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La suffixation en - Laboratoire de Linguistique Formelle - CNRS

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Suffixation <strong>en</strong> -ette<br />

Le li<strong>en</strong> <strong>en</strong>tre le pôle Référ<strong>en</strong>t et le pôle Locuteur passe par une métaphore.<br />

<strong>La</strong> dim<strong>en</strong>sion <strong>en</strong> jeu est celle qui existe <strong>en</strong>tre le locuteur et les objets qu’il<br />

introduit dans son discours. Ne se rapportant pas à un objet du mon<strong>de</strong>, cette<br />

dim<strong>en</strong>sion n’est pas objective, au s<strong>en</strong>s où l’<strong>en</strong>t<strong>en</strong>d Grandi (voir note 17). Ce<br />

que marque -ET dans tous ces cas, c’est la proximité du locuteur avec ces<br />

objets, proximité qui ne se manifeste que socialem<strong>en</strong>t. Elle se décline <strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>ux manières suivant que le locuteur contrôle les objets <strong>en</strong> question<br />

(artefacts) ou ne les contrôle pas (animaux, plantes, personnes) (cf. figure<br />

2). Sous ce <strong>de</strong>uxième sous-pôle figur<strong>en</strong>t aussi les dérivés où le diminutif<br />

marque un rapprochem<strong>en</strong>t ou une proximité dont le vecteur est le goût, dont<br />

on sait qu’il constitue un marqueur fort <strong>de</strong> l’id<strong>en</strong>tification sociale, et les<br />

hypocoristiques. Ces <strong>de</strong>rniers marqu<strong>en</strong>t la proximité affective du locuteur<br />

avec l’objet dont il parle (<strong>en</strong> discours direct). Le détail sémantique <strong>de</strong>s<br />

interprétations est donné au §5.3.<br />

Les Modèles cognitif idéalisés apport<strong>en</strong>t une rationalisation au système<br />

du diminutif <strong>en</strong> établissant <strong>de</strong>s li<strong>en</strong>s <strong>en</strong>tre les divers points <strong>de</strong> régularité qui<br />

constitu<strong>en</strong>t le réseau <strong>de</strong> la <strong>suffixation</strong> <strong>en</strong> -ET. En revanche, ils ne dis<strong>en</strong>t ri<strong>en</strong><br />

du fonctionnem<strong>en</strong>t effectif <strong>de</strong> ces points <strong>de</strong> régularité, c’est-à-dire <strong>de</strong>s<br />

patrons, ou Règles Morphologiques Lexicales (Stump 2001), qui permett<strong>en</strong>t<br />

<strong>de</strong> construire <strong>de</strong> nouveaux types <strong>de</strong> dérivés. Ils ne se situ<strong>en</strong>t pas au niveau<br />

où les patrons sont utilisés par les locuteurs, parce que ces <strong>de</strong>rniers ne<br />

mobilis<strong>en</strong>t pas les mécanismes assurant les ext<strong>en</strong>sions <strong>de</strong> s<strong>en</strong>s à partir <strong>de</strong><br />

‘petit X’ quand ils produis<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s dérivés <strong>en</strong> -ET. Or il est capital <strong>de</strong> décrire<br />

ce niveau-ci, si on veut compr<strong>en</strong>dre le fonctionnem<strong>en</strong>t du système. En bref,<br />

bi<strong>en</strong> que les MCI soi<strong>en</strong>t nécessaires pour modéliser l’organisation globale<br />

<strong>de</strong> la catégorie du diminutif, ils ne peuv<strong>en</strong>t r<strong>en</strong>dre compte <strong>de</strong> ses aspects<br />

proprem<strong>en</strong>t morphologiques et notamm<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la construction <strong>de</strong>s dérivés.<br />

4.3. Mise <strong>en</strong> perspective<br />

L’organisation <strong>de</strong> la <strong>suffixation</strong> <strong>en</strong> -ET exposée ici vaudrait d’être comparée<br />

à la t<strong>en</strong>tative <strong>de</strong> (Grandi 2002) <strong>de</strong> trouver <strong>de</strong>s axes <strong>de</strong> classification<br />

opératoires pour cette catégorie. Grandi propose <strong>de</strong> classer les diverses<br />

valeurs sémantiques que pr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t les marques produites par la morphologie<br />

évaluative sur la base <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux couples <strong>de</strong> primitives sémantiques<br />

BIG/SMALL d’un côté et GOOD/BAD <strong>de</strong> l’autre (Goddard & Wierzbicka<br />

1994; Wierzbicka 1994). Le premier couple concerne l’appar<strong>en</strong>ce externe<br />

<strong>de</strong>s objets et relève <strong>de</strong> la perspective <strong>de</strong>scriptive ; le second concerne<br />

l’appréciation que porte le locuteur et relève <strong>de</strong> la perspective évaluative.<br />

Chaque primitive correspond à la valeur + ou – pour une dim<strong>en</strong>sion. On<br />

aboutit ainsi au tableau 3 :<br />

Description Appréciation<br />

+ BIG GOOD<br />

– SMALL BAD<br />

Tableau 3. Classification sémantique <strong>de</strong>s évaluatifs<br />

Les valeurs dans chaque dim<strong>en</strong>sion sont antagoniques. Par contre, les<br />

primitives peuv<strong>en</strong>t se combiner d’une dim<strong>en</strong>sion à l’autre <strong>de</strong> la manière<br />

suivante : (BIG), (BIG, GOOD), (BIG, BAD), (SMALL), (SMALL,<br />

26/06/2003 15

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