristiques biologiques, deux<br />

souches différentes de chikungunya,<br />

une souche africaine et une<br />

souche asiatique.<br />

tains pays, ce nouvel arrivant expansionniste<br />

remplace des espèces <strong>au</strong>tochtones.<br />

Dans le sud des États-Unis, par<br />

exemple, Aedes albopictus a presque<br />

entièrement supplanté Aedes aegypti,<br />

vecteur du virus de la fièvre j<strong>au</strong>ne. Au<br />

Cameroun les chercheurs <strong>IRD</strong> constatent<br />

également depuis 1999 une rapide<br />

colonisation d’Aedes albopictus.<br />

Les conséquences de ces changements<br />

peuvent être de deux ordres. L’installation<br />

d’une espèce vectrice supplémentaire<br />

profitant de niches écologiques<br />

disponibles pourrait créer un<br />

risque de circulation de virus pathogènes<br />

pour l’homme, comme les virus<br />

chikungunya ou les virus de la dengue,<br />

même s’il a été démontré qu’Aedes<br />

albopictus n’est pas un très bon vecteur<br />

de cette dernière. En zone tropicale,<br />

le remplacement de Aedes<br />

aegypti par albopictus pourrait modifier<br />

l’épidémiologie des arboviroses<br />

(maladies transmises par les arthropodes),<br />

diminuant le risque de transmission<br />

de fièvre j<strong>au</strong>ne (pour laquelle<br />

un vaccin existe) et modifiant le risque<br />

de transmission de la dengue (pour<br />

laquelle on ne dispose pas encore de<br />

prophylaxie).<br />

La diffusion de cette espèce dépend<br />

essentiellement des comportements<br />

humains tant pour son transport que<br />

pour la multiplication de gîtes de ponte<br />

favorables. Aedes albopictus est encore<br />

en phase d’expansion et il est certain<br />

que de nouve<strong>au</strong>x pays d’Amérique du<br />

<strong>Sud</strong>, d’Afrique et d’Europe seront à<br />

leur tour colonisés. Les recherches<br />

actuelles visent à caractériser les condi-<br />

Coordination<br />

de la recherche<br />

Le 20 février, le ministère de la Santé<br />

annonçait la mise en place d’une<br />

Cellule nationale de coordination de<br />

la recherche sur la maladie du chikungunya.<br />

Présidée par Antoine<br />

Flah<strong>au</strong>lt, chef du département de<br />

santé publique à l’hôpital Tenon (AP-<br />

HP, Inserm, université Paris 6), elle<br />

réunira les quatre membres de la mission<br />

scientifique, le directeur du<br />

centre d’investigations cliniques de la<br />

Réunion ainsi que des experts reconnus<br />

dans ce domaine de<br />

recherche.<br />

Cette cellule a pour mission de coordonner<br />

les trav<strong>au</strong>x menés par les<br />

équipes du CNRS, de l’Inserm, de<br />

l’Institut Pasteur, de l’Inra, du Cirad,<br />

de l’<strong>IRD</strong>, des universités et des centres<br />

hospitalo-universitaires, investies dans<br />

la recherche sur le virus du chikungunya<br />

<strong>au</strong> plan local comme <strong>au</strong> plan<br />

national. ●<br />

WEB<br />

Ces rapports sont<br />

consultables sur le site<br />

du ministère de la Santé<br />

http://www.sante.gouv.fr/<br />

tions écologiques et climatiques optimales<br />

de l’installation de cette espèce<br />

et à comprendre les facteurs de la<br />

compétition avec Aedes aegypti.<br />

Parallèlement, la capacité de cette<br />

espèce à transmettre divers arbovirus<br />

est évaluée, ce qui permettra de modéliser<br />

les risques d’épidémie. ●<br />

1. Entente interdépartementale pour la<br />

démoustication.<br />

En savoir plus<br />

Fontenille D., Toto J.C., 2001. Aedes<br />

(Stegomyia) albopictus (Skuse), a<br />

potential new Dengue vector in<br />

southern Cameroon. Emerg Infect Dis<br />

7: 1066-7<br />

Schaffner F., Karch S., 2000. First<br />

record of Aedes albopictus (Skuse,<br />

1894) in metropolitan France. Comptes<br />

Rendus de l’Academie des <strong>Sciences</strong>.<br />

Serie III, <strong>Sciences</strong> de la Vie 323: 373-<br />

375<br />

Del<strong>au</strong>nay P., Mathieu B., Marty P.,<br />

F<strong>au</strong>ran P., Schaffner F., 2005 Installation<br />

du moustique Aedes albopictus dans<br />

plusieurs villes des Alpes-Maritimes<br />

(France). Congrès de la Société française<br />

de parasitologie, Paris, 15-16 décembre<br />

2005<br />

Contacts<br />

Didier Fontenille, <strong>IRD</strong>, UR16<br />

didier.fontenille@mpl.ird.fr<br />

Francis Schaffner, EID Méditerranée<br />

fschaffner@eid-med.org<br />

L’épidémie<br />

D’après l’Institut de veille sanitaire,<br />

<strong>au</strong> 23 février <strong>2006</strong>, le nombre<br />

cumulé de cas de chikungunya à<br />

la Réunion depuis son apparition<br />

en <strong>mars</strong> 2005 atteignait 157 000<br />

soit 144 600 cas pour l’année<br />

<strong>2006</strong> et 12 400 pour l’année<br />

2005. À cette date, le rythme de<br />

l’épidémie se situait à quelque<br />

22 000 nouve<strong>au</strong>x cas par semaine.<br />

Selon le Rése<strong>au</strong> de veille épidémiologique<br />

dans l’océan Indien<br />

animé par l’Observatoire régional<br />

de la santé de la Réunion :<br />

• <strong>au</strong>x Seychelles : à la date du 5 février<br />

<strong>2006</strong>, 3 309 cas ont été<br />

déclarés depuis le début de l’année<br />

;<br />

• <strong>au</strong>x Comores et à Madagascar :<br />

à la date du 18 février <strong>2006</strong>,<br />

<strong>au</strong>cun cas n’a été signalé, depuis<br />

le début de l’année.<br />

• à M<strong>au</strong>rice : à la date du 22 février<br />

<strong>2006</strong>, selon le ministère de la<br />

Santé, 786 personnes <strong>au</strong>raient été<br />

atteintes.<br />

L e i s h m a n i a<br />

Vers<br />

des traitements<br />

bien ciblés<br />

Les leishmanioses sont des affections<br />

parasitaires graves, endémiques<br />

dans plus de quatre-vingt-huit pays. À<br />

ce jour, <strong>au</strong>cun vaccin efficace n’est disponible<br />

et la pharmacopée existante<br />

reste limitée. Développer des médicaments<br />

s’avère donc capital pour ces<br />

parasitoses qui menacent plus de<br />

350 millions de personnes. Classiquement,<br />

la recherche de molécules antiparasitaires<br />

est fondée sur une approche<br />

empirique qui consiste à tester l’activité<br />

de molécules naturelles ou synthétiques<br />

sur la viabilité du parasite in vitro. Les<br />

outils moléculaires permettent la démarche<br />

inverse : identifier des gènes<br />

essentiels à la survie du parasite et synthétiser<br />

des molécules spécifiques pour<br />

inhiber l’action de leurs produits.<br />

Chez les organismes eucaryotes, une<br />

protéine découverte il y a quelques<br />

années, SIR2 (Silent information regulator<br />

2), est considérée comme un régulateur<br />

universel de la longévité. Les<br />

protéines de la famille SIR2 font l’objet<br />

d’intenses recherches, notamment en<br />

cancérogenèse. Un membre de cette<br />

famille de protéine a été identifié en<br />

1996 chez le parasite Leishmania<br />

major<br />

3<br />

1 . L’intérêt grandissant pour ces<br />

protéines a conduit Ali Ouaissi, directeur<br />

de l’unité de recherche Pathogénie<br />

des Trypanosomatidés UR008 de<br />

l’<strong>IRD</strong>, en collaboration avec des<br />

équipes de l’Inserm et de l’université<br />

de Porto, à approfondir<br />

les connaissances sur les fonctions<br />

biologiques de SIR2 et son<br />

rôle dans l’infection parasitaire.<br />

Ils ont inactivé le gène SIR2 de<br />

Leishmania infantum, agent de<br />

la leishmaniose viscérale et<br />

montré ainsi qu’il est essentiel à<br />

sa survie. Lorsque le parasite<br />

exprime un nive<strong>au</strong> minimal de<br />

protéine SIR2, il se révèle incapable<br />

de proliférer dans le<br />

macrophage in vitro et se<br />

retrouve progressivement éliminé<br />

<strong>au</strong> cours d’une infection<br />

expérimentale chez la souris.<br />

Cette protéine SIR2 parasitaire<br />

peut dès lors être envisagée<br />

comme cible thérapeutique. Les<br />

chercheurs ont donc testé l’action<br />

d’inhibiteurs spécifiques :<br />

tous présentent une activité<br />

anti-leshmanienne sur le stade<br />

parasitaire présent chez l’hôte<br />

vertébré.<br />

Sur la base de ces résultats, les<br />

recherches se poursuivent, en<br />

collaboration avec d’<strong>au</strong>tres instituts2<br />

a<br />

b<br />

c<br />

Infection de macrophages<br />

humains par le parasite<br />

Leishmania.<br />

a) marquage du noy<strong>au</strong> des<br />

, dans deux directions, cellules et des parasites ;<br />

d’une part l’exploitation de b) immuno-fluorescence<br />

clones parasitaires de virulence<br />

atténuée, d’<strong>au</strong>tre part la validation<br />

du produit du gène SIR2<br />

anti-leishmania ;<br />

c) superposition des deux<br />

images.<br />

comme cible thérapeutique chez leishmania<br />

et éventuellement d’<strong>au</strong>tres<br />

représentants de la famille des<br />

Trypanosomatidae.<br />

Les parasites de virulence atténuée,<br />

rapidement tués par l’hôte, constituent<br />

en effet une source d’antigènes<br />

capables de stimuler la réponse<br />

immune. Une telle approche, mimant<br />

une infection naturelle, induit généralement<br />

une réponse plus efficace que<br />

les vaccins classiques. L’étude des fonctions<br />

et de la structure de SIR2 fournira<br />

pour sa part les informations utiles<br />

pour la conception d’inhibiteurs spécifiques.<br />

●<br />

1. Laboratoire de recherche sur les Trypanosomatidae,<br />

Inserm U415, Institut Pasteur-<br />

Lille.<br />

2. Centre de biochimie structurale, CNRS,<br />

Inserm université de Montpellier et faculté de<br />

pharmacie et Institut de biologie moléculaire<br />

et cellulaire, université de Porto, Portugal.<br />

Contact<br />

Ali Ouaissi<br />

ali.ouaissi@montp.inserm.fr<br />

<strong>Sciences</strong> <strong>au</strong> <strong>Sud</strong> - Le journal de l’<strong>IRD</strong> - n° 34 - <strong>mars</strong>/<strong>avril</strong> <strong>2006</strong><br />

© <strong>IRD</strong>/B. Vergnes<br />

Actualités


Partenaires<br />

4<br />

Burkina Faso<br />

Écoles thématiques<br />

en écologie tropicale<br />

Le maintien des écosystèmes et la<br />

promotion équitable de l’exploitation<br />

des ressources naturelles sont <strong>au</strong> cœur<br />

du développement durable. Dans le<br />

cadre de ces préoccupations d’actualité,<br />

une École Thématique en Écologie<br />

Tropicale intitulée Services écosystémiques<br />

et usage durable des ressources<br />

naturelles s’est tenue du 4 <strong>au</strong> 18 septembre<br />

2005 à l’université polytechnique<br />

de Bobo-Dioulasso (Burkina Faso).<br />

Organisée par le CNRS, l’<strong>IRD</strong>, l’École normale<br />

supérieure, l’université Paris-6 et<br />

l’université polytechnique de Bobo-<br />

Dioulasso, cette école a réuni une vingtaine<br />

d’étudiants de sept pays d’Afrique<br />

francophone et de France. Objectif : leur<br />

faire partager des expériences et des<br />

enseignements de pointe dans un<br />

domaine de l’écologie en plein développement.<br />

Durant 15 jours, les enseignements ont<br />

porté sur les services écosystémiques,<br />

définis comme l’ensemble des services<br />

rendus par les écosystèmes <strong>au</strong>x sociétés<br />

humaines : production alimentaire,<br />

approvisionnement en e<strong>au</strong>, contrôle de<br />

l’érosion, maintien de la fertilité des<br />

sols, régulation du climat. Ces exposés<br />

ont été complétés par des présentations<br />

méthodologiques en statistiques<br />

et modélisation.<br />

Les matinées étaient consacrées à la<br />

réalisation de projets de recherche par<br />

les étudiants réunis en petits groupes.<br />

Ils portaient sur différents services écosystémiques<br />

indiqués ci-dessous entre<br />

parenthèses :<br />

• effet de la gestion de la matière organique<br />

sur la fertilité des sols (production<br />

alimentaire) ;<br />

• mesure du stockage de carbone dans<br />

des sols de savane (stockage de carbone<br />

limitant potentiellement le changement<br />

global) ;<br />

• évaluation de la biodiversité de la<br />

f<strong>au</strong>ne du sol en fonction du type<br />

d’usage du sol (biodiversité) ;<br />

• évaluation de la stabilité de la savane<br />

à partir d’une analyse de la structure des<br />

bosquets (stabilité des écosystèmes) ;<br />

• influence des termites sur la dynamique<br />

et la mortalité des arbres de<br />

savane (stabilité des écosystèmes).<br />

Chaque groupe a présenté les résultats<br />

obtenus <strong>au</strong>x <strong>au</strong>tres étudiants et chercheurs<br />

lors d’une restitution orale finale.<br />

La problématique des services écosystémiques<br />

convenait parfaitement à une<br />

école dont l’esprit a toujours été de<br />

montrer que les avancées de la science<br />

écologique, même très théoriques, permettent<br />

de répondre à des problèmes<br />

concrets de gestion. Une école se<br />

déroulera d’ailleurs chaque année dans<br />

un pays francophone différent : la prochaine<br />

édition <strong>au</strong>ra lieu <strong>au</strong> Sénégal du<br />

17 septembre <strong>au</strong> 1er octobre <strong>2006</strong> sur<br />

le thème Rése<strong>au</strong>x trophiques : de la<br />

théorie à la gestion<br />

rationnelle des ressources<br />

biologiques –<br />

écosystèmes terrestres<br />

et aquatiques.<br />

L’objectif de ces écoles<br />

thématiques n’est pas<br />

uniquement la formation<br />

d’étudiants. Il s’agit<br />

<strong>au</strong>ssi de favoriser les<br />

échanges Nord-<strong>Sud</strong> et<br />

<strong>Sud</strong>-<strong>Sud</strong>, d'enseignantschercheurs<br />

et d'étudiants,<br />

de valoriser les<br />

trav<strong>au</strong>x menés en écologie<br />

dans le pays d’accueil<br />

et d’y favoriser le<br />

développement de nouvelles<br />

recherches. ●<br />

© <strong>IRD</strong>/S. Barot<br />

Contact<br />

Sébastien Barot<br />

barot@bondy.ird.fr<br />

WEB http://etet2005.free.fr<br />

C’<br />

<strong>Sciences</strong> <strong>au</strong> <strong>Sud</strong> - Le journal de l’<strong>IRD</strong> - n° 34 - <strong>mars</strong>/<strong>avril</strong> <strong>2006</strong><br />

O n c h o c e r c o s e<br />

Un demi-siècle de lutte<br />

En décembre 2005 se tenait à Paris le forum annuel<br />

des acteurs du programme Apoc 1 de lutte contre<br />

la « cécité des rivières ». Ce programme vise à éradiquer<br />

l’onchocercose dans dix-neuf pays où elle existe encore 2 .<br />

Il fait suite à plus de cinquante ans de recherche<br />

et de lutte qui ont permis, notamment avec le programme<br />

OCP 3 , de juguler la maladie dans onze pays 4 .<br />

est en 1956 qu’une première<br />

unité « onchocercose » de<br />

l’<strong>IRD</strong>, alors Orstom, a vu le<br />

jour à Bobo-Dioulasso, h<strong>au</strong>t lieu de la<br />

recherche africaine en santé. Associés<br />

<strong>au</strong>x médecins militaires, qui tenaient<br />

alors le h<strong>au</strong>t du pavé dans la lutte<br />

contre les maladies tropicales, les chercheurs<br />

ont intégré <strong>au</strong> moment des<br />

indépendances l’OCCGE 5 . En véritables<br />

pionniers, les scientifiques ont dû<br />

mettre <strong>au</strong> point à la fois les méthodes<br />

d’étude, de lutte et d’évaluation qui<br />

allaient permettre un engagement<br />

massif contre la maladie. La stratégie<br />

anti-vectorielle retenue a appelé <strong>au</strong><br />

développement d’approches pluridisciplinaires<br />

novatrices dans ce domaine.<br />

Elle a ainsi contribué à l’émergence historique<br />

de l’entomologie médicale à<br />

l’<strong>IRD</strong>. Elle a également requis d’abondantes<br />

compétences en hydrologie.<br />

Par la suite, l’engagement de la commun<strong>au</strong>té<br />

internationale vint appuyer les<br />

© WHO/TDR/Stammers<br />

© WHO/TDR/OCP<br />

Simulie<br />

(Simulium<br />

damnosum).<br />

Coupe<br />

histologique<br />

de nodules<br />

onchocerquiens.<br />

Chef du village de Madina Diassa, <strong>au</strong> Mali,<br />

gravement atteint de l'onchocercose.<br />

Larve de<br />

simulie.<br />

Macrofilaire<br />

(Onchocerca<br />

volvulus).<br />

efforts scientifiques. La mobilisation<br />

importante d’organisations mondiales<br />

et d’institutions nationales, <strong>au</strong> sein du<br />

programme OCP, permet d’obtenir des<br />

résultats jusqu’alors inédits. On estime<br />

que l’OCP a protégé 34 millions de personnes<br />

de la maladie, évitant ainsi<br />

600 000 cas de cécité dans les onze<br />

pays associés <strong>au</strong> programme. Les activités<br />

de lutte anti-vectorielle ont rendu<br />

possible la réinstallation des populations<br />

sur 25 millions d’hectares de<br />

terres du bassin fluvial. Ces terres peuvent<br />

désormais nourrir 17 millions<br />

d’habitants supplémentaires.<br />

À partir de 1987, l’ivermectine est mise<br />

à disposition de tous les États qui en<br />

font la demande pour lutter contre<br />

l’onchocercose. Le programme Apoc,<br />

lancé en 1995, coordonne les distributions<br />

d’ivermectine dans les dix-neuf<br />

pays africains situés en dehors de l’aire<br />

d’OCP. L’objectif de l’Apoc est d’éliminer<br />

l’onchocercose en tant que problème<br />

© WHO/TDR/Stammers<br />

© <strong>IRD</strong>/J.-L. Frézil<br />

© <strong>IRD</strong>/H. Guill<strong>au</strong>me<br />

Une maladie parasitaire<br />

agent de l’onchocercose, le parasite Onchocerca volvu-<br />

L’ lus, est transmis par la piqûre d’un vecteur, la simulie<br />

(Simulium damnosum), une minuscule mouche. Le parasite<br />

est un filaire, dont la femelle adulte se concentre sous la pe<strong>au</strong><br />

humaine. Durant les douze années de sa vie, cette macrofilaire<br />

va produire des millions d’embryons, les microfilaires.<br />

Ceux-ci se pelotonnent sous la pe<strong>au</strong>, en formant des nodules,<br />

et sont responsables des manifestations de la maladie : dans<br />

un premier temps différentes lésions cutanées et des démangeaisons<br />

intolérables puis, avec les ans, un épaississement et<br />

une dépigmentation de la pe<strong>au</strong>. Enfin, des lésions oculaires,<br />

dont la plus grave est, dans 10 % des cas, la cécité.<br />

La simulie a besoin à la fois de cours d’e<strong>au</strong> pour pondre, et<br />

de sang pour la maturation de ses œufs. Ainsi la maladie se<br />

développe <strong>au</strong> long des rivières. Les personnes les plus exposées<br />

sont les paysans vivant et travaillant <strong>au</strong> bord des cours<br />

d’e<strong>au</strong> qui irriguent leurs cultures. Les conséquences socioéconomiques<br />

sont importantes, puisque l’onchocercose est<br />

responsable de l’abandon de ces zones particulièrement<br />

exposées et néanmoins très propices <strong>au</strong>x activités agricoles.<br />

© <strong>IRD</strong>/H. Guill<strong>au</strong>me<br />

de santé publique dans ces pays grâce<br />

à la mise en place de projets de traitements<br />

sous directives commun<strong>au</strong>taires.<br />

Le programme Apoc compte ainsi plus<br />

de 240 000 distributeurs commun<strong>au</strong>taires,<br />

des villageois responsables de la<br />

diffusion du médicament <strong>au</strong> sein de<br />

leur village. Cette stratégie très décentralisée<br />

permet d’atteindre des couvertures<br />

thérapeutiques plus élevées que<br />

les interventions « verticales ». C’est<br />

également la seule qui permette d’assurer<br />

une durabilité des opérations.<br />

Des études menées par l’<strong>IRD</strong> sur les traitements<br />

de masse par l’ivermectine ont<br />

permis de préciser ses effets avant son<br />

utilisation à large échelle. Aujourd’hui,<br />

les chercheurs s’intéressent <strong>au</strong>x effets<br />

secondaires ainsi qu’à l’impact des<br />

doses répétées sur les stades adultes<br />

du parasite.<br />

L’onchocercose <strong>au</strong>jourd’hui<br />

L’onchocercose constitue toujours une<br />

menace pour 90 millions de personnes<br />

dans le monde, 18 millions sont porteuses<br />

de la maladie, 1 million présente<br />

des lésions oculaires et 350 000<br />

d’entre elles sont à jamais aveugles. ●<br />

1. Programme africain de lutte contre l’onchocercose<br />

– African Programme for<br />

Onchocerciasis Control.<br />

2. Burundi, Cameroun, Congo-Brazza,<br />

Éthiopie, Gabon, Guinée équatoriale, Kenya,<br />

Malawi, Mozambique, Nigeria, Ouganda,<br />

RCA, RD Congo, Rwanda, Soudan,<br />

Tanzanie, Tchad, Angola, Liberia.<br />

3. Onchocerciasis Control Program (1974-<br />

2002).<br />

4. Bénin, Burkina Faso, Côte-d’Ivoire,<br />

Ghana, Guinée-Conakry, Guinée-Biss<strong>au</strong>,<br />

Mali, Niger, Sénégal, Sierra Leone, Togo.<br />

5. Organisation de Coordination et de<br />

Coopération pour la lutte contre les Grandes<br />

Endémies.<br />

Contrôle, du vecteur<br />

<strong>au</strong> contrôle du parasite<br />

L a<br />

lutte contre<br />

l’onchocercose,<br />

f<strong>au</strong>te de traitement<br />

efficace sur le parasite,<br />

s’est longtemps<br />

organisée<br />

<strong>au</strong>tour du contrôle<br />

du vecteur, la simulie.<br />

C’est principalement<br />

la destruction<br />

de la mouche <strong>au</strong><br />

© <strong>IRD</strong>/H. Guill<strong>au</strong>me<br />

Hélicoptère en train de<br />

traiter un gîte larvaire.<br />

stade larvaire, dans ses gîtes aquatiques, qui a donné les<br />

meilleurs résultats. Puis, dans les années 1980, la<br />

découverte d’un médicament, l’ivermectine (Mectizan ® ),<br />

a révolutionné la stratégie de lutte. Ce produit, administré<br />

par voie orale une fois par an, permet d’abaisser<br />

et de maintenir les densités microfilariennes à un nive<strong>au</strong><br />

très faible, qui n’occasionne pas de trouble clinique. ●<br />

R e c h e r c h e p o u r l e d é v e l o p p e m e n t<br />

La société américaine d’écologie<br />

se mobilise par Olivier DANGLES et Jean-François SILVAIN 1<br />

La société américaine d’écologie<br />

(ESA) a organisé du 8 <strong>au</strong> 12 janvier<br />

<strong>2006</strong> une conférence internationale<br />

intitulée Écologie dans une ère de<br />

mondialisation : challenges et opportunités.<br />

En proposant, pour la première fois<br />

depuis sa création, une conférence hors<br />

des États-Unis, à Mérida <strong>au</strong> Mexique,<br />

l’ESA a affiché sa volonté de promouvoir la<br />

collaboration entre les scientifiques nordet<br />

sud-américains afin de gérer <strong>au</strong> mieux<br />

les problèmes écologiques posés par la<br />

mondialisation et de proposer des solutions<br />

en termes de développement<br />

durable. Co-présidée par José Sarukhán<br />

de l’Institut écologique national du<br />

Mexique et Jeff Herrick du département<br />

de l’Agriculture des États-Unis, la conférence<br />

s’est articulée <strong>au</strong>tour de trois<br />

grandes thématiques : espèces invasives,<br />

migrations humaines et transformation<br />

des systèmes de production agricole et<br />

industrielle.<br />

Actrice internationale majeure de la<br />

recherche fondamentale en écologie,<br />

l’ESA se positionne désormais comme une<br />

interlocutrice « clé » du développement<br />

durable en Amérique latine. Elle s’est<br />

donné les moyens de ses ambitions en<br />

attribuant 100 bourses à des étudiants<br />

sud-américains pour assister à la conférence<br />

de Mérida. L’ESA a <strong>au</strong>ssi affiché sa<br />

volonté d’aider à fédérer les sociétés<br />

d’écologie des pays nord- et sud-<br />

Tribune<br />

américains et d’étendre à l’Amérique<br />

latine son programme Seeds d’éducation<br />

des jeunes à l’écologie. En réunissant plus<br />

de 500 participants originaires de 20 pays<br />

et provenant de disciplines <strong>au</strong>ssi variées<br />

que l’agronomie, l’écologie, les sciences<br />

sociales, économiques et politiques ou<br />

l’anthropologie, l’ESA a montré sa capacité<br />

d’adaptation à un monde en<br />

complète mutation où l’influence de<br />

l’homme s’accroît chaque jour. En dépit<br />

de la très faible assistance des chercheurs<br />

européens à cette conférence, il apparaît<br />

clairement qu’une nouvelle écologie « for<br />

a crowded planet » est en marche. À<br />

nous de ne pas manquer ce train et de<br />

permettre <strong>au</strong>x scientifiques d’Amérique<br />

latine de conserver un partenariat diversifié<br />

avec les pays du Nord 2 . ●<br />

1. Olivier Dangles est chargé de recherches<br />

dans l’unité <strong>IRD</strong> Biodiversité et évolution des<br />

complexes plantes-insectes ravageurs-antagonistes<br />

(UR072). Jean-François Silvain est<br />

directeur de cette unité de recherche qui<br />

développe un programme sur les insectes<br />

invasifs dans les agrosystèmes andins.<br />

2. Les princip<strong>au</strong>x résultats de cette conférence<br />

seront présentés dans le numéro de<br />

<strong>mars</strong> <strong>2006</strong> de Frontiers in Ecology and<br />

Environment.<br />

Contact<br />

© <strong>IRD</strong>/L. Ferrara<br />

Jean-François Silvain<br />

silvain@pge.cnrs-gif.fr<br />

Recherche<br />

de simulies.<br />

Passage de<br />

torrent <strong>au</strong> nord<br />

du Bénin, entre<br />

1958 et 1960.


© <strong>IRD</strong>/ V. Herbrete<strong>au</strong><br />

T h a ï l a n d e<br />

Les roboviroses<br />

sont-elles sous-estimées ?<br />

En Thaïlande, l’<strong>IRD</strong> et ses partenaires conduisent un vaste programme d’éco-épidémiologie<br />

des roboviroses. Il a pour objectif de comprendre les circonstances de l’émergence chez<br />

l’homme de pathologies provoquées par des virus dont les réservoirs sont des rongeurs.<br />

Les pathogènes peuvent être<br />

présents de façon discrète dans<br />

l’environnement, en dehors des<br />

zones d’endémie reconnues pour les<br />

pathologies humaines, et n’avoir<br />

besoin que d’un changement minime<br />

des conditions pour provoquer chez<br />

l’homme l’émergence d’une pathologie<br />

nouvelle. Les captures sur le terrain<br />

de mammifères potentiellement réservoirs,<br />

la recherche de la présence de<br />

pathogènes et le recensement des cas<br />

Importance et complexité<br />

de l’épidémiologie<br />

Entretien de Jean-Pierre HUGOT avec Yupin SUPUTTHAMONGKOL<br />

Entretien entre Jean-Pierre Hugot<br />

et le Dr. Yupin Suputthamongkol<br />

à l’hôpital de Siriraj, Bangkok. Médecin,<br />

Yupin Suputthamongkol dirige<br />

un laboratoire de référence pour<br />

la leptospirose chez les malades humains.<br />

Pourquoi entreprendre une enquête<br />

poussée sur la distribution des<br />

Hantavirus en Asie du <strong>Sud</strong>-Est ?<br />

Les Hantavirus sont surtout connus<br />

dans les continents du nord et dans la<br />

région néotropicale. Leurs réservoirs<br />

sont des rongeurs Muridae. Ils peuvent<br />

être transmis <strong>au</strong>x humains et sont responsables<br />

chez eux de fièvres hémorragiques<br />

dont certaines formes sont mortelles.<br />

Il existe une relation entre la<br />

génétique des virus, leur pouvoir pathogène,<br />

leur spécificité pour des rongeurs<br />

d’un groupe particulier, leur localisation<br />

géographique et le type de symptômes<br />

provoqués chez les humains.<br />

Des virus de ce type sont présents en<br />

Asie du <strong>Sud</strong> : un virus, « Thaïlande », a<br />

été isolé et partiellement séquencé chez<br />

un Bandicota indica ; des investigations,<br />

réalisées en Thaïlande sur des populations<br />

de rongeurs et sur des sérums<br />

humains, ont révélé quelques cas non<br />

ambigus de positivité ; très récemment,<br />

nous avons identifié le premier cas clinique<br />

caractérisé d’infection humaine à<br />

Hantavirus, en Thaïlande. Ces résultats<br />

conduisent à suspecter que la présence<br />

et éventuellement le rôle pathogène<br />

des Hantavirus soient actuellement<br />

sous-estimés en Thaïlande et potentiellement<br />

dans toute l’Asie du <strong>Sud</strong>.<br />

On soupçonne donc une possible<br />

confusion entre différentes fièvres<br />

transmises par les rongeurs en<br />

Thaïlande ?<br />

Plusieurs fièvres hémorragiques existent<br />

à l’état chronique en Thaïlanède (en<br />

particulier la leptospirose, le typhus des<br />

broussailles et la dengue) dont les<br />

symptômes peuvent être confondus<br />

avec ceux des fièvres dont sont responsables<br />

les Hantavirus.<br />

© <strong>IRD</strong>/J.P. Hugot<br />

© <strong>IRD</strong>/ V. Herbrete<strong>au</strong><br />

humains, couplés <strong>au</strong> développement<br />

de modèles mathématiques des systèmes,<br />

peuvent permettre : de mettre<br />

en évidence l’importance de la transmission<br />

virale entre mammifères et<br />

réservoirs ; de caractériser les dynamiques<br />

de l’infection chez le réservoir<br />

et l’homme dans la zone d’endémie et<br />

de faciliter l’évaluation de l’exposition<br />

des populations humaines et donc des<br />

risques, pour guider les mesures de<br />

prévention.<br />

Notre collaboration avec l’<strong>IRD</strong> doit<br />

permettre de poursuivre l’étude<br />

systématique de la prévalence des<br />

Hantavirus, et d’<strong>au</strong>tres pathogènes<br />

transmis par les rongeurs<br />

thaïlandais et d’en identifier précisément<br />

les réservoirs et les distributions<br />

particulières. Les informations<br />

recueillies par nos partenaires<br />

français sur les hantaviroses européennes<br />

et sur leurs réservoirs<br />

constituent des hypothèses que<br />

nous chercherons à valider, ou à<br />

réfuter dans le contexte épidémiologique<br />

spécifique de l’Asie du<br />

<strong>Sud</strong> et de la Thaïlande.<br />

Pourquoi associer à ce projet un<br />

volet : relations hommes-rongeurs<br />

en Thaïlande ?<br />

Dans le cadre de l'étude des conditions<br />

qui facilitent le transfert des agents<br />

pathogènes des anim<strong>au</strong>x réservoirs <strong>au</strong>x<br />

humains, il nous paraît important que<br />

soit considéré l'aspect ethnozoologique<br />

et culturel. L'attitude générale des<br />

populations humaines vis-à-vis des anim<strong>au</strong>x<br />

et en particulier des rongeurs<br />

varie be<strong>au</strong>coup selon les régions. En<br />

Thaïlande par exemple, les rongeurs<br />

sont des mets de choix dans certaines<br />

provinces du nord-est : ils y sont chassés<br />

et préparés comme de la viande de boucherie.<br />

Cela s'accompagne d'un savoir<br />

concernant les rongeurs eux-mêmes.<br />

Votre projet inclut également l’utilisation<br />

d’un système d’information<br />

géographique pour le traitement et<br />

l’interprétation des résultats.<br />

Le logiciel que nous utilisons, SavGIS,<br />

est conçu et amélioré par nos parte-<br />

A fin<br />

d’évaluer les risques<br />

d’apparition d’épidémies<br />

© <strong>IRD</strong>/ V. Herbrete<strong>au</strong><br />

Un programme transdisciplinaire<br />

provoquées par les Hantavirus<br />

dont certains rongeurs sont des<br />

réservoirs ou des vecteurs, l’unité<br />

de recherche Conditions et territoires<br />

d'émergence des maladies<br />

(UR178) conduit avec ses partenaires<br />

thaïlandais un programme<br />

transdisciplinaire intitulé Étude<br />

de l’éco-épidémiologie comparée<br />

des roboviroses à Hantavirus en<br />

Europe et en Asie du <strong>Sud</strong>-Est 1 . Ce programme,<br />

financé sur trois ans par<br />

l’Agence nationale de la recherche,<br />

comporte les objectifs et les étapes suivantes<br />

:<br />

• Consolidation des connaissances sur<br />

les rongeurs réservoirs (systématique,<br />

distribution espèce-spécifique, structuration<br />

génétique des populations) ainsi<br />

que sur les Hantavirus (diversité génétique,<br />

distribution hôte-spécifique)<br />

dans des localités de Thaïlande choisies<br />

pour leur représentativité. Construction<br />

d’une phylogéographie comparée<br />

de ces organismes.<br />

Analyse et organisation des données<br />

archivées par le système de santé<br />

thaïlandais concernant les cas<br />

humains de fièvre hémorragique ;<br />

étude de la prévalence des virus chez<br />

les hôtes réservoirs ; tests de séroprévalence<br />

sur les cas humains suspects<br />

et dans les localités où la prévalence<br />

est forte chez les rongeurs commens<strong>au</strong>x<br />

des habitations humaines.<br />

Enquête ethnozoologique : étude des<br />

relations hommes-rongeurs en Thaïlande<br />

dans leur contexte socioculturel.<br />

naires français de l’<strong>IRD</strong>. Il offre tous les<br />

outils nécessaires pour la constitution<br />

et la gestion d’un SIG, les analyses de<br />

télédétection d’images satellites, les<br />

traitements géostatistiques et l’analyse<br />

spatio-temporelle des données. Les SIG<br />

permettent l’estimation du risque de<br />

transmission des maladies, en prenant<br />

en compte à la fois la présence du<br />

complexe hôte-parasite et la vulnérabilité<br />

des populations exposées. Une<br />

base de données sous SavGIS, recou-<br />

Contact<br />

Jean-Pierre Hugot<br />

Jean-Pierre.Hugot@ird.fr<br />

Bandicota savilei,<br />

l’un des rongeurs étudiés,<br />

dans la province de Phrae,<br />

Thaïlande.<br />

Analyse des rongeurs sur le terrain<br />

dans la province de Loei, Thaïlande.<br />

Glossaire<br />

• Analyse et exploitation des données.<br />

Cartographie des données sur la distribution<br />

des rongeurs et des virus.<br />

Caractérisation des milieux, extrapolation<br />

de ces modèles <strong>au</strong>x localités non<br />

échantillonnées. Modélisation de la<br />

probabilité de transmission.<br />

• Finalisation des objectifs et diffusion<br />

des résultats.<br />

Mise en forme des données épidémiologiques.<br />

Recoupement des données<br />

de terrain et des systèmes d’information<br />

géographique. Étalonnage des<br />

facteurs de risque. Réalisation des<br />

cartes de distribution et de risque.<br />

Comparaison des données épidémiologiques<br />

obtenues en Asie et en<br />

Europe. ●<br />

1. Ce programme associe plusieurs équipes<br />

françaises ou thaïlandaises. En particulier : la<br />

Division of infectious diseases and tropical<br />

medicine, Faculty of medicine Siriraj hospital,<br />

Mahidol university, Thailand ; le<br />

Laboratoire de Biométrie et Biologie Évolutive<br />

de l’université C.-Bernard Lyon-1 ; le<br />

Centre de Biologie et Gestion des<br />

Populations, Montpellier ; l’UR178 de l’<strong>IRD</strong><br />

en Thaïlande.<br />

© <strong>IRD</strong>/J.P. Hugot<br />

vrant l’ensemble de la Thaïlande, est<br />

disponible et régulièrement mise à jour.<br />

Elle comprend des données environnementales,<br />

démographiques, sociales et<br />

économiques ainsi que des données<br />

sur le système de soins.<br />

La connaissance spatio-temporelle du<br />

risque de transmission des Hantavirus,<br />

des rongeurs à l’homme, représente un<br />

outil efficace de prévention et de<br />

contrôle de l’émergence d’hantaviroses.<br />

●<br />

Comme les virus transmis par des arthropodes (moustiques)<br />

ont été dénommés arbovirus, de l’anglais arthropod<br />

borne viruses, les virus transmis par des rongeurs<br />

sont dénommés robovirus pour rodent borne viruses.<br />

Dissection des rongeurs dans un laboratoire<br />

du ministère de la Santé de la province<br />

de Sakhon Nakhon, Thaïlande.<br />

Hugot<br />

Dispensaire dans la province<br />

<strong>IRD</strong>/J.P.<br />

de Sakhon Nakhon, Thaïlande. ©<br />

Travail des rizières<br />

dans une région épidémique<br />

pour la leptospirose,<br />

dans la province de Loei, Thaïlande.<br />

© <strong>IRD</strong><br />

© <strong>IRD</strong>/Y. Gillon<br />

Laphygma<br />

exempta,<br />

Noctuidae de<br />

Côte-d’Ivoire.<br />

Du nouve<strong>au</strong> sur<br />

les lépidoptères<br />

foreurs<br />

L’<strong>IRD</strong> et l’Icipe 1 organisaient, du 24 <strong>au</strong><br />

28 octobre 2005, une conférence<br />

internationale sur les lépidoptères<br />

foreurs de graminées (princip<strong>au</strong>x ravageurs<br />

des cultures céréalières) en<br />

Afrique 2 .<br />

L’unité de recherche Biodiversité et<br />

évolution des complexes plantesinsectes<br />

ravageurs-antagonistes de l’<strong>IRD</strong><br />

développe depuis 2001 un vaste chantier<br />

de recherche portant sur l’étude de<br />

ces insectes et notamment sur les<br />

espèces de la famille des Noctuidae.<br />

Ces trav<strong>au</strong>x, menés pour mieux<br />

connaître la f<strong>au</strong>ne des noctuelles<br />

foreuses et préciser les interactions qui<br />

existent entre les espèces de foreurs,<br />

leurs plantes hôtes et leurs antagonistes,<br />

ont abouti à des résultats particulièrement<br />

origin<strong>au</strong>x. En effet, plusieurs<br />

de ces résultats contredisent des<br />

hypothèses antérieures largement diffusées<br />

dans la commun<strong>au</strong>té des entomologistes<br />

africains et servant de base<br />

à des méthodes de lutte considérées<br />

comme novatrices.<br />

Cette manifestation, qui réunissait une<br />

cinquantaine de spécialistes africains<br />

du sujet, était l’occasion de discuter ces<br />

trav<strong>au</strong>x et leurs résultats.<br />

Au cours des différentes sessions, les<br />

participants ont manifesté la volonté<br />

de créer un atelier inter-africain de formation<br />

à la f<strong>au</strong>nistique et à la systématique<br />

des lépidoptères foreurs, des<br />

plantes hôtes qui leur sont associées et<br />

des parasitoïdes qui interviennent dans<br />

la régulation de leurs populations et<br />

sont utilisés dans les programmes de<br />

lutte biologique.<br />

Il est également apparu nécessaire de<br />

créer un rése<strong>au</strong> de coordination des<br />

activités de recherche afin de standardiser<br />

les méthodes d’échantillonnage<br />

et de collecte.<br />

De même, le principe d’un site Internet<br />

rassemblant les données biologiques,<br />

écologiques et moléculaires disponibles<br />

pour les foreurs et leurs parasitoïdes<br />

est acquis.<br />

Les participants ont enfin défini des<br />

axes de recherche prioritaires, parmi<br />

lesquels :<br />

• l’amélioration des connaissances sur<br />

l’influence de l’habitat, des agents biologiques<br />

ainsi que d’<strong>au</strong>tres facteurs<br />

biotiques ou abiotiques (fertilité des<br />

sols, climat...) sur les populations naturelles<br />

des lépidoptères foreurs ;<br />

• le développement d’un ou plusieurs<br />

modèles de prédiction de fluctuation<br />

des populations de foreurs adaptés <strong>au</strong>x<br />

conditions environnementales locales ;<br />

• le développement de nouve<strong>au</strong> marqueurs<br />

moléculaire pour l’identification<br />

des lépidoptères foreurs et de leurs<br />

parasitoïdes associés ;<br />

• l’évaluation du potentiel de régulation<br />

des populations des parasitoïdes<br />

du genre Cotesia d’Australie sur les<br />

foreurs africains. ●<br />

1. International Centre of Insect Physiology<br />

and Ecology, Nairobi.<br />

2. ICLCBA, International Conference on<br />

Lepidopterous Cereal stem and cob Borers in<br />

Africa.<br />

Contact<br />

Jean-Francois Silvain<br />

silvain@pge.cnrs-gif.fr<br />

<strong>Sciences</strong> <strong>au</strong> <strong>Sud</strong> - Le journal de l’<strong>IRD</strong> - n° 34 - <strong>mars</strong>/<strong>avril</strong> <strong>2006</strong><br />

Partenaires<br />

5


Partenaires<br />

6<br />

Crises hydriques,<br />

crises sociales<br />

Le séminaire international P<strong>au</strong>vreté<br />

hydr<strong>au</strong>lique et crises sociales, perspectives<br />

de recherche et d’action a réuni, à<br />

Agadir du 11 <strong>au</strong> 15 décembre 2005,<br />

une soixantaine de scientifiques, notamment<br />

de l’équipe Thermes 1 , universitaires<br />

et représentants d’organisations<br />

gouvernementales. Les 56 communications<br />

étaient consacrées <strong>au</strong>x rapports<br />

entre e<strong>au</strong>x et p<strong>au</strong>vreté, <strong>au</strong>x<br />

actions des ONG et de la société civile et<br />

<strong>au</strong>x questions de politiques hydr<strong>au</strong>liques<br />

et de gouvernance.<br />

La comparaison des situations concrètes<br />

suggère que les phénomènes d’app<strong>au</strong>vrissement,<br />

d’exclusion et de dégradation<br />

existent et ne faiblissent pas sur<br />

tous les continents, dans les milieux<br />

urbains comme rur<strong>au</strong>x. Les politiques<br />

proposées pour enrayer l’exclusion<br />

sociale et garantir l’accès à l’e<strong>au</strong> ont<br />

été comparées dans différentes aires<br />

culturelles et politiques, en Afrique<br />

<strong>au</strong>strale, de l’Ouest et du Nord, en<br />

Amérique latine et en Asie du <strong>Sud</strong> et<br />

du <strong>Sud</strong>-Est.<br />

La synthèse finale s’est structurée<br />

<strong>au</strong>tour de quatre grandes questions :<br />

pourquoi l’e<strong>au</strong> peut-elle se convertir en<br />

un facteur d’exclusion et d’aggravation<br />

de la p<strong>au</strong>vreté ? Sous quelle condition<br />

l’e<strong>au</strong> peut-elle devenir un élément<br />

d’éradication de la p<strong>au</strong>vreté ? Quels<br />

sont les éléments de connaissance et<br />

d’institutions pour que se démocratisent<br />

l’accès et la gestion des e<strong>au</strong>x ? Face à<br />

ces questions, quelles peuvent être les<br />

fonctions des chercheurs, étudiants, responsables<br />

et membres d’ONG ? ●<br />

1. Territoires hydr<strong>au</strong>liques et rur<strong>au</strong>x, mondialisation,<br />

e<strong>au</strong>x et sociétés, alors UR44 de<br />

l'<strong>IRD</strong> ; depuis janvier <strong>2006</strong>, elle fait partie de<br />

l’UR168, Dynamiques environnementales<br />

entre forêt, agriculture et biodiversité.<br />

Contacts<br />

Habib Ayeb habib : ayeb@ird.fr<br />

Thierry Ruf : thierry.ruf@ird.fr<br />

Sur le terrain, chercheurs d'Afrique, d'Inde<br />

et d'Amérique latine écoutent les explications<br />

d’un collègue marocain.<br />

Histoire et gestion<br />

des e<strong>au</strong>x<br />

L’équipe Thermes est très active<br />

<strong>au</strong> sein de l’International water history<br />

association (IWHA). Cette dernière rassemble<br />

plusieurs centaines de spécialistes<br />

des sciences de l’e<strong>au</strong> et de<br />

sciences humaines, qui abordent les<br />

rapports des sociétés avec les e<strong>au</strong>x perçues<br />

comme des environnements singuliers,<br />

des ressources multiples et des<br />

enjeux politiques et soci<strong>au</strong>x. Lors de la<br />

4 e conférence de l’IWHA, qui s’est tenue<br />

du 1 er <strong>au</strong> 4 décembre 2005 à l’Unesco<br />

à Paris, la diversité des approches et<br />

des territoires qui occupent l'équipe<br />

Thermes a suscité l’intérêt. Celle-ci<br />

opère en effet de la Thaïlande à l’Équateur,<br />

en passant par le Maroc, et s’intéresse<br />

tant à l’histoire du contrôle de<br />

l’e<strong>au</strong> qu’<strong>au</strong>x institutions et à leurs politiques<br />

de l’e<strong>au</strong>. Une session particulière,<br />

organisée conjointement avec<br />

ses collègues mexicains a illustré la<br />

démarche partenariale de l'équipe. ●<br />

Contact<br />

Thierry Ruf<br />

thierry.ruf@ird.fr<br />

<strong>Sciences</strong> <strong>au</strong> <strong>Sud</strong> - Le journal de l’<strong>IRD</strong> - n° 34 - <strong>mars</strong>/<strong>avril</strong> <strong>2006</strong><br />

© <strong>IRD</strong>/ T. Ruf © <strong>IRD</strong>/ T. Ruf<br />

Métis Âge à la Caraïbe<br />

Un colloque international et interdisciplinaire s'est tenu<br />

du 9 <strong>au</strong> 11 novembre 2005, à Fort-de-France, sur le thème :<br />

Regards croisés sur le métissage, rencontres euro-caribéennes.<br />

Il était organisé par le Conseil de la culture, de l’éducation<br />

et de l’environnement (CCEE) et par l’<strong>IRD</strong>, avec la collaboration<br />

de l’université des Antilles et de la Guyane 1 .<br />

Longtemps connoté péjorativement<br />

<strong>au</strong> nom de la pureté, le<br />

métissage est une notion chargée<br />

de valeurs et objet de représentations<br />

variables, selon l’époque, le lieu<br />

et l’approche disciplinaire. Bien que<br />

cela soit devenu trivial dans les milieux<br />

scientifiques, il f<strong>au</strong>t le répéter avec<br />

force : il n'y a qu'une seule espèce<br />

humaine et donc les notions de pureté<br />

et de races n’ont pas de sens. Tous les<br />

groupes humains sont métissables et<br />

métissés. Il en va de même des langues<br />

et des cultures, qui évoluent progressivement<br />

et s'adaptent en contact les<br />

unes avec les <strong>au</strong>tres.<br />

Il n'en demeure pas moins que les<br />

notions de races et de métissage, qui<br />

ont historiquement joué un rôle important,<br />

demeurent très vivaces dans les<br />

représentations et les rapports soci<strong>au</strong>x.<br />

« À travers ce colloque, précise Daniel<br />

Barrete<strong>au</strong>, linguiste et représentant de<br />

l’<strong>IRD</strong> à la Martinique, même si le sujet a<br />

déjà été largement débattu dans la littérature<br />

scientifique, il était important<br />

de rassembler dans la Caraïbe, lieu de<br />

rencontres par excellence, des compétences<br />

diverses (historiens, philosophes,<br />

anthropologues, sociologues,<br />

linguistes, démographes...) et des personnes<br />

travaillant sur des terrains fort<br />

différents (Colombie, Venezuela, Brésil,<br />

Jamaïque, Haïti, Guadeloupe, Martinique,<br />

Guyane... ; même la banlieue<br />

parisienne et l'Asie étaient <strong>au</strong> rendezvous)<br />

pour “croiser les regards”, des<br />

regards de l'extérieur et de l'intérieur,<br />

des analyses fouillées sur le passé, l'expression<br />

du ressenti complexe du vécu<br />

et la prospection sur l'avenir. Chacun a<br />

pu apprendre des <strong>au</strong>tres disciplines et<br />

des <strong>au</strong>tres horizons. L'histoire doit être<br />

constamment revisitée, les problématiques<br />

et les méthodologies soumises à<br />

l'épreuve des “découvertes” et de<br />

l'avancée du monde. »<br />

Les approches de la notion et des processus<br />

de métissage se prêtent à une<br />

forte remise en question. Deux conséquences<br />

épistémologiques et méthodologiques<br />

apparaissent, non sans<br />

tension parfois : une confrontation<br />

nécessaire entre des approches pragmatiques,<br />

de type « terrain anthropologique<br />

», et des perspectives plus spéculatives<br />

; un brouillage, pour un<br />

certain nombre de chercheurs, entre<br />

analyse externe et témoignage personnel,<br />

chacune des perspectives semblant<br />

cependant c<strong>au</strong>tionner ou garantir<br />

l’<strong>au</strong>tre.<br />

La notion de métissage est une affaire<br />

de catégorisation et de représentation<br />

qui passe, à la fois, par le temps, l’appartenance<br />

sociale, le corps et le langage.<br />

Alors qu’à « première vue », les<br />

différences visibles (phénotypiques)<br />

paraissent d'ordre naturel, il n'en est<br />

rien : tout est affaire de construction et<br />

de représentation. Nous ne pouvons<br />

donc pas en rester à des catégorisations<br />

fondées sur des perceptions<br />

apparemment « spontanées » et « naturelles<br />

», qui en réalité résultent largement<br />

de l’histoire. Elles portent la<br />

trace, sans même que l'on en soit toujours<br />

bien conscient, de positionnements,<br />

de conflits et de vécus souvent<br />

douloureux. L'histoire et le langage<br />

continuent à imposer leur vision !<br />

« Il f<strong>au</strong>t néanmoins être prudents dans<br />

cette nouvelle analyse des représentations.<br />

Même si, sur le plan de la biologie,<br />

de la philosophie, de l'éthique et<br />

de la politique, nous devons remettre<br />

fondamentalement en c<strong>au</strong>se les<br />

notions de “pureté” et de “métissage”,<br />

des discriminations sont encore, hélas,<br />

d'actualité. En conséquence, à l'ère de<br />

la globalisation, bien que l'on puisse<br />

être tenté, dans notre sphère d'inventivité<br />

propre à la Caraïbe, d'enjamber<br />

allègrement les étapes passant du colo-<br />

E u r o p e<br />

Sur le chemin<br />

du 7 e PCRDT<br />

La discussion sur le 7 e Programme-cadre de recherche<br />

et de développement technologique (PCRDT) européen<br />

pour la période 2007-2013 entre dans sa phase finale.<br />

La Commission a présenté, le 6<br />

<strong>avril</strong> 2005, sa proposition pour<br />

le 7 e PCRDT. Le 21 septembre,<br />

ce fut le tour des 7 programmes spécifiques<br />

relatifs à sa mise en œuvre et le<br />

23 décembre, la proposition pour les<br />

règles de participation et de diffusion<br />

était publiée. La proposition de la<br />

Commission se caractérise d’une part<br />

par sa durée portée de 5 à 7 ans de<br />

façon à couvrir la totalité de la période<br />

des perspectives financières de l’Union,<br />

d’<strong>au</strong>tre part par un budget en très<br />

forte <strong>au</strong>gmentation (72 milliards d’euros<br />

pour les 7 ans contre 17,5 précédemment<br />

pour 4 ans). Sur le fond, elle<br />

présente des innovations majeures en<br />

faveur de la recherche fondamentale<br />

(le Conseil européen de la recherche),<br />

des infrastructures et des initiatives<br />

technologiques conjointes (partenariat<br />

public/privé sur de grands projets). Les<br />

ressources humaines bénéficient d’un<br />

soutien accru et, sans déroger <strong>au</strong> critère<br />

de l’excellence, quelques actions<br />

sont prévues en direction des régions.<br />

En matière de coopération internationale,<br />

les propositions sont moins satisfaisantes.<br />

L’ouverture de tous les programmes<br />

(s<strong>au</strong>f pour la recherche<br />

fondamentale) <strong>au</strong>x pays tiers est réaffirmée,<br />

mais la partie proprement<br />

internationale du 7 e PCRDT est limitée à<br />

des actions de coordination. Cela soustend<br />

la fin des programmes à vocation<br />

régionale en direction des pays en<br />

nialisme à la négritude, puis de la créolité<br />

<strong>au</strong> “Métis Âge”, il ne s<strong>au</strong>rait être<br />

question, <strong>au</strong>jourd'hui, de nous fondre<br />

dans un mélange où tous les êtres<br />

seraient “assimilés”, sans identité et<br />

sans histoire. L'ère du “Métis Âge” ne<br />

s<strong>au</strong>rait reposer sur l'hyper-valorisation<br />

essentialiste du métis mais, bien <strong>au</strong><br />

contraire, sur la reconnaissance de<br />

l'<strong>au</strong>tre, des <strong>au</strong>tres, sur la diversité. » ●<br />

I sabelle<br />

Contact<br />

Daniel Barrete<strong>au</strong><br />

representant@ird-mq.fr<br />

1. L'organisation matérielle de ce colloque a<br />

été possible grâce <strong>au</strong> soutien du Conseil<br />

régional et du Conseil général de la<br />

Martinique, de la Direction régionale des<br />

Affaires culturelles et de l’Agence universitaire<br />

de la francophonie.<br />

Une anthropologue métisse<br />

face <strong>au</strong>x miroirs de l’Autre<br />

HIDAIR, chargée d’enseignement<br />

à l’université des Antilles et<br />

de la Guyane, étudie les populations<br />

créoles de Guyane. Elle a présenté un<br />

témoignage vécu et vivant sur la relativité<br />

de la notion de métissage.<br />

« Dès les premiers contacts avec le<br />

terrain s’est posée la question de<br />

mon apparence physique dans sa<br />

relation supposée avec mon appartenance<br />

culturelle. Selon les situations,<br />

l’une et l’<strong>au</strong>tre deviennent des atouts<br />

ou des inconvénients1 . Du fait de ma<br />

couleur de pe<strong>au</strong>, la plupart des personnes<br />

rencontrées me placent d’office<br />

dans la catégorie des “noncréoles<br />

guyanais”. Pour gagner leur confiance, j’adapte mon accent, mes<br />

vêtements et les sujets abordés ; j’insiste <strong>au</strong>ssi sur mon enfance et mon adolescence<br />

passées en Guyane.<br />

Par ailleurs, le français que j’emploie me place souvent dans la catégorie des<br />

“Négropolitains” 2 . J’ai appris à adapter mon langage et mes attitudes en fonction<br />

des entrevues puisque d’<strong>au</strong>tres informateurs valorisent ma supposée origine<br />

métropolitaine. Dans d’<strong>au</strong>tres circonstances, je dois m’exprimer en français régional,<br />

accentué à la manière créole. Lorsque les personnes rencontrées ressentent le<br />

besoin de s’exprimer en créole, c’est le signe de la confiance qu’elles m’accordent.<br />

Par ailleurs, j’observe que bon nombre de personnes se demandent comment une<br />

Créole peut objectivement étudier la société dont elle est issue. En revanche, ces<br />

personnes ne sont pas choquées par le fait qu’un anthropologue parisien étudie<br />

Paris. De ce fait, ce qui est remis en c<strong>au</strong>se est l’“objectivité” et la “neutralité”, des<br />

aptitudes qui ne sont pas considérées comme dominantes chez les Créoles. Je souligne<br />

que j’ai pu observer cette attitude <strong>au</strong>ssi de la part de confrères anthropologues<br />

qui n’échappent pas <strong>au</strong>x rapports, concrets et symboliques, pensés et<br />

entretenus lors de ces interactions complexes dans un contexte de concurrence.<br />

En résumé, les multiples apparences et appartenances engendrent une réalité<br />

complexe que les acteurs soci<strong>au</strong>x tentent de saisir à travers une grille d’analyse<br />

simplifiée. Avant d’accepter tout entretien, ils veulent d’abord me situer dans<br />

cette grille.<br />

De plus, j’ai pu constater que, d’une part, rendre publiques des pratiques refoulées<br />

fait passer l’ethnologue pour quelqu’un de dangereux, et d’<strong>au</strong>tre part, quels<br />

que soient nos efforts, ce sont les <strong>au</strong>tres qui décident si on est intégré ou non. »<br />

1. Mon père est créole guyanais et ma mère est arménienne.<br />

2. Nom péjoratif donné <strong>au</strong>x Noirs ou <strong>au</strong>x métis ayant assimilé la culture française métropolitaine.<br />

développement, des pays méditerranéens<br />

et des pays de l’ancienne Union<br />

soviétique ou, tout <strong>au</strong> moins, compliquera<br />

sérieusement leur mise en<br />

œuvre éventuelle.<br />

L’examen des propositions de la<br />

Commission par le Conseil et le Parlement<br />

a souffert de l’absence d’accord<br />

sur les perspectives financières. Le<br />

Conseil est cependant parvenu le 28 novembre<br />

dernier à définir des « Orientations<br />

générales partielles » qui, <strong>au</strong><br />

regard de la coopération internationale,<br />

présentent des avancées certaines.<br />

L’accord sur les perspectives<br />

financières obtenu ensuite <strong>au</strong> Conseil<br />

européen du 16 décembre fixe le cadre<br />

budgétaire dans lequel s’inscrit le PCRDT<br />

et ne devrait pas être fondamentalement<br />

remis en c<strong>au</strong>se par le Parlement.<br />

Ainsi, le budget devrait finalement se<br />

situer <strong>au</strong>tour de 50 milliards d‘euro. La<br />

proposition de la Commission est<br />

actuellement en discussion <strong>au</strong> Parlement<br />

qui devrait faire connaître ses<br />

premières conclusions fin <strong>mars</strong> début<br />

<strong>avril</strong>. Sur cette base, et sur celle des<br />

« Orientations générales partielles »<br />

du Conseil du 28 novembre 2005 et<br />

dans le cadre des perspectives financières<br />

qui devraient à cette date avoir<br />

été arrêtées, la Commission a l’intention<br />

de présenter une proposition<br />

modifiée qui malgré la réduction du<br />

© DR<br />

budget ne remettrait pas en c<strong>au</strong>se la<br />

structure et les équilibres génér<strong>au</strong>x de<br />

sa proposition initiale. Elle espère ainsi<br />

que le 7 e PCRDT pourra être adopté rapidement<br />

à l’<strong>au</strong>tomne par le Conseil et<br />

le Parlement (dans l’hypothèse où une<br />

seconde lecture <strong>au</strong> Parlement ne serait<br />

pas nécessaire).<br />

Si l’on souhaite que le programmecadre<br />

puisse démarrer <strong>au</strong> début 2007,<br />

les délais sont effectivement extrêmement<br />

courts. Il f<strong>au</strong>t, en effet, non seulement<br />

adopter selon la même procédure,<br />

dite de codécision, les règles de<br />

participation mais <strong>au</strong>ssi, après une<br />

simple consultation du Parlement, les<br />

7 programmes spécifiques. Pour la<br />

mise en œuvre de ces derniers, des<br />

comités vont devoir se prononcer sur<br />

les programmes de travail qui permettront<br />

ensuite de lancer les premiers<br />

appels à proposition. En ce qui<br />

concerne la coopération scientifique et<br />

technique internationale, une communication<br />

de la Commission est attendue<br />

pour la fin juin <strong>2006</strong> et devrait<br />

permettre de préciser la stratégie de<br />

l’Union européenne en la matière. ●<br />

Contact<br />

Jean-Michel Chasséri<strong>au</strong>x<br />

Représentant de l’<strong>IRD</strong> à Bruxelles<br />

jean-michel.chasseri<strong>au</strong>x@clora.net<br />

© <strong>IRD</strong>/D. Barrete<strong>au</strong>


© <strong>IRD</strong>/D. Fernandez<br />

P l a n t e s e t p a r a s i t e s<br />

Ennemis<br />

intimes<br />

Les plantes et leurs parasites poursuivent<br />

un incessant combat où chaque parade<br />

entraîne une riposte de l’assaillant.<br />

À l’<strong>IRD</strong>, l’unité de recherche Diversité<br />

et génome des plantes cultivées (UR141 /UMRDGPC)<br />

étudie les mécanismes de défense des plantes<br />

et inventorie la diversité génétique<br />

qui les sous-tend afin d'améliorer la longévité<br />

de ces résistances, enjeu essentiel pour la plante.<br />

our survivre <strong>au</strong>x stress<br />

environnement<strong>au</strong>x, les<br />

plantes ont développé<br />

des mécanismes de défense<br />

variés. Des barrières<br />

chimiques ou mécaniques, des<br />

modifications métaboliques peuvent<br />

perturber, voire bloquer l’extension<br />

d’une maladie parasitaire. Parfois<br />

cependant, la mise en œuvre de stratégies<br />

plus élaborées s’avère nécessaire.<br />

Elles font appel à l’activation<br />

de gènes spécifiques de résistance<br />

dont les produits interagissent avec<br />

ceux des gènes dits d’avirulence<br />

(avr) du microorganisme. On parle<br />

alors de système ou d’interaction<br />

« gène pour gène » dont l’aboutissement,<br />

en cas d’incompatibilité entre<br />

l’hôte et le parasite, est la réaction<br />

Symptômes de rouille sur feuille<br />

de Coffea arabica infectée par<br />

le champignon Hemileia vastatrix.<br />

En réponse à cette attaque<br />

fongique, le caféier met en place<br />

une réaction d’hypersensibilité.<br />

d’hypersensibilité. Si la relation<br />

plante-microorganisme est compatible,<br />

le parasite est apte à contourner<br />

les défenses, il est dit virulent, la<br />

plante résiste mal ou pas du tout à la<br />

maladie.<br />

La réaction d’hypersensibilité est<br />

une forme de mort cellulaire génétiquement<br />

programmée, c’est-à-dire<br />

la capacité du végétal à sacrifier une<br />

partie de lui-même afin de circonscrire<br />

l’infection. Ce mécanisme,<br />

reconnu dès 1950, est un système<br />

h<strong>au</strong>tement efficace, redoutable pour<br />

le microorganisme, mais risqué pour<br />

la plante qui doit éviter son emballement.<br />

Par mutations, les microorganismes<br />

parviennent à s’adapter et à<br />

retrouver leur virulence, il ne reste<br />

plus à la plante qu’à trouver une<br />

<strong>au</strong>tre parade. C’est une course <strong>au</strong>x<br />

armements sans fin, en d’<strong>au</strong>tres<br />

termes une co-évolution. En conditions<br />

naturelles, l’acquisition d’une<br />

nouvelle résistance nécessite plu-<br />

sieurs générations. C’est là que se<br />

focalise la recherche, dont les<br />

acteurs souhaitent aider la plante en<br />

proposant des variétés à résistance<br />

durable.<br />

L’équipe Résistance des plantes (UMR<br />

DGPC, <strong>IRD</strong>-Cirad-université Montpellier<br />

II) développe des compétences<br />

sur le sujet depuis les années<br />

1990. Leurs recherches portent sur<br />

des plantes d’intérêt économique<br />

majeur pour les pays du <strong>Sud</strong>,<br />

sujettes à des attaques parasitaires<br />

dévastatrices. Il a fallu tout d’abord<br />

comprendre les mécanismes de base<br />

chez les microorganismes et chez les<br />

plantes, car la réaction d’hypersensibilité<br />

fait intervenir une variété de<br />

molécules impliquées dans des fonctions<br />

diverses telles la signalisation,<br />

l’activation<br />

de<br />

gènes<br />

du suicide<br />

cellulaire ou de défense des tissus<br />

infectés. Pour simplifier, lorsque les<br />

cellules de la plante se trouvent en<br />

présence du parasite, elles doivent<br />

percevoir sa présence, pour activer<br />

la réaction et le neutraliser en provoquant<br />

la mort des cellules déjà<br />

infectées.<br />

En amont de la réaction d’hypersensibilité,<br />

l’étude des déterminants<br />

génétiques a révélé des homologies<br />

dans les gènes de résistance isolés<br />

de différentes plantes. On retrouve<br />

dans les produits de ces gènes des<br />

motifs connus pour leur rôle dans les<br />

interactions protéine-protéine chez<br />

les anim<strong>au</strong>x. Les produits des gènes<br />

de résistance des plantes sont des<br />

protéines qui possèdent deux fonctions<br />

: reconnaître le parasite via le<br />

produit de son gène avr, puis moduler<br />

la transmission d’un signal<br />

d’alerte. Parfois, ce n’est pas directement<br />

le produit du gène avr qui est<br />

reconnu par la plante, mais une<br />

molécule dont il induit l’apparition.<br />

Ainsi pour expliquer l’interaction<br />

« gène pour gène » <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> biochimique,<br />

différentes combinaisons<br />

sont proposées, de la plus simple, où<br />

Site nourricier (S) induit par le nématode Meloidogyne exigua (N) dans<br />

une racine de Coffea arabica. Pour limiter la reproduction du nématode<br />

parasite, le caféier doit empêcher la formation de ce site.<br />

la protéine issue du gène avr se lie à<br />

la protéine réceptrice de l’hôte, produit<br />

du gène de résistance, à la plus<br />

complexe qui fait intervenir des protéines<br />

intermédiaires du parasite et<br />

de l’hôte. Un complexe de protéines<br />

est toujours le déclencheur de la<br />

réaction d’hypersensibilité.<br />

Une fois que les postes avancés de<br />

l’hôte ont capté la présence du parasite,<br />

le signal est transmis <strong>au</strong>x zones<br />

voisines de l’infection. Cette transmission<br />

implique des événements<br />

complexes, par exemple la production<br />

de formes réactives de l’oxygène, l’activation<br />

de protéines de liaison, la<br />

modification de l’équilibre ionique ou<br />

l’intervention d’enzymes spécialisés.<br />

Les formes réactives de l’oxygène<br />

apparaissent en faibles quantités dans<br />

le fonctionnement normal de tout<br />

organisme, mais produites à h<strong>au</strong>tes<br />

doses elles deviennent toxiques. La<br />

gestion des formes réactives de l’oxygène<br />

(production/élimination) constitue<br />

le stress oxydant, étape importante<br />

dans le contrôle de la réaction<br />

d’hypersensibilité. L’évolution de la<br />

cinétique de leur production dans une<br />

cellule végétale est donc différente<br />

selon qu’il s’agit d’une interaction<br />

compatible ou incompatible.<br />

Parmi les mécanismes complexes qui<br />

composent la réaction d’hypersensibilité,<br />

l’activation de certains gènes<br />

peut aboutir à la production de molécules<br />

de défense comme les phytoalexines<br />

qui ont une activité antimicrobienne<br />

puissante. Cette production<br />

est déclenchée par des sign<strong>au</strong>x de<br />

deuxième génération, en particulier<br />

les oxylipines, dérivés d’oxydation des<br />

lipides, dont l’acide jasmonique, une<br />

hormone également impliquée dans la<br />

défense des plantes.<br />

La résistance<br />

du cotonnier<br />

à la bactériose<br />

L es<br />

mécanismes génétiques et<br />

physiologiques de la résistance<br />

du cotonnier (Gossypium spp) à son<br />

principal agent pathogène microbien,<br />

la bactérie Xanthomonas campestris<br />

pv. malvacearum repose sur<br />

le concept gène pour gène. Les<br />

interactions entre la plante et ce<br />

parasite atteignent ici le maximum<br />

Les mécanismes décrits ci-dessus<br />

expliquent comment la plante bloque<br />

localement l’agresseur. Parallèlement,<br />

la résistance dite systémique<br />

s’exprime dans l’ensemble de la<br />

plante et lui permet de se défendre<br />

contre une plus large gamme<br />

d’agents pathogènes. La mise en<br />

place de cette résistance généralisée<br />

se réalise grâce à un rése<strong>au</strong> de communications<br />

intercellulaires. Des<br />

hormones, tel l’acide salicylique,<br />

sont libérées par les cellules initiales<br />

sièges de la réaction d’hypersensibilité<br />

et transmettent un message<br />

qui diffuse vers les <strong>au</strong>tres<br />

cellules, non infectées, et déclenche<br />

la réponse systémique.<br />

Ainsi, pour réagir <strong>au</strong>x infections, la<br />

plante produit des molécules très<br />

diverses impliquées dans un vaste<br />

rése<strong>au</strong> de mécanismes de défense<br />

dont la réaction d’hypersensibilité<br />

est la plus sophistiquée. En fonction<br />

de la nature de l’agresseur (champignon,<br />

bactérie, virus, nématode,<br />

insecte) la plante peut moduler son<br />

métabolisme pour favoriser une<br />

résistance locale ou générale.<br />

L’identification des stratégies de<br />

défense les plus efficaces pour chaque<br />

couple plante-parasite permet <strong>au</strong>x<br />

chercheurs d’identifier et de proposer<br />

pour les cultures des variétés présentant<br />

une meilleure résistance. ●<br />

En savoir plus<br />

Atlas de Biologie végétale, Associations<br />

et interactions chez les plantes,<br />

E. Duhoux et M. Nicole, 2004,<br />

Dunod-<strong>IRD</strong>, Paris, 176 pages, 28 €.<br />

Contact<br />

Michel Nicole,<br />

Michel.Nicole@mpl.ird.fr<br />

Réaction d’hypersensibilité vue<br />

<strong>au</strong> microscope, « suicide »<br />

cellulaire génétiquement<br />

programmé chez le cotonnier.<br />

de complexité connu. Une description complète de ces mécanismes vient<br />

d’être publiée, notamment par les chercheurs de l’équipe Résistance des<br />

plantes (<strong>IRD</strong>, UMR DGPC) 1 . Ils y décrivent en détail les gènes de résistance du<br />

cotonnier, les gènes d’avirulence de la bactérie, la réaction d’hypersensibilité,<br />

les hormones de signalisation, la synthèse de molécules antimicrobiennes (les<br />

phytoalexines) et la mort programmée des cellules de l’hôte. La résistance du<br />

cotonnier à Xanthomonas est l’un des rares cas où ces phytoalexines sont<br />

présentes dans les cellules de la réaction hypersensible à des doses efficaces<br />

contre l’agent pathogène. ●<br />

1. Resistance of cotton towards Xanthomonas campestris pv. malvacearum, Delannoy E.,<br />

Lyon B.R., Marmey P., Jalloul A., Daniel J.-F., Montillet J.-L., Essenberg M., Nicole M.,<br />

Annual Review of Phytopathology, 43: 63-82, 2005.<br />

© <strong>IRD</strong>/ M. Nicole<br />

© <strong>IRD</strong>/ F. Anthony<br />

Recherches<br />

plante par plante<br />

Bananier (Musa sp.)<br />

Quelles recherches ?<br />

Recherche de nouvelles sources de résistance<br />

<strong>au</strong>x nématodes (Pratylenchus coffeae,<br />

Radopholus simili, Meloidogyne<br />

incognita) ; Recherche de marqueurs<br />

biochimiques de la résistance<br />

Quels résultats ?<br />

Caractérisation de génotypes présentant<br />

une meilleure résistance<br />

Synthèse de flavonoides en réponses<br />

<strong>au</strong>x nématodes<br />

Quels partenaires ?<br />

Département Productions fruitières et<br />

horticoles du Cirad ; Pôle de Recherche<br />

Agronomique de Martinique (PRAM) ;<br />

Centre Africain de Recherches sur<br />

Bananiers et Plantains (Cameroun) ;<br />

Institut Brésilien de Recherche sur l’Agriculture<br />

et l’Élevage (Embrapa, Brésil)<br />

Caféier (Coffea arabica)<br />

Quelles recherches ?<br />

Génomique de la résistance à la rouille<br />

(Hemileia vastatrix) et <strong>au</strong>x nématodes<br />

(Meloydogine exigua, M. arabicida,<br />

M. incognita) ; Évaluation de la résistance<br />

des caféiers <strong>au</strong>x nématodes et à<br />

l’anthracnose (Colletotrichum kahawae);<br />

Amélioration par croisements des variétés<br />

résistantes ; Préservation de la qualité<br />

du café à la tasse<br />

Quels résultats ?<br />

Cartographie des gènes de résistance à<br />

la rouille et <strong>au</strong>x nématodes<br />

Élucidation des mécanismes moléculaire<br />

et cellulaire de la réaction d’hypersensibilité<br />

chez le couple café / rouille<br />

et café / nématodes<br />

Explicitation des mécanismes de la<br />

résistance à l’anthracnose<br />

Validation <strong>au</strong> champ de génotypes<br />

résistant à l’anthracnose<br />

Quels partenaires ?<br />

Coffee Research Foundation (Kenya)<br />

Ethiopian Agricultural Research Organization<br />

(Éthiopie) ; Coffee Research Institute<br />

(Inde) ; Catie, Promecafe (Costa<br />

Rica) ; Embrapa et Institut Agronomique<br />

de Campinas (Brésil) ; Centre de<br />

recherche sur les rouilles du caféier<br />

(Portugal) ; UMR Génomique appliquée<br />

<strong>au</strong>x caractères agronomiques (PIA) ;<br />

Province <strong>Sud</strong> (DDR) de Nouvelle-<br />

Calédonie ; université de Bonn (Allemagne)<br />

Cotonnier (Gossypium sp.)<br />

Quelles recherches ?<br />

Étude de la réaction d’hypersensibilité<br />

du cotonnier à la bactériose c<strong>au</strong>sée par<br />

Xanthomonas campestris pv malvacearum<br />

Quels résultats ?<br />

Démonstration du rôle de l’oxydation<br />

des lipides dans le contrôle de la réaction<br />

d’hypersensibilité<br />

Quels partenaires ?<br />

Faculté d’agronomie de Damas (Syrie)<br />

CEA (Cadarache, France)<br />

Riz (Oryza sp.)<br />

Quelles recherches ?<br />

Mécanismes du contournement de la<br />

résistance du riz <strong>au</strong> virus de la panachure<br />

j<strong>au</strong>ne (RYMV) ; Caractérisation de<br />

la résistance du riz <strong>au</strong>x nématodes<br />

(H. sacchari et M. graminicola)<br />

Quels résultats ?<br />

Mise en évidence du contournement<br />

de la résistance par le RYMV<br />

Connaissance du déterminisme de<br />

l’avirulence du RYMV<br />

Caractérisation de la spécificité de la<br />

résistance <strong>au</strong>x nématodes<br />

Évaluation <strong>au</strong> champ de lignées de riz<br />

résistantes <strong>au</strong>x nématodes<br />

Quels partenaires ?<br />

Inera, Institut de Recherches Agronomiques<br />

(Burkina Faso) ; Adrao, (Bénin) ;<br />

Fofifa, Institut agronomique malgache<br />

(Madagascar) ; université de Dar es-<br />

Salam (Tanzanie) ; Irri (Philippines) ; UR121<br />

Génome et développement des plantes<br />

(CNRS, <strong>IRD</strong>, université de Perpignan) ●<br />

<strong>Sciences</strong> <strong>au</strong> <strong>Sud</strong> - Le journal de l’<strong>IRD</strong> - n° 34 - <strong>mars</strong>/<strong>avril</strong> <strong>2006</strong><br />

Recherches<br />

7


Recherches<br />

© <strong>IRD</strong>/O. Dargouge<br />

8<br />

« Un exemple<br />

de souveraineté<br />

partagée »<br />

par Mohamed Salem OULD MERZOUG,<br />

H<strong>au</strong>t-Commissaire de l’OMVS<br />

« La coopération transfrontalière Mali -<br />

M<strong>au</strong>ritanie - Sénégal plonge ses racines<br />

dans l'histoire de la construction de<br />

l'Organisation pour la mise en valeur<br />

du fleuve Sénégal. La dynamique d'intégration<br />

a régulièrement progressé<br />

pour aboutir, <strong>au</strong>jourd'hui, à un<br />

exemple unique de souveraineté partagée...<br />

Le moteur de cette dynamique<br />

découle de la mise <strong>au</strong> point d'un<br />

ensemble d'outils intégrés d'action et<br />

d'aide à la décision, gages d'une gestion<br />

optimisée et transparente des ressources<br />

en e<strong>au</strong> dans un contexte caractérisé<br />

par le binôme insuffisance et<br />

aléas... À cet effet, l'OMVS a construit,<br />

avec l'<strong>IRD</strong>, un partenariat stratégique<br />

articulé, entre <strong>au</strong>tres éléments, <strong>au</strong>tour<br />

de l'amélioration des logiciels déjà opérationnels,<br />

leur appropriation par le<br />

H<strong>au</strong>t-Commissariat de l'OMVS et par les<br />

membres de la Commission permanente<br />

des e<strong>au</strong>x et l'approfondissement<br />

des simulations<br />

par l'intégration des<br />

prévisions de la chaîne<br />

Arpège de Météo France…<br />

Ces outils “hydr<strong>au</strong>liques”…<br />

ont servi de cadre à<br />

l'élaboration de<br />

la Charte des<br />

e<strong>au</strong>x du fleuve<br />

Sénégal (28 mai<br />

2002), qui définit<br />

<strong>au</strong>jourd'hui<br />

les règles de<br />

répartition des<br />

e<strong>au</strong>x entre les<br />

usages. » ●<br />

Mohamed Salem OULD MERZOUG,<br />

H<strong>au</strong>t-Commissaire de l’OMVS.<br />

Clés en main<br />

Pour consolider les acquis du POGR et<br />

mieux s’approprier la maîtrise des outils<br />

développés dans ce cadre, le H<strong>au</strong>t-<br />

Commissariat de l'OMVS souhaite poursuivre<br />

la coopération avec l'<strong>IRD</strong> durant<br />

les années 2005 et <strong>2006</strong>. L'appui de<br />

l’<strong>IRD</strong> <strong>au</strong>x services techniques de l'OMVS<br />

est réalisé par les personnels de l’UR183-<br />

UMR G-EAU.<br />

Ce programme de transfert des<br />

connaissances a débuté à Dakar par un<br />

atelier de familiarisation des membres<br />

de la Commission permanente des<br />

e<strong>au</strong>x (CPE) <strong>au</strong> logiciel Simulsen. Ceci en<br />

lien avec la préparation des réunions de<br />

la CPE, notamment celle du mois d'août<br />

devant aboutir à la programmation du<br />

soutien de crue.<br />

Les hydrologues des États membres, du<br />

H<strong>au</strong>t-Commissariat, de la Sogem (gestionnaire<br />

de Manantali) et de la Soged<br />

(gestionnaire de Diama) seront formés<br />

sur le terrain à l'installation et à l'entretien<br />

des stations radio de télétransmission<br />

des observations hydropluviométriques.<br />

Les formations prennent en<br />

compte les techniques récentes mises<br />

<strong>au</strong> point par I'<strong>IRD</strong>.<br />

Feront ainsi l’objet de sessions de formation<br />

toutes les connaissances<br />

acquises de 1997 à 2004 notamment<br />

en matière de modélisation, d’analyse<br />

d’images satellitaires, d’utilisation de la<br />

base de données Hydraccess de logiciels<br />

(Progeman, Gesdiam).<br />

La prévision saisonnière des ressources<br />

en e<strong>au</strong> à Bakel ayant été rendue opérationnelle<br />

et précise, une formation sera<br />

organisée afin de mettre en place, avec<br />

le logiciel Simulsen, une prévision des<br />

volumes écoulés à Bakel en septembre<br />

et octobre. L'intérêt économique d’une<br />

telle prévision à 3 mois sera ensuite<br />

évalué. ●<br />

<strong>Sciences</strong> <strong>au</strong> <strong>Sud</strong> - Le journal de l’<strong>IRD</strong> - n° 34 - <strong>mars</strong>/<strong>avril</strong> <strong>2006</strong><br />

V a l l é e d u f l e u v e S é n é g a l<br />

Une ressource bi<br />

L’Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal (OMVS)<br />

qui regroupe quatre pays d’Afrique de l’Ouest<br />

(Guinée, Mali, M<strong>au</strong>ritanie, Sénégal) dispose désormais des outils<br />

de gestion des ressources en e<strong>au</strong> du bassin du fleuve Sénégal.<br />

L’unité de recherche Gestion de l'e<strong>au</strong>, acteurs et usages (UR183-UMR G-EAU1 bi<br />

)<br />

a développé une méthodologie analytique visant à optimiser<br />

la gestion du barrage implanté à Manantali (Mali).<br />

La phase de transfert des connaissances et des outils prolonge<br />

actuellement l’appui scientifique qui a porté ses fruits.<br />

ong de 1 800 km, le<br />

fleuve Sénégal est<br />

caractérisé par une<br />

crue annuelle de juillet<br />

à octobre, essentiellement<br />

alimentée par la mousson sur<br />

le h<strong>au</strong>t bassin (Guinée, Mali) et suivie<br />

d’un tarissement progressif pouvant<br />

aboutir à l’arrêt total de l’écoulement<br />

de <strong>mars</strong>-<strong>avril</strong> à mai ou juin. À<br />

l’aval de Bakel (Sénégal), à plus de<br />

800 km de l’embouchure, la crue ne<br />

reçoit plus que des apports assez<br />

faibles et se propage dans une vallée<br />

à très faible pente où elle inonde un<br />

vaste lit majeur, <strong>au</strong> grand bénéfice<br />

de l’environnement et de l’agriculture<br />

traditionnelle sur les deux<br />

rives du fleuve (M<strong>au</strong>ritanie, Sénégal) :<br />

recharge des nappes phréatiques,<br />

frayères pour la f<strong>au</strong>ne piscicole,<br />

pâturages pour le bétail, forêts<br />

comme source de combustible,<br />

cultures de décrue. Or cette ressource<br />

en e<strong>au</strong>, vitale pour les populations<br />

des pays limitrophes, subit<br />

les caprices climatiques. D’une part,<br />

l’écoulement naturel du fleuve est<br />

très variable d’une année à l’<strong>au</strong>tre.<br />

D’<strong>au</strong>tre part, la faiblesse globale des<br />

écoulements dès les années 1970 et<br />

surtout la succession de crues très<br />

faibles dans les années 1980 ont eu<br />

des conséquences catastrophiques.<br />

Pour pallier ces aléas, le barrage de<br />

Manantali (Mali) a été mis en service<br />

en 1987 par l’OMVS. Il devait produire<br />

de l’énergie et réguler les débits de<br />

façon à satisfaire les multiples<br />

besoins en e<strong>au</strong>. De fait, il contrôle<br />

environ la moitié des écoulements du<br />

fleuve, produit annuellement 800 Gwh<br />

d’électricité et permet d’irriguer plus<br />

de 120000 hectares de terres dans<br />

la vallée, grâce à des volumes d’e<strong>au</strong>x<br />

relâchés tout <strong>au</strong> long de l’année.<br />

Mais rien n’est simple car ces<br />

lâchers ne sont possibles qu’après un<br />

stockage partiel du volume de crue.<br />

Ceci affaiblit l’inondation du lit<br />

majeur, <strong>au</strong> détriment des cultures de<br />

décrue encore vitales pour les populations<br />

et de l’équilibre écologique de<br />

la vallée, très lié à la crue annuelle.<br />

Pour limiter ces impacts négatifs, le<br />

barrage doit donc assurer un soutien<br />

de crue potentiellement pénalisant<br />

pour les <strong>au</strong>tres usages.<br />

Comment concilier tous les objectifs<br />

assignés à cet ouvrage hydr<strong>au</strong>lique ?<br />

C’est à cette question qu’a été consacrée<br />

une grande partie du Programme<br />

d’optimisation de gestion<br />

des réservoirs (POGR) réalisé entre<br />

1997 et 2002 par l’<strong>IRD</strong> à la demande<br />

© <strong>IRD</strong>/X. Le Roy<br />

de l’OMVS, sur financement du Fonds<br />

d’aide pour la coopération (France)<br />

et de la Banque mondiale.<br />

Le premier objectif consistait à définir<br />

un soutien de crue permettant<br />

d’obtenir une superficie donnée de<br />

cultures de décrue, tout en lâchant<br />

le moins possible d’e<strong>au</strong> afin de minimiser<br />

les pertes de production<br />

d’électricité car les débits dépassant<br />

la capacité des turbines doivent être<br />

partiellement déversés.<br />

À cette fin, des modélisations ont été<br />

établies à partir de données de différentes<br />

natures : chroniques journalières<br />

de cote du plan d’e<strong>au</strong> (certaines<br />

remontent jusqu’à 1904 pour<br />

les principales stations), mesures de<br />

débit, statistiques agricoles de<br />

superficies de cultures de décrue<br />

(période 1946-1999), imagerie<br />

satellitaire. Outre des modélisations<br />

des nive<strong>au</strong>x de plans d’e<strong>au</strong>, des<br />

superficies inondées et des relations<br />

nive<strong>au</strong>-débit, un des aboutissement<br />

du POGR est la mise <strong>au</strong> point de<br />

modèles de propagation (en débit ou<br />

en cote) le long du fleuve.<br />

Ces modélisations ont ensuite servi à<br />

définir l’hydrogramme (débit en fonction<br />

du temps), objectif minimal de<br />

crue du Sénégal à Bakel, en fonction<br />

de la superficie de cultures de décrue<br />

envisagée. Cet hydrogramme assure<br />

la submersion des zones à cultiver<br />

pendant <strong>au</strong> moins 25 jours, créant<br />

une réserve d’e<strong>au</strong> suffisante dans le<br />

sol pour le développement des plantes<br />

jusqu’à maturité. Sont corrélées à cet<br />

hydrogramme une procédure de calcul<br />

du débit à libérer à Manantali en<br />

fonction des débits naturels observés<br />

sur le Bakoye et la Falémé (affluents<br />

du fleuve Sénégal) et la détermination<br />

du meilleur moment dans l’année<br />

pour effectuer le soutien de crue<br />

sans trop déstocker à Manantali. La<br />

date optimale se situe fin août, elle<br />

est suffisamment précoce pour permettre<br />

le développement complet des<br />

cultures de décrue avant la saison<br />

froide.<br />

Une fois défini comment dépenser le<br />

moins d’e<strong>au</strong> possible pour obtenir une<br />

crue fournissant une superficie de<br />

cultures de décrue donnée, la question<br />

est de savoir quelle superficie<br />

viser pour ne pas grever exagérément<br />

la production d’énergie. La réponse<br />

est apportée par le logiciel Simulsen<br />

développé par les chercheurs de l’<strong>IRD</strong>,<br />

qui permet de simuler jour par jour la<br />

gestion du barrage. Plus de 200 scénarios<br />

de gestion ont ainsi été testés<br />

pour Manantali sur la base des débits<br />

naturels observés entre 1970 et<br />

2000. Les résultats obtenus par<br />

simulation numérique permettent de<br />

Enfants repiquant des plants d'oignons sur une parcelle en cours d'irrigation.<br />

À l’embouchure du fleuve Sénégal, le barrage de Diama empêche,<br />

en période d’étiage, que les e<strong>au</strong>x salées de la mer viennent envahir<br />

la vallée du fleuve sur des centaines de kilomètres.<br />

choisir des règles de gestion qui respectent<br />

un juste équilibre entre les<br />

différents objectifs du barrage.<br />

Ces avancées concrètes permettent<br />

à la Commission permanente des<br />

e<strong>au</strong>x du fleuve Sénégal, réunie<br />

chaque année vers le 20 août, de<br />

programmer depuis 2002 le soutien<br />

de crue. L’hydrogramme objectif de<br />

© <strong>IRD</strong>/J.P. Lamagat<br />

© <strong>IRD</strong>/J.P. Lamagat<br />

crue, défini en fonction d’un compromis<br />

adopté par les différents pays,<br />

est choisi en tenant compte du stock<br />

en e<strong>au</strong> disponible dans le réservoir à<br />

cette date cruciale.<br />

Pour affiner encore cette programmation,<br />

il f<strong>au</strong>t tenir compte des possibilités<br />

de reconstitution du stock jusqu’en<br />

fin de mousson, qui dépendent<br />

be<strong>au</strong>coup de la crue naturelle du<br />

fleuve à Bakel durant les mois de<br />

septembre et octobre. C’est pourquoi<br />

l’<strong>IRD</strong>, associé à Météo France, s’est<br />

intéressé <strong>au</strong> problème de la prévision<br />

saisonnière des débits du fleuve<br />

Sénégal. La démarche consiste à utiliser<br />

les prévisions saisonnières de<br />

pluviométrie établies fin juillet pour<br />

les 4 mois à venir par le modèle<br />

Arpège Climat de Météo France.<br />

Outre la programmation, le POGR a<br />

également fourni les instruments de<br />

gestion en temps réel des deux<br />

grands barrages, Manantali et<br />

Diama. Ce dernier, situé à proximité


en répartie<br />

de l’embouchure du fleuve, est un<br />

barrage anti-sel. Il prévient l’envahissement<br />

de centaines de kilomètres<br />

du fleuve par les e<strong>au</strong>x salées<br />

de la mer en période d’étiage. Clé de<br />

voûte du système, un rése<strong>au</strong> de<br />

postes radio a été installé sur certaines<br />

stations, permettant <strong>au</strong>x gestionnaires<br />

des barrages de connaître<br />

quotidiennement la situation hydrologique<br />

sur l’ensemble du bassin.<br />

Ces données sont à leur tour utilisées<br />

par les logiciels Progeman et<br />

Gesdiam qui sont des outils d’aide à<br />

la gestion des deux ouvrages et sont<br />

assortis de manuels de gestion.<br />

L’ensemble a été transmis à l’OMVS et<br />

est opérationnel depuis 2002.<br />

Outre diverses sessions de formation<br />

organisées entre 1997 et 2002, un<br />

programme spécifique de transfert<br />

des connaissances est mené <strong>au</strong>près<br />

de l’OMVS en 2005 et <strong>2006</strong> pour renforcer<br />

la maîtrise des outils transférés<br />

<strong>au</strong>x agents de ce partenaire.<br />

Le barrage de Manantali (Mali),<br />

sur le fleuve Sénégal, et ses<br />

installations hydroélectriques.<br />

Mis en service en 1987,<br />

il fournit 800 Gwh d’électricité<br />

et permet l’irrigation régulière<br />

de plus de 120 000 ha<br />

dans la vallée.<br />

Le projet POGR a produit des<br />

méthodes, outils et résultats qui sont<br />

utilisés par l’OMVS pour atteindre les<br />

objectifs de gestion de ses barrages<br />

tout en minimisant les impacts négatifs.<br />

À ce titre, il est perçu par la<br />

commun<strong>au</strong>té internationale comme<br />

un exemple de coopération aboutie<br />

et l’OMVS et l’<strong>IRD</strong> exposent les résultats<br />

obtenus <strong>au</strong> 4 e Forum mondial de<br />

l’e<strong>au</strong>, en <strong>mars</strong> <strong>2006</strong> à Mexico. ●<br />

1. Unité mixte Cemagref, Cirad, Engref, <strong>IRD</strong>.<br />

Contacts<br />

Jean-Cl<strong>au</strong>de Bader<br />

bader@mpl.ird.fr<br />

Jean-Pierre Lamagat<br />

lamagat@ird.sn<br />

WEB www.mpl.ird.fr/divha,<br />

www.montpellier.<br />

cemagref.fr/ irrigation/,<br />

www.omvs.org<br />

© <strong>IRD</strong>/J.P. Lamagat<br />

© <strong>IRD</strong>/ J.P. Lamagat<br />

© <strong>IRD</strong>/J.P. Lamagat<br />

Prévision<br />

saisonnière<br />

a prévision du stock<br />

d’e<strong>au</strong> disponible dans le<br />

réservoir à la fin de la<br />

saison des pluies facilite<br />

la programmation du<br />

soutien de crue opéré de fin août à<br />

mi-octobre par le barrage de<br />

Manantali. Pour atteindre cet objectif<br />

on prévoit en août le volume d’écoulement<br />

naturel du fleuve à Bakel pour<br />

septembre-octobre, à partir des<br />

indices de pluie simulés fin juillet sur<br />

l’Afrique de l’Ouest pour les 4 mois<br />

suivants par Arpège Climat, modèle<br />

mis <strong>au</strong> point par Météo France. Les<br />

résultats obtenus – calés sur la<br />

période 1979-2000 et validés sur<br />

2001-2005 – présentent une assez<br />

bonne corrélation entre volumes réels<br />

et prévus. Les simulations réalisées<br />

montrent que l’utilisation de ces prévisions<br />

pour gérer Manantali permettrait<br />

d’obtenir environ 80 % des<br />

bénéfices obtenus par une prévision<br />

théoriquement parfaite. Ces premiers<br />

résultats assez encourageants ont<br />

conduit l’<strong>IRD</strong>, dont le contrat se termine<br />

en 2007, à prendre l’initiative<br />

de rapprocher l’OMVS et Météo France<br />

afin de signer (novembre 2005) un<br />

protocole de fourniture des résultats<br />

d’Arpège Climat pour les 10 années à<br />

venir : « Chaque année, <strong>au</strong> début de la<br />

saison des pluies, Météo France fournira<br />

à l’OMVS des indices mensuels de<br />

précipitations concernant la zone<br />

d’alimentation en pluie du bassin du<br />

fleuve Sénégal. » Ce modèle de prévisions<br />

saisonnières continue d’être<br />

amélioré conjointement par l’<strong>IRD</strong> et<br />

Météo France grâce à l’utilisation de<br />

nouvelles données. ●<br />

Les chutes de Gouina (Mali) à une centaine de kilomètres en aval<br />

du barrage de Manantali, site d’un projet d’aménagement<br />

hydroélectrique <strong>au</strong> fil de l’e<strong>au</strong> qui, tirant profit de l’e<strong>au</strong> libérée<br />

par Manantali, viendrait en <strong>au</strong>gmenter la capacité hydroélectrique.<br />

Des outils sur mesure<br />

O utils<br />

d’aide à la gestion stratégique,<br />

le logiciel Simulsen<br />

permet de simuler avec un pas de<br />

temps journalier la gestion opérationnelle<br />

d’un barrage à objectifs<br />

multiples, tel que celui de<br />

Manantali. Les résultats de ces<br />

simulations servent à évaluer les<br />

performances potentielles de l’ouvrage<br />

et la satisfaction de ses objectifs,<br />

en fonction de ses caractéristiques<br />

techniques, des apports en<br />

e<strong>au</strong> et des consignes de gestion<br />

envisagés. Son second objectif<br />

consiste à déterminer pour tout<br />

moment de l’année, les limites minimales<br />

ou maximales de nive<strong>au</strong> de<br />

plan d’e<strong>au</strong> à respecter dans le<br />

réservoir pour pouvoir atteindre<br />

certains objectifs de gestion avec un<br />

t<strong>au</strong>x de réussite donné. En plus de<br />

l’étude d’optimisation du barrage de<br />

Manantali, Simulsen a été utilisé<br />

dans le cadre de deux avant-projets<br />

de réalisation du barrage de<br />

Sambangalou sur le fleuve Gambie.<br />

Le logiciel Progeman apporte une<br />

aide à la gestion en temps réel du<br />

barrage de Manantali. Il permet<br />

tout d’abord de tenir à jour une<br />

banque de données concernant les<br />

apports en e<strong>au</strong> sur le h<strong>au</strong>t bassin du<br />

Sénégal, l’état de la retenue et les<br />

réglages des vannes de l’ouvrage,<br />

ainsi que la liste des consignes de<br />

gestion à respecter. Sa fonction<br />

principale consiste ensuite à calculer<br />

en temps réel le débit qu’il est<br />

nécessaire de lâcher par chaque<br />

organe d’évacuation (vannes de surface<br />

et de fond, turbines) pour<br />

satisfaire <strong>au</strong> mieux les objectifs de<br />

gestion, compte tenu de la situation<br />

hydrologique.<br />

Le logiciel Gesdiam fournit une aide<br />

à la gestion en temps réel du barrage<br />

de Diama en calculant principalement,<br />

à partir des données de<br />

nive<strong>au</strong>x de plans d’e<strong>au</strong> amont et aval<br />

et des réglages de vannes, les débits<br />

lâchés instantanés et les énergies<br />

dissipées associées. Il détermine<br />

également, en fonction du nive<strong>au</strong><br />

amont, les plages d’ouverture de<br />

vannes qu’il est nécessaire d’éviter<br />

pour ne pas entraîner une dissipation<br />

d’énergie excessive, dangereuse<br />

pour la sécurité de l’ouvrage.<br />

Hydraccess est un logiciel d'hydrologie<br />

à vocation générale, qui allie une<br />

gestion complète de bases de données<br />

hydrométriques avec de nombreux<br />

traitements, réalisés en prise directe<br />

sur ces bases. La première version<br />

date de 2001. Amélioré depuis, il<br />

peut être téléchargé gratuitement<br />

(http://www.mpl.ird.fr/hybam/outils/<br />

hydraccess.htm). En huit mois, Hydraccess<br />

a été téléchargé par<br />

280 personnes appartenant à plus<br />

de 100 institutions différentes et travaillant<br />

dans 35 pays. La dernière<br />

version qui contient toute l’information<br />

concernant le bassin du fleuve<br />

Sénégal sera installée â l'OMVS et le<br />

personnel formé à son utilisation. ●<br />

© <strong>IRD</strong>/H. Maïga<br />

© <strong>IRD</strong>/M. Dukhan<br />

Témoignage<br />

Entretien avec<br />

Noël Guiguen,<br />

Dakar<br />

Parmi les intervenants <strong>IRD</strong> du programme<br />

POGR, chacun avait son rôle :<br />

Jean-Pierre Lamagat était le coordinateur<br />

du programme et le conseiller<br />

<strong>au</strong>près de l’OMVS, Jean-Cl<strong>au</strong>de Bader le<br />

chercheur-modélisateur basé à Montpellier<br />

et Noël Guiguen, hydrologue de<br />

terrain, était plus spécialement chargé<br />

d’effectuer des mesures sur les sites<br />

(stations et cuvettes) en utilisant les<br />

technologies les plus récentes (ADCP,<br />

DGPS, appareils numériques, etc.). Ces<br />

informations, une fois contrôlées, ont<br />

été regroupées dans des banques de<br />

données gérées par le logiciel<br />

Hydraccess, développé par Philippe<br />

V<strong>au</strong>chel.<br />

N. Guiguen a connu le fleuve Sénégal à<br />

l’état naturel, avant les barrages puisqu’il<br />

a été sur le terrain de 1973 à 1976<br />

et après le barrage, de 1998 à <strong>2006</strong>.<br />

Maintenant près de la retraite, il se<br />

souvient que le régime du fleuve a bien<br />

changé après l’installation des<br />

ouvrages mais <strong>au</strong>ssi à c<strong>au</strong>se de la centrale<br />

électrique : avant que celle-ci ne<br />

soit installée, les lâchers de soutien de<br />

crue étaient faits annuellement entre<br />

1987 et 2002. Depuis que la centrale<br />

est en fonctionnement à Manantali, le<br />

débit moyen d’environ 200 m 3 /s destiné<br />

à passer dans les turbines pour<br />

produire de l’électricité ne permet pas<br />

toujours un lâcher de soutien de crue,<br />

par exemple en 2004, il n’y en a pas<br />

eu, la réserve d’e<strong>au</strong> n’étant pas suffisante.<br />

Depuis Dakar, Noël Guiguen est en<br />

contact radio quotidien avec les personnels<br />

de l’OMVS en charge de la gestion<br />

des barrages et de la surveillance permanente<br />

des stations du fleuve, une<br />

douzaine situées <strong>au</strong> Mali et <strong>au</strong> Sénégal.<br />

Ces observateurs, souvent anciens, sont<br />

très consciencieux et heureux d’apporter<br />

leur contribution à la bonne gestion<br />

de leur fleuve. « Ceux-ci passent une à<br />

deux fois par jour, voire trois fois en<br />

période de crue. Un des jeunes techniciens<br />

du service Annonce de crues en<br />

poste à Bakel, la station principale,<br />

m’appelle familièrement “papa” car j’ai<br />

travaillé il y a 30 ans avec son père qui<br />

remplissait les mêmes fonctions que lui<br />

<strong>au</strong>jourd’hui ! » ●<br />

Contact<br />

guiguen@ird.sn<br />

Relevé hydrologique du nive<strong>au</strong><br />

du fleuve Sénégal à la h<strong>au</strong>teur<br />

de Podor.<br />

<strong>Sciences</strong> <strong>au</strong> <strong>Sud</strong> - Le journal de l’<strong>IRD</strong> - n° 34 - <strong>mars</strong>/<strong>avril</strong> <strong>2006</strong><br />

Recherches<br />

9


Recherches<br />

10<br />

Histoire<br />

d’une réserve<br />

Située <strong>au</strong> nord du Niger, la réserve<br />

naturelle nationale de l’Aïr et du<br />

Ténéré est l’une des plus vastes aires<br />

protégées du continent africain. Le<br />

massif de l’Aïr, culminant à plus de<br />

2 000 m d’altitude, abrite une flore et<br />

une f<strong>au</strong>ne représentatives des écosystèmes<br />

arides et semi-arides d’Afrique<br />

de l’Ouest. L’Aïr est essentiellement<br />

habité par des éleveurs ou agriculteurs<br />

touaregs, en partie nomades, très<br />

dépendants des ressources naturelles.<br />

D’une aridité extrême et inhabité (hormis<br />

lors du passage de caravanes), l’erg<br />

du Ténéré se caractérise par une<br />

richesse paysagère exceptionnelle. La<br />

biodiversité remarquable mais extrêmement<br />

fragile de cette région, lentement<br />

façonnée par l’aridité et le relief, est<br />

<strong>au</strong>jourd’hui menacée par le développement<br />

accéléré des activités humaines<br />

(intensification de l’agriculture, coupe<br />

de bois de feu, braconnage…) mais<br />

<strong>au</strong>ssi par la sécheresse.<br />

Les premiers projets de conservation de<br />

l’Aïr-Ténéré remontent <strong>au</strong> milieu des<br />

années 1970. Ils avaient le souci<br />

d’éviter l’extinction d’espèces emblématiques<br />

de la grande f<strong>au</strong>ne saharosahélienne<br />

(oryx, addax) ou la raréfaction<br />

d’<strong>au</strong>tres espèces menacées<br />

(guépard, <strong>au</strong>truche à cou rouge,<br />

gazelle daman…). La réserve est officiellement<br />

créée par l’administration<br />

nigérienne en 1988. Le « sanctuaire<br />

des addax » (1,3 million d’hectares),<br />

intégralement protégé, constitue le<br />

noy<strong>au</strong> central de la réserve nationale<br />

(7,7 millions d’hectares) qui bénéficie<br />

d’un statut de protection moins<br />

contraignant. La création de l’aire protégée<br />

a suscité rapidement un intérêt<br />

d’envergure internationale : en 1991,<br />

elle est inscrite sur la liste des sites du<br />

patrimoine mondial de l’Unesco, puis<br />

intégrée <strong>au</strong> rése<strong>au</strong> des réserves de biosphère<br />

du programme MAB (Man and<br />

Biosphere). En termes d’approche de la<br />

conservation, la réserve de l’Aïr-Ténéré<br />

s’est révélée novatrice : les différents<br />

projets de gestion qui se sont succédé<br />

ont rapidement réorienté les objectifs<br />

initi<strong>au</strong>x de stricte préservation, d’où<br />

l’Homme était exclu, pour responsabiliser<br />

et impliquer les populations locales<br />

dans la gestion des ressources naturelles.<br />

Ceci s’est notamment traduit par<br />

la reconnaissance et la délimitation <strong>au</strong><br />

sein de la réserve de « terrains de parcours<br />

», espaces nécessaires <strong>au</strong>x pasteurs<br />

ou agro-pasteurs pour réaliser un<br />

cycle annuel de production. Il était également<br />

prévu de créer des assemblées<br />

constituées de représentants élus de<br />

manière à assurer la participation des<br />

populations <strong>au</strong>x décisions dans la gestion<br />

de cette aire protégée.<br />

Après plusieurs années d’abandon dû à<br />

la rébellion touarègue et à des dissensions<br />

<strong>au</strong> sein du programme<br />

de gestion, la f<strong>au</strong>ne et le cou-<br />

Cavalier<br />

touareg.<br />

vert végétal se sont nettement<br />

dégradés. Un<br />

nouve<strong>au</strong> projet de<br />

gestion a été lancé<br />

en 2005, financé<br />

par le Fonds<br />

pour l’environnement<br />

mondial. En<br />

parallèle, un<br />

suivi écologique<br />

à long terme de la réserve sera<br />

mis en œuvre par le programme Roselt-<br />

Niger, dans le cadre de l’Observatoire<br />

du Sahara et du Sahel. ●<br />

© <strong>IRD</strong>/P. Cayré<br />

Paysage de la réserve dominé par<br />

des touffes de Panicum turgidum,<br />

"plante nurse". Au fond,<br />

les montagnes de l'Aïr font place<br />

<strong>au</strong>x dunes du Ténéré.<br />

<strong>Sciences</strong> <strong>au</strong> <strong>Sud</strong> - Le journal de l’<strong>IRD</strong> - n° 34 - <strong>mars</strong>/<strong>avril</strong> <strong>2006</strong><br />

© <strong>IRD</strong>/F. Anthelme<br />

Quel développement<br />

durable pour<br />

l’Aïr-Ténéré ?<br />

La pression démographique, l’intensification<br />

de l’agriculture et la sécheresse<br />

menacent <strong>au</strong>jourd’hui la fragile biodiversité<br />

de la réserve naturelle de l’Aïr-Ténéré.<br />

Des chercheurs de l’université de Niamey<br />

et de l’<strong>IRD</strong> étudient les écosystèmes de cette aire<br />

protégée et évaluent l’impact des changements<br />

en cours pour que, à terme, conservation<br />

et développement puissent se concilier<br />

dans cette région inscrite<br />

<strong>au</strong> patrimoine mondial de l’Unesco.<br />

u sein de la réserve<br />

naturelle de l’Aïr-<br />

Ténéré <strong>au</strong> nord du<br />

Niger, la conservation<br />

des écosystèmes est<br />

mise en péril par les effets combinés<br />

d’un climat aride et aléatoire, et par<br />

des mutations socio-économiques récentes<br />

liées à un accroissement démographique<br />

élevé. Dans ce contexte, un<br />

programme de recherches pluridisciplinaires<br />

associant l’<strong>IRD</strong> (UR136) 1 et<br />

l’université de Niamey a été mis en<br />

œuvre de 2003 à 2005. Ces trav<strong>au</strong>x<br />

ont notamment visé à identifier les<br />

espèces indispensables à l’écosystème,<br />

à mieux connaître certains<br />

milieux jusqu’alors peu étudiés <strong>au</strong><br />

sein de la réserve, en particulier<br />

ceux d’altitude, et à comprendre les<br />

interactions entre l’Homme et l’environnement<br />

dans les zones cultivées.<br />

Ces trois thématiques ont permis<br />

d’intéressantes avancées en termes<br />

de compréhension des processus<br />

écologiques en milieu aride.<br />

Plantes nurses<br />

Renforcée par les sécheresses, la<br />

surexploitation du milieu par<br />

l’Homme et son bétail conduit, dans<br />

la réserve de l’Aïr-Ténéré, à une<br />

dégradation importante du couvert<br />

végétal, notamment des steppes qui<br />

constituent les écosystèmes les plus<br />

importants en termes de ressources.<br />

« Nous avons donc tenté d’identifier<br />

certaines plantes, dites “nurses” 2 ,<br />

qui peuvent freiner cette dégradation<br />

et régénérer le couvert végétal.<br />

Cela avait été démontré expérimentalement<br />

dans d’<strong>au</strong>tres écosystèmes<br />

arides, mais jamais en milieu saharien,<br />

souligne Fabien Anthelme,<br />

chargé de recherche à l’<strong>IRD</strong>. Nous<br />

avons mis en évidence le fait que de<br />

nombreuses espèces végétales utilisent<br />

des touffes de Panicum turgidum<br />

(famille des Poacées) comme<br />

refuges face à un environnement<br />

hostile. Celles-ci semblent bénéficier<br />

de la protection des tiges et du socle<br />

de terre formé par la plante nurse. »<br />

Les trav<strong>au</strong>x indiquent que P. turgidum<br />

facilite le développement des<br />

jeunes Acacia grâce à deux effets<br />

positifs <strong>au</strong> moins : d’une part, en les<br />

protégeant efficacement contre les<br />

anim<strong>au</strong>x herbivores ; d’<strong>au</strong>tre part,<br />

en diminuant l’amplitude thermique<br />

journalière et en réduisant la perte<br />

d’e<strong>au</strong> chez les plantes qui lui sont<br />

associées, pendant les heures les<br />

plus ch<strong>au</strong>des de la journée. « Cet<br />

exemple montre que la connaissance<br />

de certains processus écologiques<br />

majeurs, ici les interactions positives<br />

entre espèces, peut être un élément<br />

clé pour la protection durable<br />

de l’environnement dans les aires<br />

protégées », précise le chercheur.<br />

Les jardins de l’Aïr<br />

Dans le centre et le sud de l’Aïr, sur<br />

les berges des koris 3 , les jardins,<br />

petites surfaces de cultures irriguées<br />

(1 à 2 hectares), se multiplient<br />

depuis une dizaine d’années.<br />

Cet essor est favorisé par l’adoption<br />

de nouvelles pratiques culturales et<br />

une intensification de l’irrigation.<br />

Les populations sédentarisées y<br />

cultivent le plus souvent des plantes<br />

maraîchères (oignon, pomme de<br />

terre, ail, tomate), du maïs, du blé,<br />

des palmiers-dattiers et <strong>au</strong>tres<br />

arbres fruitiers. « L’oignon tend<br />

actuellement à supplanter les <strong>au</strong>tres<br />

cultures du fait de sa rentabilité élevée.<br />

Cette orientation vers la monoculture<br />

n’est cependant pas sans<br />

risque, explique Maman Waziri Mato,<br />

enseignant-chercheur à l’université<br />

de Niamey. Une surproduction en<br />

A u<br />

cours de leurs prospections dans le massif de l’Aïr,<br />

les chercheurs ont observé un arbre endémique des<br />

massifs saharo-sahéliens, l‘olivier de Laperrine (Olea europea<br />

subsp. laperrinei), qui a un statut prioritaire en<br />

termes de conservation dans la réserve. Ils se<br />

sont attachés à déterminer la probabilité<br />

de survie de cet olivier s<strong>au</strong>vage en<br />

fonction de trois critères : les<br />

effectifs, la distribution et le<br />

mode de reproduction.<br />

Il est apparu que l’olivier est<br />

très rare dans l’Aïr et totalement<br />

absent <strong>au</strong>-dessous<br />

d’une altitude de 1 500 m. La<br />

fragmentation des peuplements<br />

de l’olivier de Laperrine<br />

constitue un risque supplémentaire<br />

d’extinction de l’espèce<br />

dans la réserve : vestige d’un climat<br />

passé plus favorable, sa présence est<br />

limitée à quatre massifs de l’Aïr, isolés les<br />

uns des <strong>au</strong>tres par plusieurs kilomètres, ce qui<br />

réduit considérablement les possibilités de croisement<br />

entre les peuplements. Le troisième facteur qui conduit à<br />

2004 a par exemple conduit certains<br />

agriculteurs à la faillite et à abandonner<br />

plusieurs centaines de jardins.<br />

»<br />

L’expansion de la culture irriguée à<br />

la périphérie de la réserve, et parfois<br />

même à l’intérieur, et sa mutation<br />

vers une activité de rente intensive<br />

ont d’importantes conséquences<br />

sur l’écosystème. Parmi celles-ci, la<br />

régression des espaces de pâturage,<br />

la surexploitation des nappes phréatiques,<br />

la disparition d’arbres, tel le<br />

Gao (Faidherbia albida), et l’utilisation<br />

croissante de pesticides et d’engrais<br />

chimiques pourraient constituer<br />

un frein <strong>au</strong> développement<br />

durable et à la pérennisation des<br />

écosystèmes sur le long terme. « Le<br />

bilan n’est cependant pas catastrophique<br />

pour ce qui concerne la diversité<br />

végétale, souligne le chercheur.<br />

On observe notamment la résistance<br />

de plantes natives comme le palmier<br />

doum (Hyphaene thebaica) qui<br />

montre de nombreuses germinations<br />

et laisse entrevoir la possibilité de<br />

régénération si l’Homme réduit son<br />

exploitation du milieu. »<br />

L’essor des cultures irriguées dans<br />

cette région représente donc un<br />

formidable défi, à la fois économique<br />

et environnemental. Les habitants<br />

de la réserve et de sa périphérie se<br />

trouvent confrontés à un choix : une<br />

logique basée sur un productivisme à<br />

outrance qui pourrait avoir des<br />

conséquences désastreuses sur cet<br />

écosystème fragile ; ou, <strong>au</strong> contraire,<br />

une agriculture raisonnée, moins<br />

lucrative à court terme, mais qui<br />

pourrait être la clé d’un développement<br />

socio-économique durable de<br />

l’Aïr. ●<br />

1. UR136, Aires protégées : écosystèmes,<br />

gestion et fonctions périphériques.<br />

2. Espèces qui ont un effet positif remarquable<br />

sur la croissance des jeunes individus<br />

d’<strong>au</strong>tres espèces.<br />

3. Cours d’e<strong>au</strong> temporaires (oueds).<br />

Contacts<br />

L’olivier de Laperrine va-t-il disparaître ?<br />

© <strong>IRD</strong>/F. Anthelme<br />

Jardins de l'Aïr, Bagzanes.<br />

Maman Waziri Mato<br />

depgeo@intnet.ne<br />

Fabien Anthelme<br />

fabien.anthelme@mpl.ird.fr<br />

Dimitri de Boissieu<br />

dimidb@free.fr<br />

Cette page de a été réalisée dans le cadre du séminaire « La<br />

vulgarisation scientifique <strong>au</strong> service du développement durable », coorganisé<br />

à Niamey <strong>au</strong> Niger par l’<strong>IRD</strong> et l’Iftic (Institut de formation <strong>au</strong>x<br />

techniques de l’information et de la communication) avec le soutien de<br />

la coopération française. Ce séminaire, encadré par Nathalie Prévost<br />

(service de coopération et d’action culturelle), Christian Sotty (RFI),<br />

Johanna Derrider et Marie-Lise Sabrié (<strong>IRD</strong>), a bénéficié des conseils scientifiques<br />

de Patrice Cayré (directeur du département ressources vivantes<br />

de l’<strong>IRD</strong>), Fabien Anthelme et Dimitri de Boissieu (UR136), Anne Luxere<strong>au</strong><br />

(UMR CNRS/<strong>IRD</strong>-UR169) et Maman Waziri Mato (université de Niamey). Cette<br />

page a été rédigée avec les étudiants de l’Iftic, et notamment Amadou<br />

Oumarou.<br />

penser que l’espèce est menacée est lié à son mode de<br />

reproduction. La floraison et la fructification sont extrêmement<br />

rares, ce qui exclut quasiment toute possibilité de<br />

régénération par voie sexuée. L’olivier de Laperrine<br />

ne se maintient alors que grâce à une reproduction<br />

végétative, par rejets de<br />

souche. Il est aidé en cela par sa<br />

grande longévité – certains individus<br />

étant vraisemblablement<br />

millénaires. Cette capacité à<br />

persister dépend pourtant de<br />

ses interactions avec l’Homme<br />

qui, après l’avoir longtemps<br />

exploité, semble atténuer ses<br />

prélèvements, et même le<br />

sacraliser dans les zones où il<br />

est le plus rare. L’espoir de<br />

conservation de cet arbre remarquable<br />

pourrait donc naître d’une<br />

gestion par les populations locales.<br />

Celle-ci devra néanmoins être accompagnée<br />

d’un suivi scientifique, si l’on ne veut pas<br />

voir à moyen terme l’olivier de Laperrine disparaître des<br />

sommets de l‘Aïr. ●<br />

© <strong>IRD</strong>/F. Anthelme


© Cirad/B. Bertrand © Cirad/B. Bertrand<br />

B o u r b o n p o i n t u<br />

Un café réunionnais<br />

en quête d’excellence<br />

Dans l’objectif de stimuler son secteur agricole<br />

actuellement peu compétitif, l’île de la Réunion cherche<br />

à développer un produit à h<strong>au</strong>te valeur ajoutée.<br />

L’idée est venue de remettre à l’honneur<br />

le café Bourbon pointu, une variété traditionnelle,<br />

cultivée sur l’île jusqu'à la fin du XIX e siècle,<br />

qui produisait un café de h<strong>au</strong>te qualité.<br />

repose sur deux<br />

volets indissociables, une<br />

L’aventure<br />

expérimentation préalable à la<br />

création d'une filière, confortée par un<br />

projet de recherche. Sur un financement<br />

de la Région, le programme d'expérimentation<br />

(2002-2007) dont le chef de<br />

projet est le Cirad, associe le conseil<br />

régional, l'Union européenne et Café-<br />

Réunion1 pour l’identification de terroirs<br />

quantitativement et qualitativement<br />

performants et l'élaboration de références<br />

technico-économiques pour la<br />

production de cafés « à h<strong>au</strong>te valeur<br />

ajoutée ». Le programme de recherche<br />

fait l’objet d’une convention de<br />

recherche <strong>IRD</strong>/Cirad et bénéficie d’une<br />

convention antérieure <strong>IRD</strong>/Région. Le<br />

financement est assuré par l’<strong>IRD</strong> (40 %),<br />

l’Union européenne (36 %) et la Région<br />

(24 %). L’université de la Réunion est<br />

également de la partie, puisqu’une formation<br />

universitaire sera créée pour<br />

transmettre les techniques mises en<br />

œuvre <strong>au</strong> cours du programme. À<br />

Montpellier et à la Réunion, des chercheurs<br />

<strong>IRD</strong> de l’unité de recherche<br />

Diversité génétique des plantes cultivées<br />

(UR141 unité mixte AgroM-Cirad-Inra-<strong>IRD</strong>)<br />

et du programme Café du Cirad travaillent<br />

<strong>au</strong>x quatre opérations connexes :<br />

analyse des effets de l’environnement<br />

sur le fonctionnement des gènes impliqués<br />

dans la qualité organoleptique du<br />

café Bourbon pointu (<strong>IRD</strong>-Cirad) ; caractérisation<br />

de la variété Bourbon pointu<br />

(<strong>IRD</strong>) ; analyse de la diversité observée<br />

pour la forme des grains (<strong>IRD</strong>-Cirad) ;<br />

étude de la variabilité génétique (Cirad).<br />

De l’avis des spécialistes, cette variété<br />

réunionnaise a une place à conquérir.<br />

Elle a vocation à se hisser <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> des<br />

cafés « Gourmets » voire des « Grands<br />

crus » de Jamaïque, Hawaï et Porto<br />

Rico mais cela demande une filière totalement<br />

maîtrisée. Pour prétendre à ces<br />

labels prestigieux, le Bourbon pointu<br />

doit démontrer des qualités sensorielles<br />

indiscutables, un t<strong>au</strong>x de caféine faible<br />

et stable et une traçabilité des grains,<br />

bref, il f<strong>au</strong>t viser l’excellence !<br />

Retrouver<br />

le Bourbon pointu<br />

La lignée Bourbon pointu est issue d’un<br />

mutant de la variété Bourbon. Par rapport<br />

<strong>au</strong>x arabicas classiques, ce café<br />

affiche une teneur en caféine inférieure<br />

de 50% d’où une amertume très atténuée,<br />

qualité fort appréciée. Par ailleurs,<br />

ses grains ont une forme très<br />

reconnaissable, un ovale plus<br />

pointu que ceux du Bourbon<br />

d’origine,<br />

d’où son<br />

nom. Ce<br />

caractère<br />

permet une<br />

traçabilité<br />

visuelle pour le<br />

consommateur et<br />

fiabilise donc la<br />

filière. La<br />

culture<br />

en a été<br />

abandonnéedepuis<br />

un bon<br />

siècle, mais des<br />

arbres survivent ça et<br />

là chez les habitants,<br />

d’où l’idée de lancer un concours en<br />

2002 puis une prospection en 2003<br />

pour les retrouver. Trente-cinq géniteurs<br />

ont pu être identifiés, multipliés<br />

et mis en pépinière puis plantés dans<br />

100 parcelles de producteurs de Café-<br />

Réunion. Les caféiers étant productifs<br />

dès 18 mois, les nouve<strong>au</strong>x plants permettent<br />

des récoltes depuis 2003. Une<br />

série de tests et d’analyses sont effectués<br />

sur ces plants. Pour estimer si le jeu en<br />

v<strong>au</strong>t la chandelle, les opérateurs doivent<br />

répondre à trois questions : la mutation<br />

– qui touche l’ensemble de la plante –<br />

est-elle stable ? la qualité du breuvage<br />

est-elle réelle ? quels rendements sont<br />

possibles ? En 2008, à l'échéance du<br />

programme d'expérimentation préalable,<br />

Café-Réunion disposera des éléments<br />

pour la poursuite ou l’abandon de ce<br />

projet de filière. Les premières observa-<br />

➧<br />

Grains de café Bourbon.<br />

tions permettent de dire que le Bourbon<br />

pointu a une productivité intéressante ;<br />

la variété est remarquablement bien<br />

adaptée <strong>au</strong>x conditions pédoclimatiques<br />

de l'île ; les premiers échantillons dégustés<br />

montrent des caractéristiques sensorielles<br />

encourageantes ; reste à trouver les<br />

terroirs, les conditions de culture et procédés<br />

de traitement post-récolte qui permettront<br />

de fabriquer un « Grand cru »...<br />

L’un des objectifs de recherche est<br />

d’identifier les bases biologiques d’un<br />

critère de choix des terroirs, même si ce<br />

choix se fera d’abord sur des notes de<br />

dégustation. Il f<strong>au</strong>t savoir que les différences<br />

organoleptiques entre terroirs<br />

sont dues <strong>au</strong>x variations de composition<br />

biochimique des grains, elle-même sous<br />

la dépendance d’enzymes pour<br />

lesquelles codent des gènes<br />

influencés par l’environnement.<br />

Il f<strong>au</strong>t également<br />

déterminer à<br />

quel moment de la<br />

maturation du grain<br />

le changement<br />

d’expression<br />

génique a des<br />

conséquences sur la<br />

boisson.<br />

Deux cent<br />

soixantedix<br />

gènes<br />

sont suivis<br />

sur seize sites.<br />

Dans un premier<br />

temps, l’expression de<br />

ces gènes a été étudiée<br />

<strong>au</strong> cours de la<br />

maturation du fruit. Les résultats sont<br />

en cours d’analyse statistique.<br />

Une variété<br />

homogène<br />

Caféiers d'environ deux ans<br />

en parcelle expérimentale<br />

en milieu paysan.<br />

➧<br />

© <strong>IRD</strong>/M. Dukhan<br />

Grains de café Bourbon pointu.<br />

Rappelons que le Bourbon pointu est<br />

formé, comme tous les arabicas, de<br />

Le prix du café<br />

2 génomes hybridés naturellement il y a<br />

des milliers d’années et dont les représentants<br />

actuels les plus proches seraient<br />

ceux de Coffea canephora (= robusta,<br />

espèce cultivée) et de Coffea eugenioides<br />

(espèce s<strong>au</strong>vage). Étant donné<br />

ses caractéristiques de port d’arbre et de<br />

teneur en caféine, il semblerait que les<br />

gènes de canephora ne s’expriment pas<br />

ou peu dans le mutant Bourbon pointu.<br />

Une thèse, encadrée par l’<strong>IRD</strong> et financée<br />

par le projet, vise à identifier les princip<strong>au</strong>x<br />

gènes dont le fonctionnement diffère<br />

entre la variété ancestrale Bourbon<br />

et son mutant Bourbon pointu. Les<br />

recherches sur les différences d’expression<br />

entre les deux variétés ont été réalisées<br />

sur de jeunes plantules. Sur les<br />

2 300 gènes séquencés, 10 % ont montré<br />

une expression significativement différente<br />

entre les plantules des deux<br />

variétés. Les résultats sont en cours de<br />

confirmation.<br />

La forme des grains montre une variabilité,<br />

avec un continuum depuis la graine<br />

ronde jusqu’à la graine très pointue qui<br />

correspond <strong>au</strong> phénotype commercialisable.<br />

La notion de graine pointue ou<br />

ronde est donc assez subjective. La présence<br />

d’une diversité de forme entre<br />

graines issues d’un même arbre est<br />

confirmée. Enfin, il existe des différences<br />

entre arbres à l’intérieur d’une parcelle et<br />

ce selon des gradients suggérant ici l’influence<br />

environnementale. Par contre la<br />

forme des grains n’affecte pas la teneur<br />

en caféine.<br />

L’analyse des feuilles de 27 géniteurs par<br />

des techniques moléculaires montre qu’il<br />

n’y a <strong>au</strong>cune variabilité. En conclusion,<br />

l’hypothèse selon laquelle les différents<br />

pieds mères collectés appartiennent à<br />

une variété homogène issue d’une<br />

mutation récessive, sélectionnée par les<br />

caféiculteurs à la fin du XIX e siècle dans<br />

les populations de Bourbon, est la plus<br />

probable. ●<br />

1.Café-Réunion : caféiculteurs associés pour<br />

une filière économique à la Réunion.<br />

Contacts<br />

Benoit Bertrand, Cirad<br />

Benoit.Bertrand@mpl.ird.fr<br />

Michel Noirot, <strong>IRD</strong><br />

noirot@cirad.fr<br />

Frédérique Descroix, Cirad<br />

frederic.descroix@cirad.fr<br />

unité est le sac de 60 kg de grain vert c’est-à-dire non torréfié, dans lequel il<br />

L’ reste 10 à 12 % d’humidité. Si le prix en bourse est à une cote de 100 pour<br />

du café arabica « Colombie » ou « <strong>au</strong>tres doux », le prix des « Cafés spéci<strong>au</strong>x »<br />

(dont les cafés certifiés bio ou équitables) est à une cote de 115 à 170 en<br />

moyenne avec des pointes à 210, les cafés « Grands crus » sont à 200 et pour<br />

quelques-uns (0,1 à 0,2 % de la production), le prix s’envole à plus de 300 (Blue<br />

Mountain de la Jamaïque, Sidamo d’Éthiopie). Pour donner une idée, 1 kg de café<br />

torréfié du meilleur terroir de la variété Blue Mountain se négocie environ 267 € !<br />

Autant dire que les filières d’excellence échappent <strong>au</strong>x lois du marché. ●<br />

© <strong>IRD</strong>/M. Dukhan<br />

Culture de café Bourbon ➧<br />

pointu dans les serres<br />

de Montpellier.<br />

© Cirad/B. Bertrand<br />

© Cirad/B. Bertrand<br />

À g<strong>au</strong>che :<br />

paysage caractéristique<br />

des H<strong>au</strong>ts de la Réunion :<br />

bananiers, cannes à sucre<br />

et caféiers.<br />

Ci-contre : fruits de café Bourbon<br />

pointu en cours de maturation.<br />

© <strong>IRD</strong>/J. Lemoalle<br />

© <strong>IRD</strong>/J. Lemoalle<br />

Expertise<br />

dans le bassin<br />

de la Volta<br />

La coordination du projet Volta du<br />

Challenge programme E<strong>au</strong> et alimentation<br />

(CPEA) a été confiée à l’<strong>IRD</strong> (unité de<br />

recherche Gestion de l’E<strong>au</strong>, Acteurs,<br />

Usages, UR183/UMR G-e<strong>au</strong>) qui représente<br />

les institutions françaises <strong>au</strong> comité de<br />

pilotage de ce programme international<br />

issu du Groupe consultatif pour la<br />

recherche agricole internationale (GCRAI).<br />

Le Challenge programme E<strong>au</strong> et alimentation<br />

a pour principal objectif d’<strong>au</strong>gmenter<br />

la productivité agricole de l’e<strong>au</strong><br />

<strong>au</strong>x différentes échelles, du champ <strong>au</strong><br />

bassin versant, en vue de réduire la p<strong>au</strong>vreté<br />

et d’améliorer l’alimentation, la<br />

santé et la sécurité environnementale.<br />

Les actions de recherche en cours, d’un<br />

budget d’environ 30 M€, portent sur<br />

des thématiques transversales et sur<br />

neuf bassins fluvi<strong>au</strong>x : bassins andins,<br />

Sao Francisco, Volta, Limpopo, Nil,<br />

Karkeh, Indo-Gange, Mékong et fleuve<br />

J<strong>au</strong>ne. De nouve<strong>au</strong>x développements<br />

du programme ont été mis en place<br />

récemment, sous la dénomination de<br />

Basin Focal Projects (BFP). Ils concernent<br />

quatre bassins, Volta, Karkeh, Sao<br />

Francisco et Mékong. Il est prévu<br />

d’aborder les <strong>au</strong>tres bassins en <strong>2006</strong>.<br />

Expérience de conservation<br />

de l'e<strong>au</strong> de pluie pour le ménage,<br />

<strong>au</strong> Nord Ghana.<br />

➧<br />

Une mare artificielle pour<br />

l'abreuvement du bétail<br />

<strong>au</strong> Nord Ghana.<br />

➧<br />

Associant instituts de recherche du Nord<br />

et du <strong>Sud</strong>, le projet Volta a comme<br />

objectif d’identifier les questions les plus<br />

pertinentes en matière de recherche et<br />

de transfert pour le développement<br />

dans le domaine de l’e<strong>au</strong> ainsi que de<br />

définir les conditions nécessaires à la<br />

mise en place de ces actions. Ceci afin<br />

d’<strong>au</strong>gmenter la productivité de l’e<strong>au</strong> et<br />

d’améliorer le sort des populations les<br />

plus p<strong>au</strong>vres du bassin, essentiellement<br />

rurales. La productivité agricole de l’e<strong>au</strong><br />

et une analyse des relations e<strong>au</strong>p<strong>au</strong>vreté<br />

sont les points d’entrée<br />

communs <strong>au</strong>x différents BFP qui permettront<br />

de cibler <strong>au</strong> mieux les prochains<br />

appels d’offre du Challenge programme<br />

E<strong>au</strong> et alimentation. ●<br />

Contact<br />

Jacques Lemoalle,<br />

lemoalle@mpl.ird.fr<br />

WEB www.waterforfood.org/<br />

Newsletter/Index.htm<br />

<strong>Sciences</strong> <strong>au</strong> <strong>Sud</strong> - Le journal de l’<strong>IRD</strong> - n° 34 - <strong>mars</strong>/<strong>avril</strong> <strong>2006</strong><br />

Valorisation<br />

11


Planète <strong>IRD</strong><br />

12<br />

Thierry LEBEL, directeur de recherche<br />

<strong>au</strong> Laboratoire d’étude des transferts<br />

en hydrologie et environnement (UR012)<br />

et responsable du programme Amma<br />

(Analyse multidisciplinaire de la mousson<br />

africaine), a reçu le prix Adrien<br />

Constantin de Magny 2005, de l’Académie<br />

de sciences pour avoir « fortement<br />

contribué à la renommée de l’hydrologie<br />

française, dont il est l’un des<br />

très brillant représentant ». Ce sont<br />

notamment les applications de ses<br />

recherches <strong>au</strong> Sahel (programme<br />

Catch, Couplage de l’atmosphère tropicale.<br />

et des cycles hydrologiques) qui<br />

sont ainsi distinguées.<br />

Thierry.Lebel@hmg.inpg.fr<br />

Anne GEIGER, chargée de recherches<br />

dans l'UR177, Trypanosomoses de<br />

l’homme, de l’animal et des plantes, a<br />

reçu un prix de la Fondation de la<br />

recherche médicale. Son projet d’étude<br />

du sécrétome de Trypanosoma brucei<br />

gambiense, parasite responsable de la<br />

maladie du sommeil lui v<strong>au</strong>t cette<br />

récompense de 10 000 euro.<br />

anne.geiger@mpl.ird.fr ●<br />

Économiste, représentant de l’<strong>IRD</strong> en<br />

Égypte, Jean-Yves MOISSERON le 9 janvier<br />

<strong>2006</strong> soutenait son habilitation à<br />

diriger des recherches sur le thème du<br />

partenariat euro-méditerranéen, à<br />

l’université de Grenoble Pierre Mendès<br />

France, sous la direction de Jacques<br />

FONTANEL.<br />

irdegypt@idsc.gov.eg<br />

À l’université Montpellier I le 29 novembre<br />

2005, Christian LAURENT, de<br />

l’unité de recherche VIH/Sida et<br />

Maladies associées (UR145, <strong>IRD</strong>/université<br />

Montpellier I), a soutenu son habilitation<br />

à diriger des recherches. Ses trav<strong>au</strong>x<br />

tentent d’améliorer la prise en<br />

charge des patients africains infectés<br />

par le VIH et de contrôler l’épidémie, en<br />

apportant les informations nécessaires<br />

à la définition des programmes de<br />

santé publique. Ils sont axés, pour l’essentiel,<br />

sur l’évaluation du traitement<br />

antirétroviral en Afrique.<br />

Christian.L<strong>au</strong>rent@mpl.ird.fr. ●<br />

Un portail vers<br />

l’Amérique<br />

latine<br />

Depuis fin 2005, les représentations<br />

de l’<strong>IRD</strong> en Amérique<br />

latine (Bolivie, Brésil, Chili, Équateur,<br />

Mexique, Pérou) disposent chacune<br />

d’un site internet bilingue, interconnectés. Une<br />

entrée commune Portail <strong>IRD</strong> Amérique latine, qui permet<br />

de naviguer d’un site à l’<strong>au</strong>tre, a pour objectif de<br />

valoriser les trav<strong>au</strong>x des équipes de recherche de<br />

l’Institut et de ses partenaires dans cette région géographique<br />

; elle facilite notamment l’appréhension<br />

du caractère régional de nombre des programmes de<br />

recherche conduits dans cette partie du monde.<br />

Ce besoin de valoriser via internet les trav<strong>au</strong>x de<br />

recherche à l’échelle du continent latino-américain<br />

est apparu en 2001, peu après la création du rése<strong>au</strong><br />

Irdal (rése<strong>au</strong> <strong>IRD</strong> Amérique latine). Afin que la gestion<br />

et l’actualisation des informations mises en ligne<br />

soient plus faciles, ces sites et le portail internet partagent<br />

leurs données. Le Portail <strong>IRD</strong> Amérique latine<br />

bénéficie des informations mises en ligne sur les sites<br />

loc<strong>au</strong>x. Il est par exemple possible d’accéder sur le<br />

portail à la liste complète des quatre-vingt-sept programmes<br />

réalisés dans la région ou <strong>au</strong>x seuls vingt et<br />

un programmes conduits <strong>au</strong> Brésil sur le site local.<br />

Les contenus des sites entièrement bilingue (français/espagnol<br />

et français/portugais <strong>au</strong> Brésil) offrent<br />

enfin localement une meilleure visibilité du rôle et de<br />

la place de l’<strong>IRD</strong> <strong>au</strong>près de ses partenaires en<br />

Amérique latine. ●<br />

Contact<br />

Catherine Luro : luro@ird.fr<br />

WEB http://irdal.ird.fr<br />

Prix<br />

HDR<br />

<strong>Sciences</strong> <strong>au</strong> <strong>Sud</strong> - Le journal de l’<strong>IRD</strong> - n° 34 - <strong>mars</strong>/<strong>avril</strong> <strong>2006</strong><br />

C l u b j e u n e s<br />

Biodiversité urbaine<br />

en Seine-Saint-Denis<br />

Des lycéens de V<strong>au</strong>jours 1 , dans la grande banlieue parisienne,<br />

font partie depuis peu d’un nouve<strong>au</strong> club JRD. Leurs activités, centrées<br />

sur la biodiversité dans la zone péri-urbaine, s’inscrivent dans<br />

la réflexion pour la biodiversité, l’environnement et le développement<br />

durable, décennie 2005-2014 de l’Unesco.<br />

Il y a de la vie <strong>au</strong>tour du béton,<br />

veulent croire les 32 élèves d’une<br />

classe de seconde du lycée Fénelon<br />

de V<strong>au</strong>jours. Ils se sont lancés, avec le<br />

soutien de leurs professeurs et de chercheurs<br />

de l’<strong>IRD</strong>, dans un projet d’étude<br />

de la biodiversité. Cette initiative, intitulée<br />

club Bio vert cité, a débuté en 2005<br />

par un atelier, puis une visioconférence,<br />

dans le cadre de la conférence internationale<br />

Biodiversité : science et gouvernance<br />

2 . L’éducation à l’environnement<br />

et <strong>au</strong> développement durable est une<br />

priorité de l’Éducation nationale, en<br />

France comme dans de nombreux pays.<br />

Ces jeunes, qui vivent dans un milieu<br />

urbain de transition ville-campagne, à<br />

forte densité, ont voulu poursuivre la<br />

réflexion entamée, donnant à leur étude<br />

une dimension plus territoriale. Leur<br />

objectif est de partir à la découverte de la<br />

Le prix Christiane Doré 2005 1 a été<br />

décerné à Nicaise Georges TUIKUE<br />

NDAM, étudiant de nationalité camerounaise,<br />

qui vient de soutenir une<br />

thèse de doctorat à l’université René<br />

Descartes-Paris V. Remis à l’occasion de<br />

la cérémonie des vœux le 6 janvier dernier,<br />

il récompense ses trav<strong>au</strong>x de mastère<br />

qui portaient sur le paludisme de<br />

la femme enceinte, et s’intitulaient<br />

Caractérisation phénotypique et moléculaire<br />

des isolats de Plasmodium falciparum<br />

associés.<br />

© DR<br />

biodiversité qui entoure leur lycée et ses<br />

environs. Ce projet, qui doit durer tout <strong>au</strong><br />

long de l’année scolaire 2005-<strong>2006</strong>, les<br />

confrontera à des problématiques et des<br />

approches typiquement scientifiques. Ils<br />

<strong>au</strong>ront ainsi à mettre en œuvre des techniques<br />

de recensement et de détermination<br />

des espèces vivantes sur les sites<br />

considérés. Ils étudieront quelques-unes<br />

des interactions qui conduisent <strong>au</strong>x divers<br />

paysages de leur cité.<br />

Le Conseil général de Seine-Saint-<br />

Denis, qui est très attentif à sa politique<br />

environnementale et qui dispose d’un<br />

observatoire de la biodiversité, accompagne<br />

le projet. Il a fourni des images<br />

aériennes des environs, permettant <strong>au</strong>x<br />

lycéens de caractériser la zone étudiée.<br />

Enfin les trav<strong>au</strong>x du club seront présentés<br />

à la Biennale de l’environnement de<br />

Bobigny, en septembre prochain.<br />

R e n d e z - v o u s<br />

Pêche à Campeche<br />

Le colloque international sur les écosystèmes côtiers Vers un savoir intégré pour<br />

une approche écosystémique des pêches se tiendra à Campeche <strong>au</strong> Mexique,<br />

du 26 <strong>au</strong> 29 juin <strong>2006</strong>. En collaboration avec l’université Montpellier II (Ecolag)<br />

et plusieurs instituts mexicains, l’unité de recherche de l’<strong>IRD</strong> Réponses adaptatives<br />

des populations et des peuplements de poissons <strong>au</strong>x pressions de l’environnement<br />

(UR070) l’organise. On y discutera Évaluation et tendance des pêcheries<br />

estuariennes et lagunaires ; Dynamique environnementale ; Indicateurs<br />

biologiques et écologique des modifications ; Modèles et outils pour la gestion<br />

des pêches et Gestion intégrée.<br />

Contact<br />

Guy Vidy<br />

vidy@ird.fr<br />

Prix Christiane Doré<br />

© <strong>IRD</strong>/O. Dargouge<br />

WEB http://etzna.uacam.mx/<br />

epomex/icce/icce.html<br />

Cette année et pour la première fois le<br />

jury a en outre accordé à l’unanimité,<br />

une mention exceptionnelle à Saratta<br />

TRAORE. Cette reconnaissance tient à<br />

ses mérites particuliers lors de la présentation<br />

de son mémoire de DEA,<br />

intitulé L’intensification du travail agricole<br />

féminin dans les campagnes<br />

du Burkina : le cas des Bwaba de<br />

Bondoukuy. ●<br />

1. Ce prix, qui porte le nom d’une figure de l’institut restée célèbre pour avoir organisé l’accueil<br />

de très nombreux stagiaires et allocataires de recherche, est attribué chaque année par l’association<br />

des œuvres sociales à un étudiant venu travailler dans les laboratoires de l’<strong>IRD</strong>. Il est<br />

accordé <strong>au</strong> vu de deux critères tenant à la qualité des recherches, et à la persévérance et l’engagement<br />

pour le développement dont a fait preuve le candidat lors de son accueil. aos@ird.fr<br />

© <strong>IRD</strong>/O. Dargouge<br />

© <strong>IRD</strong>/M. Gosset<br />

Pour leurs professeurs, Martine Robert et<br />

Jean-Marc Rafenberg, ce travail permet<br />

d’aborder des aspects importants des<br />

programmes (mise en place d’un protocole<br />

expérimental, sensibilisation <strong>au</strong><br />

développement durable, participation<br />

citoyenne, etc.). Cette pédagogie de<br />

projet stimule l’interrogation des jeunes<br />

sur le monde qui les entoure, et favorise<br />

les échanges entre enseignants et élèves.<br />

Partenariat avec les rectorats<br />

Le radar Xport, entièrement<br />

conçu et développé par une<br />

équipe de l’UR012 Laboratoire<br />

d’étude des transferts en hydrologie et<br />

environnement, est opérationnel à<br />

Djougou (Bénin) depuis juin 2005.<br />

Fonctionnant en bande X – longueur<br />

d’onde de 3 cm – ce radar météorologique<br />

offre les mêmes performances<br />

en termes de résolution spatiale<br />

et de sensibilité que des appareils<br />

de plus grande longueur d’onde pour<br />

un coût et un encombrement moindres.<br />

Il s’avère donc plus maniable pour les<br />

opérations de terrain.<br />

Cette expérience s’inscrit dans la stratégie<br />

d’observation à long et moyen<br />

terme du programme Amma. Le radar<br />

fonctionnera à Djougou pendant les<br />

trois saisons de pluies de la période<br />

d’observation intensive, afin d’échantillonner<br />

les précipitations qui alimentent<br />

en e<strong>au</strong> le bassin instrumenté<br />

de la Donga, l’un des sous-bassins de la<br />

h<strong>au</strong>te vallée de l’Ouémé. Couvrant une<br />

surface totale d’environ 10 000 km 2 ,ce<br />

site méso-échelle Amma est représentatif<br />

du cycle de l’e<strong>au</strong> en climat<br />

soudanien, alors que<br />

jusqu’à présent le cycle de<br />

1. Lycée du paysage et de l’environnement<br />

Fénelon à V<strong>au</strong>jours, en Seine-Saint-Denis,<br />

2. Unesco, Paris 24-28 janvier 2005.<br />

Contact<br />

M<strong>au</strong>rice Fay – ClubsJRD@ird.fr<br />

WEB http://www.clubsjrd.ird.fr/<br />

L’<strong>IRD</strong> vient de signer une convention avec le rectorat et le CRDP d’Amiens, lequel<br />

est pôle national de référence. Des chercheurs de l’<strong>IRD</strong>, Catherine Aubertin et<br />

Christian Lévêque, participeront à une journée d’information des professeurs, le<br />

31 mai prochain, dans le cadre de la semaine du Développement durable.<br />

Une visioconférence permettra <strong>au</strong>ssi de mettre en partage les projets de différents<br />

pays, le Brésil, le Cameroun et la France, avec des jeunes d’Amiens et de V<strong>au</strong>jours.<br />

À Montpellier, <strong>au</strong> sein d’Agropolis, l’<strong>IRD</strong> est également engagé dans une étude<br />

de la biodiversité et de ses enjeux, avec le rectorat.<br />

P r o g r a m m e A m m a<br />

Les pluies africaines<br />

<strong>au</strong> radar bande X<br />

© DR<br />

l’e<strong>au</strong> associé à la mousson a surtout<br />

été étudié en zone sahélienne.<br />

« Grâce <strong>au</strong>x nouvelles technologies de<br />

diversité de polarisation (envoi simultané<br />

d’ondes électromagnétiques horizontales<br />

et verticales pour estimer la<br />

forme et la taille des gouttes de pluie)<br />

et de réception cohérente (outil d’analyse<br />

de la manière dont ces deux types<br />

d’ondes se propagent à travers la pluie)<br />

qui équipent Xport, on espère une<br />

amélioration de l’estimation quantitative<br />

des pluies sur toute la zone de couverture<br />

du radar » explique Marielle<br />

Gosset, chargée de recherche à l’UR012.<br />

L’imagerie h<strong>au</strong>te résolution obtenue<br />

grâce à ce radar permet d’observer<br />

finement la structure des champs de<br />

pluie et d’en analyser la variabilité spatiale<br />

et temporelle. « Ces observations<br />

h<strong>au</strong>te résolution sont importantes<br />

notamment pour valider les modèles<br />

de désagrégation de pluies, ces<br />

modèles étant eux-mêmes une étape<br />

indispensable dans la chaîne de prévision<br />

de ressources en e<strong>au</strong> » poursuitelle.<br />

Le dépouillement des données<br />

2005 est en cours<br />

et les premières<br />

analyses montrent<br />

que cette campagne<br />

a été un<br />

succès. Une affaire<br />

à suivre... ●<br />

Contacts<br />

marielle.gosset@ird.fr,<br />

frederic.cazenave@ird.fr<br />

Le radar Xport sur la tour<br />

construite pour<br />

l’expérience à Djougou et<br />

partie aérienne du radar<br />

avec son antenne<br />

polarimétrique,<br />

les caissons d’émission<br />

et de réception accolés<br />

et le positionneur.


© <strong>IRD</strong>/ B. Pouy<strong>au</strong>d<br />

P a t a g o n i e<br />

Entre climat polaire<br />

et climat tropical<br />

Après un forage test<br />

encourageant, les glaciologues<br />

de l’<strong>IRD</strong> et leurs partenaires<br />

chiliens préparent un forage<br />

profond en Patagonie.<br />

La recherche des traces du climat<br />

passé figées dans les<br />

glaces de l’hémisphère <strong>Sud</strong>,<br />

s’est essentiellement concentrée sur<br />

deux grandes zones géographiques,<br />

d’une part les Andes centrales entre<br />

l’équateur et 20° sud, d’<strong>au</strong>tre part, en<br />

Antarctique, <strong>au</strong>-delà de 60° sud, de la<br />

péninsule <strong>au</strong> pôle.<br />

Cependant, certains paramètres du climat<br />

évoluent de façon très différente<br />

dans la région tropicale et <strong>au</strong>x h<strong>au</strong>tes<br />

latitudes. De plus, peu d’information<br />

concernant les connexions climatiques<br />

entre ces deux zones existe. Pour<br />

compléter nos connaissances, les chercheurs<br />

de l’unité de recherche Great<br />

ice de l’<strong>IRD</strong> (UR032) et du Centre d’études<br />

scientifiques de Santiago (CECS) <strong>au</strong> Chili<br />

lancent un nouve<strong>au</strong> programme de<br />

forage profond, à environ 47° sud, à la<br />

frontière entre l’Argentine et le Chili,<br />

sur les glaces qui couvrent deux des<br />

sommets les plus élevés de Patagonie,<br />

le San Valentin et le San Lorenzo (3 900<br />

et 3 500 m respectivement).<br />

Un forage test court a été effectué en<br />

<strong>mars</strong> 2005 <strong>au</strong> sommet du San Valentin<br />

Du 25 <strong>au</strong> 27 janvier dernier,<br />

Oujda <strong>au</strong> Maroc a accueilli le<br />

premier séminaire international<br />

sur la culture scientifique et technique<br />

<strong>au</strong> <strong>Sud</strong>. Ce séminaire, organisé<br />

par l’<strong>IRD</strong> avec l’appui de l’Institut français<br />

de l’Oriental, s’inscrit dans le cadre<br />

des actions du PCST 1 .<br />

Une quarantaine d’acteurs de la culture<br />

scientifique et technique sont venus de<br />

sept pays : Cameroun, Centrafrique,<br />

Madagascar, Mali, Sénégal, Yémen et<br />

France. Le Maroc bénéficiait d’une forte<br />

représentation avec des associations de<br />

Rabat, Marrakech, Kenitra, Casablanca<br />

et Oujda, témoignant du fort dynamisme<br />

et des enjeux de la diffusion de<br />

la culture scientifique dans ce pays.<br />

Le séminaire a offert à tous les participants<br />

l’occasion de partager leurs<br />

expériences : fêtes de la science,<br />

semaine de l’astronomie, forums et<br />

conférences, expositions, pièces de<br />

théâtre, sites Internet, journ<strong>au</strong>x, clubs<br />

de journalisme scientifique... Les réalisations<br />

sont apparues <strong>au</strong>ssi diverses<br />

dans leur forme que riches dans leur<br />

contenu. Les débats ont ouvert des<br />

perspectives d’évolution, qui constituent<br />

<strong>au</strong>tant de promesses pour l’épanouissement<br />

de la culture scientifique<br />

et technique dans les pays du <strong>Sud</strong>.<br />

© <strong>IRD</strong>/ B. Pouy<strong>au</strong>d<br />

afin d’estimer l’accumulation neigeuse<br />

sur ce sommet. Les premiers résultats<br />

analytiques confirment que ce site présente<br />

toutes les caractéristiques attendues<br />

pour y conduire un forage profond,<br />

excepté, peut-être, celle de<br />

l’accessibilité. En effet, bien que peu<br />

élevées les montagnes de Patagonie<br />

représentent par leur escarpement et<br />

les conditions météorologiques exécrables<br />

qui y règnent la majeure partie<br />

de l’année, un véritable défi pour les<br />

alpinistes les plus chevronnés.<br />

Après une première reconnaissance des<br />

difficultés en 2003 et en 2004, c’est en<br />

hélicoptère que l’équipe (Patrick Ginot,<br />

maître foreur de l’UR Great Ice, et<br />

les hydrologues-glaciologues Bernard<br />

Pouy<strong>au</strong>d (<strong>IRD</strong>) et Gino Casassa, chef du<br />

département Glaciologie et changements<br />

climatiques <strong>au</strong> CECS) s’est fait<br />

déposer sur le plate<strong>au</strong> sommital du San<br />

Valentin en 2005.<br />

Une carotte de 16 m a été extraite<br />

dans un site où les mesures radar<br />

indiquent une épaisseur d’environ<br />

170 m. Avec une température mesurée<br />

dans le trou de forage de –12 °C,<br />

Il est apparu, d’une part, la nécessité de<br />

professionnaliser les acteurs par la mise<br />

en place de formations, particulièrement<br />

dans le domaine de l’animation de<br />

manifestations scientifiques. Certains<br />

ont également préconisé des actions de<br />

sensibilisation et d’initiation à destination<br />

des médias qui, dans leur très<br />

grande majorité, réduisent à la portion<br />

congrue l’actualité des sciences et des<br />

techniques. De nombreux intervenants<br />

ont, d’<strong>au</strong>tre part, souligné le besoin de<br />

fédérer leurs activités en rése<strong>au</strong>x nation<strong>au</strong>x,<br />

voire région<strong>au</strong>x. Ceci contribuerait<br />

à mutualiser les moyens et à rendre<br />

les actions plus efficaces et visibles.<br />

Enfin, l’ensemble des participants a<br />

appelé à une véritable reconnaissance<br />

de la culture scientifique et technique de<br />

la part des <strong>au</strong>torités, notamment des<br />

ministères en charge de la Recherche,<br />

de l’Enseignement supérieur ou de la<br />

Culture, afin que des moyens soient mis<br />

à disposition et des mesures prises en<br />

faveur d’une meilleure diffusion des<br />

savoirs issus de la recherche.<br />

Une équipe du Cerlis (Centre de<br />

recherche sur les liens soci<strong>au</strong>x, CNRS-<br />

Université Paris V) a fait état des résultats<br />

préliminaires d’une vaste étude en<br />

cours sur la culture scientifique et technique<br />

dans les dix pays du programme.<br />

Au sommet du San Valentin (3 900 m). À l’horizon<br />

la silhouette du San Lorenzo (3 500 m) se découpe sur le ciel.<br />

la glace est suffisamment froide pour<br />

conserver d’excellents sign<strong>au</strong>x paléoclimatiques,<br />

de plus, elle ne présente<br />

<strong>au</strong>cune empreinte de sublimation suivie<br />

de phénomènes de regel, ni d’infiltration<br />

d’e<strong>au</strong>, deux événements préjudiciables<br />

à la bonne conservation du<br />

signal. L’absence de trace de poussières<br />

ou de cendres ne permet pas de<br />

caler les enregistrements sur une date<br />

d’éruption connue. Afin de proposer<br />

une datation sur cette carotte, des<br />

analyses chimiques et isotopiques, sur<br />

lesquelles un cycle saisonnier peut<br />

être observé, ont été conduites. De<br />

plus, des mesures sur des radionucléides,<br />

indicateurs de tests nucléaires<br />

ou bien éléments radioactifs<br />

présentant une décroissance connue,<br />

ont été menées. Les différents types<br />

d’analyses convergent et montrent<br />

que l’accumulation de neige annuelle<br />

serait d’environ 33 cm et la période<br />

passée recouverte par cette carotte<br />

s’étendrait de 1965 à 2005, soit environ<br />

40 ans. Cette estimation de l’accumulation<br />

neigeuse a be<strong>au</strong>coup surpris<br />

les chercheurs de l’UR Great ice qui<br />

s’attendaient à be<strong>au</strong>coup plus. Ainsi,<br />

ils espèrent pouvoir remonter à des<br />

périodes passées lointaines.<br />

La potentialité d’étudier l’histoire de<br />

notre climat à cette latitude, jusqu’à<br />

présent p<strong>au</strong>vre en reconstructions<br />

paléoclimatiques et l’abondance d’information<br />

climatique conservée dans<br />

l’archive glaciaire ont conduit l’équipe<br />

de Great ice à programmer avec ses<br />

partenaires chiliens, pour mi-<strong>mars</strong><br />

<strong>2006</strong>, deux carottages sur toute<br />

l’épaisseur des glaciers du San<br />

Valentin et du San Lorenzo, à 50 km<br />

plus <strong>au</strong> sud. « L’épaisseur de glace <strong>au</strong><br />

San Valentin laisse espérer une h<strong>au</strong>te<br />

résolution de signal pour <strong>au</strong> moins les<br />

2 000 dernières années, précise<br />

Patrick Ginot, la partie la plus profonde<br />

de la carotte nous conduirait<br />

jusqu’à la dernière période glaciaire, il<br />

y a plus de 20 000 ans. » ●<br />

Contacts<br />

Patrick Ginot,<br />

ginot@lgge.obs.ujf-grenoble.fr<br />

Françoise Vimeux,<br />

vimeux@lsce.saclay.cea.fr<br />

C u l t u r e s c i e n t i f i q u e a u S u d<br />

Partager les expériences<br />

Fédérer les initiatives<br />

Le séminaire a également été marqué par le lancement<br />

des deux premiers outils de formation et<br />

d’information élaborés dans le cadre du PCST.<br />

D’une part, un Carnet de route qui dispense<br />

idées, conseils et recommandations essentielles<br />

pour réaliser un projet de culture scientifique.<br />

D’<strong>au</strong>tre part, Latitudesciences, un site Internet dédié à de la culture scientifique<br />

et technique <strong>au</strong> <strong>Sud</strong>, destiné à favoriser les échanges d’informations et à<br />

fédérer les acteurs en rése<strong>au</strong> : www.latitudesciences.ird.fr<br />

Pour obtenir le Carnet de route ou la Lettre du PCST : pcst@paris.ird.fr<br />

Les premières données recueillies mettent<br />

en évidence une hétérogénéité des structures<br />

(associations, institutions culturelles,<br />

organismes de recherche, universités...),<br />

des activités (conférences et débats,<br />

clubs scientifiques, sites Internet, expositions,<br />

supports multimédia...) et des<br />

moyens. Cependant, <strong>au</strong>-delà de ces disparités,<br />

tous les acteurs interrogés partagent<br />

une même mission que résume<br />

ainsi une association burkinabè : « La<br />

culture scientifique et technique, c’est,<br />

pour nous, amener les populations à<br />

s’investir dans leur propre développement.<br />

Parce qu’à travers cette diffusion<br />

des savoirs, elles adoptent des comportements<br />

qui contribuent à l’amélioration<br />

des milieux de vie ou de l’environnement.<br />

» Permettre <strong>au</strong>x populations, tout<br />

particulièrement les jeunes, de devenir<br />

les acteurs du développement de leur<br />

pays, un rôle capital que l’ensemble participants<br />

du séminaire a unanimement<br />

assigné à la culture scientifique et technique.<br />

●<br />

1. Projet FSP mobilisateur, Promotion de la<br />

Culture Scientifique et Technique dans la zone<br />

de solidarité prioritaire, voir ,<br />

n° 33, janvier-février <strong>2006</strong>. Un ambitieux programme<br />

de diffusion de la culture scientifique<br />

et technique <strong>au</strong> <strong>Sud</strong>, mis en œuvre par l’<strong>IRD</strong> à<br />

la demande de la direction générale de la<br />

Coopération internationale et du Développement.<br />

Contact<br />

Marie-Lise Sabrié ou Raphaële Nisin<br />

pcst@paris.ird.fr<br />

© <strong>IRD</strong>/ B. Pouy<strong>au</strong>d<br />

Quoi de neuf<br />

docteur ?<br />

Réalisée <strong>au</strong> Laboratoire <strong>IRD</strong>-Centre<br />

Pasteur du Cameroun d’épidémiologie<br />

et de santé publique, la thèse de Joseph<br />

KAMGNO a été soutenue le 15 décembre<br />

2005, à l’université Paris VI. Pour entreprendre<br />

ses Études sur l’impact de l’onchocercose,<br />

l’effet macrofilaricide de<br />

l’ivermectine et les difficultés liées à la<br />

co-endémie avec la loase, il travaillait<br />

sous la direction de Michel BOUSSINESQ de<br />

l'UR024, Épidémiologie et prévention :<br />

environnement et efficacité des interventions.<br />

michel.boussinesq@wanadoo.fr<br />

Le Cesbio (UR113) accueillait le 2 décembre<br />

2005 la soutenance par Olivier<br />

MERLIN de sa thèse de l’université<br />

Toulouse III. Il y était question de Synergie<br />

des observations multispectrales :<br />

application en hydrologie. Des recherches<br />

validées par deux applications,<br />

dirigées par Ghani CHEHBOUNI de l’<strong>IRD</strong>.<br />

http://www.cesbio.ups-tlse.fr/<br />

Thi Thanh THUY NGUYEN a soutenu sa<br />

thèse le 15 décembre 2005, à<br />

Montpellier, sur le sujet Étude de la fermentation<br />

de mélanges de riz et soja<br />

par des bactéries lactiques amylolytiques<br />

en combinaison avec différents<br />

procédés : nouvelles voies d’élaboration<br />

d’aliments de complément du<br />

jeune enfant. Jean Pierre GUYOT de<br />

l’UR106, Nutrition alimentation sociétés,<br />

dirigeait ces recherches.<br />

jpguyot@mpl.ird.fr<br />

Stockage et protection du carbone dans<br />

le sol sous systèmes en semis direct avec<br />

couverture végétale des H<strong>au</strong>tes Terres<br />

malgaches est le titre de la thèse que<br />

Tantely RAZAFIMBELO a soutenue le<br />

28 novembre 2005 à l’École nationale<br />

supérieure agronomique de Montpellier.<br />

Christian FELLER et Alain ALBRECHT, de<br />

l’UR179 Séquestration du carbone et biofonctionnement<br />

des sols, ont dirigé la<br />

thèse.<br />

Tantely.Razafimbelo@mpl.ird.fr<br />

Géologue-géophysicien chilien, Andres<br />

PAVEZ a soutenu, le 12 decembre 2005,<br />

une thèse de doctorat à l’Institut de<br />

Physique du Globe de Paris (IPG) intitulée<br />

Structure et déformations du volcan<br />

Lascar (nord Chili) à partir d’observations<br />

par satellites et <strong>au</strong> sol : Apports à<br />

la connaissance et la surveillance des<br />

volcans andésitiques. Des recherches<br />

réalisées sous la direction de Sylvain<br />

BONVALOT (<strong>IRD</strong>, UR154/UMR LMTG) et de<br />

Michel DIAMENT, professeur à l’IPG.<br />

http://www.chile.ird.fr<br />

Ses trav<strong>au</strong>x intitulés Analyse et inversion<br />

de séries interférométriques et<br />

microgravimétriques temporelles sur<br />

les volcans actifs : apport à la quantification<br />

d’effets de sites et à la compréhension<br />

de la dynamique volcanique<br />

ont permis à Dominique REMY, ingénieur<br />

de recherche à l’<strong>IRD</strong> de soutenir le<br />

16 décembre 2005 une thèse de doctorat<br />

à l’Institut de Physique du Globe<br />

de Paris. Sylvain BONVALOT (<strong>IRD</strong>, UR154/UMR<br />

LMTG) et Michel DIAMENT, professeur à<br />

l’IPG codirigeaient ce travail.<br />

http://www.chile.ird.fr<br />

Moussa GEYE a soutenu sa thèse La<br />

stratégie de reproduction du tilapia<br />

Sarotherodon melanotheron heudelotii<br />

en milieux naturels le 10 février <strong>2006</strong> à<br />

l’université Cheikh Anta Diop, à Dakar.<br />

Jean Jacques ALBARET de l’UR070 RAP de<br />

l’<strong>IRD</strong> et Papa Ndiaye, de l’IFAN, codirigeaient<br />

ses trav<strong>au</strong>x.<br />

Le 30 janvier à l’université Cheikh Anta<br />

Diop de Dakar, Ngansoumana BA,<br />

allocataire <strong>IRD</strong>, soutenait La commun<strong>au</strong>té<br />

phytoplanctonique du lac de<br />

Guiers (Sénégal) : types d’associations<br />

fonctionnelles et approches expérimentales<br />

de leurs facteurs de régulation,<br />

un travail de thèse dirigé par<br />

Marc BOUVY, de l’<strong>IRD</strong>, UR167, Cyroco et<br />

A.T. Ba.<br />

<strong>Sciences</strong> <strong>au</strong> <strong>Sud</strong> - Le journal de l’<strong>IRD</strong> - n° 34 - <strong>mars</strong>/<strong>avril</strong> <strong>2006</strong><br />

Planète <strong>IRD</strong><br />

13


Ressources<br />

14<br />

© <strong>IRD</strong>/A. Debray<br />

Aide <strong>au</strong> développement<br />

Expertise et empirisme<br />

Jean-François BARÉ, directeur de l’unité<br />

de recherche Intervention publique, espaces,<br />

sociétés (UR102), a dirigé la rédaction<br />

d’un ouvrage collectif intitulé Paroles d’experts.<br />

Études sur la pensée institutionnelle<br />

du développement. Entretien.<br />

Pourquoi avez-vous souhaité, dans cet<br />

ouvrage, aborder l’aide <strong>au</strong> développement<br />

<strong>au</strong> travers des conceptions qu’en<br />

a le personnel des institutions chargées<br />

de la dispenser ?<br />

Nous avons constaté que, s’il existe une<br />

somme considérable d’analyses et de<br />

commentaires sur les pays et les sociétés<br />

récipiendaires, il en existe assez peu<br />

sur l’activité des fonctionnaires et des<br />

cadres qui finalement « constituent »<br />

l’aide <strong>au</strong> développement. Nous portons<br />

l’attention sur la manière de penser des<br />

fonctionnaires et cadres du développement<br />

dans des contextes donnés. Parce<br />

que l’aide <strong>au</strong> développement est une<br />

activité éminemment « cognitive ».<br />

Nous avons voulu mettre en évidence<br />

l’idée qu’impulser et gérer l’aide est un<br />

processus de connaissance, donc <strong>au</strong>ssi<br />

de méconnaissance, les deux sont inséparables.<br />

Je suis sûr<br />

que be<strong>au</strong>coup de<br />

chercheurs de l’<strong>IRD</strong> y<br />

verront une banalité,<br />

mais celle-ci est<br />

bien souvent ignorée<br />

ailleurs qu’à l’<strong>IRD</strong>,<br />

notamment <strong>au</strong> sein<br />

des instances, nationales<br />

et internationales,<br />

s’occupant<br />

d’aide <strong>au</strong> développement.<br />

Paroles d’experts<br />

Études sur<br />

la pensée<br />

institutionnelle<br />

du développement,<br />

Sous la direction de<br />

J.-F. Baré, Karthala,<br />

445 pages, 29 €<br />

Quelles sont les connaissances, et<br />

méconnaissances, en c<strong>au</strong>se ici, s’agit-il<br />

en particulier de bien connaître le<br />

contexte spécifique de chaque pays ?<br />

L’intervention de développement relève<br />

évidemment d’un processus de<br />

connaissance des contextes loc<strong>au</strong>x. Il<br />

est souvent rudimentaire, mais be<strong>au</strong>coup<br />

plus riche qu’on se plaît à le souligner.<br />

Je ne crois pas trahir les <strong>au</strong>teurs<br />

en disant que nous ne sacrifions pas à<br />

l’antienne selon laquelle le développement<br />

ne « marche pas » parce que les<br />

développeurs ne comprennent rien<br />

(bien qu’une des contributions semble<br />

soutenir cette position, dans le cas particulier<br />

de l’ouest de Madagascar). Le<br />

développement marche un peu, be<strong>au</strong>coup,<br />

passionnément, pas du tout. Il<br />

peut être dramatique par certains côtés<br />

et positif dans d’<strong>au</strong>tres (la construction<br />

de grands barrages, par exemple) et<br />

l’on ne sait pas toujours différencier ce<br />

qui relève de l’intervention publique<br />

elle-même, des dynamiques propres des<br />

ensembles humains concernés, notamment<br />

de leurs capacités <strong>au</strong>tonomes<br />

d’échanges économiques, en partie<br />

grâce à l’intervention publique, en partie<br />

en dehors d’elle.<br />

Mais l’intervention de développement,<br />

telle que la pratiquent ses gestionnaires,<br />

c’est <strong>au</strong>ssi et peut-être d’abord<br />

un processus de connaissance de son<br />

propre contexte institutionnel ; en<br />

d’<strong>au</strong>tres termes, pour travailler pour des<br />

projets Banque mondiale ou AFD il f<strong>au</strong>t<br />

parler Banque mondiale ou AFD, voire<br />

les deux. Imaginez ce que représente<br />

propager la démocratie locale dans les<br />

commun<strong>au</strong>tés mexicaines du point de<br />

vue du Programme des Nations unies<br />

pour le développement, un exemple<br />

traité ici ; ou bien « optimiser » ces lieux<br />

de tension que sont les frontières du<br />

Pérou pour des fonctionnaires des<br />

douanes françaises. C’est du « sur<br />

mesure », pas du « prêt-à-porter »,<br />

pour reprendre l’excellente expression<br />

de l’un des <strong>au</strong>teurs. Il f<strong>au</strong>t définir<br />

<strong>au</strong>près des <strong>au</strong>torités politiques, ce<br />

qu’est la démocratie (scrutin uninominal,<br />

mais les minorités ne sont pas représentées,<br />

comme sous la V e République<br />

française ; proportionnel avec toutes ses<br />

variantes, mais les minorités sont surreprésentées,<br />

etc.) ; il f<strong>au</strong>t définir « optimiser<br />

» (faire que le trafic frontalier s’officialise,<br />

pour éviter les conflits ;<br />

contrôler ce trafic, mais jusqu’à quel<br />

point, etc.) <strong>au</strong>près du ministère des<br />

Finances, etc. Pour <strong>au</strong>tant, se débarrasser<br />

de tout ceci en disant « c’est politique<br />

» me paraît relever d’une t<strong>au</strong>tologie<br />

de Café du Commerce, car même<br />

les hommes politiques pensent et ont à<br />

connaître des choses, bien ou mal c’est<br />

une <strong>au</strong>tre question.<br />

Le succès de l’aide <strong>au</strong> développement<br />

repose donc moins sur des savoirs techniques<br />

que sur un ensemble de connaissances<br />

empiriques ?<br />

Quand je dis dans l’introduction que<br />

l’aide <strong>au</strong> développement relève tout<br />

<strong>au</strong>tant de la « pensée s<strong>au</strong>vage » <strong>au</strong><br />

sens de C. Lévi-Str<strong>au</strong>ss que de corpus<br />

techniques constitués et indépendants<br />

des contextes, il ne f<strong>au</strong>t pas y voir<br />

une position anti-techniciste ou antiscientiste<br />

– ce serait très paradoxal de la<br />

part d’un chercheur, même en sciences<br />

humaines. Il est possible qu’on arrive<br />

finalement à des corpus techniques<br />

pour transférer de la démocratie ou<br />

optimiser les frontières. Mais pour<br />

prendre des exemples que je crois parlants<br />

et qui ne sont pas traités dans le<br />

livre, l’invention de la trithérapie contre<br />

le sida ou de l’arrosage par goutte à<br />

goutte sont éminemment techniques.<br />

Cependant pour faire bénéficier X ou Y<br />

de ces trithérapies et de ces systèmes<br />

d’irrigation, il f<strong>au</strong>t des médiations institutionnelles<br />

capables d’identifier les<br />

bénéficiaires et les <strong>au</strong>tres, et surtout de<br />

faire que ces techniques parviennent à<br />

ceux qui en ont le plus besoin parce que<br />

dans les médiations institutionnelles<br />

comme dans la vie, j’allais dire normale,<br />

on est souvent dans la rareté. Cela<br />

relève de ce que Lévi-Str<strong>au</strong>ss appelle le<br />

bricolage de la pensée s<strong>au</strong>vage, c’est-àdire<br />

que le bricoleur mobilise les<br />

moyens qu’il a <strong>au</strong>tour de lui, par opposition<br />

à l’ingénieur qui fabrique une<br />

machine répondant à sa question.<br />

En somme, ce livre rappelle l’empirisme<br />

consubstantiel à l’aide <strong>au</strong> développement,<br />

ce qui n’est pas forcément critique<br />

une fois encore. Tout ceci a des<br />

conséquences directes et applicables<br />

sur une des vocations que je crois<br />

essentielles à la mission de l’<strong>IRD</strong>, la formation,<br />

à laquelle mon unité de<br />

recherche a porté be<strong>au</strong>coup d’attention<br />

depuis plusieurs années. Pour moi, l’objet<br />

empirique de toute formation c’est<br />

bien sûr l’apprentissage de sujets très<br />

spécialisés (ainsi par exemple de la<br />

socialisation des cadres des ONG en<br />

général, de la décentralisation dans une<br />

Égypte fortement centralisée, etc.)<br />

mais <strong>au</strong>ssi et indissolublement la lecture<br />

attentive de grandes œuvres, de philosophie,<br />

de littérature, d’histoire, qui ne<br />

sont pas techniques ni spécialisées,<br />

mais qui sont pourtant précieuses pour<br />

une appréhension des contextes et des<br />

enjeux intellectuels propres à l’intervention<br />

de développement. ●<br />

Contact<br />

Jean-François Baré<br />

jfbare@wanadoo.fr<br />

<strong>Sciences</strong> <strong>au</strong> <strong>Sud</strong> - Le journal de l’<strong>IRD</strong> - n° 34 - <strong>mars</strong>/<strong>avril</strong> <strong>2006</strong><br />

La Sierra Madre occidentale<br />

Un châte<strong>au</strong> d’e<strong>au</strong> menacé<br />

Éditeurs scientifiques : Luc Descroix, Juan<br />

Estrada, José Luis Gonzalez Barrios, David<br />

Viramontes, Éditions de l’<strong>IRD</strong>, collection<br />

latitudes 23, 328 pages, 42 €<br />

La Sierra Madre occidentale,<br />

châte<strong>au</strong><br />

d’e<strong>au</strong> pour tout le<br />

nord du Mexique,<br />

est un espace<br />

convoité. La relative<br />

abondance en<br />

e<strong>au</strong> y a entraîné le<br />

développement de<br />

pâturages et d’exploitationsforestières,<br />

provoquant<br />

une surexploitation<br />

des milieux et des ressources. La dégradation<br />

des sols liée <strong>au</strong> surpâturage et <strong>au</strong> déboisement<br />

conduit de fait inévitablement<br />

à celle de l’e<strong>au</strong> et menace <strong>au</strong>jourd’hui le<br />

potentiel de toute cette région. À travers<br />

des études de cas précises, cet ouvrage<br />

montre comment la gestion de l’e<strong>au</strong> est<br />

liée a celle de l’espace et nécessite la prise<br />

en compte des besoins de l’ensemble des<br />

usagers, du bûcheron <strong>au</strong> gardien de troupe<strong>au</strong>x.<br />

Cette gestion patrimoniale, qui<br />

permet de régler les nombreux conflits<br />

d’usage, forme un modèle de développement<br />

dont de nombreux pays de montagne<br />

pourraient s’inspirer.<br />

Le fleuve, le barrage et les poissons<br />

Le Sinnamary et le barrage<br />

de Petit-S<strong>au</strong>t en Guyane française<br />

Bernard de Mérona, Éditions de l’<strong>IRD</strong>,<br />

136 pages, 23 €<br />

Quatre années d’observation<br />

avant la<br />

construction du barrage<br />

hydroélectrique<br />

de Petit-S<strong>au</strong>t en<br />

Guyane, puis neuf<br />

années après ont permis<br />

<strong>au</strong>x chercheurs<br />

de l’<strong>IRD</strong> d’acquérir<br />

des données exh<strong>au</strong>stives<br />

concernant les<br />

conséquences de la<br />

construction d’un<br />

barrage sur les peuplements de poissons.<br />

Didactique et bien illustré, cet ouvrage de<br />

référence pour tout projet de barrage en<br />

milieu tropical est <strong>au</strong>ssi accessible à un<br />

large public.<br />

Biodiversité et savoirs naturalistes<br />

loc<strong>au</strong>x en France<br />

Sous la direction de L<strong>au</strong>rence Bérard,<br />

Marie Cegarra, Marcel Djama, Sélim<br />

Louafi, Philippe Marchenay, Bernard<br />

Roussel, François Verde<strong>au</strong>x, Édition :<br />

Cirad, Iddri, IFB, Inra, Cemagref, Ifremer,<br />

272 pages, 30 €<br />

Avec la Convention<br />

sur la diversité biologique,<br />

qui a porté les<br />

commun<strong>au</strong>tés <strong>au</strong>tochtones<br />

et locales<br />

sur le devant de la<br />

scène internationale,<br />

l’homme a retrouvé<br />

une place centrale<br />

dans les questions<br />

liées à l’environnement.<br />

Ses savoirs et<br />

savoir-faire liés à la<br />

nature, longtemps dépréciés, ont été réhabilités<br />

et sont devenus le centre d’actions<br />

de conservation et de valorisation de la<br />

biodiversité. Cet ouvrage présente des<br />

contributions originales sur l’expérience<br />

française, provenant de chercheurs de disciplines<br />

variées, de praticiens, d’hommes<br />

politiques. Ouvrant une réflexion collective,<br />

synthétique et critique, il s’adresse<br />

<strong>au</strong>x négociateurs, mais <strong>au</strong>ssi à tous ceux<br />

qui s’intéressent à l’<strong>au</strong>tochtonie et <strong>au</strong>x<br />

savoirs loc<strong>au</strong>x sur la nature. Avec l’objectif<br />

de nourrir les débats, notamment internation<strong>au</strong>x.<br />

États, ONG et production des normes<br />

sécuritaires dans les pays du <strong>Sud</strong><br />

Sous la direction de Niagalé Bagayoko-<br />

Penone et Bernard Hours, L’Harmattan,<br />

314 pages, 26,50 €<br />

La production des<br />

normes sécuritaires<br />

est un effet de la globalisation.<br />

Les États<br />

et les ONG se présentent<br />

comme des producteursparticulièrement<br />

visibles de<br />

normes sécuritaires<br />

pour la plupart formulées<br />

par des instances<br />

du Nord. Cet<br />

ouvrage se penche<br />

sur la production des normes sécuritaires<br />

considérées à travers les outils de la science<br />

politique et de la sociologie. Il envisage les<br />

normes sécuritaires du point de vue de la<br />

puissance étatique et multilatérale <strong>au</strong>ssi<br />

bien que sous l’angle des normes et valeurs<br />

sociales qui donnent sens à la sécurité entendue<br />

dans ses multiples dimensions sectorielles.<br />

Recherche intégrée sur la santé des populations à Niakhar<br />

Sous la direction de Jean-Philippe Chipp<strong>au</strong>x, Éditions de l’<strong>IRD</strong>, 32 pages, 15 €<br />

À 150 km de Dakar, 30 villages répartis sur<br />

200 km 2 constituent depuis 1962 la zone<br />

d’étude de Niakhar. Dans cette région rurale,<br />

des enquêtes démographiques et épidémiologiques<br />

sont conduites sans interruption depuis<br />

plus de quarante ans. L’informatisation des<br />

données collectées depuis 1983 à permis de<br />

constituer une importante base d’informations<br />

fonctionnelles. L’ouvrage en propose<br />

une synthèse abondamment illustrée et<br />

commentée. D’abord destiné <strong>au</strong>x populations<br />

locales qui se prêtent à ces<br />

études et <strong>au</strong>x <strong>au</strong>torités sénégalaises, cet<br />

ouvrage qui offre une image actualisée<br />

et raisonnée de l’évolution d’une<br />

commun<strong>au</strong>té rurale du Sahel africain<br />

s’adresse <strong>au</strong>ssi <strong>au</strong>x étudiants, chercheurs<br />

et praticiens du développement.<br />

Ils y trouveront une image actualisée et<br />

raisonnée de l’évolution d’une commun<strong>au</strong>té<br />

rurale du Sahel africain.<br />

Intégration à la ville et services<br />

urbains <strong>au</strong> Maroc<br />

Coordonné par Cl<strong>au</strong>de de Miras, INAU, <strong>IRD</strong>,<br />

478 pages<br />

Dans le contexte de<br />

métropolisation <strong>au</strong><br />

Maroc, les enjeux<br />

de gouvernance urbaine,<br />

de décentralisation<br />

municipale<br />

et de participation<br />

d’une société civile<br />

en formation, onze<br />

études sont proposées<br />

par des<br />

géographes, économistes,<br />

politistes et sociologues. À partir<br />

des périphéries socio-spatiales, des pratiques<br />

des habitants, des trajectoires d’acteurs<br />

et des compromis institutionnels qui<br />

s’y révèlent, les équipes de recherche<br />

franco-marocaines examinent méthodiquement<br />

les processus et les difficultés de<br />

I’intégration à la ville. Cet ouvrage collectif<br />

livre des regards croisés et une synthèse<br />

en interrogeant <strong>au</strong>tant les théories que<br />

les actions du développement urbain des<br />

grandes métropoles émergentes.<br />

La microfinance en Asie<br />

Entre traditions et innovations<br />

Isabelle Guérin, Kamala Marius-Gnanou,<br />

Thierry Pair<strong>au</strong>lt et Jean-Michel Servet, IFP,<br />

<strong>IRD</strong>, Karthala, 230 pages, 18 €<br />

L’Asie est un vaste<br />

laboratoire où les<br />

pratiques microfinancièrescontribuent<br />

activement à<br />

lutter contre I’exclusion<br />

des plus<br />

p<strong>au</strong>vres. Ce livre<br />

évalue des politiques<br />

et des expériences<br />

menées en Inde, <strong>au</strong><br />

Cambodge, <strong>au</strong> Laos,<br />

<strong>au</strong> Viêt-nam et en<br />

Chine. À la lecture<br />

de cet ouvrage, la microfinance en Asie apparaît<br />

comme une coproduction faite d’hybridations,<br />

de métissages et d’emprunts<br />

croisés où « traditions » et « innovations »<br />

s’enrichissent mutuellement. Les <strong>au</strong>teurs<br />

concluent en s’enquérant de leur avenir.<br />

Sans tomber dans le pessimisme, ils ne se<br />

laissent pas aveugler par I’optimisme ambiant<br />

sur les objectifs du millénaire pour la<br />

lutte contre la p<strong>au</strong>vreté et n’occultent pas<br />

les faiblesses avérées des institutions de<br />

microfinance.<br />

Movilidad, elementos esenciales y<br />

riesgos en el distrito metropolitano<br />

de Quito<br />

Florent Demoraes, Municipio des distrito<br />

metropolitano de Quito, IFEA, <strong>IRD</strong>, 228 pages<br />

Ce livre présente les<br />

résultats obtenus par<br />

le programme Système<br />

d’information<br />

et risques dans Ie<br />

DMQ conduit par la<br />

Direction métropolitaine<br />

du Territoire et<br />

du Logement de la<br />

municipalité de Quito et l’<strong>IRD</strong> pour prévenir<br />

de façon efficace les risques <strong>au</strong>xquels est<br />

exposée la capitale équatorienne compte<br />

tenu des problèmes de mobilité habituels<br />

ou exceptionnels. Le livre propose une base<br />

de réflexion utile <strong>au</strong>x gestionnaires, fournit<br />

des pistes pour la réduction des vulnérabilités<br />

et apporte des orientations pour la prévention<br />

des crises.<br />

Gouvernance urbaine et accès à l’e<strong>au</strong><br />

potable <strong>au</strong> Maroc<br />

Partenariat Public-Privé à Casablanca<br />

et Tanger-Tétouan<br />

Cl<strong>au</strong>de de Miras et Julien Le Tallier,<br />

L’Harmattan, ISTED, LPED, 276 pages,<br />

22,50 €<br />

Premiers éléments<br />

d’un bilan de l’expérimentation<br />

de partenariat<br />

public-privé<br />

dans le domaine de<br />

l’accès à l’e<strong>au</strong> potable<br />

<strong>au</strong> Maroc ;<br />

une analyse méticuleuse<br />

qui présente<br />

une somme<br />

de connaissances et<br />

les met en perspective<br />

dans un cadre<br />

théorique qui permet<br />

<strong>au</strong>x <strong>au</strong>teurs de proposer une analyse<br />

interprétative des mécanismes observés.<br />

Autrepart n° 36<br />

Migrations entre les deux rives<br />

du Sahara<br />

Armand Colin, Éditions de l’<strong>IRD</strong>, 200 pages,<br />

19 €<br />

Anthropologues,<br />

géographes, sociologues<br />

exposent ici<br />

des études de cas qui<br />

portraiturent la nouvelle<br />

donne migratoire<br />

de l’Afrique<br />

subsaharienne vers<br />

l’Afrique du Nord.<br />

Une migration qui<br />

s’intensifie, qui transforme<br />

les lieux de<br />

transit entre Sahel et<br />

Méditerranée, et qui touche une grande<br />

diversité de migrants.<br />

Los peligros volcánicos asociados<br />

con el Cotopaxi<br />

Daniel Andrade, Minard Hall, Patricia<br />

Mothes, Liliana Troncoso, Jean-Philippe<br />

Eissen, Pablo Samaniego, Jose Egred,<br />

Patricio Ramon, David Rivero, Hugo Yepes,<br />

Corporación editora nacional, IG-EPN,<br />

<strong>IRD</strong>,148 pages 10 €<br />

Troisième volume de<br />

la collection consacrée<br />

<strong>au</strong>x aléas volcaniques<br />

en Équateur,<br />

cet ouvrage très clair,<br />

largement illustré,<br />

évoque l’histoire géologique<br />

du Cotopaxi,<br />

les types de phénomènes<br />

volcaniques<br />

qui l’animent, la surveillance<br />

dont il fait<br />

l’objet, son activité actuelle et les scénarios<br />

possibles d’une future éruption.<br />

Carnet de route<br />

Réaliser un projet de culture<br />

scientifique et technique<br />

<strong>IRD</strong>, DGCID, 63 pages<br />

Plein d’idées et<br />

de conseils, ce<br />

guide pratique,<br />

réalisé dans le<br />

cadre du projet<br />

de promotion<br />

de la culture<br />

scientifique et technique en zone de solidarité<br />

prioritaire du ministère des Affaires<br />

étrangères, est disponible sur le site :<br />

www.latitudesciences.ird.fr<br />

Anthropologie et histoire face <strong>au</strong>x légitimations politiques<br />

Le journal des anthropologues, n° 104-105, Association française des anthropologues,<br />

455 pages, 21,50 €<br />

À l’heure où, en France, le débat sur la réhabilitation de la colonisation<br />

dans l’enseignement de l’histoire est à peine clos, ce numéro<br />

du Journal des anthropologues présente un dossier coordonné<br />

par Marie-Pierre Ballarin et Monique Sélim de l’<strong>IRD</strong> et Alain Forest<br />

du Sedet (CNRS, université Paris7), qui invite à une réflexion sur les<br />

disciplines de l’anthropologie et de l’histoire confrontées à l’instrumentalisation<br />

politique.<br />

« Le déf<strong>au</strong>t de discours de représentations, d’instances et de structures<br />

légitimatrices qui soient reconnues par l’ensemble d’une société<br />

se traduit par une véritable surproduction de tentatives de légitimation.<br />

» Ce dossier rassemble une quinzaine d’exemples de cette quête<br />

de légitimation, recueillis sur tous les continents, <strong>au</strong> Nord et <strong>au</strong> <strong>Sud</strong>.


C o n t r a t d ’ o b j e c t i f s<br />

Mobiliser le potentiel scientifique français<br />

Le contrat d’objectifs entre l’État et l’<strong>IRD</strong> pour la période<br />

<strong>2006</strong>-2009 confère à l’Institut un cadre ambitieux<br />

pour stimuler la recherche française pour le développement.<br />

Si pour répondre <strong>au</strong>x questions<br />

scientifiques soulevées par le<br />

développement des pays du<br />

<strong>Sud</strong>, la France dispose d’institutions<br />

spécialisées fortes d’un large rése<strong>au</strong><br />

d’implantations à travers le monde<br />

(notamment le Cirad et l’<strong>IRD</strong>), elle doit<br />

néanmoins, pour faire face à cette<br />

priorité majeure, amplifier son effort et<br />

mobiliser l’ensemble de son potentiel<br />

scientifique dans les universités et<br />

organismes de recherche. Telle est<br />

l’ambition qui guide le nouve<strong>au</strong><br />

contrat d’objectifs en cours entre l’État<br />

et l’<strong>IRD</strong> pour les années <strong>2006</strong> à 2009.<br />

En effet, tout en restant un opérateur<br />

de recherche et en s’appuyant sur son<br />

expérience, ses partenaires et ses<br />

implantations, l’<strong>IRD</strong> se dote d’une fonction<br />

d’agence d’objectifs, de programmation<br />

et de moyens <strong>au</strong> service du<br />

développement. Ainsi, l’Institut, force<br />

de proposition et de conseil, sera à<br />

même, sur les grandes questions prioritaires<br />

pour le développement des pays<br />

du <strong>Sud</strong>, de mobiliser des moyens bien<br />

supérieurs à ses seules capacités, avec<br />

le dessein de répondre à la demande<br />

des pays partenaires et de leur permettre<br />

de se doter des ressources<br />

humaines pour poursuivre par euxmêmes<br />

le processus. L’État pour sa part<br />

s’engage à doter l’<strong>IRD</strong> des moyens<br />

humains et budgétaires nécessaires à<br />

cette ambition.<br />

La rédaction a abouti à un document<br />

dense dans lequel le portrait de l’<strong>IRD</strong><br />

pour les prochaines années est brossé<br />

en une vingtaine de pages. Dans sa<br />

première partie, le contrat d’objectifs<br />

identifie des priorités de politique<br />

scientifique et géographique définies<br />

par rapport à des enjeux majeurs et<br />

répondant <strong>au</strong>x grandes orientations de<br />

la politique française d’aide <strong>au</strong> développement.<br />

Les défis scientifiques afférents<br />

sont déclinés en six grandes priorités<br />

: politiques publiques de lutte<br />

contre la p<strong>au</strong>vreté et pour le développement<br />

; migrations internationales ;<br />

maladies infectieuses émergentes ;<br />

changement climatique et aléas naturels<br />

; ressources en e<strong>au</strong> et accès à<br />

l’e<strong>au</strong> ; écosystèmes et ressources naturelles.<br />

Il s’agit là de priorités de la<br />

recherche pour le développement, et<br />

non seulement de l’<strong>IRD</strong>. Ainsi certains<br />

thèmes, comme l’énergie, s’ils ne sont<br />

guère étudiés par les chercheurs de<br />

l’<strong>IRD</strong> n’en sont pas moins essentiels<br />

pour le développement. Actuellement,<br />

environ 45 % des chercheurs de l’<strong>IRD</strong><br />

sont impliqués dans ces priorités.<br />

« L’ambition n’est pas que la totalité<br />

des chercheurs se consacrent à ces<br />

priorités, précise Jean-François Girard,<br />

président de l’<strong>IRD</strong>, il f<strong>au</strong>dra néanmoins<br />

qu’<strong>au</strong> cours des quatre prochaines<br />

années cette proportion <strong>au</strong>gmente. »<br />

En termes géographiques, la stratégie<br />

de l’Institut reposera sur les priorités et<br />

une photo, une recherche<br />

Le 7 février dernier, le président et le directeur général de l'<strong>IRD</strong> ont in<strong>au</strong>guré, à Cayenne, la station<br />

de surveillance de l’environnement assistée par satellite SEAS Guyane. Chantal Berthelot,<br />

première vice-présidente de la Région Guyane, a ouvert la cérémonie en in<strong>au</strong>gurant l’antenne<br />

de réception, située sur le site du CNES à Montabo, en présence des partenaires publics et privés et<br />

de nombreux invités étrangers.<br />

Unique en Europe et en Amérique du <strong>Sud</strong>, la station de réception à h<strong>au</strong>te résolution 1 , qui exploitera<br />

les données issues des satellites européens Spot et Envisat, arrive à point nommé pour répondre <strong>au</strong><br />

besoin croissant de surveillance de l’environnement lié à l’évolution rapide du territoire (pression foncière,<br />

orpaillage, déforestation...) du littoral (envasement, érosion...). En mer, le contrôle des unités de<br />

pêche nécessite <strong>au</strong>ssi un suivi accru.<br />

Antenne SEAS<br />

Radar<br />

dynamiques suivantes : Afrique et<br />

Méditerranée, Europe de la recherche,<br />

dynamique régionale et partenariat<br />

<strong>Sud</strong>-<strong>Sud</strong>. L’<strong>IRD</strong> procédera notamment à<br />

une ouverture nationale et internationale<br />

de ses centres, en commençant<br />

par celui de Dakar. Les cinq centres de<br />

l’Institut dans l’outre-mer tropical français,<br />

quant à eux, joueront un rôle prépondérant<br />

dans la participation de<br />

l’Institut à la construction de l’Europe<br />

de la recherche. Ils seront également<br />

importants, avec les représentations<br />

dans les pays émergents, pour l’établissement<br />

de partenariats <strong>Sud</strong>-<strong>Sud</strong>, à<br />

l’image des missions franco-brésiliennes<br />

dans les pays d’Afrique lusophone<br />

(voir n° 32, novembredécembre<br />

2005).<br />

La seconde partie du contrat propose<br />

une vision opérationnelle de l’évolution<br />

de l’<strong>IRD</strong> <strong>au</strong>tour d’une dizaine d’objectifs<br />

assortis d’indicateurs qui permettront<br />

un suivi régulier (annuel) de l’exécution<br />

du contrat. Les objectifs sont déclinés<br />

selon trois dimensions : la fonction<br />

d’agence, l’activité scientifique et l’or-<br />

Les bases de données qui seront constituées permettront de disposer d’un véritable observatoire de l’environnement<br />

amazonien pour la gestion des ressources, l’aménagement et la surveillance du territoire.<br />

Les données satellite acquises et traitées à partir de la station de Guyane seront gracieusement mises<br />

à disposition des collectivités et des services de l’État, pour des missions de service public en Guyane,<br />

et de la commun<strong>au</strong>té scientifique. ●<br />

1. Voir n° 30,<br />

mai/juillet 2005, page 13.<br />

Contact<br />

Frédéric Huynh – US140 Espace<br />

huynh@ird.fr<br />

ganisation et la gestion. Les indicateurs<br />

se rapportent par exemple <strong>au</strong> nombre<br />

de projets européens ou internation<strong>au</strong>x<br />

coordonnés ou gérés par l’<strong>IRD</strong>, <strong>au</strong><br />

nombre de chercheurs en accueil, <strong>au</strong><br />

nombre de projets région<strong>au</strong>x <strong>au</strong> <strong>Sud</strong>,<br />

<strong>au</strong> nombre de publications, de brevets,<br />

etc. Le contrat est enfin complété par<br />

une annexe décrivant la correspondance<br />

des priorités qu’il affiche avec les<br />

thèmes retenus par ailleurs dans le<br />

nouve<strong>au</strong> cadre budgétaire et comptable.<br />

Loin d’être une fin, note la direction de<br />

l’<strong>IRD</strong>, ce contrat est un point de départ<br />

qui ouvre des portes pour la finalisation<br />

du schéma stratégique en cours d’élaboration<br />

et qui doit être rendu public à<br />

l’<strong>au</strong>tomne <strong>2006</strong>. Pour les représentants<br />

des tutelles <strong>au</strong> conseil d’administration<br />

de l’<strong>IRD</strong>, ce contrat, innovant dans sa<br />

forme, prend place, sur le fond, dans<br />

un ensemble d’une grande cohérence<br />

entre les missions dévolues à l’Agence<br />

française de développement et la<br />

réforme du dispositif français de<br />

coopération internationale. ●<br />

WEB www.espace.ird.fr<br />

<strong>Sciences</strong> <strong>au</strong> <strong>Sud</strong> - Le journal de l’<strong>IRD</strong> - n° 34 - <strong>mars</strong>/<strong>avril</strong> <strong>2006</strong><br />

Planète <strong>IRD</strong><br />

15<br />

Cayenne, le 7 décembre 2005,<br />

première image obtenue à partir<br />

des données reçues par l'antenne SEAS<br />

Guyane en provenance du satellite Spot 5.<br />

Au centre du zoom on peut voir l’antenne<br />

elle-même à côté du radar du CNES.


© <strong>IRD</strong>/A. Lericollais<br />

Sereer dans l’âme et dans le<br />

sang, tout <strong>au</strong> long de sa vie, ce<br />

petit homme n’a cessé d’incarner<br />

à sa façon, modestement, le destin<br />

d’un pays, le Sénégal, ses mythes, ses<br />

espoirs et ses échecs. Son parcours professionnel<br />

symbolise l’évolution des<br />

campagnes du Sénégal. Entre 1964 et<br />

1967, Joseph Diatte commence son travail<br />

d’enquêteur et de médiateur. Dans<br />

les concessions et terroirs de la région<br />

de Fatick, à Sob notamment (dans le<br />

centre-ouest du pays), il participe à la<br />

compréhension d’un modèle agropastoral<br />

dont il est issu, celui de la<br />

société paysanne sereer présente <strong>au</strong><br />

cœur du Sine, entre Niakhar, Toucar et<br />

Diohine. Entre 1968 et 1971, Joseph<br />

Diatte poursuit son travail avec des<br />

chercheurs du CNRA 1 de Bambey :<br />

ensemble, ils perçoivent déjà les limites<br />

du système arachidier, à la fois faiblement<br />

rémunérateur pour les paysans et<br />

destructeur pour l’environnement.<br />

sommet du Millénaire des Nations unies<br />

a fait de l’éradication de la faim son premier<br />

objectif de développement, reprenant<br />

le principal but du sommet mondial<br />

de l’alimentation de 1996 qui était<br />

de réduire de moitié le nombre de sousalimentés<br />

d’ici 2015. Cependant, retenant<br />

les leçons du prix Nobel 1998<br />

d’économie, Amartya Sen, l’accent a été<br />

mis moins sur le manque de nourriture<br />

que sur la p<strong>au</strong>vreté et le manque de travail,<br />

donc sur les questions d’accès à<br />

l’alimentation. Augmenter les aliments<br />

disponibles, <strong>au</strong>ssi nécessaire que soit<br />

cette condition, ne suffira pas. Il f<strong>au</strong>t en<br />

effet que les consommateurs disposent<br />

de moyens pour les acquérir et que<br />

cette nourriture soit bien là quand on a<br />

besoin d’elle. Mais <strong>au</strong>-delà, le système<br />

alimentaire mondial est à un carrefour.<br />

Dans un contexte de mondialisation et<br />

d’urbanisation, il est confronté à des<br />

changements majeurs qui se produisent<br />

à un rythme et à une échelle sans précédents<br />

: remise en c<strong>au</strong>se de la priorité<br />

accordée <strong>au</strong>x cultures vivrières destinée<br />

à la production locale et donc des agricultures<br />

paysannes, industrialisation de<br />

l’alimentation avec des chaînes alimentaires<br />

de plus en plus longues et<br />

<strong>Sciences</strong> <strong>au</strong> <strong>Sud</strong> - Le journal de l’<strong>IRD</strong> - n° 34 - <strong>mars</strong>/<strong>avril</strong> <strong>2006</strong><br />

Témoignage<br />

J o s e p h D i a t t e<br />

Parcours d’un homme<br />

destin d’un pays<br />

par Adama FAYE (ISRA Sénégal), André LERICOLLAIS (<strong>IRD</strong>), Jérôme LOMBARD (<strong>IRD</strong> France)<br />

et Olivier NINOT (Université de Lille – France)<br />

Ce témoignage qui évoque, à travers le parcours d’un homme,<br />

l’évolution rurale du Sénégal <strong>au</strong> cours des 50 dernières années<br />

est une version très réduite d’un texte plus complet, publié<br />

parallèlement sur le site Internet de l’<strong>IRD</strong>.<br />

Au début des années 1970, le déclin du<br />

vieux pays sereer est tempéré par le<br />

développement des nouvelles terres<br />

agricoles du Sénégal oriental. En 1972,<br />

Joseph Diatte est sollicité pour recruter<br />

et accompagner, dans leur migration<br />

volontaire vers l’est, les paysans du Sine<br />

et d’ailleurs. Avec des chercheurs de<br />

l’Orstom 2 , il travaille à l’analyse de cette<br />

colonisation agricole. Devenu agent de<br />

la STN 3 , il écoute, conseille, concilie. Il<br />

voit ainsi le modèle qui sous-tend le<br />

pays depuis une centaine d’années se<br />

reproduire dans d’<strong>au</strong>tres contrées et<br />

tente de redonner espoir <strong>au</strong> Sénégal.<br />

Avec la décennie 1980, une <strong>au</strong>tre ère<br />

s’ouvre. Joseph Diatte est muté à<br />

Mboro, <strong>au</strong> bord de l’Atlantique, où il<br />

accompagne le développement des basfonds<br />

(Niayes) et de l’agriculture maraîchère.<br />

Ce changement professionnel est<br />

complexes, concentration des entreprises<br />

de l’agroalimentaire, libéralisation<br />

du commerce et globalisation des marchés,<br />

émergence des supermarchés<br />

dans le monde en développement,<br />

modifications des modes de vie et des<br />

goûts, etc. Enfin, les modes de production<br />

et de consommation dominants<br />

posent avec acuité la question du respect<br />

d’objectifs environnement<strong>au</strong>x tels<br />

que la durabilité et la préservation de la<br />

biodiversité dans les systèmes alimentaires.<br />

La multiplicité des problèmes alimentaires<br />

et nutritionnels, la diversité<br />

des situations et la complexité des<br />

c<strong>au</strong>ses montrent bien que ces questions<br />

ne peuvent pas être résolues en se<br />

contentant de produire plus d’aliments,<br />

même s’il reste indispensable, à long<br />

terme, d’accroître la production dans les<br />

pays p<strong>au</strong>vres. Aujourd’hui la question<br />

n’est plus seulement celle de la sécurité<br />

alimentaire, mais celle de la mise en<br />

œuvre de politiques alimentaires et<br />

nutritionnelles.<br />

Quels sont les blocages à cette mise<br />

en œuvre ?<br />

Face à cette complexité, la modestie<br />

scientifique est plus que jamais néces-<br />

ambigu. Il traduit la nouvelle<br />

stratégie moderniste du<br />

pays, orientée vers le développement<br />

d’une agriculture<br />

destinée à la ville et à l’exportation.<br />

Mais il signifie <strong>au</strong>ssi,<br />

avec la disparition de la STN en<br />

1984, que le Sénégal tourne<br />

le dos <strong>au</strong>x sociétés nationales<br />

de développement rural.<br />

Désormais, chaque paysan devient producteur<br />

: à lui de se débrouiller avec la<br />

nouvelle politique agricole et la concurrence<br />

internationale.<br />

Mais Joseph Diatte croit en son pays.<br />

En 1985, il renaît chez lui en devenant<br />

enquêteur principal dans un programme<br />

de recherche Isra 4 -Orstom,<br />

avec pour objectif de décrire et d’analyser<br />

l’évolution des systèmes de production<br />

agro-pastor<strong>au</strong>x du Sine. Vingt<br />

ans après, il reprend le fil de la société<br />

sereer là où il l’avait laissé, il traverse les<br />

villages, arpente les parcelles, défait et<br />

refait les comptes lignagers lors des<br />

funérailles des anciens. Mais tout a<br />

changé : il ne parcourt plus les chemins<br />

E n t r e t i e n a v e c F r a n c i s D e l p e u c h<br />

Pas de solution miracle pour nourrir la planète<br />

(Suite de la page 1)<br />

© <strong>IRD</strong>/V. Del<strong>au</strong>nay<br />

saire. Mais on peut évoquer un premier<br />

écueil. Il f<strong>au</strong>t faire en sorte que les politiques<br />

soient en phase avec les changements<br />

en cours qui modifient la façon<br />

dont les aliments sont produits, transformés,<br />

commercialisés et consommés.<br />

Les systèmes alimentaires font de plus<br />

en plus appel <strong>au</strong>x procédés industriels,<br />

les populations se concentrent dans les<br />

villes, <strong>au</strong> Nord comme <strong>au</strong> <strong>Sud</strong>, et les<br />

marchés alimentaires se mondialisent.<br />

Ces changements semblent insuffisamment<br />

pris en compte par les institutions<br />

et les politiques de développement. Par<br />

exemple, la transition alimentaire et la<br />

montée associée des maladies chroniques<br />

liées à l’alimentation n’ont pas<br />

été considérées dans les objectifs de<br />

développement du Millénaire. La prise<br />

de conscience des nouve<strong>au</strong>x enjeux<br />

progresse mais reste faible chez de<br />

nombreux acteurs politiques et économiques<br />

car ces enjeux sont dilués dans<br />

des réformes économiques plus globales.<br />

Ces politiques doivent <strong>au</strong>ssi s'appuyer<br />

sur des éléments scientifiques, ce<br />

qui n’a été que très rarement le cas. Se<br />

contentant de rechercher la quantité,<br />

peu d’entre elles, dans les pays industrialisés<br />

ou dans les pays en développe-<br />

© <strong>IRD</strong>/V. Del<strong>au</strong>nay<br />

de divagation du bétail (ped) qui<br />

ont disparu sous le poids de la<br />

pression agraire ; il enquête<br />

à Gassane, car les troupe<strong>au</strong>x<br />

de bovins se nourrissent<br />

et s’abreuvent désormais<br />

là, à près de deux<br />

cents kilomètres de leurs<br />

propriétaires ; il est présent<br />

chaque lundi <strong>au</strong> marché<br />

de Niakhar, chaque mercredi<br />

à celui de Toucar et chaque<br />

samedi à celui de Patar. La ville est en<br />

campagne, l’argent est partout, l’arachide<br />

est moribonde, mais les Sereer<br />

bougent, vendent, achètent : le Sine<br />

est encore sereer mais en mouvement,<br />

traversé de multiples influences,<br />

défis, migrations, véhicules,<br />

« horaires » 5 .<br />

En 1989, Joseph Diatte entre à l’Orstom<br />

comme salarié et responsable d’enquêtes<br />

démographiques et médicales.<br />

À nouve<strong>au</strong>, dans le triangle Niakhar-<br />

Toucar-Diohine, il recommence en<br />

mobylette à interroger les gens, les<br />

femmes et les hommes, les jeunes et les<br />

vieux, les malades et les migrants. Il<br />

poursuit sa tâche jusqu’à sa retraite, en<br />

décembre 2000. Et là, comme tous les<br />

Sénégalais, avec ténacité, il cherche la<br />

dépense quotidienne nécessaire à la vie<br />

de la concession. Il reprend l’agriculture,<br />

il a quelques contrats avec un<br />

ou deux chercheurs, il espère ouvrir un<br />

commerce de boissons. Mais il est fatigué,<br />

Joseph. Malgré l’arrivée de l’électricité<br />

à Niakhar, la migration incessante<br />

à Dakar de ses jeunes filles et jeunes<br />

hommes, les camions qui passent sur la<br />

piste de Fatick, l’économie sereer est en<br />

panne structurelle, sans avenir, sans<br />

projet.<br />

En 2004, Joseph Diatte refait le chemin<br />

du passé. Avec des chercheurs, il se<br />

déplace pour la dernière fois <strong>au</strong>x terres<br />

neuves, là même où, pour le Sénégal, il<br />

a œuvré à un avenir meilleur. En arrivant<br />

dans « sa » zone, il voit combien<br />

elle est en crise, combien le modèle de<br />

ment, ont inclus des objectifs<br />

de santé ou d’environnement.<br />

Enfin, une question peu abordée<br />

est celle de l’intégration<br />

des différentes politiques<br />

publiques sectorielles, largement<br />

fragmentées lorsqu’elles<br />

existent. La recherche<br />

d’une cohérence entre politiques<br />

publiques est essentielle,<br />

mais elle est confrontée<br />

à des intérêts contradictoires.<br />

Intégrer des objectifs de santé<br />

et d’environnement dans les<br />

modes de production et de<br />

consommation oblige à repenser<br />

les fondements théoriques<br />

et pratiques des politiques<br />

et programmes<br />

alimentaires. Cette intégration <strong>au</strong>ra<br />

inévitablement à affronter de multiples<br />

résistances. Des éb<strong>au</strong>ches de nouve<strong>au</strong>x<br />

modèles existent d’ores et déjà comme<br />

celui de la région européenne de<br />

l’Organisation mondiale de la santé, qui<br />

repose sur trois piliers: sécurité sanitaire<br />

des aliments, approvisionnement alimentaire<br />

durable, nutrition. Ce modèle<br />

est admis par les décideurs qui élaborent<br />

dès à présent des plans nation<strong>au</strong>x.<br />

Il reste à convaincre les <strong>au</strong>tres acteurs :<br />

économistes, agriculteurs, industriels de<br />

l’agroalimentaire, distributeurs,<br />

consommateurs, etc. Ces initiatives peuvent-elles<br />

influencer, voire inverser, les<br />

dynamiques en cours ? En insistant sur<br />

© <strong>IRD</strong>/M. Dukhan<br />

l’arachide, là <strong>au</strong>ssi, a vécu, combien les<br />

charbonniers ont défiguré les forêts,<br />

combien les pistes, symboles du projet<br />

passé, sont défoncées. Le pays de l’espoir<br />

est maintenant sur la route du<br />

Mali, à Tambacounda, la capitale régionale<br />

où les jeunes tentent de trouver<br />

raison de vivre.<br />

Interprète et informateur insatiable,<br />

acteur d’un savoir en évolution, chercheur<br />

de vérités, intercesseur du jour et<br />

de la nuit, cet habile médiateur, qui évitait<br />

<strong>au</strong>x uns de se fourvoyer, tout en<br />

expliquant patiemment <strong>au</strong>x <strong>au</strong>tres les<br />

raisons de sa présence, est passé à son<br />

tour de l’<strong>au</strong>tre côté. Depuis le 20 novembre<br />

2005, Joseph Diatte n’est plus.<br />

Il est décédé à Kaolack et enterré à<br />

Niakhar. ●<br />

1. Centre national de recherches agronomiques<br />

<strong>au</strong> Sénégal.<br />

2. Office de la recherche scientifique et technique<br />

outre-mer, devenu <strong>IRD</strong> en 1998.<br />

3. Société des terres neuves.<br />

4. Institut sénégalais de recherche agricole.<br />

5. Ces minibus qui, le matin à heure fixe, partent<br />

des villages pour Dakar.<br />

Que la terre du Sine lui soit légère.<br />

L’article complet sur internet www.ird.fr,<br />

rubrique actualités, n° 34<br />

le fait que de multiples changements<br />

doivent encore intervenir si l’on ne veut<br />

pas que ces nouvelles politiques restent<br />

de l’ordre du discours, l’exposition se<br />

termine sur cette question : « Peut-on se<br />

permettre de rester inactif ? ». ●<br />

1. Réalisée par l'Association pour la diffusion<br />

de la pensée française, l'exposition peut être<br />

consultée et commandée sur le site<br />

www.adpf.asso.fr, rubrique adpf publications.<br />

Contact<br />

Photo de fond © <strong>IRD</strong>/A. Lericollais<br />

Francis Delpeuch,<br />

Francis.Delpeuch@mpl.ird.fr<br />

© <strong>IRD</strong>/J. Lombard<br />

© <strong>IRD</strong>/V. Del<strong>au</strong>nay

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