La suffixation en - Laboratoire de Linguistique Formelle - CNRS
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Suffixation <strong>en</strong> -ette<br />
Le français actuel ne possè<strong>de</strong> pas les types 6 et 8. En revanche, il <strong>en</strong><br />
prés<strong>en</strong>te d’autres qui ne figur<strong>en</strong>t pas dans ce tableau (voir §§5.1). <strong>La</strong><br />
question <strong>de</strong> savoir comm<strong>en</strong>t r<strong>en</strong>dre compte <strong>de</strong> cette variété <strong>de</strong> s<strong>en</strong>s tout <strong>en</strong><br />
cherchant à maint<strong>en</strong>ir l’unicité sémantique <strong>de</strong> la catégorie du diminutif se<br />
pose tant au niveau général <strong>de</strong> la typologie — et/ou <strong>de</strong> la « Grammaire<br />
universelle » — qu’à celui <strong>de</strong>s grammaires particulières. On peut<br />
hiérarchiser trois niveaux <strong>de</strong> questions :<br />
1) Y a-t-il <strong>de</strong>s t<strong>en</strong>dances universelles qui se dégag<strong>en</strong>t <strong>de</strong> l’organisation<br />
<strong>de</strong>s diminutifs dans les langues ? Ces t<strong>en</strong>dances contraign<strong>en</strong>t-elles<br />
l’organisation <strong>de</strong> cette catégorie dans les langues particulières ?<br />
2) Comm<strong>en</strong>t se situe le système du français par rapport à ces t<strong>en</strong>dances<br />
universelles ?<br />
3) Quelle est l’organisation <strong>de</strong> la catégorie du diminutif <strong>en</strong> français ?<br />
Jurafsky répond par l’affirmative à 1 et propose un modèle radial, <strong>de</strong> type<br />
Modèle Cognitif Idéalisé (<strong>La</strong>koff 1987), qui vise à décrire à la fois les<br />
valeurs sémantiques universellem<strong>en</strong>t observées du diminutif, les connexions<br />
<strong>en</strong>tre ces valeurs et les ext<strong>en</strong>sions diachroniques que connaît la catégorie du<br />
diminutif. Ce modèle radial comporte « une signification c<strong>en</strong>trale<br />
prototypique avec <strong>de</strong>s ext<strong>en</strong>sions conceptuelles représ<strong>en</strong>tées par un réseau<br />
<strong>de</strong> nœuds et <strong>de</strong> li<strong>en</strong>s » (Jurafsky 1996 : 542). Les nœuds du réseau sont les<br />
s<strong>en</strong>s prototypiques observés et les li<strong>en</strong>s les ext<strong>en</strong>sions. Ces ext<strong>en</strong>sions sont<br />
assurées par quatre types <strong>de</strong> mécanismes : infér<strong>en</strong>ce (I), métaphore (M),<br />
généralisation (G) et lambda-abstraction (A). Quant à la signification<br />
c<strong>en</strong>trale, Jurafsky déf<strong>en</strong>d l’idée qu’elle correspond à la catégorie sémantique<br />
‘<strong>en</strong>fant’. Il formule <strong>de</strong>s universaux implicatifs pour r<strong>en</strong>dre compte <strong>de</strong>s<br />
contraintes qui pès<strong>en</strong>t sur la répartition <strong>de</strong>s valeurs attestées et leur chaînage<br />
unidirectionnel.<br />
Je ne chercherai pas à répondre à 1 ici et c<strong>en</strong>trerai l’étu<strong>de</strong> sur la troisième<br />
question, qui lui est préalable. Quelques élém<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> réponse à 2 seront<br />
néanmoins avancés. L’objectif est <strong>de</strong> fournir une <strong>de</strong>scription globale d’une<br />
sous-partie du système <strong>de</strong>s diminutifs <strong>en</strong> français. Cette <strong>de</strong>scription se limite<br />
à la <strong>suffixation</strong> <strong>en</strong> -ET qui construit <strong>de</strong>s noms 3 . Je laisserai <strong>de</strong> côté celle qui<br />
dérive <strong>de</strong>s adjectifs (g<strong>en</strong>tillet, mollet, tristounet) ou <strong>de</strong>s verbes (voleter,<br />
marqueter) et les procédés suffixaux plus anci<strong>en</strong>s, la plupart du temps<br />
improductifs (diable > diablotin, baleine > baleineau, ours > ourson, balle<br />
> ballot, etc.). Je ne dirai ri<strong>en</strong> non plus <strong>de</strong>s aspects morphophonologiques<br />
<strong>de</strong> cette <strong>suffixation</strong> et notamm<strong>en</strong>t <strong>de</strong> l’intercalation fréqu<strong>en</strong>te d’un segm<strong>en</strong>t<br />
phonique (v<strong>en</strong>t > v<strong>en</strong>t-el-et) et r<strong>en</strong>voie à (Plénat & Roché 2001) où ce<br />
phénomène reçoit un traitem<strong>en</strong>t nouveau <strong>en</strong> termes <strong>de</strong> prosodie.<br />
Parmi l’abondante littérature sur les diminutifs <strong>en</strong> français, il existe <strong>de</strong>ux<br />
travaux réc<strong>en</strong>ts d’importance : (Dal 1997) et (Delhay 1996). Ces travaux<br />
intégrant les acquis <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s antérieures, c’est principalem<strong>en</strong>t par rapport<br />
à eux que la discussion sera m<strong>en</strong>ée.<br />
1.2. Caractéristiques <strong>de</strong> la <strong>suffixation</strong> <strong>en</strong> -ET<br />
3 <strong>La</strong> notation -ET recouvre les formes -ette et -et. Elle ne préjuge pas du fait que certaines<br />
propriétés soi<strong>en</strong>t associées à un marqueur plutôt qu’à l’autre.<br />
26/06/2003 2