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La suffixation en - Laboratoire de Linguistique Formelle - CNRS

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Suffixation <strong>en</strong> -ette<br />

élaboré, on ne peut prét<strong>en</strong>dre fournir un modèle <strong>de</strong> la catégorie du diminutif<br />

(Tyler & Evans 2001).<br />

Ce que recouvre le pôle [R], et sa nécessité même, ne me semble pas<br />

clair. Dire que ce pôle subsume tous les dérivés Y qui sont simplem<strong>en</strong>t <strong>en</strong><br />

relation avec une base X (Delhay 1996 : 222), c’est reconnaître que ce pôle<br />

n’a pas <strong>de</strong> consistance sémantique interne et qu’il n’est pas structuré. Du<br />

coup, est-il <strong>en</strong>core un pôle ? De fait, il rassemble <strong>de</strong>s significations très<br />

hétérogènes dont nous verrons qu’elles relèv<strong>en</strong>t <strong>de</strong> mécanismes différ<strong>en</strong>ts<br />

e.g. chalandonnette, vizirette (< marque <strong>de</strong> lessive Vizir), becquet, lainette,<br />

etc. <strong>La</strong> seule caractérisation positive qui soit donnée <strong>de</strong> ce pôle est qu’il<br />

« est à la base <strong>de</strong> toute construction <strong>de</strong> nouvelles unités lexicales » (op. cit. :<br />

140). L’étu<strong>de</strong> sur corpus m<strong>en</strong>ée dans (Fradin, Hathout & Meunier 2003)<br />

montre que cette assertion est inexacte.<br />

L’approche <strong>en</strong> question m<strong>en</strong>tionne les dérivations multiples (§1.2.2)<br />

comme un problème, mais ne propose ri<strong>en</strong> pour <strong>en</strong> r<strong>en</strong>dre compte. Elle ne<br />

dit ri<strong>en</strong> non plus du traitem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s interprétations cumulées ni du problème<br />

du surplus d’interprétation (§§1.2.3, 1.2.4). Sur ces points, ses résultats ne<br />

sont pas meilleurs que ceux <strong>de</strong> l’approche constructionniste.<br />

En bref, bi<strong>en</strong> que le modèle discuté nous laisse sur notre faim, je<br />

reti<strong>en</strong>drai du travail <strong>de</strong> C. Delhay, outre <strong>de</strong> précieuses remarques <strong>de</strong> détail,<br />

(i) l’idée que le traitem<strong>en</strong>t doit pouvoir combiner les valeurs <strong>de</strong> -ET, et (ii)<br />

l’idée « d’une prise <strong>de</strong> position axiologiquem<strong>en</strong>t positive » que fait le<br />

locuteur <strong>en</strong> utilisant la <strong>suffixation</strong> diminutive dans certains emplois. Les<br />

remarques formulées dans cette section ne disqualifi<strong>en</strong>t pas une approche<br />

<strong>de</strong>s diminutifs <strong>en</strong> termes <strong>de</strong> MCI, comme la partie suivante va le montrer.<br />

4. L’organisation sémantique <strong>de</strong>s dérivés <strong>en</strong> -ET<br />

Les significations considérées dans cette étu<strong>de</strong> repr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t celles qui ont été<br />

distinguées dans la littérature ou dans les dictionnaires. Compte comme<br />

signification distincte, toute interprétation qui est attestée, reproductible,<br />

indép<strong>en</strong>dante du contexte et non inférable d’une signification déjà<br />

répertoriée 15 . Les écarts à ce <strong>de</strong>rnier principe seront m<strong>en</strong>tionnés et justifiés.<br />

Concernant l’organisation globale du système <strong>de</strong>s diminutifs <strong>en</strong> -ET <strong>en</strong><br />

français, je fais <strong>de</strong>ux hypothèses. <strong>La</strong> première est que les diminutifs sont<br />

sémantiquem<strong>en</strong>t organisés <strong>en</strong> Modèle Cognitif Idéalisé. Cette hypothèse<br />

vise à se donner les moy<strong>en</strong>s <strong>de</strong> r<strong>en</strong>dre compte à la fois <strong>de</strong> la multiplicité <strong>de</strong>s<br />

significations attestées et <strong>de</strong> l’unicité du phénomène. <strong>La</strong> secon<strong>de</strong> est que<br />

l’organisation <strong>de</strong>s diminutifs est bipolaire <strong>en</strong> français. Elle vise d’abord à<br />

r<strong>en</strong>dre compte du fait que les diminutifs français n’ont pas certains emplois<br />

typiques que prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s langues à morphologie évaluative développée<br />

(itali<strong>en</strong>, espagnol, polonais, etc.). Le reste <strong>de</strong> cette section sera consacré à<br />

prés<strong>en</strong>ter ces <strong>de</strong>ux hypothèses.<br />

pôle [R] r<strong>en</strong>voie à l'exist<strong>en</strong>ce d'une relation asymétrique ori<strong>en</strong>tée du terme <strong>de</strong> base (X) vers<br />

le dérivé D (Xd) qui lui correspond; autrem<strong>en</strong>t dit Xd présuppose X. » (Delhay 1996 : 141).<br />

15 L’interprétation ‘lieu où pousse Nb’ associée à olivette, aulnette, coudrette, par <strong>de</strong>s<br />

dictionnaires n’a pas été ret<strong>en</strong>ue car le suffixe provi<strong>en</strong>t du latin -etum (Dal 1997 : 80), luimême<br />

issu du gaulois et repérable dans <strong>de</strong> nombreux toponymes e.g. fayette/fagette, Faouet<br />

(Trépos 1982 : 142).<br />

26/06/2003 10

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