La suffixation en - Laboratoire de Linguistique Formelle - CNRS
La suffixation en - Laboratoire de Linguistique Formelle - CNRS
La suffixation en - Laboratoire de Linguistique Formelle - CNRS
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
Suffixation <strong>en</strong> -ette<br />
(5) Ja, was is-erl d<strong>en</strong>n? (op. cit.: 175)<br />
oui quoi est-DIM PART<br />
'Oh, qu’est-ce qui se passe?'<br />
Oggi mangiamo (l'ov-etto+la carn-ina). (op. cit.: 177)<br />
aujourd’hui mangeons (le œuf-DIM+la vian<strong>de</strong>-DIM)<br />
'Aujourd’hui, on va manger (son coco+sa petite vian<strong>de</strong>)'<br />
(6) Anch'io avrei una domand-ina (op. cit.: 333)<br />
*Moi aussi, j'aurais une questionn-ette.<br />
Ah, was für ein köstliches Supp-erl ! (op. cit.: 89)<br />
*Ah ! quelle soup-ette délicieuse !<br />
(7) Idziemy do dom-ku / Wez´ palt-eczko<br />
Allons à maison-DIM / pr<strong>en</strong>ds manteau-DIM<br />
*Allons à la maisonnette / *Pr<strong>en</strong>ds ton mantelet<br />
Si l’on reconnaît, à la suite (Mel'cˆ <strong>de</strong> uk 1994 : 32), quatre types d’<strong>en</strong>tités<br />
pouvant faire l’objet d’une expression linguistique, à savoir : le fait<br />
langagier F l (c'est-à-dire l’acte <strong>de</strong> parole), le participant à l’acte <strong>de</strong> parole<br />
P l,k , le fait narré F n , et le participant au fait narré P n,j , on voit que les pôles <strong>en</strong><br />
question concern<strong>en</strong>t les participants à l’acte <strong>de</strong> parole (pôle locuteur et<br />
interlocuteur) et les participants au fait narré pour le pôle référ<strong>en</strong>t. Il est<br />
remarquable que ces distinctions se reflèt<strong>en</strong>t dans l’organisation <strong>de</strong> la<br />
catégorie du diminutif.<br />
Je conclus cette section <strong>en</strong> rappelant que l’hypothèse d’une organisation<br />
bipolaire <strong>de</strong>s diminutifs <strong>en</strong> -ET se fon<strong>de</strong> sur trois argum<strong>en</strong>ts.<br />
1) Le fait que le français n’utilise pas les diminutifs pour marquer une<br />
atténuation <strong>de</strong> l’acte illocutoire et, conséquemm<strong>en</strong>t, n’a pas tous les effets<br />
sémantiques liés à ce type d’emploi 20 .<br />
2) Le fait que le cumul d’interprétation se fait toujours <strong>en</strong>tre<br />
significations appart<strong>en</strong>ant à <strong>de</strong>s pôles différ<strong>en</strong>ts (cf. §1.2.4). Quand ce n’est<br />
pas le cas, c’est qu’on a affaire à <strong>de</strong>s infér<strong>en</strong>ces générales, mais révisables,<br />
basées sur <strong>de</strong>s connaissances <strong>en</strong>cyclopédiques, comme <strong>en</strong> (8) :<br />
(8) a Pour une espèce animale donnée, si X est un <strong>en</strong>fant et Y un<br />
adulte, alors la taille <strong>de</strong> X est inférieure à la taille <strong>de</strong> Y.<br />
b Si X est un ersatz <strong>de</strong> Y, alors X est moins cher que Y.<br />
c Si X est une version édulcorée <strong>de</strong> Y, alors la taille <strong>de</strong> X est<br />
inférieure à la taille <strong>de</strong> Y.<br />
3) Le fait que <strong>de</strong>s interprétations sémantiques différ<strong>en</strong>tiées sont associées<br />
à chaque pôle. Le pôle Référ<strong>en</strong>t marque une diminution <strong>de</strong> <strong>de</strong>gré d’une<br />
propriété associée au référ<strong>en</strong>t. Le pôle Locuteur marque la proximité<br />
assumée <strong>en</strong>tre le locuteur et une <strong>en</strong>tité. Le pôle Interlocuteur marque<br />
l’empathie <strong>en</strong>tre le locuteur <strong>de</strong> son interlocuteur.<br />
20 (Dressler & Merlini Barbaresi 1994) assigne à la catégorie diminutive le trait<br />
pragmatique ‘non sérieux’ (et le trait sémantique ‘petit’). (Jurafsky 1996 : 563) critique ce<br />
point <strong>de</strong> vue et souti<strong>en</strong>t que ‘petit’ suffit. Quoi qu’il <strong>en</strong> soit, il semble bi<strong>en</strong> que le trait ‘non<br />
sérieux’ ne puisse être maint<strong>en</strong>u que s’il est cantonné au pôle Interlocuteur. Les diminutifs<br />
<strong>de</strong>s pôles Référ<strong>en</strong>t et Locuteur ne véhicul<strong>en</strong>t aucune connotation <strong>de</strong> non sérieux.<br />
26/06/2003 12