La suffixation en - Laboratoire de Linguistique Formelle - CNRS

Suffixation en -ette
sigles (PDGette) ou les emprunts (beurette, scoopinet). Les mesures de
productivité en corpus proposées par Baayen indiquent que plusieurs des
patrons servant à construire des lexèmes en -ET sont productifs (Fradin,
Hathout & Meunier 2003) parce qu’ils produisent des types nouveaux 7 .
Dans le même temps, un nombre considérable de suffixés en -ET sont
opaques et ne se rattachent à aucun patron de construction de lexème
actuellement disponible (voir §4). Cette situation contraste avec celle
qu’offrent la plupart des procédés morphologiques productifs (e.g. la
suffixation en -able, -esque ou -ier), pour lesquelles les formes opaques sont
résiduelles. La question de la productivité de -ET étant abordée en détail
dans l’article précédemment cité, il n’en sera pas question ici.
1.2.6. Un ou deux suffixes
Il n’est pas indifférent d’affixer -et ou -ette, comme le montre l’absence des
formes (2) qui sont les formes attendues par défaut si l’on suppose que le
genre du dérivé est identique à celui du lexème-base.
(2) Baladur, Chalandon *baladuret, *chalandonnet,
opéra, talon *opéret, *talonnet
castor, chinchilla, vison *castoret, *chinchillet, *visonnet
Le fait qu’il existe des doublets de sens différent, comme boulet / boulette,
claquet / claquette, piquet / piquette, tiret / tirette, doublet / doublette milite
pour dire que ces deux marques ne sont pas des variantes qui se
différencient uniquement par le genre. Heuristiquement, il paraît sage de
supposer qu’on a un seul procédé de suffixation pour ce qui regarde la
sémantique mais de décompter -et et -ette comme deux suffixes différents
pour ce qui regarde la forme. C’est le seul moyen de voir comment ces
formes se répartissent vis-à-vis de l’ensemble des significations attestées 8 .
Cet article ne cherchera pas à établir ce qui règle la répartition de ces deux
formes.
2. Cadre théorique et descriptif
Le cadre adopté ici est celui d’une morphologie lexématique, qui reconnaît
comme signe minimal le lexème et non le morphème 9 . Un lexème est une
unité multistratale qui conjoint plusieurs plans de l’analyse linguistique ;
minimalement une strate phonologique, une strate sémantique et des
informations concernant le (Mel'cˆ
syntactique uk 1993), c’est à dire la
fil. Pour débarrasser la table de ses miettes, ce mini-aspirateur intègre ses accessoires dans
son socle. » ELLE à table, 7, avril 2000, p 127. ◊ « En occupant votre place, le conducteur
de la Clio ébranle aussi votre statut social et professionnel (cadrette = place de parking
perso) » BIBA #261 Déc. 2001 p 87.
7
Un patron de dérivation est une correspondance réglée entre un lexème-base et un lexèmedérivé
(e.g. le patron qui construit les noms d’agent en -EUR). Les objets construits par le
patron sont des types (de lexèmes) e.g. brasseur, tanneur, couvreur, monteur, barreur.
8
Du point de vue de la productivité, (Fradin, Hathout & Meunier 2003) montre que -ette est
plus productif quantitativement que -et.
9
En fait, certaines des hypothèses discutées sont compatibles avec une approche
morphématique, mais on verra justement qu’elles ne peuvent être maintenues (cf. §3).
26/06/2003 5