La suffixation en - Laboratoire de Linguistique Formelle - CNRS
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Suffixation <strong>en</strong> -ette<br />
Je terminerai par trois exemples où la relation s’établit au moy<strong>en</strong> <strong>de</strong><br />
verbes. Le premier est celui d’épaulette (même chose avec cuissette ou<br />
talonnette). Je supposerai que les parties <strong>de</strong> vêtem<strong>en</strong>t sont associées par<br />
défaut à la partie du corps avec laquelle elles sont <strong>en</strong> contact. Cette<br />
information est représ<strong>en</strong>tée sous (22). Quant à l’information apportée par le<br />
épaule, elle figure sous (23) :<br />
(22) (λx 1. partie’x 1•x 2 ∧ vêtem<strong>en</strong>t’•x 2 ∧ <strong>en</strong>-contact’•x 1•x 3 ∧ pdcorps’•x 3)<br />
(23) épaule’•x 1 ∧ pdcorps’•x 1<br />
<strong>La</strong> relation sémantique <strong>en</strong>tre le dérivé et le Nb repose sur le fait que épaule’<br />
spécifie la valeur <strong>de</strong> x 3 : l’épaulette est une partie <strong>de</strong> vêtem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> contact<br />
avec (ou situé sur) l’épaule. L’apport sémantique du suffixe vi<strong>en</strong>t <strong>en</strong> sus, ce<br />
qui donne (24) :<br />
(24) épaulette<br />
(epolεt)<br />
cat:n ∩ ger:fem<br />
(λx 1. partie’x 1•x 2 ∧ vêtem<strong>en</strong>t’•x 2 ∧ <strong>en</strong>contact’•x<br />
1•x 3 ∧ pdcorps’•x 3 ∧ épaule’•x 3 ∧<br />
améliorer’•x 1•x 2)<br />
Le cas <strong>de</strong> carrelette est assez proche du précéd<strong>en</strong>t. Le fait que ce mot dénote<br />
un outil permet <strong>de</strong> récupérer l’information (13), la représ<strong>en</strong>tation<br />
sémantique associée au type Artefact-fonctionnel. Ici aussi, le Nb spécifie la<br />
valeur d’une variable, ce qui aboutit à la représ<strong>en</strong>tation schématique (25),<br />
qui intègre aussi l’apport propre au type L1g, noté ici ‘facile’•e’ (ç’aurait pu<br />
être ‘manier’•e 2•x 1•x 3 ∧ facile’•e 2’).<br />
(25) (λx 3. découper’•e 1•x 1•x 2•(au-moy<strong>en</strong>-<strong>de</strong>•x 3) ∧ outil’•x 3 ∧ carreau’•x 2<br />
∧ humain’•x 1 ∧ facile’•e 1)<br />
Enfin, pour <strong>de</strong>s dérivés comme calculette, pipette, raclette, lavette, arielette,<br />
etc., la mise <strong>en</strong> relation du dérivé et du lexème-base s’opère directem<strong>en</strong>t<br />
puisque le verbe-base instancie le verbe mis <strong>en</strong> jeu dans (13). Ainsi, la RS<br />
<strong>de</strong> calculette pourrait être (26).<br />
(26) (λx 3. calculer’•e 1•x 1•x 2•(au-moy<strong>en</strong>-<strong>de</strong>•x 3) ∧ outil’•x 3 ∧ humain’•x 1 ∧<br />
facile’•e 1)<br />
Dans <strong>de</strong>s cas comme ch<strong>en</strong>illette, au contraire, le li<strong>en</strong> <strong>en</strong>tre le dérivé et le<br />
lexème base sera plus compliqué à établir, car les ch<strong>en</strong>illes sont une partie<br />
fonctionnelle du référ<strong>en</strong>t du dérivé.<br />
Le mécanisme <strong>de</strong>s ILG peut paraître ad hoc car trop peu contraint. On<br />
peut objecter au contraire qu’un mécanisme id<strong>en</strong>tique est à l’œuvre dans<br />
l’établissem<strong>en</strong>t du li<strong>en</strong> sémantique <strong>en</strong>tre les <strong>de</strong>ux lexèmes <strong>de</strong>s composés<br />
N1N2. Par exemple, le fait qu’on interprète requin-marteau comme un<br />
poisson qui a la forme d’un marteau (et non comme un requin qui martèle),<br />
alors qu’on interprète voiture-balai comme une voiture qui ramasse les<br />
éclopés (et non comme une voiture qui a la forme d’un balai) requiert <strong>de</strong>s<br />
26/06/2003 29