La suffixation en - Laboratoire de Linguistique Formelle - CNRS

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Suffixation en -ette (voir note 23). Par transitivité, on en déduit que la taille de l’objet dénoté par le dérivé est inférieure à la taille moyenne des référents types dénotés par le N-base. Ce qui semble intuitivement correct cf. place / placette. Le second est celui de R3 ‘Sexuisemblance’. Ce patron établit une relation entre un N masculin désignant un individu de sexe mâle à un N féminin désignant un individu de sexe femelle. Sans que cette contrainte soit absolue, il est préférable que le Nb se termine par une consonne (ancrée ou non). (10) (G) X Xette (F) (…C) (…εt) (SX) cat:n ∩ ger:mas cat:n ∩ ger:fem (S) animal’•x 1 ∧ mâle•x 1… animal’•x 1 ∧ femelle’•x 1… Sur le modèle de merle / merlette, ce patron peut produire °dauphinette, °cougouarette, °tamanoirette, etc. mais pas *?panthérette, *?busette, *?fouinette. Ces dénominations sont souvent senties comme hypocoristiques et conviennent certes mieux à un livre d’histoires pour enfants qu’à un traité de zoologie. Dans le modèle proposé ici, le cumul d’interprétation qui en résulte ne pose pas problème (voir §6.4). Le troisième patron est celui de R9. Il établit une relation entre un verbe dénotant un événement processif (activité) et un nom dénotant le même type d’événement, mais dont les dimensions (DMS) propres sont affaiblies par rapport à ce qu’elles sont normalement. Le mécanisme est parallèle à (9). (11) (G) X Xette (F) (…) (…εt) (SX) cat:v cat:n ∩ ger:fem (S) V’•e 1•x 1 (λDMS. λx 2. (V•e 2•x… ∀DMS. inf•(deg•x 2•DMS)•(deg•x 1•DMS)) On suppose que les dimensions de chaque événement (amplitude, intensité, durée, etc.) ont par défaut le degré standard (∀DMS. eq•(deg•x 1•DMS)• deg S). Ceci permet d’inférer que les noms dérivés en question dénotent des événements dont les dimensions sont diminuées par rapport à la normale cf. causette, trempette. Au plan sémantique, les RML expriment tout ce qu’il y a à dire de la corrélation entre base et dérivé : elles spécifient l’apport sémantique corrélé au suffixe, elles énoncent quel est le lien sémantique entre base et dérivé. De ce point de vue, les dérivations qui les mettent en jeu sont d’un type classique en morphologie. 6.2. Dérivations par Condition Motivée Lexicalement Pour le pôle Locuteur, l’apport sémantique apporté par la suffixation ne se fait pas par les mécanismes qui établissent la relation entre base et dérivé (quand elle existe). Les premiers sont les Conditions Motivées Lexicalement, les seconds les Conditions Lexicales Générales. Mais contrairement aux fonctions précédentes, les CML sont centrées sur le dérivé. Ce qui déclenche l’interprétation évaluative propre au pôle Locuteur, 26/06/2003 24
Suffixation en -ette ce n’est pas l’information portée par le lexème-base mais le type sémantique du référent du N-dérivé. Ce type sémantique (e.g. objet-fonctionnel’, véhicule’, plante’, etc.) est inférable à partir de la catégorie sémantique du référent du N-dérivé. Ce qui se passe se représente adéquatement si on adopte un modèle hiérarchique du lexique. L’idée à la base du lexique hiérarchique 40 est que « les propriétés des items lexicaux peuvent être factorisées en diverses classes générales, qui sont chacun définies par les attributs communs à leurs membres » (Koenig 1999 : 13). On cherche à minimiser la redondance. L’item lexical ne contient que les informations idiosycrasiques ; toutes les autres sont inférées à partir des classes auxquelles appartient l’item en question. Chaque item appartient à plusieurs classes et hérite des propriétés de chacune. A chaque classe sont associées des propriétés par défaut (‘prend un DET’ pour les N, ‘y tel que fabriquer’•e•x•y’ pour les artefacts, etc.). Les classes sont arrangées en un réseau hiérarchisé dans lequel les classes particulières héritent de l’information attachée aux classes les plus générales. La figure 3 donne une représentation partielle des hiérarchies lexicales incluant les types ‘moyen de transport’, ‘vêtement’, ‘outil’, qui héritent des propriétés de plusieurs dimensions (trois sont mentionnées ici). A chacun de ces types sont associées des informations caractéristiques, souvent définitoires, dont (12) fournit quelques exemples. Origine Espèce-nat. Artefact Substance Objet … Artefact-fct … … … Vêtement Constitution Moyen-detransport Figure 3 (12) a Moyen-de-transport : (λx 3. transporter’•e•x 1•x 2•(avec’•x 3)) b Outil: (λx 3. agir-sur’•e•x 1•x 2•(au-moyen-de’•x 3)) c Vêtement: (λx 3. habiller’•e•x 1•x 2•(avec’•x 3)) Le type ‘Outil’ est proche de la propriété associée aux ‘Artefacts fonctionnels’, qui serait quelque chose comme (13), où V’ est la RS d’un verbe agentif. (13) (λV’. λx 3. V’•e•x 1•x 2•(au-moyen-de’•x 3)) 40 Sur le lexique hiérarchique voir (Pollard & Sag 1987; Davis 2001). Cette conception du lexique se retrouve chez (Pustejovsky 1995), qui a un cadre différent. 26/06/2003 25 Outil Nature Concret Abstrait
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