Sapeur n°6. Télécharger en PDF - Le génie militaire français
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N° 6<br />
Juin 2006<br />
SAPEUR<br />
Revue d’études<br />
du <strong>génie</strong> <strong>militaire</strong> <strong>français</strong><br />
publiée par la direction<br />
des études et de la prospective<br />
de l’école supérieure<br />
et d’application du <strong>génie</strong><br />
106, rue Éblé - B.P. 34125<br />
49041 ANGERS CEDEX 01<br />
Directeur de la publication<br />
Général de division Jean-Loup CHINOUILH<br />
Rédacteur <strong>en</strong> chef<br />
Colonel Pierre-Yves HENRY<br />
Conception-Réalisation<br />
PIR ESAG<br />
Dépôt légal à parution<br />
ISSN <strong>en</strong> cours<br />
S A P E U R<br />
- 1 -<br />
Sommaire<br />
Sommair<br />
ÉDITORIAL du Général de division CHINOUILH commandant l’ESAG .................................................... 3<br />
ÉTUDES ET PROSPECTIVE<br />
L’appui <strong>génie</strong> <strong>en</strong> opérations : une nécessité reconnue…<br />
avec cep<strong>en</strong>dant des capacités toujours comptées<br />
Plaidoyer pour une manœuvre <strong>génie</strong> intégrée .............................................. COL AUTRAN ............................ 7<br />
<strong>Le</strong>s armes à létalité réduite appliquées à la contre-mobilité.................... COL PARMENTIER .................. 11<br />
La montée <strong>en</strong> puissance du mécanisme communautaire<br />
de Protection civile et ses <strong>en</strong>jeux pour les armées ...................................... COL PONCELIN de RAUCOURT 17<br />
Numérisation de l’espace de bataille.................................................................. LCL EGLEMME .......................... 21<br />
Processus d’élaboration des concepts et de la doctrine AGESTER<br />
Application à la sauvegarde-protection ............................................................ LCL PINOT .................................... 25<br />
La théorie des trois blocs appliquée au domaine NRBC .......................... CES CAUDRILLIER .................. 29<br />
<strong>Le</strong> combat du feu <strong>en</strong> zone urbaine ...................................................................... CNE BOUTOLLEAU ................ 31<br />
DOSSIER : LA SAUVEGARDE-PROTECTION DES FORCES<br />
La protection-sauvegarde sur une base aéri<strong>en</strong>ne projetée ...................... COL BILBAULT .......................... 37<br />
Protéger nos stationnem<strong>en</strong>ts contre les att<strong>en</strong>tats à l’explosif ................ COL LORIDAN<br />
LCL MARTIN................................ 41<br />
Pour une approche globale de la sauvegarde-protection.......................... LCL (TA) SOUCASSE .............. 45<br />
<strong>Le</strong> rôle du <strong>génie</strong> de l’air dans la sauvegarde-protection<br />
<strong>en</strong> opérations extérieures ........................................................................................ LCL CHAPELLE .......................... 49<br />
<strong>Le</strong> RGBIA dans la mission de protéger les forces <strong>en</strong> 2005 ...................... LCL KIRSCHER .......................... 53<br />
Opération CALAO : <strong>Le</strong> 5 e RG <strong>en</strong> Côte d’Ivoire : acteur de la fonction CBA ANDRIAMOLISON<br />
AGESTER ou simple prestataire de service ? .................................................. CNE MACHELON ...................... 57<br />
Concept ISOPEX et sauvegarde-protection...................................................... CBA MERCURY.......................... 61<br />
Montage d’un poste de combat de type HESCO BASTION ...................... CNE FOUQUET .......................... 65<br />
Côte d’Ivoire : Retour d’expéri<strong>en</strong>ce <strong>en</strong> sauvegarde-protection .............. CNE GEROUDET ...................... 69
S A P E U R<br />
ÉQUIPEMENTS ET STRUCTURES<br />
SPECTRE - 2006-2007 : années cruciales .................................................... LCL CORNEFERT ...................... 75<br />
FORMATION<br />
La sauvegarde-protection : rep<strong>en</strong>ser la formation ...................................... CNE CASTEL .............................. 81<br />
LE GÉNIE DANS L'HISTOIRE<br />
<strong>Le</strong>s uniformes du <strong>génie</strong> de la Révolution et de l’Empire .......................... CDT GARNIER de LABAREYRE 87<br />
Génération de forces et emploi du <strong>génie</strong><br />
<strong>Le</strong>s sapeurs de la Campagne d’Alger ................................................................ CNE GIUDICELLI ...................... 93<br />
<strong>Le</strong>s in<strong>génie</strong>urs dans les troupes émigrées ...................................................... M. FOUGERAY .......................... 97<br />
- 2 -
Général de division<br />
Jean-Loup<br />
CHINOUILH<br />
<strong>Le</strong> général de division Jean-Loup<br />
CHINOUILH commande l'école supérieure<br />
et d'application du <strong>génie</strong> depuis<br />
août 2003.<br />
Entré à Saint-Cyr <strong>en</strong> 1969, il sert<br />
comme chef de section au 13 e régim<strong>en</strong>t<br />
du <strong>génie</strong> et commandant<br />
d'unité au 17 e régim<strong>en</strong>t du <strong>génie</strong><br />
parachutiste, où il revi<strong>en</strong>t <strong>en</strong> 1988<br />
au poste de chef du bureau opérations-instruction.<br />
Il est chef de corps du 6 e régim<strong>en</strong>t<br />
du <strong>génie</strong> de 1994 à 1997.<br />
Il a commandé la brigade du <strong>génie</strong><br />
d'août 2001 à août 2003.<br />
Il est breveté de l’école de guerre,<br />
diplômé de l’institut d’administration<br />
des <strong>en</strong>treprises de Paris.<br />
S A P E U R<br />
- 3 -<br />
Éditorial<br />
SAPEUR consacre aujourd'hui son dossier c<strong>en</strong>tral à la sauvegarde-protection dont<br />
l'importance n'est plus à démontrer face aux nouvelles m<strong>en</strong>aces. Plus que dans les<br />
autres missions confiées au <strong>génie</strong>, nous avons là des progrès à réaliser pour r<strong>en</strong>forcer<br />
nos moy<strong>en</strong>s et les adapter au contexte urbain.<br />
Comm<strong>en</strong>t caractériser le bouclier qu'il nous faut <strong>en</strong> opération ?<br />
Il est nécessairem<strong>en</strong>t passif pour protéger au minimum, dans la durée, les abris de<br />
regroupem<strong>en</strong>t et les espaces s<strong>en</strong>sibles activés <strong>en</strong> perman<strong>en</strong>ce (c<strong>en</strong>tres opérationnels,<br />
stations de production d'énergie etc.). Il comporte pour cela des obstacles à la pénétration<br />
et des parois massives de terre ou de béton sur lesquelles travaill<strong>en</strong>t aujourd'hui <strong>en</strong><br />
commun l'École du <strong>génie</strong> et le Service technique des bâtim<strong>en</strong>ts, fortifications et<br />
travaux.<br />
Mieux <strong>en</strong>core, il doit être réactif <strong>en</strong> associant une capacité de détection et d'alerte<br />
immédiate d'une intrusion ou d'une amorce d'attaque par aviation ou artillerie afin que<br />
chacun rejoigne sans délai, qui son poste de combat, qui son abri. Se décl<strong>en</strong>cherait<br />
alors instantaném<strong>en</strong>t une riposte de neutralisation, automatique ou humaine, correspondant<br />
au type d'agression. Un li<strong>en</strong> est déjà établi <strong>en</strong>tre sapeurs et artilleurs dont les<br />
radars de détection d'approche et de trajectographie compléteront les capteurs répartis<br />
sur le terrain. Une coopération se prépare égalem<strong>en</strong>t avec les transmetteurs dont les<br />
brouilleurs mobiles pourrai<strong>en</strong>t v<strong>en</strong>ir à bout de certains dispositifs explosifs commandés<br />
à distance.<br />
Ce bouclier doit <strong>en</strong>fin et surtout se montrer proactif, le but étant de dissuader d'emblée<br />
un agresseur pot<strong>en</strong>tiel de toute attaque <strong>en</strong> le persuadant d'un bilan dérisoire, d'une<br />
riposte immédiate et, par là, d'une défaite médiatique. Il convi<strong>en</strong>t que l'effet psychologique<br />
recherché découle aussi d'un discours politique et d'une action <strong>militaire</strong><br />
conformes aux att<strong>en</strong>tes de la population locale, incitée de ce fait à rejeter nos<br />
adversaires.<br />
Il s'agit bi<strong>en</strong> d'une affaire interarmes, voire interarmées. <strong>Le</strong>s sapeurs sont des<br />
part<strong>en</strong>aires privilégiés, avec les protections passives dont ils ont la charge, mais<br />
leur expéri<strong>en</strong>ce dans ce domaine leur permet de se poser <strong>en</strong> pilotes.<br />
Sparte, qui n'avait pas de remparts, comptait plus sur ses hommes que sur des<br />
murailles pour assurer sa déf<strong>en</strong>se. Comme Vauban, je suis sûr qu'aujourd'hui les uns<br />
ne vont pas sans les autres.<br />
le général de division CHINOUILH<br />
commandant l'école supérieure<br />
et d'application du <strong>génie</strong>
S A P E U R<br />
- 4 -
S A P E U R<br />
Études<br />
et<br />
prospective<br />
prospective<br />
L’appui <strong>génie</strong> <strong>en</strong> opérations : une nécessité reconnue… avec cep<strong>en</strong>dant des capacités toujours comptées<br />
Plaidoyer pour une manœuvre <strong>génie</strong> intégrée .......................................................................................................................... COL AUTRAN .......................................................... 7<br />
<strong>Le</strong>s armes à létalité réduite appliquées à la contre-mobilité ................................................................................................ COL PARMENTIER ................................................ 11<br />
La montée <strong>en</strong> puissance du mécanisme communautaire de Protection civile<br />
et ses <strong>en</strong>jeux pour les armées ............................................................................................................................................................ COL PONCELIN de RAUCOURT .................... 17<br />
Numérisation de l’espace de bataille .............................................................................................................................................. LCL EGLEMME........................................................ 21<br />
Processus d’élaboration des concepts et de la doctrine AGESTER<br />
Application à la sauvegarde-protection ........................................................................................................................................ LCL PINOT ................................................................ 25<br />
La théorie des trois blocs appliquée au domaine NRBC ...................................................................................................... CES CAUDRILLIER ................................................ 29<br />
<strong>Le</strong> combat du feu <strong>en</strong> zone urbaine .................................................................................................................................................. CNE BOUTOLLEAU .............................................. 31<br />
- 5 -
S A P E U R<br />
- 6 -
Colonel<br />
Francis<br />
AUTRAN<br />
Saint-cyri<strong>en</strong> de la promotion MONTCALM<br />
(1980-1982) et officier du <strong>génie</strong>, le colonel<br />
AUTRAN a servi dans les Troupes de<br />
montagne comme chef de section puis<br />
commandant d’unité, à la 77 e compagnie<br />
du <strong>génie</strong> de la division alpine et au<br />
7 e bataillon du <strong>génie</strong> de la division alpine.<br />
Affecté aux Écoles de Coëtquidan <strong>en</strong><br />
1990, il commande une compagnie à<br />
l’École spéciale <strong>militaire</strong> de Saint-Cyr<br />
(1990-1993).<br />
Breveté de l’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t <strong>militaire</strong> supérieur<br />
(3 e promotion du CID), il rejoint la<br />
Légion étrangère <strong>en</strong> 1998. Il pr<strong>en</strong>d part<br />
comme chef du bureau opérations-instruction<br />
à la création et à la montée <strong>en</strong><br />
puissance du 2 e régim<strong>en</strong>t étranger de<br />
<strong>génie</strong>, qu’il commande de 2001 à 2003.<br />
À l’issue de son temps de commandem<strong>en</strong>t,<br />
il est affecté à l’état-major de la 27 e brigade<br />
d’infanterie de montagne comme chef<br />
d’état-major (2003-2005).<br />
En 2005, il est auditeur de la 55 e session<br />
du C<strong>en</strong>tre des hautes études <strong>militaire</strong>s et<br />
de la 58 e session de l’Institut des hautes<br />
études de déf<strong>en</strong>se nationale.<br />
<strong>Le</strong> colonel AUTRAN possède <strong>en</strong> outre<br />
une expéri<strong>en</strong>ce opérationnelle variée à<br />
des postes de responsabilités, notamm<strong>en</strong>t<br />
chef G3 de l’état-major de la Brigade<br />
multinationale Nord (BMN-N) au Kosovo<br />
<strong>en</strong> 2000, chef de corps du BATGEN<br />
(12 e mandat) de la BMN-N au Kosovo <strong>en</strong><br />
2003 et sous-chef d’état-major opérations<br />
du Poste de commandem<strong>en</strong>t interarmées<br />
de théâtre de la force LICORNE <strong>en</strong><br />
République de Côte d’Ivoire <strong>en</strong> 2005.<br />
AVERTISSEMENT<br />
S A P E U R<br />
L’APPUI GÉNIE EN OPÉRATIONS :<br />
UNE NÉCESSITÉ RECONNUE…<br />
AVEC CEPENDANT DES CAPACITÉS<br />
TOUJOURS COMPTÉES<br />
PLAIDOYER POUR UNE MANŒUVRE GÉNIE INTÉGRÉE<br />
The idea of an <strong>en</strong>gineer support to an interv<strong>en</strong>tion force is never questioned basically.<br />
However, this support is most of the time expressed in terms of means and equipm<strong>en</strong>t<br />
instead of effects to produce on the ground or on the belliger<strong>en</strong>ts.<br />
But this effect-based process must prevail over any other, considering simultaneously<br />
the financial constraint on every military overseas operation.<br />
It is thus necessary that the <strong>en</strong>gineer command must be associated from the start to<br />
the decision making process and to the force g<strong>en</strong>eration.<br />
In so far as <strong>en</strong>gineer support never covers all units’ demands because <strong>en</strong>gineer abilities<br />
are never suffici<strong>en</strong>t, whatever the operation concerned, a real integrated <strong>en</strong>gineer<br />
manœuvre does exist.<br />
This manœuvre must be c<strong>en</strong>tralized with a proper command in order to give all necessary<br />
flexibility and reactivity to <strong>en</strong>gineer units with efforts and priorities precisely defined<br />
in regard to Force commander’s objectives.<br />
C<strong>en</strong>tralization of <strong>en</strong>gineer support conception must go hand in hand with a de-c<strong>en</strong>tralization<br />
of the execution and if the mission demands it, <strong>en</strong>gineer unit must be attached<br />
to battle groups, ev<strong>en</strong> to the lowest level of responsibility (squad or ev<strong>en</strong> team).<br />
<strong>Le</strong> propos n’est pas ici d’am<strong>en</strong>der la doctrine<br />
d’emploi du <strong>génie</strong> <strong>en</strong> opérations et<br />
<strong>en</strong>core moins de réécrire les règlem<strong>en</strong>ts<br />
qui <strong>en</strong> découl<strong>en</strong>t. Adaptés au nouveau<br />
contexte d’<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t des forces, ces<br />
docum<strong>en</strong>ts couvr<strong>en</strong>t l’év<strong>en</strong>tail des missions<br />
pouvant être confiées au <strong>génie</strong>.<br />
Cep<strong>en</strong>dant, un certain nombre d’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts<br />
pratiques et fondam<strong>en</strong>taux<br />
apparaiss<strong>en</strong>t à la lumière de tous les<br />
<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>ts opérationnels auxquels<br />
les unités du <strong>génie</strong>, de la section au<br />
bataillon, ont participé, notamm<strong>en</strong>t ces<br />
dix dernières années. Il s’agit donc ici,<br />
de dégager des marges d’efficacité pour<br />
un emploi optimal des unités du <strong>génie</strong><br />
<strong>en</strong> accompagnem<strong>en</strong>t de la force<br />
déployée sur un théâtre d’opérations.<br />
*<br />
* *<br />
Depuis près de 30 ans, les unités du<br />
<strong>génie</strong>, quels que soi<strong>en</strong>t leur nature et<br />
leur volume, sont omniprés<strong>en</strong>tes dans le<br />
paysage tactique des forces <strong>en</strong>gagées<br />
<strong>en</strong> opérations extérieures. S’il <strong>en</strong> était<br />
besoin, la preuve pourrait être donnée<br />
- 7 -<br />
par la marque durable de leur action sur<br />
le terrain au profit des groupem<strong>en</strong>ts tactiques<br />
et des états-majors de forces opérationnelles<br />
qui les command<strong>en</strong>t.<br />
Aujourd’hui comme autrefois, nul chef<br />
désireux de conserver sa liberté d’action<br />
et de préserver ses moy<strong>en</strong>s de commandem<strong>en</strong>t,<br />
de combat et de souti<strong>en</strong>, ne peut<br />
décemm<strong>en</strong>t remettre <strong>en</strong> cause la pertin<strong>en</strong>ce,<br />
et même l’impérieuse nécessité<br />
pour la force de bénéficier d’un appui<br />
<strong>génie</strong> direct. Toute la question est donc de<br />
disposer d’un appui adapté et suffisant<br />
dès l’<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t des unités quel que soit<br />
le théâtre considéré. Cette question reste<br />
<strong>en</strong>tière à chaque génération de forces.<br />
Être prés<strong>en</strong>t dès le lancem<strong>en</strong>t du processus<br />
de génération de forces <strong>en</strong> faisant<br />
valoir les effets recherchés et non exclusivem<strong>en</strong>t<br />
les moy<strong>en</strong>s qui vont les produire,<br />
fournir un appui <strong>génie</strong> qui soit<br />
significatif d’emblée mais évolutif et <strong>en</strong><br />
prévoir un commandem<strong>en</strong>t c<strong>en</strong>tralisé<br />
permettant les bascules d’efforts et de<br />
priorités par une mise <strong>en</strong> œuvre déconc<strong>en</strong>trée<br />
des moy<strong>en</strong>s pourrai<strong>en</strong>t être trois<br />
pistes de progrès réalistes et réalisables<br />
à coût limité.
PRIMAUTÉ DES EFFETS À PRO-<br />
DUIRE DANS LE PROCESSUS DE<br />
GÉNÉRATION DE FORCES<br />
La gestion de crise, sous toutes ses<br />
formes et jusqu’à son paroxysme destructeur<br />
s’il ne peut être évité, paraît<br />
être le cadre des opérations <strong>militaire</strong>s<br />
futures jusqu’à un horizon visible.<br />
L’expéri<strong>en</strong>ce de l’armée <strong>français</strong>e, et<br />
notamm<strong>en</strong>t des forces terrestres, est<br />
grande et reconnue <strong>en</strong> la matière, parmi<br />
ses part<strong>en</strong>aires alliés.<br />
Parmi les caractéristiques majeures de<br />
ces opérations, deux ont un impact<br />
important <strong>en</strong> terme d’appui <strong>génie</strong> avec<br />
des effets parfois antagonistes. Il s’agit<br />
<strong>en</strong> premier lieu de la réversibilité des<br />
situations tactiques. Elle impose aux<br />
forces terrestres une grande réactivité et<br />
par conséqu<strong>en</strong>t de disposer <strong>en</strong> perman<strong>en</strong>ce<br />
de la capacité de rétablir la liberté<br />
de mouvem<strong>en</strong>t pour les unités de combat<br />
et les flux logistiques, mais égalem<strong>en</strong>t<br />
la capacité de réorganiser rapidem<strong>en</strong>t<br />
le déploiem<strong>en</strong>t de la force. En<br />
second lieu, ces opérations s’inscriv<strong>en</strong>t<br />
toutes dans la durée. <strong>Le</strong>s conséqu<strong>en</strong>ces<br />
sont alors mesurables <strong>en</strong> termes de cantonnem<strong>en</strong>ts,<br />
d’infrastructures et de souti<strong>en</strong><br />
au stationnem<strong>en</strong>t.<br />
Or, un constat s’impose à l’étude des<br />
opérations réc<strong>en</strong>tes ou <strong>en</strong> cours, au<br />
regard de cette exig<strong>en</strong>ce opérationnelle<br />
croissante : les moy<strong>en</strong>s <strong>génie</strong> sont toujours<br />
comptés. L’emploi du <strong>génie</strong> doit<br />
donc être conçu globalem<strong>en</strong>t avec un<br />
effort capacitaire initial selon des effets à<br />
produire clairem<strong>en</strong>t id<strong>en</strong>tifiés, cet effort<br />
capacitaire <strong>génie</strong> variant logiquem<strong>en</strong>t <strong>en</strong><br />
fonction de l’évolution de l’opération<br />
dans le temps. Malheureusem<strong>en</strong>t, hormis<br />
le cas des crises majeures (Kosovo),<br />
la t<strong>en</strong>dance a longtemps été de choisir<br />
sur catalogue des moy<strong>en</strong>s (perversité du<br />
principe de modularité), avant de raisonner<br />
<strong>en</strong> termes effets à obt<strong>en</strong>ir sur le terrain<br />
(pour quoi faire ?). De façon plus<br />
générale la fonction ag<strong>en</strong>cem<strong>en</strong>t de l’espace<br />
terrestre (AGESTER) est le plus<br />
souv<strong>en</strong>t évoquée sous l’angle de l’articulation<br />
des moy<strong>en</strong>s, avant même que soit<br />
abordé le niveau d’emploi (qui commande<br />
?). Si l’idée d’un appui <strong>génie</strong> n’est<br />
pas discutée, c’est bi<strong>en</strong> à ces deux questions<br />
fondam<strong>en</strong>tales qu’il convi<strong>en</strong>t de<br />
répondre dès la génération de force, <strong>en</strong><br />
t<strong>en</strong>ant compte bi<strong>en</strong> <strong>en</strong>t<strong>en</strong>du des<br />
contraintes fixées par notre employeur<br />
politique et <strong>en</strong> toute connaissance des<br />
conséqu<strong>en</strong>ces des choix à effectuer.<br />
S A P E U R<br />
À ce stade, deux logiques s’affront<strong>en</strong>t :<br />
- une logique capacitaire, qui à partir<br />
d’effets à produire sur le terrain id<strong>en</strong>tifie<br />
les capacités ad hoc et les<br />
moy<strong>en</strong>s associés pour remplir la<br />
mission. L’appui <strong>génie</strong> ainsi défini<br />
correspond alors aux besoins de la<br />
force et participe pleinem<strong>en</strong>t à la<br />
cohér<strong>en</strong>ce de la manœuvre ;<br />
- à cette logique capacitaire s’oppose<br />
une logique de moy<strong>en</strong>s, elle-même<br />
dép<strong>en</strong>dante de contraintes budgétaires<br />
fortes qui aujourd’hui dim<strong>en</strong>sionn<strong>en</strong>t<br />
les conting<strong>en</strong>ts d’interv<strong>en</strong>tion<br />
extérieure.<br />
<strong>Le</strong> processus de génération de forces<br />
reste alors un compromis <strong>en</strong>tre un<br />
volume de moy<strong>en</strong>s à ne pas dépasser et<br />
des capacités opérationnelles les plus<br />
cohér<strong>en</strong>tes et complètes possibles pour<br />
remplir avec succès la mission dans<br />
laquelle la France s’<strong>en</strong>gage. C’est pourquoi,<br />
il est indisp<strong>en</strong>sable que le " commandem<strong>en</strong>t<br />
<strong>génie</strong> " participe au processus<br />
de génération de forces et à l’élaboration<br />
de la manœuvre par le biais de la<br />
MEDO, au même titre que cela est<br />
demandé au DL <strong>génie</strong> de BIA lors des<br />
exercices AURIGE.<br />
Aujourd’hui, l’optimisme peut être de mise<br />
<strong>en</strong> raison de la dynamique capacitaire<br />
qui se met <strong>en</strong> place au sein des armées.<br />
La manœuvre <strong>génie</strong> doit donc permettre<br />
à la fois de conc<strong>en</strong>trer les capacités et de<br />
basculer rapidem<strong>en</strong>t les efforts par le<br />
biais d’un commandem<strong>en</strong>t unique et<br />
d’un emploi c<strong>en</strong>tralisé des moy<strong>en</strong>s. En<br />
effet, l’objectif est bi<strong>en</strong> de fournir d’em-<br />
- 8 -<br />
blée un appui approprié aux effets<br />
recherchés sur le terrain ou sur l’adversaire<br />
selon un emploi souple mais c<strong>en</strong>tralisé,<br />
la mise <strong>en</strong> œuvre étant le plus<br />
souv<strong>en</strong>t et logiquem<strong>en</strong>t déconc<strong>en</strong>trée.<br />
Cette conception de l’emploi du <strong>génie</strong><br />
s’appuie sur une structure de commandem<strong>en</strong>t<br />
adaptable, sans toutefois jamais<br />
fusionner les niveaux de conception et<br />
de mise <strong>en</strong> œuvre.<br />
DU COMMANDEMENT DU GÉNIE<br />
EN OPÉRATIONS, OU L’ÉTERNELLE<br />
REMISE EN CAUSE DU COMMAN-<br />
DEMENT CENTRALISÉ DE L’ACTION<br />
<strong>Le</strong> commandem<strong>en</strong>t du <strong>génie</strong> dans toute<br />
opération doit impérativem<strong>en</strong>t obéir à des<br />
principes intangibles, que des querelles<br />
de personnes ou des més<strong>en</strong>t<strong>en</strong>tes chroniques<br />
ne peuv<strong>en</strong>t remettre <strong>en</strong> cause au<br />
risque de rompre la cohér<strong>en</strong>ce du dispositif<br />
<strong>génie</strong> et de l’appui qu’il doit fournir.<br />
<strong>Le</strong>s principes définis dans le GEN 100,<br />
sont plus que jamais d’actualité, d’autant<br />
qu’ils ont été largem<strong>en</strong>t éprouvés<br />
aussi bi<strong>en</strong> au Kosovo qu’<strong>en</strong> République<br />
de Côte d’Ivoire, pour ne ret<strong>en</strong>ir que les<br />
deux dernières opérations d’importance<br />
<strong>en</strong> volume de forces déployées. Dans<br />
l’opération TRIDENT, le choix a été fait<br />
d’<strong>en</strong>gager d’emblée des moy<strong>en</strong>s <strong>génie</strong><br />
conséqu<strong>en</strong>ts. En revanche, pour l’opération<br />
LICORNE, l’appui <strong>génie</strong> s’est limité à<br />
une compagnie de combat r<strong>en</strong>forcée<br />
d’une section organisation du terrain.<br />
La continuité des douze mandats du<br />
bataillon du <strong>génie</strong> de la brigade multina-<br />
Schéma organisation du commandem<strong>en</strong>t <strong>génie</strong> dans le cas d’un BATGEN
tionale Nord de la KFOR (1999-2003) et<br />
l’adaptation terrain des principes édictés<br />
ont permis d’id<strong>en</strong>tifier les structures de<br />
commandem<strong>en</strong>t du <strong>génie</strong> souhaitables<br />
et leur évolution au cours d’une opération.<br />
L’organisation du commandem<strong>en</strong>t<br />
doit par conséqu<strong>en</strong>t rester souple et<br />
représ<strong>en</strong>tative du volume de moy<strong>en</strong>s<br />
déployés, avec un positionnem<strong>en</strong>t impératif<br />
au niveau d’emploi le plus haut<br />
dans l’état-major considéré. On peut<br />
citer deux configurations, qui d’expéri<strong>en</strong>ce,<br />
concour<strong>en</strong>t à l’efficacité opérationnelle<br />
<strong>en</strong> jouant sur la complém<strong>en</strong>tarité<br />
des moy<strong>en</strong>s.<br />
1. Tous les moy<strong>en</strong>s du <strong>génie</strong>, et plus largem<strong>en</strong>t<br />
de la fonction AGESTER, sont<br />
regroupés sous un commandem<strong>en</strong>t<br />
unique <strong>génie</strong> (COMGENIE) qui dispose<br />
des structures pour valider l’emploi,<br />
conduire la mise <strong>en</strong> œuvre des moy<strong>en</strong>s,<br />
assurer la gestion du personnel et le<br />
souti<strong>en</strong> des matériels. <strong>Le</strong>s moy<strong>en</strong>s donnés<br />
<strong>en</strong> r<strong>en</strong>forcem<strong>en</strong>t et dédiés à une<br />
mission particulière sont alors placés<br />
sous contrôle tactique (TACON, voire<br />
sous TACOM) du commandant de la formation<br />
qui assure la coordination générale<br />
de l’action <strong>génie</strong> sur le théâtre.<br />
2. Lorsque le niveau de responsabilité du<br />
COMGENIE n’est plus représ<strong>en</strong>té <strong>en</strong> raison<br />
de la disparition du bataillon du<br />
<strong>génie</strong>, la cohér<strong>en</strong>ce opérationnelle d’emploi,<br />
voire de mise <strong>en</strong> œuvre, est alors<br />
c<strong>en</strong>tralisée soit au niveau d’un détachem<strong>en</strong>t<br />
de liaison et de mise <strong>en</strong> œuvre<br />
(DLMO) dans le cas où un DETGEN est<br />
S A P E U R<br />
mis <strong>en</strong> place, soit directem<strong>en</strong>t au niveau<br />
de la cellule G3-2D de l’état-major (brigade,<br />
task force ou PCIAT) dans le cas où<br />
l’appui <strong>génie</strong> se limite à une compagnie<br />
r<strong>en</strong>forcée voire à des sections spécialisées<br />
(cas de la Bosnie). À cet égard, il est<br />
indisp<strong>en</strong>sable de positionner au sein des<br />
GTIA, un DL ou une " cellule de mise <strong>en</strong><br />
œuvre " qui de fait sont aux ordres du<br />
commandant d’unité <strong>génie</strong> voire directem<strong>en</strong>t<br />
aux ordres de la cellule G3-2D.<br />
Schéma organisation du commandem<strong>en</strong>t <strong>génie</strong> dans le cas d’un DETGEN<br />
Schéma organisation du commandem<strong>en</strong>t <strong>génie</strong> dans le cas d’une UE GEN<br />
- 9 -<br />
UNE CAPACITÉ D’APPUI GÉNIE<br />
COHÉRENTE DANS LA CONTINUITÉ<br />
MÊME À PETITE ÉCHELLE<br />
Considérant, nous l’avons vu, qu’il ne<br />
peut y avoir d’opérations sans un appui<br />
<strong>génie</strong>, la Force doit bénéficier de cet<br />
appui dans tout le spectre de sa mission,<br />
soit <strong>en</strong> action d’<strong>en</strong>semble ou <strong>en</strong> appui<br />
direct des GTIA. Or, les moy<strong>en</strong>s <strong>génie</strong><br />
étant limités, les GTIA ne peuv<strong>en</strong>t se voir<br />
détacher <strong>en</strong> perman<strong>en</strong>ce des moy<strong>en</strong>s de<br />
combat. En revanche, parce que l’emploi<br />
c<strong>en</strong>tralisé des moy<strong>en</strong>s permet de varianter<br />
les efforts et de faire face à un besoin<br />
inopiné, les capacités existantes doiv<strong>en</strong>t<br />
être détachées et mis sous contrôle tactique<br />
(TACON) du GTIA dès lors que la<br />
mission l’exige. <strong>Le</strong> commandant d’unité<br />
ou le chef de section a alors toute latitude<br />
pour mettre <strong>en</strong> œuvre ses moy<strong>en</strong>s<br />
<strong>en</strong> fonction des effets souhaités par le<br />
commandant du GTIA. Cette articulation<br />
des moy<strong>en</strong>s <strong>génie</strong> peut aller jusqu’à dissocier<br />
le groupe de combat <strong>en</strong> équipes<br />
pour des actions spécifiques comme les<br />
fouilles par exemple ou le combat <strong>en</strong><br />
zone urbaine. On mesure ici toute l’importance<br />
de la formation de métier et de<br />
l’<strong>en</strong>traînem<strong>en</strong>t interarmes pour les<br />
jeunes cadres et caporaux, qui sur le terrain<br />
peuv<strong>en</strong>t être investis de missions<br />
délicates dans une relative autonomie.<br />
On mesure aussi tout l’intérêt pour le<br />
<strong>génie</strong> de disposer d’un système de communication<br />
performant.
Cette cohér<strong>en</strong>ce de l’appui <strong>génie</strong> s’exprime<br />
égalem<strong>en</strong>t à travers le r<strong>en</strong>forcem<strong>en</strong>t<br />
de la capacité " organisation du<br />
terrain-travaux " et " aide au déploiem<strong>en</strong>t<br />
" des compagnies d’appui des<br />
RGBIA, et le mainti<strong>en</strong> de capacités certes<br />
échantillonnaires mais indisp<strong>en</strong>sables à<br />
l’appui d’une Force d’interv<strong>en</strong>tion, et<br />
dont le <strong>génie</strong> lui-même ne doit pas<br />
remettre <strong>en</strong> cause la nécessité. Ce sont<br />
la section équipem<strong>en</strong>t montagne du 2e<br />
REG et les sections spécialisées équipem<strong>en</strong>t<br />
plage et équipem<strong>en</strong>t piste du 6e<br />
RG et du 17e RGP. Ces capacités doiv<strong>en</strong>t<br />
non seulem<strong>en</strong>t être pér<strong>en</strong>nisées mais<br />
elles doiv<strong>en</strong>t surtout l’être <strong>en</strong> simple<br />
qualification, peut-être au détrim<strong>en</strong>t<br />
d’autres capacités plus facilem<strong>en</strong>t<br />
exploitables <strong>en</strong> double qualification<br />
comme le franchissem<strong>en</strong>t. En effet, <strong>en</strong><br />
cas de besoin opérationnel plus important,<br />
elles pourrai<strong>en</strong>t dériver au sein de<br />
chaque corps des sous-<strong>en</strong>sembles spécialisés<br />
qui serai<strong>en</strong>t alors employés <strong>en</strong><br />
action d’<strong>en</strong>semble.<br />
S A P E U R<br />
Enfin, la capacité d’appui <strong>génie</strong> doit<br />
suivre l’évolution de la mission ou de<br />
l’état de la Force (volume, (re) déploiem<strong>en</strong>t)<br />
et non pas être <strong>en</strong> décalage complet<br />
avec l’action <strong>en</strong>visagée. Cette évolution<br />
ne peut être strictem<strong>en</strong>t homothétique<br />
et indexée sur le volume global de<br />
la Force. À cet égard, il faut logiquem<strong>en</strong>t<br />
cons<strong>en</strong>tir un volume significatif de<br />
moy<strong>en</strong>s lors de l’<strong>en</strong>trée sur le théâtre et<br />
lors du retrait de la force, <strong>en</strong> tolérant une<br />
fois la phase d’installation terminée un<br />
volume minimum strictem<strong>en</strong>t nécessaire<br />
mais cohér<strong>en</strong>t pour l’appui des<br />
groupem<strong>en</strong>ts tactiques.<br />
CONCLUSION<br />
Considérant la gestion de crise dans un<br />
cadre national ou <strong>en</strong> coalition, les conditions<br />
d’<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t d’une force opérationnelle<br />
resteront toujours dép<strong>en</strong>dantes<br />
de la part que la France souhaite<br />
pr<strong>en</strong>dre dans la résolution de la crise, et<br />
soumises aux contraintes budgétaires<br />
- 10 -<br />
qui fixeront in fine le format de la Force.<br />
Toutefois, cette réalité ne doit pas<br />
estomper la nécessité de disposer dès le<br />
début de crise, des capacités <strong>en</strong> effets et<br />
<strong>en</strong> volume suffisantes pour marquer son<br />
asc<strong>en</strong>dant sur l’adversaire et préserver<br />
sa liberté d’action.<br />
Dans ce cadre, seule une véritable<br />
manœuvre intégrée du <strong>génie</strong> permet de<br />
répondre aux exig<strong>en</strong>ces opérationnelles<br />
qui vont toujours croissantes avec des<br />
moy<strong>en</strong>s toujours comptés. Il faut pour<br />
cela, être prés<strong>en</strong>t au mom<strong>en</strong>t où tout se<br />
décide, voire <strong>en</strong> amont ; mettre <strong>en</strong> place<br />
un système de commandem<strong>en</strong>t <strong>génie</strong><br />
unique, adapté et représ<strong>en</strong>tatif du<br />
niveau d’emploi considéré ; et surtout<br />
maint<strong>en</strong>ir les capacités <strong>génie</strong> dans un<br />
spectre large <strong>en</strong> recherchant l’aptitude à<br />
agir sur tous les terrains (y compris la<br />
zone urbaine), la robustesse des équipem<strong>en</strong>ts<br />
et la suffisance technologique.
Colonel<br />
D<strong>en</strong>is<br />
PARMENTIER<br />
Admis <strong>en</strong> 1980 à l’école spéciale<br />
<strong>militaire</strong> de Saint-Cyr, le colonel<br />
Parm<strong>en</strong>tier choisit l’arme du <strong>génie</strong><br />
et effectue son stage d’application<br />
à l’ESAG (1982-1983).<br />
Sa carrière d’officier se partage<br />
<strong>en</strong>tre des affectations <strong>en</strong> régim<strong>en</strong>t<br />
ou <strong>en</strong> administration c<strong>en</strong>trale.<br />
Il a notamm<strong>en</strong>t servi au 11 e RG et<br />
au 6 e RG comme CDS et CDU. Il a<br />
été chef du BOI du 34 e RG.<br />
Promu colonel <strong>en</strong> 2001, il a<br />
commandé, de 2002 à 2004, le<br />
13 e régim<strong>en</strong>t du <strong>génie</strong> à EPERNAY<br />
puis au VALDAHON. P<strong>en</strong>dant<br />
cette période, il a pris le commandem<strong>en</strong>t<br />
du BATFRA 6 au<br />
KOSOVO.<br />
Il a égalem<strong>en</strong>t servi au bureau de<br />
conception des systèmes de<br />
forces de l’EMAT, une première<br />
fois de 1998 à 2002 <strong>en</strong> tant que<br />
chargé de la fonction « Ag<strong>en</strong>cem<strong>en</strong>t<br />
de l’espace terrestre », puis de<br />
2004 à 2005 <strong>en</strong> tant qu’adjoint et<br />
officier <strong>en</strong> charge de la cohér<strong>en</strong>ce<br />
opérationnelle du système de<br />
forces « Maîtrise du milieu aéroterrestre<br />
».<br />
In<strong>génie</strong>ur de l’école nationale des<br />
ponts et chaussées, il a suivi la<br />
108 e promotion du cours supérieur<br />
d'état-major et la 3 e promotion<br />
du CID.<br />
Depuis l’été 2005, il occupe les<br />
fonctions de chef du Bureau<br />
APPUIS au sein de la Direction du<br />
Personnel Militaire de l’armée de<br />
Terre.<br />
S A P E U R<br />
LES ARMES À LÉTALITÉ RÉDUITE<br />
APPLIQUÉES À LA CONTRE-MOBILITÉ<br />
Non-lethal, hardware dedicated weapon systems seem to be well adapted tools for<br />
peace keeping operations, and they could constitute a main axis of developm<strong>en</strong>t.<br />
They provide new and non-conv<strong>en</strong>tional capabilities to armed forces, especially in<br />
counter-mobility actions.<br />
Nevertheless, the effici<strong>en</strong>cy and ev<strong>en</strong> the concept of these weapons are subject to<br />
debates. There remain a lot of controversies, and regarding to legal, political, military<br />
and moral aspects, this is a very s<strong>en</strong>sible domain.<br />
Therefore, a conceptual and standardizing work is necessary before any further developm<strong>en</strong>t.<br />
En 2001, l’état-major de l’armée de terre<br />
rédigeait et validait un nouveau concept<br />
de contre-mobilité1 . L’élaboration de ce<br />
docum<strong>en</strong>t t<strong>en</strong>ait compte des deux évolutions<br />
majeures suivantes :<br />
• d’une part, la mise <strong>en</strong> œuvre des<br />
moy<strong>en</strong>s relevant du domaine classique<br />
de la « contre-mobilité », c’està-dire<br />
la constitution d’obstacles,<br />
devi<strong>en</strong>t de plus <strong>en</strong> plus contrainte<br />
par la nature des <strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>ts dans<br />
lesquels il s’agit plus de maîtriser la<br />
viol<strong>en</strong>ce que de vaincre un <strong>en</strong>nemi.<br />
Cep<strong>en</strong>dant, il est clair que, sur le<br />
long terme, ce domaine reste pertin<strong>en</strong>t<br />
et justifie la poursuite des travaux<br />
<strong>en</strong>gagés, qui doiv<strong>en</strong>t cep<strong>en</strong>dant<br />
t<strong>en</strong>ir compte des contraintes<br />
juridiques et d'opinions publiques,<br />
• d’autre part, la technique offre de<br />
plus <strong>en</strong> plus de possibilités pour<br />
satisfaire de multiples besoins opérationnels,<br />
dont ceux de contremobilité,<br />
ce qui élargit singulièrem<strong>en</strong>t<br />
le spectre de mise <strong>en</strong> œuvre<br />
des activités correspondantes et des<br />
techniques auxquelles elle peut faire<br />
appel, permettant ainsi de satisfaire<br />
les nouveaux besoins générés par<br />
les évolutions des <strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>ts.<br />
<strong>Le</strong> nouveau concept de contre-mobilité<br />
se fonde, d'une part sur l'optimisation<br />
des capacités existantes par la graduation<br />
des effets 2 et d’autre part sur le<br />
développem<strong>en</strong>t de deux aptitudes, la<br />
réversibilité et la réactivité. Il sous-t<strong>en</strong>d<br />
le projet de système de contre-mobilité<br />
- 11 -<br />
réactif (SYCOMORE) qui permettra, avec<br />
un nombre réduit d'opérateurs, de surveiller,<br />
contrôler, interdire des itinéraires<br />
d'accès et des compartim<strong>en</strong>ts de terrain,<br />
<strong>en</strong> particulier <strong>en</strong> zone urbaine, face à des<br />
véhicules ou à du personnel débarqué. Il<br />
s'intégrera dans l'architecture générale<br />
du système de contrôle de zone futur. <strong>Le</strong><br />
premier maillon de cette chaîne devait<br />
être constitué par le système HPD F4.<br />
Or, d’arbitrages budgétaires <strong>en</strong> indécisions<br />
structurelles, il devi<strong>en</strong>t de moins<br />
<strong>en</strong> moins probable de pouvoir lancer et<br />
m<strong>en</strong>er à terme un programme d’armem<strong>en</strong>t<br />
concernant des mines et leur système<br />
de pose. Vol<strong>en</strong>s nol<strong>en</strong>s, l’armée de<br />
terre risque à moy<strong>en</strong> terme de perdre sa<br />
capacité de contre-mobilité.<br />
Cep<strong>en</strong>dant, aujourd’hui, les évolutions<br />
<strong>en</strong> matière de technologie permett<strong>en</strong>t<br />
d’<strong>en</strong>visager des développem<strong>en</strong>ts capacitaires<br />
à court et moy<strong>en</strong> terme, <strong>en</strong> particulier<br />
dans le domaine de la contremobilité,<br />
tout <strong>en</strong> s’affranchissant de<br />
l’emploi des mines antichars et des<br />
destructions irréversibles des infrastructures.<br />
En effet, si les armes à létalité<br />
réduite ont trouvé une application réglem<strong>en</strong>taire,<br />
à défaut d’être cons<strong>en</strong>suelle,<br />
dans les armées, leur application dans le<br />
domaine de la contre-mobilité n’est toujours<br />
pas <strong>en</strong>visagée, or, elles offr<strong>en</strong>t des<br />
pot<strong>en</strong>tialités importantes qui devrai<strong>en</strong>t<br />
attirer l’att<strong>en</strong>tion des sapeurs dans le<br />
cadre du combat futur des forces<br />
terrestres.<br />
1) Concept de contre-mobilité XXI n° 46/DEF/EMAT/BCSF/AET du 02/02/2001<br />
2) La capacité de graduer les effets permet d'accroître les possibilités d'emploi d'un système de<br />
combat et, <strong>en</strong> conséqu<strong>en</strong>ce, la liberté d'action du commandant de la force.
DE QUOI S’AGIT-IL ?<br />
RECHERCHE D’UNE DÉFINITION<br />
La notion de létalité ou de mort r<strong>en</strong>voyant<br />
à l’homme, il s’agit tout d’abord<br />
interrogé sur la définition d’armes à létalité<br />
réduite. <strong>Le</strong> Chef d’État-Major des<br />
Armées a diffusé, <strong>en</strong> date du 27 janvier<br />
2005, un premier concept d’emploi<br />
applicable par l’<strong>en</strong>semble de nos forces<br />
armées. Ce docum<strong>en</strong>t donne la définition<br />
suivante :<br />
<strong>Le</strong>s armes à létalité réduite sont des<br />
équipem<strong>en</strong>ts spécifiquem<strong>en</strong>t conçus<br />
et mis au point pour mettre hors de<br />
combat ou repousser les personnes, et<br />
qui, dans les conditions normales prévues<br />
pour leur emploi, prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t une<br />
faible probabilité de provoquer une<br />
issue fatale, des blessures graves ou<br />
des lésions perman<strong>en</strong>tes.<br />
Ce docum<strong>en</strong>t précise que les matériels<br />
qui permettrai<strong>en</strong>t de limiter les dommages<br />
sur l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t et tous les<br />
moy<strong>en</strong>s qui vis<strong>en</strong>t à mettre hors d’état<br />
les matériels sont à exclure de cette<br />
catégorie, sauf lorsqu’ils sont employés<br />
dans le but de réduire par effets indirects<br />
les dommages aux personnes.<br />
Cette définition est assez proche de celle<br />
adoptée par l’OTAN, à ceci près que cette<br />
dernière utilise l’expression « non létales »,<br />
au lieu de « létalité réduite », tout <strong>en</strong> reconnaissant<br />
les risques de létalité et qu’elle<br />
admet explicitem<strong>en</strong>t que ces armes puiss<strong>en</strong>t<br />
avoir une finalité anti-matériels « <strong>Le</strong>s<br />
armes non létales (ANL) sont des armes<br />
spécifiquem<strong>en</strong>t conçues et mises au point<br />
pour mettre hors de combat ou repousser<br />
le personnel, avec une faible probabilité<br />
d’issue fatale ou de lésion perman<strong>en</strong>te ou<br />
mettre hors d’état le matériel, avec un<br />
minimum de dommages non int<strong>en</strong>tionnels<br />
ou d’incid<strong>en</strong>ces sur l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t ».<br />
Nos forces étant le plus souv<strong>en</strong>t appelées<br />
à interv<strong>en</strong>ir <strong>en</strong> milieu urbain, face à<br />
des élém<strong>en</strong>ts hostiles pouvant disposer<br />
d’équipem<strong>en</strong>ts diversifiés et innovants,<br />
il paraît justifié d’<strong>en</strong>visager de les doter<br />
d’armem<strong>en</strong>ts capables de neutraliser ou<br />
de détruire certains moy<strong>en</strong>s adverses<br />
tout <strong>en</strong> limitant à la fois les pertes<br />
humaines, <strong>en</strong> particulier dans la population,<br />
et les dégradations des infrastructures<br />
dont la disponibilité est indisp<strong>en</strong>sable<br />
au retour à la paix. On observe<br />
d’ailleurs que, confronté <strong>en</strong> Irak à la multiplication<br />
des attaques suicides<br />
conduites à bord de véhicules chargés<br />
d’explosifs et aux risques de méprise, le<br />
P<strong>en</strong>tagone vi<strong>en</strong>t de ret<strong>en</strong>ir comme<br />
besoin prioritaire la capacité d’arrêter un<br />
véhicule sans mettre <strong>en</strong> cause la vie du<br />
conducteur et des tiers.<br />
<strong>Le</strong>s expressions « Armes à Effets<br />
Contrôlés » ou « Armes à Effets Collatéraux<br />
Réduits » sont parfois utilisées<br />
pour définir ce type d’équipem<strong>en</strong>ts ;<br />
elles trouv<strong>en</strong>t un écho favorable auprès<br />
des États-majors. Je me ti<strong>en</strong>drai cep<strong>en</strong>dant<br />
à l’expression « Armes à Létalité<br />
Réduite visant le Matériel » que, dans<br />
l’int<strong>en</strong>tion d’alléger la lecture de cet<br />
article, je désignerai sous le sigle ALRM.<br />
Il s’agit bi<strong>en</strong> de moy<strong>en</strong>s qui, par la spécificité<br />
de leur conception, ne sont prévus<br />
que pour réduire ou neutraliser les capacités<br />
des équipem<strong>en</strong>ts et des matériels<br />
de l’adversaire, ainsi que la disponibilité<br />
des infrastructures <strong>en</strong> s’efforçant de<br />
limiter les dommages indésirables,<br />
<strong>en</strong> particulier <strong>en</strong>vers les personnes.<br />
L’emploi de ces armem<strong>en</strong>ts ne peut<br />
exclure totalem<strong>en</strong>t le risque de létalité,<br />
notamm<strong>en</strong>t du fait d’un <strong>en</strong>chaînem<strong>en</strong>t<br />
imprévisible de réactions ou d’une utilisation<br />
non conforme. Il convi<strong>en</strong>t d’admettre<br />
égalem<strong>en</strong>t à ce stade de la<br />
réflexion que certaines des technologies<br />
qui serai<strong>en</strong>t développées à cette fin puiss<strong>en</strong>t<br />
trouver, avec des caractéristiques<br />
ou des réglages différ<strong>en</strong>ts, des applications<br />
létales et capables de détruire leurs<br />
cibles. En tout état de cause, il s’agit bi<strong>en</strong><br />
d’armes dont l’emploi ne peut être <strong>en</strong>visagé<br />
que dans le cadre plus général de<br />
l’usage de la force.<br />
PÉRIMÈTRE<br />
S A P E U R<br />
<strong>Le</strong> nombre important de systèmes<br />
d’armes, de protection ou d’information<br />
qui, <strong>en</strong> appar<strong>en</strong>ce, satisfont à la définition<br />
ret<strong>en</strong>ue nécessite d’<strong>en</strong> préciser le<br />
périmètre.<br />
Dans la typologie des ALRM, ne peuv<strong>en</strong>t<br />
être ret<strong>en</strong>ues comme telles que celles<br />
qui, <strong>en</strong> dehors de leurs effets indirects<br />
sur l’homme, agiss<strong>en</strong>t sur les capacités<br />
physiques des matériels et des infrastructures.<br />
En conséqu<strong>en</strong>ce, les moy<strong>en</strong>s<br />
de guerre électronique et <strong>en</strong> particulier<br />
les moy<strong>en</strong>s d’agression (intrusion,<br />
brouillage…) ne peuv<strong>en</strong>t pas être<br />
normalem<strong>en</strong>t considérés comme des<br />
ALRM. <strong>Le</strong>s effets recherchés par ce type<br />
de moy<strong>en</strong>s n’ont <strong>en</strong> effet ri<strong>en</strong> à voir avec<br />
la notion de non-létalité, malgré l’ab-<br />
- 12 -<br />
s<strong>en</strong>ce de dommages occasionnés aux<br />
équipem<strong>en</strong>ts visés. On admettra cep<strong>en</strong>dant<br />
quelques exceptions dictées par le<br />
bon s<strong>en</strong>s. Par exemple, l’emploi d’un<br />
projecteur de micro-ondes destiné à<br />
neutraliser le dispositif électronique de<br />
mise à feu d’un individu soupçonné de<br />
pouvoir commettre une attaque suicide.<br />
<strong>Le</strong>s ALRM n’inclu<strong>en</strong>t pas non plus les<br />
opérations psychologiques, ni celles<br />
liées à l’information qui revêt<strong>en</strong>t une<br />
connotation immatérielle et agiss<strong>en</strong>t<br />
dans un champ particulier.<br />
En revanche, certains moy<strong>en</strong>s NBC peuv<strong>en</strong>t<br />
<strong>en</strong>trer dans cette catégorisation<br />
dans les limites autorisées par les lois et<br />
traités <strong>en</strong> vigueur : <strong>en</strong> effet, certaines<br />
ALRM relèv<strong>en</strong>t de processus chimiques,<br />
les polymères par exemple, d’autres de<br />
processus biologiques.<br />
POURQUOI DES ALRM ?<br />
UN ENVIRONNEMENT STRATÉGIQUE<br />
MOUVANT<br />
<strong>Le</strong> nouvel <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t géostratégique<br />
conduit à rep<strong>en</strong>ser l’usage de la<br />
force. Il ne s’agit plus de démoraliser un<br />
<strong>en</strong>nemi bi<strong>en</strong> id<strong>en</strong>tifié et de le battre par<br />
la destruction de ses forces armées et<br />
de son pot<strong>en</strong>tiel économique. En effet,<br />
sans pouvoir être exclu, l’<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t<br />
de nos forces armées dans un conflit<br />
majeur est communém<strong>en</strong>t considéré<br />
comme peu probable pour les vingt à<br />
tr<strong>en</strong>te prochaines années. En revanche,<br />
la gestion de crises de diverses natures<br />
constituera très vraisemblablem<strong>en</strong>t l’ess<strong>en</strong>tiel<br />
de notre activité opérationnelle<br />
sur cette période.<br />
Dans la plupart des cas, l’<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t<br />
de nos forces a pour objet la séparation<br />
de groupes hostiles ou l’imposition<br />
d’une volonté politique, <strong>en</strong> cherchant à<br />
limiter l’emploi de la force au plus bas<br />
niveau compatible avec le succès de la<br />
mission et <strong>en</strong> évitant, autant que faire se<br />
peut, d’<strong>en</strong>dommager gravem<strong>en</strong>t les<br />
infrastructures dont le bon fonctionnem<strong>en</strong>t<br />
est indisp<strong>en</strong>sable au retour à la<br />
paix. <strong>Le</strong> développem<strong>en</strong>t de l’urbanisation,<br />
avec une fréqu<strong>en</strong>te imbrication,<br />
délibérée ou non, des installations <strong>militaire</strong>s<br />
et civiles, conduit égalem<strong>en</strong>t à<br />
imaginer de nouveaux modes d’action.<br />
La logique de choix des options <strong>militaire</strong>s<br />
<strong>en</strong> souti<strong>en</strong> des actions politiques<br />
de résolution des crises et des conflits
doit désormais pr<strong>en</strong>dre <strong>en</strong> compte les<br />
données suivantes :<br />
• L’emploi aussi maîtrisé, gradué et<br />
mesuré que possible de la force afin<br />
de limiter les pertes humaines chez<br />
les différ<strong>en</strong>ts acteurs du conflit ou de<br />
la crise. En effet, assez souv<strong>en</strong>t, l’adversaire<br />
ne sera plus une nation<br />
mais une partie de la classe dirigeante,<br />
un groupe actif, des parties<br />
antagonistes de la population…<br />
• La prés<strong>en</strong>ce des populations : sur tout<br />
théâtre d’opérations, nos forces ont<br />
à faire face à la prés<strong>en</strong>ce de noncombattants<br />
(populations civiles,<br />
ONG), ce qui interdit l’acceptation de<br />
pertes collatérales. Simultaném<strong>en</strong>t,<br />
tout ou partie des populations t<strong>en</strong>d à<br />
s’ériger <strong>en</strong> acteur des crises et des<br />
conflits et n’hésite plus à rechercher<br />
l’affrontem<strong>en</strong>t avec nos forces, ou à<br />
provoquer des bavures. La notion de<br />
ligne de front t<strong>en</strong>d alors à disparaître.<br />
• La nécessité de la reconstruction :<br />
l’effet final recherché des <strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>ts<br />
vise généralem<strong>en</strong>t à faire plier<br />
la volonté adverse, tout <strong>en</strong> se gardant<br />
la possibilité de rétablir au plus vite<br />
les conditions permettant la restauration<br />
d’une vie économique, sociale et<br />
administrative normale. <strong>Le</strong>s atteintes<br />
aux infrastructures devront donc être<br />
aussi limitées que possible.<br />
• <strong>Le</strong> facteur temps : les méthodes<br />
modernes de conduite des opérations<br />
<strong>militaire</strong>s <strong>en</strong> ont considérablem<strong>en</strong>t<br />
accéléré le tempo. La phase de<br />
stabilisation et celle de reconstruction<br />
intervi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t donc très vite<br />
après les combats ; elles sont même<br />
souv<strong>en</strong>t imbriquées. La rapidité de<br />
remise <strong>en</strong> route des installations<br />
devi<strong>en</strong>t alors un facteur déterminant<br />
pour gagner la confiance des populations,<br />
lorsqu’il <strong>en</strong> est <strong>en</strong>core temps.<br />
<strong>Le</strong>s caractéristiques des armes doiv<strong>en</strong>t<br />
répondre à ces nouvelles exig<strong>en</strong>ces. La<br />
diversité des m<strong>en</strong>aces implique par<br />
ailleurs une grande variété de moy<strong>en</strong>s<br />
de riposte. Dans ce contexte, l’emploi<br />
d’armes classiques, létales et explosives,<br />
comme les mines ou les charges<br />
formées, peut dans certains cas se révéler<br />
inadapté et disproportionné au<br />
regard des missions à accomplir. C’est<br />
pourquoi des Armes à Létalité Réduite<br />
visant le Matériel (ALRM) leur seront<br />
alors préférées.<br />
S A P E U R<br />
ÉVALUATION DU BESOIN OPÉRA-<br />
TIONNEL<br />
Ces armes doiv<strong>en</strong>t permettre de neutraliser<br />
des matériels ou des infrastructures<br />
p<strong>en</strong>dant une période limitée, ou év<strong>en</strong>tuellem<strong>en</strong>t<br />
de les détruire, tout <strong>en</strong> ayant<br />
égalem<strong>en</strong>t des effets réduits, et si possible<br />
réversibles, sur les personnes<br />
comme sur l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t des cibles<br />
visées. Cette réflexion s’inscrit dans une<br />
vision de conduite d’opérations visant à<br />
obt<strong>en</strong>ir des effets politico-<strong>militaire</strong>s définis,<br />
théorisée par le concept d’ " opérations<br />
basées sur les effets " (EBO).<br />
Selon la situation opérationnelle r<strong>en</strong>contrée,<br />
le choix <strong>en</strong>tre la neutralisation ou la<br />
destruction d’une cible pourra répondre<br />
à l’un ou plusieurs des critères suivants :<br />
• besoin de donner un avertissem<strong>en</strong>t,<br />
• besoin d’immobiliser des mobiles<br />
terrestres ou maritimes,<br />
• auto-protection de nos forces,<br />
• volonté de préserver des infrastructures<br />
<strong>en</strong> vue de la sortie de crise,<br />
• risques d’effets collatéraux inacceptables,<br />
• niveau de protection de la cible,<br />
• cible cont<strong>en</strong>ant des produits dangereux.<br />
<strong>Le</strong>s cibles doiv<strong>en</strong>t pouvoir être choisies<br />
<strong>en</strong> fonction de l'effet politico-<strong>militaire</strong><br />
recherché, ce qui justifie un premier<br />
besoin de diversification des effets des<br />
armes. <strong>Le</strong>s impératifs tant logistiques<br />
qu’opérationnels amèn<strong>en</strong>t <strong>en</strong>suite naturellem<strong>en</strong>t<br />
à favoriser une aussi grande<br />
polyval<strong>en</strong>ce que possible de ces armes.<br />
Par ailleurs, l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t politique,<br />
médiatique, et juridique de ces actions<br />
r<strong>en</strong>d de plus <strong>en</strong> plus nécessaire la maî-<br />
- 13 -<br />
trise de l’<strong>en</strong>semble des effets des armes.<br />
En effet, la capacité de réponse à la gradation<br />
des formes d’<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t, de la<br />
crise au conflit, nécessite l’obt<strong>en</strong>tion<br />
d’effets contrôlés (désorganiser, neutraliser,<br />
détruire). Enfin, la décision d'emploi<br />
d'un moy<strong>en</strong> d’action ne repose plus<br />
uniquem<strong>en</strong>t sur l'efficacité des effets<br />
directs obt<strong>en</strong>us sur la cible, mais égalem<strong>en</strong>t<br />
sur la maîtrise des effets indirects<br />
ou « collatéraux » au s<strong>en</strong>s large (effets<br />
non planifiés et non int<strong>en</strong>tionnels, mais<br />
aussi effets <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>taux), auxquels<br />
les opinions publiques, acteurs<br />
importants de la gestion de crise, sont<br />
particulièrem<strong>en</strong>t s<strong>en</strong>sibles.<br />
EMPLOI DES ALRM<br />
<strong>Le</strong>s leçons apprises des crises et des<br />
opérations réc<strong>en</strong>tes, leur nature, leur<br />
<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t médiatique, l’évolution<br />
de la s<strong>en</strong>sibilité des opinions publiques<br />
occid<strong>en</strong>tales montr<strong>en</strong>t l’intérêt de doter<br />
les forces d’armes non létales, notamm<strong>en</strong>t<br />
dans le cadre du contrôle urbain.<br />
Toujours plus <strong>en</strong>gagées dans la durée et<br />
au contact de la réalité complexe des<br />
milieux humain et physique, particulièrem<strong>en</strong>t<br />
dans des conflits asymétriques,<br />
s’<strong>en</strong>gageant parfois au sein d’alliances<br />
internationales, les armées doiv<strong>en</strong>t pouvoir<br />
répondre à tout type de situation<br />
relevant du concept de juste suffisance.<br />
Dépassant le seul contrôle des foules,<br />
les ALRM ouvr<strong>en</strong>t des horizons nouveaux<br />
dans la résolution des <strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>ts<br />
futurs, notamm<strong>en</strong>t lorsqu’ils donn<strong>en</strong>t<br />
lieu à des actions relevant ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t<br />
de la maîtrise de la viol<strong>en</strong>ce.<br />
Ainsi, dans le cadre d’opérations comme<br />
la Côte d’Ivoire ou la Bosnie, quels que<br />
soi<strong>en</strong>t le type d’opération et le mode<br />
opératoire ret<strong>en</strong>u initialem<strong>en</strong>t, la force<br />
peut être confrontée à une foule, par
définition versatile. Après avoir imposé<br />
un cessez-le-feu et afin d’éviter les<br />
affrontem<strong>en</strong>ts interethniques, il s’agit de<br />
contrôler ou sécuriser une zone (effet sur<br />
le terrain), de s’interposer <strong>en</strong>tre deux<br />
factions ethniques (effet sur la population,<br />
les milices) tout <strong>en</strong> assurant sa<br />
propre sécurité et sauvegarde (effet sur<br />
les amis).<br />
Dans le cadre d’une opération de guerre 3 ,<br />
comme le conflit iraki<strong>en</strong>, il s’agit de<br />
m<strong>en</strong>er des actions de combat int<strong>en</strong>sives<br />
parfois <strong>en</strong> zone urbanisée tout <strong>en</strong> limitant<br />
les dommages collatéraux. Enfin, lors des<br />
opérations aéri<strong>en</strong>nes au Kosovo, il s’agissait,<br />
avant de lancer une opération terrestre,<br />
d’<strong>en</strong>tamer la force morale de l’adversaire,<br />
et plus particulièrem<strong>en</strong>t de ses<br />
dirigeants, par la destruction ou la neutralisation<br />
d’objectifs politiques (bâtim<strong>en</strong>ts<br />
administratifs), économiques (production<br />
d’énergie, ponts) et <strong>militaire</strong>s<br />
(réseaux de télécommunications).<br />
L’emploi des ALRM paraît pouvoir être<br />
<strong>en</strong>visagé :<br />
• Dans tous les types d’<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t :<br />
<strong>en</strong> coercition, pour neutraliser temporairem<strong>en</strong>t,<br />
ou si nécessaire plus<br />
durablem<strong>en</strong>t, des infrastructures,<br />
barrer des axes ou des points de passage.<br />
Dans le cadre de la maîtrise de<br />
la viol<strong>en</strong>ce, et des actions de basse<br />
int<strong>en</strong>sité, pour contrer la mobilité<br />
des foules. Dans le cadre d’opérations<br />
de contrôle d’embargo pour<br />
lutter contre les trafics et l’immigration<br />
illicites.<br />
• Sur l’<strong>en</strong>semble de la zone d’opération,<br />
aussi bi<strong>en</strong> sur des objectifs<br />
stratégiques par la neutralisation<br />
d’une infrastructure ou d’un c<strong>en</strong>tre<br />
3) Au s<strong>en</strong>s de l’IM 1000<br />
4) Cette analyse vaut pour les ALR comme pour les ALRM.<br />
S A P E U R<br />
de décision, que sur des objectifs<br />
tactiques comme, par exemple, des<br />
axes de pénétration ou des colonnes<br />
de véhicules.<br />
- Pour l’auto-protection de nos forces,<br />
comme la protection de nos installations<br />
et infrastructures <strong>en</strong> opérations<br />
extérieures.<br />
L’emploi des ALRM peut concerner trois<br />
grandes catégories d’objectifs : des<br />
infrastructures (usines électriques,<br />
c<strong>en</strong>tres d’émission radioélectrique…),<br />
des matériels <strong>militaire</strong>s et particulièrem<strong>en</strong>t<br />
les véhicules de combat (blindés,<br />
aéronefs au sol, systèmes d’armes), et<br />
<strong>en</strong>fin des véhicules de gamme commerciale<br />
(bus, voitures).<br />
Grâce à la réversibilité de leurs effets ou<br />
à la limitation de leur pouvoir destructif,<br />
les ALRM peuv<strong>en</strong>t grandem<strong>en</strong>t contribuer<br />
au succès tactique <strong>en</strong> maint<strong>en</strong>ant<br />
ou ram<strong>en</strong>ant la viol<strong>en</strong>ce au plus bas<br />
niveau possible. En limitant l’effet perman<strong>en</strong>t<br />
des destructions <strong>en</strong>durées par<br />
l’adversaire, ou l’ami sur le territoire<br />
duquel on intervi<strong>en</strong>t, elles concour<strong>en</strong>t à<br />
une sortie de crise plus rapide<br />
COMMENT UTILISER LES ALRM ?<br />
PRINCIPES D’EMPLOI OPÉRATIONNEL<br />
DES ALR ET ALRM<br />
Il n’existe pas d’opérations non létales.<br />
L’emploi de la force armée a pour objet<br />
d’exercer un effet décisif sur l’adversaire<br />
pour détruire, réduire ou neutraliser ses<br />
capacités de manœuvre. Dans ce cadre,<br />
l’utilisation des seules ALR ne peut donc<br />
pas correspondre à un principe d’emploi.<br />
- 14 -<br />
Elles constitu<strong>en</strong>t une capacité, parfois<br />
indisp<strong>en</strong>sable, qui contribue à diversifier<br />
la gamme des moy<strong>en</strong>s mis <strong>en</strong> œuvre par<br />
les forces, et à compléter le vide existant<br />
<strong>en</strong>tre le « tout ou ri<strong>en</strong> » d’une action qui<br />
pourrait paraître dans certaines opérations<br />
disproportionnée ou inadaptée. La<br />
conception, comme l’utilisation de ces<br />
armes, s’inscriv<strong>en</strong>t pleinem<strong>en</strong>t dans le<br />
cadre d’une opération basée sur les effets<br />
et ne doiv<strong>en</strong>t être p<strong>en</strong>sées qu’<strong>en</strong> complém<strong>en</strong>tarité<br />
des moy<strong>en</strong>s classiques qui<br />
garantiss<strong>en</strong>t la supériorité opérationnelle.<br />
Cep<strong>en</strong>dant, il est à noter que l’effet<br />
maximum des ALR et ALRM est obt<strong>en</strong>u<br />
lorsque celles-ci sont employées de façon<br />
« coordonnée » avec des armes classiques.<br />
Cep<strong>en</strong>dant, même si l’utilisation des<br />
ALR-ALRM ne peut exclure des pertes<br />
humaines, leur emploi reste moins létal<br />
que les armes « classiques » employées<br />
dans les mêmes conditions et sur le<br />
même type d’objectifs. Il s’agit donc<br />
d’accepter le risque avec un niveau de<br />
létalité contrôlé par rapport aux armes<br />
existantes.<br />
LES ASPECTS JURIDIQUES DU<br />
DÉVELOPPEMENT DES ALR-ALRM 4<br />
<strong>Le</strong>s armes non létales constitu<strong>en</strong>t dans<br />
les faits une nouvelle génération d’armem<strong>en</strong>ts<br />
que ne régit spécifiquem<strong>en</strong>t<br />
aucun texte de droit ; il n’existe aucune<br />
définition commune internationale des<br />
ALR, lesquelles ne constitu<strong>en</strong>t pas, au<br />
regard du droit international, une catégorie<br />
d’armem<strong>en</strong>ts distincte. <strong>Le</strong>s États et<br />
différ<strong>en</strong>tes organisations internationales<br />
ont ainsi développé leur propre politique<br />
vis-à-vis de ces armes et <strong>en</strong> donn<strong>en</strong>t leur<br />
propre définition. L’OTAN par exemple
déclare que « la recherche et le développem<strong>en</strong>t,<br />
l’acquisition et l’emploi d’armes<br />
non létales sont à tout mom<strong>en</strong>t<br />
conformes aux traités, aux conv<strong>en</strong>tions<br />
et au droit international applicables, <strong>en</strong><br />
particulier le droit des conflits armés,<br />
ainsi qu’à la législation nationale et aux<br />
règles d’<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t agréées ». En<br />
2001, la France a adopté la définition<br />
donnée par l’OTAN <strong>en</strong> 1999, <strong>en</strong> introduisant<br />
la notion de létalité réduite 5 .<br />
Cep<strong>en</strong>dant, les armes non létales peuv<strong>en</strong>t<br />
être juridiquem<strong>en</strong>t rattachées aux<br />
textes nationaux, communautaires et<br />
internationaux réglem<strong>en</strong>tant les armes<br />
conv<strong>en</strong>tionnelles et les armes chimiques<br />
et biologiques. L’usage des armes non<br />
létales doit <strong>en</strong> effet se conformer aux<br />
dispositions du droit international<br />
humanitaire et du droit des conflits<br />
armés, et il est possible d’ét<strong>en</strong>dre aux<br />
ALR les conv<strong>en</strong>tions sur les armes traditionnelles,<br />
chimiques et biologiques.<br />
Cep<strong>en</strong>dant, le problème commun de ces<br />
textes réside dans leur imprécision : ils<br />
port<strong>en</strong>t tous interdiction totale de développem<strong>en</strong>t<br />
et d’emploi d’ag<strong>en</strong>ts biologiques<br />
et chimiques qui ne sont pas destinés<br />
à une utilisation pacifique, et ce<br />
sans exception. Mais dans aucun de ces<br />
textes n’est établie la distinction <strong>en</strong>tre le<br />
caractère létal et le caractère non létal<br />
des armes concernées. <strong>Le</strong>s int<strong>en</strong>tions<br />
finales des ALR et des armes chimiques<br />
et biologiques classiques sont très difficiles<br />
à différ<strong>en</strong>cier tant les produits utilisés<br />
et les processus mis <strong>en</strong> œuvre sont<br />
similaires. Ainsi, selon l’interprétation<br />
faite de ces textes, le développem<strong>en</strong>t et<br />
l’emploi d’ALR est légal ou non, puisqu’il<br />
n’est pas explicitem<strong>en</strong>t interdit d’utiliser<br />
des moy<strong>en</strong>s chimiques ou biologiques si<br />
les fins sont pacifiques.<br />
<strong>Le</strong> développem<strong>en</strong>t des armes non<br />
létales devrait conduire à court terme à<br />
un réajustem<strong>en</strong>t de la législation internationale.<br />
En tout état de cause, l’EMA<br />
précise dans sa « Doctrine d’emploi des<br />
armes à létalité réduite », du 21 janvier<br />
2005 : « L’<strong>en</strong>cadrem<strong>en</strong>t juridique de<br />
l’usage des ALR <strong>en</strong> opérations est assuré<br />
au moy<strong>en</strong> des ROE (règles opérationnelles<br />
d’<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t), élaborées au<br />
cours de la planification ».<br />
S A P E U R<br />
MEDIA ET ARMES A LÉTALITÉ<br />
RÉDUITE<br />
L’<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t des forces armées occid<strong>en</strong>tales<br />
se déroule désormais <strong>en</strong> temps<br />
réel sous le regard de l’opinion publique<br />
internationale. <strong>Le</strong>s scènes les plus viol<strong>en</strong>tes<br />
et les plus s<strong>en</strong>sibles peuv<strong>en</strong>t être<br />
projetées à de nombreuses reprises afin<br />
que nul ne l’ignore.<br />
Qu’elle soit relayée ou façonnée par les<br />
médias, l’opinion publique pèse sur le<br />
déroulem<strong>en</strong>t des conflits au point de<br />
prés<strong>en</strong>ter un pouvoir de dénonciation<br />
d’actes jugés immoraux mais aussi de<br />
(dé-) légitimation de décisions gouvernem<strong>en</strong>tales<br />
sans que le dossier à charge<br />
soit toujours conv<strong>en</strong>ablem<strong>en</strong>t instruit ;<br />
l’extrême judiciarisation dont font l’objet<br />
les conflits armés et les interv<strong>en</strong>tions<br />
<strong>militaire</strong>s ajout<strong>en</strong>t d’ailleurs à la difficulté<br />
de l’exercice. La couverture médiatique<br />
des opérations <strong>militaire</strong>s conditionne<br />
donc <strong>en</strong> partie leur déroulem<strong>en</strong>t,<br />
elle est de nature à compromettre la<br />
marge de manœuvre des décideurs politiques<br />
et à introduire des changem<strong>en</strong>ts<br />
dans les modes d’action des forces et<br />
leurs armem<strong>en</strong>ts. <strong>Le</strong>s exemples sont<br />
nombreux. Sur le plan <strong>militaire</strong>, on<br />
citera l’interdiction des mines anti-personnel,<br />
celle des obus à uranium appauvri<br />
ou <strong>en</strong>core celle des lasers d’aveuglem<strong>en</strong>t.<br />
Face à des images de viol<strong>en</strong>ce, les<br />
réactions des opinions publiques sont<br />
d’autant plus vives qu’il s’agit d’opérations<br />
destinées à ram<strong>en</strong>er la paix ou à<br />
protéger les populations. Ainsi, récemm<strong>en</strong>t,<br />
lors des opérations de Côte<br />
d’Ivoire, la presse <strong>français</strong>e s’étonna de<br />
l’usage d’armes à feu par nos forces,<br />
tandis que ceux qui s’employai<strong>en</strong>t à<br />
gêner leur mission pr<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t à témoin<br />
l’opinion internationale.<br />
L’apparition d’armes à létalité réduite<br />
paraît donc de nature à répondre à l’att<strong>en</strong>te<br />
de l’opinion, mais il faut se garder<br />
de laisser p<strong>en</strong>ser qu’il est toujours possible<br />
d’employer les forces armées sans<br />
faire de victimes. L’emploi d’ALR, y compris<br />
celles visant les matériels, risque<br />
d’être perçu par des observateurs ou les<br />
parties <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce comme l’<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t<br />
moral de ne pas faire courir de<br />
risques létaux à l’adversaire du mom<strong>en</strong>t.<br />
Or, outre le fait qu’un accid<strong>en</strong>t est tou-<br />
5) OTAN, « Politique de l’OTAN sur les armes non létales », Déclaration de presse, 13 octobre 1999.<br />
- 15 -<br />
jours possible, il peut être nécessaire<br />
d’utiliser des armes de guerre pour assurer<br />
la sécurité de nos forces, sans oublier<br />
le risque de provocation ; face à des blessures<br />
graves ou des pertes mortelles,<br />
l’adversaire pourrait considérer qu’il y a<br />
rupture des règles du jeu, tandis que les<br />
médias internationaux estimerai<strong>en</strong>t<br />
devoir dénoncer ce qu’ils jugerai<strong>en</strong>t<br />
comme une faute grave de notre part.<br />
Il y a donc lieu de bannir l’expression<br />
«armes non létales » et de faire percevoir<br />
les armes à létalité réduite comme<br />
un des moy<strong>en</strong>s, à côté des armes de précision<br />
<strong>en</strong> particulier, de réduire les<br />
pertes humaines et de minimiser les<br />
effets collatéraux indésirables, sans que<br />
cela puisse faire douter de notre détermination.<br />
POUR CONCLURE<br />
En dépit de la rapidité et de la nature des<br />
changem<strong>en</strong>ts qui affect<strong>en</strong>t tous les types<br />
d'<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t dans les domaines géopolitique,<br />
éthique, juridique, opérationnel<br />
et technique, la contre-mobilité reste<br />
un besoin opérationnel perman<strong>en</strong>t des<br />
forces.<br />
Il ne serait pas raisonnable de continuer<br />
à p<strong>en</strong>ser et donc à baser notre doctrine<br />
sur d’improbables financem<strong>en</strong>ts d’équipem<strong>en</strong>ts<br />
dont ni les décideurs politiques<br />
ni une partie des chefs <strong>militaire</strong>s n’<strong>en</strong>visag<strong>en</strong>t<br />
plus l’emploi face aux contraintes<br />
diverses et variées.<br />
En revanche, il nous apparti<strong>en</strong>t d’arrêter<br />
une stratégie générique qui soit clairem<strong>en</strong>t<br />
ori<strong>en</strong>tée vers les moy<strong>en</strong>s d’interv<strong>en</strong>tion<br />
au détrim<strong>en</strong>t de certains vecteurs<br />
conv<strong>en</strong>tionnels. Elle permettrait de<br />
mettre à la disposition de la force des<br />
équipem<strong>en</strong>ts contribuant à sa spécificité,<br />
à savoir la capacité à adapter son<br />
action aux circonstances, sans réduire le<br />
conflit à une relation maniché<strong>en</strong>ne ami<strong>en</strong>nemi.<br />
<strong>Le</strong> Génie se doit d’être prés<strong>en</strong>t<br />
dans ce domaine exigeant <strong>en</strong> matière<br />
d’innovation.
S A P E U R<br />
- 16 -
Colonel<br />
Gaëtan<br />
PONCELIN<br />
de RAUCOURT<br />
<strong>Le</strong> colonel Gaëtan PONCELIN de RAUCOURT<br />
est le chef de corps du 3 e Groupem<strong>en</strong>t<br />
d’inc<strong>en</strong>die depuis l’été 2004.<br />
Saint-cyri<strong>en</strong> de la promotion Grande<br />
Armée (1981-83), il sert successivem<strong>en</strong>t<br />
aux 2 e et au 3 e Groupem<strong>en</strong>ts d’inc<strong>en</strong>die,<br />
ainsi qu’au Bureau Opérations de la<br />
BSPP.<br />
Admis à l’EMSST <strong>en</strong> 1994, il est diplômé<br />
de l’IEP de Paris.<br />
Breveté de l’Enseignem<strong>en</strong>t <strong>militaire</strong><br />
supérieur (110 e promotion du CSEM et<br />
5 e promotion du CID), il sert successivem<strong>en</strong>t<br />
au C<strong>en</strong>tre de relations humaines<br />
de l’armée de terre (CRH), au Bureau<br />
études générales de la BSPP.<br />
En 2003, il rejoint le 3 e Groupem<strong>en</strong>t d’inc<strong>en</strong>die<br />
<strong>en</strong> tant que commandant <strong>en</strong><br />
second.<br />
S A P E U R<br />
LA MONTÉE EN PUISSANCE DU MÉCANISME<br />
COMMUNAUTAIRE DE PROTECTION CIVILE<br />
ET SES ENJEUX POUR LES ARMÉES<br />
On October 2005, the North of Pakistan was hit by a strong earthquake. The<br />
Monitoring and Information C<strong>en</strong>tre (MIC) at the European Commission s<strong>en</strong>t a Fr<strong>en</strong>ch<br />
Army officer on sc<strong>en</strong>e as deputy head of a coordination team to monitor the EU emerg<strong>en</strong>cy<br />
relief from Islamabad.<br />
On January 2006, an other Fr<strong>en</strong>ch Army officer followed an EU training program in<br />
order to take part in civil protection assistance interv<strong>en</strong>tions through the Community<br />
Mechanism.<br />
Issued in 2001 by the 2001/792/CE statem<strong>en</strong>t, this Mechanism is triggered on request<br />
in case of a disaster inside or outside the EU. Its main purpose is to s<strong>en</strong>d a rapid reaction<br />
force composed of civilian and military experts, ready to commit on short notice<br />
and to coordinate the differ<strong>en</strong>t contributions.<br />
In this context, the Army officers from the civil affairs compon<strong>en</strong>t have an important<br />
role to play. Thanks to their operational background and their culture in military and<br />
civil protection, these officers may claim to be relevant counterparts for building up<br />
the European civil def<strong>en</strong>ce and asserting the Fr<strong>en</strong>ch leading role in the EU.<br />
<strong>Le</strong> 8 octobre 2005, un séisme d’une<br />
magnitude de 7,6 sur l’échelle de Richter<br />
frappe le nord du Pakistan. <strong>Le</strong> 9 octobre,<br />
la Commission europé<strong>en</strong>ne décide de<br />
décl<strong>en</strong>cher le Mécanisme Communautaire<br />
de Protection civile. Étant à Islamabad<br />
dans le cadre de l’aide bilatérale <strong>français</strong>e,<br />
je suis désigné coordonnateur<br />
europé<strong>en</strong> adjoint de l’<strong>en</strong>semble des<br />
contributions fournies par les 25 États<br />
membres sur le théâtre.<br />
L’équipe de coordination, désignée par<br />
le C<strong>en</strong>tre de suivi et d’information de la<br />
Commission europé<strong>en</strong>ne (MIC 1 ), est initialem<strong>en</strong>t<br />
composée d’un anglais (chef<br />
de la coordination) et d’un <strong>français</strong> (moimême).<br />
Elle sera r<strong>en</strong>forcée ultérieure-<br />
1) MIC : Monitoring and Information C<strong>en</strong>ter (situé à Bruxelles)<br />
- 17 -<br />
m<strong>en</strong>t par un officier <strong>français</strong> du COM-<br />
FORMISC (capitaine Bourgoin) et par un<br />
fonctionnaire du MIC.<br />
P<strong>en</strong>dant 11 jours, du 9 au 20 octobre<br />
inclus, les missions dévolues à cette<br />
cellule de coordination déployée sur le<br />
terrain se résum<strong>en</strong>t aux points suivants :<br />
• évaluer les besoins d’assistance<br />
complém<strong>en</strong>taire,<br />
• informer quotidi<strong>en</strong>nem<strong>en</strong>t les États<br />
membres, via le MIC, de la situation<br />
sur le terrain, des besoins supplém<strong>en</strong>taires<br />
ou ultérieurs et de l’emploi<br />
des contributions des États<br />
membres,
• fournir une assistance technique et<br />
sci<strong>en</strong>tifique aux autorités pakistanaises<br />
compét<strong>en</strong>tes et aux services<br />
de la Commission,<br />
• coordonner l’assistance fournie par<br />
les États membres participant au<br />
mécanisme communautaire,<br />
• coordonner cette assistance avec<br />
celle délivrée via l’ONU,<br />
• assurer la liaison <strong>en</strong>tre les autorités<br />
locales requérantes et les équipes<br />
d’assistance prov<strong>en</strong>ant des États<br />
participant au mécanisme,<br />
• maint<strong>en</strong>ir des relations étroites avec<br />
la nation hôte, les autres organisations<br />
internationales sur place et le chef<br />
de la Délégation de l’UE au Pakistan.<br />
<strong>Le</strong> 23 janvier, je suis convié à Bruxelles<br />
pour participer au RETEX sur cette<br />
mission, <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce des représ<strong>en</strong>tants<br />
des différ<strong>en</strong>ts États membres. Il <strong>en</strong><br />
ressort très nettem<strong>en</strong>t que l’équipe de<br />
coordination sur le terrain doit être<br />
significativem<strong>en</strong>t r<strong>en</strong>forcée, <strong>en</strong> termes<br />
d’effectifs et de souti<strong>en</strong> logistique, pour<br />
lui permettre d’assumer efficacem<strong>en</strong>t<br />
l’<strong>en</strong>semble des missions qui lui sont<br />
dévolues.<br />
* *<br />
*<br />
Du 20 au 27 janvier 2006, le colonel<br />
MONARD, commandant le 1 er Groupem<strong>en</strong>t<br />
d’inc<strong>en</strong>die, participe à un stage<br />
intitulé « European Union Community<br />
Mechanism Induction » à la Teknisches<br />
Hilfwerk (THW) Schule.<br />
2) Décision 2001/792/CE du 23 octobre 2001<br />
3) EEE : Espace Economique Europé<strong>en</strong><br />
S A P E U R<br />
Ce stage, financé par l'Union Europé<strong>en</strong>ne,<br />
constitue le premier volet d’un cycle de<br />
formation (« évaluation », « managem<strong>en</strong>t<br />
opérationnel », « coordination »), destiné à<br />
former un réservoir d'experts <strong>en</strong> sécurité<br />
civile pour l'Union Europé<strong>en</strong>ne. Il dure six<br />
jours pleins et est disp<strong>en</strong>sé <strong>en</strong> langue<br />
anglaise par des spécialistes de l'action<br />
humanitaire de la THW, des consultants<br />
internationaux <strong>en</strong> sécurité civile des<br />
Nations Unies ou de l’OTAN.<br />
L'objet de cette formation est de donner<br />
les bases réglem<strong>en</strong>taires et institutionnelles<br />
d'une mission d'évaluation mandatée<br />
par le MIC, <strong>en</strong> coopération avec<br />
l'UN Office for Cooperation in Humanitarian<br />
Affairs (UNOCHA). Elle est foncièrem<strong>en</strong>t<br />
ori<strong>en</strong>tée vers l'étude pratique de<br />
cas et procède du travail de groupe.<br />
<strong>Le</strong>s participants à ce stage sont de hauts<br />
fonctionnaires civils ou <strong>militaire</strong>s des<br />
directions europé<strong>en</strong>nes de sécurité<br />
civile. La représ<strong>en</strong>tation des pays de<br />
l'UE est la suivante : Allemagne, Irlande,<br />
Slovénie, Chypre, Grèce, Pays-Bas,<br />
- 18 -<br />
Suède, République tchèque, Belgique,<br />
Bulgarie, Hongrie, Pologne, Italie et<br />
France.<br />
L'élém<strong>en</strong>t c<strong>en</strong>tral du stage est une restitution<br />
d'une journée sur le terrain, sur<br />
un thème de sécurité civile : mission<br />
d’évaluation dans un pays fictif, sous<br />
l’égide UE, ponctuée d’incid<strong>en</strong>ts.<br />
* *<br />
*<br />
Ces deux missions réalisées par deux<br />
officiers de la BSPP soulèv<strong>en</strong>t une<br />
question de fond : qu’est-ce que le<br />
Mécanisme communautaire de protection<br />
civile et <strong>en</strong> quoi est-il susceptible de<br />
concerner les armées ?<br />
* *<br />
*<br />
<strong>Le</strong> mécanisme communautaire de<br />
protection civile ne cesse de monter <strong>en</strong><br />
puissance et les forces armées y seront<br />
de plus <strong>en</strong> plus étroitem<strong>en</strong>t associées.<br />
<strong>Le</strong> mécanisme communautaire de<br />
protection civile a été établi <strong>en</strong> 2001 par la<br />
décision 2001/792/CE du Conseil 2 afin de<br />
faciliter la mobilisation des secours prov<strong>en</strong>ant<br />
des États membres <strong>en</strong> cas d’urg<strong>en</strong>ce<br />
majeure. Il couvre tous les États<br />
membres, les pays candidats et les pays<br />
de l’EEE 3 . Il prévoit des interv<strong>en</strong>tions<br />
aussi bi<strong>en</strong> à l’intérieur qu’à l’extérieur de<br />
l’Union europé<strong>en</strong>ne. Il ne s’agit pas d’un<br />
instrum<strong>en</strong>t financier ; le mécanisme est<br />
axé sur la mobilisation des moy<strong>en</strong>s existants<br />
(habituellem<strong>en</strong>t du matériel de<br />
recherche et de sauvetage, des services<br />
médicaux, des hébergem<strong>en</strong>ts temporaires,<br />
des installations sanitaires, etc.)<br />
nécessaires pour sauver des vies et soulager<br />
les souffrances dans les premiers<br />
jours qui suiv<strong>en</strong>t une catastrophe.
À la suite de la tragédie du tsunami qui a<br />
frappé l'Asie du Sud <strong>en</strong> décembre 2004,<br />
le Conseil des ministres de l'UE a décidé<br />
d'examiner les différ<strong>en</strong>ts moy<strong>en</strong>s de perfectionner<br />
le mécanisme communautaire<br />
de protection civile et les possibilités de<br />
doter l'UE d'une force d'interv<strong>en</strong>tion<br />
rapide <strong>en</strong> cas de catastrophe. <strong>Le</strong> Parlem<strong>en</strong>t<br />
europé<strong>en</strong> a égalem<strong>en</strong>t appelé de ses<br />
vœux la création d'un groupe d'unités<br />
spécialisées dans la protection civile.<br />
<strong>Le</strong> 31 janvier 2005, la présid<strong>en</strong>ce luxembourgeoise<br />
a prés<strong>en</strong>té un plan d'action<br />
portant sur divers aspects des opérations<br />
de secours <strong>en</strong> cas de catastrophe.<br />
En avril 2005, la Commission a proposé<br />
un instrum<strong>en</strong>t de préparation et de réaction<br />
rapide aux urg<strong>en</strong>ces majeures qui<br />
fournit le cadre juridique futur permettant<br />
de financer les opérations de protection<br />
civile. Elle a proposé une augm<strong>en</strong>tation<br />
notable du financem<strong>en</strong>t, avec des<br />
montants annuels allant de 16 millions<br />
d'euros <strong>en</strong> 2007 à 30 millions d'euros<br />
<strong>en</strong> 2013. La Commission reconnaît ainsi<br />
l'importance d'une mobilisation immédiate<br />
des secours <strong>en</strong> tant que manifestation<br />
concrète de la solidarité de l'Europe<br />
<strong>en</strong> cas d'urg<strong>en</strong>ce majeure.<br />
Égalem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> avril 2005, la Commission<br />
a adopté une communication intitulée<br />
« R<strong>en</strong>forcer la capacité de réaction de<br />
l'UE <strong>en</strong> cas de catastrophes et de<br />
crises ». Cette communication prés<strong>en</strong>te<br />
la réponse globale de la Commission au<br />
plan d'action communautaire et propose<br />
une série de mesures visant à améliorer<br />
la capacité générale de réaction de l'UE.<br />
La Commission a aussi adopté une<br />
communication spécifique intitulée<br />
« Perfectionner le mécanisme communautaire<br />
de protection civile », qui<br />
explique <strong>en</strong> détail les moy<strong>en</strong>s proposés<br />
par la Commission pour r<strong>en</strong>forcer les<br />
S A P E U R<br />
secours europé<strong>en</strong>s <strong>en</strong> matière de protection<br />
civile et améliorer la capacité de<br />
l'UE dans ce domaine.<br />
Cette communication proposait différ<strong>en</strong>tes<br />
mesures pouvant être immédiatem<strong>en</strong>t<br />
mises <strong>en</strong> œuvre afin de perfectionner<br />
le mécanisme et d’optimiser ses<br />
effets sur le terrain. Il s’agit notamm<strong>en</strong>t :<br />
• d'améliorer le niveau de préparation<br />
grâce à de nouvelles actions de formation<br />
et de nouvelles analyses ;<br />
• d'établir des scénarios couvrant tous<br />
les types de catastrophes afin de<br />
déterminer quelles sont les lacunes<br />
et les faiblesses du système europé<strong>en</strong><br />
de protection civile, avec l'<strong>en</strong>tière<br />
participation des États membres ;<br />
• d'élaborer une approche modulaire<br />
fondée sur des modules nationaux<br />
de protection civile pouvant être<br />
déployés rapidem<strong>en</strong>t. Tous les pays<br />
participants doiv<strong>en</strong>t rec<strong>en</strong>ser à<br />
l'avance les modules autonomes de<br />
protection civile (épuration de l'eau,<br />
opérations de recherche et de<br />
sauvetage, télécommunications, etc.)<br />
pouvant être déployés rapidem<strong>en</strong>t<br />
- 19 -<br />
suite à une demande d'aide <strong>en</strong>voyée<br />
par le C<strong>en</strong>tre de suivi et d'information<br />
de l'UE (MIC) ;<br />
• de resserrer les li<strong>en</strong>s <strong>en</strong>tre le mécanisme<br />
et les systèmes d'alerte<br />
rapide, et de r<strong>en</strong>forcer les capacités<br />
d'analyse et de planification du MIC ;<br />
• d'améliorer l'évaluation, sur le terrain,<br />
des besoins spécifiques <strong>en</strong> matière<br />
de protection civile et la capacité<br />
de coordination du déploiem<strong>en</strong>t des<br />
moy<strong>en</strong>s communautaires de protection<br />
civile, <strong>en</strong> totale coopération avec les<br />
autres parties concernées ;<br />
• d'améliorer l'accès aux ressources<br />
<strong>militaire</strong>s de l'UE <strong>en</strong> cas d'opérations<br />
de secours ;<br />
• d'octroyer un financem<strong>en</strong>t communautaire<br />
pour couvrir les coûts de<br />
transport.<br />
<strong>Le</strong> 26 janvier 2006, la Commission a<br />
adopté un nouvel <strong>en</strong>semble de propositions<br />
visant à r<strong>en</strong>forcer le mécanisme et<br />
à élargir le champ de l’action communautaire.<br />
Elles repos<strong>en</strong>t sur les idées exposées<br />
dans sa communication d'avril 2005<br />
citée ci-dessus. Parmi les propositions<br />
les plus réc<strong>en</strong>tes figure l'adoption d'une<br />
nouvelle approche de la question des<br />
transports. Bi<strong>en</strong> que la responsabilité<br />
des transports relève toujours des États<br />
membres, la proposition permettrait à la<br />
Commission de mobiliser et de financer<br />
des moy<strong>en</strong>s de transport si cela s’avère<br />
nécessaire.<br />
<strong>Le</strong>s nouvelles propositions permettrai<strong>en</strong>t<br />
aussi à la Commission de mobiliser<br />
des secours et des équipem<strong>en</strong>ts supplém<strong>en</strong>taires<br />
indisp<strong>en</strong>sables pour une<br />
situation d’urg<strong>en</strong>ce donnée et que les
États membres ne peuv<strong>en</strong>t pas fournir. Il<br />
est apparu, lors d’urg<strong>en</strong>ces passées,<br />
qu’<strong>en</strong> cas de catastrophes simultanées,<br />
certains types d’équipem<strong>en</strong>ts risqu<strong>en</strong>t<br />
d’être difficilem<strong>en</strong>t mobilisables via le<br />
mécanisme, comme le matériel de<br />
décontamination de masse <strong>en</strong> cas d’attaques<br />
terroristes simultanées, ou les<br />
pompes à grande capacité <strong>en</strong> cas d'inondations.<br />
<strong>Le</strong>s nouvelles propositions<br />
vis<strong>en</strong>t à faire <strong>en</strong> sorte que l’Union dans<br />
son <strong>en</strong>semble puisse réagir à tout type<br />
d’urg<strong>en</strong>ce majeure.<br />
Par ailleurs, la Commission sera aussi<br />
mieux à même de contribuer à l’élaboration<br />
de systèmes d’alerte précoce permettant<br />
au MIC et aux États participants<br />
d’agir dans les meilleurs délais. La coordination<br />
des interv<strong>en</strong>tions dans les pays<br />
tiers serait r<strong>en</strong>forcée, qu’il s’agisse<br />
d’opérations m<strong>en</strong>ées <strong>en</strong> autonomie ou<br />
de contributions à des opérations dirigées<br />
par une organisation internationale.<br />
<strong>Le</strong>s propositions charg<strong>en</strong>t aussi la<br />
Commission de fournir un appui logistique<br />
de base aux experts et aux équipes<br />
<strong>en</strong>voyés sur les lieux d’une catastrophe,<br />
notamm<strong>en</strong>t sous la forme d’équipem<strong>en</strong>ts<br />
de communication.<br />
* *<br />
*<br />
Cette montée <strong>en</strong> puissance incontestable<br />
du mécanisme communautaire<br />
s’inscrit dans un contexte plus large de<br />
coopération internationale destinée à<br />
répondre, à un niveau politico-<strong>militaire</strong>,<br />
aux catastrophes majeures, qu’elles<br />
soi<strong>en</strong>t naturelles ou non.<br />
4) CIMIC : Civil-Military Cooperation<br />
S A P E U R<br />
Ainsi, lors de son dernier stage de formation,<br />
le colonel MONARD a pu noter<br />
la prés<strong>en</strong>ce de deux officiers supérieurs<br />
de la division LOG des forces armées<br />
irlandaises et d’un hongrois inséré à<br />
l’OTAN.<br />
Cette participation montre la volonté de<br />
créer dans ces pays un pool d'excell<strong>en</strong>ce<br />
et d'expertise <strong>militaire</strong> <strong>en</strong> sécurité civile.<br />
En effet, l'OTAN a créé <strong>en</strong> 1998 l'Euro-<br />
Atlantic Disaster Response Coordination<br />
C<strong>en</strong>ter (EADRCC), organe de c<strong>en</strong>tralisation<br />
de l'Euro-Atlantic Partnership Council<br />
(46 pays). Comme le MIC, ce c<strong>en</strong>tre est<br />
situé à Bruxelles, à l'état-major de<br />
l'OTAN. Il travaille <strong>en</strong> liaison avec<br />
l'UNOCHA.<br />
- 20 -<br />
L'intérêt marqué de l'OTAN pour la montée<br />
<strong>en</strong> puissance d'une Joint Task Force<br />
de sécurité civile se développant <strong>en</strong><br />
coopération avec l'UE et les Nations<br />
Unies, s’illustre <strong>en</strong> outre par la prés<strong>en</strong>ce<br />
à la SHAPE NATO SCHOOL d’une cellule<br />
CIMIC 4 dirigée par un officier inséré.<br />
La prestation des <strong>militaire</strong>s du stage a<br />
été particulièrem<strong>en</strong>t remarquée lors des<br />
travaux de groupe et des exercices de<br />
restitutions par les observateurs de l’UE<br />
et prouve toute la pertin<strong>en</strong>ce pour les<br />
armées d'investir ce champ de compét<strong>en</strong>ces.<br />
Elles disposeront <strong>en</strong> effet d’un vivier<br />
d’experts susceptibles de dét<strong>en</strong>ir les<br />
différ<strong>en</strong>ts niveaux de qualification requis<br />
dans le domaine de la coordination<br />
europé<strong>en</strong>ne, afin d'insérer dans ce<br />
réseau des officiers capables d'activer<br />
des passerelles avec l'OTAN, les Nations<br />
Unies et les différ<strong>en</strong>ts États contributeurs<br />
dans le cadre d’<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t de<br />
moy<strong>en</strong>s civilo-<strong>militaire</strong>s au profit de<br />
populations sinistrées.<br />
Dans cette perspective, les officiers du<br />
domaine sécurité prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t l’avantage<br />
de bénéficier d’une double culture (<strong>militaire</strong><br />
et sécurité civile). Ils constitu<strong>en</strong>t<br />
dès lors un atout majeur pour les armées<br />
<strong>en</strong> matière d’emploi et de coordination<br />
des forces <strong>en</strong> cas de catastrophe, naturelle<br />
ou non, <strong>en</strong> ou hors d’Europe.
Lieut<strong>en</strong>ant-colonel<br />
François<br />
EGLEMME<br />
Avant d’intégrer l’EMIA - promotion<br />
« Capitaine <strong>Le</strong>grand » (1987-1989), le<br />
LCL EGLEMME sert comme aspirant puis<br />
ORSA au 5 e Dragons.<br />
À sa sortie de Coëtquidan, il choisit<br />
l’arme du <strong>génie</strong> et sert successivem<strong>en</strong>t<br />
aux 32 e et 9 e RG avant de commander la<br />
Compagnie de Génie Aéromobile du<br />
1 er Régim<strong>en</strong>t d’Infanterie.<br />
Après son temps de commandem<strong>en</strong>t,<br />
il rejoint l’état-major de la 4 e DAM à<br />
Nancy.<br />
Après sa scolarité EMS 2 (113 e promotion<br />
du CSEM et 8 e promotion du CID), il<br />
rejoint la brigade du <strong>génie</strong> à Strasbourg<br />
avant d’être, de 2003 à 2005, chef du BOI<br />
au 1 er RG.<br />
<strong>Le</strong> LCL EGLEMME a servi au Cambodge<br />
(1993 - DAMI déminage), <strong>en</strong> Bosnie<br />
(1996-Cellule Génie de la DMNSE), <strong>en</strong><br />
Afghanistan (2002 - ACOS J3/J5 du PC<br />
ISAF) et au Liban (2005 - chef de corps<br />
du 420 e DIM).<br />
S A P E U R<br />
NUMÉRISATION DE L’ESPACE DE BATAILLE<br />
Fr<strong>en</strong>ch Army is facing a huge chall<strong>en</strong>ge with the Network C<strong>en</strong>tric Warfare (calling<br />
« NEB » in Fr<strong>en</strong>ch for battle space digitalisation). The aim is to gain superiority on the<br />
<strong>en</strong>emy using faster communication data tools and computer systems. Army Chief of<br />
Staff wants to have two Combat brigades plus, CS and CSS units fully operational for<br />
2009. These two brigades have to be deployable on short notice and immediately operational<br />
in a digitalized <strong>en</strong>vironm<strong>en</strong>t.<br />
But digitalisation offers new opportunity in terms on C2 structures. By sharing information,<br />
units are more reactive. Conc<strong>en</strong>tration of units for a specific task will be possible<br />
by navigation system.<br />
However, « NEB » requests more training and drill for regim<strong>en</strong>tal and company HQ<br />
level because of the always more and more complex software systems. But in digitalisation<br />
matter also sappers are in the vanguard.<br />
En fixant comme objectif à l’armée de terre<br />
de pouvoir disposer d’ici 2009 de deux brigades<br />
<strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t numérisées avec leur<br />
<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t (Commandem<strong>en</strong>t, Appui<br />
et Souti<strong>en</strong>) et « immédiatem<strong>en</strong>t aptes à<br />
l’<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t », le CEMAT ori<strong>en</strong>te l’action<br />
de multiples acteurs vers ce but opérationnel.<br />
Fruit d’un travail comm<strong>en</strong>cé à la fin<br />
des années 90, cette numérisation de l’espace<br />
de bataille (NEB) traduit la volonté de<br />
disposer d’une armée de terre professionnelle<br />
à la pointe des innovations technologiques.<br />
Actuellem<strong>en</strong>t, les 2 e BB et 6 e BLB<br />
termin<strong>en</strong>t leur équipem<strong>en</strong>t, 2006 verra<br />
l’équipem<strong>en</strong>t de la 7 e BB et 2007 celui de la<br />
9 e BLBMa. L’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t opérationnel<br />
permettant un <strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t immédiat n’est<br />
pas oublié puisque des unités de toutes<br />
les fonctions opérationnelles réalis<strong>en</strong>t<br />
simultaném<strong>en</strong>t leur montée <strong>en</strong> puissance<br />
(4 e RMAT de Nîmes, 511 e RT d’Auxonne,<br />
1 er GLCAT de Brétigny, etc.).<br />
Si le processus de numérisation est<br />
connu, au-delà des erreurs de jeunesse, il<br />
s’agit maint<strong>en</strong>ant d’intégrer ses capacités<br />
dans les modes opératoires liés au<br />
contexte nouveau des opérations : action<br />
<strong>en</strong> zone urbaine, combat lacunaire,<br />
« three block war » 1 . La mise <strong>en</strong> perspective<br />
de tous ces élém<strong>en</strong>ts doit servir de<br />
base de travail aux réflexions à v<strong>en</strong>ir.<br />
C’est pourquoi, au-delà du simple affichage,<br />
tous les acteurs doiv<strong>en</strong>t être persuadés<br />
qu’au regard des sommes déjà investies,<br />
ainsi que des travaux réalisés aussi bi<strong>en</strong><br />
par la STAT que par les premières unités<br />
numérisées (2 e BB et 6 e BLB), il ne saurait<br />
être question de baisser les bras devant<br />
les difficultés r<strong>en</strong>contrées.<br />
Après un rapide rappel des att<strong>en</strong>dus de la<br />
NEB, cet article mettra successivem<strong>en</strong>t<br />
<strong>en</strong> perspective les évolutions possibles<br />
des structures de commandem<strong>en</strong>t des<br />
unités et leurs conséqu<strong>en</strong>ces <strong>en</strong> matière<br />
d’organisation et d’instruction.<br />
*<br />
* *<br />
LES OBJECTIFS DE LA NUMÉRI-<br />
SATION DE L’ESPACE DE BATAILLE<br />
La maîtrise de l’information constitue un<br />
facteur-clé du succès des opérations. En<br />
aidant la prise de décision, par une<br />
connaissance globale et instantanée de la<br />
situation tactique dans tous les domaines,<br />
la numérisation permet de pr<strong>en</strong>dre l’asc<strong>en</strong>dant<br />
sur l’adversaire <strong>en</strong> devançant son<br />
action. <strong>Le</strong> partage perman<strong>en</strong>t de cette<br />
information à tous les niveaux sera r<strong>en</strong>du<br />
possible, à terme, par la compatibilité des<br />
trois principaux systèmes concernés : le<br />
SIC.F du niveau LCC jusqu’aux brigades, le<br />
SIR pour les régim<strong>en</strong>ts et les unités élém<strong>en</strong>taires,<br />
<strong>en</strong>fin le SIT 2 pour les sections,<br />
groupes et <strong>en</strong>gins spécifiques. Sur ces<br />
trois outils se greff<strong>en</strong>t <strong>en</strong>suite des systèmes<br />
spécifiques à certaines fonctions<br />
opérationnelles (ex : ATLAS pour les<br />
liaisons de l’artillerie ou le support de<br />
1) Concept lié aux retours d’expéri<strong>en</strong>ce d’<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>ts réc<strong>en</strong>ts, mettant <strong>en</strong> avant la conduite simultanée, sur<br />
de faibles distances d’actions d’int<strong>en</strong>sité variable (coercition, maîtrise de la viol<strong>en</strong>ce et aide aux populations).<br />
2) <strong>Le</strong>s SIT (Systèmes d’Informations Terminaux) se déclin<strong>en</strong>t <strong>en</strong> plusieurs versions selon les fonctions<br />
opérationnelles. <strong>Le</strong> précurseur est constitué du SIT V1 du char <strong>Le</strong>clerc. De cette base ont été déclinés des<br />
systèmes spécifiques à chaque fonction opérationnelle (pour le Génie, SITEL pour « SIT Élém<strong>en</strong>taire ») et<br />
compr<strong>en</strong>ant des applicatifs systèmes génériques et des applicatifs métiers particuliers.<br />
- 21 -
transmission MAESTRO-GRANITE initialem<strong>en</strong>t<br />
développé pour répondre aux<br />
besoins de la fonction RENS).<br />
La compatibilité totale des échanges sera<br />
r<strong>en</strong>due possible au travers d’un Modèle<br />
Pivot Global Terre (MPGT). Il s’agit à la fois,<br />
au travers de niveaux de couplage, de<br />
mettre <strong>en</strong> concordance un langage commun<br />
et des modes d’échanges inter-systèmes<br />
compatibles ainsi qu’un niveau de<br />
sécurité adapté. Cette interopérabilité<br />
complète est att<strong>en</strong>due à l’horizon 2010.<br />
La fédération de tous les outils informatiques<br />
divers, réalisés dans des langages<br />
différ<strong>en</strong>ts et par des industriels parfois<br />
<strong>en</strong> concurr<strong>en</strong>ce, r<strong>en</strong>d donc l’Opération<br />
d’Ensemble des Systèmes d’Informations<br />
et de Communications de l’Armée de<br />
Terre (OE-SIC Terre) lourde et complexe.<br />
À titre d’exemple, 180 millions d’euros<br />
sont destinés à financer le MPGT et<br />
45 autres millions sont destinés à la<br />
version 3 du SIC.F.<br />
Après les travaux exploratoires du SIR-<br />
GEX, le <strong>génie</strong> n’est pas dépourvu dans la<br />
NEB. Toutefois, confronté à la position <strong>en</strong><br />
« double étage » de la fonction AGESTER<br />
(cellule G3/2D de niveaux 2 et 3 équipée <strong>en</strong><br />
SIC.F et PC régim<strong>en</strong>taire doté de SIR), la<br />
mise <strong>en</strong> place de la totalité de la messagerie<br />
papier dans les SIC représ<strong>en</strong>te un coût<br />
financier important. C’est pourquoi, parallèlem<strong>en</strong>t<br />
aux travaux réalisés au sein du<br />
Land Engineer Working Group de l’OTAN,<br />
dans un souci perman<strong>en</strong>t d’interopérabilité,<br />
la France cherche à réduire le nombre<br />
de messages <strong>génie</strong> <strong>en</strong> rationalisant leur<br />
formatage. Toutefois, jusqu’à l’aboutissem<strong>en</strong>t<br />
des travaux de l’OTAN et la mise <strong>en</strong><br />
service du MPGT, la cohabitation de la<br />
procédure numérisée et celle de l’OTAN<br />
(APP-11) <strong>en</strong>traînera un surcoût d’instruction.<br />
Au travers des exercices numérisés<br />
déjà réalisés, les <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts sont<br />
nombreux et variés. Si de redondants<br />
problèmes techniques liés aux matériels<br />
et aux logiciels associés exist<strong>en</strong>t, la<br />
démarche « d’appr<strong>en</strong>dre <strong>en</strong> marchant »<br />
permet une grande réactivité. Ainsi, le<br />
comité annuel de satisfaction des usagers<br />
représ<strong>en</strong>te une remarquable opportunité<br />
d’échange d’informations et d’expéri<strong>en</strong>ces<br />
<strong>en</strong>tre directions (DCMAT, STAT) et usagers<br />
(écoles, brigades et régim<strong>en</strong>ts).<br />
*<br />
* *<br />
3) Guy HUBIN « perspectives tactiques » éditions Economica janvier 2000.<br />
S A P E U R<br />
VERS UNE ÉVOLUTION DES STRUC-<br />
TURES DE COMMANDEMENT ?<br />
L’accélération des échanges d’informations<br />
permis par la NEB amène à s’interroger<br />
sur la validité de l’organisation<br />
pyramidale du commandem<strong>en</strong>t. En effet,<br />
la connaissance par un CO de brigade de<br />
la situation sur une zone d’action importante<br />
peut avoir pour corollaire un écrasem<strong>en</strong>t<br />
des niveaux de commandem<strong>en</strong>t.<br />
Ainsi, on peut s’interroger sur l’utilité de<br />
maint<strong>en</strong>ir le niveau régim<strong>en</strong>taire alors<br />
qu’un CO de brigade plus étoffé pourrait<br />
être capable de conduire la manœuvre<br />
de plusieurs S/GTIA pour des phases<br />
particulières. Alors, le PC de GTIA ne<br />
serait plus <strong>en</strong> charge de façon perman<strong>en</strong>te<br />
de l’action. <strong>Le</strong>s études m<strong>en</strong>ées par<br />
la 6 e BLB sur une organisation du PC BIA<br />
<strong>en</strong> deux <strong>en</strong>tités égales (un PC principal<br />
et un PC détachable) offr<strong>en</strong>t des perspectives<br />
dans ce s<strong>en</strong>s. Ces études trouv<strong>en</strong>t<br />
un champ d’application naturel<br />
dans le combat déc<strong>en</strong>tralisé qui caractérise<br />
l’action <strong>en</strong> zone urbaine.<br />
La connaissance exacte de la situation<br />
tactique, r<strong>en</strong>due possible demain par<br />
la mise <strong>en</strong> service du Drone de<br />
R<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t Au Contact (DRAC),<br />
permet de rep<strong>en</strong>ser les <strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>ts<br />
futurs, au travers de la manœuvre vectorielle<br />
dans des espaces lacunaires. Pour<br />
les moy<strong>en</strong>s nécessaires à une action particulière,<br />
la faculté pour toutes les unités<br />
de rejoindre un point de regroupem<strong>en</strong>t<br />
- 22 -<br />
id<strong>en</strong>tifié, répond à la fois au principe de<br />
liberté d’action et à celui de conc<strong>en</strong>tration<br />
des efforts. Ce constat d’écrasem<strong>en</strong>t<br />
des chaînes de commandem<strong>en</strong>t était<br />
abordé dès 2000 par le général Guy<br />
HUBIN dans son ouvrage « Perspectives<br />
Tactiques » 3 .<br />
<strong>Le</strong>s m<strong>en</strong>talités sont difficiles à faire évoluer.<br />
Pourtant la NEB doit permettre de<br />
profiter de la totalité des opportunités<br />
offertes pour rep<strong>en</strong>ser nos structures<br />
actuelles de commandem<strong>en</strong>t.<br />
*<br />
* *<br />
LES CONSÉQUENCES EN MATIÈRE<br />
D’ORGANISATION ET D’INSTRUCTION<br />
Dans l’optique de la NEB, le point-clé<br />
des <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts tirés des exercices<br />
(FATEXTEL, PALMEX 2, ANVIL) est l’impérieuse<br />
nécessité d’une formation du<br />
personnel, quel que soit son niveau.<br />
Cette formation doit s’appuyer sur la<br />
démarche volontariste dans laquelle les<br />
régim<strong>en</strong>ts s’inscriv<strong>en</strong>t totalem<strong>en</strong>t. En<br />
effet, la complexité des procédures liées<br />
aux contraintes techniques des systèmes<br />
de commandem<strong>en</strong>t, comme de<br />
l’évolution très rapide des logiciels associés<br />
impos<strong>en</strong>t un <strong>en</strong>traînem<strong>en</strong>t à un<br />
rythme régulier. En effet, les principaux<br />
défauts constatés résid<strong>en</strong>t dans un<br />
manque de pratique consécutif à des<br />
périodes d’activités différ<strong>en</strong>tes, ce qui
<strong>en</strong>traîne la perte de savoir-faire face au<br />
système. Cela est difficilem<strong>en</strong>t compatible<br />
avec le rythme des activités (projections,<br />
stages, concours, etc.) mais aussi<br />
avec les mouvem<strong>en</strong>ts de personnel liés<br />
au PAM et les aspirations du personnel à<br />
des conditions de travail toujours plus<br />
proches de celles que connaît l’évolution<br />
de la société civile. En outre, cette instruction<br />
nécessite de posséder des<br />
moy<strong>en</strong>s dédiés, pr<strong>en</strong>ant <strong>en</strong> compte<br />
S A P E U R<br />
notamm<strong>en</strong>t l’alim<strong>en</strong>tation électrique des<br />
matériels.<br />
L’organisation et le suivi de l’instruction<br />
spécifique NEB représ<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t une charge<br />
de travail conséqu<strong>en</strong>te et nécessit<strong>en</strong>t du<br />
personnel compét<strong>en</strong>t dans ce domaine<br />
toujours plus complexe. Il est <strong>en</strong>visagé<br />
de mettre <strong>en</strong> place dans les régim<strong>en</strong>ts,<br />
« sous <strong>en</strong>veloppe constante », un officier<br />
spécifiquem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> charge de la NEB. Cet<br />
- 23 -<br />
officier serait chargé de conseiller le chef<br />
de corps dans l’organisation des réseaux<br />
SIC, de coordonner le travail de la section<br />
SIC régim<strong>en</strong>taire, ainsi que des cellules<br />
MSI et SSI 4 . <strong>Le</strong> profil d’un tel officier<br />
devrait être un NR 4 issu de l’arme<br />
(afin de bénéficier d’une culture propre à<br />
la mise <strong>en</strong> œuvre). Il devrait suivre pour<br />
t<strong>en</strong>ir ce poste le stage d’officier SIC <strong>en</strong><br />
corps de troupe (durée 5 semaines) disp<strong>en</strong>sé<br />
par l’ESAT. <strong>Le</strong> DUO 2006 devrait<br />
voir la traduction <strong>en</strong> organisation des<br />
premiers postes.<br />
*<br />
* *<br />
Pour conclure, si le défi est lourd, il est<br />
indisp<strong>en</strong>sable de garder prés<strong>en</strong>t à l’esprit<br />
que la démarche de numérisation<br />
est maint<strong>en</strong>ant dans une phase irréversible<br />
au regard des sommes déjà investies<br />
et des bénéfices probants obt<strong>en</strong>us<br />
grâce au partage de l’information. Si la<br />
projection de la 6 e BLB à Licorne au<br />
second quadrimestre 2006 se fait sous<br />
format numérisé, elle devrait permettre<br />
de quantifier les gains obt<strong>en</strong>us <strong>en</strong><br />
réactivité opérationnelle. Alors, il faudra<br />
p<strong>en</strong>ser à revoir l’organisation de notre<br />
commandem<strong>en</strong>t…<br />
4) Section SIC : section des Systèmes d’Informations et de Commandem<strong>en</strong>t – MSI : managem<strong>en</strong>t des systèmes informatiques – ACSSI = article classé de la sécurité<br />
des systèmes d’information.
S A P E U R<br />
- 24 -
Lieut<strong>en</strong>ant-Colonel<br />
Jean-H<strong>en</strong>ri<br />
PINOT<br />
<strong>Le</strong> lieut<strong>en</strong>ant-colonel Jean-H<strong>en</strong>ri PINOT<br />
est l’officier traitant du domaine AGESTER<br />
depuis 2005 au sein de la Division<br />
Emploi-Organisation du C<strong>en</strong>tre de<br />
Doctrine d’Emploi des Forces (CDEF)<br />
situé à l’École Militaire (Paris).<br />
Issu de l’école <strong>militaire</strong> interarmes<br />
(promotion lieut<strong>en</strong>ant LHUILLIER 1985-<br />
1986), il est diplômé de l’école d’étatmajor<br />
depuis 1996. Il déti<strong>en</strong>t les qualifications<br />
d’officier NBC d’état-major et<br />
d’officier NEDEX.<br />
Il a servi au 13 e RG (Trèves) et au 6 e RG<br />
DIMa (Angers) <strong>en</strong> qualité de chef de<br />
section puis d’officier adjoint et de<br />
commandant d’unité <strong>en</strong>tre 1987 et 1995.<br />
Après un temps d’officier <strong>génie</strong> au sein<br />
de la 9 e DIMa (Nantes) de 1995 à 1998,<br />
il rejoint le 19 e RG pour y servir <strong>en</strong> tant<br />
qu’adjoint BOI jusqu’<strong>en</strong> 2002.<br />
Jusqu’à son affectation au CDEF <strong>en</strong><br />
2005, il assurait de nouveau la fonction<br />
d’officier <strong>génie</strong>, cette fois à l’état-major<br />
de force n° 1 (EMF1) de Besançon.<br />
Il a participé à six opérations extérieures<br />
(FORPRONU - IFOR - SFOR - KFOR -<br />
CONCORDIA) dans la région des Balkans<br />
<strong>en</strong>tre 1992 et 2003.<br />
S A P E U R<br />
PROCESSUS D’ÉLABORATION<br />
DES CONCEPTS<br />
ET DE LA DOCTRINE AGESTER.<br />
APPLICATION À LA SAUVEGARDE-PROTECTION<br />
A part of the concepts and doctrine of « AGESTER » - Fr<strong>en</strong>ch designation for Engineer,<br />
CBRN and Geography area of expertise - are validated or approved by the C<strong>en</strong>ter for<br />
Force Employm<strong>en</strong>t Doctrine (CDEF), located in Paris.<br />
Working closely with the Prospective and Study Departm<strong>en</strong>t of the Arm C<strong>en</strong>ters and in<br />
charge of either the control or the supervision of studies, it is not less than t<strong>en</strong> studies<br />
or experim<strong>en</strong>tations, which are curr<strong>en</strong>tly followed by the consulting officer.<br />
Among these studies, two of them have a connection with survivability and protection<br />
area of compet<strong>en</strong>ce.<br />
One relates to the treatm<strong>en</strong>t of the threat g<strong>en</strong>erated by the improvised explosive devices<br />
(IEDs) and for the other one the recasting of former regulation docum<strong>en</strong>ts in a new<br />
«TTA 702 », a regulation book on the use and the realization of obstacles by land forces.<br />
Fidèle à sa devise «… par les Forces,<br />
pour les Forces… », le c<strong>en</strong>tre de doctrine<br />
d’emploi des forces (CDEF), commandé<br />
par le Général DESPORTES, est par vocation<br />
à l’écoute des forces. Une des quatre<br />
divisions de cet organisme, la division<br />
emploi-organisation (DEO) que dirige le<br />
colonel DESTRIBATS, coordonne le pilotage<br />
et la conduite des études opérationnelles<br />
tout <strong>en</strong> veillant à la cohér<strong>en</strong>ce de<br />
la doctrine de l'armée de terre.<br />
Dans le cadre du comité de coordination des<br />
études opérationnelles (COCOOPS), cette<br />
division élabore ou fait élaborer l'<strong>en</strong>semble<br />
des docum<strong>en</strong>ts d'emploi des forces<br />
terrestres (niveaux tactique et opératif).<br />
- 25 -<br />
<strong>Le</strong> domaine AGESTER y ti<strong>en</strong>t son rang et<br />
ce ne sont pas moins de dix études et<br />
expérim<strong>en</strong>tations qui sont suivies par<br />
son officier traitant, <strong>en</strong> liaison étroite<br />
avec les directions des études et de la<br />
prospective (DEP) des différ<strong>en</strong>tes écoles<br />
d’armes. Ainsi, cet officier est chargé de<br />
piloter ou de conduire les études et<br />
expérim<strong>en</strong>tations qui relèv<strong>en</strong>t de ce<br />
domaine (Génie - NBC - Géographie).<br />
<strong>Le</strong> bilan des études ainsi que le plan de<br />
charge de l’année à v<strong>en</strong>ir sont examinés<br />
lors des comités directeurs ou de coordination<br />
des études opérationnelles<br />
(CODIROPS ou COCOOPS). Ces études<br />
sont répertoriées dans une base infor-
matique, dite « base COCOOPS 1 », véritable<br />
outil de gestion et de suivi des<br />
études. La consultation de cette base est<br />
accessible par tout un chacun sur le site<br />
du CDEF.<br />
Aussi est-il intéressant d’apporter un<br />
éclairage sur deux études majeures du<br />
domaine AGESTER, et plus particulièrem<strong>en</strong>t<br />
<strong>génie</strong>, ayant trait à la sauvegardeprotection,<br />
thème de ce numéro de la<br />
revue « <strong>Sapeur</strong> ». Actuellem<strong>en</strong>t, ces<br />
études prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t un caractère prioritaire<br />
pour les forces.<br />
* *<br />
*<br />
En ce début 2006, nul doute que la lutte<br />
contre les Engins Explosifs Improvisés<br />
(EEI) ou « Improvised Explosive Devices<br />
(IED) » est parmi les études qui occup<strong>en</strong>t<br />
le devant de la scène. L’État-major des<br />
armées (EMA) et son bras « armé » <strong>en</strong><br />
matière doctrinale, le c<strong>en</strong>tre interarmées<br />
de concepts, doctrines, expérim<strong>en</strong>tations<br />
(CICDE), ont défini un <strong>en</strong>semble<br />
d’actions à réaliser <strong>en</strong> réponse à cette<br />
m<strong>en</strong>ace qui connaît depuis ces dernières<br />
années une forte recrudesc<strong>en</strong>ce à travers<br />
le monde, notamm<strong>en</strong>t sur le théâtre<br />
afghan et bi<strong>en</strong> plus <strong>en</strong>core <strong>en</strong> Irak.<br />
L’objectif est clair : traiter la m<strong>en</strong>ace<br />
<strong>en</strong>g<strong>en</strong>drée par les EEI et cela dans des<br />
délais contraints. Sur le plan doctrinal, il<br />
s’agit de créer une série de docum<strong>en</strong>ts<br />
cohér<strong>en</strong>ts <strong>en</strong>tre eux et balayant l’<strong>en</strong>semble<br />
du spectre :<br />
- Un concept interarmées de lutte<br />
contre les EEI (le quoi faire),<br />
échéance : juin 2006. Ce docum<strong>en</strong>t,<br />
<strong>en</strong> cours d’approbation par le chef<br />
d’état-major des armées a été rédigé<br />
<strong>en</strong> groupe de travail interarmées<br />
<strong>en</strong>tre novembre 2005 et janvier 2006.<br />
Son préambule insiste sur le côté<br />
multiforme et éminemm<strong>en</strong>t évolutif<br />
de cette m<strong>en</strong>ace. En outre, la lutte<br />
contre les EEI est dev<strong>en</strong>ue inéluctable.<br />
« Elle s’inscrit pleinem<strong>en</strong>t dans<br />
la problématique, de plus <strong>en</strong> plus<br />
prégnante, de la protection de la<br />
force, voire de la population, et celle<br />
de la lutte contre le terrorisme ».<br />
- Une doctrine interarmées de lutte<br />
contre les EEI (le comm<strong>en</strong>t faire),<br />
échéance : fin 2006. Elle déclinera le<br />
S A P E U R<br />
concept, cité précédemm<strong>en</strong>t, et aura<br />
pour objectif, d’une part, de fixer les<br />
conditions d’emploi des capacités<br />
interarmées (r<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t, interv<strong>en</strong>tion<br />
NEDEX…) et, d’autre part,<br />
d’optimiser l’interaction des compét<strong>en</strong>ces<br />
spécifiques de chacune des<br />
armées. La composition du groupe<br />
de travail, qui rédigera ce docum<strong>en</strong>t,<br />
sera à l’id<strong>en</strong>tique de celui ayant<br />
rédigé le précéd<strong>en</strong>t concept.<br />
- Un mém<strong>en</strong>to de mesures pratiques à<br />
pr<strong>en</strong>dre contre les EEI, <strong>en</strong> déplacem<strong>en</strong>ts<br />
et lors des stationnem<strong>en</strong>ts.<br />
Ce docum<strong>en</strong>t est <strong>en</strong> cours de diffusion,<br />
jusqu’au niveau unité élém<strong>en</strong>taire<br />
ou équival<strong>en</strong>t interarmées.<br />
L’étude, pilotée par le CDEF, a été<br />
conduite tambour battant par la DEP<br />
ESAG <strong>en</strong> liaison étroite avec l’échelon<br />
c<strong>en</strong>tral NEDEX et <strong>en</strong> association<br />
avec les autres armées et organismes<br />
de la déf<strong>en</strong>se.<br />
- Un aide-mémoire, distribué jusqu’au<br />
soldat permettra la s<strong>en</strong>sibilisation<br />
immédiate du combattant. Réalisé<br />
par l’échelon c<strong>en</strong>tral NEDEX <strong>en</strong> liaison<br />
avec la DEP ESAG, il rappelle<br />
l’ess<strong>en</strong>tiel des mesures de prév<strong>en</strong>tion,<br />
d’alerte, de protection et de<br />
lutte que chaque combattant doit<br />
connaître. Il sera édité au format de<br />
poche et sera résistant à l’humidité<br />
et au sable.<br />
Ainsi, cette production s’inscrit dans la série<br />
de travaux, lancée par l’état-major des<br />
armées, <strong>en</strong> matière de prév<strong>en</strong>tion et de lutte<br />
contre ces dispositifs dans les domaines<br />
de la doctrine et de l’équipem<strong>en</strong>t.<br />
* *<br />
*<br />
Dans la sphère d’intérêt de la sauvegarde-protection,<br />
une autre étude, du<br />
niveau EMAT pour son approbation,<br />
possède des applications interarmes.<br />
Pilotée par le CDEF, conduite par<br />
l’ESAG/DEP, elle devrait aboutir dans le<br />
courant du second semestre 2006.<br />
Il s’agit de la refonte du TTA 702 <strong>en</strong> un<br />
règlem<strong>en</strong>t sur l’emploi et la réalisation<br />
des obstacles par les forces terrestres 2 .<br />
Compte t<strong>en</strong>u des contextes d’<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>ts<br />
actuels et à v<strong>en</strong>ir ainsi que des<br />
équipem<strong>en</strong>ts et systèmes d’armes <strong>en</strong><br />
cours de développem<strong>en</strong>t, cette étude<br />
- 26 -<br />
risque de modifier la problématique de<br />
la réalisation des obstacles. Certaines<br />
incertitudes relatives à l’aptitude des<br />
armes, autres que le <strong>génie</strong>, à réaliser ou<br />
pr<strong>en</strong>dre <strong>en</strong> compte des obstacles<br />
simples à base d’explosif ou de mines<br />
AC doiv<strong>en</strong>t être levées. Ainsi, quid :<br />
- des obstacles simples à bases de<br />
mines ou d’explosifs réalisés par l’IA?<br />
- des savoir-faire concernant la mise<br />
<strong>en</strong> œuvre d’explosifs ou la pose de<br />
mines par un soldat n’appart<strong>en</strong>ant<br />
pas au <strong>génie</strong> ?<br />
En filigrane, se pose la question du<br />
dev<strong>en</strong>ir de l’emploi des mines AC à plus<br />
ou moins long terme et de l’intégration<br />
de systèmes de protection de zones tels<br />
que SPECTRE - Système de protection<br />
des élém<strong>en</strong>ts terrestres - ou SYCOMORE<br />
- Système de contre mobilité réactif 3 .<br />
Actuellem<strong>en</strong>t la phase de concertation<br />
des principales fonctions opérationnelles<br />
impliquées est <strong>en</strong> cours.<br />
D’ores et déjà, si la nécessité de maint<strong>en</strong>ir<br />
la capacité de mise <strong>en</strong> œuvre d’explosifs<br />
et de conserver certains savoir-faire<br />
est reconnue, la capacité à réaliser des<br />
obstacles minés préliminaires ou de<br />
manœuvre est discutée et cela <strong>en</strong> fonction<br />
des contextes d’<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t. En<br />
off<strong>en</strong>sive, par exemple, le combat « à<br />
temps » (actions brèves mais int<strong>en</strong>ses)<br />
et la rapidité des mouvem<strong>en</strong>ts ne justifi<strong>en</strong>t<br />
plus la réalisation d’obstacles de<br />
combat par les unités de cavalerie blindée.<br />
En revanche, pour l’infanterie, dans<br />
son emploi tactique, la notion d’autonomie,<br />
même si ce point est discutable 4 , <strong>en</strong><br />
matière de réalisation d’obstacles ponctuels<br />
est primordiale pour appuyer sa<br />
manœuvre, réaliser son effet majeur et<br />
r<strong>en</strong>forcer sa sûreté. Dans tous les cas, le<br />
besoin d’une protection de proximité<br />
pour toutes unités <strong>en</strong> stationnem<strong>en</strong>t<br />
semble perman<strong>en</strong>t, que cela soit avec le<br />
concours du <strong>génie</strong> ou non.<br />
Il reste à définir précisém<strong>en</strong>t ce que la<br />
« sape » peut apporter aux uns et aux<br />
autres <strong>en</strong> fonction de son organisation et<br />
de ses possibilités. Il convi<strong>en</strong>t d’exprimer<br />
le besoin sous forme de résultats à<br />
obt<strong>en</strong>ir et d’étudier la meilleure façon<br />
d’y parv<strong>en</strong>ir dans le cadre des développem<strong>en</strong>ts<br />
actuels de la modularité ainsi<br />
1) Base COCOOPS : base de données consultable et modifiable <strong>en</strong> temps réel par les pilotes ou conducteurs d’études. Elle est l’unique référ<strong>en</strong>ce <strong>en</strong><br />
matière de suivi des études opérationnelles.<br />
2) Étude OPS 2002 GEN 12 : refonte du TTA 702 : synthèse des anci<strong>en</strong>s TTA 703, 704, 704 TER sur les obstacles à base de mines.<br />
3) Ces systèmes sont <strong>en</strong> cours d’étude et de développem<strong>en</strong>t (STAT et DGA).<br />
4) À l’autonomie, il semble plus pertin<strong>en</strong>t d’opposer une génération de force qui associe les compét<strong>en</strong>ces.
que de l’interarmisation aux plus bas<br />
niveaux. Cette étude, d’appar<strong>en</strong>ce anodine,<br />
aura des conséqu<strong>en</strong>ces non négligeables<br />
<strong>en</strong> matière d’actions de formation<br />
et de dotations.<br />
* *<br />
*<br />
5) Directives annuelles 2005-2006 du CDEF.<br />
S A P E U R<br />
L’imbrication de la sauvegarde-protection<br />
apparaît <strong>en</strong>core dans bi<strong>en</strong> d’autres<br />
études, pilotées ou conduites par le<br />
CDEF, et cela à des niveaux variables.<br />
Ainsi, <strong>en</strong> prise directe avec les différ<strong>en</strong>tes<br />
DEP et les organismes de la<br />
déf<strong>en</strong>se, le CDEF et plus particulièrem<strong>en</strong>t<br />
la DEO fournit « aux hommes et<br />
- 27 -<br />
femmes du terrain » les élém<strong>en</strong>ts de<br />
réponse et d’emploi dont ils ont besoin<br />
pour remplir au mieux leurs missions.<br />
Être à l’écoute des forces, c’est le rôle<br />
de la doctrine qui s’inscrit, avec les<br />
hommes et les équipem<strong>en</strong>ts, comme<br />
l’un des trois piliers fondateurs de la<br />
capacité opérationnelle 5 .
S A P E U R<br />
- 28 -
Chef d’escadrons<br />
Marc<br />
CAUDRILLIER<br />
Recruté sur titre avec un diplôme<br />
d’in<strong>génie</strong>ur, le CES CAUDRILLIER Marc<br />
a effectué une première partie de carrière<br />
dans la maint<strong>en</strong>ance et a commandé<br />
l’escadron de maint<strong>en</strong>ance du 501-503 e<br />
régim<strong>en</strong>t de chars de combat.<br />
Breveté technique dans le domaine<br />
NRBC, il a obt<strong>en</strong>u <strong>en</strong> 2003 un Mastère<br />
« Génie des procédés et <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t »<br />
de l’École C<strong>en</strong>trale de Paris et a servi au<br />
C<strong>en</strong>tre d’Études du Bouchet (DGA) dans<br />
la détection d’ag<strong>en</strong>ts biologiques pathogènes.<br />
Dans ce cadre, il a participé,<br />
depuis Dugway Proving Ground (Utah,<br />
USA) au déploiem<strong>en</strong>t d’une équipe<br />
multinationale de réaction de l’OTAN, au<br />
titre du laboratoire opérationnel <strong>français</strong><br />
de détection biologique.<br />
Après avoir suivi le Cours Supérieur d’État-Major<br />
<strong>en</strong> 2004, le CES CAUDRILLIER a<br />
suivi le Cours Supérieur d’État-Major à<br />
l’Institut Royal de Déf<strong>en</strong>se, équival<strong>en</strong>t<br />
belge du Collège Interarmées de<br />
Déf<strong>en</strong>se.<br />
<strong>Le</strong> CES CAUDRILLIER est depuis juillet<br />
2005 le chef du Bureau Opérations<br />
Instruction du 2 e Régim<strong>en</strong>t de Dragons,<br />
régim<strong>en</strong>t spécialisé de la déf<strong>en</strong>se NBC.<br />
S A P E U R<br />
LA THÉORIE DES TROIS BLOCS<br />
APPLIQUÉE AU DOMAINE NRBC<br />
More than 9/11 ev<strong>en</strong>ts, letters s<strong>en</strong>d full of Anthrax in United States deeply removed<br />
the context in CBRN def<strong>en</strong>ce. Fr<strong>en</strong>ch governm<strong>en</strong>t decided to build a modern def<strong>en</strong>ce<br />
system in front of a new threat : the 2 nd Dragoons Regim<strong>en</strong>t, located in Fontevraud,<br />
which will finally be composed of five compagnies in 2008. This battalion can carry out<br />
a large scale of differ<strong>en</strong>t missions : regarding what happ<strong>en</strong>ed in Kosovo, CBRN assets<br />
must be layed out from the beginning of the mission to redeploym<strong>en</strong>t.<br />
In june 1999, with the fr<strong>en</strong>ch brigade in Kosovo, the CBRN team was in charge of three<br />
missions : support deploym<strong>en</strong>t of forces, perform intellig<strong>en</strong>ce about industrial network<br />
for CIMIC, and supply fr<strong>en</strong>ch headquarters in health topics. Ev<strong>en</strong> if these three<br />
missions are carried out simultaneously during the operation, they don’t have the<br />
same importance, dep<strong>en</strong>ding on the differ<strong>en</strong>t phases of this operation.<br />
Autant que les att<strong>en</strong>tats du 11 septembre,<br />
l’explosion d’AZF à Toulouse ainsi que<br />
l’<strong>en</strong>voi de lettres chargées de charbon<br />
ont profondém<strong>en</strong>t changé la donne dans<br />
le domaine NRBC. Aujourd’hui, la France<br />
s’est dotée d’un moy<strong>en</strong> de déf<strong>en</strong>se : le<br />
2 e Régim<strong>en</strong>t de Dragons, Nucléaire,<br />
Biologique et Chimique, stationné à<br />
Fontevraud, composé de trois escadrons<br />
de déf<strong>en</strong>se actuellem<strong>en</strong>t et jusqu’à cinq<br />
escadrons <strong>en</strong> 2008. Or, le champ des<br />
missions que peuv<strong>en</strong>t remplir les différ<strong>en</strong>ts<br />
modules NBC apparaît de plus <strong>en</strong> plus<br />
vaste, au fur et à mesure que le commandem<strong>en</strong>t<br />
découvre les matériels et les<br />
savoir-faire de ces modules. Il faudra<br />
d’ailleurs du temps pour parv<strong>en</strong>ir à cerner<br />
l’ét<strong>en</strong>due de nos possibilités d’emploi, tant<br />
elles sont larges et variées, mais aussi<br />
parce que le domaine NRBC est <strong>en</strong><br />
constante évolution, ainsi que ses équipem<strong>en</strong>ts.<br />
À l’expéri<strong>en</strong>ce de la crise du<br />
Kosovo, les modules de déf<strong>en</strong>se NRBC<br />
doiv<strong>en</strong>t être déployés depuis le premier<br />
jour d’une opération, jusqu’au retrait des<br />
forces.<br />
En juin 1999, la deuxième brigade blindée,<br />
r<strong>en</strong>ommée pour l’occasion brigade <strong>Le</strong>clerc<br />
<strong>en</strong>trait au Kosovo et implantait ses unités<br />
dans la partie la plus industrialisée de<br />
cette province. <strong>Le</strong> raid blindé m<strong>en</strong>é par<br />
l’escadron <strong>Le</strong>clerc (du nom des 15 chars<br />
mis <strong>en</strong> œuvre par le 2 e escadron du<br />
501 e Régim<strong>en</strong>t de Chars de Combat) se<br />
faisait sous m<strong>en</strong>ace NRBC, les troupes<br />
serbes n’ayant pas <strong>en</strong>core quitté le<br />
territoire et une division mécanisée<br />
adverse étant <strong>en</strong>core déployée au nord<br />
de la zone des opérations. L’équipe<br />
NRBC déployée <strong>en</strong> appui de la brigade<br />
(niveau tactique) m<strong>en</strong>ait trois missions<br />
générales : appuyer les troupes<br />
déployées, r<strong>en</strong>seigner sur les capacités<br />
- 29 -<br />
technologiques au profit de la coopération<br />
civilo-<strong>militaire</strong> (CIMIC), et sout<strong>en</strong>ir l’étatmajor<br />
de la KFOR dans le domaine de<br />
l’hygiène et la sécurité <strong>en</strong> opérations<br />
(HSO).<br />
En réalité, l’accomplissem<strong>en</strong>t de ces trois<br />
missions ne se fait pas à parts égales. En<br />
fonction de la phase à laquelle <strong>en</strong> est<br />
r<strong>en</strong>du l’accomplissem<strong>en</strong>t de la mission,<br />
l’une ou l’autre des composantes sera<br />
traitée prioritairem<strong>en</strong>t. Mais les changem<strong>en</strong>ts<br />
de postures pouvant être fréqu<strong>en</strong>ts<br />
et brutaux, la théorie des trois blocs<br />
s’applique parfaitem<strong>en</strong>t aux troupes<br />
spécialisées de la déf<strong>en</strong>se NRBC : un jour<br />
participant au déminage d’un <strong>en</strong>gin<br />
explosif chargé au charbon (action<br />
m<strong>en</strong>ée <strong>en</strong> synergie avec les EOD), le chef<br />
du module rédigera le l<strong>en</strong>demain un<br />
rapport sur les risques <strong>en</strong>courus par les<br />
troupes déployées travaillant à proximité<br />
d’un fût de chlore, tandis que ses équipes<br />
r<strong>en</strong>seigneront sur les capacités de<br />
production d’une usine pharmaceutique.<br />
Il reste néanmoins logique d’attribuer<br />
une priorité à l’une des trois missions <strong>en</strong><br />
fonction de l’évolution de la situation<br />
globale.<br />
Lors d’une phase d’imposition de la<br />
paix, le module NRBC, dont la taille<br />
dép<strong>en</strong>d à la fois de la force sout<strong>en</strong>ue et<br />
de la mission (nature de la m<strong>en</strong>ace,<br />
géographie de la zone d’opérations),<br />
doit absolum<strong>en</strong>t être intégré dans les<br />
forces d’<strong>en</strong>trée <strong>en</strong> premier. En effet, le<br />
facteur primordial d’efficacité dans une<br />
mission de décontamination est le<br />
temps écoulé <strong>en</strong>tre l’attaque et le début<br />
de la restauration. D’autre part, les<br />
patrouilles de reconnaissance, dotées<br />
de véhicules blindés de reconnaissance<br />
(VAB RECO NBC), exécut<strong>en</strong>t leur mis-
sion <strong>en</strong> avant des troupes, sur la ligne<br />
de front. Enfin, il faut que les équipes de<br />
reconnaissance et d’évaluation (ERE)<br />
soi<strong>en</strong>t déployées au plus près des<br />
forces afin de leur éviter une implantation<br />
hasardeuse dans une zone prés<strong>en</strong>tant<br />
un niveau de risque technologique<br />
élevé. Bi<strong>en</strong> <strong>en</strong>t<strong>en</strong>du, ces forces NRBC<br />
particip<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>t à la collecte du<br />
r<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t tactique, opératif et<br />
stratégique.<br />
S A P E U R<br />
Dans une phase de mainti<strong>en</strong> de la paix,<br />
le r<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t au profit de l’action<br />
civilo-<strong>militaire</strong> pr<strong>en</strong>d toute son ampleur.<br />
Cette mission a évidemm<strong>en</strong>t débuté dès<br />
l’<strong>en</strong>trée des forces sur le théâtre, mais<br />
elle devi<strong>en</strong>t à ce mom<strong>en</strong>t-là prioritaire,<br />
sans pour autant être exclusive.<br />
Enfin, la mission de souti<strong>en</strong> effectuée<br />
au profit du HSO, si elle a débuté dès<br />
l’implantation des troupes, pr<strong>en</strong>dra de<br />
Engagem<strong>en</strong>t du module NRBC sur toute la largeur du spectre<br />
- 30 -<br />
plus <strong>en</strong> plus d’importance, dev<strong>en</strong>ant<br />
primordiale lors de la phase de stabilisation<br />
et jusqu’au dés<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t.<br />
L’exemple du Kosovo dans ce domaine<br />
est très révélateur de cette perman<strong>en</strong>ce<br />
des missions NRBC. Après avoir<br />
appuyé les troupes déployées, le<br />
module armé alors par le Groupe de<br />
Déf<strong>en</strong>se NBC a participé à la collecte<br />
du r<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t et sout<strong>en</strong>u l’étatmajor<br />
dans le domaine HSO. Parce que<br />
la situation s’est stabilisée, il a été<br />
décidé au printemps 2005 le dés<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t<br />
de ce module. Mais, assez<br />
rapidem<strong>en</strong>t, des lacunes ont été<br />
constatées sur le terrain, tant dans le<br />
domaine du r<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t que dans<br />
celui du HSO. Aussi ont-ils demandé,<br />
et obt<strong>en</strong>u, la réactivation de cette<br />
équipe. <strong>Le</strong> 2 e Régim<strong>en</strong>t de Dragons,<br />
nucléaire, biologique et chimique<br />
projettera ainsi une ERE dès la mimai<br />
au profit de la Task Force<br />
Multinationale Nord (TFMN). Gageons<br />
que son action restera déterminante<br />
jusqu’au dés<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t de la KFOR.
Capitaine (TA)<br />
Gérald<br />
BOUTOLLEAU<br />
<strong>Le</strong> capitaine (TA) BOUTOLLEAU est officier<br />
supérieur adjoint au 1 er groupem<strong>en</strong>t<br />
d’inc<strong>en</strong>die et chef de la section commandem<strong>en</strong>t<br />
de son état-major, depuis juin<br />
2003.<br />
Après la sortie de la division d’application<br />
de l’ESAG <strong>en</strong> 1996, il est affecté à la<br />
13 e compagnie d’inc<strong>en</strong>die, c<strong>en</strong>tre de<br />
secours AULNAY-SOUS-BOIS, <strong>en</strong> tant<br />
que chef de garde inc<strong>en</strong>die, p<strong>en</strong>dant<br />
3 ans.<br />
Puis il est affecté à la 12 e compagnie,<br />
c<strong>en</strong>tre de secours MENILMONTANT , <strong>en</strong><br />
tant qu’adjoint au commandant de compagnie,<br />
puis <strong>en</strong> tant que CDU.<br />
Il quitte son commandem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> 2003 et<br />
est affecté à l’état-major du 1 er groupem<strong>en</strong>t<br />
d’inc<strong>en</strong>die. Il intégrera la 120 e promotion<br />
du cours supérieur d’état-major<br />
<strong>en</strong> janvier 2007.<br />
<strong>Le</strong> capitaine (TA) BOUTOLLEAU est issu<br />
de l’EMIA, promotion capitaine MAINE<br />
(1993-1995).<br />
S A P E U R<br />
LE COMBAT DU FEU EN ZONE URBAINE :<br />
OCT-NOV 2005 DANS LE 93<br />
Plus de 3300 véhicules inc<strong>en</strong>diés, 14 des<br />
plus gros inc<strong>en</strong>dies de la Brigade de<br />
<strong>Sapeur</strong>s-Pompiers de Paris, 13 sapeurs<br />
pompiers blessés suite à des agressions<br />
directes, 56 <strong>en</strong>gins <strong>en</strong>dommagés, voilà<br />
le bilan-choc que l’on pourrait livrer des<br />
viol<strong>en</strong>ces urbaines qui ont frappé du<br />
27 octobre au 12 novembre 2005. La quasitotalité<br />
du personnel des trois groupem<strong>en</strong>ts<br />
d’inc<strong>en</strong>die, soit 4300 <strong>militaire</strong>s sur<br />
les 8000 que compte la Brigade, a été<br />
impliquée une nouvelle fois dans ce type<br />
d’opération particulière, à la limite de la<br />
guérilla urbaine, où les voitures brûl<strong>en</strong>t<br />
dans les rues, où les sapeurs-pompiers<br />
intervi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t sous protection policière<br />
et où les projectiles fus<strong>en</strong>t.<br />
Lors du précéd<strong>en</strong>t épisode (juin 2001),<br />
le phénomène avait été localisé à une<br />
seule cité de la Seine-Saint-D<strong>en</strong>is et<br />
avait duré six nuits. Cette fois, la viol<strong>en</strong>ce<br />
est montée d’un cran : plus ét<strong>en</strong>due<br />
(presque toute la petite couronne), plus<br />
longue (12 nuits d’affilée), plus int<strong>en</strong>se.<br />
FIBUA : Firefighting In Built-Up Areas ?<br />
The last ev<strong>en</strong>ts in Seine-Saint-D<strong>en</strong>is have testified that an important milestone in viol<strong>en</strong>ce<br />
was overtak<strong>en</strong> wh<strong>en</strong> using lethal weapons against police forces. Systematic<br />
harassm<strong>en</strong>t of the emerg<strong>en</strong>cy services through physical aggression, destruction of<br />
numerous warehouses and thousands of vehicles have resulted from heavy anger<br />
against every repres<strong>en</strong>tation of the State authority in a democracy.<br />
Th<strong>en</strong>, the Paris Fire Brigade SOPs for urban unrest have become a blueprint for emerg<strong>en</strong>cy<br />
organization during riots. It will become a zonal emerg<strong>en</strong>cy plan on the AOR of<br />
the Fire Brigade. Therefore, new steps are tak<strong>en</strong> as for dealing with emerg<strong>en</strong>cy calls or<br />
leading the overall operation.<br />
Everyone must preserve the firefighter resource, worn out by the l<strong>en</strong>gth of such operations<br />
and disabled with such mugging against m<strong>en</strong> and wom<strong>en</strong> dedicated to serve<br />
their fellow citiz<strong>en</strong>.<br />
- 31 -<br />
Si le fait générateur des agitations sur<br />
le secteur de la 14 e compagnie est clair<br />
(le décès de deux jeunes à Clichy/Bois),<br />
la flambée de viol<strong>en</strong>ce qui s’est ét<strong>en</strong>due<br />
à l’<strong>en</strong>semble du départem<strong>en</strong>t peut<br />
s’expliquer par un souci de mimétisme,<br />
de médiatisation et de défi à l’autorité<br />
républicaine.<br />
De tels événem<strong>en</strong>ts boulevers<strong>en</strong>t nos<br />
conceptions traditionnelles et port<strong>en</strong>t<br />
atteinte à la vie économique et sociale<br />
de quartiers <strong>en</strong>tiers.<br />
Pr<strong>en</strong>dre <strong>en</strong> compte le phénomène, <strong>en</strong><br />
connaître les caractéristiques propres,<br />
<strong>en</strong> déduire les modes opératoires <strong>en</strong><br />
fonction des niveaux de viol<strong>en</strong>ce, tels<br />
sont les <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts qui ont permis à<br />
la Brigade de sapeurs-pompiers de Paris<br />
d’améliorer les normes d’<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t<br />
et, partant, la sécurité de nos interv<strong>en</strong>tions<br />
et de notre personnel lors de ces<br />
nuits agitées.
VIOLENCE ET GRANDS ENSEMBLES<br />
URBAINS<br />
La viol<strong>en</strong>ce urbaine, <strong>en</strong> tant que telle, n’a<br />
été prise <strong>en</strong> compte par les services de<br />
l’État qu’au début des années 1990. En<br />
2001, la BSPP, confrontée brutalem<strong>en</strong>t à ce<br />
phénomène, a été jusqu’à chercher chez<br />
ses collègues de Belfast une expéri<strong>en</strong>ce<br />
dont elle ne disposait pas jusqu’alors.<br />
Depuis, les R<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts Généraux ont<br />
classé les différ<strong>en</strong>tes manifestations de la<br />
viol<strong>en</strong>ce urbaine <strong>en</strong> 8 niveaux (ci-contre).<br />
État des lieux<br />
<strong>Le</strong>s cités s<strong>en</strong>sibles ont toutes été édifiées<br />
dans les années 1960, avec le souci<br />
architectural de rétablir un s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t de<br />
communauté humaine, à défaut de créer<br />
un « esprit village ». Ainsi, les <strong>en</strong>trées<br />
des bâtim<strong>en</strong>ts sont-elles généralem<strong>en</strong>t<br />
ori<strong>en</strong>tées vers l’intérieur de la cité, les<br />
routes périphériques sont rares, les cheminem<strong>en</strong>ts<br />
sont sinueux et les espaces<br />
verts sont relativem<strong>en</strong>t nombreux, avec<br />
une forte prés<strong>en</strong>ce de talus, visant à<br />
créer une certaine intimité.<br />
<strong>Le</strong>s bâtim<strong>en</strong>ts sont généralem<strong>en</strong>t de grande<br />
taille (<strong>en</strong>tre 28 et 50 mètres de hauteur donc<br />
de 4 e famille) et ne sont, généralem<strong>en</strong>t, plus<br />
aux normes de sécurité inc<strong>en</strong>die. Afin de<br />
compléter cette recherche de s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t<br />
id<strong>en</strong>titaire, l’installation de commerçants a<br />
été <strong>en</strong>couragée par les pouvoirs publics.<br />
De véritables zones de vie pr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t donc<br />
pied <strong>en</strong> bas des immeubles : magasins, aires<br />
de jeux, salles associatives et de culte…<br />
On peut mesurer aujourd’hui à quel point<br />
la volonté des urbanistes s’est retournée<br />
dans un s<strong>en</strong>s diamétralem<strong>en</strong>t opposé à<br />
l’effet recherché ! En effet, les cités, pas<br />
aussi radieuses que l’avait imaginé <strong>Le</strong><br />
Corbusier, sont dev<strong>en</strong>ues des camps<br />
retranchés où le droit d’<strong>en</strong>trer se négocie.<br />
<strong>Le</strong>s bâtim<strong>en</strong>ts ont mal vieilli, par défaut<br />
d’<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> et par détérioration volontaire<br />
de l’existant. <strong>Le</strong> vieillissem<strong>en</strong>t prématuré<br />
des installations a contribué <strong>en</strong>suite au<br />
s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t d’insécurité ou, à tout le<br />
moins, de malaise de populations de<br />
moins <strong>en</strong> moins volontaires pour vivre<br />
dans cet univers artificiel. <strong>Le</strong>s sociologues<br />
s’accord<strong>en</strong>t aujourd’hui à reconnaître que<br />
le type même de cette architecture<br />
génère égalem<strong>en</strong>t, par lui-même, des<br />
comportem<strong>en</strong>ts agressifs.<br />
Il n’y a qu’à s’av<strong>en</strong>turer dans ces<br />
<strong>en</strong>sembles pour mesurer l’ét<strong>en</strong>due des<br />
S A P E U R<br />
Degré Manifestations<br />
Nombre de quartiers<br />
concernés <strong>en</strong> 1997<br />
1 Petits groupes.<br />
Vandalisme, vol à l’étalage.<br />
Dégradation de l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t.<br />
Pillage, intimidation sur les commerçants.<br />
Racket et vol sur les écoliers.<br />
Rodéos de voitures volées avec inc<strong>en</strong>die à l’issue.<br />
Affrontem<strong>en</strong>t et règlem<strong>en</strong>t de compte <strong>en</strong>tre bandes rivales. 439<br />
2 Agressions verbales et gestuelles ceux qui symbolis<strong>en</strong>t la réussite ou l’autorité<br />
(police, pompiers, chauffeurs de bus, facteurs, <strong>en</strong>seignants).<br />
Attaque furtive contre des locaux de police ou de g<strong>en</strong>darmerie.<br />
Vandalisme contre les écoles, notamm<strong>en</strong>t lorsqu’il y a eu exclusion, mauvaises notes ou punitions. 143<br />
3 Agressions physiques contre les porteurs d’uniforme et les représ<strong>en</strong>tants de l’ordre scolaire.<br />
4 Protestation de manifestants contre une interv<strong>en</strong>tion de police dans un quartier.<br />
M<strong>en</strong>ace téléphonique aux familles de policiers.<br />
Jets de pierre sur les voitures de patrouille et les <strong>en</strong>gins de secours.<br />
Manifestation devant les commissariats. 167<br />
5 Regroupem<strong>en</strong>ts agressifs et vindicatifs de jeunes.<br />
Invasion de commissariats pour libérer un suspect.<br />
Développem<strong>en</strong>t visible de recel et des trafics de drogue.<br />
Mise <strong>en</strong> place d’une économie parallèle.<br />
Amplification de la toxicomanie.<br />
6 Agressions physiques contre des policiers qui reçoiv<strong>en</strong>t des cocktails molotov, sont attirés dans des pièges<br />
par de faux appels téléphoniques, des inc<strong>en</strong>dies volontaires ou des rodéos automobiles. 21<br />
7 Mini-émeute.<br />
Escalade de viol<strong>en</strong>ce brève et sans l<strong>en</strong>demain. Pot<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t tous.<br />
8 Émeute (plusieurs jours) avec affrontem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> règle des forces de l’ordre et des institutionnels. Pot<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t tous.<br />
Source : Viol<strong>en</strong>ces urbaines, des vérités qui dérang<strong>en</strong>t – L. BUI TRONG – Éd. Fayard.<br />
dégâts. On ne compte plus, <strong>en</strong> effet, le<br />
nombre de locaux vide-ordures marqués<br />
par les inc<strong>en</strong>dies à répétition, les carcasses<br />
de véhicules brûlés, les portes<br />
d’immeubles forcées, les vitres fracturées,<br />
les murs souillés de tags <strong>en</strong> tous<br />
g<strong>en</strong>res… <strong>Le</strong>s commerçants ont déserté<br />
les lieux et les services publics (EDF,<br />
GDF, La Poste) intervi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t avec parcimonie<br />
et sont la cible de malveillances<br />
importantes et coûteuses.<br />
<strong>Le</strong>s jeunes qui habit<strong>en</strong>t dans ces cités ne<br />
sont pas tous des délinquants, loin s’<strong>en</strong><br />
faut. Mais une part infime de cette<br />
jeunesse conc<strong>en</strong>tre sur elle toute la délinquance,<br />
sous toutes ces formes. Sans<br />
chercher à dramatiser la situation, il faut<br />
bi<strong>en</strong> être persuadé que les trafics ne<br />
concern<strong>en</strong>t pas que les stupéfiants et les<br />
voitures. Il convi<strong>en</strong>t d’y ajouter les trafics<br />
-32 -<br />
d’armes, la prostitution, l’extorsion…<br />
Une véritable économie souterraine se<br />
développe, économie qui a besoin de<br />
calme. <strong>Le</strong>s aînés se charg<strong>en</strong>t donc de lutter<br />
contre la petite délinquance qui attire<br />
égalem<strong>en</strong>t les forces de l’ordre.<br />
On assiste égalem<strong>en</strong>t à une montée du<br />
communautarisme, avec une emprise<br />
plus ou moins forte de la religion, selon<br />
les zones. L’errance à toute heure du jour<br />
et de la nuit, le refus d’aller à l’école,<br />
ainsi que le rejet des institutions plac<strong>en</strong>t<br />
rapidem<strong>en</strong>t les jeunes <strong>en</strong> position<br />
d’échec scolaire. L’école n’a plus la maîtrise<br />
sur ceux-ci. Certains sont même<br />
parfois non-francophones. <strong>Le</strong>s par<strong>en</strong>ts,<br />
quant à eux, pein<strong>en</strong>t à exercer leur autorité<br />
par<strong>en</strong>tale, souv<strong>en</strong>t déléguée à un<br />
« grand frère », lui-même piètre exemple<br />
pour les plus jeunes.
Enfin, du point de vue des policiers, les<br />
suites judiciaires de leur travail ne sont<br />
pas toujours à la hauteur de leurs espérances.<br />
<strong>Le</strong>s tribunaux compét<strong>en</strong>ts sont<br />
souv<strong>en</strong>t saturés, regroupant dans leur<br />
ressort une grosse conc<strong>en</strong>tration de<br />
cités dites s<strong>en</strong>sibles.<br />
<strong>Le</strong>s formes de la viol<strong>en</strong>ce<br />
La viol<strong>en</strong>ce est, hélas, familière du<br />
sapeur-pompier. Celle-ci se construit<br />
ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t autour d’un rapport de<br />
force <strong>en</strong>tre l’Institution et le fauteur de<br />
troubles.<br />
En juin 2001, la cité des Beaudottes à<br />
Sevran a ainsi été le théâtre d’émeutes<br />
(degré 8) six nuits durant. Plusieurs véhicules<br />
de police et de sapeurs-pompiers<br />
ont été <strong>en</strong>dommagés. Cette viol<strong>en</strong>ce<br />
s’est prolongée <strong>en</strong> juillet, à Aulnay-sous-<br />
Bois, avec la charge d’un véhicule de<br />
chantier volé contre un fourgon de<br />
sapeurs-pompiers qui interv<strong>en</strong>ait pour<br />
éteindre l’inc<strong>en</strong>die d’une PMI, dans<br />
laquelle une femme était prisonnière des<br />
flammes.<br />
Nous pouvons aussi évoquer, pour<br />
mémoire, les attaques à la voiture-bélier<br />
contre des <strong>en</strong>gins de secours, le tir avec<br />
un pistolet à gr<strong>en</strong>ailles, les embuscades,<br />
les agressions <strong>en</strong> règle, dont les conséqu<strong>en</strong>ces<br />
physiques (jours d’incapacité<br />
totale de travail) sont toujours (heureusem<strong>en</strong>t,<br />
dans une certaine mesure)<br />
moins importantes que les conséqu<strong>en</strong>ces<br />
psychologiques ou éthiques<br />
pour le sauveteur et sa famille.<br />
Ces nuits tragiques sont relayées par<br />
celles d’octobre et novembre 2005 sur<br />
l’<strong>en</strong>semble de la Seine-Saint-D<strong>en</strong>is, dont<br />
les conséqu<strong>en</strong>ces sont énormes : de<br />
nombreuses <strong>en</strong>treprises <strong>en</strong> chômage<br />
technique, des infrastructures scolaires<br />
inutilisables, des commerces détruits…<br />
SAPEUR-POMPIER PENDANT LES<br />
VIOLENCES URBAINES<br />
<strong>Le</strong> 1 er groupem<strong>en</strong>t d’inc<strong>en</strong>die a, le premier,<br />
pris <strong>en</strong> compte la question des<br />
troubles urbains, <strong>en</strong> apportant une<br />
réponse opérationnelle à ces événem<strong>en</strong>ts,<br />
lesquels, désormais, se répèt<strong>en</strong>t<br />
traditionnellem<strong>en</strong>t les nuits de 14 juillet<br />
et de 31 décembre.<br />
<strong>Le</strong>s travaux conduits depuis 1996 ont<br />
abouti <strong>en</strong> 2005 à l’adoption d’un plan<br />
S A P E U R<br />
« troubles urbains » au niveau de la<br />
BSPP, qui comporte 3 niveaux :<br />
- Vigilance (niveau vert) ;<br />
- Alerte (niveau orange) ;<br />
- Décl<strong>en</strong>chem<strong>en</strong>t du plan (niveau rouge).<br />
Lorsque le nombre de feux criminels,<br />
notamm<strong>en</strong>t sur voie publique, augm<strong>en</strong>te<br />
de manière significative et que le décl<strong>en</strong>chem<strong>en</strong>t<br />
du plan est décidé, il est défini<br />
une zone d’<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t composée des<br />
quartiers concernés par ces actes, dans<br />
lesquels les secours intervi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t après<br />
sécurisation de la zone par la police, et<br />
lorsque le feu prés<strong>en</strong>te un risque d’ext<strong>en</strong>sion<br />
(une poubelle située sur la voie<br />
publique et ne m<strong>en</strong>açant aucun bâtim<strong>en</strong>t<br />
s’éteindra d’elle-même par manque de<br />
combustible et ne justifie pas la prise de<br />
risque de l’<strong>en</strong>voi de secours).<br />
Lorsque deux jeunes ont péri dans un<br />
transformateur à Clichy-sous-Bois, il dev<strong>en</strong>ait<br />
évid<strong>en</strong>t que cette commune allait être<br />
le théâtre de scènes de viol<strong>en</strong>ces urbaines<br />
« classiques ». L’ext<strong>en</strong>sion départem<strong>en</strong>tale,<br />
puis quasi-nationale qui a suivi était moins<br />
prévisible.<br />
Très rapidem<strong>en</strong>t, un officier de perman<strong>en</strong>ce<br />
par compagnie a été dédié au suivi<br />
des opérations du plan. Deux chaînes de<br />
commandem<strong>en</strong>t parallèles coexistai<strong>en</strong>t<br />
donc : celle traitant les interv<strong>en</strong>tions courantes<br />
et celle, dite « de délestage »,<br />
dédiée au plan « troubles urbains ».<br />
Une soudaine flambée de viol<strong>en</strong>ce a<br />
frappé le secteur du 1 er groupem<strong>en</strong>t d’inc<strong>en</strong>die,<br />
<strong>en</strong>traînant de nombreux inc<strong>en</strong>dies<br />
majeurs (garage, <strong>en</strong>trepôts, écoles,<br />
gymnase…) et de très nombreuses nuits<br />
blanches pour les hommes et les<br />
femmes de la BSPP.<br />
-33 -<br />
<strong>Le</strong> dispositif a été reconduit chaque nuit,<br />
douze fois de suite. La fatigue s’accumulait,<br />
mais l’expéri<strong>en</strong>ce de 2001 a appris<br />
qu’il fallait durer. L’<strong>en</strong>chaînem<strong>en</strong>t des<br />
nuits blanches risquant d’<strong>en</strong>traîner des<br />
accid<strong>en</strong>ts, il était impératif de prévoir<br />
des relèves et de tempérer la fougue du<br />
personnel de repos s’étant spontaném<strong>en</strong>t<br />
porté volontaire pour épauler leurs<br />
camarades. Lorsque les viol<strong>en</strong>ces se<br />
r<strong>en</strong>ouvell<strong>en</strong>t plusieurs jours, l’organisation<br />
de la vie du c<strong>en</strong>tre de secours doit<br />
être revue, avec la mise <strong>en</strong> place de<br />
repos <strong>en</strong> journée, la préparation logistique<br />
de la nuit, la remise <strong>en</strong> état des<br />
<strong>en</strong>gins et les mesures de sécurisation<br />
croissantes de nos infrastructures (plusieurs<br />
c<strong>en</strong>tres de secours ont été la cible<br />
de bandes organisées, m<strong>en</strong>açant directem<strong>en</strong>t<br />
les ménages y résidant).<br />
L’int<strong>en</strong>sité et le nombre des interv<strong>en</strong>tions<br />
ne faiblissant pas, le général commandant<br />
la Brigade décida, pour la première<br />
fois dans l’histoire de la Brigade,<br />
de demander, <strong>en</strong> r<strong>en</strong>forcem<strong>en</strong>t, des<br />
colonnes de sapeurs-pompiers civils<br />
(6 colonnes ont été <strong>en</strong>voyées, chaque<br />
colonne étant l’équival<strong>en</strong>t d’une compagnie).<br />
L’état-major de la Brigade a été<br />
réellem<strong>en</strong>t utilisé <strong>en</strong> tant que PC OPS,<br />
durant une semaine <strong>en</strong>tière. Toutes les<br />
cellules composant traditionnellem<strong>en</strong>t<br />
un PC OPS ont été activées (même celle<br />
MANFUT), armées par bordées par les<br />
cadres des différ<strong>en</strong>tes sections.<br />
Au bilan, treize sapeurs, blessés légers,<br />
seront à déplorer. Du côté des dégâts<br />
matériels, le bilan est beaucoup plus<br />
lourd. De très nombreux <strong>en</strong>gins sont<br />
<strong>en</strong>dommagés et nécessiteront de lourdes<br />
réparations. La protection, par film antiexplosion,<br />
des vitres de la totalité des<br />
<strong>en</strong>gins de la Brigade est décidée.
<strong>Le</strong>s officiers de perman<strong>en</strong>ce des compagnies<br />
feront le point des dégâts <strong>en</strong>durés<br />
par le personnel et les véhicules et <strong>en</strong>gageront<br />
la procédure cont<strong>en</strong>tieuse, par un<br />
dépôt de plainte initial au nom de la<br />
Brigade. Cette étape est ess<strong>en</strong>tielle, car<br />
elle est la seule qui témoigne administrativem<strong>en</strong>t<br />
des incivilités à l’<strong>en</strong>contre<br />
des sapeurs-pompiers.<br />
CONCLUSION<br />
Au-delà des séquelles que ces événem<strong>en</strong>ts<br />
laisseront sur nos <strong>en</strong>gins et dans<br />
l’esprit de nos sapeurs-pompiers, ce<br />
sont surtout les familles logées dans les<br />
casernes concernées, qui ont le plus<br />
S A P E U R<br />
souffert. En effet, c’est maint<strong>en</strong>ant un<br />
long travail qui comm<strong>en</strong>ce, afin de restaurer<br />
la confiance des ménages, ainsi<br />
que celle des jeunes des cités à l’égard<br />
de leurs pompiers. <strong>Le</strong>s m<strong>en</strong>aces et les<br />
intimidations, notamm<strong>en</strong>t à l’école à<br />
l’<strong>en</strong>contre des <strong>en</strong>fants des pompiers,<br />
continueront <strong>en</strong>core quelques semaines,<br />
perturbant la scolarité des <strong>en</strong>fants.<br />
Enfin, nul doute que l’expéri<strong>en</strong>ce de la<br />
BSPP dans ce domaine peut être d’une<br />
utilité certaine pour l’armée de terre.<br />
Celle-ci a, d’ailleurs, bi<strong>en</strong> compris son<br />
intérêt, <strong>en</strong> associant des officiers de la<br />
brigade au groupe de travail concernant<br />
le CENZUB (piloté par le CFAT).<br />
- 34 -<br />
Bibliographie.<br />
• Guide d’interv<strong>en</strong>tion du sauveteur : victimes,<br />
viol<strong>en</strong>ces, secours - Loïc<br />
CADIOU - Editions Estem, De Boeck<br />
Diffusion - 2005 (notamm<strong>en</strong>t le chapitre<br />
30).<br />
• Viol<strong>en</strong>ces urbaines, des vérités qui<br />
dérang<strong>en</strong>t - Luci<strong>en</strong>ne BUI TRONG -<br />
Paris : Bayard éditions - 2000.<br />
• Viol<strong>en</strong>ces : les racines du mal - Gordes :<br />
<strong>Le</strong> Relié - 2002.<br />
• <strong>Le</strong>s racines de la viol<strong>en</strong>ce : de l’émeute<br />
au communautarisme - Paris : éditions<br />
Louis Audibert - 2003.<br />
• Viol<strong>en</strong>ces et insécurités urbaines -<br />
Alain BAUER, Xavier RAUFER - PUF<br />
« Que sais-je ? » - 1999.<br />
• La dim<strong>en</strong>sion cachée - Edward T. HALL.
S A P E U R<br />
La sauvegarde-pr<br />
sauvegarde-protection<br />
otection<br />
des forces forces<br />
La protection-sauvegarde sur une base aéri<strong>en</strong>ne projetée .................................................................................................. COL BILBAULT ........................................................ 37<br />
Protéger nos stationnem<strong>en</strong>ts contre les att<strong>en</strong>tats à l’explosif ............................................................................................ COL LORIDAN<br />
LCL MARTIN ............................................................ 41<br />
Pour une approche globale de la sauvegarde-protection ...................................................................................................... LCL (TA) SOUCASSE .......................................... 45<br />
<strong>Le</strong> rôle du <strong>génie</strong> de l’air dans la sauvegarde-protection <strong>en</strong> opérations extérieures .................................................. LCL CHAPELLE........................................................ 49<br />
<strong>Le</strong> RGBIA dans la mission de protéger les forces <strong>en</strong> 2005 .................................................................................................... LCL KIRSCHER ........................................................ 53<br />
Opération CALAO : <strong>Le</strong> 5 e RG <strong>en</strong> Côte d’Ivoire : acteur de la fonction AGESTER CBA ANDRIAMOLISON<br />
ou simple prestataire de service ? .................................................................................................................................................... CNE MACHELON .................................................. 57<br />
Concept ISOPEX et sauvegarde-protection .................................................................................................................................. CBA MERCURY ...................................................... 61<br />
Montage d’un poste de combat de type HESCO BASTION .................................................................................................. CNE FOUQUET ...................................................... 65<br />
Côte d’Ivoire : Retour d’expéri<strong>en</strong>ce <strong>en</strong> sauvegarde-protection .......................................................................................... CNE GEROUDET .................................................... 69<br />
- 35 -
S A P E U R<br />
- 36 -
Colonel<br />
Bernard<br />
BILBAULT<br />
<strong>Le</strong> colonel BILBAULT est chef du bureau<br />
infrastructure <strong>en</strong> opération de l’armée<br />
de l’air depuis 2002.<br />
Originaire de l’EMIA (73-74), il a servi<br />
aux 71 e RG (chef de section), 32 e RG<br />
(commandant d’unité), 1 er RG (chef de<br />
BOI) et 10 e RG (chef de corps).<br />
Stagiaire de la 101 e promotion de l’ESG,<br />
il a commandé la promotion 93-95 de<br />
l’EMIA.<br />
Avant d’occuper son poste actuel, il a<br />
t<strong>en</strong>u les fonctions successives de DEP et<br />
de DGF à l’ESAG.<br />
S A P E U R<br />
LA PROTECTION-SAUVEGARDE<br />
SUR UNE BASE AÉRIENNE PROJETÉE<br />
The Fr<strong>en</strong>ch Air Force (FAF) capability to s<strong>en</strong>d far and fast troops fully fitted with their<br />
logistics, and fire systems thanks to never-<strong>en</strong>ded upgraded aircraft is balanced by the<br />
vulnerability of the air base.<br />
Fr<strong>en</strong>ch Air Force has defined three differ<strong>en</strong>t types of DOB with a 400, 800, 1500 m<strong>en</strong><br />
str<strong>en</strong>gth, to perform the deploym<strong>en</strong>ts of the immediate reaction force (FRI), the rapid<br />
reaction force (FRR), and the main reaction force (FAT).<br />
Nowadays the deployable air base (DOB) may have to be deployed in a versatile threat<br />
<strong>en</strong>vironm<strong>en</strong>t. If therefore the main task of air <strong>en</strong>gineer support units was rapid<br />
runway repair, the curr<strong>en</strong>t needs of a DOB abroad lead to shift the air sapper skills to<br />
protection and survivability knowledges. So, these units can either reinforce the air<br />
force protection or <strong>en</strong>sure themselves the def<strong>en</strong>se of the DOB as they did during the<br />
ARTEMIS-MAMBA operation in BUNIA.<br />
As preceding, the concept of « soldier - sapper - specialist » occures fully relevant.<br />
Ev<strong>en</strong> if the measures described are not novelties, the task to accomplish is hugefull.<br />
A DOB is larger than a traditional one thousand m<strong>en</strong> fr<strong>en</strong>ch post plus aeronautic areas<br />
with logistic points, which matches with a three to five square km area. The preparation<br />
of the deploym<strong>en</strong>t is an ess<strong>en</strong>tial stage and the decisions have to be made accurately.<br />
The protection and survivability have to be the very first concern during the decision<br />
making process concerning the DOB deploym<strong>en</strong>t type forward operational base (FOB).<br />
Si l’armée de l’air a la capacité de porter,<br />
vite et loin, les hommes et le feu grâce à<br />
des vecteurs performants aux capacités<br />
sans cesse améliorées, la base aéri<strong>en</strong>ne<br />
est son talon d’Achille, comme le faisait<br />
remarquer récemm<strong>en</strong>t le général (2S)<br />
Copel 1 .<br />
Il <strong>en</strong> était ainsi au temps de la guerre<br />
froide, où il s’agissait d’assurer la viabilité<br />
des aires aéronautiques pour permettre<br />
l’emploi de la force aéri<strong>en</strong>ne,<br />
notamm<strong>en</strong>t celui de la force nucléaire ;<br />
1) Un p<strong>en</strong>seur bi<strong>en</strong> connu de l’armée de l’air<br />
- 37 -<br />
il <strong>en</strong> est de même aujourd’hui avec les<br />
bases aéri<strong>en</strong>nes projetées (BAP) susceptibles<br />
d’être mises <strong>en</strong> œuvre dans un<br />
<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t de m<strong>en</strong>ace multiforme.<br />
Si alors, la mission quasi-exclusive du<br />
<strong>génie</strong> de l’air était la réparation rapide<br />
de piste, aujourd’hui le bon fonctionnem<strong>en</strong>t<br />
d’une BAP <strong>en</strong> OPEX conduit à<br />
réori<strong>en</strong>ter ses savoir-faire, et plus<br />
précisém<strong>en</strong>t dans le domaine de la<br />
«protection - sauvegarde ».
Après avoir défini les conditions de mise<br />
<strong>en</strong> œuvre d’une BAP, puis examiné ses<br />
vulnérabilités et les m<strong>en</strong>aces <strong>en</strong>courues,<br />
il sera précisé la nature de l’appui que<br />
peut apporter le <strong>génie</strong> de l’air, <strong>en</strong> coopération<br />
avec les compagnies d’infrastructure<br />
opérationnelle (CIO) de l’armée de l’air, <strong>en</strong><br />
terme de protection et de sauvegarde, dès<br />
lors qu’il ne peut être <strong>en</strong>visagé de faire<br />
appel à des unités spécialisées du <strong>génie</strong><br />
de théâtre <strong>en</strong>gagées par ailleurs.<br />
*<br />
CADRE GÉNÉRAL DE MISE EN<br />
ŒUVRE DES BAP<br />
Faute d’un corpus doctrinal aussi structuré<br />
que celui de notre CDEF, l’armée de<br />
l’air ne dispose pas <strong>en</strong>core aujourd’hui<br />
de concept et de doctrine relatifs à la<br />
BAP. Au mieux s’appuie-t-elle actuellem<strong>en</strong>t<br />
sur un besoin capacitaire défini par<br />
l’EMA, lui imposant d’être apte à mettre<br />
<strong>en</strong> œuvre 1 à 3 BAP (400/800/1500 h) sur<br />
différ<strong>en</strong>ts théâtres afin d’assurer le<br />
déploiem<strong>en</strong>t progressif d’une force de<br />
réaction immédiate (FRI), puis celui<br />
d’une force de réaction rapide (FRR) et<br />
<strong>en</strong>fin celui d’une force de réaction à<br />
temps (FAT), les conditions <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>tales<br />
n’étant pas définies.<br />
Aussi, à la lumière des OPEX de ces<br />
15 dernières années, <strong>français</strong>es ou<br />
alliées, il est possible de ret<strong>en</strong>ir les<br />
constantes majeures suivantes :<br />
a) trois types de BAP peuv<strong>en</strong>t être définis :<br />
- les bases principales ou Main<br />
Operating Bases (MOB), accueillant<br />
ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t des avions de<br />
combat ainsi que des ravitailleurs<br />
et des ATS2 , situées assez loin des<br />
zones d’opération sur des sites<br />
alliés ou amis et qui permett<strong>en</strong>t à<br />
nos chasseurs, avec un minimum<br />
de contraintes, la maîtrise du ciel<br />
et l’action contre des objectifs au<br />
sol (Al Kharj, Istrana) ;<br />
- les bases avancées ou Forward<br />
Operating Bases (FOB), accueillant<br />
quasi exclusivem<strong>en</strong>t des avions de<br />
transport et des hélicoptères,<br />
situées sur le théâtre au plus près<br />
des zones d’<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t des<br />
forces terrestres, afin d’acheminer<br />
le personnel et les matériels et<br />
d’assurer les opérations logistiques<br />
(Kaboul, Sarajevo, Bunia) ;<br />
2) Avions de transport stratégiques<br />
S A P E U R<br />
- les bases « mixtes », qui constitu<strong>en</strong>t<br />
le plus généralem<strong>en</strong>t des points<br />
d’<strong>en</strong>trée du théâtre (AIRPORT OF<br />
DEBARKATION - APOD) et sont<br />
situées dans un pays voisin de la<br />
zone d’<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t (Entebbé,<br />
Douchanbé).<br />
N.B. : En dépit d’une m<strong>en</strong>ace de nature<br />
terroriste jamais à négliger du fait des<br />
opérations, la vulnérabilité des MOB et<br />
des APOD reste très limitée, au regard de<br />
leur site d’implantation. Aussi sera-t-il<br />
considéré uniquem<strong>en</strong>t le cas des FOB,<br />
l’expéri<strong>en</strong>ce américaine et britannique<br />
<strong>en</strong> Irak montrant la nécessité de mesures<br />
de protection-sauvegarde conséqu<strong>en</strong>tes.<br />
b) pour être au plus près des zones<br />
urbaines, où œuvr<strong>en</strong>t le plus souv<strong>en</strong>t<br />
les forces terrestres, ces BAP<br />
s’appui<strong>en</strong>t de préfér<strong>en</strong>ce sur une<br />
infrastructure existante, généralem<strong>en</strong>t<br />
un aéroport civil, car situé le<br />
plus couramm<strong>en</strong>t à la périphérie,<br />
voire à l’intérieur, des zones urbaines.<br />
Toutefois l’utilisation d’une emprise<br />
existante un peu plus éloignée (ex. :<br />
base aéri<strong>en</strong>ne située à 50 à 100 km<br />
de la zone urbaine) reste à privilégier<br />
afin de limiter une vulnérabilité liée<br />
à la proximité urbaine.<br />
c) les infrastructures utilisées sont<br />
souv<strong>en</strong>t dégradées du fait généralem<strong>en</strong>t<br />
d’opérations antérieures ou<br />
d’un manque d’<strong>en</strong>treti<strong>en</strong>.<br />
*<br />
* *<br />
- 38 -<br />
VULNÉRABILITÉS, MENACES<br />
Vulnérabilités<br />
<strong>Le</strong>s vulnérabilités d’une BAP sont liées<br />
<strong>en</strong> premier lieu à l’accessibilité de l’emprise.<br />
Ainsi :<br />
- la zone <strong>en</strong>vironnante, pour ce qu’elle<br />
offre de lieux de dissimulation et<br />
d’emplacem<strong>en</strong>ts de tir,<br />
- les accès routiers, véritables points<br />
de passage obligés où transit<strong>en</strong>t<br />
tous types de mouvem<strong>en</strong>ts <strong>en</strong>trants<br />
et sortants,<br />
- la clôture périphérique dont l’intégrité<br />
est le premier élém<strong>en</strong>t antiintrusion,<br />
- les réseaux souterrains év<strong>en</strong>tuels.<br />
La planéité d’une BAP constitue un autre<br />
facteur de vulnérabilité car elle permet,<br />
par simple vision au ras du sol ou a fortiori<br />
sur tout point <strong>en</strong> surplomb, de<br />
constater l’ag<strong>en</strong>cem<strong>en</strong>t de l’infrastructure<br />
existante et l’<strong>en</strong>semble des mouvem<strong>en</strong>ts<br />
et stationnem<strong>en</strong>ts.<br />
Par ailleurs, les zones à conc<strong>en</strong>tration<br />
perman<strong>en</strong>te ou ponctuelle de personnel<br />
sur la BAP (zone vie, zone OPS, zone de<br />
transit, etc…) doiv<strong>en</strong>t être une préoccupation<br />
majeure du commandem<strong>en</strong>t, <strong>en</strong><br />
raison du nombre important de victimes<br />
pouvant résulter d’une attaque.<br />
Enfin le périmètre et les élongations<br />
internes de l’infrastructure r<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t plus
complexe l’organisation du système<br />
déf<strong>en</strong>sif même si, a contrario, ils favoris<strong>en</strong>t<br />
les possibilités de dispersion des<br />
différ<strong>en</strong>tes implantations <strong>en</strong> les r<strong>en</strong>dant<br />
moins vulnérables.<br />
M<strong>en</strong>aces<br />
L’implantation d’une BAP sur une zone<br />
où une force terrestre est <strong>en</strong>gagée, n’est<br />
concevable que si les opérations <strong>militaire</strong>s<br />
ont abouti au contrôle des c<strong>en</strong>tres<br />
déterminants de l’adversaire et à celui<br />
de la zone d’<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t.<br />
Aussi, si l’on exclut de ce propos les<br />
actions contre les appareils au décollage<br />
ou <strong>en</strong> approche finale, pour lesquelles la<br />
parade relève de leur auto-protection, et<br />
celles <strong>en</strong> prov<strong>en</strong>ance d’aéronefs hostiles,<br />
traitées par les unités sol-air, les m<strong>en</strong>aces<br />
à considérer sont ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t liées<br />
au fait terroriste.<br />
Ainsi convi<strong>en</strong>t-il de pr<strong>en</strong>dre <strong>en</strong> compte :<br />
- les t<strong>en</strong>tatives d’intrusion par les<br />
accès et les ouvertures existantes ou<br />
créées dans la clôture ;<br />
- les actions contre les convois au<br />
mom<strong>en</strong>t de leur <strong>en</strong>trée ou sortie de<br />
la BAP ;<br />
- les tirs directs aux armes légères d’infanterie<br />
effectués par des snippers<br />
ou groupes armés ;<br />
- les tirs semi-directs ou courbes (mortiers<br />
de circonstance) ;<br />
- la mise <strong>en</strong> œuvre de moy<strong>en</strong>s RBC<br />
(utilisation des réseaux d’eau) ;<br />
- l’action de foule à l’extérieur, voire à<br />
l’intérieur de la base.<br />
*<br />
* *<br />
LES MESURES DE PROTECTION-<br />
SAUVEGARDE<br />
De ce qui précède, il apparaît clairem<strong>en</strong>t<br />
que le concept « soldat-sapeur-spécialiste<br />
» trouve ici toute sa pertin<strong>en</strong>ce.<br />
Si les missions de spécialistes rest<strong>en</strong>t<br />
valides (mainti<strong>en</strong> de la viabilité des aires<br />
aéronautiques incluant la réparation<br />
rapide de pistes pour le <strong>génie</strong> de l’air,<br />
réalisation d’infrastructure opérationnelle,<br />
eau et énergie pour les CIO), l’appui<br />
du soldat et du sapeur que peuv<strong>en</strong>t<br />
apporter ces unités aux différ<strong>en</strong>ts détachem<strong>en</strong>ts<br />
de l’armée de l’air œuvrant<br />
S A P E U R<br />
sur une BAP est ess<strong>en</strong>tiel, au regard de<br />
leurs compét<strong>en</strong>ces et de leurs capacités.<br />
Au titre du soldat, elles peuv<strong>en</strong>t interv<strong>en</strong>ir<br />
<strong>en</strong> r<strong>en</strong>forcem<strong>en</strong>t des commandos de<br />
l’air pour la déf<strong>en</strong>se de la BAP, voire <strong>en</strong><br />
substitution <strong>en</strong> leur abs<strong>en</strong>ce comme ce<br />
fut le cas à Bunia lors de l’opération<br />
Artémis-Mamba. Un r<strong>en</strong>fort limité doit<br />
pouvoir aussi être apporté dans le<br />
domaine du contrôle des foules, <strong>en</strong> particulier<br />
lors de livraison d’aide humanitaire.<br />
Au titre du sapeur, ces unités d’infrastructure<br />
peuv<strong>en</strong>t appuyer les unités<br />
opérationnelles. Ainsi :<br />
- les commandos de l’air, chargés de la<br />
protection-déf<strong>en</strong>se de la BAP, <strong>en</strong> durcissant<br />
les accès par des obstacles<br />
passifs et des corridors, <strong>en</strong> réalisant<br />
des points d’appui, des emplacem<strong>en</strong>ts<br />
de combat et autres fossés, <strong>en</strong><br />
mettant <strong>en</strong> œuvre tout un système<br />
d’éclairage nocturne permettant, à<br />
l’intérieur de la BAP, de détecter plus<br />
facilem<strong>en</strong>t tout mouvem<strong>en</strong>t suspect<br />
autour des zones s<strong>en</strong>sibles et, à l’extérieur,<br />
d’éblouir tout observateur ou<br />
agresseur pot<strong>en</strong>tiel ; il pourra égalem<strong>en</strong>t<br />
être nécessaire de réaliser un<br />
autre accès moins vulnérable que<br />
celui d’origine, avec son raccordem<strong>en</strong>t<br />
au réseau routier ;<br />
- les unités sol-air, ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t <strong>en</strong><br />
embossant leurs systèmes d’armes<br />
(Aspic, Crotale) ;<br />
- les escadrons déployés <strong>en</strong> réalisant<br />
des merlons de protection autour<br />
des aires de stationnem<strong>en</strong>t des aéro-<br />
- 39 -<br />
nefs, rehaussés par des filets ou des<br />
grillages.<br />
<strong>Le</strong>s unités d’infrastructure auront aussi à<br />
agir au profit du COMDETAIR par des<br />
travaux limitant la vulnérabilité de l’infrastructure<br />
telle que les zones :<br />
- OPS (PC OPS, tour de contrôle,<br />
radars, systèmes d’aide à la navigation)<br />
;<br />
- techniques (dépôt de munitions et<br />
de carburant, c<strong>en</strong>trales électriques) ;<br />
- vie (hébergem<strong>en</strong>t, transit, etc.).<br />
Dans ce cadre, les travaux à exécuter<br />
consisteront à cloisonner les différ<strong>en</strong>tes<br />
zones (réalisation de murs, merlons, fossés<br />
et écrans), à durcir l’infrastructure<br />
(toits, planchers, ouvertures), à <strong>en</strong>fouir<br />
év<strong>en</strong>tuellem<strong>en</strong>t le ou les PC <strong>en</strong> incluant<br />
leur approvisionnem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> énergie et<br />
eau.<br />
En outre, la dispersion des installations,<br />
nécessaires pour une moindre vulnérabilité,<br />
doit résulter d’un compromis avec<br />
les contraintes techniques de mise <strong>en</strong><br />
œuvre des différ<strong>en</strong>ts réseaux.<br />
Toutes ces mesures doiv<strong>en</strong>t permettre<br />
l’obt<strong>en</strong>tion d’une bonne protection face<br />
aux tirs directs. Bi<strong>en</strong> qu’elle ne relève<br />
pas des unités d’infrastructure, la combinaison<br />
d’un contrôle de zone à l’extérieur<br />
de la base associé à des systèmes<br />
de contre-mesure devrait réduire s<strong>en</strong>siblem<strong>en</strong>t<br />
la vulnérabilité face aux tirs<br />
indirects.<br />
*<br />
* *
<strong>Le</strong>s mesures préconisées ne sont pas<br />
novatrices, sauf que la tâche est incomm<strong>en</strong>surable.<br />
En effet, une BAP représ<strong>en</strong>te<br />
un gros camp 1000 hommes, plus<br />
S A P E U R<br />
des aires aéronautiques avec leurs servitudes,<br />
sur une surface totale de trois à<br />
cinq kilomètres carré. Tout est alors<br />
affaire de choix au mom<strong>en</strong>t de la<br />
conception de l’opération :<br />
- décision ou non d’implanter une BAP<br />
au plus près ;<br />
- durée d’exist<strong>en</strong>ce de la BAP ;<br />
- prise <strong>en</strong> compte totale ou partielle<br />
des vulnérabilités, avec détermination<br />
d’un niveau de protection acceptable<br />
<strong>en</strong> fonction de la m<strong>en</strong>ace ;<br />
- 40 -<br />
- définition de priorités pour la montée<br />
<strong>en</strong> puissance de la BAP (place<br />
des moy<strong>en</strong>s nécessaires à la protection-sauvegarde<br />
dans le plan d’acheminem<strong>en</strong>t)<br />
;<br />
- r<strong>en</strong>fort des moy<strong>en</strong>s du <strong>génie</strong> de<br />
théâtre.<br />
Aussi, lors du processus de planification<br />
du déploiem<strong>en</strong>t d’une BAP type FOB, la<br />
protection et la sauvegarde doiv<strong>en</strong>t être<br />
la préoccupation ess<strong>en</strong>tielle de l’étatmajor<br />
qui <strong>en</strong> a la charge.
Colonel<br />
Philippe<br />
LORIDAN<br />
Saint-cyri<strong>en</strong> de la promotion Général Lasalle<br />
(79-81), il sert comme lieut<strong>en</strong>ant au 9 e régim<strong>en</strong>t<br />
du <strong>génie</strong> de 82 à 86. Après avoir suivi la<br />
formation du diplôme technique de l'ESGM<br />
de Versailles, il commande à Mont-de-Marsan<br />
la 2 e compagnie du 15 e régim<strong>en</strong>t du <strong>génie</strong> de<br />
l'air puis sert comme chef du bureau d'études<br />
de la direction des travaux du <strong>génie</strong> de Lille.<br />
Admis dans le cycle de l'EMS2 par la voie du<br />
brevet technique, il est in<strong>génie</strong>ur civil des<br />
Ponts et Chaussées et breveté de l'<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t<br />
<strong>militaire</strong> supérieur (CSEM et CID).<br />
Chef des moy<strong>en</strong>s opérationnels du 25 e Régim<strong>en</strong>t<br />
du <strong>génie</strong> de l'air de 1996 à 1998, il<br />
commande ce même régim<strong>en</strong>t de 2001 à 2003.<br />
Chef du bureau maîtrise des coûts du service<br />
technique des bâtim<strong>en</strong>ts, fortifications et travaux<br />
(STBFT) de 1998 à 2001, il y revi<strong>en</strong>t<br />
comme adjoint opérations <strong>en</strong> 2004 et <strong>en</strong> est le<br />
directeur adjoint depuis l'été 2005.<br />
Lieut<strong>en</strong>ant-Colonel<br />
Patrick<br />
MARTIN<br />
Saint-cyri<strong>en</strong> de la promotion de LINARES , il<br />
est affecté successivem<strong>en</strong>t au 32 e RG à Vieux<br />
Brisach, au 5 e RG, à l’École Supérieure du<br />
Génie Militaire, au 10 e RG, à la Direction de<br />
travaux de Paris.<br />
En 1988 il rejoint le STBFT où il participe à la<br />
conception d’ouvrages spécifiques comme<br />
l’infrastructure du missile nucléaire préstratégique<br />
HADES ou le c<strong>en</strong>tre de guerre électronique,<br />
puis rejoint le groupe « Nucléaire<br />
Protection » où il participe à la conception et à<br />
la validation de divers dispositifs de durcissem<strong>en</strong>t<br />
des réseaux stratégiques, aux essais<br />
des magasins de stockage des munitions et à<br />
la rédaction d’ouvrages relatifs à la protection.<br />
Il intègre la DCG pour y servir successivem<strong>en</strong>t<br />
au sein de la sous direction travaux puis de la<br />
sous direction opérations d’infrastructure <strong>en</strong><br />
tant que conducteur d’opérations puis chef de<br />
la section planification.<br />
En 2000 il retrouve le STBFT comme chef<br />
de la section « Protection effets des armes »<br />
puis du bureau « Protection et Sécurité des<br />
Infrastructures ». Il y conduit des études liées à<br />
la sécurité pyrotechnique puis d’autres sur la<br />
protection offerte par l’infrastructure face aux<br />
armes conv<strong>en</strong>tionnelles ou asymétriques <strong>en</strong><br />
opérations extérieures ou <strong>en</strong> métropole.<br />
S A P E U R<br />
PROTÉGER NOS STATIONNEMENTS<br />
CONTRE LES ATTENTATS À L'EXPLOSIF<br />
The soldier has become increasingly a very s<strong>en</strong>sitive resource that has to be preserved<br />
on any theatre of operation. Therefore, protecting him was and remains a main worry<br />
of any commander.<br />
The individual protections, from the breastplate to the latest rec<strong>en</strong>t flak jackets are<br />
more and more effici<strong>en</strong>t. However, the protection wh<strong>en</strong> the soldier is back to the<br />
military compound, has not be<strong>en</strong> so deeply studied.<br />
By this way, the officers, NCO and soldiers are vulnerable wh<strong>en</strong> they are standing at<br />
ease or working in a staff or a workshop.<br />
In this case the infrastructure needs to be adapted in order to face the threat considered<br />
by the commander. So the understanding of the differ<strong>en</strong>t ph<strong>en</strong>om<strong>en</strong>a occurring, and the<br />
way they interact with buildings, is ess<strong>en</strong>tial to design effici<strong>en</strong>t protection systems.<br />
La protection du soldat, lequel représ<strong>en</strong>te<br />
plus que jamais une ressource précieuse<br />
qu'il importe au plus haut point de préserver,<br />
a toujours constitué l'une des préoccupations<br />
principales du commandem<strong>en</strong>t<br />
lors des opérations. Si les moy<strong>en</strong>s<br />
d'améliorer cette protection pour le combattant<br />
<strong>en</strong> action, depuis la cuirasse des<br />
origines jusqu'au gilet pare-éclats de 2006,<br />
ont fait l'objet d'améliorations continues,<br />
la prise <strong>en</strong> compte de cette sauvegarde<br />
sur les lieux de stationnem<strong>en</strong>t n'a pas toujours<br />
été traitée de façon aussi approfondie.<br />
Il y a là une vulnérabilité singulière pour<br />
notre personnel prés<strong>en</strong>t dans les infrastructures,<br />
qu'il se repose dans les cantonnem<strong>en</strong>ts<br />
ou qu'il s'active dans les<br />
états-majors déployés. Compr<strong>en</strong>dre les<br />
phénomènes <strong>en</strong> jeu, et tout particulièrem<strong>en</strong>t<br />
leurs interactions avec l'infrastructure,<br />
doit permettre d'adapter cette dernière<br />
pour minimiser autant que faire se<br />
peut les effets d'un att<strong>en</strong>tat à l'explosif.<br />
CONNAÎTRE LA MENACE<br />
Si une action <strong>militaire</strong> de type « haute<br />
int<strong>en</strong>sité » (tir d'artillerie, bombardem<strong>en</strong>t…)<br />
visant nos installations ne peut<br />
jamais être totalem<strong>en</strong>t exclue, elle ne<br />
constitue plus la m<strong>en</strong>ace principale pour<br />
les forces déployées hors du territoire<br />
national.<br />
En revanche, une agression par att<strong>en</strong>tat<br />
à l'explosif est toujours possible (et pas<br />
seulem<strong>en</strong>t à l'extérieur, malheureusem<strong>en</strong>t),<br />
avec une forte probabilité qu'elle<br />
soit conçue et préparée pour causer le<br />
maximum de dommages.<br />
- 41 -<br />
Quelle que soit la mouvance dont il est<br />
issu, le terroriste qui n'est pas rapidem<strong>en</strong>t<br />
mis hors d'état de nuire se perfectionne<br />
très vite dans le maniem<strong>en</strong>t des<br />
armes et des explosifs. Par ailleurs, il est<br />
de plus <strong>en</strong> plus rarem<strong>en</strong>t inculte : « les<br />
terroristes ne devi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t pas intellig<strong>en</strong>ts,<br />
ce sont des intellig<strong>en</strong>ts qui<br />
devi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t terroristes ». À cet égard, les<br />
att<strong>en</strong>tats qui ont frappé les grandes<br />
métropoles depuis quelques années<br />
attest<strong>en</strong>t de la compét<strong>en</strong>ce de ceux qui<br />
<strong>en</strong> ont été les organisateurs et les logistici<strong>en</strong>s.<br />
Enfin, l'indiffér<strong>en</strong>ce des terroristes<br />
à leur propre sort, voire leur volonté<br />
affirmée de sacrifier leur vie, car ils sont<br />
très souv<strong>en</strong>t des kamikazes, <strong>en</strong> fait des<br />
vecteurs d'une efficacité redoutable.<br />
Ces « combattants » (d'un g<strong>en</strong>re particulier)<br />
s'attaqu<strong>en</strong>t à des cibles plus ou<br />
moins vulnérables, habituellem<strong>en</strong>t qualifiées<br />
de « molles » ou de « dures » selon<br />
leur degré de protection physique.<br />
Entr<strong>en</strong>t dans la première catégorie, des<br />
objectifs comme les gares de Madrid ou<br />
de Londres, les Twin towers de New-<br />
York…, dans la seconde, les bureaux<br />
du représ<strong>en</strong>tant de l'ONU à Bagdad<br />
(M. Vieira de Mello) <strong>en</strong> 2003, les g<strong>en</strong>darmeries<br />
de Corse…, sans que cette distinction<br />
ne semble dissuader les agresseurs.<br />
Si les installations que nos forces occup<strong>en</strong>t<br />
<strong>en</strong> opérations sont c<strong>en</strong>sées être<br />
plus « dures » que « molles », elles n'<strong>en</strong><br />
rest<strong>en</strong>t pas moins très exposées a priori.<br />
D'une part, elles représ<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t une cible<br />
fixe, adaptée à la préparation minutieuse<br />
de l'attaque car nombre de leurs caractéristiques<br />
sont invariantes ou répétitives.
D'autre part, elles abrit<strong>en</strong>t des occupants<br />
suffisamm<strong>en</strong>t nombreux pour que<br />
l'agresseur puisse escompter un bilan<br />
significatif. Enfin et surtout, elles sont<br />
par nature un symbole qui garantit par<br />
avance le ret<strong>en</strong>tissem<strong>en</strong>t recherché par<br />
les terroristes.<br />
Par ailleurs, trouver de l'explosif <strong>en</strong><br />
quantité suffisante ne représ<strong>en</strong>te guère<br />
de difficulté majeure pour des terroristes<br />
déterminés. Il peut avoir été pris dans les<br />
réserves à usage civil (carrières…), fabriqué<br />
artisanalem<strong>en</strong>t à partir d'<strong>en</strong>grais ou<br />
de désherbants (les recettes sont accessibles<br />
sur Internet), ou plus simplem<strong>en</strong>t<br />
issu d'anci<strong>en</strong>s stocks <strong>militaire</strong>s aujourd'hui<br />
dispersés. Notons au passage la<br />
prop<strong>en</strong>sion des « bombes humaines » à<br />
doper la charge qu'ils transport<strong>en</strong>t par<br />
des projectiles aussi divers (billes, clous,<br />
écrous…) que vulnérants.<br />
QUELS EFFETS SUR LES INFRA-<br />
STRUCTURES… ET LEURS OCCU-<br />
PANTS ?<br />
Parmi les différ<strong>en</strong>ts phénomènes causés<br />
par la détonation d'une charge explosive<br />
« classique », c'est le souffle qui provoque<br />
le plus d'effets. Il convi<strong>en</strong>t donc<br />
d'<strong>en</strong> connaître les caractéristiques, et<br />
surtout les effets sur l'infrastructure.<br />
Une explosion <strong>en</strong>g<strong>en</strong>dre un pic de pression<br />
qui s'atténue extrêmem<strong>en</strong>t rapidem<strong>en</strong>t<br />
quand il se propage à l'air libre.<br />
Ainsi, à charge équival<strong>en</strong>te, les effets<br />
d'une explosion seront réduits dans<br />
d'importantes proportions si la distance<br />
avec le point zéro s'accroît. Par contre, la<br />
même explosion dans un volume<br />
confiné (tunnel, bunker…) générera une<br />
onde de choc bi<strong>en</strong> plus durable et dont<br />
les effets seront multipliés (il est par<br />
exemple connu que le bilan de l'att<strong>en</strong>tat<br />
du 20 juillet 1944 contre Hitler aurait été<br />
tout autre s'il avait été commis dans un<br />
bunker et non dans un bâtim<strong>en</strong>t trop<br />
léger pour confiner l'explosion).<br />
À ces effets primaires s'ajout<strong>en</strong>t ceux,<br />
secondaires, consécutifs à l'effondrem<strong>en</strong>t<br />
des structures ou à la projection de<br />
débris divers dans les volumes occupés<br />
par le personnel.<br />
La résistance d'un bâtim<strong>en</strong>t à une onde<br />
de choc est fonction de sa fréqu<strong>en</strong>ce<br />
propre : plus elle est élevée, plus il est<br />
fragile, plus elle est basse plus il résiste.<br />
S A P E U R<br />
Ainsi, les immeubles massifs de type<br />
« murs et ref<strong>en</strong>ds porteurs » s'avèr<strong>en</strong>t<br />
bi<strong>en</strong> plus robustes que les structures<br />
« poteaux-poutres ». Dans ces dernières,<br />
la propagation de l'onde de choc peut<br />
provoquer la rupture des poteaux et<br />
<strong>en</strong>traîner l'effondrem<strong>en</strong>t de la totalité de<br />
l'immeuble, tel un château de cartes (cf.<br />
att<strong>en</strong>tats du Drakkar - Beyrouth 1983 - ou<br />
Oklahoma City - 1995).<br />
Enfin, il a souv<strong>en</strong>t été constaté qu'une<br />
grande partie des dommages causés<br />
aux personnes, résulte de la projection<br />
de débris divers et tout particulièrem<strong>en</strong>t<br />
les éclats de verre des vitrages dont les<br />
effets sur les personnes non protégées<br />
sont particulièrem<strong>en</strong>t dévastateurs.<br />
PREMIÈRE PARADE : ORGANISER<br />
L'ESPACE<br />
Ces effets peuv<strong>en</strong>t être sinon annihilés<br />
mais à tout le moins minimisés dans<br />
d'importantes proportions par la mise<br />
<strong>en</strong> œuvre d'une infrastructure raisonnée,<br />
p<strong>en</strong>sée <strong>en</strong> fonction de cette m<strong>en</strong>ace<br />
particulière.<br />
Pour cela, les principales parades<br />
consist<strong>en</strong>t <strong>en</strong> une organisation de l'espace<br />
qui exploite la décroissance extrê-<br />
- 42 -<br />
mem<strong>en</strong>t rapide des effets du souffle <strong>en</strong><br />
fonction de la distance, un choix de<br />
types de structures aussi peu s<strong>en</strong>sibles<br />
que possible à ces effets, et un emploi<br />
judicieux des matériaux et équipem<strong>en</strong>ts<br />
pot<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t dangereux.<br />
En premier lieu, il convi<strong>en</strong>t de mettre la<br />
plus grande distance possible <strong>en</strong>tre tout<br />
site pot<strong>en</strong>tiel d'explosion (circulation<br />
publique, parking, local courrier…) et les<br />
immeubles ou locaux s<strong>en</strong>sibles.<br />
Pour ce faire, l'on se doit de classifier les<br />
différ<strong>en</strong>ts locaux selon leur s<strong>en</strong>sibilité et<br />
de les positionner <strong>en</strong> conséqu<strong>en</strong>ce. Quatre<br />
groupes génériques sont à considérer :<br />
• un sanctuaire : partie de l'emprise<br />
hébergeant le personnel et les matériels<br />
dont la perte ne permet pas de<br />
poursuivre la mission ;<br />
• une zone tampon : partie de l'emprise<br />
dédiée aux installations dont la<br />
perte ne remet pas <strong>en</strong> cause l'exécution<br />
de la mission principale ;<br />
• un glacis : espace périphérique permettant<br />
de détecter puis de pr<strong>en</strong>dre<br />
à partie et d'arrêter un év<strong>en</strong>tuel<br />
agresseur ;<br />
• des accès : partie du glacis traversée
par les voies de circulation et équipée<br />
des moy<strong>en</strong>s de contrôle du personnel<br />
et des véhicules accédant au site.<br />
D'évid<strong>en</strong>ce, la répartition des différ<strong>en</strong>tes<br />
fonctions <strong>en</strong>tre les groupes définis ci-dessus<br />
ne relève pas du technici<strong>en</strong> mais constitue<br />
un choix majeur de commandem<strong>en</strong>t.<br />
Puis, l'organisation ainsi établie, il<br />
convi<strong>en</strong>t de mettre <strong>en</strong> place les mesures<br />
qui permettront de lui conserver toute sa<br />
pertin<strong>en</strong>ce, <strong>en</strong> équipant le glacis et les<br />
accès pour interdire toute approche du<br />
vecteur et de la charge transportée. Il<br />
peut s'agir de points de contrôle ou<br />
d'obstacles passifs : dénivelées périphériques<br />
(escaliers), chicanes, bornes<br />
rétractables ou non, mobilier urbain…<br />
<strong>Le</strong>ur implantation sera fonction d'une part<br />
de la m<strong>en</strong>ace prise <strong>en</strong> compte, d'autre part<br />
du risque cons<strong>en</strong>ti : là <strong>en</strong>core, le commandem<strong>en</strong>t,<br />
conseillé mais non pas remplacé<br />
par les spécialistes, doit au préalable se<br />
prononcer clairem<strong>en</strong>t.<br />
S A P E U R<br />
<strong>Le</strong> diagramme ci-dessous permet d'estimer<br />
les dommages, humains et matériels,<br />
<strong>en</strong> fonction de la quantité d'explosif<br />
utilisée et de la distance par rapport<br />
au siège de l'explosion.<br />
Cet abaque, d'un usage simple, peut être<br />
d'une aide précieuse lors des choix d'organisation<br />
de l'espace « horizontal ».<br />
Par exemple, si la distance « sûre » autour<br />
du sanctuaire est de 400 m, il ne sera que<br />
peu affecté par les effets de l'explosion<br />
d'une charge de 500 kg (équival<strong>en</strong>t TNT).<br />
De même, si la m<strong>en</strong>ace ret<strong>en</strong>ue est une<br />
charge de 700 kg, il apparaît d'emblée<br />
qu'aucun personnel ni matériel important<br />
ne devrait être positionné à moins<br />
de 200 m de la limite extérieure du glacis.<br />
Enfin, cette organisation de l'espace doit<br />
être considérée dans les 3 dim<strong>en</strong>sions,<br />
<strong>en</strong> parant aux possibilités offertes par<br />
les égouts, tunnels et autres voies de<br />
pénétration souterraine d'une part, <strong>en</strong><br />
- 43 -<br />
dédiant les étages supérieurs à l'usage<br />
de glacis d'autre part.<br />
COMPLÉTER CETTE ORGANISATION<br />
SPATIALE EN ADAPTANT LE BÂTI À<br />
LA MENACE<br />
Quelle que soit l'organisation spatiale<br />
ret<strong>en</strong>ue, la nature du bâti est d'une telle<br />
importance <strong>en</strong> cas d'explosion qu'elle<br />
doit au mieux constituer un critère ess<strong>en</strong>tiel<br />
dans le choix des immeubles de stationnem<strong>en</strong>t<br />
et à tout le moins être adaptée<br />
et modifiée pour gagner <strong>en</strong> sécurité.<br />
Ainsi, les ouvrages de structure<br />
« poteaux-poutre » doiv<strong>en</strong>t si possible<br />
être évités, et ce tout particulièrem<strong>en</strong>t si<br />
leur façade est constituée de murs<br />
rideaux. Cep<strong>en</strong>dant, ils sont si répandus<br />
que leur emploi doit être <strong>en</strong>visagé.<br />
Dans ce cas, préfér<strong>en</strong>ce doit être accordée<br />
à ceux dont les façades les plus<br />
exposées sont constituées d'un parem<strong>en</strong>t<br />
lourd (béton armé) et comport<strong>en</strong>t<br />
peu d'ouvertures. En effet, les possibilités<br />
de propagation des ondes de choc<br />
sont alors bi<strong>en</strong> moindres que dans le cas<br />
d'un remplissage léger des façades.<br />
À défaut, il faut r<strong>en</strong>forcer les murs existants<br />
par des procédés additionnels appliqués<br />
sur la face externe (par exemple par<br />
ajout d'un mur extérieur constitué de blocs<br />
creux de cim<strong>en</strong>t ou de bois remplis de<br />
béton et liaisonnés par des fers à béton) ou<br />
sur la face interne (blindage par ajout de<br />
poteaux métalliques connectés au plancher<br />
et au plafond et sur lesquels sont
fixées des plaques d'acier, projection de<br />
films polymères, collage ou fixation de tissus<br />
spéciaux…).<br />
Dans tous les cas, les élém<strong>en</strong>ts porteurs<br />
(poteaux, poutres) et les liaisons <strong>en</strong>tre les<br />
élém<strong>en</strong>ts de structure devront être r<strong>en</strong>forcés<br />
pour, si possible, prév<strong>en</strong>ir toute rupture<br />
fragile et à défaut <strong>en</strong> cont<strong>en</strong>ir les effets de<br />
façon à éviter un l'effondrem<strong>en</strong>t total du<br />
bâtim<strong>en</strong>t par effet domino. <strong>Le</strong>s techniques<br />
à employer (chemisage métallique, pose<br />
de fibres de carbone ou composites…)<br />
sont, pour certaines, inspirées des savoirfaire<br />
de la construction parasismique.<br />
Enfin, les m<strong>en</strong>uiseries, vitrées ou non,<br />
doiv<strong>en</strong>t faire l'objet d'une att<strong>en</strong>tion particulière<br />
<strong>en</strong> raison de leur grande vulnérabilité<br />
et de leur dangerosité affirmée.<br />
Quand la m<strong>en</strong>ace est élevée et qu'une<br />
f<strong>en</strong>être n'est pas indisp<strong>en</strong>sable, l'on doit<br />
tout d'abord <strong>en</strong>visager de retirer la vitre<br />
et condamner, voire murer l'ouverture.<br />
S A P E U R<br />
Cette solution, certes radicale, prés<strong>en</strong>te<br />
de nombreux avantages (simplicité, efficacité,<br />
faible coût…).<br />
Si son mainti<strong>en</strong> s'avère indisp<strong>en</strong>sable, il<br />
convi<strong>en</strong>t alors de protéger les élém<strong>en</strong>ts<br />
vitrés (pose d'un film de sécurité, remplacem<strong>en</strong>t<br />
du vitrage par du verre<br />
feuilleté ou du polycarbonate…) <strong>en</strong><br />
veillant de plus à ce que le panneau<br />
verrier complet ne puisse pas être luimême<br />
projeté dans le volume à protéger<br />
(r<strong>en</strong>forcem<strong>en</strong>t des huisseries et de leurs<br />
fixations, mise <strong>en</strong> place de barres ou de<br />
câbles de rét<strong>en</strong>tion…).<br />
De même, les portes devront être r<strong>en</strong>forcées,<br />
voire remplacées par des portes<br />
blindées fortem<strong>en</strong>t ancrées dans des<br />
parois elles-mêmes résistantes.<br />
Il apparaît donc nettem<strong>en</strong>t que les choix<br />
concernant l'infrastructure de stationnem<strong>en</strong>t<br />
sont lourds de conséqu<strong>en</strong>ces pot<strong>en</strong>tielles<br />
sur la sécurité de notre personnel.<br />
- 44 -<br />
Si les principes qui doiv<strong>en</strong>t guider ces choix<br />
sembl<strong>en</strong>t aisés à appréh<strong>en</strong>der, leur mise <strong>en</strong><br />
pratique nécessite de solides connaissances<br />
dans le durcissem<strong>en</strong>t des infrastructures.<br />
Cette culture particulière ne peut s'acquérir<br />
<strong>en</strong> quelques semaines ni par la lecture<br />
d'aide-mémoire spécifiques. Elle est le fruit<br />
d'une double expéri<strong>en</strong>ce, dans le bâtim<strong>en</strong>t<br />
d'une part et dans le raisonnem<strong>en</strong>t sécuritaire<br />
d'autre part, et se trouve chez nos in<strong>génie</strong>urs<br />
<strong>militaire</strong>s du domaine TOI (techniques<br />
des opérations d'infrastructure).<br />
C'est <strong>en</strong> s'appuyant sur ces spécialistes,<br />
que l'on trouve principalem<strong>en</strong>t dans le service<br />
d'infrastructure de la déf<strong>en</strong>se (SID) et<br />
plus particulièrem<strong>en</strong>t au service technique<br />
des bâtim<strong>en</strong>ts, fortifications et travaux<br />
(STBFT), que le commandem<strong>en</strong>t pourra<br />
faire stationner nos formations dans les<br />
meilleures conditions de sécurité.<br />
Ce ne sera alors plus seulem<strong>en</strong>t la sueur,<br />
mais aussi l'expertise technique, qui<br />
épargneront le sang.
Lt-colonel (TA)<br />
Jean-Jacques<br />
SOUCASSE<br />
EMIA de la promotion Lieut<strong>en</strong>ant<br />
Lhuillier (85/86), commande le 1 er régim<strong>en</strong>t<br />
du Génie depuis le 28 juillet 2005.<br />
Il a servi successivem<strong>en</strong>t au 71 e , 6 e RG<br />
comme chef de section, puis de commandant<br />
d’unité au 3 e RG. Il a servi<br />
comme instructeur à l’ESM de Saint-Cyr<br />
et commandant de compagnie élève à<br />
l’ENSOA.<br />
En 1999, il intègre la 113 e promotion du<br />
CSEM puis la 8 e promotion du CID.<br />
Après avoir été chef de BOI au 31 e RG<br />
(2000-2002), il a été affecté comme<br />
officier de liaison de l’armée de terre<br />
<strong>français</strong>e auprès de l’US Army<br />
Maneuver Support C<strong>en</strong>ter de Fort<br />
<strong>Le</strong>onard Wood (Missouri) jusqu’à l’été<br />
2005.<br />
S A P E U R<br />
POUR UNE APPROCHE GLOBALE<br />
DE LA SAUVEGARDE-PROTECTION<br />
This article is an initial look at the pot<strong>en</strong>tial application of emerging technology to<br />
support force protection and physical security <strong>en</strong>ablers for the force as a means of<br />
maximizing layered and integrated force protection and physical security capabilities<br />
across the range of operations.<br />
It will examine innovative ways and means of increasing these capabilities without<br />
excessive logistical and manpower burd<strong>en</strong> in order to <strong>en</strong>sure greater survivability of<br />
the personnel and assets performing the main mission.<br />
The <strong>en</strong>gineer force employm<strong>en</strong>t through its battlespace managem<strong>en</strong>t tasks remain<br />
particularly relevant in supporting a proactive approach to an integrated, layered<br />
and modular force protection system for both static and on-the-move mission<br />
requirem<strong>en</strong>ts.<br />
<strong>Le</strong>s opérations m<strong>en</strong>ées depuis le début<br />
des années 1990 avai<strong>en</strong>t souligné le<br />
besoin <strong>en</strong> matière de protection, malgré<br />
le caractère souv<strong>en</strong>t semi-permissif de<br />
l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t dans lequel évoluai<strong>en</strong>t<br />
nos forces. En outre, les opérations <strong>en</strong><br />
cours <strong>en</strong> Afghanistan et <strong>en</strong> RCI pour nos<br />
forces ou sur le théâtre iraki<strong>en</strong> pour des<br />
forces alliées, nous rappell<strong>en</strong>t la nécessité<br />
de préserver toute force <strong>en</strong>gagée,<br />
son personnel et son pot<strong>en</strong>tiel, afin de<br />
contribuer à sa liberté d’action.<br />
La m<strong>en</strong>ace évolue, sa nature est plus<br />
hétérogène, <strong>en</strong> particulier dans les<br />
conflits de type asymétrique, ses effets se<br />
trouv<strong>en</strong>t amplifiés par la résonance<br />
médiatique. L’emploi de modes d’action<br />
contre insurrectionnels nous impose une<br />
protection accrue et une mise à distance<br />
de la m<strong>en</strong>ace qui doit permettre une<br />
meilleure discrimination pour une application<br />
graduée et réversible de la force.<br />
L’approche <strong>en</strong> matière de sauvegarde<br />
protection ne peut plus seulem<strong>en</strong>t<br />
concerner quelques spécialistes ou fonctions<br />
spécialisées, elle doit être multidisciplinaire<br />
et intégrée, usant de combinaisons<br />
de dispositifs actifs ou passifs qui<br />
emploi<strong>en</strong>t des technologies désormais<br />
disponibles et qui particip<strong>en</strong>t à la diminution<br />
de l’empreinte logistique et des<br />
besoins <strong>en</strong> main-d’œuvre tout <strong>en</strong> répondant<br />
au besoin opérationnel.<br />
- 45 -<br />
L’exam<strong>en</strong> de la m<strong>en</strong>ace conduit à proposer<br />
la constitution d’élém<strong>en</strong>ts de protection<br />
dédiés et à examiner, pour la composante<br />
AGESTER, des voies de développem<strong>en</strong>t<br />
possible pour répondre aux<br />
besoins désormais id<strong>en</strong>tifiés.<br />
Il s’agit de proposer des solutions qui<br />
augm<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t significativem<strong>en</strong>t les capacités<br />
d’une force déployée, atténu<strong>en</strong>t ses<br />
vulnérabilités, réduirai<strong>en</strong>t l'empreinte<br />
logistique tout <strong>en</strong> participant à une<br />
meilleure appréciation de situation par<br />
le commandem<strong>en</strong>t, afin d’augm<strong>en</strong>ter la<br />
liberté de manœuvre et de mouvem<strong>en</strong>t<br />
pour la force.<br />
LA MENACE ET SES CONSÉ-<br />
QUENCES<br />
La m<strong>en</strong>ace continue à se développer<br />
rapidem<strong>en</strong>t. L’emploi par l’adversaire<br />
pot<strong>en</strong>tiel de stratégies adaptatives de<br />
plus <strong>en</strong> plus sophistiquées est actuellem<strong>en</strong>t<br />
démontré sur des théâtres tels que<br />
l’Irak ou la Tchétchénie. Ses manifestations<br />
seront de nature conv<strong>en</strong>tionnelle<br />
ou non, les élém<strong>en</strong>ts chargés de la mise<br />
<strong>en</strong> œuvre seront assurém<strong>en</strong>t plus<br />
mobiles. La m<strong>en</strong>ace est donc multiforme<br />
dans ses effets : tirs directs et/ou indirects,<br />
emploi possible d’armes à effet<br />
thermobarique, de moy<strong>en</strong>s NRBC,<br />
attaques suicides ou par dispositifs<br />
explosifs improvisés.
Il est d’ores et déjà évid<strong>en</strong>t que l’adversaire<br />
s'efforcera d'id<strong>en</strong>tifier les faiblesses<br />
et les vulnérabilités des forces<br />
auxquelles il sera confronté, <strong>en</strong> particulier<br />
celles des dispositifs ou procédures<br />
de protection des forces, pour profiter de<br />
ces vulnérabilités dans l'accomplissem<strong>en</strong>t<br />
de ses buts.<br />
L’adversaire, <strong>en</strong> particulier dans des<br />
conflits de nature asymétrique, a surtout<br />
un but politique plus que <strong>militaire</strong> et<br />
recherche l’accroissem<strong>en</strong>t de sa puissance<br />
politique, de son image et de son<br />
influ<strong>en</strong>ce. Il comp<strong>en</strong>se le rapport de<br />
force défavorable <strong>en</strong> termes de capacités<br />
armées <strong>en</strong> visant les objectifs<br />
majeurs. Par ces modes d’action, il<br />
cherche à gagner l'att<strong>en</strong>tion à sa cause<br />
<strong>en</strong> infligeant des pertes et <strong>en</strong> détruisant<br />
des cibles symboliques, y compris par<br />
l’emploi de commandos suicides.<br />
Cette tactique est souv<strong>en</strong>t couronnée de<br />
succès.<br />
La sauvegarde-protection permet à la<br />
force de préserver son intégrité, c’est-àdire<br />
son pot<strong>en</strong>tiel <strong>militaire</strong> et humain,<br />
ses installations. La protection vise à la<br />
préservation du pot<strong>en</strong>tiel de combat<br />
d'une force afin de permettre au commandant<br />
d’appliquer la force à l’<strong>en</strong>droit<br />
et au mom<strong>en</strong>t décisifs avec les effets<br />
requis. Toutefois, les mesures de protection<br />
sont le fruit d’un compromis <strong>en</strong>tre<br />
impératifs d'accomplissem<strong>en</strong>t de la mission<br />
et acceptation d’un risque.<br />
La sauvegarde-protection a pour but de<br />
réduire au minimum les effets de la puissance<br />
de feu <strong>en</strong>nemie et de sa<br />
manœuvre. Elles sont le plus souv<strong>en</strong>t<br />
traduites <strong>en</strong> mesures passives par le<br />
biais d’ouvrage de protection réalisé par<br />
le Génie.<br />
La protection de la force sur un espace<br />
de bataille lacunaire est <strong>en</strong>core actuellem<strong>en</strong>t<br />
une car<strong>en</strong>ce capacitaire. <strong>Le</strong>s<br />
besoins <strong>en</strong> main-d'œuvre et <strong>en</strong> ressources<br />
détournées de la mission principale<br />
pour mettre <strong>en</strong> œuvre les mesures<br />
ou dispositifs de protection réduis<strong>en</strong>t les<br />
ressources opérationnelles et tactiques<br />
disponibles et limit<strong>en</strong>t ainsi la liberté<br />
d'action de la force.<br />
<strong>Le</strong> besoin <strong>en</strong> unités, <strong>en</strong> systèmes de protection<br />
intégrés et redondants continuera<br />
à croître pour répondre aux<br />
contraintes de protection du personnel<br />
interarmées et/ou interarmes et de leurs<br />
moy<strong>en</strong>s.<br />
<strong>Le</strong>s opérations réc<strong>en</strong>tes démontr<strong>en</strong>t que<br />
la réponse à ce défi est d’un faible<br />
niveau technologique et recourt généralem<strong>en</strong>t<br />
à une main-d’œuvre importante.<br />
LA RÉPONSE<br />
S A P E U R<br />
<strong>Le</strong>s forces compt<strong>en</strong>t naturellem<strong>en</strong>t sur<br />
leurs moy<strong>en</strong>s tactiques organiques pour<br />
obt<strong>en</strong>ir le niveau de protection adéquat,<br />
ce qui détourne le plus souv<strong>en</strong>t une partie<br />
des troupes de ses missions ess<strong>en</strong>tielles<br />
et limite leur pot<strong>en</strong>tiel de combat.<br />
<strong>Le</strong>s unités d’appui et de souti<strong>en</strong> ont, <strong>en</strong><br />
outre, des capacités intrinsèques limitées<br />
pour assurer leur protection et sont<br />
souv<strong>en</strong>t les plus vulnérables aux<br />
attaques.<br />
La protection doit être le fruit d’une<br />
action combinée et concertée qui<br />
implique de la recherche de r<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t,<br />
de l’analyse du terrain, de la<br />
coopération <strong>en</strong>tre armes de mêlées et<br />
d’appui, de l’utilisation de réseaux de<br />
capteurs et de communication, de l’aménagem<strong>en</strong>t<br />
du terrain et des infrastructures<br />
perman<strong>en</strong>tes ou semi-perman<strong>en</strong>tes.<br />
Pourtant, il ne semble plus concevable<br />
de dédier un volume de force important<br />
aux missions de protection.<br />
<strong>Le</strong>s technologies disponibles actuellem<strong>en</strong>t<br />
offr<strong>en</strong>t des possibilités d’amélioration<br />
de la protection <strong>en</strong> accroissant les<br />
capacités des unités investies de ses<br />
missions par le biais de solutions à base<br />
de systèmes intégrés. <strong>Le</strong>ur combinaison<br />
avec un juste volume de forces, qui<br />
pourrai<strong>en</strong>t être non spécialisées, permettrait<br />
d’atteindre un niveau satisfaisant.<br />
Cela passe par la conception d’un système<br />
combinant différ<strong>en</strong>ts moy<strong>en</strong>s et<br />
permettant une meilleure détection, id<strong>en</strong>tification<br />
et évaluation de la m<strong>en</strong>ace,<br />
ainsi que des capacités de réponse rapide<br />
qui doiv<strong>en</strong>t être plus précises et persistantes<br />
dans leurs effets. Il est nécessaire,<br />
dans les opérations contemporaines, de<br />
pouvoir bénéficier d’une meilleure capacité<br />
d’observation à distance, de pouvoir<br />
- 46 -<br />
interroger et évaluer l'int<strong>en</strong>tion adverse à<br />
des portées accrues qui permett<strong>en</strong>t de<br />
développer rapidem<strong>en</strong>t les réponses<br />
adaptées et d’obt<strong>en</strong>ir les effets désirés<br />
létaux ou non, graduels et réversibles.<br />
Ces capacités pourrai<strong>en</strong>t être obt<strong>en</strong>ues<br />
par l'emploi de la robotique (terrestre ou<br />
aéri<strong>en</strong>ne), l’emploi de radars, de détecteurs<br />
et d'autres technologies émerg<strong>en</strong>tes<br />
<strong>en</strong> matière de protection balistique<br />
ou NRBC.<br />
Une solution <strong>en</strong>visageable pourrait être<br />
la constitution de détachem<strong>en</strong>ts de protection<br />
qui ne nécessiterai<strong>en</strong>t pas forcém<strong>en</strong>t<br />
de personnel spécialisé. Des unités<br />
de type PROTERRE serai<strong>en</strong>t pot<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t<br />
utilisables pour ce type de mission.<br />
Ce détachem<strong>en</strong>t pourrait être du volume<br />
de la compagnie et serait employé par le<br />
commandant d’une force déployée pour<br />
assurer la protection de ses unités ou de<br />
ses sites importants (PC, base logistiques<br />
ou base vie, etc.), r<strong>en</strong>dant ainsi<br />
disponibles les soldats préemptés par<br />
les services de garde.<br />
Avec l'évolution actuelle de la technologie,<br />
il est dès à prés<strong>en</strong>t concevable de<br />
pouvoir réduire ses élém<strong>en</strong>ts à des<br />
volumes inférieurs (sections, groupes)<br />
<strong>en</strong> maint<strong>en</strong>ant, voire <strong>en</strong> améliorant leurs<br />
capacités.<br />
L'élém<strong>en</strong>t de protection pourrait<br />
employer des capteurs ou des réseaux<br />
de capteurs du champ de bataille, voire<br />
des radars pour la détection, des systèmes<br />
de surveillance vidéo qui autoris<strong>en</strong>t<br />
l'id<strong>en</strong>tification et facilit<strong>en</strong>t l’interception<br />
de toute m<strong>en</strong>ace.<br />
<strong>Le</strong>s plates-formes robotisées, terrestres<br />
ou aéri<strong>en</strong>nes ou des ballons captifs<br />
pourrai<strong>en</strong>t être utilisés pour fournir les<br />
portées de détection nécessaires et pour<br />
réduire les zones cachées du terrain.<br />
Ces moy<strong>en</strong>s doiv<strong>en</strong>t être complétés par<br />
des systèmes de contre-mobilité alliant<br />
aménagem<strong>en</strong>t du terrain, emploi de systèmes<br />
télécommandés actifs avec munitions<br />
létales ou non, et de moy<strong>en</strong>s passifs.<br />
Ces systèmes seront intégrés, coordonnés<br />
et dirigés à partir d’une station<br />
portable de commandem<strong>en</strong>t connectée<br />
au réseau tactique, permettant à une<br />
petite équipe de faire fonctionner tous<br />
les systèmes et de répondre aux<br />
m<strong>en</strong>aces.
Ce détachem<strong>en</strong>t de protection procurerait :<br />
- la détection et l’id<strong>en</strong>tification de la<br />
m<strong>en</strong>ace à distance accrue ;<br />
- la précision, le mainti<strong>en</strong> et la persistance<br />
des capteurs employés ;<br />
- la capacité de déterminer les int<strong>en</strong>tions<br />
adverses à plus grande distance<br />
;<br />
- la capacité de répondre par des<br />
moy<strong>en</strong>s létaux ou à létalité réduite à<br />
distance ;<br />
- des élém<strong>en</strong>ts supplém<strong>en</strong>taires à l’appréciation<br />
de situation et de son<br />
<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t par le commandant<br />
de la force ;<br />
- une réduction des coûts <strong>en</strong> maind'œuvre<br />
dédiée et une restauration<br />
du pot<strong>en</strong>tiel de combat des unités<br />
chargées de la mission principale ;<br />
- un accroissem<strong>en</strong>t corrélatif de l’efficacité<br />
de la force déployée ;<br />
- une approche systémique et un processus<br />
aboutissant à une capacité de<br />
protection multiple et intégrée.<br />
S A P E U R<br />
Ainsi, ce détachem<strong>en</strong>t de protection ne<br />
fournit pas seulem<strong>en</strong>t une capacité<br />
simple d'avertissem<strong>en</strong>t contre toute<br />
intrusion, comme les capacités actuellem<strong>en</strong>t<br />
employées, mais une capacité plus<br />
globale de dissuasion, de détection,<br />
d’évaluation, d’alerte et de déf<strong>en</strong>se.<br />
LES CAPACITÉS ACTUELLES OU À<br />
COURT TERME<br />
<strong>Le</strong>s technologies actuelles et émerg<strong>en</strong>tes<br />
qui pourrai<strong>en</strong>t être mises <strong>en</strong><br />
œuvre par des élém<strong>en</strong>ts de protection<br />
de force, qui ét<strong>en</strong>drai<strong>en</strong>t significativem<strong>en</strong>t<br />
la portée de mise à distance<br />
(standoff) de la m<strong>en</strong>ace tout <strong>en</strong><br />
autorisant son suivi (tracking) puis<br />
l’id<strong>en</strong>tification précise dans des opérations<br />
de sécurité opératives et tactiques<br />
sont listées ci-dessous :<br />
- <strong>Le</strong>s systèmes de surveillance vidéo<br />
qui inclu<strong>en</strong>t des systèmes de surveillance<br />
périmétrique, des<br />
<strong>en</strong>sembles ou des réseaux de cap-<br />
- 47 -<br />
teurs et un c<strong>en</strong>tre de contrôle sur<br />
ordinateur portable qui offre des<br />
configurations multiples.<br />
- Des <strong>en</strong>sembles de capteurs montés<br />
sur véhicules ou <strong>en</strong>gins pilotés ou<br />
robotisés qui fourniss<strong>en</strong>t des<br />
moy<strong>en</strong>s de détection, de vérification<br />
des alertes, des capteurs anti-intrusion<br />
ou anti-dérangem<strong>en</strong>t, une capacité<br />
automatique de détection des<br />
mouvem<strong>en</strong>ts et de leur suivi reliés<br />
par réseau de communication sécurisé.<br />
- Des systèmes anti-intrusion compr<strong>en</strong>ant<br />
des radars de surveillance terrestre<br />
portables qui permett<strong>en</strong>t une<br />
alerte avancée, la détection d'intrusion<br />
et la discrimination <strong>en</strong>tre une<br />
m<strong>en</strong>ace constituée de véhicules (à<br />
roues ou ch<strong>en</strong>illés) ou de personnels<br />
au niveau section ou au-dessus, y<br />
compris au moy<strong>en</strong> de radar terrestre.<br />
- Une capacité de commandem<strong>en</strong>t des<br />
élém<strong>en</strong>ts de réaction qui permet la<br />
localisation, le suivi, l’interception<br />
des m<strong>en</strong>aces pot<strong>en</strong>tielles hors du<br />
contact.<br />
- Des systèmes d’armes létaux et à<br />
létalité réduite qui fourniss<strong>en</strong>t une<br />
réponse graduelle, qui réduis<strong>en</strong>t le<br />
temps de lat<strong>en</strong>ce dans la boucle de<br />
« détection - décision – <strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t »<br />
et démultiplie des technologies<br />
prouvées pour l'économie de force<br />
et fournit l'off<strong>en</strong>sive éloignée dans<br />
des capacités déf<strong>en</strong>sives 1 .<br />
- Des capacités conv<strong>en</strong>tionnelles de<br />
contrôle et de protection des accès<br />
de type barrière pour limiter l'accès<br />
aux sites critiques.<br />
- L’interconnexion avec les moy<strong>en</strong>s de<br />
détection et d’alerte contre les<br />
m<strong>en</strong>aces non conv<strong>en</strong>tionnelles<br />
NRBC, y compris la détection des<br />
substances explosives.<br />
La fonction de protection est par conséqu<strong>en</strong>t<br />
une fonction transverse qui assure<br />
une posture perman<strong>en</strong>te de sûreté à plusieurs<br />
niveaux. Ainsi, l’emploi d’une partie<br />
de ses moy<strong>en</strong>s pourrait être adapté<br />
aux besoins pour les points de contrôle<br />
ou les installations temporaires.<br />
1) Comme le système de contrôle LACS (Local Area Control System), pour la protection des zones de vie contre les intrusions pédestres (détachem<strong>en</strong>ts<br />
armés, groupes terroristes…) et mécaniques. <strong>Le</strong> LACS, est un outil fondé ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t sur un travail de s<strong>en</strong>seurs et d’intégration de systèmes,<br />
de Thales. En décembre 2005, Thales s’est vu notifier par la DGA le Spectre (système de protection des élém<strong>en</strong>ts terrestres, avec une cinquantaine<br />
de part<strong>en</strong>aires), un démonstrateur visant notamm<strong>en</strong>t à quantifier le besoin opérationnel des forces pour leur protection (sécurisation<br />
de cantonnem<strong>en</strong>t…).
RÔLE DE L’AGESTER<br />
<strong>Le</strong> rôle de la fonction ag<strong>en</strong>cem<strong>en</strong>t de<br />
l’espace terrestre (AGESTER) reste émin<strong>en</strong>t<br />
par sa participation à la conception<br />
au travers de l’appui géographique, la<br />
détermination des vulnérabilités par une<br />
analyse terrain ou structurelle, les travaux<br />
d’aménagem<strong>en</strong>t et d’organisation<br />
du terrain pour canaliser, protéger, voire<br />
par l’emploi d’actions de déception ou<br />
de camouflage. Cela compr<strong>en</strong>d naturellem<strong>en</strong>t<br />
des actions de contre-mobilité<br />
face à une m<strong>en</strong>ace diversifiée <strong>en</strong> nature<br />
et <strong>en</strong> volume, de protection contre la<br />
m<strong>en</strong>ace NRBC et de réalisation d’infrastructures<br />
adéquates tant <strong>en</strong> phase<br />
d’aide au déploiem<strong>en</strong>t que de souti<strong>en</strong> au<br />
stationnem<strong>en</strong>t.<br />
Cet appui doit être <strong>en</strong>visagé et <strong>en</strong>trepris<br />
de façon graduelle dès la phase de l’<strong>en</strong>trée<br />
sur le théâtre.<br />
Un effort particulier doit être <strong>en</strong>trepris<br />
pour la protection des installations fixes<br />
ou semi-perman<strong>en</strong>tes ; <strong>en</strong> effet, les<br />
mesures de sauvegarde classique ne<br />
répond<strong>en</strong>t plus aux besoins et à l’évolution<br />
de la m<strong>en</strong>ace car elles ont recours à<br />
des solutions qui n’ont pas évolué<br />
depuis le second conflit mondial. De<br />
plus leur empreinte logistique est dev<strong>en</strong>ue<br />
trop importante.<br />
Il est donc nécessaire de recourir à<br />
d’autres matériaux de type cellulaire, à<br />
base de géocomposites comme les bastions<br />
de type Hesco pour des structures<br />
de protection modulaires dont la valeur<br />
de protection anti-balistique serait graduelle<br />
et pourrait être r<strong>en</strong>forcée par l’utilisation<br />
de mélanges d’additifs dans les<br />
matériaux de remplissage, afin de satisfaire<br />
aux besoins de protection accrue<br />
face aux tirs ALI directs, aux tirs indirects<br />
et aux tirs de roquettes.<br />
L’usage de matériaux avancés combinés<br />
avec des préformes ou des moules pour<br />
la constitution de r<strong>en</strong>forts de protection<br />
ou de protection (murs, chicanes, déflecteurs,<br />
barrières anti-véhicules, etc.)<br />
quand la physionomie des lieux ne permet<br />
pas de travaux classiques de merlonage,<br />
est à rechercher.<br />
L’usage de cim<strong>en</strong>ts composites et de<br />
poudres réactives qui procure des<br />
bétons aux caractéristiques supérieures<br />
pour des épaisseurs aux bétons clas-<br />
S A P E U R<br />
siques, offre des perspectives intéressantes.<br />
<strong>Le</strong>ur emploi peut être combiné<br />
avec des structures composites à base<br />
de fibres qui offrirait <strong>en</strong> outre des capacités<br />
de contrôle des signatures thermique<br />
ou électromagnétique. Des panneaux<br />
peuv<strong>en</strong>t être moulés selon des<br />
gabarits modulaires préétablis et assemblés<br />
selon des formes qui diminu<strong>en</strong>t les<br />
effets des armes.<br />
Des expérim<strong>en</strong>tations m<strong>en</strong>ées aux États-<br />
Unis au sein de l’Engineer Research and<br />
Developem<strong>en</strong>t C<strong>en</strong>ter (ERDC) ont<br />
démontré le pouvoir de protection de<br />
tels composants contre les effets de<br />
fragm<strong>en</strong>tation d’obus de 155 mm par<br />
rapport aux solutions classiques.<br />
En zone urbanisée, des solutions de<br />
valorisation des structures existantes<br />
(murs, planchers, plafond,) exist<strong>en</strong>t,<br />
basées sur l’application par projection<br />
de couches sur la partie arrière de ces<br />
structures avec des matériaux de type<br />
élastomères thermoplastiques ou<br />
feuilles de plastiques (polymères) r<strong>en</strong>forcées<br />
de fibre qui accroiss<strong>en</strong>t la résistance<br />
aux effets mécaniques de souffle<br />
au minimum d‘un facteur 2. <strong>Le</strong>s essais<br />
pratiqués ont par ailleurs démontré des<br />
temps de séchage compris <strong>en</strong>tre 10<br />
minutes et 72 heures, selon les matériaux<br />
employés, compatibles avec une<br />
utilisation opérationnelle.<br />
Ses solutions ont l’avantage d’offrir une<br />
charge logistique moindre ; il est <strong>en</strong> effet<br />
plus facile de transporter les composants<br />
spécifiques qui mélangés aux<br />
matériaux communs empruntés sur le<br />
théâtre seront la base des assemblages<br />
modulaires réalisés sur place.<br />
Enfin l’utilisation de logiciels d’évaluation<br />
et d’analyse de la résistance structurelle<br />
d’infrastructure comme le logiciel<br />
SSA (Simplified Survivability Assessm<strong>en</strong>t<br />
Software) compléterait les moy<strong>en</strong>s <strong>en</strong><br />
offrant une capacité d’analyse et de<br />
conception des structures ou des<br />
mesures de protection adéquates, in situ<br />
ou à partir du théâtre national.<br />
Ce logiciel est basé sur des modules qui<br />
permett<strong>en</strong>t :<br />
- d’établir le dessin et le devis et le<br />
niveau de protection estimé selon<br />
l’installation <strong>en</strong>visagée ;<br />
- de déterminer le temps et les moy<strong>en</strong>s<br />
requis pour la réalisation des instal-<br />
- 48 -<br />
lations selon le niveau de protection<br />
requis par le besoin opérationnel ;<br />
-le développem<strong>en</strong>t des solutions<br />
techniques ;<br />
- l’évaluation des effets spécifiques des<br />
armes sur les structures conçues.<br />
Ainsi, afin de maint<strong>en</strong>ir la liberté d’action<br />
et l’intégrité d’une force sur un théâtre<br />
d’opération, il est désormais impératif de<br />
concevoir un système de protection intégré<br />
qui combine l’<strong>en</strong>semble des moy<strong>en</strong>s<br />
indisp<strong>en</strong>sables pour assurer le niveau de<br />
protection requis par le commandem<strong>en</strong>t<br />
<strong>en</strong> fonction de la m<strong>en</strong>ace. Ce système<br />
doit être de nature proactive et aisé de<br />
mise <strong>en</strong> œuvre, tout <strong>en</strong> réduisant les<br />
coûts <strong>en</strong> main-d’œuvre et la charge logistique.<br />
Une approche modulaire qui combine<br />
les moy<strong>en</strong>s, qui participe à leur<br />
interconnexion avec les systèmes de<br />
commandem<strong>en</strong>ts tout <strong>en</strong> autorisant une<br />
mise <strong>en</strong> œuvre graduelle, apparaît <strong>en</strong>visageable<br />
grâce aux capacités offertes par<br />
l’évolution technologique.<br />
Cela aboutit à un système de systèmes<br />
qui couvrirait l’<strong>en</strong>semble des domaines<br />
concernés et des fonctions opérationnelles<br />
impliquées. L’emploi de briques<br />
déjà existantes (détection NRBC, radar de<br />
trajectographie ou de surveillances, systèmes<br />
Moder, etc.) et de systèmes de<br />
communication et de commandem<strong>en</strong>t<br />
tactiques doit être associé à des élém<strong>en</strong>ts<br />
dédiés à la protection. Enfin, le rôle de la<br />
fonction AGESTER, par sa maîtrise de<br />
l’espace de bataille, les compét<strong>en</strong>ces<br />
dét<strong>en</strong>ues et les synergies <strong>en</strong>tre ses trois<br />
composantes, reste primordial.<br />
La prise <strong>en</strong> compte des aspects liés à la<br />
protection des forces doit par conséqu<strong>en</strong>t<br />
se traduire par une étude globale dans les<br />
domaines de la doctrine, de l’organisation,<br />
de la formation, de l’équipem<strong>en</strong>t et<br />
de l’<strong>en</strong>traînem<strong>en</strong>t, afin de fournir à la<br />
force les capacités requises pour agir<br />
dans l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t actuel et futur.
Lieut<strong>en</strong>ant-colonel<br />
Laur<strong>en</strong>t<br />
CHAPELLE<br />
<strong>Le</strong> lieut<strong>en</strong>ant-colonel Laur<strong>en</strong>t CHAPELLE<br />
est in<strong>génie</strong>ur de l’école nationale supérieure<br />
d’arts et métiers.<br />
Il a servi au 4 e régim<strong>en</strong>t du <strong>génie</strong> puis au<br />
15 e régim<strong>en</strong>t du <strong>génie</strong> de l’air comme<br />
commandant de compagnie.<br />
Engagé dans le cycle de l’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t<br />
<strong>militaire</strong> supérieur à partir de 1997, il est<br />
in<strong>génie</strong>ur SUPELEC depuis 1999 et suit<br />
l’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t du collège interarmées<br />
de déf<strong>en</strong>se (7 e promotion), à l’issue<br />
duquel il est affecté au service technique<br />
des bâtim<strong>en</strong>ts fortifications et travaux<br />
(STBFT).<br />
Il est chef du BOI du 25 e régim<strong>en</strong>t du<br />
<strong>génie</strong> de l’air depuis août 2004.<br />
S A P E U R<br />
LE RÔLE DU GÉNIE DE L’AIR<br />
DANS LA SAUVEGARDE-PROTECTION<br />
EN OPÉRATIONS EXTÉRIEURES<br />
Though Rapid Runway Repair is still the core of the missions of the Air force Engineers,<br />
these units are more and more tasked in operations with protection and sustainability<br />
works or with hard<strong>en</strong>ing works.<br />
The 25th Air force Engineers Battalion, <strong>en</strong>dowed with a large quantity of various earthmoving<br />
equipm<strong>en</strong>t, as well as concrete production means, has a good capacity to perform this kind<br />
of works and it demonstrated this on many theatres of operations in the past few years.<br />
Its most rec<strong>en</strong>t experi<strong>en</strong>ce took place in Abéché (Chad) in 2005, where it built a 1200 m 2 ammunition<br />
storage with Bastion-Walls and local made pre-cast concrete beams. The cost of this operation,<br />
about 460 000 A, is low compared with the cost of a classical infrastructure operation, and its<br />
l<strong>en</strong>gth of life remains coher<strong>en</strong>t with the usual term of settlem<strong>en</strong>ts on theatres of operations.<br />
La projection d’un détachem<strong>en</strong>t du<br />
<strong>génie</strong> de l’air sur un théâtre d’opérations<br />
extérieures s’inscrit le plus souv<strong>en</strong>t dans<br />
le cadre du déploiem<strong>en</strong>t d’une force<br />
aéri<strong>en</strong>ne multinationale. <strong>Le</strong> volume du<br />
détachem<strong>en</strong>t varie suivant la nature des<br />
missions et l’ampleur des travaux à<br />
réaliser. <strong>Le</strong> rétablissem<strong>en</strong>t des surfaces<br />
aéronautiques après une attaque<br />
aéri<strong>en</strong>ne reste la mission la plus spécifique<br />
du <strong>génie</strong> de l’air, son « cœur de<br />
métier ». Cep<strong>en</strong>dant, lors des opérations<br />
réc<strong>en</strong>tes, où la coalition déti<strong>en</strong>t la<br />
supériorité aéri<strong>en</strong>ne, les capacités du<br />
25 e régim<strong>en</strong>t du <strong>génie</strong> de l’air ont<br />
surtout été employées à des travaux<br />
d’aide au déploiem<strong>en</strong>t et de sauvegardeprotection<br />
accompagnant le déploiem<strong>en</strong>t<br />
et l’installation de la composante<br />
aéri<strong>en</strong>ne de la coalition.<br />
Après un rappel des principales<br />
missions et capacités du <strong>génie</strong> de l’air,<br />
un exemple réc<strong>en</strong>t de réalisation sera<br />
prés<strong>en</strong>té. Il peut être considéré comme<br />
emblématique de nombreux besoins<br />
actuels sur les théâtres, <strong>en</strong> ce que<br />
l’ouvrage <strong>en</strong> question répond à la fois<br />
aux besoins de sauvegarde-protection<br />
de la force et à l’exig<strong>en</strong>ce d’application<br />
des normes de sécurité du temps de paix<br />
qui caractéris<strong>en</strong>t les opérations<br />
actuelles, de basse à moy<strong>en</strong>ne int<strong>en</strong>sité.<br />
RÔLE, MISSIONS ET CAPACITÉS DU<br />
GÉNIE DE L’AIR<br />
<strong>Le</strong> concept et la doctrine d’emploi des<br />
unités d’infrastructure <strong>en</strong> opération de<br />
l’armée de l’air (approuvés respectivem<strong>en</strong>t<br />
<strong>en</strong> 2003 et 2004) définiss<strong>en</strong>t le rôle<br />
- 49 -<br />
et l’emploi des unités d’infrastructure<br />
<strong>en</strong> opérations. Il s’agit de faciliter le<br />
déploiem<strong>en</strong>t d’une composante aéri<strong>en</strong>ne<br />
sur une ou plusieurs bases aéri<strong>en</strong>nes<br />
projetées <strong>en</strong> lui livrant et <strong>en</strong> maint<strong>en</strong>ant<br />
<strong>en</strong> état l’infrastructure opérationnelle et<br />
de souti<strong>en</strong> nécessaire à l’accomplissem<strong>en</strong>t<br />
de ses missions. <strong>Le</strong>s deux compagnies<br />
d’infrastructure <strong>en</strong> opérations (CIO) ont<br />
vocation à traiter l’infrastructure « verticale<br />
», le 25 e régim<strong>en</strong>t du <strong>génie</strong> de l’air<br />
(25 e RGA) étant, quant à lui, chargé de<br />
l’infrastructure « horizontale » (surfaces<br />
aéronautiques, dalles, terrassem<strong>en</strong>ts…).<br />
Pour assurer efficacem<strong>en</strong>t ce rôle, il faut<br />
successivem<strong>en</strong>t :<br />
- préparer l’installation initiale de la<br />
composante aéri<strong>en</strong>ne : à cet effet, les<br />
unités d’infrastructure <strong>en</strong> opération<br />
doiv<strong>en</strong>t faire impérativem<strong>en</strong>t partie<br />
des échelons de reconnaissance et<br />
des élém<strong>en</strong>ts précurseurs pour assurer<br />
le déploiem<strong>en</strong>t rapide des premiers<br />
élém<strong>en</strong>ts dans les meilleures conditions;<br />
- pr<strong>en</strong>dre toutes les dispositions<br />
nécessaires <strong>en</strong> fonction de la situation<br />
(<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t, m<strong>en</strong>aces…) <strong>en</strong><br />
vue de préserver la capacité opérationnelle<br />
du détachem<strong>en</strong>t projeté,<br />
y compris dans la durée : susceptibles<br />
d’être <strong>en</strong>gagées avant le gros<br />
de la force, les unités d’infrastructure<br />
<strong>en</strong> opération particip<strong>en</strong>t à l’établissem<strong>en</strong>t<br />
des conditions de vie adaptées<br />
à la durée des opérations, au climat<br />
et aux réserves locales. <strong>Le</strong>ur action<br />
compr<strong>en</strong>d <strong>en</strong> particulier des travaux<br />
de protection, de dépollution, de<br />
rétablissem<strong>en</strong>t ou d’aménagem<strong>en</strong>t<br />
des infrastructures.
- assurer le dés<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t de la<br />
force : les unités d’infrastructure <strong>en</strong><br />
opération appui<strong>en</strong>t le dés<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t<br />
<strong>en</strong> restituant aux autorités locales et<br />
nationales les infrastructures occupées<br />
par la force. Dans des circonstances<br />
plus exceptionnelles, elles peuv<strong>en</strong>t<br />
être am<strong>en</strong>ées à neutraliser les infrastructures<br />
utilisées.<br />
<strong>Le</strong> format des unités d’infrastructure <strong>en</strong><br />
opération découle directem<strong>en</strong>t du<br />
contrat opérationnel de l’armée de l’air.<br />
Dans le cadre des cinq scénarios du livre<br />
blanc, l’armée de l’air, tout <strong>en</strong> assurant<br />
le mainti<strong>en</strong> de la posture perman<strong>en</strong>te de<br />
sûreté (PPS) et son r<strong>en</strong>forcem<strong>en</strong>t év<strong>en</strong>tuel,<br />
doit être <strong>en</strong> mesure de s’<strong>en</strong>gager<br />
selon trois hypothèses d’emploi exclusives<br />
(A pour mission AIR) :<br />
- A1 : Opération multinationale conduite<br />
par l’alliance au titre de la déf<strong>en</strong>se<br />
collective,<br />
- A2 : Simultanéité d’une opération<br />
multinationale et d’une opération<br />
nationale,<br />
- A3 : Simultanéité de plusieurs <strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>ts<br />
de gestion de crise.<br />
Ainsi la déf<strong>en</strong>se collective et les <strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>ts<br />
multinationaux régionaux (scénarios<br />
1 & 2 du livre blanc) peuv<strong>en</strong>t impliquer<br />
l’<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t, limité ou non dans<br />
la durée, de la totalité des forces<br />
aéri<strong>en</strong>nes sur trois bases aéri<strong>en</strong>nes projetées<br />
dont au moins une majeure<br />
(hypothèse A1 & A2), le déploiem<strong>en</strong>t de<br />
structure de commandem<strong>en</strong>t se faisant<br />
<strong>en</strong> priorité sur une de ces bases. Par<br />
ailleurs, la simultanéité d’un <strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t<br />
multinational de moy<strong>en</strong>ne ampleur et<br />
d’<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>ts nationaux ou multinationaux<br />
sur d’autres théâtres d’opérations<br />
n’est pas exclue (hypothèse A3).<br />
Dans ce domaine, la déf<strong>en</strong>se de l’intégrité<br />
du territoire hors métropole (scénario<br />
3), la mise <strong>en</strong> œuvre d’un accord<br />
de déf<strong>en</strong>se (scénario 4) ou des actions<br />
<strong>en</strong> faveur de la paix et du droit international<br />
(scénario 5) peuv<strong>en</strong>t obliger<br />
l’armée de l’air à répartir ses moy<strong>en</strong>s<br />
sur un ou deux autres théâtres d’opérations<br />
éloignés.<br />
S A P E U R<br />
Pour répondre le mieux possible à la<br />
problématique de simultanéité des crises,<br />
la préparation des forces de l’armée de<br />
l’air s’articule autour d’une montée <strong>en</strong><br />
puissance progressive et modulaire des<br />
forces (FRI, FRR, FAT), dont la composition<br />
pourra varier <strong>en</strong> fonction des objectifs<br />
assignés et de la nature de la m<strong>en</strong>ace.<br />
Ainsi, l’armée de l’air devra-t-elle être<br />
capable de mettre <strong>en</strong> œuvre, <strong>en</strong> moins de<br />
deux mois et sur deux théâtres d’opérations<br />
au minimum, une c<strong>en</strong>taine d’avions<br />
de combat avec leur souti<strong>en</strong> opérationnel<br />
selon les principes suivants :<br />
- déploiem<strong>en</strong>t d’une vingtaine d’avions<br />
de combat et de leur souti<strong>en</strong> dans un<br />
délai d’interv<strong>en</strong>tion de 72 heures<br />
pour une première mission à J + 3,<br />
- projection de 1500 hommes et de leur<br />
équipem<strong>en</strong>t dans les mêmes délais,<br />
- déploiem<strong>en</strong>t de 40 avions de combat<br />
<strong>en</strong> moins de 15 jours,<br />
- déploiem<strong>en</strong>t d’une c<strong>en</strong>taine d’avions<br />
de combat <strong>en</strong> moins de 2 mois.<br />
<strong>Le</strong>s forces doiv<strong>en</strong>t pouvoir se déployer<br />
sur 3 bases aéri<strong>en</strong>nes projetées, dont<br />
une majeure, sur des pistes susceptibles<br />
d’avoir été <strong>en</strong>dommagées du fait de l’<strong>en</strong>nemi,<br />
sinon du fait d’une action nationale<br />
ou multinationale. L’abs<strong>en</strong>ce de<br />
proximité de ports n’est pas à exclure.<br />
Lors des projections, le déploiem<strong>en</strong>t des<br />
structures de commandem<strong>en</strong>t nationales,<br />
voire alliées lorsque la France est<br />
nation-cadre, est prévu sur une de ces<br />
trois bases de théâtres, même si leur<br />
installation sur un autre site ne doit pas<br />
être exclue.<br />
Pour lui permettre de t<strong>en</strong>ir le rôle qui lui<br />
est dévolu dans ce contrat opérationnel,<br />
le 25 e RGA armé par quelques 900 hommes,<br />
est articulé <strong>en</strong> quatre compagnies opérationnelles<br />
aux effectifs de 4/25/128.<br />
Chacune de ces compagnies dispose,<br />
outre du matériel spécifique nécessaire<br />
au rétablissem<strong>en</strong>t d’urg<strong>en</strong>ce d’une<br />
plate-forme aéronautique, de capacités<br />
importantes de terrassem<strong>en</strong>t, de trans-<br />
- 50 -<br />
port (matériaux et <strong>en</strong>gins), de production<br />
et de mise <strong>en</strong> œuvre de matériaux.<br />
Cette palette assez complète de moy<strong>en</strong>s 1<br />
lui permet d’« agir vite et puissamm<strong>en</strong>t 2 »,<br />
et <strong>en</strong> particulier d’obt<strong>en</strong>ir, <strong>en</strong> des délais<br />
très courts, un impact sur le terrain<br />
permettant d’accroître significativem<strong>en</strong>t<br />
la protection des unités appuyées.<br />
Ces capacités reconnues se traduis<strong>en</strong>t<br />
dans les faits par un niveau d’<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t<br />
du régim<strong>en</strong>t <strong>en</strong> constante augm<strong>en</strong>tation<br />
3 . <strong>Le</strong> 25 e RGA s’est notamm<strong>en</strong>t<br />
illustré à Sarajevo (Bosnie), Manas<br />
(Kirghizstan), Petrovec (Macédoine),<br />
Antebbé (Congo), Abéché ou N’Djaména<br />
(Tchad). <strong>Le</strong>s missions confiées aux détachem<strong>en</strong>ts<br />
du <strong>génie</strong> de l’air projetés comport<strong>en</strong>t<br />
systématiquem<strong>en</strong>t des travaux<br />
de sauvegarde-protection, ou, comme<br />
dans le cas du dépôt de munitions<br />
d’Abéché, de durcissem<strong>en</strong>t d’installations<br />
s<strong>en</strong>sibles.<br />
LE DÉPÔT DE MUNITIONS D’ABÉCHÉ<br />
(TCHAD) : UN EXEMPLE EMBLÉMA-<br />
TIQUE DES BESOINS ACTUELS EN<br />
OPÉRATIONS<br />
<strong>Le</strong> dépôt de munitions d’Abéché (Tchad)<br />
a été réalisé par une section du 25 e régim<strong>en</strong>t<br />
du <strong>génie</strong> de l’air au printemps 2005. Il<br />
s’agissait avant tout de mettre ce dépôt<br />
<strong>en</strong> conformité avec les normes de<br />
sécurité relatives aux établissem<strong>en</strong>ts<br />
pyrotechniques. Cep<strong>en</strong>dant, dans un<br />
<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t plus hostile, une réalisation<br />
similaire aurait pu être conçue pour<br />
répondre simultaném<strong>en</strong>t aux besoins de<br />
sauvegarde-protection d’une infrastructure<br />
de stockage s<strong>en</strong>sible. En effet, <strong>en</strong><br />
opération, un dépôt de munitions ne<br />
manquerait pas de constituer une cible<br />
privilégiée. Au-delà du durcissem<strong>en</strong>t<br />
inhér<strong>en</strong>t à la sécurité pyrotechnique de<br />
l’ouvrage, il importe donc de le protéger<br />
des tirs et de le concevoir de manière à<br />
limiter les conséqu<strong>en</strong>ces d’un tir : empêcher<br />
la destruction complète du stockage<br />
et la perte de capacité opérationnelle<br />
qui <strong>en</strong> résulterait et limiter le danger<br />
pour les troupes et les matériels<br />
majeurs que représ<strong>en</strong>te l’explosion<br />
1) 24 VBR et VIB dotés d’un canon de 20 mm, 170 <strong>en</strong>gins de terrassem<strong>en</strong>t divers (tracto-chargeurs, dont certains sont blindés, tracteurs niveleurs,<br />
niveleuses, compacteur, pelles hydrauliques, dont certaines sont blindées), 97 camions-b<strong>en</strong>ne de 8, 10 et 20 m 3 , 67 attelages porte-<strong>en</strong>gins, deux<br />
c<strong>en</strong>trales mobiles de production d’<strong>en</strong>robé (120 et 220 t/h), 3 finisseurs à <strong>en</strong>robé, 2 fraiseuses, deux c<strong>en</strong>trales mobiles de production de béton<br />
(60 et 160 m 3 /h), 3 finisseurs à béton, divers moy<strong>en</strong>s de production de béton (dont 4 auto-bétonnières de 10 m 3 /h chacune et 10 bétonnières à<br />
moteur thermiques) et de pose manuelle (coffrages, règles vibrantes, pervibrateurs), matériels de topographie, de laboratoire des sols…<br />
2) Devise du 15 e RGA (dissous <strong>en</strong> 1999).<br />
3) 22000 hommes/jours <strong>en</strong> 2001, 33000 hommes/jours <strong>en</strong> 2005.
Dépôt de munitions d'Abéché (mars 2005).<br />
Réalisation de dalles <strong>en</strong> béton hydraulique<br />
d’une alvéole de stockage. <strong>Le</strong>s principes<br />
à appliquer lors de la conception du<br />
dépôt sont id<strong>en</strong>tiques à ceux qui vis<strong>en</strong>t à<br />
la sécurité pyrotechnique <strong>en</strong> temps de<br />
paix. Il s’agit de compartim<strong>en</strong>ter le dépôt<br />
pour éviter la transmission de la détonation<br />
d’une alvéole à l’autre et de protéger<br />
le personnel contre les effets de<br />
souffle et les projections d’éclats.<br />
L’exemple du dépôt de munitions<br />
d’Abéché démontre que ces objectifs<br />
peuv<strong>en</strong>t être atteints sur les théâtres<br />
d’opérations dans des délais et à des<br />
coûts raisonnables. Ce dépôt situé sur le<br />
camp CROCI à ABÉCHÉ, <strong>en</strong> plein désert<br />
Tchadi<strong>en</strong>, a été conçu par la section<br />
« infrastructure protégée » du service<br />
technique des bâtim<strong>en</strong>ts, fortifications et<br />
travaux (STBFT) au profit du commandem<strong>en</strong>t<br />
des élém<strong>en</strong>ts <strong>français</strong> au Tchad.<br />
Destiné au stockage des munitions prépositionnées<br />
(obus de mortier, gr<strong>en</strong>ades…)<br />
ce dépôt ainsi réalisé est générateur<br />
de zones de danger d’une très<br />
faible ét<strong>en</strong>due. Dans le cas d’un accid<strong>en</strong>t<br />
pyrotechnique, la structure arrêterait la<br />
totalité des éclats primaires prov<strong>en</strong>ant<br />
des munitions. Cette particularité permet<br />
de l’insérer sans danger à proximité<br />
des différ<strong>en</strong>tes activités du camp et<br />
notamm<strong>en</strong>t au plus près du stationnem<strong>en</strong>t<br />
des troupes.<br />
Il prés<strong>en</strong>te une surface au sol d’<strong>en</strong>viron<br />
1200 m 2 . Il est composé de 6 alvéoles<br />
permettant le stockage des munitions<br />
Accid<strong>en</strong>t pyrotechnique à Doha (Koweit),<br />
lors d’un exercice <strong>en</strong> 1991.<br />
49 blessés, dont deux gravem<strong>en</strong>t,<br />
105 véhicules détruits, 15M$ de dégâts.<br />
S A P E U R<br />
Dépôt de munitions d'Abéché. Mise <strong>en</strong> place de la clôture (mai 2005).<br />
ayant des groupes de compatibilité différ<strong>en</strong>ts<br />
et appart<strong>en</strong>ant aux quatre divisions<br />
de risque. Chacune des alvéoles permet le<br />
stockage dans des conditions conformes<br />
à la réglem<strong>en</strong>tation <strong>en</strong> vigueur de<br />
quelques c<strong>en</strong>taines de kilogrammes de<br />
matière active. Il est réalisé <strong>en</strong> « bastionswalls<br />
» (avec comme matière première de<br />
remplissage le sable du désert) et <strong>en</strong> poutrelles<br />
de béton armé préfabriquées par<br />
<strong>en</strong>treprise sur le théâtre.<br />
L’<strong>en</strong>semble des travaux a été réalisé par<br />
un détachem<strong>en</strong>t du 25 e RGA du volume<br />
d’une section (1/4/21) disposant de<br />
11 <strong>en</strong>gins de terrassem<strong>en</strong>t divers (dont<br />
certains sont égalem<strong>en</strong>t aptes au levage),<br />
2arroseuses, 6 camions-b<strong>en</strong>nes, 1 autobétonnière<br />
(moy<strong>en</strong> mobile permettant la<br />
production d’<strong>en</strong>viron 10 m 3 /h de béton),<br />
un lot de pose manuelle de béton (rails<br />
de coffrage, règles vibrantes, pervibra-<br />
- 51 -<br />
teurs) et de l’<strong>en</strong>semble des moy<strong>en</strong>s<br />
nécessaires à la maint<strong>en</strong>ance et la réparation<br />
des matériels <strong>en</strong>gagés.<br />
<strong>Le</strong>s travaux, qui ont duré deux mois et<br />
demi, n’ont pas prés<strong>en</strong>té de difficulté<br />
technique particulière. <strong>Le</strong> seul point délicat<br />
de cette opération concerne les élém<strong>en</strong>ts<br />
préfabriqués par <strong>en</strong>treprise civile<br />
locale, dont le suivi et l’assurance de la<br />
qualité peut obéir à des procédures bi<strong>en</strong><br />
différ<strong>en</strong>tes de celles <strong>en</strong> vigueur <strong>en</strong><br />
métropole. Néanmoins, moy<strong>en</strong>nant<br />
quelques précautions lors la mise <strong>en</strong><br />
œuvre (<strong>en</strong> particulier surveillance des<br />
flèches observées à la mise <strong>en</strong> charge), il<br />
a pu être confirmé que les poutrelles<br />
étai<strong>en</strong>t aptes à remplir leur fonction.<br />
<strong>Le</strong> coût d’une telle réalisation est de<br />
l’ordre de 460 000 A : <strong>en</strong>viron 300 000 A<br />
de matériaux et fournitures - ess<strong>en</strong>tielle-<br />
Dépôt de munitions d'Abéché. Mise <strong>en</strong> place sur bastion walls des poutrelles préfabriquées (avril 2005).
m<strong>en</strong>t les bastions-walls et les poutrelles<br />
préfabriquées, 125 000 A de surcoût<br />
OPEX (soldes), le reste représ<strong>en</strong>tant le<br />
coût des billets avions des précurseurs<br />
qui ont dû emprunter une VAC et le carburant<br />
nécessaire au millier d’heures<br />
d’<strong>en</strong>gins exécutées et aux 4000 km parcourus.<br />
<strong>Le</strong> coût de la projection des<br />
<strong>en</strong>gins est réparti sur plusieurs opérations<br />
successives réparties sur le théâtre<br />
S A P E U R<br />
Dépôt de munitions d'Abéché <strong>en</strong> cours d'achèvem<strong>en</strong>t (mai 2005).<br />
tchadi<strong>en</strong>. Cette somme est relativem<strong>en</strong>t<br />
faible au regard du coût d’une opération<br />
d’infrastructure de même nature lancée<br />
sur le territoire métropolitain. La durée<br />
de vie de cette installation est évidemm<strong>en</strong>t<br />
plus courte que celle d’un ouvrage<br />
de construction classique, mais elle<br />
demeure tout à fait adaptée à la durée<br />
habituelle de ce type d’<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t.<br />
- 52 -<br />
CONCLUSION<br />
« The large ground organisation of a<br />
modern air force is its Achilles heel » 4 .<br />
Plus généralem<strong>en</strong>t, qu’il s’agisse de la<br />
composante « air » ou de la composante<br />
« terre » d’une force projetée, la complexité<br />
et la vulnérabilité des systèmes<br />
déployés, accrue par la nécessité, dans<br />
bi<strong>en</strong> des cas, d’un emploi de la force<br />
limité à un très bas niveau par nos<br />
troupes, r<strong>en</strong>d plus nécessaire que jamais<br />
la mise <strong>en</strong> œuvre de mesures de sauvegarde-protection.<br />
Dès lors qu’elles<br />
concern<strong>en</strong>t des conc<strong>en</strong>trations de forces<br />
importantes, des zones logistiques ou<br />
des c<strong>en</strong>tres de commandem<strong>en</strong>t, ces<br />
mesures nécessit<strong>en</strong>t l’<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t de<br />
moy<strong>en</strong>s de travaux lourds, seuls susceptibles<br />
de produire une action significative<br />
sur le terrain.<br />
Pour être parfaitem<strong>en</strong>t optimisée, la<br />
détermination des moy<strong>en</strong>s à <strong>en</strong>gager<br />
doit résulter de la confrontation d’un<br />
effet à obt<strong>en</strong>ir, exprimé par le commandem<strong>en</strong>t,<br />
et de l’exam<strong>en</strong> du terrain et des<br />
ressources locales. <strong>Le</strong> plus souv<strong>en</strong>t,<br />
seule l’insertion d’un élém<strong>en</strong>t du régim<strong>en</strong>t<br />
lors des reconnaissances et/ou<br />
parmi les élém<strong>en</strong>ts précurseurs permet<br />
la constitution du détachem<strong>en</strong>t le plus<br />
adapté.<br />
4) « La forte implantation au sol d’une armée de l’air moderne est son talon d’Achille » Captain Sir Basil Liddell Hart, Thoughts on War, 1943.
Lieut<strong>en</strong>ant-colonel<br />
Philippe<br />
KIRSCHER<br />
<strong>Le</strong> lieut<strong>en</strong>ant-colonel Kirscher est chef<br />
du bureau opérations instructions du<br />
2 e REG depuis août 2005.<br />
Saint-Cyri<strong>en</strong> de la promotion 86-89<br />
(général CALLIES), il a successivem<strong>en</strong>t<br />
servi comme chef de section au 25 e RGA,<br />
puis comme lieut<strong>en</strong>ant et capitaine au<br />
5 e Régim<strong>en</strong>t étranger de 1993 à 1994.<br />
Il a commandé la compagnie d’appui du<br />
6 e Régim<strong>en</strong>t étranger de <strong>génie</strong> de 1995 à<br />
1997.<br />
Il a été chef du bureau de préparation<br />
opérationnelle de l’état-major de la brigade<br />
du <strong>génie</strong>, à l’issue de son passage<br />
au CSEM/CID , 9 e promotion.<br />
<strong>Le</strong> lieut<strong>en</strong>ant-colonel Kirscher est titulaire<br />
d’un diplôme d’études approfondies<br />
sur le rôle du <strong>génie</strong> du C.E.F. dans<br />
les bases aéroterrestres <strong>en</strong> Indochine<br />
1953-1954, période riche d’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t<br />
<strong>en</strong> matière de protection pour<br />
notre armée.<br />
<strong>Le</strong> lieut<strong>en</strong>ant-colonel Kirscher a servi<br />
comme « chief <strong>en</strong>gineer » au sein de<br />
l’ONUCI de décembre 2004 à juin 2005.<br />
S A P E U R<br />
LE RGBIA DANS LA MISSION<br />
DE PROTÉGER LES FORCES EN 2005<br />
Fr<strong>en</strong>ch <strong>en</strong>gineers have resumed operating force survivability since the resuming of<br />
peace support operations at the <strong>en</strong>d of the sev<strong>en</strong>ties.<br />
One of the most important lessons learnt, either in <strong>Le</strong>banon, Gulf war, former<br />
Yougoslavia or Western Africa, is that it is worthy foreseeing the worst situation.<br />
The curr<strong>en</strong>t concept of « three block war » is, regarding the curr<strong>en</strong>t situations <strong>en</strong>countered<br />
on overseas operations, is deemed highly valuable.<br />
Our forces, supported by our combat or heavy <strong>en</strong>gineers, must plan <strong>en</strong>gineering support<br />
in matter of survivability as early as possible, including the full spectrum of<br />
threats ; i.e. terror or large calibre attacks in most the areas of operations.<br />
In such a case, Fr<strong>en</strong>ch <strong>en</strong>gineers, especially in combat units, need more accurate<br />
equipm<strong>en</strong>t, especially for hard<strong>en</strong>ing combat positions and deflecting pot<strong>en</strong>tial blasts.<br />
G<strong>en</strong>erally speaking, our forces must look closely to their initial layouts, including from<br />
the beginning in the OPP 1 such features as force protection, taking in account those<br />
points, <strong>en</strong>gineers’ job on the field will be easier and they will spare useful workforce,<br />
warranting effective survivability to our forces.<br />
La protection est dev<strong>en</strong>ue ces dernières<br />
années l’ess<strong>en</strong>tiel des activités - au même<br />
titre que les missions relatives à l’aide au<br />
déploiem<strong>en</strong>t des unités - des bataillons ou<br />
compagnies du <strong>génie</strong> projetés.<br />
Il s’agit ici, à partir de l’expéri<strong>en</strong>ce passée<br />
des unités du 2 e REG, de dresser un<br />
tableau des actions <strong>en</strong>treprises pour<br />
r<strong>en</strong>forcer la protection de nos forces sur<br />
les différ<strong>en</strong>ts théâtres. Il est manifeste que,<br />
dans le cadre de corps expéditionnaires<br />
qui cach<strong>en</strong>t leur nom et au mandat<br />
bi<strong>en</strong> souv<strong>en</strong>t mal défini dans le temps,<br />
nos forces sont <strong>en</strong>trées dans le cadre<br />
désormais familier de la « 3 block war »<br />
tel que défini par nos amis britanniques.<br />
Celui-ci exige, dans une alchimie bi<strong>en</strong><br />
compliquée, une aptitude à la réversibi-<br />
Construction d’un dépôt de munitions à<br />
Mitrovica. Hiver 2005<br />
- 53 -<br />
lité la plus grande possible, une bataille<br />
perman<strong>en</strong>te pour les cœurs et les âmes,<br />
et une grande aptitude à basculer dans<br />
des actions de coercition tout <strong>en</strong> limitant<br />
les pertes au plus faible nombre possible.<br />
La protection-sauvegarde, depuis<br />
l’att<strong>en</strong>tat du poste Drakkar 2 , a son mot à<br />
dire <strong>en</strong> la matière.<br />
S’INTÉGRER AU PAYSAGE<br />
C’est <strong>en</strong> effet le trait prédominant des<br />
actions de protection au début du<br />
XXIe siècle, gage de la meilleure protection<br />
passive. <strong>Le</strong>s sapeurs, chargés de<br />
contribuer au déploiem<strong>en</strong>t de la force,<br />
doiv<strong>en</strong>t pr<strong>en</strong>dre <strong>en</strong> compte :<br />
- les infrastructures qui leur sont<br />
confiées par les belligérants ou les<br />
acteurs locaux bi<strong>en</strong>veillants (cas de<br />
la RCI) pour déployer les troupes<br />
dans la relative sécurité que ces<br />
emprises offr<strong>en</strong>t. À ce titre, la protection<br />
- passive - passe tout d’abord<br />
par l’intégration au paysage. La force<br />
se veut bi<strong>en</strong>veillante et assume<br />
<strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t son rôle de mainti<strong>en</strong> ou<br />
d’imposition de la paix avec un profil<br />
le plus bas possible. S’il n’y a pas là<br />
de camp Bondsteel 3 , il faut bi<strong>en</strong><br />
admettre que dans ce cas les incon-<br />
1) Operational planning process. MedO<br />
2) <strong>Le</strong> poste Drakkar, immeuble de Beyrouth t<strong>en</strong>u par la 3 e compagnie du 1 er RCP, appart<strong>en</strong>ant à la<br />
FMNSB , fut volatilisé par un att<strong>en</strong>tat qui fit plus de 60 morts.<br />
3) Camp de déploiem<strong>en</strong>t initial de la brigade US au Kosovo, réalisé <strong>en</strong> 6 mois par la société<br />
Brown and roots <strong>en</strong> 1999, et qui intégrait des abris 10 hommes dans chaque bâtim<strong>en</strong>t troupe<br />
du modèle « Sea huts » (Sea = South East Asia).
véni<strong>en</strong>ts s’appell<strong>en</strong>t emplacem<strong>en</strong>t<br />
tactiquem<strong>en</strong>t discutable, espacem<strong>en</strong>t<br />
des bâtim<strong>en</strong>ts aléatoires,<br />
faibles épaisseurs des couches de<br />
protection, conc<strong>en</strong>tration des troupes<br />
avec les matériels et les munitions…<br />
- les matériaux de dotation ou locaux :<br />
l’équipem<strong>en</strong>t du sapeur de 2006 ressemble<br />
bi<strong>en</strong> à celui de 1950 <strong>en</strong><br />
matière de protection : hormis l’introduction<br />
des bastion-walls et<br />
autres Flexmac, les matériaux de<br />
base les plus disponibles sont toujours<br />
le sac à terre, les ronces et concertina,<br />
les tôles cintrées fortes. <strong>Le</strong>s matériaux<br />
locaux prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong> souv<strong>en</strong>t<br />
d’autres inconvéni<strong>en</strong>ts : ressource<br />
chère car rare ou chèrem<strong>en</strong>t monnayée<br />
par des acteurs trop intéressés<br />
sur un théâtre <strong>en</strong> crise, parfois difficile<br />
à acheminer, comme souv<strong>en</strong>t <strong>en</strong><br />
zone nord de République de Côte<br />
d’Ivoire (RCI). Ils prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>t<br />
des défauts de qualité propres<br />
à des pays au développem<strong>en</strong>t moins<br />
avancé et ou la qualité ne se conçoit<br />
pas selon les mêmes normes qu’<strong>en</strong><br />
Occid<strong>en</strong>t. Ces paramètres logistiques<br />
font souv<strong>en</strong>t oublier un trait ess<strong>en</strong>tiel :<br />
un bon ouvrage est un ouvrage qui<br />
dure, donc construit avec des matériaux<br />
d’une durée de vie supérieure à<br />
l’année : nos anci<strong>en</strong>s avai<strong>en</strong>t appris<br />
à construire des postes de combat <strong>en</strong><br />
béton <strong>en</strong> Indochine. Certes, leur<br />
démontage est fastidieux : mais ce<br />
sont ceux-là qui garantiss<strong>en</strong>t la<br />
meilleure protection et la meilleure<br />
durée face aux intempéries, autres<br />
RCI (Odiénné) Printemps 2005 : avant<br />
S A P E U R<br />
termites, voire aux coups directs.<br />
- les contraintes imposées par l’interarmes<br />
et les paramètres de l’opération<br />
: à ce titre, l’une des plus<br />
grandes inconnues est la durée.<br />
Outre les mandats à 4 mois, qui font<br />
changer les usagers - et donc l’expression<br />
des besoins - très régulièrem<strong>en</strong>t,<br />
la planification initiale de<br />
l’opération est déterminante pour la<br />
qualité de la protection : l’adage<br />
« first in, last out » appliqué au<br />
sapeur doit rester dans toutes les<br />
mémoires, de façon à trouver<br />
les infrastructures prés<strong>en</strong>tant le<br />
meilleur compromis et à les aménager<br />
avant l’arrivée du gros de la<br />
force.<br />
- 54 -<br />
RCI (Odiénné) Printemps 2005 : après<br />
SÉCURISER : L’ESSENTIEL DE LA<br />
MISSION<br />
Autre pan de la sauvegarde, un cran audessus<br />
de l’indisp<strong>en</strong>sable intégration au<br />
paysage de la crise moderne, la mise <strong>en</strong><br />
sécurité de nos emprises demeure un<br />
souci constant :<br />
- face aux incursions, des plus classiques,<br />
lesquelles se traduis<strong>en</strong>t par<br />
des pertes de matériels ou une<br />
acquisition parfois ins<strong>en</strong>sible de<br />
r<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t sur nos emprises ou<br />
nos capacités. Ainsi, la base de tout<br />
dispositif demeure <strong>en</strong>core le réseau<br />
de ronce et de concertina. Même<br />
r<strong>en</strong>forcé de mines éclairantes, il prés<strong>en</strong>te<br />
une efficacité parfois discutable.<br />
Trop s<strong>en</strong>sible à la végétation<br />
tropicale, il demande un <strong>en</strong>treti<strong>en</strong><br />
perman<strong>en</strong>t pour une efficacité relative<br />
surtout lorsque par ailleurs les<br />
unités ont pris l’habitude de faire<br />
exécuter une multitude de services<br />
par de la main-d’œuvre civile<br />
librem<strong>en</strong>t acceptée aux heures<br />
ouvrables dans les emprises.<br />
Jusqu’à mise <strong>en</strong> œuvre et autorisation<br />
d’emploi du MODER dans sa<br />
version non-létale, et même si les<br />
chi<strong>en</strong>s de guerre - lorsqu’ils sont disponibles<br />
- sont d’une efficacité<br />
complém<strong>en</strong>taire redoutable, aucune<br />
solution plus probante ne paraît être<br />
disponible.<br />
- face aux intrusions programmées :<br />
tout <strong>en</strong> vivant au mieux au milieu<br />
des populations, il s’agit désormais<br />
de pouvoir s’<strong>en</strong> protéger : passées<br />
les premières opérations de contrôle<br />
de foule au Kosovo, les opérations
<strong>en</strong> RCI ont démontré qu’il fallait<br />
développer des solutions plus pertin<strong>en</strong>tes<br />
pour parv<strong>en</strong>ir à dissuader,<br />
canaliser, arrêter autant que faire se<br />
peut des populations lancées à l’assaut<br />
des emprises ou des cordons de<br />
troupes déployés et ce avant le<br />
contact. Déterminées à user de tous<br />
les moy<strong>en</strong>s possibles, du harcèlem<strong>en</strong>t<br />
à pied jusqu’à la voiture ou le<br />
camion-bélier, ces foules représ<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t,<br />
à l’heure du « combat camera »,<br />
un risque nouveau pour toute<br />
<strong>en</strong>ceinte, aussi bi<strong>en</strong> construite soitelle.<br />
<strong>Le</strong> 2 e REG a pu ainsi contribuer<br />
au r<strong>en</strong>forcem<strong>en</strong>t des emprises du<br />
43 e BiMa, après les événem<strong>en</strong>ts de<br />
novembre 2004 à Abidjan. Il <strong>en</strong> ressort<br />
qu’il faut se montrer toujours<br />
plus imaginatif pour développer des<br />
solutions efficaces à moindre coût.<br />
Des miradors ont ainsi été confectionnés<br />
avec des structures à base<br />
de containers seuls capables de supporter<br />
le poids du niveau de protection<br />
balistique requis et d’offrir la<br />
hauteur requise.<br />
SE PROTÉGER DES COUPS<br />
L’armée de terre <strong>français</strong>e avait redécouvert<br />
au Liban, longtemps après la fin de<br />
la guerre d’Indochine, l’efficacité des tirs<br />
d’artillerie <strong>en</strong>nemis. Elle y a fait aussi la<br />
terrible expéri<strong>en</strong>ce de la confrontation<br />
avec le terroriste déterminé et organisé<br />
face à un dispositif de mainti<strong>en</strong> de la paix<br />
figé. 20 ans après, sur la terre africaine,<br />
elle a subi les frappes aéri<strong>en</strong>nes d’une<br />
aviation jugée amie, tout comme elle a<br />
S A P E U R<br />
pu essuyer les tirs de mortier de rebelles<br />
parfois sous-estimés. La leçon est là : la<br />
protection conçue pour le rétablissem<strong>en</strong>t<br />
de la paix dans une zone <strong>en</strong> crise, c’est-àdire<br />
avant tout pour résister à des tirs<br />
d’ALI, doit pouvoir <strong>en</strong>caisser les tirs du<br />
plus gros calibre et limiter les effets les<br />
plus dévastateurs du souffle de charges<br />
d’explosif dépassant la tonne, aussi bi<strong>en</strong><br />
<strong>en</strong> termes d’organisation du terrain que<br />
de r<strong>en</strong>forcem<strong>en</strong>t des infrastructures. Si<br />
le GEN 150 donne des solutions efficaces<br />
et rôdées, il s’agit de revoir nos procédés<br />
d’élaboration des réseaux d’abris et des<br />
rideaux de protection :<br />
- dès la conception, à laquelle le RGBIA<br />
doit être associé, <strong>en</strong> optant pour des<br />
dispositifs les plus aérés possibles,<br />
RCI (MAN)/ Pas d’<strong>en</strong>ceinte sans ses ribards et son no man’s land. Qui désherbera ?<br />
Ouvrage de protection du DETGEN.<br />
<strong>Le</strong>s sacs à terre blancs, de mauvaise qualité, vont se décomposer peu de temps après…<br />
- 55 -<br />
où les dépôts de munitions sont<br />
isolés et suffisamm<strong>en</strong>t cloisonnés, et<br />
d’autre part <strong>en</strong> recourant à des solutions<br />
durables, qui, si elles ont l’inconvéni<strong>en</strong>t<br />
de figer les dispositifs,<br />
occasionneront des économies <strong>en</strong><br />
moy<strong>en</strong>s et <strong>en</strong> main-d’œuvre ; de la<br />
sorte seront évitées les réfections<br />
hiver après hiver, saison des pluies<br />
après saison des pluies ;<br />
- adapter l’équipem<strong>en</strong>t des RGBIA à<br />
ces nouvelles exig<strong>en</strong>ces : il faut peu<br />
de choses pour disposer d’une capacité<br />
à couler du béton <strong>en</strong> coffrage<br />
(g<strong>en</strong>re coffrages modulaires), ainsi<br />
que d’une petite capacité de production<br />
de béton, autre que celle - très<br />
limitée - de la SAD. La mise sur le<br />
marché d’écrans amovibles <strong>en</strong> Kevlar<br />
est intéressante, de même que le<br />
recours, bi<strong>en</strong> connu, aux vitres blindées.<br />
Ces capacités pourrai<strong>en</strong>t se<br />
trouver dans la section appui de<br />
chaque compagnie de combat. <strong>Le</strong>s<br />
abris du c<strong>en</strong>tre retranché de NA SAN<br />
ont résisté aux tirs de mortier Viet-<br />
Minh parce qu’ils étai<strong>en</strong>t ancrés dans<br />
des semelles <strong>en</strong> béton. Ce n’est plus<br />
le cas de nombre de nos ouvrages<br />
depuis longtemps ;<br />
- revoir les concepts contribuant au<br />
déploiem<strong>en</strong>t de la force, ce qui peut<br />
parfois ou devrait être débattu au<br />
niveau du D.L. <strong>génie</strong>, à l’aune des<br />
leçons apprises sur la m<strong>en</strong>ace terroriste.<br />
L’équival<strong>en</strong>t d’une Skanderja<br />
ou d’un PTT building 4 ne sont plus<br />
admissibles de nos jours. <strong>Le</strong>s unités<br />
4) Infrastructures de déploiem<strong>en</strong>t de la FORPRONU à Sarajevo ayant fréquemm<strong>en</strong>t servi de cibles à toutes sortes de projectiles.
La meilleure des <strong>en</strong>ceintes demeure un mur patrouillé et éclairé.<br />
S A P E U R<br />
doiv<strong>en</strong>t être installées<br />
dans des bâtim<strong>en</strong>ts de<br />
plain-pied, le double<br />
accès aux emprises<br />
systématique, les merlons<br />
ou murs anti-blast<br />
doiv<strong>en</strong>t être implantés<br />
<strong>en</strong> fonction de la<br />
m<strong>en</strong>ace principale et la<br />
plus dangereuse si elle<br />
est avérée. De même<br />
des normes doiv<strong>en</strong>t<br />
être r<strong>en</strong>dues disponibles<br />
pour l’élaboration<br />
des postes de filtrage,<br />
dont on a vu que<br />
l’usage le plus courant<br />
est de contrôler des<br />
mouvem<strong>en</strong>ts routiniers<br />
de <strong>militaire</strong>s et de civils<br />
réputés inoff<strong>en</strong>sifs.<br />
- 56 -<br />
La protection des forces <strong>en</strong> opérations<br />
<strong>en</strong> 2006 demeure à la portée des RGBIA.<br />
Encore faudrait-il qu’ils se voi<strong>en</strong>t accorder<br />
quelques moy<strong>en</strong>s supplém<strong>en</strong>taires et<br />
surtout que les principes d’emploi du<br />
<strong>génie</strong>, dont l’anticipation, soi<strong>en</strong>t appliqués<br />
à la lettre.<br />
Abri <strong>en</strong> terrain <strong>en</strong>neigé : une ressource<br />
non comptée.
Chef de bataillon<br />
Patrick<br />
ANDRIAMAHOLISON<br />
EMIA promotion Général DABOVAL<br />
1990-1992.<br />
DA ESAG 1992-1993.<br />
CDS travaux lourds 72 e RG 1993-1995.<br />
OA c ie travaux 4 e RSMA LA RÉUNION<br />
1995 -1998.<br />
CDU 4 e COGA AVORD 1998 - 2000 (opex<br />
Kosovo).<br />
Adjoint chef de bureau instruction<br />
travaux SDGA 2000-2004.<br />
Chef BML 5 e RG depuis septembre 2004.<br />
Chef DETGEN ONUCI avril à octobre<br />
2005.<br />
Capitaine<br />
Gilles<br />
MACHELON<br />
ESM promotion CES RAFFALI 1998-2001.<br />
DA ESAG 2001-2002.<br />
CDS Travaux lourds 5 e RG Mourmelon<br />
2002-2004.<br />
Dont MCD Polynésie CDS chantier de la<br />
piste traversière de La Pap<strong>en</strong>oo début<br />
2003.<br />
OA 5 e RG 12 e CAS 2004-2005.<br />
S A P E U R<br />
OPÉRATION CALAO - 3 e MANDAT<br />
LE 5 e RÉGIMENT DU GÉNIE<br />
EN RÉPUBLIQUE DE CÔTE D’IVOIRE :<br />
ACTEUR DE LA FONCTION AGESTER OU<br />
SIMPLE PRESTATAIRE DE SERVICE ?<br />
Since April 2004, pursuant to Security Council resolution 1528, the 5 th (FR) Engineer<br />
battalion has deployed an <strong>en</strong>gineer detachm<strong>en</strong>t composed of one road work company<br />
and one logistic company in Côte d’Ivoire.<br />
It is the only Fr<strong>en</strong>ch contribution to UNOCI. After almost 2 years, some lessons-learned<br />
have be<strong>en</strong> id<strong>en</strong>tified, among them one is detailed in the two following articles.<br />
The main point is that, to be effici<strong>en</strong>t, force protection requirem<strong>en</strong>ts have to be considered<br />
as early as possible, i.e. at the beginning of the planning process.<br />
It is not curr<strong>en</strong>tly the case, political and financial reasons are too oft<strong>en</strong> the predominant<br />
ones, and force protection is neglected.<br />
Prés<strong>en</strong>t sur le théâtre ivoiri<strong>en</strong> depuis<br />
avril 2004, le détachem<strong>en</strong>t du <strong>génie</strong> <strong>français</strong>,<br />
majoritairem<strong>en</strong>t armé par le 5 e<br />
Régim<strong>en</strong>t du <strong>génie</strong>, représ<strong>en</strong>te la seule<br />
participation <strong>français</strong>e à l’opération des<br />
Nations-Unies <strong>en</strong> Côte d’Ivoire (ONUCI).<br />
Fort de 171 hommes et femmes, le détachem<strong>en</strong>t,<br />
formant corps de 2 e niveau,<br />
a pour mission principale, aux côtés des<br />
sapeurs pakistanais et bangladais, d’appuyer<br />
le déploiem<strong>en</strong>t et de sout<strong>en</strong>ir le<br />
stationnem<strong>en</strong>t des forces onusi<strong>en</strong>nes,<br />
fortes de 7200 soldats. Mais dans un<br />
contexte politico-<strong>militaire</strong> instable et à<br />
l’av<strong>en</strong>ir incertain, la sauvegarde et la<br />
protection de la force multinationale font<br />
partie des principales priorités du DET-<br />
GEN ONUCI.<br />
- 57 -<br />
<strong>Le</strong> 3 e mandat du détachem<strong>en</strong>t du <strong>génie</strong> a<br />
été très souv<strong>en</strong>t confronté à la problématique<br />
suivante : réaliser un dispositif passif<br />
de sauvegarde et de protection sur<br />
une infrastructure choisie unilatéralem<strong>en</strong>t<br />
(sans concertation avec les <strong>militaire</strong>s)<br />
par les fonctionnaires de l’ONUCI,<br />
sur des critères économiques et politiques.<br />
<strong>Le</strong>ur seul et unique but étant d’attribuer<br />
rapidem<strong>en</strong>t une zone aux différ<strong>en</strong>ts<br />
bataillons et de dicter les travaux à<br />
réaliser sans schéma directeur clair ni<br />
vision à moy<strong>en</strong> terme du besoin. <strong>Le</strong>s réalisations<br />
confiées aux unités de travaux<br />
incluai<strong>en</strong>t rarem<strong>en</strong>t les ouvrages de sauvegarde<br />
et protection, les matériaux<br />
nécessaires à leur réalisation étant par<br />
ailleurs prés<strong>en</strong>ts <strong>en</strong> très faible quantité.
Pourtant les expéri<strong>en</strong>ces passées<br />
aurai<strong>en</strong>t dû s<strong>en</strong>sibiliser les autorités<br />
onusi<strong>en</strong>nes quant à l’importance de ce<br />
type de travaux. <strong>Le</strong>s derniers événem<strong>en</strong>ts<br />
de janvier 2006 sont là pour<br />
mettre <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce cette problématique.<br />
En effet, sur le théâtre ivoiri<strong>en</strong>,<br />
trop rares sont les dispositifs onusi<strong>en</strong>s<br />
offrant un dispositif de sûreté satisfaisante.<br />
<strong>Le</strong>s installations aux vues et aux<br />
coups directs du premier v<strong>en</strong>u sont<br />
incapables de résister à la moindre<br />
pression d’émeutiers : « bastion<br />
walls » <strong>en</strong> guise de poste de combat et<br />
concertinas pour matérialiser les<br />
limites du camp constitu<strong>en</strong>t souv<strong>en</strong>t le<br />
seul rempart.<br />
S A P E U R<br />
<strong>Le</strong>s émeutes de janvier se sont calmées<br />
d’elles-mêmes et tout s’est bi<strong>en</strong> terminé<br />
pour cette fois. Certes « <strong>Le</strong> contrôle de<br />
foule est un combat d’attitude » comme<br />
le déclare le lieut<strong>en</strong>ant Edouard, chef de<br />
section de combat du Régim<strong>en</strong>t de<br />
Marche du Tchad, déployé pour r<strong>en</strong>forcer<br />
la déf<strong>en</strong>se de l’état-major onusi<strong>en</strong> à<br />
Abidjan, mais l’exist<strong>en</strong>ce d’un bon dispositif<br />
passif offrant une bonne assise de<br />
déf<strong>en</strong>se permet d’économiser le pot<strong>en</strong>tiel<br />
humain et r<strong>en</strong>force l’image volontariste<br />
de la force. À moins de faire fi des<br />
règles d’<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t.<br />
Ces événem<strong>en</strong>ts serviront-ils de leçon pour<br />
l’av<strong>en</strong>ir? Il est à craindre que non car cette<br />
- 58 -<br />
problématique se répétera <strong>en</strong>core souv<strong>en</strong>t<br />
tant que l’on n’admettra pas que le sapeur<br />
doit être intégré dès la phase de conception,<br />
dès la première reconnaissance de<br />
terrain. De plus, la fonction AGESTER est<br />
une fonction qui exige d’énormes moy<strong>en</strong>s<br />
techniques, humains et financiers ainsi que<br />
les fameux délais du sapeur. Elle demande<br />
concertation, réflexion et technicité qui exig<strong>en</strong>t<br />
la participation de spécialistes dès la<br />
g<strong>en</strong>èse d’une opération. Sur le théâtre, il<br />
est impératif que le sapeur soit <strong>en</strong> mesure<br />
de donner son avis technique et de transmettre<br />
ses besoins <strong>en</strong> matériaux, afin que<br />
les mêmes erreurs ne se reproduis<strong>en</strong>t pas<br />
avant l’arrivée év<strong>en</strong>tuelle des 3000 r<strong>en</strong>forts<br />
demandés par l’ONUCI.
<strong>Le</strong> capitaine MACHELON a été projeté au<br />
sein du détachem<strong>en</strong>t <strong>français</strong> du <strong>génie</strong><br />
de l’ONU <strong>en</strong> Côte d’Ivoire, <strong>en</strong> tant que<br />
Chef de l’équipe de reconnaissance travaux,<br />
d’octobre 2005 à avril 2006. Des<br />
missions de sauvegarde et de protection<br />
des forces ont été confiées à ce détachem<strong>en</strong>t.<br />
Ses réalisations et l’expéri<strong>en</strong>ce<br />
des événem<strong>en</strong>ts qui sont surv<strong>en</strong>us sur<br />
le territoire <strong>en</strong> janvier 2006 ont montré<br />
que le plan de déf<strong>en</strong>se des implantations<br />
de la force était un point clé de la sauvegarde<br />
et de la protection. Pour être pleinem<strong>en</strong>t<br />
efficace, l’action du <strong>génie</strong> doit se<br />
situer dès l’amont de l’installation des<br />
troupes. <strong>Le</strong>s travaux <strong>en</strong>gagés doiv<strong>en</strong>t<br />
être adaptés à la m<strong>en</strong>ace et leur impact<br />
sur la mission de mainti<strong>en</strong> de la paix est<br />
ess<strong>en</strong>tiel.<br />
ANTICIPER<br />
* *<br />
*<br />
Début 2006, au cours d’une reconnaissance<br />
à Guiglo dans l’ouest de la<br />
République de Côte d’Ivoire, l’équipe a<br />
constaté de graves faiblesses dans la<br />
S A P E U R<br />
protection de l’emprise. 15 jours plus<br />
tard le camp est abandonné sous la pression<br />
des jeunes patriotes qui perd<strong>en</strong>t<br />
5 tués à cette occasion.<br />
<strong>Le</strong> bataillon concerné occupait une zone<br />
de 8 hectares située <strong>en</strong> c<strong>en</strong>tre-ville, att<strong>en</strong>ante<br />
à une place de marché et longée<br />
par plusieurs axes urbains. Protégée par<br />
un rouleau de ribard et quatre postes<br />
d’observation, ce dispositif déf<strong>en</strong>sif s’est<br />
révélé nettem<strong>en</strong>t insuffisant. Suite à<br />
notre reconnaissance, des travaux correctifs<br />
avai<strong>en</strong>t été demandés nécessitant<br />
de gros moy<strong>en</strong>s sans que pour autant<br />
cela change la situation géographique<br />
défavorable. Bi<strong>en</strong> sûr, il était délicat et<br />
coûteux de déménager l’emprise vers un<br />
lieu plus resserré et plus isolé. Une fois<br />
installé, il est difficile de déplacer un<br />
camp tant pour des raisons matérielles<br />
que politiques. <strong>Le</strong> choix initial de l’emprise<br />
est donc primordial.<br />
Inversem<strong>en</strong>t, am<strong>en</strong>és <strong>en</strong>suite à effectuer<br />
une reconnaissance <strong>en</strong> vue de réaliser le<br />
déploiem<strong>en</strong>t du bataillon marocain à<br />
Sakassou au nord de la zone de<br />
- 59 -<br />
confiance dans la région de Bouaké,<br />
nous avons pu interv<strong>en</strong>ir <strong>en</strong> amont de<br />
l’installation de la troupe. <strong>Le</strong> choix du<br />
site a pu donc respecter les impératifs<br />
d’une emprise compacte, éloignée du<br />
c<strong>en</strong>tre-ville, disposant d’un accès principal<br />
et d’un accès secondaire, <strong>en</strong>tourée<br />
d’un mur d’<strong>en</strong>ceinte et d’un possible<br />
« no man’s land ».<br />
<strong>Le</strong> souci légitime du bi<strong>en</strong>-être des<br />
troupes, ne doit pas prédominer dans le<br />
choix de l’emprise. D’ailleurs les élém<strong>en</strong>ts<br />
de confort ne sont pas intrinsèquem<strong>en</strong>t<br />
liés à la situation de la zone<br />
d’installation, <strong>en</strong> revanche la sécurité<br />
l’est. L’électricité est <strong>en</strong> général fournie<br />
par des groupes électrogènes, l’eau est<br />
stockée dans des bacs souples et distribuée<br />
par des motopompes, les sanitaires<br />
et les logem<strong>en</strong>ts sont installés<br />
dans des structures préfabriquées type<br />
CORIMEC. Anticiper <strong>en</strong> intégrant le<br />
choix d’un site adapté est donc le maître<br />
mot dans le cadre de la mission de protection<br />
des forces.<br />
**<br />
*
S’ADAPTER À LA MENACE ET À LA<br />
MISSION<br />
Une fois l’emprise choisie vi<strong>en</strong>t le<br />
deuxième temps de la réflexion : adapter<br />
la déf<strong>en</strong>se à la mission de mainti<strong>en</strong> de<br />
la paix et à la m<strong>en</strong>ace id<strong>en</strong>tifiée.<br />
Repr<strong>en</strong>ons l’exemple de Guiglo précédemm<strong>en</strong>t<br />
cité. La région de la Moy<strong>en</strong>ne<br />
Cavilly - capitale Guiglo - fut le théâtre<br />
d’affrontem<strong>en</strong>ts au début du conflit. <strong>Le</strong>s<br />
milices de jeunes patriotes rest<strong>en</strong>t<br />
<strong>en</strong>core actives dans cette zone. En<br />
conséqu<strong>en</strong>ce, la m<strong>en</strong>ace à pr<strong>en</strong>dre <strong>en</strong><br />
compte ne se limite pas au risque de vol<br />
mais doit inclure le contrôle d’une foule<br />
viol<strong>en</strong>te et hostile qui peut se mobiliser<br />
rapidem<strong>en</strong>t. Cette abs<strong>en</strong>ce d’adéquation<br />
<strong>en</strong>tre la m<strong>en</strong>ace et le plan de déf<strong>en</strong>se de<br />
l’emprise de Guiglo a eu les conséqu<strong>en</strong>ces<br />
que l’on connaît.<br />
Rev<strong>en</strong>ons à l’exemple des travaux <strong>en</strong>visagés<br />
à Sakassou : un no man’s land va<br />
être créé devant le mur d’<strong>en</strong>ceinte grâce<br />
à 3 rouleaux de ribard, des postes d’observation<br />
et de combat vont être<br />
construits. À l’<strong>en</strong>trée principale des<br />
S A P E U R<br />
chicanes et un poste de sécurité durci<br />
seront réalisés. La zone vie, quant à elle,<br />
située hors des vues des passants, n’est<br />
pas voisine d’un axe de circulation longeant<br />
le camp. La m<strong>en</strong>ace v<strong>en</strong>ant de<br />
manifestants équipés d’armes légères a<br />
été prise <strong>en</strong> compte et le plan de déf<strong>en</strong>se<br />
du camp adapté <strong>en</strong> conséqu<strong>en</strong>ce. <strong>Le</strong><br />
camp ne sera pas pour autant durci<br />
contre une attaque de plus haute<br />
int<strong>en</strong>sité peu probable actuellem<strong>en</strong>t.<br />
Cep<strong>en</strong>dant, le caractère resserré et<br />
exc<strong>en</strong>tré du camp permettra si la situation<br />
l’exige de r<strong>en</strong>forcer le plan de<br />
déf<strong>en</strong>se. Être <strong>en</strong> mesure d’adapter son<br />
plan de déf<strong>en</strong>se à la m<strong>en</strong>ace est donc un<br />
prérequis à la réussite de la mission.<br />
Quel impact les mesures de sauvegarde<br />
et de protection d’un détachem<strong>en</strong>t ontelles<br />
sur sa mission de mainti<strong>en</strong> de la<br />
paix ? Une emprise dotée d’un plan de<br />
déf<strong>en</strong>se adapté et cohér<strong>en</strong>t donne de la<br />
crédibilité et du poids aux forces impartiales.<br />
En effet, une troupe bi<strong>en</strong> déf<strong>en</strong>due<br />
sait être dissuasive sans être agressive<br />
vis-à-vis des populations dans le<br />
cadre d’une mission de mainti<strong>en</strong> de la<br />
- 60 -<br />
paix. Par ailleurs, un dispositif surprotégé<br />
au regard de la m<strong>en</strong>ace inquiéterait<br />
les populations au lieu de les rassurer.<br />
Il importe donc d’adapter ces travaux<br />
aux justes besoins de la protection des<br />
troupes face à la m<strong>en</strong>ace la plus probable.<br />
**<br />
*<br />
En conclusion, la sauvegarde et la protection<br />
des forces est une nécessité qu’il<br />
faut anticiper et adapter à la situation et<br />
à la mission. Cet équilibre est lourd de<br />
conséqu<strong>en</strong>ce et <strong>en</strong>gage la responsabilité<br />
du chef tant à l’égard de la sécurité de<br />
ses subordonnés qu’à propos de la réussite<br />
de la mission. Cep<strong>en</strong>dant, les événem<strong>en</strong>ts<br />
de janvier ont aussi et surtout<br />
prouvé l’importance de l’implication des<br />
troupes dans leur déf<strong>en</strong>se. En effet, les<br />
Sénégalais à San Pedro face à des manifestations<br />
hostiles ont t<strong>en</strong>u leur position.<br />
Enfin, G<strong>en</strong>gis Khan disait bi<strong>en</strong> à propos<br />
de la muraille de Chine : « <strong>Le</strong> mur<br />
dép<strong>en</strong>d moins de sa hauteur que de la<br />
valeur des déf<strong>en</strong>seurs ».
Chef de bataillon<br />
Frédéric<br />
MERCURY<br />
Saint-Cyri<strong>en</strong> promotion Lieut<strong>en</strong>ant Tom<br />
Morel (87-90)<br />
A servi au 6 e R.E.G. puis a commandé<br />
une compagnie de combat au 2 e R.G.<br />
Titulaire du DT TOI <strong>en</strong> 2001.<br />
A servi à l’EG de Châlons-<strong>en</strong>-Champagne.<br />
Actuellem<strong>en</strong>t instructeur « conduite<br />
d’opération » à l’ESAG.<br />
OPEX et MCD : C<strong>en</strong>trafrique 1992,<br />
Cambodge 1993, Bosnie 1994, Gabon<br />
2002, Kosovo 2004.<br />
S A P E U R<br />
CONCEPT ISOPEX<br />
ET SAUVEGARDE-PROTECTION<br />
In 1999, a combined working group produced the ISOPEX concept, that aimed to standardize<br />
the g<strong>en</strong>eral conception and the realization of a 1000 m<strong>en</strong> camp in a theatre of<br />
operation. The main target of this working group was to provide facilities <strong>en</strong>abling the<br />
forces to survive in good conditions in order to operate.<br />
The force protection aspects were concerned by a all chapter of the ISOPEX concept,<br />
but they were never really tak<strong>en</strong> in account, and no major evolution could be observed<br />
in this domain after 6 years of perman<strong>en</strong>t deploym<strong>en</strong>t of Fr<strong>en</strong>ch forces in operations.<br />
This article deals with some s<strong>en</strong>sitive points in force protection and survivability<br />
during long term operations.<br />
En 1999, un groupe de travail interarmes<br />
a donné naissance au concept ISOPEX. Il<br />
s’agissait de « définir la conception<br />
générale et la réalisation de l’infrastructure<br />
d’un camp pour une force de 1000<br />
hommes » afin de répondre à la problématique<br />
du stationnem<strong>en</strong>t longue durée<br />
de forces armées <strong>en</strong>gagées dans des<br />
opérations de mainti<strong>en</strong> de la paix.<br />
<strong>Le</strong> souci premier de ce groupe de travail<br />
était de « déployer et d'installer des<br />
troupes dans des conditions de vie<br />
indisp<strong>en</strong>sables à la conservation des<br />
effectifs » 1 .<br />
<strong>Le</strong> docum<strong>en</strong>t publié <strong>en</strong> novembre 1999<br />
n’a jamais été approuvé. Néanmoins le<br />
concept a été appliqué sur plusieurs<br />
théâtres et notamm<strong>en</strong>t au KOSOVO.<br />
Toutes les difficultés techniques ont été<br />
résolues pour obt<strong>en</strong>ir maint<strong>en</strong>ant d’excell<strong>en</strong>ts<br />
résultats pour le confort des<br />
troupes <strong>en</strong> campagne et parfois même<br />
l’esthétique des bâtim<strong>en</strong>ts.<br />
Curieusem<strong>en</strong>t la sauvegarde-protection<br />
qui fait pourtant l’objet d’un sousdossier<br />
complet dans le docum<strong>en</strong>t<br />
n’a vu aucune évolution majeure se<br />
dessiner sur le terrain.<br />
Cet article voudrait apporter un éclairage<br />
<strong>génie</strong> sur quelques points s<strong>en</strong>sibles de<br />
la sauvegarde-protection des troupes<br />
afin qu’ils soi<strong>en</strong>t mieux pris <strong>en</strong> compte<br />
sur les théâtres.<br />
LA PROTECTION DES PERSONNELS<br />
Sur le plan technique et pour le confort<br />
du soldat <strong>en</strong> opération, l’élaboration du<br />
concept ISOPEX a mis <strong>en</strong> exergue le<br />
sous-équipem<strong>en</strong>t de l’armée <strong>français</strong>e<br />
dans le domaine du stationnem<strong>en</strong>t<br />
<strong>en</strong> opération. Ainsi depuis 1999, les<br />
programmes d’équipem<strong>en</strong>t ont intégré<br />
des marchés variés allant du bungalow<br />
d’habitation jusqu’à la station d’épuration<br />
<strong>en</strong> kit, <strong>en</strong> passant par des cuves de<br />
réserve d’eau ou des c<strong>en</strong>trales électriques.<br />
Tous ces matériels sont achetés<br />
et pré-positionnés <strong>en</strong> métropole pour un<br />
départ immédiat à la demande, <strong>en</strong> cas<br />
de besoin (c’est notamm<strong>en</strong>t le cas de<br />
gros matériels électriques qui demand<strong>en</strong>t<br />
des délais de livraison importants).<br />
Curieusem<strong>en</strong>t les moy<strong>en</strong>s de protection<br />
des forces rest<strong>en</strong>t classiques et les évolutions<br />
depuis les « années SARAJEVO »<br />
n’ont pas été décisives. Il est vrai que<br />
pour les héritiers de Vauban, la BOSNIE<br />
a été un formidable laboratoire de la<br />
protection, mais on aurait pu, à juste<br />
titre, <strong>en</strong> att<strong>en</strong>dre des évolutions<br />
majeures. En bref, nous sommes passés<br />
de l’ère du sac à terre à celle du « bastion<br />
wall » sans véritable changem<strong>en</strong>t des<br />
pratiques sur le terrain.<br />
La protection recouvre « toutes les<br />
mesures et moy<strong>en</strong>s destinés à minimiser<br />
la vulnérabilité du personnel ou des<br />
installations par rapport à toutes les<br />
1) Objectifs du mandat :<br />
- établir le dossier de définition d'une infrastructure de stationnem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> opération extérieure (ISOPEX);<br />
- effectuer l'inv<strong>en</strong>taire des études et programmes d'équipem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> cours ou programmés;<br />
- rec<strong>en</strong>ser les moy<strong>en</strong>s existants.<br />
- 61 -
m<strong>en</strong>aces ». c’est ainsi que le groupe de<br />
travail ISOPEX a ret<strong>en</strong>u une liste de<br />
m<strong>en</strong>aces applicables à la plupart des<br />
théâtres ; face à ces m<strong>en</strong>aces le maîtremot<br />
de la protection réside dans l’utilisation<br />
du « bastion wall » dans toutes<br />
les configurations possibles. <strong>Le</strong> dossier<br />
donne un large choix de construction et<br />
de protection à base de ce système. Pour<br />
autant, on est surpris de la pauvreté de<br />
nos protections sur certains théâtres et<br />
le travail du sapeur nécessite parfois de<br />
revoir la mise <strong>en</strong> œuvre de principes de<br />
base. En effet, face à des « immeubles »<br />
de bungalows ori<strong>en</strong>tés par rapport au<br />
soleil et à la vue panoramique du paysage<br />
(cf. camp du BELVÉDÈRE, KOSOVO),<br />
le sapeur aura quelques difficultés à<br />
persuader le chef interarmes de<br />
construire des murs de « bastion wall ».<br />
Dans le même ordre d’idée, que<br />
devi<strong>en</strong>drait l’esthétique de la façade<br />
vitrée d’un PC protégée par une muraille<br />
de sacs à terre…<br />
PC <strong>français</strong> à NOVO SELO.<br />
La façade vitrée protège une coursive<br />
de plusieurs dizaines de mètres de long<br />
contre les éclats… de rire !<br />
<strong>Le</strong> sapeur, conseiller du commandem<strong>en</strong>t,<br />
aura soin de vérifier l’application<br />
des mesures élém<strong>en</strong>taires de protection<br />
autant que l’efficacité et la solidité des<br />
postes d’observation et de combat.<br />
Ainsi avant de vouloir tout résoudre à<br />
coup de m 3 de « bastion wall », on aura<br />
soin de choisir les emplacem<strong>en</strong>ts des<br />
zones vie (habitations, mess) et des<br />
zones de commandem<strong>en</strong>t (c<strong>en</strong>tre opération,<br />
transmission) afin de les abriter des<br />
vues et des coups directs par la végéta-<br />
S A P E U R<br />
tion, les bâtim<strong>en</strong>ts existants 2 ou le relief 3 .<br />
Concernant les tirs indirects, chaque<br />
baraquem<strong>en</strong>t ne pouvant être protégé<br />
individuellem<strong>en</strong>t, la solution à ret<strong>en</strong>ir<br />
est celle de l’abri <strong>en</strong>terré proche d’un<br />
<strong>en</strong>semble de bungalows.<br />
Camp américain de BONDSTEEL (KOSOVO).<br />
Entrée d’un bunker <strong>en</strong>terré prévu pour 80 hommes<br />
<strong>en</strong>tre deux baraquem<strong>en</strong>ts logem<strong>en</strong>t.<br />
<strong>Le</strong>s baraquem<strong>en</strong>ts <strong>en</strong> bois ont été achetés <strong>en</strong> kit <strong>en</strong> Autriche.<br />
Sans adopter les solutions lourdes à<br />
l’américaine, on peut aisém<strong>en</strong>t imaginer<br />
des containers <strong>en</strong>terrés (dans ce cas ses<br />
parois devront être r<strong>en</strong>forcées) ou des<br />
constructions <strong>en</strong> « bastion wall » <strong>en</strong> surface<br />
comme préconisées dans le dossier<br />
ISOPEX.<br />
LA SAUVEGARDE<br />
À la suite des événem<strong>en</strong>ts de mars 2004 au<br />
KOSOVO, le général (GE) KAMMERHOFF,<br />
commandant la KFOR, a demandé la<br />
constitution d’un groupe de travail pour<br />
- 62 -<br />
étudier le r<strong>en</strong>forcem<strong>en</strong>t de la protection<br />
du camp de « Film City » abritant le PC<br />
de cette force. Ses directives incluai<strong>en</strong>t,<br />
non seulem<strong>en</strong>t l’étude des points faibles<br />
du camp, mais aussi la sécurisation des<br />
réseaux de distribution d’eau potable et<br />
d’électricité. De plus, une étude particulière<br />
devait aboutir à l’autonomie complète<br />
du camp <strong>en</strong> eau et <strong>en</strong> électricité.<br />
Cet exemple montre bi<strong>en</strong> la préoccupation<br />
du commandem<strong>en</strong>t par rapport à la<br />
vulnérabilité de deux vecteurs vitaux<br />
d’une force : l’eau et l’électricité.<br />
L’EAU : L’eau est un fluide s<strong>en</strong>sible car il<br />
peut dev<strong>en</strong>ir facilem<strong>en</strong>t un vecteur de<br />
propagation d’épidémies ou de substances<br />
toxiques utilisées par des terroristes.<br />
<strong>Le</strong> sapeur, conseiller du commandem<strong>en</strong>t,<br />
ne doit pas manquer de chercher<br />
la solution qui permettra d’effectuer<br />
le cycle complet de l’eau (forage, traitem<strong>en</strong>t,<br />
stockage, distribution, épuration<br />
des eaux usées) sans avoir recours à une<br />
<strong>en</strong>treprise ou à un système local. <strong>Le</strong><br />
schéma préconisé par le groupe de travail<br />
ISOPEX admet l’hypothèse d’une<br />
arrivée d’eau extérieure. Ce mode de<br />
fonctionnem<strong>en</strong>t ne doit pas dev<strong>en</strong>ir la<br />
norme car la dép<strong>en</strong>dance dans le<br />
domaine de l’eau est un facteur de vulnérabilité.<br />
Plan du camp 1000 hommes. Réseau de distribution de l’eau.<br />
2) C’est le cas du camp de PLANA, KOSOVO où les bungalows ont été construits au milieu de bâtim<strong>en</strong>ts existants.<br />
3) Sur le camp américain de BONDSTEEL l’<strong>en</strong>semble de la zone vie est judicieusem<strong>en</strong>t protégé des coups directs par le relief ; il est vrai que la<br />
surface du camp le permet…<br />
4) On est parfois surpris de voir le nombre important de personnels locaux qui travaill<strong>en</strong>t dans les camps des forces de mainti<strong>en</strong> de la paix. S’ils sont<br />
une manière de montrer notre intégration dans le tissu social d’un pays ils rest<strong>en</strong>t néanmoins une source de r<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t pour les belligérants<br />
et une m<strong>en</strong>ace pot<strong>en</strong>tielle pour nos installations.
Actuellem<strong>en</strong>t le <strong>génie</strong> peut, avec les<br />
matériels <strong>en</strong> dotation, accomplir cette<br />
mission. Néanmoins le coût du traitem<strong>en</strong>t<br />
pour un conting<strong>en</strong>t de 1000<br />
hommes (150m 3 /jour) peut s’avérer, suivant<br />
la qualité de l’eau puisée, extrêmem<strong>en</strong>t<br />
élevé. Selon le concept ISOPEX,<br />
les Unités Mobile de Traitem<strong>en</strong>t de l’Eau<br />
et les MATEM sont normalem<strong>en</strong>t utilisés<br />
uniquem<strong>en</strong>t pour les phases de montée<br />
<strong>en</strong> puissance ou de démantèlem<strong>en</strong>t. En<br />
régime normal, la potabilisation de l’eau<br />
se fait avec des matériels civils achetés<br />
« sur étagère » comme cela a été joué au<br />
Kosovo ! Il sera alors nécessaire d’éviter<br />
le puisage d’eaux superficielles et d’essayer,<br />
si possible, de rechercher des<br />
nappes souterraines suffisamm<strong>en</strong>t profondes<br />
assurant une qualité minimale ;<br />
dans le cas cité plus haut, l’état-major de<br />
la KFOR a ret<strong>en</strong>u cette solution et dès le<br />
mois de Juin 2004 une équipe d’hydrogéologues<br />
du <strong>génie</strong> allemand 5 est v<strong>en</strong>u<br />
prospecter sur le camp de « Film City ».<br />
<strong>Le</strong> reste du cycle, et notamm<strong>en</strong>t l’épuration<br />
des eaux usées, est bi<strong>en</strong> maîtrisé<br />
par les sapeurs du service d’infrastructure<br />
de la déf<strong>en</strong>se qui travaill<strong>en</strong>t naturellem<strong>en</strong>t<br />
<strong>en</strong> étroite collaboration avec les<br />
spécialistes de l’infrastructure opérationnelle<br />
des unités <strong>génie</strong> des forces.<br />
L’épuration de l’eau apparaît souv<strong>en</strong>t<br />
comme une contrainte démesurée dans<br />
des pays détruits qui ne peuv<strong>en</strong>t pas<br />
pr<strong>en</strong>dre soin de l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t. Pour<br />
autant, l’image et la réputation d’une<br />
force se jug<strong>en</strong>t aussi par ce g<strong>en</strong>re d’obligations<br />
et les médias ne manquerai<strong>en</strong>t<br />
pas d’exploiter une faille dans ce<br />
domaine.<br />
L’ÉLECTRICITÉ : dans le domaine électrique,<br />
le principe de l’autonomie complète<br />
des camps n’est pas remis <strong>en</strong><br />
cause et a été adopté par le groupe de<br />
travail ISOPEX.<br />
Même si la possibilité de se fournir <strong>en</strong><br />
électricité sur le réseau local est évoquée<br />
<strong>en</strong> variante n° 2, les forces devront<br />
pouvoir, <strong>en</strong> toutes circonstances, subv<strong>en</strong>ir<br />
à leurs propres besoins par des<br />
groupes électrogènes. La puissance pré-<br />
S A P E U R<br />
conisée pour un camp 1000 hommes est<br />
fournie par 8 groupes de 400 kW dont 6<br />
fonctionn<strong>en</strong>t <strong>en</strong> perman<strong>en</strong>ce <strong>en</strong> régime<br />
normal d’où une puissance disponible<br />
d’<strong>en</strong>viron 2,4 MW (pour des raisons budgétaires<br />
les lots <strong>génie</strong> ne comport<strong>en</strong>t<br />
que 6 groupes au lieu de 8 prévus).<br />
À noter que l’indép<strong>en</strong>dance électrique<br />
n’est pas forcém<strong>en</strong>t liée à un <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t<br />
hostile ; pour exemple, le raccordem<strong>en</strong>t<br />
électrique du camp de « Film City »<br />
sur le réseau local aurait privé de courant<br />
plusieurs villages aux al<strong>en</strong>tours.<br />
En terme d’image, ce raccordem<strong>en</strong>t,<br />
inacceptable pour le commandem<strong>en</strong>t,<br />
n’a jamais été effectué.<br />
Ainsi la variante n° 1 du concept ISOPEX<br />
paraît très réaliste et est d’ailleurs, préconisée<br />
par la plupart des spécialistes<br />
électromécanici<strong>en</strong>s : une seule c<strong>en</strong>trale<br />
d’énergie sur un seul site, couplage de<br />
tous les groupes pour une production<br />
sur une seule boucle (distribution de<br />
préfér<strong>en</strong>ce <strong>en</strong> haute t<strong>en</strong>sion pour diminuer<br />
les chutes de t<strong>en</strong>sion) ; néanmoins,<br />
ce choix conc<strong>en</strong>tre les moy<strong>en</strong>s sur un<br />
seul site et r<strong>en</strong>d vulnérable la production<br />
d’énergie. Il est cep<strong>en</strong>dant possible<br />
d’imaginer une production sur plusieurs<br />
sites mais pour des raisons techniques<br />
de couplage, la boucle sera « compartim<strong>en</strong>tée<br />
» par des cellules de coupure ;<br />
ainsi <strong>en</strong> cas de défaillance ou d’attaque<br />
d’une c<strong>en</strong>trale, la charge électrique minimale<br />
pour le fonctionnem<strong>en</strong>t des<br />
organes s<strong>en</strong>sibles sera reprise par<br />
l’autre. Ce système peut être doublé par<br />
des groupes de secours répartis sur les<br />
points névralgiques du camp préservant<br />
ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t les organes de commandem<strong>en</strong>t<br />
de la force.<br />
Compte t<strong>en</strong>u des nuisances sonores des<br />
c<strong>en</strong>trales, celles-ci sont, <strong>en</strong> règle générale,<br />
placées <strong>en</strong> périphérie des camps<br />
loin de la zone vie. Cette position <strong>en</strong><br />
acc<strong>en</strong>tue la vulnérabilité. <strong>Le</strong> sapeur<br />
devra donc apporter une att<strong>en</strong>tion toute<br />
particulière à la protection de cet élém<strong>en</strong>t<br />
vital tout <strong>en</strong> évitant un confinem<strong>en</strong>t<br />
complet incompatible avec son<br />
système de refroidissem<strong>en</strong>t par air.<br />
Compte t<strong>en</strong>u du coût des gabions ou des<br />
- 63 -<br />
C<strong>en</strong>trale électrique de NOVO-SELO<br />
(KOSOVO)<br />
« bastion wall » on se cont<strong>en</strong>te facilem<strong>en</strong>t<br />
de la solution des merlons.<br />
Ces derniers pr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t beaucoup de<br />
place et demand<strong>en</strong>t un <strong>en</strong>treti<strong>en</strong> périodique<br />
(rechargem<strong>en</strong>t et tassem<strong>en</strong>t).<br />
L’utilisation de murs de béton (murs<br />
<strong>en</strong> « T ») ou de gabions devra être préconisée<br />
<strong>en</strong> priorité.<br />
En phase de déploiem<strong>en</strong>t, les électromécanici<strong>en</strong>s<br />
sont capables de gérer la production<br />
et la distribution de l’énergie<br />
avec les lots <strong>en</strong> dotation. En revanche,<br />
pour une installation longue durée, les<br />
matériels de dotation sont remplacés<br />
par des groupes fournis, posés et <strong>en</strong>tret<strong>en</strong>us<br />
par des <strong>en</strong>treprises civiles qui,<br />
même si elles sont <strong>français</strong>es,<br />
emploi<strong>en</strong>t souv<strong>en</strong>t des autochtones.<br />
<strong>Le</strong> dossier ISOPEX est une réponse de<br />
spécialiste à un mandat technique pr<strong>en</strong>ant<br />
<strong>en</strong> compte des données chiffrées. <strong>Le</strong><br />
sapeur, <strong>en</strong> tant que conseiller du commandem<strong>en</strong>t,<br />
doit connaître ce concept et<br />
le garder <strong>en</strong> fil conducteur de son étude<br />
<strong>génie</strong>. En revanche, il doit impérativem<strong>en</strong>t<br />
l’adapter au terrain et aux m<strong>en</strong>aces.<br />
Mais son souci perman<strong>en</strong>t sera aussi<br />
d’appeler l’att<strong>en</strong>tion du commandem<strong>en</strong>t<br />
sur les manquem<strong>en</strong>ts, les défaillances<br />
ou les améliorations à apporter à un système<br />
de protection.<br />
Ce n’est pas la technique qui commande<br />
mais le terrain; aussi devra-t-il trouver la<br />
réponse adaptée à l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t tactique.<br />
Selon le principe « la sueur épargne le<br />
sang », aucune concession ne peut être<br />
admise dans ce domaine.<br />
5) <strong>Le</strong> <strong>génie</strong> <strong>français</strong> ne possède pas de spécialiste <strong>en</strong> recherche de nappes souterraines. Néanmoins, il serait illusoire de croire que l'on puisse trouver<br />
de l'eau sous chaque camp. La solution du forage extérieur sécurisé sera souv<strong>en</strong>t ret<strong>en</strong>ue. En outre, la recherche hydrologique demande non<br />
seulem<strong>en</strong>t des spécialistes mais aussi du matériel de prospection… En international, les Allemands et les Anglais, voire les Américains avec leurs<br />
réservistes, ont ce qu'il faut.
S A P E U R<br />
- 64 -
Capitaine<br />
Patrick<br />
FOUQUET<br />
Issu de l’EMIA, promotion LTN<br />
SCHAFFAR (1995-1997), le capitaine<br />
FOUQUET a été chef de section au<br />
17 e RGP de 1998 à 2001 puis au<br />
1 er bataillon de l’École Spéciale<br />
Militaire de Saint-Cyr de 2001 à<br />
2003. Il a commandé la 1 re compagnie<br />
de combat du 6 e RG de 2003 à<br />
2005. Il est depuis officier traitant au<br />
bureau opérations toujours à<br />
Angers.<br />
Il a participé aux opérations<br />
<strong>en</strong> République C<strong>en</strong>trafricaine<br />
(MINURCA-1998), Albanie (1999)<br />
et Côte d’Ivoire (mandat 7-2004)<br />
et à une mission de courte durée<br />
<strong>en</strong> Martinique (2004).<br />
S A P E U R<br />
MONTAGE D’UN POSTE DE COMBAT<br />
DE TYPE HESCO BASTION<br />
Engineering units have to face two major problems, namely time and equipm<strong>en</strong>t.<br />
Particularly wh<strong>en</strong> it’s about building a fighting compartm<strong>en</strong>t. In 2005, the 3rd company<br />
of the 6th <strong>en</strong>gineer regim<strong>en</strong>t tried to cope with the matter by using a fighting compartm<strong>en</strong>t<br />
HESCO BASTION (ready-to-make). <strong>Le</strong>t us weigh up the pros and cons of the<br />
inv<strong>en</strong>tion.<br />
Of course there are drawbacks. Soldiers don’t appreciate that firing ports are installed<br />
once and for all and therefore can’t be moved. Moreover, right-handed people will<br />
have difficulties to shoot through two firing ports out of three. And obviously, it’s<br />
quite exp<strong>en</strong>sive.<br />
On the other hand, there’s an important b<strong>en</strong>efit of time and people since it takes 3 to 4<br />
hours to build such a fighting compartm<strong>en</strong>t with 2 to 5 sappers. The installation is<br />
easy (the direction for use is drawn) and the result is an effici<strong>en</strong>t shelter, easily put<br />
away. Ev<strong>en</strong>tually, it’s quite handy as it weighs 600 kg and only needs 20 m3 of material<br />
(earth, sand,…).<br />
In a nutshell, qualities of the fighting compartm<strong>en</strong>ts HESCO BASTION will be major<br />
advantages in emerg<strong>en</strong>cy or wh<strong>en</strong> units are first in a dangerous place.<br />
Lors d’une projection, la force est généralem<strong>en</strong>t<br />
dim<strong>en</strong>sionnée au plus juste. La<br />
prés<strong>en</strong>ce <strong>en</strong> son sein d’un détachem<strong>en</strong>t<br />
du <strong>génie</strong> pose plusieurs problèmes :<br />
manque de place, matériels <strong>en</strong>combrants,<br />
micro-parcs d’<strong>en</strong>gins difficiles à<br />
sout<strong>en</strong>ir… Ce détachem<strong>en</strong>t est donc<br />
souv<strong>en</strong>t largem<strong>en</strong>t sous-dim<strong>en</strong>sionné et<br />
son emploi doit être optimisé et r<strong>en</strong>tabilisé.<br />
Pour être efficace rapidem<strong>en</strong>t, il faut<br />
donc pouvoir s’appuyer sur des matériels<br />
simples et disponibles, faciles à<br />
monter voire réutilisables.<br />
- 65 -<br />
<strong>Le</strong> principe d’ouvrages livrés <strong>en</strong> kit par<br />
l’industriel peut alors trouver toute sa<br />
pertin<strong>en</strong>ce.<br />
En 2005, la 3 e compagnie du 6 e régim<strong>en</strong>t<br />
du <strong>génie</strong> a mis <strong>en</strong> œuvre un poste de combat<br />
de type HESCO BASTION. Après un rapide<br />
descriptif du matériel livré et des étapes de<br />
la mise <strong>en</strong> œuvre, cet article cherchera à<br />
faire le point des avancées réalisées ainsi<br />
que du chemin <strong>en</strong>core à parcourir à travers<br />
le bilan proposé par le capitaine GINDRE,<br />
commandant la compagnie à l’époque.
PRÉSENTATION DU MATÉRIEL<br />
L’abri est livré sur une palette pesant<br />
<strong>en</strong>viron 600 kilogrammes. Cette palette<br />
comporte :<br />
• les rangées de Bastions-Wall des 1 er ,<br />
2 e étages et du toit. Chaque élém<strong>en</strong>t<br />
est livré avec une bâche géotextile<br />
pour ret<strong>en</strong>ir la terre ;<br />
• 4 raidisseurs qui permett<strong>en</strong>t de rigidifier<br />
le 1 er étage lors de la mise <strong>en</strong><br />
place du sable ou de la terre ;<br />
• 3 morceaux de tôle ondulée pour le<br />
toit ;<br />
• 1 bâche géotextile imperméable pour<br />
éviter les infiltrations par le toit ;<br />
• 3 meurtrières <strong>en</strong> 2 élém<strong>en</strong>ts avec les<br />
vis et les boulons ;<br />
• 1 dessus-de-porte <strong>en</strong> métal ;<br />
• des élém<strong>en</strong>ts métalliques permettant<br />
de relier le 1 er au 2 e étage ;<br />
• des élém<strong>en</strong>ts de BW pour r<strong>en</strong>forcer la<br />
protection de l’abri contre les tirs de<br />
RPG7.<br />
Pour le montage, le groupe désigné a<br />
besoin de :<br />
• pelles US ;<br />
• pelles de lot de bord ;<br />
• tournevis ;<br />
• marteaux ;<br />
• clés anglaises ;<br />
• clous ;<br />
• pinces.<br />
S A P E U R<br />
Dans l’expérim<strong>en</strong>tation décrite un MPG a<br />
été utilisé mais l’emploi d’un EMAD<br />
(Engin Multifonctions d’Aide au Déploiem<strong>en</strong>t)<br />
serait peut-être plus judicieux.<br />
- 66 -<br />
MONTAGE DE L’ABRI :<br />
<strong>Le</strong> montage nécessite une équipe de<br />
quatre personnes r<strong>en</strong>forcée d’un <strong>en</strong>gin<br />
p<strong>en</strong>dant trois à quatre heures. Schématiquem<strong>en</strong>t,<br />
le montage compr<strong>en</strong>d trois<br />
étapes majeures :<br />
• Construction du 1 er étage : opération<br />
qui consiste <strong>en</strong> un montage de<br />
bastion-wall complété par la mise<br />
<strong>en</strong> place de raidisseurs ;<br />
• Mise <strong>en</strong> place du 2 e étage : opération<br />
qui consiste à mettre <strong>en</strong> place<br />
une deuxième hauteur de bastionwall,<br />
de disposer les meurtrières,<br />
les raidisseurs et les élém<strong>en</strong>ts de<br />
liaison 1er /2e étage ;<br />
• Mise <strong>en</strong> place du 3 e étage : opération<br />
qui consiste <strong>en</strong> la pose d’un<br />
toit surmonté d’une bâche <strong>en</strong> géotextile<br />
puis d’un pourtour <strong>en</strong> petits<br />
élém<strong>en</strong>ts de bastion-wall.
De cette expérim<strong>en</strong>tation, nous pouvons<br />
tirer quelques <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts.<br />
Du point de vue du sapeur, ce type de<br />
matériel permet un gain de temps très<br />
appréciable : un poste de combat habituellem<strong>en</strong>t<br />
monté <strong>en</strong> trois jours par une<br />
section est, avec ce procédé, construit <strong>en</strong><br />
quatre heures par un groupe. Une compagnie<br />
d’infanterie peut alors être protégée<br />
<strong>en</strong> un jour. Facile à monter, simple de<br />
mise <strong>en</strong> œuvre, le poste de combat<br />
HESCO est livré <strong>en</strong> une palette de 600 kilos<br />
cont<strong>en</strong>ant tout le matériel nécessaire à<br />
son montage. Ainsi, il n’est pas besoin de<br />
démarcher les fournisseurs locaux, de<br />
trouver un financem<strong>en</strong>t et de perdre du<br />
temps : le groupe est immédiatem<strong>en</strong>t au<br />
travail et rapidem<strong>en</strong>t utile.<br />
<strong>Le</strong>s délais, souci et contrainte perman<strong>en</strong>ts<br />
du sapeur, sont ainsi maîtrisés.<br />
Simplicité, r<strong>en</strong>tabilité, et rapidité de<br />
S A P E U R<br />
mise <strong>en</strong> œuvre sont autant d’avantages<br />
qui pr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t tout leur s<strong>en</strong>s <strong>en</strong> opération<br />
extérieure, notamm<strong>en</strong>t dans le cadre<br />
d’une <strong>en</strong>trée <strong>en</strong> premier sur le territoire.<br />
- 67 -<br />
Pourtant, le coût du fardeau (3 000 euros),<br />
son relatif <strong>en</strong>combrem<strong>en</strong>t et la fragilité<br />
des matériels sont des paramètres<br />
importants à pr<strong>en</strong>dre <strong>en</strong> compte. Aurat-on<br />
les budgets nécessaires pour monter<br />
des postes autant que de besoin ?<br />
Y aura-t-il suffisamm<strong>en</strong>t de place dans<br />
les avions ou dans les bateaux pour disposer<br />
rapidem<strong>en</strong>t des kits ? Pourra-t-on<br />
monter et démonter les postes autant<br />
de fois que nécessaire <strong>en</strong> fonction des<br />
évolutions de la situation ? Autant de<br />
questions auxquelles il faudra répondre<br />
pour être réellem<strong>en</strong>t efficaces.<br />
Enfin, d’un point de vue purem<strong>en</strong>t<br />
technique, il convi<strong>en</strong>t de noter plusieurs<br />
inconvéni<strong>en</strong>ts : la mauvaise disposition<br />
des meurtrières, la difficulté pour les<br />
tireurs droitiers d’utiliser leur arme,<br />
l’étroitesse du poste. Ces problèmes,<br />
mineurs, peuv<strong>en</strong>t être résolus facilem<strong>en</strong>t.<br />
Au-delà du matériel décrit et expérim<strong>en</strong>té<br />
ici, il est intéressant d’explorer la<br />
piste de ces kits qui peuv<strong>en</strong>t permettre<br />
de r<strong>en</strong>tabiliser et rationaliser l’emploi du<br />
<strong>génie</strong>. En effet, les délais serai<strong>en</strong>t notablem<strong>en</strong>t<br />
revus à la baisse, le sapeur ne<br />
serait pas dép<strong>en</strong>dant de la ressource<br />
locale et de la manne financière disp<strong>en</strong>sée<br />
avec parcimonie par le G4, <strong>en</strong>fin les<br />
effets sur le terrain serai<strong>en</strong>t réversibles<br />
et évolutifs. Dans le cadre des projections,<br />
notamm<strong>en</strong>t des <strong>en</strong>trées <strong>en</strong> premiers<br />
sur les territoires, ces avantages<br />
se transformerai<strong>en</strong>t rapidem<strong>en</strong>t <strong>en</strong><br />
atouts maîtres.<br />
Plus qu’une évolution technique <strong>en</strong>visageable,<br />
c’est une réflexion sur la place<br />
du <strong>génie</strong> <strong>en</strong> opération qui peut ainsi être<br />
ouverte.
S A P E U R<br />
- 68 -
Capitaine<br />
Sébasti<strong>en</strong><br />
GEROUDET<br />
D’origine 15.2, le capitaine GEROUDET<br />
effectue son temps de chef de section au<br />
31 e Régim<strong>en</strong>t du <strong>génie</strong> à Castelsarrasin<br />
de 1998 à 2002.<br />
Il rejoint <strong>en</strong>suite Pointe-à-Pitre, pour un<br />
séjour de deux ans au 2 e Régim<strong>en</strong>t du<br />
service <strong>militaire</strong> adapté.<br />
<strong>Le</strong> capitaine GEROUDET commande la<br />
2 e compagnie de combat du <strong>génie</strong> du<br />
31 e Régim<strong>en</strong>t du <strong>génie</strong> depuis août 2004.<br />
S A P E U R<br />
CÔTE D’IVOIRE :<br />
RETOUR D’EXPÉRIENCE<br />
EN SAUVEGARDE-PROTECTION<br />
The 2nd Eng. Coy part of the 31rd Eng. Bn was committed in Ivory Coast at autumn<br />
2005. His lessons learned provides us some topics to deal with force survivability.<br />
In charge of force base camp survivability improvem<strong>en</strong>t, this Coy had to solve<br />
concerns as regard C2 relations, materials supply, prev<strong>en</strong>tion against intrusions and<br />
local weather conditions.<br />
The task-organization was rather similar with the <strong>en</strong>gineer concept of maneuver. That<br />
means that the platoons were officially as G<strong>en</strong>eral Support units, due to the very low<br />
str<strong>en</strong>gth effectiv<strong>en</strong>ess of the Eng compon<strong>en</strong>t in Ivory Coast. In fact, the very important<br />
distance betwe<strong>en</strong> the supported unites (up to 300 kmts) imposed them to work as<br />
Direct Support, with an Eng. adviser located at the supported unit CP.<br />
Only a few « conv<strong>en</strong>tional materials », as depicted in survivability manuals, were available<br />
on place. So, it was necessary to find alternative solutions. As a first step, to see<br />
oppon<strong>en</strong>ts approaches, a no man’s land was created and <strong>en</strong>hanced with digs. Th<strong>en</strong> the<br />
combat posts were raised. For building foundations, the most accurate asset was curved<br />
iron sheets. Cheap and easily available, they were arc-welded to build a kind of<br />
tower. Against burglars or te<strong>en</strong>agers intrusion, barbed-wire was emplaced on the top<br />
of the walls. The sand bags were filled with ground providing a less protection against<br />
shoots but a better stability wh<strong>en</strong> wet.<br />
The main conclusion as regard the lessons learned is that the <strong>en</strong>gineer units are not<br />
<strong>en</strong>ough tasked on their own capabilities. The sapper skills are various and sophisticated.<br />
So, it’s impossible to prepare units and soldiers before their commitm<strong>en</strong>t on every<br />
case that could occur. The most important is to develop spirit of <strong>en</strong>terprise, provide<br />
basic refer<strong>en</strong>ces to compare with the curr<strong>en</strong>t situation and equip <strong>en</strong>gineer units with a<br />
panel of assets giving them the chance to deal with any problem. For information<br />
before their departure, they could visit a demonstration camp, to build using skills and<br />
materials depicting diverse solutions performed on differ<strong>en</strong>t theatres, including<br />
conting<strong>en</strong>cy materials.<br />
The curr<strong>en</strong>t task-organization of our <strong>en</strong>gineer Coy is not perfect but is a good compromise<br />
answering two opposed concepts : cohesion and modularity. May be more flexibility<br />
in our employm<strong>en</strong>t rules, allowing temporarily a Coy leader to task-organize<br />
dep<strong>en</strong>ding on the situation and the mission, ev<strong>en</strong> under the platoon level, could<br />
satisfy both supported units and <strong>en</strong>gineers themselves.<br />
Finally, survivability is not a new need due to curr<strong>en</strong>t fashion or « 0 death » concept<br />
but a necessity : during off<strong>en</strong>sive operations, mobility provides survivability ; among<br />
def<strong>en</strong>sive operations, survivability is achieved by field fortification.<br />
<strong>Le</strong> 31 e Régim<strong>en</strong>t du Génie a <strong>en</strong>gagé à<br />
l’automne 2005 une compagnie de combat<br />
r<strong>en</strong>forcée <strong>en</strong> République de Côte<br />
d’Ivoire. La mission majeure de cette<br />
unité a été c<strong>en</strong>trée sur des travaux de<br />
protection. S’appuyant sur le retour<br />
d’expéri<strong>en</strong>ce du commandant d’unité,<br />
les quelques réflexions qui suiv<strong>en</strong>t<br />
vis<strong>en</strong>t à prés<strong>en</strong>ter des pistes d’améliorations<br />
applicables aussi dans le domaine<br />
« sauvegarde-protection ».<br />
La 2 e CCG du 31 e RG a été <strong>en</strong>gagée<br />
<strong>en</strong> RCI du 16 juin au 20 octobre 2005,<br />
p<strong>en</strong>dant le mandat 9 de l’opération<br />
LICORNE. Articulée <strong>en</strong> 3 sections de<br />
combat à 4 VAB, 2MPG et une b<strong>en</strong>ne, et<br />
r<strong>en</strong>forcée d’une section travaux de la<br />
- 69 -
22 e CA, la compagnie assurait l’appui<br />
Génie de la totalité de la force composant<br />
de trois GTIA distants de 300 km.<br />
Cette organisation sur le territoire prés<strong>en</strong>tait<br />
immédiatem<strong>en</strong>t une ambiguïté<br />
dans le commandem<strong>en</strong>t des élém<strong>en</strong>ts<br />
<strong>génie</strong>, théoriquem<strong>en</strong>t conservés aux<br />
ordres du commandant d’unité mais <strong>en</strong><br />
réalité directem<strong>en</strong>t subordonnés aux<br />
GTIA appuyés.<br />
La caractéristique de ce mandat tint <strong>en</strong> la<br />
volonté du nouveau commandant de la<br />
force de r<strong>en</strong>forcer toutes ses emprises<br />
jusqu’alors faiblem<strong>en</strong>t protégées. Pour<br />
réaliser ces travaux de protection, la<br />
compagnie disposait de matériel « organisation<br />
du terrain » acheminé de métropole,<br />
notamm<strong>en</strong>t un large stock de tôles<br />
cintrées mais très peu de sacs à terre et<br />
de « flex-mac ». En complém<strong>en</strong>t de ce<br />
matériel codifié EMAT, du matériel d’infrastructure<br />
(IPN, madriers…) pouvait<br />
être commandé et acheté sur place par<br />
la voie « J4-INFRA », mais sous<br />
contraintes de délais et de coûts.<br />
<strong>Le</strong>s principales difficultés auxquelles la<br />
compagnie a dû faire face pour m<strong>en</strong>er à<br />
bi<strong>en</strong> sa mission de protection de la force<br />
sont le dégagem<strong>en</strong>t de vues, la lutte<br />
contre les intrusions pédestres et l’adaptation<br />
au climat et aux ressources.<br />
S A P E U R<br />
Devant le souci des GTIA de r<strong>en</strong>forcer<br />
leurs positions, les sections Génie<br />
dur<strong>en</strong>t trouver une première solution<br />
face au problème primordial qui se<br />
posait à elles : avoir des vues malgré la<br />
végétation. Celui-ci a été résolu <strong>en</strong><br />
conjuguant surélévation des postes et<br />
création d’un « no man’s land ». Ce dernier<br />
prés<strong>en</strong>te le double avantage d’offrir<br />
des vues, toutefois limitées, et la symbolisation<br />
pour les élém<strong>en</strong>ts hostiles d’une<br />
zone à ne pas franchir sous risque de se<br />
voir considérer comme une cible.<br />
Valorisé par scarification et/ou réalisation<br />
de fossés, ce compartim<strong>en</strong>t de terrain<br />
correspondait donc à la première<br />
étape du processus de protection. En<br />
parallèle, l’élévation des postes de combat<br />
répondait totalem<strong>en</strong>t aux att<strong>en</strong>tes de<br />
l’interarmes mais nécessitait d’adapter<br />
les procédés conv<strong>en</strong>tionnels aux ressources<br />
et conditions climatiques<br />
locales.<br />
Pour la base de l’ouvrage, trois techniques<br />
étai<strong>en</strong>t <strong>en</strong>visageables, prés<strong>en</strong>tant<br />
chacune avantages et inconvéni<strong>en</strong>ts :<br />
matériaux <strong>en</strong> remblais, coffrage métallique<br />
et coffrage bois.<br />
<strong>Le</strong>s deux premières fur<strong>en</strong>t utilisées au<br />
détrim<strong>en</strong>t de la troisième, beaucoup<br />
plus coûteuse <strong>en</strong> temps et <strong>en</strong> arg<strong>en</strong>t (les<br />
- 70 -<br />
grumes utilisées pour la force doiv<strong>en</strong>t<br />
être marchandées).<br />
Des remblais <strong>en</strong> terre fur<strong>en</strong>t réalisés :<br />
cette technique cons<strong>en</strong>tait une surface<br />
au sol utilisable importante pour les<br />
postes, mais le faible délai imparti aux<br />
travaux et la disponibilité du seul compacteur,<br />
extrêmem<strong>en</strong>t sollicité, ne permettait<br />
cep<strong>en</strong>dant pas d’obt<strong>en</strong>ir un<br />
résultat pér<strong>en</strong>ne dans la durée.<br />
La méthode du coffrage métallique a été<br />
promue sur place par un chef de section<br />
imaginatif, détournant de sa véritable<br />
destination une ressource abondante :<br />
les tôles cintrées. L’assemblage par soudure<br />
de trois « demi-lunes » <strong>en</strong> cercle<br />
constitue ainsi un « étage » de soubassem<strong>en</strong>t.<br />
<strong>Le</strong> nombre d’étage peut aller aisém<strong>en</strong>t<br />
jusqu’à quatre. L’<strong>en</strong>semble ainsi<br />
créé forme une tour qui est remplie de<br />
terre. La stabilité de l’<strong>en</strong>semble est obt<strong>en</strong>ue<br />
grâce à une semelle <strong>en</strong> bois, type<br />
calage de plaque d’appui pour pont<br />
BAILEY. La surface utile pour le poste de<br />
combat est faible, mais la juxtaposition<br />
d’une deuxième tour permet de pallier<br />
cet inconvéni<strong>en</strong>t. <strong>Le</strong>s avantages de l’édifice<br />
sont sa solidité et sa grande facilité<br />
de réalisation. En revanche, les possibilités<br />
de protection sont réduites <strong>en</strong> raison<br />
du peu de place disponible.
Face aux intrusions de personnes<br />
(voleurs, adolesc<strong>en</strong>ts…) à l’intérieur des<br />
camps de la force, la parade fut trouvée,<br />
<strong>en</strong> complém<strong>en</strong>t du « no-man’s land »<br />
créé, par la valorisation des murs d’<strong>en</strong>ceinte<br />
avec du concertina au sommet et<br />
à la base. <strong>Le</strong> concertina était sout<strong>en</strong>u par<br />
des piquets soudés <strong>en</strong> forme de V, placés<br />
<strong>en</strong> faîte et r<strong>en</strong>forcés par du fil de fer<br />
barbelé, afin d’empêcher le soulèvem<strong>en</strong>t<br />
de la base du réseau ou l’affaissem<strong>en</strong>t<br />
de celui-ci sous le poids d’une planche<br />
posée dessus. La compagnie a dû mettre<br />
<strong>en</strong> œuvre pour ces missions un perforateur<br />
puissant et des postes à souder.<br />
Enfin, les viol<strong>en</strong>tes pluies provoqu<strong>en</strong>t un<br />
ravinem<strong>en</strong>t du terrain sur le pourtour et<br />
sur les plates-formes, voire dans les sacs<br />
à terre eux-mêmes. Cette eau doit donc<br />
impérativem<strong>en</strong>t être canalisée et évacuée,<br />
sous peine de fragiliser grandem<strong>en</strong>t<br />
les postes. Ceci a été réalisé à<br />
l’aide d’un système d’écoulem<strong>en</strong>t type<br />
gouttière, jusqu’au bas de la plate-forme.<br />
La création d’avant-toit débordant largem<strong>en</strong>t<br />
protège les sacs à terre, emplis de<br />
préfér<strong>en</strong>ce avec de la terre mouillée,<br />
naturellem<strong>en</strong>t compactée <strong>en</strong> séchant au<br />
soleil, qui offre certes une qualité<br />
moindre que le sable - quand celui-ci<br />
reste sec - mais est beaucoup moins<br />
S A P E U R<br />
s<strong>en</strong>sible à l’humidité sous l’aspect de la<br />
stabilité.<br />
En résumé, le bon déroulem<strong>en</strong>t de la<br />
mission a largem<strong>en</strong>t reposé sur la<br />
connaissance des techniques par les<br />
plus anci<strong>en</strong>s, soulignant une fois <strong>en</strong>core<br />
la nécessité de projeter les unités Génie<br />
dans le cœur de métier pour perpétuer et<br />
transmettre les savoir-faire spécifiques.<br />
L’analyse de ce retour d’expéri<strong>en</strong>ce<br />
amène plusieurs réflexions.<br />
La première d’<strong>en</strong>tre elles porte sur<br />
l’organisation du commandem<strong>en</strong>t.<br />
<strong>Le</strong> sous-dim<strong>en</strong>sionnem<strong>en</strong>t chronique<br />
des moy<strong>en</strong>s <strong>génie</strong> projetés au sein d’une<br />
force conduit à un écartèlem<strong>en</strong>t des<br />
moy<strong>en</strong>s incompatible avec un emploi<br />
traditionnel, tel qu’il est défini aujourd’hui<br />
<strong>en</strong> doctrine. Dans le cas de la RCI, il<br />
est matériellem<strong>en</strong>t impossible au commandant<br />
d’unité de commander véritablem<strong>en</strong>t<br />
sa compagnie. La mise <strong>en</strong> place<br />
d’un DL Génie au sein de chaque GTIA<br />
s’est avérée capitale, mais sa subordination<br />
officielle au capitaine commandant<br />
la compagnie n’était qu’appar<strong>en</strong>ce.<br />
La coordination de l’emploi du <strong>génie</strong> est<br />
<strong>en</strong> l’occurr<strong>en</strong>ce assurée par la cellule 2D<br />
du PC de la force. Si l’échelon de com-<br />
- 71 -<br />
mandem<strong>en</strong>t que représ<strong>en</strong>te le capitaine<br />
reste indisp<strong>en</strong>sable, sa localisation <strong>en</strong><br />
r<strong>en</strong>forcem<strong>en</strong>t de la cellule 2D, semble<br />
la mieux adaptée au cas consistant à<br />
détacher toutes les sections.<br />
La seconde porte sur les compét<strong>en</strong>ces<br />
du sapeur. <strong>Le</strong>s projections extérieures<br />
dans le cœur de métier, certes trop rares<br />
comme beaucoup le soulign<strong>en</strong>t, mett<strong>en</strong>t<br />
<strong>en</strong> relief la variété des actions et savoirfaire<br />
qui sont l’apanage du sapeur. <strong>Le</strong>s<br />
différ<strong>en</strong>ces <strong>en</strong>tre théâtres, voire au sein<br />
d’un même théâtre, montr<strong>en</strong>t qu’aucune<br />
préparation <strong>en</strong> métropole ne peut traiter<br />
exhaustivem<strong>en</strong>t de tous les cas de figure<br />
r<strong>en</strong>contrés. En revanche, développer<br />
l’esprit d’initiative, fournir des référ<strong>en</strong>ces<br />
permettant de travailler par comparaison,<br />
doter les groupes du <strong>génie</strong><br />
d’un large panel d’outillage et d’équipem<strong>en</strong>ts<br />
permet par la suite de faire face à<br />
tous les types de situation. La crainte<br />
toutefois est de voir disparaître progressivem<strong>en</strong>t<br />
certains savoir-faire éprouvés<br />
mais peu utilisés car la réalisation d’ouvrages<br />
de protection est consommatrice<br />
d’un temps trop rare à consacrer <strong>en</strong><br />
métropole à l’instruction et les moy<strong>en</strong>s<br />
associés sont parfois réservés aux<br />
OPEX. La réalisation d’un petit camp<br />
« modèle » compr<strong>en</strong>ant les différ<strong>en</strong>ts
ouvrages de ce type, empruntant des<br />
techniques utilisées sur différ<strong>en</strong>ts<br />
théâtres et issues des retours d’expéri<strong>en</strong>ces,<br />
pourrait comp<strong>en</strong>ser des lacunes<br />
d’expéri<strong>en</strong>ce dans ce domaine : sa visite<br />
au titre de la MCO montrerait aux futurs<br />
acteurs différ<strong>en</strong>tes possibilités de faire<br />
face aux difficultés r<strong>en</strong>contrées, parfois<br />
avec des moy<strong>en</strong>s de fortune, et pourrait<br />
utilem<strong>en</strong>t dev<strong>en</strong>ir une source d’inspiration<br />
lors de leur mise <strong>en</strong> situation.<br />
Enfin, l’éternelle question, hélas récurr<strong>en</strong>te,<br />
des différ<strong>en</strong>ces de structures <strong>en</strong>tre<br />
organique, alerte GUEPARD, unités PRO-<br />
TERRE et modules projetés est une fois<br />
de plus soulevée. La difficulté à résoudre<br />
ce problème montre qu’il n’est pas<br />
simple. Il ti<strong>en</strong>t à la fois au principe de la<br />
S A P E U R<br />
modularité, destiné à fournir les moy<strong>en</strong>s<br />
adaptés à une situation donnée, et à<br />
celui de la cohésion des unités, qui veut<br />
qu’elles œuvr<strong>en</strong>t sur des structures<br />
organiques hors projection. Ces deux<br />
concepts étant antinomiques et les changem<strong>en</strong>ts<br />
de structures trop fréqu<strong>en</strong>ts<br />
causant plus de déstabilisation que de<br />
bénéfice, il semble que la solution<br />
actuelle, c<strong>en</strong>trée sur les compagnies de<br />
combat organiques, reste finalem<strong>en</strong>t la<br />
plus adaptée. Toutefois, nos règlem<strong>en</strong>ts<br />
d’emploi rest<strong>en</strong>t peut-être un peu rigides<br />
quant au niveau considéré comme<br />
acceptable pour le détachem<strong>en</strong>t. Une<br />
souplesse plus grande, autour de réarticulations<br />
temporaires internes à la compagnie,<br />
définies selon l’effort et le type<br />
- 72 -<br />
de mission, sans considération exagérée<br />
du niveau que représ<strong>en</strong>te la section, permettrait<br />
peut-être de répondre de façon<br />
plus satisfaisante à la fois aux att<strong>en</strong>tes<br />
des unités appuyées et aux aspirations<br />
des sapeurs eux-mêmes.<br />
En conclusion, d’aucuns pourrai<strong>en</strong>t être<br />
t<strong>en</strong>tés de qualifier la protection de « phénomène<br />
de mode », provoqué par le<br />
concept « zéro mort ». Il s’agit plutôt<br />
d’une composante perman<strong>en</strong>te du combat<br />
dont le mode d’application change<br />
selon le type d’<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t : la<br />
meilleure protection dans un combat<br />
dynamique est offerte par la mobilité ;<br />
celle qui convi<strong>en</strong>t dans un combat statique<br />
reste indiscutablem<strong>en</strong>t l’aménagem<strong>en</strong>t<br />
du terrain.
S A P E U R<br />
Équipem<strong>en</strong>ts<br />
et structur structures<br />
es<br />
SPECTRE - 2006-2007 : années cruciales ...................................................................................................................................... LCL CORNEFERT .................................................. 75<br />
- 73 -
S A P E U R<br />
- 74 -
Lieut<strong>en</strong>ant-colonel<br />
Olivier<br />
CORNEFERT<br />
<strong>Le</strong> lieut<strong>en</strong>ant-colonel Olivier<br />
CORNEFERT est officier de programme<br />
au groupem<strong>en</strong>t mobilité<br />
déf<strong>en</strong>se nucléaire biologique<br />
chimique de la section technique<br />
de l’armée de terre depuis 2003.<br />
Il conduit les opérations d’armem<strong>en</strong>t<br />
des domaines « systèmes de<br />
combat du <strong>génie</strong> » (appui direct au<br />
combat), « aide au déploiem<strong>en</strong>t »<br />
(eau, énergie, infrastructure opérationnelle,<br />
travaux) et « sauvegarde<br />
» (organisation du terrain,<br />
systèmes de protection locale).<br />
Il a auparavant servi comme chef<br />
de section et commandant d’unité<br />
au 6 e REG, instructeur aux Écoles<br />
de Coëtquidan, officier traitant au<br />
Commandem<strong>en</strong>t des Formations<br />
Militaires de la Sécurité Civile<br />
puis, de 2001 à 2003, comme chef<br />
du BOI et commandant <strong>en</strong> second<br />
du 1 er REG.<br />
Saint-Cyri<strong>en</strong> de la promotion<br />
« Cadets de la France Libre »<br />
(1985-1988), il est breveté de<br />
l’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t <strong>militaire</strong> supérieur<br />
(Cours Supérieur des Systèmes<br />
d’Armes Terrestres et 8 e promotion<br />
du CID).<br />
S A P E U R<br />
SPECTRE<br />
2006-2007 : ANNÉES CRUCIALES<br />
SPECTRE is a future antipersonnel system designed to protect ground deploym<strong>en</strong>ts. It<br />
will allow detachm<strong>en</strong>ts, as from the platoon level, to be warned of any intrusion of<br />
personnel in a 400-meter radius. In addition to an evaluation of intrusion, the system<br />
will provide a capacity of deterr<strong>en</strong>ce, neutralisation or destruction of the threat.<br />
In December 2005, the DGA (Fr<strong>en</strong>ch def<strong>en</strong>ce procurem<strong>en</strong>t ag<strong>en</strong>cy) awarded a demonstrator<br />
contract to THALES. This two-year contract to assist the design phase is based<br />
on studies and tests carried out in operational conditions.<br />
The year 2006 will be devoted to the developm<strong>en</strong>t of the system architecture while<br />
<strong>en</strong>suring the operational, technical and financial criteria are met. Choices will be based<br />
on demonstrations of systems and compon<strong>en</strong>ts (s<strong>en</strong>sors or weapons) carried out by<br />
industry with experts from the DGA and the STAT (Fr<strong>en</strong>ch Army technical departm<strong>en</strong>t).<br />
In 2007, THALES will deliver a demonstrator repres<strong>en</strong>tative of the <strong>en</strong>d system. Its technical<br />
and operational aspects will be successively tested.<br />
After these two crucial years for the project, the Fr<strong>en</strong>ch army will have all elem<strong>en</strong>ts to<br />
proceed with the implem<strong>en</strong>tation phase.<br />
SPECTRE (Système de Protection des<br />
Élém<strong>en</strong>ts terrestres) est une opération<br />
d’armem<strong>en</strong>t au stade de préparation<br />
dont le but est de r<strong>en</strong>forcer la sûreté<br />
immédiate des déploiem<strong>en</strong>ts terrestres.<br />
Initié <strong>en</strong> 2000 par un objectif d’étatmajor<br />
rédigé par l’état-major de l’armée<br />
de terre, il passera au stade de conception<br />
<strong>en</strong> 2006 au terme d’études technicoopérationnelles<br />
ayant permis d’alim<strong>en</strong>ter<br />
la fiche de caractéristiques <strong>militaire</strong>s<br />
exploratoire. Ces études ont égalem<strong>en</strong>t<br />
souligné les fortes contraintes opérationnelles,<br />
techniques et financières<br />
du projet.<br />
C’est pourquoi il a été décidé de s’armer,<br />
pour la conduite du stade de conception,<br />
d’un outil efficace et novateur visant à<br />
disposer, dès 2008, de tous les élém<strong>en</strong>ts<br />
nécessaires au stade de réalisation.<br />
Plus que la réalisation d’un simple<br />
démonstrateur, le marché notifié par le<br />
service des programmes d’armem<strong>en</strong>t<br />
- 75 -<br />
terrestre le 30 décembre 2005 permet<br />
à l’équipe de programme intégrée de<br />
finaliser le besoin <strong>militaire</strong> <strong>en</strong> optimisant<br />
le fameux triptyque coûts - délais -<br />
performances et <strong>en</strong> id<strong>en</strong>tifiant les<br />
risques de la réalisation.<br />
LA PROBLÉMATIQUE<br />
<strong>Le</strong>s efforts <strong>en</strong>trepris par l’armée de terre<br />
<strong>en</strong> matière de protection sont nombreux.<br />
Après les <strong>en</strong>gins de combat,<br />
d’autres véhicules (EGAME, EGRAP,<br />
PVP) mettront d’ici peu leur équipage à<br />
l’abri de la ferraille du champ de bataille.<br />
Inconnu il y a vingt ans, le port perman<strong>en</strong>t<br />
des élém<strong>en</strong>ts de protection balistique<br />
individuel est maint<strong>en</strong>ant naturel.<br />
Pourtant ces mesures, nécessaires pour<br />
limiter les pertes p<strong>en</strong>dant les <strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>ts,<br />
ne prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t qu’une efficacité<br />
réduite dès lors qu’une unité met pied à<br />
terre et s’installe dans la durée.<br />
La sûreté immédiate, par définition assurée<br />
à partir des moy<strong>en</strong>s matériels et<br />
humains de l’unité <strong>en</strong> stationnem<strong>en</strong>t,<br />
pèse sur son r<strong>en</strong>dem<strong>en</strong>t opérationnel.<br />
Elle distrait des effectifs de la mission<br />
principale et, celle-ci demeurant toujours<br />
prioritaire, contribue à une fatigue<br />
prématurée des hommes. <strong>Le</strong>s facteurs<br />
sont nombreux qui, dans nos opérations<br />
actuelles, aggrav<strong>en</strong>t cette situation.
<strong>Le</strong>s déploiem<strong>en</strong>ts des unités sur un<br />
théâtre ne form<strong>en</strong>t pas de dispositif<br />
continu dont la protection pourrait être<br />
partagée. <strong>Le</strong>s détachem<strong>en</strong>ts, souv<strong>en</strong>t<br />
<strong>en</strong>gagés <strong>en</strong> mission d’interposition, doiv<strong>en</strong>t<br />
se prémunir contre des m<strong>en</strong>aces<br />
omnidirectionnelles. Ces m<strong>en</strong>aces sont<br />
variées et imprévisibles. Tirs de mortier<br />
ou de snipers, attaque de véhicule suicide,<br />
actions terroristes, jets de gr<strong>en</strong>ade<br />
et manifestations de foules hostiles ne<br />
doiv<strong>en</strong>t pas faire oublier les assauts<br />
conv<strong>en</strong>tionnels, les t<strong>en</strong>tatives de vols de<br />
matériels, ni - l’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t est douloureux<br />
- les attaques aéri<strong>en</strong>nes. Après<br />
de longues périodes de calme, les unités<br />
peuv<strong>en</strong>t se trouver confrontées à des<br />
flambées de viol<strong>en</strong>ce sans disposer d’un<br />
préavis suffisant pour adapter leur posture<br />
de protection.<br />
<strong>Le</strong> choix des sites de déploiem<strong>en</strong>t subit<br />
de fortes contraintes opérationnelles<br />
(imposées par la mission) ou juridiques<br />
(imposées par la nation hôte). <strong>Le</strong> retour<br />
d’expéri<strong>en</strong>ce montre que les arbitrages<br />
sont rarem<strong>en</strong>t favorables aux critères de<br />
sûreté immédiate.<br />
Enfin, soucieuses de la maîtrise perman<strong>en</strong>te<br />
de la force, les armées <strong>français</strong>es<br />
restreign<strong>en</strong>t parfois spontaném<strong>en</strong>t l’emploi<br />
de certaines de leurs armes. Ainsi<br />
les mines antipersonnel ont, de facto,<br />
disparu de l’ars<strong>en</strong>al <strong>français</strong> bi<strong>en</strong> avant<br />
la signature de la conv<strong>en</strong>tion d’OTTAWA.<br />
Et d’autres exemples comme parfois<br />
celui des mines éclairantes peuv<strong>en</strong>t être<br />
égalem<strong>en</strong>t cités.<br />
Dans le même temps, la panoplie des<br />
moy<strong>en</strong>s d’organisation du terrain n’a pas<br />
évolué depuis des dizaines d’années à l’ex-<br />
S A P E U R<br />
ception notable de l’acquisition des structures<br />
multicellulaires de protection plus<br />
connues sous le terme de bastion wall.<br />
LA CONTRIBUTION DE SPECTRE<br />
Dans ce contexte, le but de SPECTRE est<br />
de fournir aux unités, dès le niveau<br />
section, un dispositif local de protection<br />
antipersonnel. Cet objectif peut paraître<br />
modeste au premier abord ; il est, après<br />
exam<strong>en</strong>, ambitieux et réaliste.<br />
L’opération d’armem<strong>en</strong>t SPECTRE est<br />
réaliste parce qu’elle ne se disperse pas<br />
à traiter simultaném<strong>en</strong>t toutes les<br />
m<strong>en</strong>aces évoquées ci-dessus par la<br />
conception ex nihilo d’un bouclier omnipot<strong>en</strong>t<br />
dont la faisabilité technique ne<br />
relève pas du moy<strong>en</strong> terme. En revanche,<br />
SPECTRE s’inscrit dans une politique<br />
interarmées dont la cohér<strong>en</strong>ce est assurée<br />
par le projet fédérateur PROTIS (protection<br />
des infrastructures et des sites).<br />
<strong>Le</strong> système SPECTRE est ambitieux<br />
parce qu’il vise : détecter, dissuader,<br />
neutraliser et détruire tout intrus ou<br />
groupe d’intrus id<strong>en</strong>tifiés comme<br />
m<strong>en</strong>ace dans un rayon de 400 mètres<br />
autour d’une unité <strong>en</strong> stationnem<strong>en</strong>t.<br />
L’atteinte de ces performances n’a<br />
cep<strong>en</strong>dant de s<strong>en</strong>s que si elles sont<br />
cohér<strong>en</strong>tes avec les ressources financières<br />
que l’armée de terre peut<br />
consacrer à cette capacité nouvelle<br />
et les contraintes admissibles par les<br />
forces <strong>en</strong> terme de charge (formation,<br />
souplesse d’emploi et de mise <strong>en</strong><br />
œuvre), de capacité logistique (emport<br />
et énergie) et de confiance (fiabilité et<br />
disponibilité).<br />
- 76 -<br />
Basé sur des essais et des évaluations<br />
réalisés <strong>en</strong> conditions opérationnelles<br />
sur le terrain, le marché du démonstrateur<br />
doit permettre d’apporter la bonne<br />
solution au problème <strong>militaire</strong>.<br />
LA DÉMARCHE<br />
Ce marché, notifié à la société THALES,<br />
compr<strong>en</strong>d à la fois des études et la mise<br />
à disposition pour des évaluations<br />
étatiques d’un démonstrateur qui, sans<br />
être un prototype, doit être représ<strong>en</strong>tatif<br />
des performances du système final.<br />
<strong>Le</strong>s études conjugu<strong>en</strong>t deux approches.<br />
La première approche, traditionnelle dans<br />
la conduite des opérations d’armem<strong>en</strong>t,<br />
part du besoin opérationnel <strong>en</strong> faisant<br />
abstraction des solutions technologiques.<br />
Elle se traduit par la réalisation<br />
d’un cahier des charges fonctionnelles,<br />
c’est-à-dire par l’inv<strong>en</strong>taire exhaustif et<br />
détaillé des fonctions à remplir par le<br />
système, leur hiérarchisation et leur<br />
caractérisation selon des critères de<br />
performances eux-mêmes hiérarchisés.<br />
Ce travail, long et fastidieux mais indisp<strong>en</strong>sable<br />
à la bonne appropriation du<br />
besoin opérationnel, est considérablem<strong>en</strong>t<br />
raccourci au stade de conception du fait<br />
de l’antériorité acquise durant le stade<br />
de préparation. <strong>Le</strong>s avis recueillis auprès<br />
de la totalité des écoles d’armes <strong>en</strong> 2005<br />
ont pu ainsi être pleinem<strong>en</strong>t exploités.<br />
L’originalité du marché du démonstrateur<br />
vi<strong>en</strong>t de la seconde approche de<br />
l’étude conduite simultaném<strong>en</strong>t. Elle<br />
consiste à élaborer des architectures de<br />
dispositifs locaux de protection à partir<br />
de systèmes et de composants disponibles<br />
sur étagère à l’horizon 2010.<br />
Ce processus compr<strong>en</strong>d une expertise<br />
technique et une analyse financière, se<br />
traduisant par une estimation fine du<br />
coût global de chaque solution. La pertin<strong>en</strong>ce<br />
de ces architectures sera validée<br />
tout au long de l’année 2006 par des<br />
démonstrations réalisées par l’industriel<br />
sur son site d’expérim<strong>en</strong>tation de La<br />
Ferté Saint-Aubin <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce d’experts<br />
de la délégation générale pour l’armem<strong>en</strong>t,<br />
d’officiers de marque et de sousofficiers<br />
expérim<strong>en</strong>tateurs de la section<br />
technique de l’armée de terre. L’expéri<strong>en</strong>ce<br />
du personnel de la section protection<br />
intrusion du service technique des<br />
bâtim<strong>en</strong>ts fortifications et travaux sera<br />
égalem<strong>en</strong>t sollicitée. Au cours du<br />
premier semestre de 2006, ce sont<br />
des systèmes de protection qui seront<br />
évalués, le second semestre étant
consacré à des démonstrations de composants<br />
(capteurs ou armes). En vue du<br />
stade de réalisation, la délégation générale<br />
pour l’armem<strong>en</strong>t veillera à ce que<br />
cette approche soit m<strong>en</strong>ée avec le souci<br />
constant de sélectionner des solutions<br />
ouvertes à la concurr<strong>en</strong>ce.<br />
Ces deux approches se rejoign<strong>en</strong>t de<br />
manière itérative dans une analyse de la<br />
valeur permettant de faire converger<br />
objectivem<strong>en</strong>t les caractéristiques<br />
<strong>militaire</strong>s de référ<strong>en</strong>ce avec une solution<br />
techniquem<strong>en</strong>t mature et d’un coût<br />
global maîtrisé. Pour cela, une fois les<br />
architectures grossièrem<strong>en</strong>t définies, les<br />
travaux porteront égalem<strong>en</strong>t sur tous<br />
les aspects transverses de l’opération<br />
(sûreté de fonctionnem<strong>en</strong>t, dossier de<br />
sécurité, analyse du souti<strong>en</strong>).<br />
La phase d’essais qui sera conduite <strong>en</strong><br />
2007 sur le démonstrateur compr<strong>en</strong>d<br />
deux phases. Une première phase<br />
dirigée par la délégation générale pour<br />
l’armem<strong>en</strong>t validera les performances<br />
techniques att<strong>en</strong>dues du système final.<br />
<strong>Le</strong>s évaluations technico-opérationnelles,<br />
conduites par la STAT avec le r<strong>en</strong>fort<br />
d’unités désignées par le CFAT, permettront<br />
de vérifier la qualité du service<br />
r<strong>en</strong>du par SPECTRE dans son <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t<br />
opérationnel. <strong>Le</strong>s <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts<br />
recueillis au cours de ces deux périodes<br />
alim<strong>en</strong>teront à leur tour et de manière<br />
ultime le processus décrit ci-dessus.<br />
CONCLUSION<br />
S A P E U R<br />
<strong>Le</strong> marché du démonstrateur SPECTRE<br />
n’est pas un marché de délégation de<br />
maîtrise d’ouvrage et le lourd investissem<strong>en</strong>t<br />
des services étatiques au cours de<br />
ces deux années le prouve aisém<strong>en</strong>t.<br />
Néanmoins, compte t<strong>en</strong>u de la complexité<br />
physico-financière du projet et<br />
des précisions à apporter au besoin <strong>militaire</strong><br />
pour la conception d’un matériel<br />
nouveau, la prise <strong>en</strong> compte anticipée<br />
des contraintes industrielles se révèle<br />
indisp<strong>en</strong>sable. De manière anecdotique,<br />
ce marché se révèle égalem<strong>en</strong>t un outil<br />
- 77 -<br />
efficace de maîtrise des délais étatiques<br />
du stade de conception par la contrainte<br />
contractuelle qu’il impose.<br />
Dans le monde froid des opérations<br />
d’armem<strong>en</strong>t un projet qui ne se concrétise<br />
pas dans les délais escomptés se prés<strong>en</strong>te<br />
d’abord comme une opportunité t<strong>en</strong>tante<br />
de relâcher une contrainte budgétaire<br />
perman<strong>en</strong>te. Grâce au marché de<br />
démonstrateur, l’équipe de programme<br />
intégrée de SPECTRE veillera <strong>en</strong> 2008 à<br />
proposer l’approbation d’un dossier de<br />
lancem<strong>en</strong>t de réalisation solidem<strong>en</strong>t<br />
argum<strong>en</strong>té <strong>en</strong> vue de la livraison aux<br />
forces des premiers matériels <strong>en</strong> 2012.
S A P E U R<br />
- 78 -
S A P E U R<br />
Formation<br />
Formation<br />
La sauvegarde-protection : rep<strong>en</strong>ser la formation .................................................................................................................. CNE CASTEL .......................................................... 81<br />
- 79 -
S A P E U R<br />
- 80 -
Capitaine<br />
Stéphane<br />
CASTEL<br />
Issu de l’École Spéciale Militaire de<br />
Saint-Cyr (1993-1996), le capitaine<br />
CASTEL a commandé la 971 e compagnie<br />
énergie du 2 e régim<strong>en</strong>t du <strong>génie</strong> à METZ.<br />
Depuis l’été 2005, il est instructeur <strong>génie</strong><br />
1 er niveau à la direction de la formation<br />
opérationnelle (DFO) de l’ESAG.<br />
Il participe au groupe de travail sur la<br />
sauvegarde-protection crée à l’ESAG<br />
depuis la r<strong>en</strong>trée 2005.<br />
S A P E U R<br />
LA SAUVEGARDE-PROTECTION :<br />
REPENSER LA FORMATION<br />
The safeguard and the protection of the fr<strong>en</strong>ch forces which are deployed overseas are<br />
getting more and more difficult to <strong>en</strong>sure because of the evolution of the conditions of<br />
the commitm<strong>en</strong>ts, variying from high int<strong>en</strong>sity to low int<strong>en</strong>sity warfare, against symitrical<br />
or asymmitrical <strong>en</strong>emy forces, including peace <strong>en</strong>forcing, peace keeping or ev<strong>en</strong><br />
peace making operations.<br />
As a matter of fact, safeguard and protection are among the missions naturally dedicated<br />
to the Corps of the Engineers. But <strong>en</strong>gineer training has to evolve and to be<br />
improved in order to take into account the new threats of modern conflicts. The<br />
Fr<strong>en</strong>ch Engineer Military Academy is involved in the reflexions that are led to adapt<br />
the curr<strong>en</strong>t courses to these new tactical chall<strong>en</strong>ges.<br />
La sauvegarde-protection regroupe un<br />
<strong>en</strong>semble d’actions multiples et complém<strong>en</strong>taires<br />
qui permett<strong>en</strong>t de prév<strong>en</strong>ir et<br />
d’atténuer les actes hostiles contre nos<br />
forces, nos ressources et nos installations.<br />
Elle vise donc à participer à la<br />
conservation du pot<strong>en</strong>tiel de combat de<br />
la force <strong>en</strong> déniant toute opportunité à<br />
l’<strong>en</strong>nemi de l’amoindrir.<br />
La nécessité de protéger nos personnels<br />
et nos infrastructures <strong>en</strong> opérations n’est<br />
pas nouvelle. Quel que soit le scénario<br />
(conflit haute int<strong>en</strong>sité, basse int<strong>en</strong>sité,<br />
maîtrise de la viol<strong>en</strong>ce, mainti<strong>en</strong> et rétablissem<strong>en</strong>t<br />
de la paix), la sauvegarde et<br />
la protection devi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t des tâches de<br />
plus <strong>en</strong> plus difficiles à réaliser.<br />
Or, la sauvegarde-protection est une des<br />
missions perman<strong>en</strong>tes du <strong>génie</strong>. En<br />
effet, le <strong>génie</strong> joue un rôle primordial<br />
dans le durcissem<strong>en</strong>t des infrastructures,<br />
dans la protection contre les<br />
armes et les forces conv<strong>en</strong>tionnelles,<br />
contre les forces non conv<strong>en</strong>tionnelles,<br />
contre la m<strong>en</strong>ace terroriste, mais égalem<strong>en</strong>t<br />
contre les m<strong>en</strong>aces asymétriques.<br />
Pour cela, les programmes de formation<br />
doiv<strong>en</strong>t évoluer. La direction des études<br />
et de la prospective (DEP) et la direction<br />
générale de la formation (DGF) - et tout<br />
particulièrem<strong>en</strong>t la division de l’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t<br />
sci<strong>en</strong>tifique (DES) - de l’École<br />
supérieure et d’application du Génie<br />
(ESAG) doiv<strong>en</strong>t ainsi relever le défi<br />
d’adapter la formation disp<strong>en</strong>sée aux<br />
stagiaires aux nécessités des <strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>ts<br />
opérationnels d’aujourd’hui.<br />
Dans ce domaine, <strong>en</strong> 2006, l’ESAG a<br />
pour ambition de mettre à contribution<br />
ses deux directions afin de :<br />
- 81 -<br />
• définir les besoins <strong>en</strong> protection face<br />
à ces nouvelles m<strong>en</strong>aces (DEP),<br />
• mettre au point des procédés de réalisation<br />
de nouveaux types de protection<br />
(DGF/DES),<br />
• vérifier l’efficacité de ces ouvrages <strong>en</strong><br />
liaison avec le Service technique des<br />
bâtim<strong>en</strong>ts fortifications et travaux<br />
(STBFT),<br />
• faire évoluer la formation et la docum<strong>en</strong>tation<br />
(DGF).<br />
Concrètem<strong>en</strong>t, trois grands domaines<br />
d’études ont été ret<strong>en</strong>us et sont exposés<br />
dans cet article :<br />
1 - la réalisation d’abris à partir d’un<br />
KC20 r<strong>en</strong>forcé,<br />
2 - la réalisation de murs de protection<br />
<strong>en</strong> béton,<br />
3 - la réalisation d’un point de contrôle<br />
au standard OPEX.<br />
L’effet à obt<strong>en</strong>ir est de m<strong>en</strong>er des études<br />
et des essais dans un seul but : tester<br />
l’efficacité de ces protections, leur t<strong>en</strong>ue<br />
dans le temps et leur fonctionnalité.<br />
ABRI A PARTIR D’UN KC 20<br />
RENFORCÉ<br />
<strong>Le</strong>s KC20 sont une ressource abondante<br />
sur un théâtre d’opérations et ils sont<br />
facilem<strong>en</strong>t projetables. Ils constitu<strong>en</strong>t<br />
donc une bonne base pour réaliser un<br />
abri. Pour cela, le cont<strong>en</strong>eur peut être<br />
<strong>en</strong>terré, semi-<strong>en</strong>terré ou <strong>en</strong> surface. <strong>Le</strong><br />
choix de l’une ou l’autre de ces solutions<br />
dép<strong>en</strong>d de la disponibilité <strong>en</strong> matériaux,<br />
de l’exist<strong>en</strong>ce de moy<strong>en</strong>s de terrassem<strong>en</strong>t<br />
et des contraintes techniques.
<strong>Le</strong>s effets de la poussée de la terre<br />
si l’étaiem<strong>en</strong>t est insuffisant<br />
Placé <strong>en</strong> pleine fouille, le retour d’expéri<strong>en</strong>ce<br />
a montré que les résistances verticale<br />
et latérale des parois du KC20<br />
étai<strong>en</strong>t trop faibles et <strong>en</strong> tout cas insuffisantes<br />
pour résister dans le temps à la<br />
seule poussée de la terre. Il s’agit donc<br />
de résoudre cette difficulté <strong>en</strong> proposant<br />
un étaiem<strong>en</strong>t judicieux de la structure<br />
intérieure du KC20, tout <strong>en</strong> conservant<br />
une excell<strong>en</strong>te protection face aux effets<br />
des armes.<br />
L’étaiem<strong>en</strong>t possible d’un KC20 <strong>en</strong>terré<br />
Pour l’abri <strong>en</strong> surface, le cont<strong>en</strong>eur peut,<br />
par exemple, être protégé par une épaisseur<br />
de bastion-walls <strong>en</strong> périphérie et <strong>en</strong><br />
toiture. Ces r<strong>en</strong>forcem<strong>en</strong>ts sont simples<br />
à réaliser car les matériaux sont faciles à<br />
trouver sur un théâtre d’opérations.<br />
Néanmoins, dans cette configuration, la<br />
partie supérieure du KC20 prés<strong>en</strong>te là<br />
<strong>en</strong>core une résistance faible et il s’agit<br />
de trouver une solution de mise <strong>en</strong><br />
œuvre simple qui permette au toit du<br />
cont<strong>en</strong>eur de porter la couverture.<br />
KC20 <strong>en</strong> surface<br />
S A P E U R<br />
RÉALISATION DE MURS DE PRO-<br />
TECTION EN BÉTON<br />
Des essais vont être réalisés pour mesurer<br />
la stabilité, la pér<strong>en</strong>nité et la résistance aux<br />
impacts et au souffle de murs de protection.<br />
Il existe deux types de murs : murs <strong>en</strong><br />
«T» et murs <strong>en</strong> « L ». <strong>Le</strong> choix de murs <strong>en</strong><br />
«L» de hauteur 2,7 m et d’épaisseur 30 cm<br />
a été ret<strong>en</strong>u pour m<strong>en</strong>er des expérim<strong>en</strong>tations.<br />
Celles-ci vont être conduites à<br />
Captieux <strong>en</strong> liaison avec le STBFT. Elles<br />
seront faites sur la base d'agression à<br />
l'arme légère (jusque 12,7 mm), à la<br />
roquette anti-char et peut-être jusqu’au<br />
155 mm. Un des objectifs est égalem<strong>en</strong>t de<br />
tester la modularité du concept.<br />
Exemple de mur <strong>en</strong> béton armé touché par<br />
une roquette de 107 mm<br />
Trop lourds pour être projetés depuis la<br />
France, ces murs de protection peuv<strong>en</strong>t<br />
<strong>en</strong> revanche être fabriqués sur le<br />
théâtre. L’épaisseur et le type de béton à<br />
utiliser dép<strong>en</strong>dront des m<strong>en</strong>aces et de la<br />
ressource prés<strong>en</strong>te sur place.<br />
Mur de protection de « T »<br />
Dans le même ordre d’idée, un abri lourd<br />
modulaire <strong>en</strong> U r<strong>en</strong>versé <strong>en</strong> béton armé<br />
a été expérim<strong>en</strong>té <strong>en</strong> Afghanistan. <strong>Le</strong><br />
principe consiste <strong>en</strong> la réalisation de<br />
Abri terminé<br />
- 82 -<br />
modules d’un mètre de largeur et à leur<br />
assemblage afin de créer un abri <strong>en</strong><br />
forme de tunnel. Cet abri lourd offre une<br />
protection contre tous les types de munitions<br />
de petits calibres et les éclats primaires<br />
d’obus de 155 mm explosant à<br />
3 m. Toutefois, il convi<strong>en</strong>t <strong>en</strong>core d’étudier<br />
la résistance à l’effet de souffle pour<br />
les mortiers, les munitions d’artillerie et<br />
les bombes.<br />
Abri <strong>en</strong> mode utilisation<br />
CHECK POINT ISOPEX<br />
L’<strong>en</strong>trée d’un camp type ISOPEX est un<br />
point névralgique. Depuis plusieurs<br />
déc<strong>en</strong>nies, la multiplication des att<strong>en</strong>tats<br />
utilisant des véhicules banalisés ou des<br />
bombes humaines contre les checkpoints<br />
doit nous am<strong>en</strong>er à une profonde<br />
réflexion. <strong>Le</strong> check-point doit être conçu<br />
et durci <strong>en</strong> conséqu<strong>en</strong>ce. Plusieurs données<br />
doiv<strong>en</strong>t être prises <strong>en</strong> compte lors<br />
de sa réalisation : voies de circulation<br />
séparées pour les piétons et les véhicules<br />
(civils et <strong>militaire</strong>s), zones de<br />
fouille piétons et véhicules durcies pour<br />
parer à toute t<strong>en</strong>tative d’att<strong>en</strong>tat-suicide<br />
(avec murs de protection <strong>en</strong> béton par<br />
exemple), position des postes de combat,<br />
dispositifs de ral<strong>en</strong>tissem<strong>en</strong>t des<br />
véhicules, etc. L’idée consiste à fabriquer<br />
un modèle sous forme de maquette,<br />
dont chacun pourra s’inspirer, et qui<br />
pourra être adapté sur le terrain <strong>en</strong> fonction<br />
de la m<strong>en</strong>ace et des ressources disponibles.<br />
L’objectif est que les <strong>militaire</strong>s<br />
qui <strong>en</strong> assur<strong>en</strong>t la garde <strong>en</strong> opérations<br />
extérieures soi<strong>en</strong>t protégés et qu’ils<br />
puiss<strong>en</strong>t réaliser dans les meilleures<br />
conditions de sécurité, le filtrage, le<br />
contrôle et l’id<strong>en</strong>tification des véhicules<br />
et personnels civils et <strong>militaire</strong>s.<br />
La mise au point de nouveaux procédés<br />
et la réalisation de nouveaux types de<br />
protection nécessit<strong>en</strong>t une profonde<br />
réflexion. Il s’agit de rec<strong>en</strong>ser et d’analyser<br />
les réalisations effectuées <strong>en</strong> France<br />
et à l’étranger, de s<strong>en</strong>sibiliser l’interarmes<br />
sur le besoin de développer<br />
les actions de sauvegarde-protection,
Schéma d’un abri lourd modulaire <strong>en</strong> U r<strong>en</strong>versé<br />
S A P E U R<br />
Réflexion sur un Check Point durci contre les EEI<br />
- 83 -<br />
d’augm<strong>en</strong>ter le nombre de réalisations<br />
pratiques, etc.<br />
<strong>Le</strong> TTA 714 « Notice sur la protection<br />
directe par l’organisation du terrain » et<br />
le TTA 722 « Notice relative au durcissem<strong>en</strong>t<br />
des infrastructures de stationnem<strong>en</strong>t<br />
<strong>en</strong> zone d’opérations » propos<strong>en</strong>t<br />
des solutions faciles à mettre <strong>en</strong> œuvre<br />
sur le terrain. Mais, il est nécessaire<br />
d’y apporter des complém<strong>en</strong>ts. Il faut<br />
notamm<strong>en</strong>t développer les capacités du<br />
sapeur à conseiller l’interarmes dans le<br />
domaine de la sauvegarde-protection.<br />
Il s’agit donc d’imaginer et de mettre<br />
au point une formation à <strong>en</strong>seigner aux<br />
officiers du <strong>génie</strong> afin qu’ils soi<strong>en</strong>t<br />
mieux armés face à des agressions<br />
modernes. C’est la réflexion que conduit<br />
actuellem<strong>en</strong>t l’ESAG. Dès la r<strong>en</strong>trée<br />
2006, les programmes de formation des<br />
futurs commandants d’unité, des futurs<br />
chefs de section et des jeunes sousofficiers<br />
pr<strong>en</strong>dront <strong>en</strong> compte cette<br />
dim<strong>en</strong>sion. <strong>Le</strong> chantier semble complexe,<br />
mais le sapeur saura une nouvelle fois<br />
apporter des solutions concrètes.
S A P E U R<br />
- 84 -
S A P E U R<br />
<strong>Le</strong> Génie dans l'histoire<br />
l'histoir<br />
<strong>Le</strong>s uniformes du <strong>génie</strong> de la Révolution et de l’Empire ...................................................................................................... CDT GARNIER de LABAREYRE .............................. 87<br />
Génération de forces et emploi du <strong>génie</strong> : <strong>Le</strong>s sapeurs de la Campagne d’Alger .................................................... CNE GIUDICELLI .................................................. 93<br />
<strong>Le</strong>s in<strong>génie</strong>urs dans les troupes émigrées .................................................................................................................................. M. FOUGERAY ...................................................... 97<br />
- 85 -
S A P E U R<br />
- 86 -
Commandant<br />
Pierre<br />
GARNIER<br />
de LABAREYRE<br />
<strong>Le</strong> commandant Pierre GARNIER de<br />
LABAREYRE est le conservateur du<br />
musée du <strong>génie</strong> depuis septembre 2003.<br />
Officier sur titre, ayant choisi l’artillerie,<br />
il sert au 3 e régim<strong>en</strong>t d’artillerie puis au<br />
93 e régim<strong>en</strong>t d’artillerie de montagne où<br />
il crée et commande la batterie des opérations.<br />
Il est titulaire du diplôme d’état-major et<br />
du diplôme technique option sci<strong>en</strong>ces<br />
humaines.<br />
Après trois années au c<strong>en</strong>tre de sélection<br />
et d’ori<strong>en</strong>tation de Lyon, il suit une<br />
scolarité à l’école du Louvre avant d’être<br />
muté à Angers.<br />
S A P E U R<br />
LES UNIFORMES DU GÉNIE<br />
DE LA RÉVOLUTION ET DE L’EMPIRE<br />
<strong>Le</strong>s textes <strong>en</strong> italiques sont tirés des lois, décrets et arrêtés. Ils respect<strong>en</strong>t l’orthographe originale.<br />
L’armée n’échappe pas à l’avalanche de<br />
réformes qui bouscule la France <strong>en</strong> ce<br />
début de « Révolution ». Ainsi, l’anci<strong>en</strong><br />
corps des in<strong>génie</strong>urs du roi va disparaître<br />
pour donner naissance sous le<br />
Consulat à une arme structurée avec des<br />
officiers et des troupes directem<strong>en</strong>t sous<br />
leurs ordres.<br />
LES OFFICIERS DU GÉNIE<br />
La loi du 31 octobre 1790 réduit le corps<br />
du <strong>génie</strong> à 310 officiers, y compris les<br />
élèves de l’école de Mézières, à compter<br />
du 1 er janvier 1791. L’uniforme reste le<br />
même que celui prescrit <strong>en</strong> 1775 et 1776<br />
avec les quelques changem<strong>en</strong>ts surv<strong>en</strong>us<br />
<strong>en</strong> 1786. Cep<strong>en</strong>dant, il semble que<br />
les collets, parem<strong>en</strong>ts et revers ai<strong>en</strong>t<br />
toujours été liserés de rouge alors que<br />
cela n’est pas spécifié dans le règlem<strong>en</strong>t<br />
du 1 er octobre 1786. De plus, une loi<br />
du 4 octobre 1792 précise que tous<br />
les boutons porterai<strong>en</strong>t la m<strong>en</strong>tion<br />
« République <strong>français</strong>e ». Il n’est pas sûr<br />
que cela ait été fait 1 .<br />
<strong>Le</strong> Directoire exécutif, par la loi du 3 janvier<br />
1795 (14 v<strong>en</strong>tôse an III) r<strong>en</strong>d les officiers<br />
du <strong>génie</strong> partie intégrante de l’étatmajor<br />
des armées. Un arrêté du 24 avril<br />
1797 (5 floréal an V) fixe l’uniforme<br />
des officiers du <strong>génie</strong>. Article 1 : À dater<br />
du 1 er prairial prochain, l’uniforme des<br />
Officiers du Génie sera <strong>en</strong> tout<br />
conforme, tant pour la couleur que pour<br />
la coupe, à celui de l’État-Major des<br />
armées, à la réserve des parem<strong>en</strong>s et<br />
collets, qui seront de velours noir, lisérés<br />
de rouge, avec pattes blanches aux parem<strong>en</strong>s<br />
aussi lisérés de rouge, et des boutons,<br />
qui demeureront tels qu’ils ont<br />
été déterminés par l’ordonnance du<br />
31 décembre 1776 2 . L’article 2 précise le<br />
droit aux épaulettes : ces Officiers conti-<br />
Officier du <strong>génie</strong> vers 1805,<br />
aquarelle d’André Marcy, collection Musée du <strong>génie</strong><br />
nueront de porter les épaulettes de leurs<br />
grades respectifs, et pr<strong>en</strong>dront ; savoir :<br />
les Officiers supérieurs, les mêmes<br />
marques distinctives aux parem<strong>en</strong>s, collets,<br />
chapeaux et équipages de cheval,<br />
que les Adjudans généraux ; et les<br />
Capitaines, Lieut<strong>en</strong>ans et Sous-lieut<strong>en</strong>ans<br />
celles fixées pour les Adjoints aux<br />
adjudans généraux. Ainsi, les officiers<br />
du <strong>génie</strong> port<strong>en</strong>t l’habit bleu, la veste et<br />
la culotte blanches avec le chapeau<br />
bicorne sans galon d’or.<br />
Un arrêté des Consuls de la République<br />
du 14 juillet 1800 (24 messidor, an VIII),<br />
article IV, prescrit les dispositions suivantes<br />
: les Officiers du corps du <strong>génie</strong><br />
conserveront le fond de l’uniforme qui<br />
leur a été précédemm<strong>en</strong>t affecté, mais<br />
sans galon ni bordure. <strong>Le</strong>ur chapeau<br />
sera bordé <strong>en</strong> soie noire, et les bords rattachés<br />
à la forme par des ganses aussi<br />
<strong>en</strong> soie noire.<br />
1) Un bouton avec une cuirasse surmontée d’un bonnet de la liberté avec l’inscription « in<strong>génie</strong>ur<br />
de la république <strong>français</strong>e » est dessiné dans l’ouvrage, le bouton d’uniforme <strong>français</strong>,<br />
L. FALLOU, p 169 ; autre version avec un faisceau de licteur.<br />
2) Voir SAPEUR n° 5, juin 2005, p 113.<br />
- 87 -
Une circulaire signée Carnot et datant<br />
du 9 août 1800 (21 thermidor, an VIII)<br />
fixe à tous les officiers du <strong>génie</strong> leur<br />
uniforme : habit bleu national, coupe de<br />
l’infanterie de ligne, doublure rouge,<br />
parem<strong>en</strong>s, revers, et collet de velours<br />
noir, lisérés de rouge ainsi que l’habit ;<br />
bouton actuel, veste blanche, pantalon<br />
ou culotte bleue ; marques distinctives<br />
de leur grade ; armem<strong>en</strong>t et équipage<br />
du cheval tels qu’ils sont actuellem<strong>en</strong>t ;<br />
le chapeau tel qu’il est prescrit dans<br />
l’arrêté du 24 messidor. Ils pourront<br />
porter, comme petit uniforme, un frac<br />
bleu national avec des boutons et des<br />
épaulettes.<br />
S A P E U R<br />
L’uniforme des officiers du <strong>génie</strong> va être<br />
s<strong>en</strong>siblem<strong>en</strong>t le même p<strong>en</strong>dant toute la<br />
période impériale. Il est fixé par le règlem<strong>en</strong>t<br />
du 20 juin 1803 (1er messidor an<br />
XI), chapitre IV 3 .<br />
« L’habit… sera de drap bleu national,<br />
coupe d’infanterie de ligne (voir figure<br />
1), doublure écarlate, collet, revers et<br />
parem<strong>en</strong>s de velours noir, liserés de<br />
rouge ainsi que les pattes de poches, qui<br />
seront <strong>en</strong> travers et à trois pointes. <strong>Le</strong>s<br />
pans de l’habit seront agrafés derrière ;<br />
les retroussis ornés d’un corset d’armes<br />
brodé <strong>en</strong> or. La veste et la culotte seront<br />
de drap blanc.<br />
<strong>Le</strong>ttre de L. Carnot sur l’uniforme du <strong>génie</strong>, collection Musée du <strong>génie</strong><br />
- 88 -<br />
L’épaulette et la dragonne seront du<br />
modèle du grade de l’officier.<br />
La redingote est id<strong>en</strong>tique à l’habit. Elle<br />
se croisera sur la poitrine et le collet sera<br />
r<strong>en</strong>versé sur un collet droit de sept à huit<br />
c<strong>en</strong>timètres ; parem<strong>en</strong>ts et manches<br />
seront coupés <strong>en</strong> dessous.<br />
<strong>Le</strong> manteau sera <strong>en</strong> drap national ; la<br />
retonde bordée d’un galon d’or de 4 c<strong>en</strong>timètres<br />
de largeur, le collet droit de<br />
velours noir, liseré de rouge, ainsi que la<br />
rotonde.<br />
Comme dans le règlem<strong>en</strong>t de 1776, la<br />
cuirasse et le pot-<strong>en</strong>-tête sont représ<strong>en</strong>tés<br />
sur les boutons. Un dessin, planche 7<br />
du règlem<strong>en</strong>t, reproduit le modèle. <strong>Le</strong>s<br />
boutons seront de métal doré, fond<br />
sablé, et timbrés <strong>en</strong> relief d’un corset<br />
d’armes et pot <strong>en</strong> tête. L’emplacem<strong>en</strong>t<br />
des boutons est particulièrem<strong>en</strong>t détaillé :<br />
l’habit sera garni de trois gros boutons<br />
au bas du revers droit, trois sur chaque<br />
poche, un sur chaque hanche, sept petits<br />
à chaque revers, trois à chaque parem<strong>en</strong>t,<br />
un sur chaque épaule, près la couture<br />
du collet, pour fixer les épaulettes.<br />
Veste et culotte seront garnies de petits<br />
boutons d’uniforme. Sur la redingote,<br />
parem<strong>en</strong>ts et manches se fermeront par<br />
trois petits boutons d’uniforme. De plus,<br />
il sera mis sept gros boutons sur chaque<br />
devant, un à chaque hanche, deux sur la<br />
patte de chaque poche, qui sera dans les<br />
plis. Petits boutons pour veste et culotte<br />
<strong>en</strong> drap blanc.<br />
<strong>Le</strong> chapeau sera uni, sans panache, sans<br />
plume ni plumet, bordé d’un galon de<br />
Bouton du <strong>génie</strong> d’époque 1 er Empire,<br />
collection Musée du <strong>génie</strong><br />
3) La plupart des auteurs traitant des uniformes m<strong>en</strong>tionn<strong>en</strong>t la date du 1 er v<strong>en</strong>démiaire, an XII. Il semble que celui-ci ait repris les dispositions du 1 er messidor<br />
qui est consacré exclusivem<strong>en</strong>t au <strong>génie</strong>.
poil de chèvre noir de six c<strong>en</strong>timètres de<br />
largeur ; ganse <strong>en</strong> or de dix-huit millimètres<br />
de largeur ; glands dans les<br />
cornes dont les franges seront correspondantes<br />
au grade. La couleur n’est<br />
pas indiquée mais est sous-<strong>en</strong>t<strong>en</strong>due<br />
dorée. La cocarde tricolore dite « nationale<br />
» est, bi<strong>en</strong> sûr, prés<strong>en</strong>te.<br />
<strong>Le</strong> règlem<strong>en</strong>t stipule que le col sera<br />
blanc <strong>en</strong> temps de paix, et noir <strong>en</strong><br />
campagne !<br />
Un petit uniforme est aussi prescrit pour<br />
les officiers du <strong>génie</strong> : habit de drap bleu<br />
national, doublure écarlate, sans revers ;<br />
les poches seront dans les plis ; le collet<br />
et les parem<strong>en</strong>s seront <strong>en</strong> velours noir,<br />
liserés de rouge ; collet droit et parem<strong>en</strong>s<br />
ouverts sous la manche et fermés<br />
par deux petits boutons. Cet habit boutonnera<br />
sur la poitrine ; les pans s’agraferont<br />
derrière ; il sera garni de neuf gros<br />
boutons sur le devant, un à chaque<br />
manche, deux dans les plis, et de deux<br />
petits à chaque parem<strong>en</strong>t. Il est précisé<br />
qu’<strong>en</strong> petit uniforme, la veste sera<br />
blanche, la culotte <strong>en</strong> drap bleu.<br />
En grande t<strong>en</strong>ue, les bottes seront<br />
à l’écuyère et <strong>en</strong> petit uniforme, à<br />
S A P E U R<br />
<strong>Sapeur</strong>s sous l’Empire, gravure du XIX e siècle, collection Musée du <strong>génie</strong><br />
retroussis rabattus <strong>en</strong> cuir jaune. <strong>Le</strong>s<br />
éperons seront plaqués <strong>en</strong> arg<strong>en</strong>t. <strong>Le</strong><br />
modèle est proposé <strong>en</strong> gravure sur la<br />
planche 13 du règlem<strong>en</strong>t. <strong>Le</strong>s boucles<br />
des souliers <strong>en</strong> arg<strong>en</strong>t.<br />
<strong>Le</strong> ceinturon sera <strong>en</strong> buffle blanc, de la<br />
largeur de six c<strong>en</strong>timètres deux millimètres<br />
et la plaque <strong>en</strong> cuivre doré avec<br />
le corset d’armes et pot-<strong>en</strong>-tête <strong>en</strong> relief.<br />
L’équipem<strong>en</strong>t du cheval est lui aussi<br />
décrit minutieusem<strong>en</strong>t. La selle sera à la<br />
<strong>français</strong>e, <strong>en</strong> veau-laque. La housse et<br />
les chaperons, <strong>en</strong> drap bleu national,<br />
seront bordés d’un galon d’or de la largeur<br />
de 5,5 c<strong>en</strong>timètre pour les officiers<br />
supérieurs, de 4,5 c<strong>en</strong>timètre pour les<br />
capitaines et de 3,8 c<strong>en</strong>timètre pour les<br />
lieut<strong>en</strong>ants (le galon est représ<strong>en</strong>té à<br />
l’échelle 1 <strong>en</strong> gravure, planche 7). <strong>Le</strong>s<br />
bossettes ovales, unies et plaquées <strong>en</strong><br />
arg<strong>en</strong>t, ainsi que toutes les boucles<br />
appar<strong>en</strong>tes ; les étriers noirs, vernis ;<br />
tous les cuirs noirs, compris ceux de la<br />
bride et du bridon.<br />
En campagne, les officiers du <strong>génie</strong><br />
pourront se servir de la selle à la hussarde<br />
; la housse, dite de pied, sera <strong>en</strong><br />
drap bleu national, bordée du galon<br />
4) BLONDIAU, Aigles et shakos du 1 er Empire, Paris, 1980.<br />
5) Voir l’habit de caporal du <strong>génie</strong>, modèle 1812, prés<strong>en</strong>té dans le hors série n° 23 de Tradition Magazine, p 66.<br />
- 89 -<br />
d’or uniforme. Cette housse sera mise<br />
sous la selle ; les chaperons seront <strong>en</strong><br />
peau d’ours.<br />
L’armem<strong>en</strong>t n’est pas oublié. L’épée, le<br />
sabre et les pistolets seront du modèle<br />
affecté aux officiers de l’état-major des<br />
armées.<br />
Ce même règlem<strong>en</strong>t précise les particularités<br />
de l’uniforme des gardes du<br />
<strong>génie</strong> dont nous parlerons ultérieurem<strong>en</strong>t.<br />
Un décret du 9 novembre 1810 simplifie<br />
la coiffure. En effet, le cordon du<br />
shako est supprimé et remplacé, pour<br />
les officiers, par un ou deux galons<br />
d’or (pour les colonels). De même sont<br />
supprimés les plumets sauf pour les<br />
officiers supérieurs et, pour les autres,<br />
remplacés par une houppette <strong>en</strong> laine.<br />
La plaque de shako a la forme d’un<br />
losange. Elle est <strong>en</strong> cuivre jaune avec<br />
gr<strong>en</strong>ade estampée au-dessus du<br />
numéro. Cep<strong>en</strong>dant, cette plaque fut<br />
peu portée 4 .<br />
<strong>Le</strong> long décret du 19 janvier 1812 a pour<br />
but de r<strong>en</strong>forcer l’uniformisation de<br />
l’armée tout <strong>en</strong> essayant d’être plus<br />
att<strong>en</strong>tionné au confort du soldat.<br />
L’habillem<strong>en</strong>t de base est celui de l’infanterie<br />
(voir figure 2).<br />
Pour le <strong>génie</strong> : habit bleu avec collet,<br />
revers, parem<strong>en</strong>ts, pattes de parem<strong>en</strong>t<br />
<strong>en</strong> velours noirs avec liseré rouge, passepoil<br />
rouge figurant les poches à trois<br />
pointes <strong>en</strong> long. <strong>Le</strong>s retroussis sont<br />
rouges avec passepoil de velours noir<br />
avec deux haches <strong>en</strong> drap bleu et <strong>en</strong> sautoir<br />
comme ornem<strong>en</strong>t. <strong>Le</strong>s boutons sont<br />
plats, jaunes avec le trophée d’arme. <strong>Le</strong><br />
pantalon est bleu et les guêtres plus<br />
courtes, de couleurs noires. Ainsi, l’habit<br />
couvre maint<strong>en</strong>ant le v<strong>en</strong>tre et cache la<br />
veste. <strong>Le</strong>s revers sont droits. <strong>Le</strong>s<br />
basques sont plus courtes 5 .<br />
<strong>Le</strong> shako reste id<strong>en</strong>tique à celui prescrit<br />
<strong>en</strong> 1810 sauf la plaque qui est <strong>en</strong> cuivre<br />
jaune surmonté d’une aigle couronnée<br />
avec le numéro du bataillon de sapeurs<br />
ou de la compagnie de mineurs.
Il semble que les haches <strong>en</strong> sautoir ne<br />
fur<strong>en</strong>t pas utilisées et que seul la gr<strong>en</strong>ade<br />
ait continué à être portée 6 . De même, le<br />
passepoil de velours noir sur les retroussis<br />
ne semble pas avoir été exécuté.<br />
LES MINEURS ET SAPEURS<br />
<strong>Le</strong> 4 mars 1795 (14 V<strong>en</strong>tôse an III), les six<br />
compagnies de mineurs sont réunies définitivem<strong>en</strong>t<br />
au corps du <strong>génie</strong>. En effet, les<br />
mineurs avai<strong>en</strong>t été rattachés au <strong>génie</strong> le<br />
15 décembre 1792 sans intégration de<br />
leurs officiers au corps du <strong>génie</strong>. <strong>Le</strong>s<br />
mineurs avai<strong>en</strong>t alors pris la dénomination<br />
d’« ouvriers <strong>militaire</strong>s du <strong>génie</strong> 7 ».<br />
Bouton du 2 e bataillon de sapeur<br />
époque début XIX e siècle<br />
collection Musée du <strong>génie</strong><br />
<strong>Le</strong>s mineurs vont conserver l’uniforme<br />
qu’ils avai<strong>en</strong>t lorsqu’ils dép<strong>en</strong>dai<strong>en</strong>t de<br />
l’artillerie. <strong>Le</strong> règlem<strong>en</strong>t du 15 janvier<br />
1792 prescrit des épaulettes à franges à<br />
laine écarlate. Ils les garderont lors de<br />
leur passage dans le corps du <strong>génie</strong> et<br />
adopteront aussi les parem<strong>en</strong>ts noirs<br />
liserés de rouge.<br />
Un décret du 15 décembre 1793 (25 frimaire<br />
an II) crée douze bataillons du<br />
<strong>génie</strong> destinés aux travaux de fortifications<br />
et d’aménagem<strong>en</strong>t tant <strong>en</strong> campagne<br />
que dans les places. Ce décret<br />
peut être considéré comme l’acte créateur<br />
de l’arme du <strong>génie</strong>. Cep<strong>en</strong>dant, il<br />
est important de noter que ses<br />
sapeurs, mis à la disposition des officiers<br />
du corps du <strong>génie</strong>, étai<strong>en</strong>t commandés<br />
par des officiers dits « officiers<br />
de sapeurs » qui n’appart<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t<br />
pas à ce corps.<br />
S A P E U R<br />
<strong>Sapeur</strong> vers 1795,<br />
aquarelle d’André Marcy,<br />
collection Musée du <strong>génie</strong><br />
L’uniforme de ces sapeurs est spécifié<br />
dans ce décret qui stipule que celui-ci<br />
serait le même que celui des compagnies<br />
de canonniers, sauf les épaulettes<br />
qui seront jaunes 8 . Ainsi, les collets,<br />
parem<strong>en</strong>ts et revers étai<strong>en</strong>t bleus liserés<br />
de rouge. La culotte et la veste sont<br />
bleues. Il semble que rapidem<strong>en</strong>t, ils prir<strong>en</strong>t<br />
le velours noir et les épaulettes<br />
rouges comme les mineurs. L’extrémité<br />
de chaque retroussis des basques est<br />
garnie d’une pelle et d’une pioche <strong>en</strong><br />
sautoir 9 . <strong>Le</strong> chapeau est adopté comme<br />
coiffure.<br />
<strong>Le</strong> règlem<strong>en</strong>t qui suit la publication de<br />
ce décret précise, dans son article VI,<br />
que le drapeau sera porté par le plus<br />
anci<strong>en</strong> serg<strong>en</strong>t-major.<br />
L’arrêté des consuls du 10 octobre 1801<br />
(18 v<strong>en</strong>démiaire an X) unifie l’arme du<br />
<strong>génie</strong> <strong>en</strong> homogénéisant les structures<br />
des six compagnies de mineurs et les<br />
quatre bataillons de sapeurs seulem<strong>en</strong>t<br />
effectifs. En complém<strong>en</strong>t, le décret du<br />
27 décembre 1801 (6 nivôse an X) donne<br />
aux officiers de sapeurs le même uni-<br />
- 90 -<br />
forme que les officiers du corps du <strong>génie</strong>.<br />
Ainsi est <strong>en</strong>fin amalgamé dans une<br />
même <strong>en</strong>tité l’anci<strong>en</strong> corps des in<strong>génie</strong>urs<br />
du roi, les mineurs et les sapeurs 10 .<br />
LES SAPEURS DE LA GARDE IMPÉRIALE<br />
Corps d'élite par excell<strong>en</strong>ce, la Garde<br />
impériale se devait de posséder une<br />
unité du <strong>génie</strong>. Cep<strong>en</strong>dant, ce n'est que<br />
vers la fin de l'Empire qu'une compagnie<br />
du <strong>génie</strong> fut créée avec une mission très<br />
particulière. Un décret impérial daté du<br />
10 juillet 1810 ordonne la création d'une<br />
compagnie de sapeurs au sein de la<br />
Garde Impériale dont la mission est le<br />
service des pompes dans les palais<br />
impériaux. Ainsi, la mission première de<br />
ses sapeurs est d'être des pompiers !<br />
D'un effectif initial de c<strong>en</strong>t tr<strong>en</strong>te-neuf<br />
hommes, celui-ci va régulièrem<strong>en</strong>t augm<strong>en</strong>ter<br />
jusqu'à monter à trois c<strong>en</strong>t<br />
soixante-seize hommes au printemps<br />
1813 dont les deux tiers dans la Jeune<br />
Garde. Des pompes patiemm<strong>en</strong>t acheminées<br />
vers Moscou serviront à essayer<br />
d'arrêter l'inc<strong>en</strong>die de la capitale moscovite.<br />
Lors des C<strong>en</strong>t jours, une compagnie<br />
sera de nouveau reconstituée.<br />
L'uniforme des sapeurs de la Garde est<br />
très proche de celui des bataillons de<br />
sapeurs. Seule la coiffure et les boutons<br />
sont spécifiques. Il faut aussi rappeler<br />
<strong>Sapeur</strong> de la Garde Impériale,<br />
L. Rousselot, collection Musée du <strong>génie</strong><br />
6) TERRIENNE, op cit.<br />
7) TERRIENNE, Notes sur l’organisation et l’uniforme des troupes constituant le <strong>génie</strong>, titre III, p 54.<br />
8) AUGOYAT, Aperçu historique sur les fortifications, les in<strong>génie</strong>urs et sur le corps du <strong>génie</strong> <strong>en</strong> France, 1864, tome III, page 60. Décret de la conv<strong>en</strong>tion<br />
nationale du 25 frimaire, an II, section troisième, article 1.<br />
9) C’est-à-dire croisé. La couleur devait être bleue.<br />
10) TERRIENNE fait débuter l’arme du <strong>génie</strong> à partir de ce décret; op cit, titre III, p 72.
que les uniformes de la Garde sont<br />
généralem<strong>en</strong>t taillés dans un tissu de<br />
meilleure qualité et que l'armem<strong>en</strong>t a<br />
aussi sa propre spécificité.<br />
Fabriqué <strong>en</strong> acier et laiton, le casque est<br />
singulier et particulièrem<strong>en</strong>t seyant.<br />
C'est un casque à bombe avec une<br />
visière et un couvre-nuque <strong>en</strong> acier poli.<br />
<strong>Le</strong> cimier estampé, le cerclage, le port du<br />
plumet, les jugulaires à écailles posées<br />
sur un cuir, les rosaces avec une étoile<br />
au c<strong>en</strong>tre et la plaque sont <strong>en</strong> laiton. La<br />
plaque représ<strong>en</strong>te une aigle éployée très<br />
caractéristique. <strong>Le</strong> plumet est écarlate et<br />
la ch<strong>en</strong>ille du cimier <strong>en</strong> poils d'ours<br />
noirs. <strong>Le</strong>s sapeurs de la Jeune Garde<br />
port<strong>en</strong>t un shako <strong>en</strong> feutre noir avec une<br />
plaque <strong>en</strong> laiton à l'aigle couronnée,<br />
deux jugulaires avec écailles et rosaces<br />
étoilées <strong>en</strong> laiton avec un cordon natté<br />
écarlate et un plumet de même. Au<br />
bivouac ou <strong>en</strong> t<strong>en</strong>ue de travail, le port du<br />
bonnet de police est autorisé. Celui-ci<br />
est <strong>en</strong> drap bleu avec galon, passepoil et<br />
gr<strong>en</strong>ade écarlate pour les sapeurs et or<br />
pour les officiers.<br />
<strong>Le</strong>s boutons sont <strong>en</strong> cuivre jaune voire<br />
dorés pour les officiers, timbrés d'une<br />
aigle.<br />
La capote est <strong>en</strong> drap bleu, croisée sur le<br />
devant avec deux rangées de sept gros<br />
boutons ; deux autres gros boutons à la<br />
taille, derrière. <strong>Le</strong>s parem<strong>en</strong>ts sont agrém<strong>en</strong>tés<br />
de trois petits boutons chacun,<br />
plus un sur chaque épaulette. En effet,<br />
les galons ou les épaulettes se port<strong>en</strong>t<br />
aussi sur la capote. En petite t<strong>en</strong>ue et <strong>en</strong><br />
t<strong>en</strong>ue de ville, les officiers port<strong>en</strong>t le chapeau<br />
à ganse noir bordé de soie de la<br />
même couleur et glands dorés dans les<br />
cornes avec bouton de la Garde et<br />
cocarde nationale.<br />
LE TRAIN DU GÉNIE<br />
<strong>Le</strong> développem<strong>en</strong>t des armées révolutionnaires<br />
puis impériales va <strong>en</strong>traîner la<br />
création du train du <strong>génie</strong> le 1 er octobre<br />
1806. Sa mission était de convoyer les<br />
outils et matériaux nécessaires aux tra-<br />
S A P E U R<br />
vaux des mineurs et des sapeurs. Son<br />
organisation changea plusieurs fois<br />
avant de se stabiliser à un bataillon à<br />
sept compagnies dont une de dépôt<br />
(1 er juillet 1811). En général, il y a une<br />
compagnie du train du <strong>génie</strong> par corps<br />
d'armée. L'uniforme est spécifique bi<strong>en</strong><br />
que la couleur de fond de l'habit soit la<br />
même que celle du train des équipages :<br />
habit gris de fer avec collet, revers, parem<strong>en</strong>t<br />
et pattes de parem<strong>en</strong>t noirs vraisemblablem<strong>en</strong>t<br />
<strong>en</strong> panne (et non <strong>en</strong><br />
velours !) ; poches, doublure et retroussis<br />
de couleur distincte ; boutons et ornem<strong>en</strong>t<br />
(gr<strong>en</strong>ades aux retroussis) blancs.<br />
La veste est blanche ; culotte de peau<br />
avec surculotte et bottes à la dragonne.<br />
La capote, du même type que l'infanterie,<br />
est <strong>en</strong> drap gris de fer. La schabraque<br />
est <strong>en</strong> peau de mouton blanc. <strong>Le</strong><br />
shako est du même type que l'infanterie<br />
avec plaque <strong>en</strong> losange et jugulaires<br />
blanches, aigrette rouge. <strong>Le</strong> décret du 9<br />
février 1812 précise que les passepoils<br />
figurant les poches, la doublure et les<br />
retroussis seront bleus ; les boutons sont<br />
plats et blancs (arg<strong>en</strong>t) frappés d'une<br />
cuirasse surmontée d'un pot <strong>en</strong> tête.<br />
ÉCLUSIERS, CASERNIERS11 , GARDES<br />
ET GARDIENS DES FORTIFICATIONS<br />
<strong>Le</strong> chapitre XV de l'ordonnance du 1 er<br />
octobre 1786 traite de l'uniforme des<br />
employés aux fortifications : les Éclusiers,<br />
Caserniers, Gardi<strong>en</strong>s des fortifications,<br />
jetées, digues, fascinages et épis,<br />
ainsi que tous autres employés, porteront<br />
l'habit avec collet r<strong>en</strong>versé ; doublure,<br />
veste et culotte bleu de roi. <strong>Le</strong>s<br />
boutons des fortifications seront de<br />
métal jaune, ornés dans le milieu d'une<br />
rosette, avec la lég<strong>en</strong>de au pourtour :<br />
fortifications.<br />
Par la loi du 10 juillet 1791, tous les<br />
employés de fortifications seront désignés<br />
dorénavant sous les noms de<br />
gardes des fortifications et d’éclusiers<br />
des fortifications 12 . Ils sont au nombre<br />
de 200 13 et doiv<strong>en</strong>t obligatoirem<strong>en</strong>t porter<br />
l’uniforme qui leur sera affecté. Cette<br />
11) <strong>Le</strong> règlem<strong>en</strong>t du 30 thermidor, an II , dans son titre deuxième traite du rôle des caserniers.<br />
12) Journal <strong>militaire</strong> du 11 septembre 1791, numéro 37, p 444 et 445.<br />
13) <strong>Le</strong> chiffre citée est 300 mais, dans cette même loi, un tableau précise et détaille le coût et leur nombre pour 200.<br />
14) TERRIENNE, op cit, titre III, p 121.<br />
- 91 -<br />
même loi crée « les archives des fortifications<br />
». Ainsi, un dépôt d’archives spécifiques<br />
au <strong>génie</strong> voit-il officiellem<strong>en</strong>t le<br />
jour. Cette spécificité cessera <strong>en</strong> 1985.<br />
L'article 4 de la loi du 5 floréal an V<br />
stipule que « les Gardes-éclusiers des<br />
fortifications porteront l'uniforme de<br />
sous-officiers de mineurs, avec les<br />
marques distinctives du grade affecté à<br />
la classe de garde dans laquelle ils sont<br />
compris ». <strong>Le</strong> règlem<strong>en</strong>t du 20 juin 1804<br />
(1 er messidor, l’an XII) dans son article II<br />
du chapitre IV traite de l’uniforme des<br />
gardes du <strong>génie</strong>. <strong>Le</strong>s gardes du <strong>génie</strong><br />
porteront l'habit bleu national, doublure<br />
écarlate, collet, parem<strong>en</strong>s et revers <strong>en</strong><br />
panne noire liserés de rouge, veste et<br />
culotte de drap bleu garnies de petits<br />
boutons d’uniformes. <strong>Le</strong> chapeau sera<br />
uni, la ganse <strong>en</strong> galon de laine jaune<br />
avec cocarde national, boutons jaunes et<br />
timbré d’un corset d’armes avec la<br />
lég<strong>en</strong>de : garde du <strong>génie</strong>. <strong>Le</strong>s gardes de<br />
première classe port<strong>en</strong>t les épaulettes<br />
d'adjudant (fond de soie couleur de feu,<br />
traversée dans le milieu de deux cordons<br />
de tresse d’or), ceux de deuxième<br />
classe les galons de serg<strong>en</strong>t-major (deux<br />
galons <strong>en</strong> or sur chaque manche, du<br />
côté de l’extérieur de l’avant-bras et près<br />
du parem<strong>en</strong>t), ceux de troisième classe<br />
les galons de serg<strong>en</strong>t (un seul galon <strong>en</strong><br />
or sur chaque) et ceux de quatrième<br />
classe les galons de fourrier (un galon<br />
<strong>en</strong> or sur le dehors de la manche, audessus<br />
du pli du bras).<br />
LES OUVRIERS DU GÉNIE<br />
<strong>Le</strong> 12 novembre 1811, les ateliers du<br />
dépôt du train du <strong>génie</strong> de Metz sont<br />
transformés <strong>en</strong> ars<strong>en</strong>al du <strong>génie</strong>. Il est<br />
alors créé, dans cet ars<strong>en</strong>al, une compagnie<br />
d’ouvriers du <strong>génie</strong>.<br />
L’uniforme est le même que celui du<br />
<strong>génie</strong> avec des gr<strong>en</strong>ades <strong>en</strong> drap bleu<br />
aux basques et des boutons à cuirasse<br />
portant l’inscription : ouvriers du <strong>génie</strong>.<br />
<strong>Le</strong> shako est celui des mineurs avec un<br />
pompon rouge surmonté d’une petite<br />
aigrette <strong>en</strong> crin noir 14 .
LES ADJOINTS AU GÉNIE<br />
Ils sont créés par la loi du 21 février 1793<br />
qui traite, dans son titre VII, du <strong>génie</strong>.<br />
L’article II stipule que dans les places qui se<br />
trouverai<strong>en</strong>t dépourvues du nombre d’in<strong>génie</strong>urs<br />
suffisant pour le service, le<br />
ministre est autorisé à nommer des<br />
adjoints <strong>en</strong> nombre suffisant, sur la prés<strong>en</strong>tation<br />
des chefs du <strong>génie</strong>, et à leur attribuer<br />
un traitem<strong>en</strong>t analogue à leur g<strong>en</strong>re<br />
d’utilité 15 . La loi du 5 août 1794 (18 thermidor<br />
an II) limite leur nombre à 200 répartis<br />
<strong>en</strong> deux classes.<br />
Ils port<strong>en</strong>t l’uniforme de sous-lieut<strong>en</strong>ant<br />
de sapeur.<br />
Uniforme type d’infanterie 1801-1810,<br />
dessin Michel Pétard<br />
S A P E U R<br />
<strong>Le</strong> décret du 5 floréal an V, dans son<br />
article III, précise que l’uniforme reste le<br />
même que celui attribué le 22 septembre<br />
1796 (1er v<strong>en</strong>démiaire an V), à l’exception<br />
de la doublure, qui sera bleue et les<br />
revers qui seront supprimés.<br />
<strong>Le</strong>s adjoints fur<strong>en</strong>t supprimés par décret du<br />
11 octobre 1801 16 (19 v<strong>en</strong>démiaire an X).<br />
LES AÉROSTIERS<br />
Dans la tourm<strong>en</strong>te révolutionnaire, les<br />
nouvelles idées foisonn<strong>en</strong>t tant dans le<br />
domaine politique que dans le domaine<br />
<strong>militaire</strong>. Dans ce dernier domaine, il est<br />
créé, par décret du 2 avril 1794 (13 germinal,<br />
an II), une compagnie d’aérostiers à<br />
Meudon sous les ordres du capitaine<br />
Coutelle. Ce décret 17 indique l’uniforme de<br />
la nouvelle compagnie dans son article 4.<br />
Il consiste <strong>en</strong> un habit, veste et culotte<br />
bleus avec passepoil rouge au collet, parem<strong>en</strong>ts<br />
noirs, boutons d’infanterie 18 prévus<br />
par le décret du 4 octobre 1792 (13 v<strong>en</strong>démiaire,<br />
an III) avec veste de coutil bleu<br />
pour le travail. L’armem<strong>en</strong>t est composé<br />
d’un sabre court (vraisemblablem<strong>en</strong>t type<br />
briquet) et de deux pistolets 19 . Une<br />
deuxième compagnie fut créée le 23 juin<br />
(5 messidor, an II) de la même année. La<br />
- 92 -<br />
première compagnie participera à la campagne<br />
d’Égypte. Cette situation <strong>en</strong>traînera<br />
une modification de son uniforme. L’habit<br />
est vert foncé avec passepoil rouge au collet;<br />
le reste, sans changem<strong>en</strong>t. Cet habit<br />
est <strong>en</strong>core modifié <strong>en</strong> Égypte : habit et<br />
veste bleue avec collets et parem<strong>en</strong>ts<br />
verts, retroussis verts, passepoil blanc et<br />
boutons <strong>en</strong> bois recouverts d’étoffe bleue.<br />
<strong>Le</strong>s compagnies d’aérostiers fur<strong>en</strong>t dissoutes<br />
<strong>en</strong> 1799 par le Directoire. Cette spécialité<br />
réapparaîtra dans l’armée <strong>français</strong>e<br />
lors de la guerre de 1870-1871.<br />
Uniforme type d’infanterie 1812,<br />
dessin Michel Pétard<br />
15) AUGOYAT, op cit, tome troisième, p 28.<br />
16) TERRIENNE, op cit, titre I, p 5.<br />
17) AUGOYAT, op cit, tome troisième, p 37.<br />
18) FALLOU, dans son ouvrage, indique un bouton <strong>en</strong> cuivre particulier avec ballon surmontant une nacelle avec deux hommes portant chacun un<br />
fanion (vers 1796).<br />
19) <strong>Le</strong> musée d’histoire <strong>militaire</strong> de Fontainebleau possède une paire de pistolets d’aérostier.
Capitaine (esr)<br />
Bernard<br />
GIUDICELLI<br />
<strong>Le</strong> Capitaine GIUDICELLI sert au 71 e<br />
Régim<strong>en</strong>t du Génie.<br />
Chef de projet Sénior, il collabore à la<br />
réalisation de plusieurs applications<br />
pour l’Armée de Terre et la G<strong>en</strong>darmerie.<br />
Il commande au 71 e RG puis <strong>en</strong> opération<br />
extérieure avec le BATGEN 1.<br />
Détaché au ministère de l’Intérieur de<br />
1997 à 2000, il est aujourd’hui adjoint au<br />
conservateur du musée du <strong>génie</strong>.<br />
S A P E U R<br />
GÉNÉRATION DE FORCES<br />
ET EMPLOI DU GÉNIE :<br />
LES SAPEURS DE LA CAMPAGNE D’ALGER<br />
24 JUIN – 5 JUILLET 1830<br />
LES RAISONS DU CHOIX<br />
Conséqu<strong>en</strong>ce du « coup de l’év<strong>en</strong>tail »,<br />
de raisons de politique intérieure et de<br />
considérations financières 1 , la campagne<br />
d’Alger est la première expédition<br />
d’une telle <strong>en</strong>vergure que l’armée <strong>français</strong>e<br />
ait lancée. Plus que le nombre de<br />
combattants, <strong>en</strong>viron 37 000 hommes, il<br />
convi<strong>en</strong>t de considérer le contexte général<br />
: le débarquem<strong>en</strong>t de vive force, l’emploi<br />
combiné de forces terrestres et<br />
maritimes, la minutie de la préparation,<br />
le déroulem<strong>en</strong>t de l’action.<br />
Il s’agit d’une première.<br />
<strong>Le</strong>s antécéd<strong>en</strong>ts<br />
Sans remonter aux croisades, il y eut,<br />
bi<strong>en</strong> sûr, des précéd<strong>en</strong>ts : celle de<br />
Lafayette et celle de Bonaparte, l’une<br />
vers les Amériques et l’autre vers l’Égypte.<br />
Ces deux opérations ne sont pas<br />
les plus réussies de la marine <strong>français</strong>e.<br />
La flotte est malm<strong>en</strong>ée sur la côte est<br />
des Amériques et coulée devant<br />
Aboukir… Et <strong>en</strong>core, dans ces deux derniers<br />
cas, pouvait-on compter sur une<br />
partie de la population, sinon acquise,<br />
du moins bi<strong>en</strong>veillante. Pour Alger, ri<strong>en</strong><br />
de tel. Pire, cette action va se dérouler <strong>en</strong><br />
« Terra incognita ».<br />
Si « le coup de l’év<strong>en</strong>tail » date de 1827,<br />
c’est après deux ans de réflexion et<br />
quelques péripéties que la décision est<br />
prise. Début 1830, se ti<strong>en</strong>t le conseil des<br />
ministres chargé d’évaluer la faisabilité.<br />
<strong>Le</strong> général Valazé y participe. La résolution<br />
adoptée à l’unanimité est prés<strong>en</strong>tée<br />
au Roi :<br />
• Débarquem<strong>en</strong>t sur la presqu’île de<br />
Sidi-Ferruch.<br />
• Progression sur l’axe Sidi-Ferruch<br />
Alger via « Chapelle et Fontaine » et<br />
« Fort l’Empereur ».<br />
• Attaque de la ville par la terre.<br />
Comme Napoléon avant lui, Charles X<br />
désire s’imposer <strong>en</strong> Afrique pour y limiter<br />
la prés<strong>en</strong>ce britannique. Ce qui lui<br />
fera répondre à l’ambassadeur anglais :<br />
« Pour décider d’aller à Alger, je n’ai<br />
consulté que l’honneur de la France,<br />
pour décider de ce que j’<strong>en</strong> ferai, je ne<br />
consulterai que ses intérêts ».<br />
À la même époque<br />
Cette année-là, Charles X règne, cahin<br />
caha. Marc Seguin inv<strong>en</strong>te la chaudière<br />
tubulaire. En Angleterre, Georges IV<br />
accède au trône, la première ligne de chemin<br />
de fer est ouverte au public.<br />
La locomotive « Rocket » atteint les<br />
1) En 1827, La France traîne une dette de 7.5 millions de francs or. Vieille de 20 ans, elle résulte d'une livraison<br />
de blé réalisée au bénéfice de l'Empire. <strong>Le</strong> Dey d'Alger a payé les fournisseurs. Il <strong>en</strong> att<strong>en</strong>d le remboursem<strong>en</strong>t.<br />
Ceci explique sans doute cela…<br />
- 93 -
25 km/heure. Beethov<strong>en</strong> obti<strong>en</strong>t un<br />
imm<strong>en</strong>se succès avec la 9 e symphonie.<br />
<strong>Le</strong>s accords d'Orange sont discutés :<br />
bi<strong>en</strong>tôt naîtra la Belgique et la France y<br />
perdra la Flandre, le Hénault et l'Artois.<br />
L'armée <strong>français</strong>e compte <strong>en</strong>viron<br />
270 000 hommes. Cette armée, <strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t<br />
refondue depuis 1816, connaît peu<br />
d'évolution des matériels. L'artillerie<br />
abandonne le système Gribeauval (1780)<br />
pour le système Vallet. <strong>Le</strong> <strong>génie</strong> est organisé<br />
depuis la refonte <strong>en</strong> régim<strong>en</strong>ts. Ils<br />
sont 3, à deux bataillons chacun. Un<br />
bataillon compte 8 compagnies : 2 compagnies<br />
de mineurs, 6 compagnies de<br />
sapeurs. On trouve 4 officiers et<br />
150 hommes par compagnie. Ajoutons à<br />
cela les compagnies d'équipage du<br />
Génie. <strong>Le</strong>s conditions d'emploi sont<br />
simples : 1 compagnie de sapeurs pour<br />
une division, soit 8 sapeurs pour<br />
600 fantassins. La poussière de « <strong>génie</strong> »<br />
existe déjà.<br />
Comme de nos jours, le capitaine du<br />
<strong>génie</strong> est l’interlocuteur du général commandant<br />
la division.<br />
LA RECONNAISSANCE.<br />
Début 1808, Napoléon veut rejoindre<br />
l'Égypte afin de limiter, voire couper, la<br />
route anglaise des Indes. <strong>Le</strong> but étant de<br />
rejoindre <strong>Le</strong> Caire par… Tunis et Tripoli, la<br />
Méditerranée appart<strong>en</strong>ant à la marine<br />
anglaise. L'idée n'est pas si mauvaise,<br />
puisque 135 ans plus tard, Rommel et son<br />
Afrika Corps suivront cet itinéraire. <strong>Le</strong> but<br />
de la reconnaissance est donc de repérer<br />
un port capable d'abriter la flotte <strong>français</strong>e<br />
des élém<strong>en</strong>ts naturels d'une part, et des<br />
actions de la marine anglaise d'autre part.<br />
C’est le Commandant Boutin qui est<br />
chargé de cette mission. Il la réalise au<br />
printemps de la même année. Très vite,<br />
l’objectif devi<strong>en</strong>t clair : « S’emparer<br />
d’Alger ». Il convi<strong>en</strong>t de noter que la reconnaissance<br />
ne se borne pas à la seule désignation<br />
du lieu. Boutin ori<strong>en</strong>te la stratégie,<br />
les axes d'efforts, les moy<strong>en</strong>s nécessaires.<br />
Il fixe le lieu du débarquem<strong>en</strong>t, l'itinéraire,<br />
les points d'appui à conquérir. <strong>Le</strong> choix<br />
semble judicieux, les alliés y débarqueront<br />
<strong>en</strong> novembre 1942. Il est donc naturel que<br />
la résolution du Conseil des Ministres<br />
repr<strong>en</strong>ne point par point toutes les recommandations<br />
de son mémoire, sauf une…<br />
l’époque de l’année.<br />
Encore faut-il être bi<strong>en</strong>veillant. <strong>Le</strong> cal<strong>en</strong>drier<br />
est serré. <strong>Le</strong> 8 février, le Roi<br />
approuve la décision du Conseil.<br />
<strong>Le</strong> 11 mai, les troupes comm<strong>en</strong>c<strong>en</strong>t<br />
l'embarquem<strong>en</strong>t. Entre-temps, c'est<br />
37 000 hommes qui sont dirigés vers<br />
Toulon. <strong>Le</strong>s sapeurs vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t d'Espagne,<br />
de Flandre et de Lorraine. 110 navires de<br />
la Marine escorteront les 500 bateaux de<br />
commerce. <strong>Le</strong>s ars<strong>en</strong>aux inv<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t et<br />
réalis<strong>en</strong>t des barges de débarquem<strong>en</strong>t<br />
capables de transporter deux pièces d'artillerie.<br />
Ces pièces peuv<strong>en</strong>t tirer p<strong>en</strong>dant<br />
leur transport. L'int<strong>en</strong>dance n'est pas <strong>en</strong><br />
reste. Elle rassemble et prépare deux<br />
mois d'avitaillem<strong>en</strong>t embarqués à Toulon<br />
et deux mois à suivre avec la seconde<br />
vague. Il est prévu pour chaque homme<br />
un approvisionnem<strong>en</strong>t de 5 unités<br />
d’alim<strong>en</strong>tation et 6 unités de feux.<br />
LES PRÉPARATIFS<br />
S A P E U R<br />
Nous sommes le 31 janvier 1830…<br />
<strong>Le</strong>s conclusions du conseil des ministres<br />
seront proposées au Roi Charles X la<br />
semaine suivante. Pour des raisons de<br />
politique intérieure, le nom du général<br />
<strong>en</strong> chef n'est pas arrêté. Mais on connaît<br />
déjà le nom du général commandant le<br />
Génie 2 . Ce sera le Général Valazé.<br />
Un état-major et un bataillon vont participer<br />
aux opérations. Celui-ci est mis sur<br />
pied par les 1 er , 2 e et 3 e régim<strong>en</strong>ts du<br />
<strong>génie</strong>. Ces dispositions sont conformes<br />
aux règles habituelles. Mais l’effectif est<br />
conséqu<strong>en</strong>t. Jusqu’à ce jour, aucune<br />
division n’avait jamais bénéficié d’un<br />
appui de cette ampleur.<br />
4200 palissades<br />
2500 fascines<br />
3500 gabions carrés<br />
16 chevalets de ponts<br />
2 forges de campagne<br />
4 sonnettes à bras.<br />
12 établis de m<strong>en</strong>uisiers<br />
- 94 -<br />
6500 lances à hérissons<br />
2500 piquets pour gabions farcis<br />
37 500 piquets de gabions<br />
220 000 sacs à terre.<br />
10 tonnes de houille<br />
2 tonnes de barres d’acier<br />
3 tonnes de barres de fer<br />
Pour le 1 er RG, sont <strong>en</strong>gagées la 1/m, les<br />
C ies 1/1, 1/2, 1/3, 2 e RG : les C ies 1/3 et 1/4,<br />
3 e RG : la 1/m, la C ie 1/4 plus 1/2 C ie du<br />
train des équipages du <strong>génie</strong>.<br />
Chaque C ie est à 4 officiers, 150 hommes<br />
et 2 chevaux. Au total, 63 officiers et<br />
1250 sapeurs.<br />
<strong>Le</strong>s troupes du <strong>génie</strong> sont conc<strong>en</strong>trées<br />
<strong>en</strong> Arles, car elles vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t <strong>en</strong> majorité<br />
de Metz et d'Arras, et desc<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t<br />
par voie fluviale. D’autres vi<strong>en</strong>dront<br />
d’Espagne. Une partie va être détachée<br />
sur Saint-Rémy-de-Prov<strong>en</strong>ce. Partout,<br />
on aura pour but de constituer le minimum<br />
vital, savoir, rassembler les<br />
matières premières et réaliser tout ce<br />
qui peut l’être. Ainsi, 10 blockhaus<br />
démontables seront réalisés p<strong>en</strong>dant<br />
cette période. Nos anci<strong>en</strong>s maîtris<strong>en</strong>t le<br />
Kit bi<strong>en</strong> avant IKEA. Ils auront dans leurs<br />
bagages, <strong>en</strong>tre-autres…<br />
300 chevaux de frise (de 3m)<br />
8 barrières<br />
10 blockhaus<br />
25000 outils de parc<br />
500 outils de sapeurs.<br />
1500 m 3 de bois à scier.<br />
Dans son mémoire, le Cdt Boutin stipule qu'il n'a trouvé que de maigres broussailles,<br />
une seule source (Chapelle et Fontaine) et signale que d'une façon générale, les<br />
ressources locales sont maigres, parfois inexistantes. Ceci explique les volumes<br />
ci-dessus. 25 kilomètres sépar<strong>en</strong>t Sidi-Ferruch d'Alger. Boutin prévoit 5 jours de<br />
marche d'approche. Ce délais ne laisse pas le temps aux sapeurs de construire sur<br />
place. Tout est donc assemblé et construit p<strong>en</strong>dant la conc<strong>en</strong>tration <strong>en</strong> Prov<strong>en</strong>ce.<br />
Puis tout est démonté, transporté vers Toulon et embarqué.<br />
2) La prés<strong>en</strong>ce à ce niveau de décision d'un « sapeur » est, hélas, trop rare. L'influ<strong>en</strong>ce du Général Valazé sur la manœuvre « Génie », nature, volume des troupes, anticipation<br />
et conduite de la manœuvre sont indéniables. Pour mémoire, une division dispose d’un bataillon du <strong>génie</strong>. C'est donc un Commandant qui représ<strong>en</strong>te l'Arme<br />
auprès d'un État-major de division, un capitaine pour la brigade…
<strong>Le</strong>s préparatifs sont minutieux. En<br />
raison des aléas de la météo, tout ce qui<br />
peut être loti est empaqueté dans un<br />
double emballage. <strong>Le</strong> but est de r<strong>en</strong>dre<br />
les colis étanches et flottants. <strong>Le</strong>s<br />
caisses sont donc recouvertes de toile à<br />
voile goudronnée. Point d'inscription.<br />
Des codes couleurs sont <strong>en</strong>collés sur le<br />
goudron. <strong>Le</strong>s sapeurs comm<strong>en</strong>c<strong>en</strong>t l’embarquem<strong>en</strong>t<br />
le 11 mai. Il s’achève le 18<br />
mais c’est le 25 que la flotte quittera<br />
Toulon. Une relâche à Majorque et finalem<strong>en</strong>t,<br />
le 13 juin au soir, les plages de<br />
Sidi-Ferruch sont <strong>en</strong> vue.<br />
LE DÉBARQUEMENT<br />
14 juin : <strong>Le</strong> débarquem<strong>en</strong>t comm<strong>en</strong>ce<br />
dès 2 heures du matin; à 6 h 30, le général<br />
de Bourmont met pied à terre.<br />
A 13 h 00, le général Valazé délimite<br />
l’emplacem<strong>en</strong>t de la ligne bastionnée.<br />
Il ne s'agit pas d'une simple tranchée.<br />
Il faut réaliser des bastions, des avantpostes,<br />
des points de passages. Relier<br />
l'<strong>en</strong>semble pour <strong>en</strong> faire un tout homogène.<br />
En outre, il ne s'agit pas que de<br />
déf<strong>en</strong>se, la ligne doit aussi soustraire les<br />
installations aux vues de l'<strong>en</strong>nemi.<br />
À 17 h 00, les outils sont distribués,<br />
les sapeurs du <strong>génie</strong> r<strong>en</strong>forcés de<br />
1 500 sapeurs d’infanterie se mett<strong>en</strong>t à<br />
l’ouvrage, aux ordres des commandants<br />
Chambaud et Vaillant. La protection<br />
du chantier est assurée par les<br />
bataillons. Cette nuit-là, et les suivantes,<br />
les régim<strong>en</strong>ts se mett<strong>en</strong>t <strong>en</strong> carré de<br />
déf<strong>en</strong>se. <strong>Le</strong> premier rang est couché, le<br />
second assis, le troisième debout… <strong>Le</strong>s<br />
mineurs creus<strong>en</strong>t 3 le premier puits. Ils<br />
trouv<strong>en</strong>t l’eau à 5 m de profondeur.<br />
15 juin : les sapeurs continu<strong>en</strong>t la ligne.<br />
Mais ils <strong>en</strong>tam<strong>en</strong>t aussi la réalisation<br />
du camp et l’aménagem<strong>en</strong>t de la plage.<br />
<strong>Le</strong>s allées secondaires sont ouvertes,<br />
réparties de part et d’autre de deux axes<br />
principaux. Ceux-ci font six mètres de<br />
large. <strong>Le</strong>s premiers bâtim<strong>en</strong>ts réalisés<br />
sont les dépôts de l’int<strong>en</strong>dance et l’hôpital.<br />
Celui-ci conti<strong>en</strong>t 1 000 lits. <strong>Le</strong> long de<br />
la plage, des drapeaux de différ<strong>en</strong>tes<br />
couleurs sont installés. <strong>Le</strong>s mineurs se<br />
répartiss<strong>en</strong>t deux tâches : creuser les<br />
puits et construire des fours.<br />
S A P E U R<br />
16 Juin : les premiers pains chauds<br />
sort<strong>en</strong>t des fours. La tranchée de protection<br />
est profonde de 1.60 m. Elle possède<br />
un talus de 2 m <strong>en</strong>viron. Elle fait,<br />
déployée, 1000 mètres de long, court<br />
de part et d’autre de la presqu’île. Des<br />
pontons armés d’artillerie sont échoués<br />
à chaque extrémité. Des ouvrages sont<br />
établis sur les maigres hauteurs dominant<br />
l’<strong>en</strong>trée de la presqu’île de Sidi-<br />
Ferruch. <strong>Le</strong>s crevasses et talwegs sont,<br />
de même, battus par les feux. Si l’ouvrage<br />
est considéré apte à la déf<strong>en</strong>se, il<br />
n’est pas <strong>en</strong>core achevé. <strong>Le</strong>s sapeurs<br />
<strong>en</strong>tam<strong>en</strong>t un nouveau chantier : aménager<br />
les accès. Ils ont devant eux un mauvais<br />
chemin muletier. Ils vont <strong>en</strong> faire<br />
une route, large de 6 mètres, <strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t<br />
carrossable, s’affranchissant ici<br />
des rochers, là du sable… <strong>Le</strong>s mineurs,<br />
quant à eux, continu<strong>en</strong>t de creuser les<br />
puits. <strong>Le</strong>s fours <strong>en</strong>terrés sont insuffisants,<br />
mais les fours métalliques de l’int<strong>en</strong>dance<br />
arriv<strong>en</strong>t <strong>en</strong>fin. <strong>Le</strong>s mineurs<br />
vont les assembler.<br />
17 juin : une viol<strong>en</strong>te tempête susp<strong>en</strong>d<br />
les opérations de débarquem<strong>en</strong>t, mais<br />
de débarquem<strong>en</strong>t seulem<strong>en</strong>t. Car les<br />
opérations de ravitaillem<strong>en</strong>t, elles, continu<strong>en</strong>t.<br />
En effet, <strong>en</strong> prévision de ces difficultés,<br />
tous les colis (<strong>en</strong>viron 80 000)<br />
sont insubmersibles, étanches et différ<strong>en</strong>ciés<br />
par des codes couleurs. Ils sont<br />
donc passés par-dessus bord. Il suffit<br />
d’att<strong>en</strong>dre qu’ils rejoign<strong>en</strong>t le littoral,<br />
puis de les déposer auprès du drapeau<br />
correspondant que les mineurs ont<br />
dressé sur le bord de la plage. Bi<strong>en</strong> que<br />
les 4 000 chevaux ainsi que les<br />
1 000 têtes de bétails, ne puiss<strong>en</strong>t être<br />
débarqués, les parcs et les abreuvoirs<br />
sont aménagés. <strong>Le</strong>s échoppes aussi. La<br />
première cantine est établie. <strong>Le</strong>s commerçants<br />
sont prêts à offrir leurs services.<br />
Notons, pour la forme, qu'ils sont<br />
installés au c<strong>en</strong>tre du camp et que les<br />
t<strong>en</strong>tes sont établies tout autour. Une<br />
toile de t<strong>en</strong>te 4 pour quinze, un fourneau<br />
pour huit. Heureusem<strong>en</strong>t, les bidons,<br />
eux, sont individuels.<br />
Mais la tempête a un effet secondaire<br />
non négligeable. <strong>Le</strong>s chevaux 5 ne peuv<strong>en</strong>t<br />
toujours pas être débarqués, ce qui<br />
- 95 -<br />
<strong>en</strong>trave largem<strong>en</strong>t la manœuvre. <strong>Le</strong>s<br />
canons sont tirés à bras des plages aux<br />
postes de tirs. Quant aux approvisionnem<strong>en</strong>ts<br />
vers la ligne de front, ils ne peuv<strong>en</strong>t<br />
être réalisés.<br />
18 Juin : les travaux continu<strong>en</strong>t, mais<br />
les combats comm<strong>en</strong>c<strong>en</strong>t. <strong>Le</strong>s sapeurs<br />
font le coup de feu. Harcelés et défiés, ils<br />
sont surpris par ces cavaliers qui charg<strong>en</strong>t,<br />
debout sur leur monture, mépris<strong>en</strong>t<br />
la mort, tir<strong>en</strong>t <strong>en</strong> galopant, puis<br />
virevolt<strong>en</strong>t, recharg<strong>en</strong>t leur arme, et<br />
revi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t, toujours au galop. Mais les<br />
sapeurs possèd<strong>en</strong>t des fusils de rempart,<br />
et ils sav<strong>en</strong>t s’<strong>en</strong> servir… Un joli<br />
coup est acclamé par les fantassins…<br />
19 juin : <strong>Le</strong>s combats sérieux se déroul<strong>en</strong>t<br />
sur le plateau de Staouli. <strong>Le</strong>s<br />
sapeurs aras<strong>en</strong>t, taill<strong>en</strong>t et dessin<strong>en</strong>t<br />
cette route qui permettra l’approvisionnem<strong>en</strong>t<br />
<strong>en</strong> continue des unités. Mais<br />
cela ne suffit pas. Il faut établir un camp<br />
intermédiaire sur le plateau. En pleine<br />
bataille, les sapeurs s’échin<strong>en</strong>t, creus<strong>en</strong>t,<br />
aménag<strong>en</strong>t, bastionn<strong>en</strong>t <strong>en</strong>core…<br />
<strong>Le</strong>s convois sont parfois la cible des<br />
cavaliers. Des casemates sont établies<br />
sur l’itinéraire, les blockhaus dressés.<br />
<strong>Le</strong>s mineurs ne sont pas <strong>en</strong> reste. Sous<br />
les ordres du lieut<strong>en</strong>ant Lamoricière, ils<br />
ont creusé 20 puits, construit 12 fours à<br />
pains <strong>en</strong> fer, et réalisé 8 autres, <strong>en</strong><br />
brique.<br />
<strong>Le</strong>s jours suivants, p<strong>en</strong>dant que les<br />
combattants s’observ<strong>en</strong>t, le <strong>génie</strong><br />
continue l’ouvrage.<br />
23 juin : la presque île de Sidi-Ferruch<br />
est totalem<strong>en</strong>t fortifiée. La ligne de<br />
déf<strong>en</strong>se est désormais équipée de ses<br />
gabions et fascines. <strong>Le</strong> 25, le camp<br />
du plateau de Staouli est achevé.<br />
Désormais, la route arrive presque jusqu’au<br />
fort de l’Empereur. Un pont de<br />
chevalets est lancé. L’anci<strong>en</strong>ne voie<br />
romaine, trop étroite, ne permet pas<br />
l'acheminem<strong>en</strong>t des 250 tonnes journalières<br />
d'approvisionnem<strong>en</strong>t. Elle est<br />
doublée. Maint<strong>en</strong>ant, 7 points d’appui<br />
jalonn<strong>en</strong>t cet axe qu’emprunt<strong>en</strong>t chaque<br />
jour les convois des trains d’équipage.<br />
3) Ils étay<strong>en</strong>t le puits avec les planches des caisses de munitions, récupérées et reconditionnées.<br />
4) Elles sont montées sur charp<strong>en</strong>te de bois. Petit détail qui donne une idée de l'ouvrage, si on pr<strong>en</strong>d le temps de calculer le ratio…<br />
5) 4500 chevaux sont embarqués à Toulon. 500 sont destinés à la cavalerie, les 4000 restant sont pour l'Artillerie, les trains d'équipages et l'État-Major. <strong>Le</strong>ur débarquem<strong>en</strong>t<br />
comm<strong>en</strong>cera seulem<strong>en</strong>t à partir du 23 juin.
Ils sont constitués d’un <strong>en</strong>semble casemate-blockhaus,<br />
de fossés et de talus,<br />
r<strong>en</strong>forcés de palissades.<br />
2 juillet : les travaux de sape comm<strong>en</strong>c<strong>en</strong>t<br />
devant le fort de l'Empereur. <strong>Le</strong><br />
général Bourmont n’hésite pas à écrire<br />
au Duc d’Orléans : « Je crois qu’après 2<br />
heures de feu, nous aurons passé les<br />
S A P E U R<br />
déf<strong>en</strong>ses de l’<strong>en</strong>nemi et que la brèche<br />
sera ouverte avant 24 heures de sorte<br />
que nous serons maîtres du fort le 5<br />
juillet au soir ».<br />
Il n'empêche. <strong>Le</strong>s sapeurs vont bastionner<br />
les maisons qui long<strong>en</strong>t la route, les créneler.<br />
Puis ils établiront la base d'assaut. Un<br />
troisième camp est réalisé. Puis les premières<br />
parallèles sont ouvertes…<br />
- 96 -<br />
4 juillet : l’<strong>en</strong>nemi voyant la vitesse de<br />
réalisation des travaux, compr<strong>en</strong>d que<br />
la fin est inéluctable, préfère évacuer<br />
le fort de l'Empereur et fait sauter la poudrière.<br />
5 juillet 1830, <strong>Le</strong> Dey Hussein signe la<br />
reddition, Alger tombe.
Monsieur<br />
Alain<br />
FOUGERAY<br />
Alain Fougeray est attaché au ministère<br />
de la Culture et de la Communication,<br />
mis à disposition de l’ESAG <strong>en</strong> qualité<br />
de responsable du C<strong>en</strong>tre de Docum<strong>en</strong>tation<br />
et de Recherches.<br />
Il a précédemm<strong>en</strong>t été adjoint du directeur<br />
régional des affaires culturelles de<br />
Bretagne (1975-1986), puis chargé de<br />
mission auprès du préfet de la région<br />
Bretagne avant de rejoindre le bureau<br />
des études et recherches de l’IHEDN.<br />
De 1995 à 2003, il était chargé de la<br />
communication à la direction des<br />
Archives de France.<br />
S A P E U R<br />
LES INGÉNIEURS<br />
DANS LES TROUPES ÉMIGRÉES<br />
Parmi les très nombreuses études qu’il<br />
reste à m<strong>en</strong>er pour reconstituer l’histoire<br />
complexe du Génie <strong>militaire</strong>, celle de<br />
l’attitude des in<strong>génie</strong>urs du roi face à la<br />
Révolution <strong>français</strong>e serait très certainem<strong>en</strong>t<br />
l’une des plus intéressantes.<br />
En effet, la formation des in<strong>génie</strong>urs à<br />
l’école de Mézières les destinait à une<br />
carrière toute tracée et <strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t<br />
dévouée aux idéaux de la monarchie.<br />
Comme ce fut le cas pour les cadres des<br />
autres armes de l’armée royale, les in<strong>génie</strong>urs,<br />
ont dû, <strong>en</strong> cette fin du XVIII e<br />
siècle se pétrir des idées nouvelles,<br />
particulièrem<strong>en</strong>t après la guerre<br />
d’Indép<strong>en</strong>dance Américaine à laquelle<br />
nombre d’<strong>en</strong>tre eux ont participé. <strong>Le</strong>s<br />
bibliothèques personnelles de ces officiers<br />
ont sans doute compté bon<br />
nombre d’ouvrages « subversifs » qui<br />
ont préparé les esprits à accueillir très<br />
favorablem<strong>en</strong>t la Révolution de 1789. La<br />
carrière d’un <strong>Le</strong>bègue du Portail, futur<br />
ministre de la guerre d’octobre 1790 à<br />
décembre 1791, <strong>en</strong> témoigne.<br />
Toutefois, beaucoup d’in<strong>génie</strong>urs n’ont<br />
pas embrassé les idées de la Révolution<br />
et ont choisi d’émigrer et de mettre leur<br />
savoir au service de la Monarchie <strong>en</strong><br />
s’<strong>en</strong>gageant, surtout à partir de 1793,<br />
dans les corps levés par les princes émigrés<br />
ou par les puissances coalisées.<br />
On distingue quatre formations de<br />
troupes émigrées :<br />
1 - le service de la Grande-Bretagne et<br />
des Pays-Bas,<br />
2 - l’armée de Condé (service russe),<br />
3 - l’armée des Princes,<br />
4 - l’armée de Bourbon.<br />
LE SERVICE DE LA GRANDE-BRETAGNE<br />
ET DES PAYS-BAS (1793-1802)<br />
Septembre 1793 : le Gouvernem<strong>en</strong>t britannique<br />
demande officieusem<strong>en</strong>t aux<br />
Princes <strong>français</strong>, de désigner des officiers<br />
de l'anci<strong>en</strong> corps royal du Génie,<br />
qui pourrai<strong>en</strong>t servir à l'état-major du<br />
duc d'York ou participer à des expéditions<br />
sur les côtes de France. <strong>Le</strong>s Princes<br />
1) Ils feront tous les deux, par la suite, partie de l’état-major de Puisaye.<br />
- 97 -<br />
charg<strong>en</strong>t le colonel François Eugène<br />
L<strong>en</strong>glé de Mori<strong>en</strong>court (1731-1795),<br />
anci<strong>en</strong> sous-brigadier à Bergues, de<br />
cette mission. <strong>Le</strong> chevalier Antoine Jean<br />
Louis du Portal, capitaine au corps, lui<br />
est adjoint.<br />
Deux détachem<strong>en</strong>ts d'in<strong>génie</strong>urs sont<br />
formés. <strong>Le</strong> premier rejoint le quartier<br />
général de l'armée anglaise ; le second,<br />
l'armée hollandaise. En décembre, le<br />
colonel de Mori<strong>en</strong>court rassemble à<br />
Ost<strong>en</strong>de, une « brigade d'in<strong>génie</strong>urs »,<br />
composée, outre de Mori<strong>en</strong>court, du<br />
major du Portal, de 4 capitaines,<br />
3 capitaines <strong>en</strong> second et 4 lieut<strong>en</strong>ants.<br />
Ces « conseillers techniques » seront,<br />
soit répartis dans les différ<strong>en</strong>ts étatsmajors<br />
de l'armée anglaise aux Pays-<br />
Bas, soit attachés à l'expédition destinée<br />
à débarquer sur les côtes de Bretagne.<br />
Service de la Grande-Bretagne<br />
In<strong>génie</strong>ur <strong>en</strong> frac - 1792
En att<strong>en</strong>dant un emploi, les officiers du<br />
Génie, v<strong>en</strong>ant d'Ost<strong>en</strong>de, sont placés <strong>en</strong><br />
garnison dans l'île de Wight et à<br />
Southampton. <strong>Le</strong> 9 mai 1794, un acte du<br />
Parlem<strong>en</strong>t britannique leur donne une<br />
exist<strong>en</strong>ce officielle et fixe la solde journalière<br />
: 10 shillings pour le colonel,<br />
8 pour le major, 6 pour le capitaine,<br />
5 pour le capitaine <strong>en</strong> second et 3 pour le<br />
lieut<strong>en</strong>ant.<br />
En avril 1794, plusieurs officiers avai<strong>en</strong>t<br />
rejoint, aux Pays-Bas, le détachem<strong>en</strong>t<br />
laissé à l'armée du duc d'York. <strong>Le</strong>s officiers<br />
du Génie s’étai<strong>en</strong>t, <strong>en</strong> effet, particulièrem<strong>en</strong>t<br />
distingués au cours de la campagne<br />
de 1793-1794 : le baron de<br />
Moncriff au siège de Dunkerque ;<br />
le chevalier de Saint-Paul et M. de<br />
L<strong>en</strong>ecquesaing de La Prée, à M<strong>en</strong>in et à<br />
Nieuport ; M. du Frasnois, tué à la sortie<br />
de M<strong>en</strong>in ; M. de Fulaines-Bergères à<br />
Ost<strong>en</strong>de, etc.<br />
En 1795, le projet d’une desc<strong>en</strong>te <strong>en</strong><br />
Bretagne se précise et le ministère<br />
anglais régularise la situation des officiers<br />
du Génie. Une note au comte de<br />
Corps des pionniers <strong>français</strong><br />
Pionnier - 1795<br />
S A P E U R<br />
Puisaye signée des capitaines Pioger de<br />
Saint-Perreux et Suasse de Kervegan 1 ,<br />
lui demande d'interv<strong>en</strong>ir « pour l'organisation<br />
totale de la brigade des officiers<br />
du Génie commandée par M. de L<strong>en</strong>glé…<br />
Cette expédition est d'autant plus nécessaire<br />
que le traitem<strong>en</strong>t provisoire qu'ils<br />
reçoiv<strong>en</strong>t est trop peu considérable pour<br />
qu'ils puiss<strong>en</strong>t faire aucun préparatif<br />
pour la campagne ; d'ailleurs, cette brigade<br />
étant alors payée par l'Ordonnance<br />
(direction anglaise de l'artillerie et du<br />
matériel), M. de Puisaye <strong>en</strong> disposera<br />
plus facilem<strong>en</strong>t » (2 juin 1795). La brigade<br />
est organisée et les brevets datés<br />
du 1 er avril 1795. Elle compr<strong>en</strong>d : L<strong>en</strong>glé<br />
de Mori<strong>en</strong>court (lieut<strong>en</strong>ant-colonel), du<br />
Portal (major), 5 capitaines, 5 capitaines<br />
lieut<strong>en</strong>ants, 6 lieut<strong>en</strong>ants. En juin, « la<br />
brigade des officiers du Génie devant<br />
être munie de tous les instrum<strong>en</strong>ts<br />
nécessaires à leur métier et dont l'achat<br />
exigera une somme assez considérable,<br />
MM. de Suasse et de Pioger auront<br />
recours au besoin à leurs camarades.<br />
Quant aux fonds que M. le comte de<br />
Puisaye a eu la bonté d'offrir à ses officiers<br />
pour le reste de leur armem<strong>en</strong>t et<br />
de leur équipem<strong>en</strong>t, et pour l'équipem<strong>en</strong>t<br />
de leurs domestiques, ils proportionneront<br />
leur dép<strong>en</strong>se à ce qu'il voudra<br />
bi<strong>en</strong> leur accorder ».<br />
La brigade du Génie est embarquée<br />
dans l'île de Wight le 12 juin 1795 à bord<br />
du Middleton. <strong>Le</strong> 25, le convoi est <strong>en</strong><br />
baie de Quiberon et le débarquem<strong>en</strong>t<br />
débute le 29. <strong>Le</strong> 30, le capitaine d'Ivory<br />
(1745-1821) dresse le plan de la presqu'île<br />
et du fort P<strong>en</strong>thièvre. <strong>Le</strong> fort est<br />
pris le 3 juillet et le capitaine Testas de<br />
Folmont (1748-1795) <strong>en</strong> est nommé<br />
major. <strong>Le</strong> colonel de Mori<strong>en</strong>court et les<br />
officiers, remett<strong>en</strong>t le fort <strong>en</strong> état de<br />
déf<strong>en</strong>se. Sur les indications du major du<br />
Portal, l'<strong>en</strong>ceinte palissadée est transformée<br />
<strong>en</strong> redoute et, <strong>en</strong> avant, il fait établir<br />
une demi-lune et deux redans. Toutefois,<br />
L<strong>en</strong>glé et du Portal n’ont pas mis la citadelle<br />
à l'abri d'une surprise <strong>en</strong> coupant<br />
la falaise par un fossé.<br />
Au combat des lignes de Sainte-Barbe 2 ,<br />
le 8 juillet, le colonel de Mori<strong>en</strong>court<br />
sert comme volontaire à l'artillerie de<br />
Rotalier, ainsi que le lieut<strong>en</strong>ant de Villazy<br />
qui y est tué, et le capitaine-lieut<strong>en</strong>ant de<br />
Missy qui est blessé.<br />
- 98 -<br />
<strong>Le</strong> 9, le colonel de Mori<strong>en</strong>court est<br />
nommé aide-maréchal général des logis<br />
de l'armée.<br />
La presqu'île sera reprise par les troupes<br />
de Hoche le 21 juillet et 5 officiers<br />
du Génie sont faits prisonniers. Ils<br />
seront fusillés. Ce sont : le colonel<br />
de Mori<strong>en</strong>court, le major du Portal, les<br />
capitaines Joseph Pascal du Cheyron de<br />
Beaumont et Testas de Folmont, le lieut<strong>en</strong>ant<br />
<strong>Le</strong> Mouton de Néhon.<br />
<strong>Le</strong>s officiers du Génie font égalem<strong>en</strong>t<br />
partie de l'expédition du comte d'Artois<br />
et du général Doyle à l'île d'Yeu. <strong>Le</strong><br />
5 octobre, trois chevaux équipés sont<br />
fournis chaque jour, alternativem<strong>en</strong>t,<br />
aux in<strong>génie</strong>urs « auxquels ils seront<br />
nécessaires pour le service ». En<br />
novembre, lorsque la brigade des<br />
In<strong>génie</strong>urs r<strong>en</strong>tre <strong>en</strong> Angleterre, elle est<br />
mise <strong>en</strong> garnison à Southampton et<br />
réorganisée le 1 er décembre suivant sous<br />
le commandem<strong>en</strong>t du chevalier Claude<br />
Joseph d'Ivory nommé lieut<strong>en</strong>antcolonel<br />
; Louis François Augustin de<br />
Pioger est major ; on compte de plus<br />
5 capitaines et 5 capitaines-lieut<strong>en</strong>ants.<br />
Sous les ordres du lieut<strong>en</strong>ant-colonel<br />
d’Ivory, les in<strong>génie</strong>urs s’embarqu<strong>en</strong>t à<br />
Falmouth le 15 décembre 1796 pour<br />
rejoindre au Portugal l'armée auxiliaire<br />
anglaise du général Charles Stuart. Dans<br />
un rapport, d'Ivory signale que, dès leur<br />
arrivée, les officiers du Génie sont<br />
employés « à reconnaître le pays jusqu'aux<br />
frontières d’Espagne, et à lever la<br />
carte des rives du Tage et des contrées<br />
adjac<strong>en</strong>tes, à mettre les places les plus<br />
exposées <strong>en</strong> état de déf<strong>en</strong>se. <strong>Le</strong> général<br />
Stewart (sic) forma un petit corps d'armée<br />
pour une expédition sur l'île de<br />
Minorque et attaquer Mahon et le fort<br />
Saint-Philippe ; un détachem<strong>en</strong>t du<br />
corps fut employé à cette expédition qui<br />
eut tout le succès désiré. Quelques<br />
temps après, un autre corps d'armée<br />
<strong>en</strong>voyé d'Angleterre, commandé par le<br />
général Abercromby, se rassembla à<br />
Lisbonne pour une expédition <strong>en</strong><br />
Égypte ; nous fournîmes un détachem<strong>en</strong>t<br />
du corps. A peine fut-il parti que le<br />
ministre de l'Ordonnance demanda des<br />
officiers du corps pour <strong>en</strong>voyer à Saint-<br />
Domingue, <strong>en</strong> me confiant que les officiers<br />
que je désignerais serai<strong>en</strong>t chargés<br />
d'opérations importantes »<br />
2) En face, dans le camp républicain, se trouve un officier du <strong>génie</strong> du nom de Rouget de Lisle qui, dans un mémoire laisse <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre qu’il a dirigé la construction de<br />
redoutes pour empêcher les émigrés de s’avancer à l’intérieur des terres.<br />
3) Mort au Cap de Bonne Espérance <strong>en</strong> 1795.<br />
4) Mort aux Antilles <strong>en</strong> 1797.
En effet plusieurs officiers sont <strong>en</strong>voyés<br />
aux Antilles : le capitaine-lieut<strong>en</strong>ant<br />
comte de La Chaussée ; le lieut<strong>en</strong>ant<br />
chevalier de La Houssaye, passé <strong>en</strong> qualité<br />
d’in<strong>génie</strong>ur dans « La Tour's Royal<br />
Foreigners » ; le capitaine de Préval,<br />
passé dans « Löw<strong>en</strong>stein » ; le capitaine<br />
chevalier Augustin Marie du Fougeray 3 ,<br />
et le major Pioger de Saint-Perreux 4 .<br />
M. d'Ivory dit qu'il lui fut demandé des<br />
officiers de sa brigade pour l'Inde.<br />
Lors de la paix générale (Traité d’Ami<strong>en</strong>s,<br />
1802), le Gouvernem<strong>en</strong>t portugais proposa<br />
aux officiers du Génie <strong>français</strong> de<br />
rester à son service, mais ils refusèr<strong>en</strong>t<br />
presque tous et, ram<strong>en</strong>és <strong>en</strong> Angleterre,<br />
fur<strong>en</strong>t lic<strong>en</strong>ciés <strong>en</strong> juillet 1802.<br />
LE CORPS DES PIONNIERS FRANÇAIS<br />
Hors des in<strong>génie</strong>urs du <strong>génie</strong>, on relève<br />
l’exist<strong>en</strong>ce d’une compagnie de sapeurs<br />
à la solde anglaise, appelée « Fr<strong>en</strong>ch<br />
Corps of Pioneers ». Cette compagnie est<br />
levée aux Pays-Bas <strong>en</strong> fin 1794 et attachée<br />
à l’état-major du duc d’York. Elle est<br />
commandée par le capitaine de Selliard.<br />
MM. De Breuil et de Berny sont lieut<strong>en</strong>ants<br />
et l’abbé Humblet <strong>en</strong> est l’aumônier.<br />
La compagnie sera lic<strong>en</strong>ciée le 16 janvier<br />
1796.<br />
L’ARMÉE DE CONDÉ.<br />
La « division de Condé » (Worms,<br />
novembre 1791) compte 7 officiers de<br />
l'anci<strong>en</strong> corps royal du Génie (5 capitaines,<br />
2 lieut<strong>en</strong>ants) commandé par le<br />
capitaine Pecauld du Larderet (1747-<br />
1808). En janvier et février 1792 ils ne<br />
sont plus que 4, pour remonter à 7<br />
<strong>en</strong> avril.<br />
En mars 1792, l’arrivée <strong>en</strong> émigration du<br />
lieut<strong>en</strong>ant-colonel Bidet de Juzancourt<br />
(1737-1814), sous-brigadier du Génie à<br />
Belle-Isle, puis à Brest, permet au prince<br />
de Condé d'organiser une brigade d'in<strong>génie</strong>urs<br />
placée sous les ordres du colonel<br />
de Mori<strong>en</strong>court (29 juin).<br />
Dès le mois d’août, une marche est décidée<br />
sur Landau. Par l’<strong>en</strong>tremise du lieut<strong>en</strong>ant<br />
du Génie Sarret de Grozon (1762-<br />
1842), Condé pr<strong>en</strong>d contact avec le<br />
maréchal de camp de Martignac, com-<br />
S A P E U R<br />
mandant la place ; 2 autres officiers de<br />
l'arme, le capitaine de Bouligney (1749-<br />
1846) et le lieut<strong>en</strong>ant de Kayr de<br />
Blum<strong>en</strong>stein (1759-1854), sont <strong>en</strong>voyés<br />
près du prince de Hoh<strong>en</strong>lohe-Kirchberg<br />
pour lui faire part des promesses de<br />
livrer la ville aux troupes émigrées. Par<br />
suite de l’inertie autrichi<strong>en</strong>ne, l’affaire<br />
échoue (5 août 1792).<br />
Au 1 er septembre, la brigade du corps<br />
royal du Génie comporte : lieut<strong>en</strong>antcolonel<br />
commandant, 8 capitaines,<br />
4 lieut<strong>en</strong>ants <strong>en</strong> 1 er , 7 lieut<strong>en</strong>ants <strong>en</strong> 2 d ,<br />
un sous-lieut<strong>en</strong>ant, un élève, soit 22 officiers.<br />
<strong>Le</strong> 6 novembre, l'effectif est de 23 (un<br />
capitaine de plus). <strong>Le</strong>s lieut<strong>en</strong>ants de<br />
Malbois (1761-1836) et du Boys (1763-<br />
1844), sont chargés de la reconnaissance<br />
des cantonnem<strong>en</strong>ts de Villing<strong>en</strong> pour le<br />
corps de Condé (décembre 1792).<br />
5) colonel, lieut<strong>en</strong>ant-colonel, major, capitaine, 4 lieut<strong>en</strong>ants.<br />
6) Il refuse d’<strong>en</strong>trer au service de la Russie et profitera de l’amnistie de 1802 pour r<strong>en</strong>trer <strong>en</strong> France.<br />
- 99 -<br />
Armée de Condé - In<strong>génie</strong>urs - 1794<br />
<strong>Le</strong> 6 janvier 1793, les effectifs compt<strong>en</strong>t<br />
17 in<strong>génie</strong>urs (dont 3 abs<strong>en</strong>ts) ; un état<br />
du 22 février, daté de Villing<strong>en</strong>, donne<br />
l'effectif suivant : lieut<strong>en</strong>ant-colonel,<br />
7 capitaines, 4 lieut<strong>en</strong>ants <strong>en</strong> premier,<br />
6 lieut<strong>en</strong>ants <strong>en</strong> second, un sous-lieut<strong>en</strong>ant,<br />
mais, le 10 mars, l'effectif est<br />
tombé à 14.<br />
En avril 1793, le corps de Condé reçoit<br />
une formation autrichi<strong>en</strong>ne : les officiers<br />
du Génie sont alors placés sous les<br />
ordres de M. de Manson, maréchal de<br />
camp commandant l'artillerie, malgré<br />
l'interv<strong>en</strong>tion du commissaire autrichi<strong>en</strong><br />
qui veut les répartir dans l'infanterie<br />
noble. L'Empereur admet 25 in<strong>génie</strong>urs<br />
à sa solde, sont payés comme les chasseurs<br />
nobles et jouissant d'une ration<br />
d'officier monté. P<strong>en</strong>dant la campagne<br />
d'Alsace, ils sont utilisés auprès des
Armée de Condé<br />
In<strong>génie</strong>ur <strong>en</strong> capote - 1795<br />
troupes pour la mise <strong>en</strong> place des campem<strong>en</strong>ts,<br />
l'élévation des redoutes et<br />
ouvrages de campagne, la confection<br />
d'abris, etc. <strong>Le</strong> lieut<strong>en</strong>ant Masson de<br />
Fulaines (1760-après 1795) est détaché<br />
aux travaux de blocus de Landau.<br />
D’autres inégnieurs particip<strong>en</strong>t au siège<br />
du Fort-Louis, le 25 octobre. À Berstheim,<br />
les officiers du Génie sont « à côté des<br />
artilleurs nobles, armés de fusils et pourvus<br />
de pelles et de pioches, prêts à être,<br />
selon le besoin, des combattants ou des<br />
terrassiers ».<br />
<strong>Le</strong> 16 août 1794, M. de Juzancourt est<br />
nommé colonel : c'est un excell<strong>en</strong>t officier,<br />
un bon in<strong>génie</strong>ur et il s'est distingué<br />
p<strong>en</strong>dant la guerre de Sept Ans, à<br />
l'attaque de Dorst<strong>en</strong> sur la Lippe. Au<br />
cours des campagnes suivantes, les officiers<br />
du Génie, qui rest<strong>en</strong>t toujours s<strong>en</strong>siblem<strong>en</strong>t<br />
au même effectif (25, le<br />
24 décembre 1795 après une augm<strong>en</strong>tation<br />
de 15 officiers accordée par le<br />
ministère anglais), r<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t les mêmes<br />
services aux troupes et font égalem<strong>en</strong>t<br />
l'office d'aides de camp.<br />
7) Paroisse de Jambes, faubourg de Namur.<br />
S A P E U R<br />
<strong>Le</strong> 3 février 1796, un état des officiers du<br />
Génie, « rattachés à l'état-major général<br />
de l'armée », donne un effectif de 17<br />
(dont 2 abs<strong>en</strong>ts) avec 14 chevaux ; le 28,<br />
l'effectif est remonté à 25 officiers dont<br />
2 détachés. Lors de la campagne, le<br />
24 octobre, à Stein<strong>en</strong>stadt, le lieut<strong>en</strong>ant<br />
Dumoulin (né <strong>en</strong> 1770) a la tête fracassée<br />
par un obus : sa cervelle rejaillit sur le<br />
prince de Condé et sur les officiers qui<br />
l’<strong>en</strong>tour<strong>en</strong>t.<br />
<strong>Le</strong> 5 janvier 1797, le colonel de<br />
Juzancourt est promu maréchal de camp<br />
avec rang du 10 août 1796. Au 5 mars, le<br />
corps compte 3 officiers supérieurs et<br />
22 in<strong>génie</strong>urs. En octobre, 11 d’<strong>en</strong>tre eux<br />
partiront pour la Pologne. <strong>Le</strong> corps de<br />
Condé passe alors au service de la<br />
Russie. <strong>Le</strong>s lieut<strong>en</strong>ants Léry et de<br />
Kerlero démissionn<strong>en</strong>t le 29 janvier.<br />
<strong>Le</strong> 7 octobre 1799, les in<strong>génie</strong>urs particip<strong>en</strong>t<br />
à la déf<strong>en</strong>se de Constance, où se<br />
signale le lieut<strong>en</strong>ant-colonel vicomte<br />
François de Sartiges (1743-1819), <strong>en</strong><br />
coupant le pont de Petersdorf.<br />
Un rapport du général-major de<br />
Juzancourt, <strong>en</strong> date du 20 octobre 1800,<br />
donne sur le corps les précisions<br />
suivantes : « <strong>Le</strong>s officiers du corps du<br />
Génie, depuis l'exist<strong>en</strong>ce du corps de<br />
S.A.S., n'y ont <strong>en</strong>core joui d'aucune formation<br />
qui, fixant leur nombre et celui<br />
des grades de chaque espèce, leur ait<br />
donné la perspective d'un avancem<strong>en</strong>t<br />
quelconque, tel qu'il existe dans tous les<br />
autres corps. L'espoir du rétablissem<strong>en</strong>t<br />
prochain de la Monarchie, les motifs<br />
d'honneur et de désintéressem<strong>en</strong>t qui<br />
les anim<strong>en</strong>t, leur ont fait supporter<br />
patiemm<strong>en</strong>t jusqu'ici une exception<br />
aussi peu méritée. Mais, voyant les<br />
choses se prolonger, sans qu'il soit possible<br />
de prévoir quelle <strong>en</strong> sera l'issue,<br />
humiliés de voir leurs chefs et anci<strong>en</strong>s<br />
officiers, après 40 et même 50 ans de<br />
service, à peine traités comme le<br />
moindre officier des états-majors généraux<br />
dont le service n'est ni plus actif, ni<br />
plus méritant que le leur, ils croi<strong>en</strong>t ne<br />
devoir pas différer de solliciter la restitution<br />
du droit dont ils avai<strong>en</strong>t toujours<br />
joui, d'exister à l'armée sous la forme de<br />
brigades.<br />
Cette forme est la seule qui, les plaçant et<br />
les faisant traiter suivant leurs grades et<br />
anci<strong>en</strong>neté, puisse exciter l'émulation<br />
- 100 -<br />
des jeunes g<strong>en</strong>s, et leur procurer par la<br />
suite l'avancem<strong>en</strong>t qui a lieu dans les<br />
autres corps. Elle est la même que celle<br />
fixée par les ordonnances du Roi, c'est<br />
celle sous laquelle sont réunis leurs<br />
camarades actuellem<strong>en</strong>t au service de<br />
l'Angleterre. Ils se flatt<strong>en</strong>t donc que Son<br />
Altesse Sérénissime voudra bi<strong>en</strong> agréer<br />
et demander au chargé de pouvoirs de Sa<br />
Majesté britannique leur formation <strong>en</strong><br />
une brigade composée de 8 officiers 5 et<br />
du commandant <strong>en</strong> chef hors de ligne ».<br />
Au lic<strong>en</strong>ciem<strong>en</strong>t du 1 er mai 1801, l'effectif<br />
des in<strong>génie</strong>urs ne compr<strong>en</strong>d plus que M.<br />
de Juzancourt, général commandant, le<br />
vicomte de Sartiges, lieut<strong>en</strong>ant-colonel,<br />
François Anne Rapine de Saxy 6 , major,<br />
3 capitaines et 4 lieut<strong>en</strong>ants.<br />
L’ARMÉE DES PRINCES<br />
L’armée des Princes est plus connue<br />
sous le nom d’armée de Cobl<strong>en</strong>ce, lieu<br />
privilégié de résid<strong>en</strong>ce des émigrés de la<br />
première heure.<br />
<strong>Le</strong> 28 février 1792, une liste des officiers<br />
du Génie du cantonnem<strong>en</strong>t de Cobl<strong>en</strong>ce,<br />
fait état de : un capitaine <strong>en</strong> premier,<br />
5 capitaines <strong>en</strong> second, 9 lieut<strong>en</strong>ants <strong>en</strong><br />
premier, 2 lieut<strong>en</strong>ants <strong>en</strong> second. On y<br />
compte <strong>en</strong> plus, le vicomte B<strong>en</strong>oît<br />
d’Arg<strong>en</strong>t de Deux-Fontaines (1741-1793),<br />
officier retiré du Génie, lieut<strong>en</strong>ant-colonel<br />
d'infanterie, « commandant provisoirem<strong>en</strong>t<br />
et uniquem<strong>en</strong>t par le choix de<br />
ses camarades » et Jean-Pierre de Fages<br />
(1768-1827), lieut<strong>en</strong>ant <strong>en</strong> premier, qui<br />
est « agrégé, pour la campagne, à côté<br />
de Monsieur son père, dans la compagnie<br />
écossaise des Gardes du corps du<br />
Roi, mais peut se r<strong>en</strong>dre à son service,<br />
s'il est nécessaire ».<br />
<strong>Le</strong> 9 avril, le commandem<strong>en</strong>t des 4 brigades<br />
du corps est donné au comte Louis<br />
Joseph de Robi<strong>en</strong> (1734-1801), major du<br />
Génie, le lieut<strong>en</strong>ant Colin de la Brunerie<br />
faisant fonctions d'aide-major. L’effectif<br />
est d’un capitaine <strong>en</strong> premier, 5 capitaines<br />
<strong>en</strong> second, 6 lieut<strong>en</strong>ants <strong>en</strong> premier<br />
(dont M. de Fages), 2 lieut<strong>en</strong>ants <strong>en</strong><br />
second, et M. de Deux-Fontaines, servant<br />
comme volontaire.<br />
En avril, le vicomte de Damoiseau, capitaine<br />
<strong>en</strong> second, et quelques autres in<strong>génie</strong>urs<br />
(6 <strong>en</strong> tout) sont chargés de recon-
naissances <strong>militaire</strong>s sur la frontière. En<br />
mai, il y a 38 officiers du Génie émigrés<br />
et, le 29 juin, 46. <strong>Le</strong> commandem<strong>en</strong>t<br />
général est passé au colonel L<strong>en</strong>glé de<br />
Mori<strong>en</strong>court, anci<strong>en</strong> sous-brigadier à<br />
Bergues, qui a sous ses ordres le lieut<strong>en</strong>ant-colonel<br />
de Juzancourt, le major de<br />
Robi<strong>en</strong>, 15 capitaines et 30 lieut<strong>en</strong>ants.<br />
L'ordre de bataille du 30 juin 1792 fait<br />
apparaître que les in<strong>génie</strong>urs, placés sous<br />
le commandem<strong>en</strong>t du colonel L<strong>en</strong>glé de<br />
Mori<strong>en</strong>court, sont rattachés à l'artillerie. <strong>Le</strong><br />
corps passe la revue du Roi de Prusse à<br />
Trêves le 11 août. <strong>Le</strong> 24 août, il compte 26<br />
officiers répartis <strong>en</strong> 2 brigades, servant<br />
dans l'armée du C<strong>en</strong>tre, les autres ayant<br />
été répartis <strong>en</strong>tre les armées de Condé et<br />
de Bourbon. Lors du siège de Thionville, ils<br />
sont prés<strong>en</strong>ts au quartier général des<br />
Princes, mais on ignore tout de leur rôle<br />
dans l'attaque de la place.<br />
<strong>Le</strong> capitaine d'infanterie de Valdonne<br />
aurait été « attaché à la brigade des officiers<br />
du Génie <strong>français</strong> émigrés, par<br />
ordre du roi de Prusse du 18 août », et<br />
aurait coopéré aux prises de Longwy et<br />
de Verdun.<br />
Tous les officiers du Génie sont réunis à<br />
Saint-Séverin près de Liège et lic<strong>en</strong>ciés<br />
le 24 novembre 1792.<br />
Armée des Princes - In<strong>génie</strong>ur - 1794<br />
L’ARMÉE DE BOURBON.<br />
À la date du 10 septembre 1792, au camp<br />
d'Huy, 14 officiers du corps royal du<br />
Génie (4 capitaines, 4 lieut<strong>en</strong>ants <strong>en</strong> premier,<br />
2 lieut<strong>en</strong>ants <strong>en</strong> second, un élève<br />
sous-lieut<strong>en</strong>ant, un officier à la suite et<br />
un volontaire), choisis parmi les anci<strong>en</strong>s<br />
officiers des places de la frontière du<br />
Nord, sont affectés au camp d’Huy et<br />
logés au faubourg de Slate. Ils sont commandés<br />
par le comte de Robi<strong>en</strong>, anci<strong>en</strong><br />
major de l'arme. Ils sont arrivés courant<br />
août à la division de Bourbon.<br />
Ce détachem<strong>en</strong>t se trouve <strong>en</strong>suite à<br />
Marche-<strong>en</strong>-Fam<strong>en</strong>ne, puis à Geronsart.<br />
<strong>Le</strong> 1 er octobre, il est à Velaine 7 . <strong>Le</strong><br />
6 novembre, on le trouve à Fleurus puis<br />
on perd sa trace.<br />
UNIFORMES<br />
S A P E U R<br />
Service de la Grande-Bretagne et<br />
des Pays-Bas.<br />
On ne possède aucun r<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t<br />
sur l'uniforme porté par les officiers du<br />
Génie au service de l'Angleterre.<br />
Comme au corps de Condé, ils conservèr<strong>en</strong>t<br />
très probablem<strong>en</strong>t l’uniforme du<br />
- 101 -<br />
règlem<strong>en</strong>t de 1786 : chapeau de feutre<br />
noir, gansé de noir, à cocarde blanche,<br />
ganse et bouton dorés, plumet blanc ;<br />
habit bleu de roi à longues basques ; collet,<br />
revers et parem<strong>en</strong>ts de velours noir,<br />
souv<strong>en</strong>t passepoilés de rouge ; doublure,<br />
veste et culotte rouge écarlate ;<br />
boutons dorés à cuirasse et pot <strong>en</strong> tête ;<br />
épaulettes et dragonne dorées du grade ;<br />
épée à garde dorée, portée à un ceinturon<br />
de cuir blanc à plaque de cuivre<br />
dorée. Bottes à l'anglaise de cuir noir à<br />
revers fauves. Redingote et manteau<br />
bleu de Roi.<br />
Corps des Pionniers Français<br />
Chapeau <strong>en</strong> feutre noir retroussé sur le<br />
côté gauche à cocarde, ganse et plumet<br />
blanc, avec une tresse cramoisi et blanc<br />
autour de la coiffe. Habit de coupe autrichi<strong>en</strong>ne<br />
écarlate, collet droit échancré,<br />
parem<strong>en</strong>ts ronds, retroussis, pattes<br />
d’épaules et culotte bleu outremer ; passepoils,<br />
boutonnières du collet (laissant<br />
apparaître au c<strong>en</strong>tre le fond bleu),<br />
piques de la culotte et galons latéraux de<br />
culotte blancs. <strong>Le</strong>s boutons sont <strong>en</strong><br />
métal blanc. Cravate noire liserée de<br />
blanc. Guêtres noires. Équipem<strong>en</strong>t de<br />
cuir blanc. Giberne noire. Sabre-briquet<br />
à garde de cuivre, fourreau de cuir noir<br />
garni de cuivre. Fusil garni de cuivre, à<br />
bretelle de cuir fauve.<br />
<strong>Le</strong>s officiers ont le même uniforme mais<br />
les passepoils, boutons et insignes de<br />
grade sont <strong>en</strong> arg<strong>en</strong>t. Ils ont égalem<strong>en</strong>t<br />
une écharpe cramoisi passée sur l’habit.<br />
Ils port<strong>en</strong>t le tricorne à cocarde noire,<br />
ganse et bouton arg<strong>en</strong>t et plumet blanc.<br />
Armée de Condé. Armée des Princes.<br />
Armée de Bourbon.<br />
De 1791 à 1794, les officiers du Génie<br />
port<strong>en</strong>t l'uniforme affecté à leur corps <strong>en</strong><br />
1786 : chapeau de feutre noir gansé de<br />
même, à cocarde blanche, ganse dorée,<br />
bouton de même avec corset d'armes et<br />
pot-<strong>en</strong>-tête, houppe rouge à c<strong>en</strong>tre noir.<br />
Cravate blanche. Habit bleu de roi doublé<br />
de rouge, les retroussis ornés de<br />
fleurs de lys d'or, les poches <strong>en</strong> travers<br />
liserées de rouge avec 3 boutons. Collet<br />
droit, parem<strong>en</strong>ts <strong>en</strong> botte à 3 boutons et<br />
revers tout de velours noir passepoilé
d'écarlate. Épaulettes et att<strong>en</strong>tes dorées<br />
sur fond rouge ; <strong>en</strong> service, hausse-col<br />
de cuivre doré avec corset d'armes et<br />
pot-<strong>en</strong>-tête de même métal. Veste et<br />
culotte rouge écarlate, boutons dorés à<br />
la veste. Bottes noires à revers fauve ou<br />
bas blancs avec souliers à boucles de<br />
cuivre doré. Ceinturon de cuir blanc à<br />
plaque de cuivre doré avec corset<br />
d'armes et pot-<strong>en</strong>-tête ; épée à garde<br />
dorée, dragonne dorée suivant le grade.<br />
Brassard blanc liseré de noir à 3 fleurs<br />
de lys noires. Manteau de drap bleu de<br />
roi avec rotonde bordée de galon d'or.<br />
Équipage de cheval <strong>en</strong> drap bleu de roi<br />
bordé d'or.<br />
En 1794, les officiers du Génie sembl<strong>en</strong>t<br />
avoir pris l'uniforme suivant : chapeau<br />
de feutre noir à cocarde blanche, ganse<br />
S A P E U R<br />
et bouton doré, plumet blanc. Habit gris<br />
de fer, collet de velours noir avec fleurs<br />
de lys et broderie dorées ; parem<strong>en</strong>ts de<br />
velours noir, boutonnières de modèle<br />
spécial sur l'habit ; cuirasses brodées <strong>en</strong><br />
or (sans doute aux retroussis de l'habit) ;<br />
veste rouge, culotte de peau jaune ; pantalon<br />
et bottes. Ceinturon de cuir noir,<br />
épée à garde et dragonne dorée.<br />
Lors du passage au service de la Russie,<br />
les officiers du Génie pr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t l’uniforme<br />
du Génie russe, c'est-à-dire celui<br />
de l'artillerie (règlem<strong>en</strong>t du 24 décembre<br />
1798).<br />
En 1800, lors de l'adoption du nouvel<br />
uniforme, les officiers du Génie aurai<strong>en</strong>t<br />
« repris le frac bleu avec les distinctions<br />
de velours noir, le chapeau et la cocarde<br />
blanche ».<br />
- 102 -<br />
BIBLIOGRAPHIE<br />
Service historique de la déf<strong>en</strong>se : X e 102.<br />
BITTARD DES PORTES (R<strong>en</strong>é), Histoire<br />
de l'armée de Condé p<strong>en</strong>dant la<br />
Révolution <strong>français</strong>e (1791-1801),<br />
d'après les archives de l'État, les<br />
mémoires d'émigration et des docum<strong>en</strong>ts<br />
inédits. Paris, E. D<strong>en</strong>tu, 1896, in-<br />
8°, VII-397 p.<br />
BITTARD DES PORTES (R<strong>en</strong>é), <strong>Le</strong>s émigrés<br />
à cocarde noire. Paris, Emile-Paul,<br />
1908, VI-637 p.<br />
BLANCHARD (Anne), Dictionnaire des<br />
in<strong>génie</strong>urs <strong>militaire</strong>s, 1691-1791.<br />
Montpellier, 1981.<br />
GROUVEL (vicomte Robert), <strong>Le</strong>s Corps<br />
de Troupes de l’émigration. Paris, La<br />
Sabretache, 3 volumes.