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La suffixation en - Laboratoire de Linguistique Formelle - CNRS

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Suffixation <strong>en</strong> -ette<br />

associée aux artefacts fonctionnels. Montagnette n’a que l’interprétation R1<br />

et merlette celle <strong>de</strong> R3 car seule la RML correspondante opère. Bleuet n’a<br />

que l’interprétation L3, et baguette, carrelette, calculette que l’interprétation<br />

L1g parce que leur sémantique est construite uniquem<strong>en</strong>t par CML. Mais à<br />

la différ<strong>en</strong>ce <strong>de</strong>s autres items <strong>de</strong> la série, baguette n’est pas construit<br />

(emprunt à l’itali<strong>en</strong>). Il <strong>en</strong> va <strong>de</strong> même d’alouette, qui parvi<strong>en</strong>t tout <strong>de</strong><br />

même à avoir l’interprétation R1 par généralisation, <strong>en</strong> sus <strong>de</strong><br />

l’interprétation L3. Du point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong> la forme, la relation <strong>en</strong>tre la base et<br />

le dérivé est assurée soit par une RML (dérivation classique), soit par une<br />

ILG, les <strong>de</strong>ux mécanismes s’excluant l’un l’autre. Les formes non<br />

construites ne connaiss<strong>en</strong>t évi<strong>de</strong>mm<strong>en</strong>t aucune <strong>de</strong> ces possibilités, ce qui ne<br />

les empêche pas d’avoir un effet interprétatif lié à la prés<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> -ET.<br />

Les principaux points qui fond<strong>en</strong>t ce traitem<strong>en</strong>t sont les suivants :<br />

1. <strong>La</strong> <strong>suffixation</strong> <strong>en</strong> -ET du français est organisée autour <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux pôles, un<br />

pôle Référ<strong>en</strong>t et un pôle Locuteur.<br />

2. Les li<strong>en</strong>s sémantiques <strong>en</strong>tre ces pôles et <strong>en</strong>tre les types qu’ils mett<strong>en</strong>t <strong>en</strong><br />

jeu sont du ressort <strong>de</strong> Modèles Cognitifs Idéalisés.<br />

3. Seuls les dérivés relevant du pôle Référ<strong>en</strong>t sont construits au moy<strong>en</strong><br />

d’une Règle Morphologique Lexicale classique, qui associe <strong>de</strong> manière<br />

étroite construction <strong>de</strong> la forme et opération sémantique. Pour les dérivés du<br />

pôle Locuteur, <strong>en</strong> revanche, la mise <strong>en</strong> relation du lexème-base et du<br />

lexème-dérivé est découplée <strong>de</strong> l’apport sémantique propre au suffixe. Le<br />

cont<strong>en</strong>u <strong>de</strong> cet apport dép<strong>en</strong>d du type sémantique du référ<strong>en</strong>t du N dérivé.<br />

<strong>La</strong> relation formelle et sémantique, <strong>en</strong> revanche, met <strong>en</strong> jeu <strong>de</strong>s mécanismes<br />

généraux qu’on retrouve à l’œuvre dans les procédés <strong>de</strong> composition<br />

morphologique.<br />

4. Concernant le pôle Locuteur, cette analyse conduit à supposer que la<br />

<strong>suffixation</strong> <strong>en</strong> -ET n’opère pas sur le cont<strong>en</strong>u sémantique <strong>de</strong> la base pour<br />

construire conceptuellem<strong>en</strong>t une nouvelle signification, comme cela se<br />

passe dans la dérivation ordinaire (CHER > CHERTÉ, LOCAL > LOCALISER ><br />

DÉLOCALISER > DÉLOCALISATION, etc.), mais se borne à mettre <strong>en</strong> avant une<br />

caractéristique du référ<strong>en</strong>t du dérivé. Il n’y a pas élaboration d’un concept<br />

mais création d’une dénomination.<br />

5. Le traitem<strong>en</strong>t proposé r<strong>en</strong>d compte <strong>de</strong>s propriétés <strong>de</strong> la <strong>suffixation</strong> <strong>en</strong> -ET<br />

d’une manière plus satisfaisante que les précéd<strong>en</strong>ts, même si beaucoup <strong>de</strong><br />

questions rest<strong>en</strong>t à régler. Il <strong>de</strong>man<strong>de</strong> qu’on adopte un modèle hiérarchique<br />

du lexique. Il ne fait pas usage <strong>de</strong> la notion <strong>de</strong> morphème. Celle-ci serait<br />

même un obstacle pour tous les faits relevant du pôle Locuteur.<br />

Remerciem<strong>en</strong>ts<br />

Une gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong>s données et pas mal <strong>de</strong>s idées prés<strong>en</strong>tées dans cet<br />

article ont été discutées avec Nabil Hathout et Fanny Meunier au cours du<br />

travail <strong>en</strong> commun que nous avons m<strong>en</strong>é sur -ET. Une première version <strong>de</strong><br />

ce texte a bénéficié <strong>de</strong>s remarques et comm<strong>en</strong>taires <strong>de</strong> Georgette Dal,<br />

Françoise Kerleroux, Yannick Mathieu et Marc Plénat.<br />

Bibliographie<br />

Aliquot-Su<strong>en</strong>gas Sophie. 1997. "Les suffixes -a<strong>de</strong> et -é(e): une histoire <strong>de</strong> famille". In Mot<br />

et grammaires, Fradin B. & J.-M. Marandin (eds). 49-87. Paris: Didier Erudition.<br />

26/06/2003 31

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