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Sapeur n°6. Télécharger en PDF - Le génie militaire français

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N° 6<br />

Juin 2006<br />

SAPEUR<br />

Revue d’études<br />

du <strong>génie</strong> <strong>militaire</strong> <strong>français</strong><br />

publiée par la direction<br />

des études et de la prospective<br />

de l’école supérieure<br />

et d’application du <strong>génie</strong><br />

106, rue Éblé - B.P. 34125<br />

49041 ANGERS CEDEX 01<br />

Directeur de la publication<br />

Général de division Jean-Loup CHINOUILH<br />

Rédacteur <strong>en</strong> chef<br />

Colonel Pierre-Yves HENRY<br />

Conception-Réalisation<br />

PIR ESAG<br />

Dépôt légal à parution<br />

ISSN <strong>en</strong> cours<br />

S A P E U R<br />

- 1 -<br />

Sommaire<br />

Sommair<br />

ÉDITORIAL du Général de division CHINOUILH commandant l’ESAG .................................................... 3<br />

ÉTUDES ET PROSPECTIVE<br />

L’appui <strong>génie</strong> <strong>en</strong> opérations : une nécessité reconnue…<br />

avec cep<strong>en</strong>dant des capacités toujours comptées<br />

Plaidoyer pour une manœuvre <strong>génie</strong> intégrée .............................................. COL AUTRAN ............................ 7<br />

<strong>Le</strong>s armes à létalité réduite appliquées à la contre-mobilité.................... COL PARMENTIER .................. 11<br />

La montée <strong>en</strong> puissance du mécanisme communautaire<br />

de Protection civile et ses <strong>en</strong>jeux pour les armées ...................................... COL PONCELIN de RAUCOURT 17<br />

Numérisation de l’espace de bataille.................................................................. LCL EGLEMME .......................... 21<br />

Processus d’élaboration des concepts et de la doctrine AGESTER<br />

Application à la sauvegarde-protection ............................................................ LCL PINOT .................................... 25<br />

La théorie des trois blocs appliquée au domaine NRBC .......................... CES CAUDRILLIER .................. 29<br />

<strong>Le</strong> combat du feu <strong>en</strong> zone urbaine ...................................................................... CNE BOUTOLLEAU ................ 31<br />

DOSSIER : LA SAUVEGARDE-PROTECTION DES FORCES<br />

La protection-sauvegarde sur une base aéri<strong>en</strong>ne projetée ...................... COL BILBAULT .......................... 37<br />

Protéger nos stationnem<strong>en</strong>ts contre les att<strong>en</strong>tats à l’explosif ................ COL LORIDAN<br />

LCL MARTIN................................ 41<br />

Pour une approche globale de la sauvegarde-protection.......................... LCL (TA) SOUCASSE .............. 45<br />

<strong>Le</strong> rôle du <strong>génie</strong> de l’air dans la sauvegarde-protection<br />

<strong>en</strong> opérations extérieures ........................................................................................ LCL CHAPELLE .......................... 49<br />

<strong>Le</strong> RGBIA dans la mission de protéger les forces <strong>en</strong> 2005 ...................... LCL KIRSCHER .......................... 53<br />

Opération CALAO : <strong>Le</strong> 5 e RG <strong>en</strong> Côte d’Ivoire : acteur de la fonction CBA ANDRIAMOLISON<br />

AGESTER ou simple prestataire de service ? .................................................. CNE MACHELON ...................... 57<br />

Concept ISOPEX et sauvegarde-protection...................................................... CBA MERCURY.......................... 61<br />

Montage d’un poste de combat de type HESCO BASTION ...................... CNE FOUQUET .......................... 65<br />

Côte d’Ivoire : Retour d’expéri<strong>en</strong>ce <strong>en</strong> sauvegarde-protection .............. CNE GEROUDET ...................... 69


S A P E U R<br />

ÉQUIPEMENTS ET STRUCTURES<br />

SPECTRE - 2006-2007 : années cruciales .................................................... LCL CORNEFERT ...................... 75<br />

FORMATION<br />

La sauvegarde-protection : rep<strong>en</strong>ser la formation ...................................... CNE CASTEL .............................. 81<br />

LE GÉNIE DANS L'HISTOIRE<br />

<strong>Le</strong>s uniformes du <strong>génie</strong> de la Révolution et de l’Empire .......................... CDT GARNIER de LABAREYRE 87<br />

Génération de forces et emploi du <strong>génie</strong><br />

<strong>Le</strong>s sapeurs de la Campagne d’Alger ................................................................ CNE GIUDICELLI ...................... 93<br />

<strong>Le</strong>s in<strong>génie</strong>urs dans les troupes émigrées ...................................................... M. FOUGERAY .......................... 97<br />

- 2 -


Général de division<br />

Jean-Loup<br />

CHINOUILH<br />

<strong>Le</strong> général de division Jean-Loup<br />

CHINOUILH commande l'école supérieure<br />

et d'application du <strong>génie</strong> depuis<br />

août 2003.<br />

Entré à Saint-Cyr <strong>en</strong> 1969, il sert<br />

comme chef de section au 13 e régim<strong>en</strong>t<br />

du <strong>génie</strong> et commandant<br />

d'unité au 17 e régim<strong>en</strong>t du <strong>génie</strong><br />

parachutiste, où il revi<strong>en</strong>t <strong>en</strong> 1988<br />

au poste de chef du bureau opérations-instruction.<br />

Il est chef de corps du 6 e régim<strong>en</strong>t<br />

du <strong>génie</strong> de 1994 à 1997.<br />

Il a commandé la brigade du <strong>génie</strong><br />

d'août 2001 à août 2003.<br />

Il est breveté de l’école de guerre,<br />

diplômé de l’institut d’administration<br />

des <strong>en</strong>treprises de Paris.<br />

S A P E U R<br />

- 3 -<br />

Éditorial<br />

SAPEUR consacre aujourd'hui son dossier c<strong>en</strong>tral à la sauvegarde-protection dont<br />

l'importance n'est plus à démontrer face aux nouvelles m<strong>en</strong>aces. Plus que dans les<br />

autres missions confiées au <strong>génie</strong>, nous avons là des progrès à réaliser pour r<strong>en</strong>forcer<br />

nos moy<strong>en</strong>s et les adapter au contexte urbain.<br />

Comm<strong>en</strong>t caractériser le bouclier qu'il nous faut <strong>en</strong> opération ?<br />

Il est nécessairem<strong>en</strong>t passif pour protéger au minimum, dans la durée, les abris de<br />

regroupem<strong>en</strong>t et les espaces s<strong>en</strong>sibles activés <strong>en</strong> perman<strong>en</strong>ce (c<strong>en</strong>tres opérationnels,<br />

stations de production d'énergie etc.). Il comporte pour cela des obstacles à la pénétration<br />

et des parois massives de terre ou de béton sur lesquelles travaill<strong>en</strong>t aujourd'hui <strong>en</strong><br />

commun l'École du <strong>génie</strong> et le Service technique des bâtim<strong>en</strong>ts, fortifications et<br />

travaux.<br />

Mieux <strong>en</strong>core, il doit être réactif <strong>en</strong> associant une capacité de détection et d'alerte<br />

immédiate d'une intrusion ou d'une amorce d'attaque par aviation ou artillerie afin que<br />

chacun rejoigne sans délai, qui son poste de combat, qui son abri. Se décl<strong>en</strong>cherait<br />

alors instantaném<strong>en</strong>t une riposte de neutralisation, automatique ou humaine, correspondant<br />

au type d'agression. Un li<strong>en</strong> est déjà établi <strong>en</strong>tre sapeurs et artilleurs dont les<br />

radars de détection d'approche et de trajectographie compléteront les capteurs répartis<br />

sur le terrain. Une coopération se prépare égalem<strong>en</strong>t avec les transmetteurs dont les<br />

brouilleurs mobiles pourrai<strong>en</strong>t v<strong>en</strong>ir à bout de certains dispositifs explosifs commandés<br />

à distance.<br />

Ce bouclier doit <strong>en</strong>fin et surtout se montrer proactif, le but étant de dissuader d'emblée<br />

un agresseur pot<strong>en</strong>tiel de toute attaque <strong>en</strong> le persuadant d'un bilan dérisoire, d'une<br />

riposte immédiate et, par là, d'une défaite médiatique. Il convi<strong>en</strong>t que l'effet psychologique<br />

recherché découle aussi d'un discours politique et d'une action <strong>militaire</strong><br />

conformes aux att<strong>en</strong>tes de la population locale, incitée de ce fait à rejeter nos<br />

adversaires.<br />

Il s'agit bi<strong>en</strong> d'une affaire interarmes, voire interarmées. <strong>Le</strong>s sapeurs sont des<br />

part<strong>en</strong>aires privilégiés, avec les protections passives dont ils ont la charge, mais<br />

leur expéri<strong>en</strong>ce dans ce domaine leur permet de se poser <strong>en</strong> pilotes.<br />

Sparte, qui n'avait pas de remparts, comptait plus sur ses hommes que sur des<br />

murailles pour assurer sa déf<strong>en</strong>se. Comme Vauban, je suis sûr qu'aujourd'hui les uns<br />

ne vont pas sans les autres.<br />

le général de division CHINOUILH<br />

commandant l'école supérieure<br />

et d'application du <strong>génie</strong>


S A P E U R<br />

- 4 -


S A P E U R<br />

Études<br />

et<br />

prospective<br />

prospective<br />

L’appui <strong>génie</strong> <strong>en</strong> opérations : une nécessité reconnue… avec cep<strong>en</strong>dant des capacités toujours comptées<br />

Plaidoyer pour une manœuvre <strong>génie</strong> intégrée .......................................................................................................................... COL AUTRAN .......................................................... 7<br />

<strong>Le</strong>s armes à létalité réduite appliquées à la contre-mobilité ................................................................................................ COL PARMENTIER ................................................ 11<br />

La montée <strong>en</strong> puissance du mécanisme communautaire de Protection civile<br />

et ses <strong>en</strong>jeux pour les armées ............................................................................................................................................................ COL PONCELIN de RAUCOURT .................... 17<br />

Numérisation de l’espace de bataille .............................................................................................................................................. LCL EGLEMME........................................................ 21<br />

Processus d’élaboration des concepts et de la doctrine AGESTER<br />

Application à la sauvegarde-protection ........................................................................................................................................ LCL PINOT ................................................................ 25<br />

La théorie des trois blocs appliquée au domaine NRBC ...................................................................................................... CES CAUDRILLIER ................................................ 29<br />

<strong>Le</strong> combat du feu <strong>en</strong> zone urbaine .................................................................................................................................................. CNE BOUTOLLEAU .............................................. 31<br />

- 5 -


S A P E U R<br />

- 6 -


Colonel<br />

Francis<br />

AUTRAN<br />

Saint-cyri<strong>en</strong> de la promotion MONTCALM<br />

(1980-1982) et officier du <strong>génie</strong>, le colonel<br />

AUTRAN a servi dans les Troupes de<br />

montagne comme chef de section puis<br />

commandant d’unité, à la 77 e compagnie<br />

du <strong>génie</strong> de la division alpine et au<br />

7 e bataillon du <strong>génie</strong> de la division alpine.<br />

Affecté aux Écoles de Coëtquidan <strong>en</strong><br />

1990, il commande une compagnie à<br />

l’École spéciale <strong>militaire</strong> de Saint-Cyr<br />

(1990-1993).<br />

Breveté de l’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t <strong>militaire</strong> supérieur<br />

(3 e promotion du CID), il rejoint la<br />

Légion étrangère <strong>en</strong> 1998. Il pr<strong>en</strong>d part<br />

comme chef du bureau opérations-instruction<br />

à la création et à la montée <strong>en</strong><br />

puissance du 2 e régim<strong>en</strong>t étranger de<br />

<strong>génie</strong>, qu’il commande de 2001 à 2003.<br />

À l’issue de son temps de commandem<strong>en</strong>t,<br />

il est affecté à l’état-major de la 27 e brigade<br />

d’infanterie de montagne comme chef<br />

d’état-major (2003-2005).<br />

En 2005, il est auditeur de la 55 e session<br />

du C<strong>en</strong>tre des hautes études <strong>militaire</strong>s et<br />

de la 58 e session de l’Institut des hautes<br />

études de déf<strong>en</strong>se nationale.<br />

<strong>Le</strong> colonel AUTRAN possède <strong>en</strong> outre<br />

une expéri<strong>en</strong>ce opérationnelle variée à<br />

des postes de responsabilités, notamm<strong>en</strong>t<br />

chef G3 de l’état-major de la Brigade<br />

multinationale Nord (BMN-N) au Kosovo<br />

<strong>en</strong> 2000, chef de corps du BATGEN<br />

(12 e mandat) de la BMN-N au Kosovo <strong>en</strong><br />

2003 et sous-chef d’état-major opérations<br />

du Poste de commandem<strong>en</strong>t interarmées<br />

de théâtre de la force LICORNE <strong>en</strong><br />

République de Côte d’Ivoire <strong>en</strong> 2005.<br />

AVERTISSEMENT<br />

S A P E U R<br />

L’APPUI GÉNIE EN OPÉRATIONS :<br />

UNE NÉCESSITÉ RECONNUE…<br />

AVEC CEPENDANT DES CAPACITÉS<br />

TOUJOURS COMPTÉES<br />

PLAIDOYER POUR UNE MANŒUVRE GÉNIE INTÉGRÉE<br />

The idea of an <strong>en</strong>gineer support to an interv<strong>en</strong>tion force is never questioned basically.<br />

However, this support is most of the time expressed in terms of means and equipm<strong>en</strong>t<br />

instead of effects to produce on the ground or on the belliger<strong>en</strong>ts.<br />

But this effect-based process must prevail over any other, considering simultaneously<br />

the financial constraint on every military overseas operation.<br />

It is thus necessary that the <strong>en</strong>gineer command must be associated from the start to<br />

the decision making process and to the force g<strong>en</strong>eration.<br />

In so far as <strong>en</strong>gineer support never covers all units’ demands because <strong>en</strong>gineer abilities<br />

are never suffici<strong>en</strong>t, whatever the operation concerned, a real integrated <strong>en</strong>gineer<br />

manœuvre does exist.<br />

This manœuvre must be c<strong>en</strong>tralized with a proper command in order to give all necessary<br />

flexibility and reactivity to <strong>en</strong>gineer units with efforts and priorities precisely defined<br />

in regard to Force commander’s objectives.<br />

C<strong>en</strong>tralization of <strong>en</strong>gineer support conception must go hand in hand with a de-c<strong>en</strong>tralization<br />

of the execution and if the mission demands it, <strong>en</strong>gineer unit must be attached<br />

to battle groups, ev<strong>en</strong> to the lowest level of responsibility (squad or ev<strong>en</strong> team).<br />

<strong>Le</strong> propos n’est pas ici d’am<strong>en</strong>der la doctrine<br />

d’emploi du <strong>génie</strong> <strong>en</strong> opérations et<br />

<strong>en</strong>core moins de réécrire les règlem<strong>en</strong>ts<br />

qui <strong>en</strong> découl<strong>en</strong>t. Adaptés au nouveau<br />

contexte d’<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t des forces, ces<br />

docum<strong>en</strong>ts couvr<strong>en</strong>t l’év<strong>en</strong>tail des missions<br />

pouvant être confiées au <strong>génie</strong>.<br />

Cep<strong>en</strong>dant, un certain nombre d’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts<br />

pratiques et fondam<strong>en</strong>taux<br />

apparaiss<strong>en</strong>t à la lumière de tous les<br />

<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>ts opérationnels auxquels<br />

les unités du <strong>génie</strong>, de la section au<br />

bataillon, ont participé, notamm<strong>en</strong>t ces<br />

dix dernières années. Il s’agit donc ici,<br />

de dégager des marges d’efficacité pour<br />

un emploi optimal des unités du <strong>génie</strong><br />

<strong>en</strong> accompagnem<strong>en</strong>t de la force<br />

déployée sur un théâtre d’opérations.<br />

*<br />

* *<br />

Depuis près de 30 ans, les unités du<br />

<strong>génie</strong>, quels que soi<strong>en</strong>t leur nature et<br />

leur volume, sont omniprés<strong>en</strong>tes dans le<br />

paysage tactique des forces <strong>en</strong>gagées<br />

<strong>en</strong> opérations extérieures. S’il <strong>en</strong> était<br />

besoin, la preuve pourrait être donnée<br />

- 7 -<br />

par la marque durable de leur action sur<br />

le terrain au profit des groupem<strong>en</strong>ts tactiques<br />

et des états-majors de forces opérationnelles<br />

qui les command<strong>en</strong>t.<br />

Aujourd’hui comme autrefois, nul chef<br />

désireux de conserver sa liberté d’action<br />

et de préserver ses moy<strong>en</strong>s de commandem<strong>en</strong>t,<br />

de combat et de souti<strong>en</strong>, ne peut<br />

décemm<strong>en</strong>t remettre <strong>en</strong> cause la pertin<strong>en</strong>ce,<br />

et même l’impérieuse nécessité<br />

pour la force de bénéficier d’un appui<br />

<strong>génie</strong> direct. Toute la question est donc de<br />

disposer d’un appui adapté et suffisant<br />

dès l’<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t des unités quel que soit<br />

le théâtre considéré. Cette question reste<br />

<strong>en</strong>tière à chaque génération de forces.<br />

Être prés<strong>en</strong>t dès le lancem<strong>en</strong>t du processus<br />

de génération de forces <strong>en</strong> faisant<br />

valoir les effets recherchés et non exclusivem<strong>en</strong>t<br />

les moy<strong>en</strong>s qui vont les produire,<br />

fournir un appui <strong>génie</strong> qui soit<br />

significatif d’emblée mais évolutif et <strong>en</strong><br />

prévoir un commandem<strong>en</strong>t c<strong>en</strong>tralisé<br />

permettant les bascules d’efforts et de<br />

priorités par une mise <strong>en</strong> œuvre déconc<strong>en</strong>trée<br />

des moy<strong>en</strong>s pourrai<strong>en</strong>t être trois<br />

pistes de progrès réalistes et réalisables<br />

à coût limité.


PRIMAUTÉ DES EFFETS À PRO-<br />

DUIRE DANS LE PROCESSUS DE<br />

GÉNÉRATION DE FORCES<br />

La gestion de crise, sous toutes ses<br />

formes et jusqu’à son paroxysme destructeur<br />

s’il ne peut être évité, paraît<br />

être le cadre des opérations <strong>militaire</strong>s<br />

futures jusqu’à un horizon visible.<br />

L’expéri<strong>en</strong>ce de l’armée <strong>français</strong>e, et<br />

notamm<strong>en</strong>t des forces terrestres, est<br />

grande et reconnue <strong>en</strong> la matière, parmi<br />

ses part<strong>en</strong>aires alliés.<br />

Parmi les caractéristiques majeures de<br />

ces opérations, deux ont un impact<br />

important <strong>en</strong> terme d’appui <strong>génie</strong> avec<br />

des effets parfois antagonistes. Il s’agit<br />

<strong>en</strong> premier lieu de la réversibilité des<br />

situations tactiques. Elle impose aux<br />

forces terrestres une grande réactivité et<br />

par conséqu<strong>en</strong>t de disposer <strong>en</strong> perman<strong>en</strong>ce<br />

de la capacité de rétablir la liberté<br />

de mouvem<strong>en</strong>t pour les unités de combat<br />

et les flux logistiques, mais égalem<strong>en</strong>t<br />

la capacité de réorganiser rapidem<strong>en</strong>t<br />

le déploiem<strong>en</strong>t de la force. En<br />

second lieu, ces opérations s’inscriv<strong>en</strong>t<br />

toutes dans la durée. <strong>Le</strong>s conséqu<strong>en</strong>ces<br />

sont alors mesurables <strong>en</strong> termes de cantonnem<strong>en</strong>ts,<br />

d’infrastructures et de souti<strong>en</strong><br />

au stationnem<strong>en</strong>t.<br />

Or, un constat s’impose à l’étude des<br />

opérations réc<strong>en</strong>tes ou <strong>en</strong> cours, au<br />

regard de cette exig<strong>en</strong>ce opérationnelle<br />

croissante : les moy<strong>en</strong>s <strong>génie</strong> sont toujours<br />

comptés. L’emploi du <strong>génie</strong> doit<br />

donc être conçu globalem<strong>en</strong>t avec un<br />

effort capacitaire initial selon des effets à<br />

produire clairem<strong>en</strong>t id<strong>en</strong>tifiés, cet effort<br />

capacitaire <strong>génie</strong> variant logiquem<strong>en</strong>t <strong>en</strong><br />

fonction de l’évolution de l’opération<br />

dans le temps. Malheureusem<strong>en</strong>t, hormis<br />

le cas des crises majeures (Kosovo),<br />

la t<strong>en</strong>dance a longtemps été de choisir<br />

sur catalogue des moy<strong>en</strong>s (perversité du<br />

principe de modularité), avant de raisonner<br />

<strong>en</strong> termes effets à obt<strong>en</strong>ir sur le terrain<br />

(pour quoi faire ?). De façon plus<br />

générale la fonction ag<strong>en</strong>cem<strong>en</strong>t de l’espace<br />

terrestre (AGESTER) est le plus<br />

souv<strong>en</strong>t évoquée sous l’angle de l’articulation<br />

des moy<strong>en</strong>s, avant même que soit<br />

abordé le niveau d’emploi (qui commande<br />

?). Si l’idée d’un appui <strong>génie</strong> n’est<br />

pas discutée, c’est bi<strong>en</strong> à ces deux questions<br />

fondam<strong>en</strong>tales qu’il convi<strong>en</strong>t de<br />

répondre dès la génération de force, <strong>en</strong><br />

t<strong>en</strong>ant compte bi<strong>en</strong> <strong>en</strong>t<strong>en</strong>du des<br />

contraintes fixées par notre employeur<br />

politique et <strong>en</strong> toute connaissance des<br />

conséqu<strong>en</strong>ces des choix à effectuer.<br />

S A P E U R<br />

À ce stade, deux logiques s’affront<strong>en</strong>t :<br />

- une logique capacitaire, qui à partir<br />

d’effets à produire sur le terrain id<strong>en</strong>tifie<br />

les capacités ad hoc et les<br />

moy<strong>en</strong>s associés pour remplir la<br />

mission. L’appui <strong>génie</strong> ainsi défini<br />

correspond alors aux besoins de la<br />

force et participe pleinem<strong>en</strong>t à la<br />

cohér<strong>en</strong>ce de la manœuvre ;<br />

- à cette logique capacitaire s’oppose<br />

une logique de moy<strong>en</strong>s, elle-même<br />

dép<strong>en</strong>dante de contraintes budgétaires<br />

fortes qui aujourd’hui dim<strong>en</strong>sionn<strong>en</strong>t<br />

les conting<strong>en</strong>ts d’interv<strong>en</strong>tion<br />

extérieure.<br />

<strong>Le</strong> processus de génération de forces<br />

reste alors un compromis <strong>en</strong>tre un<br />

volume de moy<strong>en</strong>s à ne pas dépasser et<br />

des capacités opérationnelles les plus<br />

cohér<strong>en</strong>tes et complètes possibles pour<br />

remplir avec succès la mission dans<br />

laquelle la France s’<strong>en</strong>gage. C’est pourquoi,<br />

il est indisp<strong>en</strong>sable que le " commandem<strong>en</strong>t<br />

<strong>génie</strong> " participe au processus<br />

de génération de forces et à l’élaboration<br />

de la manœuvre par le biais de la<br />

MEDO, au même titre que cela est<br />

demandé au DL <strong>génie</strong> de BIA lors des<br />

exercices AURIGE.<br />

Aujourd’hui, l’optimisme peut être de mise<br />

<strong>en</strong> raison de la dynamique capacitaire<br />

qui se met <strong>en</strong> place au sein des armées.<br />

La manœuvre <strong>génie</strong> doit donc permettre<br />

à la fois de conc<strong>en</strong>trer les capacités et de<br />

basculer rapidem<strong>en</strong>t les efforts par le<br />

biais d’un commandem<strong>en</strong>t unique et<br />

d’un emploi c<strong>en</strong>tralisé des moy<strong>en</strong>s. En<br />

effet, l’objectif est bi<strong>en</strong> de fournir d’em-<br />

- 8 -<br />

blée un appui approprié aux effets<br />

recherchés sur le terrain ou sur l’adversaire<br />

selon un emploi souple mais c<strong>en</strong>tralisé,<br />

la mise <strong>en</strong> œuvre étant le plus<br />

souv<strong>en</strong>t et logiquem<strong>en</strong>t déconc<strong>en</strong>trée.<br />

Cette conception de l’emploi du <strong>génie</strong><br />

s’appuie sur une structure de commandem<strong>en</strong>t<br />

adaptable, sans toutefois jamais<br />

fusionner les niveaux de conception et<br />

de mise <strong>en</strong> œuvre.<br />

DU COMMANDEMENT DU GÉNIE<br />

EN OPÉRATIONS, OU L’ÉTERNELLE<br />

REMISE EN CAUSE DU COMMAN-<br />

DEMENT CENTRALISÉ DE L’ACTION<br />

<strong>Le</strong> commandem<strong>en</strong>t du <strong>génie</strong> dans toute<br />

opération doit impérativem<strong>en</strong>t obéir à des<br />

principes intangibles, que des querelles<br />

de personnes ou des més<strong>en</strong>t<strong>en</strong>tes chroniques<br />

ne peuv<strong>en</strong>t remettre <strong>en</strong> cause au<br />

risque de rompre la cohér<strong>en</strong>ce du dispositif<br />

<strong>génie</strong> et de l’appui qu’il doit fournir.<br />

<strong>Le</strong>s principes définis dans le GEN 100,<br />

sont plus que jamais d’actualité, d’autant<br />

qu’ils ont été largem<strong>en</strong>t éprouvés<br />

aussi bi<strong>en</strong> au Kosovo qu’<strong>en</strong> République<br />

de Côte d’Ivoire, pour ne ret<strong>en</strong>ir que les<br />

deux dernières opérations d’importance<br />

<strong>en</strong> volume de forces déployées. Dans<br />

l’opération TRIDENT, le choix a été fait<br />

d’<strong>en</strong>gager d’emblée des moy<strong>en</strong>s <strong>génie</strong><br />

conséqu<strong>en</strong>ts. En revanche, pour l’opération<br />

LICORNE, l’appui <strong>génie</strong> s’est limité à<br />

une compagnie de combat r<strong>en</strong>forcée<br />

d’une section organisation du terrain.<br />

La continuité des douze mandats du<br />

bataillon du <strong>génie</strong> de la brigade multina-<br />

Schéma organisation du commandem<strong>en</strong>t <strong>génie</strong> dans le cas d’un BATGEN


tionale Nord de la KFOR (1999-2003) et<br />

l’adaptation terrain des principes édictés<br />

ont permis d’id<strong>en</strong>tifier les structures de<br />

commandem<strong>en</strong>t du <strong>génie</strong> souhaitables<br />

et leur évolution au cours d’une opération.<br />

L’organisation du commandem<strong>en</strong>t<br />

doit par conséqu<strong>en</strong>t rester souple et<br />

représ<strong>en</strong>tative du volume de moy<strong>en</strong>s<br />

déployés, avec un positionnem<strong>en</strong>t impératif<br />

au niveau d’emploi le plus haut<br />

dans l’état-major considéré. On peut<br />

citer deux configurations, qui d’expéri<strong>en</strong>ce,<br />

concour<strong>en</strong>t à l’efficacité opérationnelle<br />

<strong>en</strong> jouant sur la complém<strong>en</strong>tarité<br />

des moy<strong>en</strong>s.<br />

1. Tous les moy<strong>en</strong>s du <strong>génie</strong>, et plus largem<strong>en</strong>t<br />

de la fonction AGESTER, sont<br />

regroupés sous un commandem<strong>en</strong>t<br />

unique <strong>génie</strong> (COMGENIE) qui dispose<br />

des structures pour valider l’emploi,<br />

conduire la mise <strong>en</strong> œuvre des moy<strong>en</strong>s,<br />

assurer la gestion du personnel et le<br />

souti<strong>en</strong> des matériels. <strong>Le</strong>s moy<strong>en</strong>s donnés<br />

<strong>en</strong> r<strong>en</strong>forcem<strong>en</strong>t et dédiés à une<br />

mission particulière sont alors placés<br />

sous contrôle tactique (TACON, voire<br />

sous TACOM) du commandant de la formation<br />

qui assure la coordination générale<br />

de l’action <strong>génie</strong> sur le théâtre.<br />

2. Lorsque le niveau de responsabilité du<br />

COMGENIE n’est plus représ<strong>en</strong>té <strong>en</strong> raison<br />

de la disparition du bataillon du<br />

<strong>génie</strong>, la cohér<strong>en</strong>ce opérationnelle d’emploi,<br />

voire de mise <strong>en</strong> œuvre, est alors<br />

c<strong>en</strong>tralisée soit au niveau d’un détachem<strong>en</strong>t<br />

de liaison et de mise <strong>en</strong> œuvre<br />

(DLMO) dans le cas où un DETGEN est<br />

S A P E U R<br />

mis <strong>en</strong> place, soit directem<strong>en</strong>t au niveau<br />

de la cellule G3-2D de l’état-major (brigade,<br />

task force ou PCIAT) dans le cas où<br />

l’appui <strong>génie</strong> se limite à une compagnie<br />

r<strong>en</strong>forcée voire à des sections spécialisées<br />

(cas de la Bosnie). À cet égard, il est<br />

indisp<strong>en</strong>sable de positionner au sein des<br />

GTIA, un DL ou une " cellule de mise <strong>en</strong><br />

œuvre " qui de fait sont aux ordres du<br />

commandant d’unité <strong>génie</strong> voire directem<strong>en</strong>t<br />

aux ordres de la cellule G3-2D.<br />

Schéma organisation du commandem<strong>en</strong>t <strong>génie</strong> dans le cas d’un DETGEN<br />

Schéma organisation du commandem<strong>en</strong>t <strong>génie</strong> dans le cas d’une UE GEN<br />

- 9 -<br />

UNE CAPACITÉ D’APPUI GÉNIE<br />

COHÉRENTE DANS LA CONTINUITÉ<br />

MÊME À PETITE ÉCHELLE<br />

Considérant, nous l’avons vu, qu’il ne<br />

peut y avoir d’opérations sans un appui<br />

<strong>génie</strong>, la Force doit bénéficier de cet<br />

appui dans tout le spectre de sa mission,<br />

soit <strong>en</strong> action d’<strong>en</strong>semble ou <strong>en</strong> appui<br />

direct des GTIA. Or, les moy<strong>en</strong>s <strong>génie</strong><br />

étant limités, les GTIA ne peuv<strong>en</strong>t se voir<br />

détacher <strong>en</strong> perman<strong>en</strong>ce des moy<strong>en</strong>s de<br />

combat. En revanche, parce que l’emploi<br />

c<strong>en</strong>tralisé des moy<strong>en</strong>s permet de varianter<br />

les efforts et de faire face à un besoin<br />

inopiné, les capacités existantes doiv<strong>en</strong>t<br />

être détachées et mis sous contrôle tactique<br />

(TACON) du GTIA dès lors que la<br />

mission l’exige. <strong>Le</strong> commandant d’unité<br />

ou le chef de section a alors toute latitude<br />

pour mettre <strong>en</strong> œuvre ses moy<strong>en</strong>s<br />

<strong>en</strong> fonction des effets souhaités par le<br />

commandant du GTIA. Cette articulation<br />

des moy<strong>en</strong>s <strong>génie</strong> peut aller jusqu’à dissocier<br />

le groupe de combat <strong>en</strong> équipes<br />

pour des actions spécifiques comme les<br />

fouilles par exemple ou le combat <strong>en</strong><br />

zone urbaine. On mesure ici toute l’importance<br />

de la formation de métier et de<br />

l’<strong>en</strong>traînem<strong>en</strong>t interarmes pour les<br />

jeunes cadres et caporaux, qui sur le terrain<br />

peuv<strong>en</strong>t être investis de missions<br />

délicates dans une relative autonomie.<br />

On mesure aussi tout l’intérêt pour le<br />

<strong>génie</strong> de disposer d’un système de communication<br />

performant.


Cette cohér<strong>en</strong>ce de l’appui <strong>génie</strong> s’exprime<br />

égalem<strong>en</strong>t à travers le r<strong>en</strong>forcem<strong>en</strong>t<br />

de la capacité " organisation du<br />

terrain-travaux " et " aide au déploiem<strong>en</strong>t<br />

" des compagnies d’appui des<br />

RGBIA, et le mainti<strong>en</strong> de capacités certes<br />

échantillonnaires mais indisp<strong>en</strong>sables à<br />

l’appui d’une Force d’interv<strong>en</strong>tion, et<br />

dont le <strong>génie</strong> lui-même ne doit pas<br />

remettre <strong>en</strong> cause la nécessité. Ce sont<br />

la section équipem<strong>en</strong>t montagne du 2e<br />

REG et les sections spécialisées équipem<strong>en</strong>t<br />

plage et équipem<strong>en</strong>t piste du 6e<br />

RG et du 17e RGP. Ces capacités doiv<strong>en</strong>t<br />

non seulem<strong>en</strong>t être pér<strong>en</strong>nisées mais<br />

elles doiv<strong>en</strong>t surtout l’être <strong>en</strong> simple<br />

qualification, peut-être au détrim<strong>en</strong>t<br />

d’autres capacités plus facilem<strong>en</strong>t<br />

exploitables <strong>en</strong> double qualification<br />

comme le franchissem<strong>en</strong>t. En effet, <strong>en</strong><br />

cas de besoin opérationnel plus important,<br />

elles pourrai<strong>en</strong>t dériver au sein de<br />

chaque corps des sous-<strong>en</strong>sembles spécialisés<br />

qui serai<strong>en</strong>t alors employés <strong>en</strong><br />

action d’<strong>en</strong>semble.<br />

S A P E U R<br />

Enfin, la capacité d’appui <strong>génie</strong> doit<br />

suivre l’évolution de la mission ou de<br />

l’état de la Force (volume, (re) déploiem<strong>en</strong>t)<br />

et non pas être <strong>en</strong> décalage complet<br />

avec l’action <strong>en</strong>visagée. Cette évolution<br />

ne peut être strictem<strong>en</strong>t homothétique<br />

et indexée sur le volume global de<br />

la Force. À cet égard, il faut logiquem<strong>en</strong>t<br />

cons<strong>en</strong>tir un volume significatif de<br />

moy<strong>en</strong>s lors de l’<strong>en</strong>trée sur le théâtre et<br />

lors du retrait de la force, <strong>en</strong> tolérant une<br />

fois la phase d’installation terminée un<br />

volume minimum strictem<strong>en</strong>t nécessaire<br />

mais cohér<strong>en</strong>t pour l’appui des<br />

groupem<strong>en</strong>ts tactiques.<br />

CONCLUSION<br />

Considérant la gestion de crise dans un<br />

cadre national ou <strong>en</strong> coalition, les conditions<br />

d’<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t d’une force opérationnelle<br />

resteront toujours dép<strong>en</strong>dantes<br />

de la part que la France souhaite<br />

pr<strong>en</strong>dre dans la résolution de la crise, et<br />

soumises aux contraintes budgétaires<br />

- 10 -<br />

qui fixeront in fine le format de la Force.<br />

Toutefois, cette réalité ne doit pas<br />

estomper la nécessité de disposer dès le<br />

début de crise, des capacités <strong>en</strong> effets et<br />

<strong>en</strong> volume suffisantes pour marquer son<br />

asc<strong>en</strong>dant sur l’adversaire et préserver<br />

sa liberté d’action.<br />

Dans ce cadre, seule une véritable<br />

manœuvre intégrée du <strong>génie</strong> permet de<br />

répondre aux exig<strong>en</strong>ces opérationnelles<br />

qui vont toujours croissantes avec des<br />

moy<strong>en</strong>s toujours comptés. Il faut pour<br />

cela, être prés<strong>en</strong>t au mom<strong>en</strong>t où tout se<br />

décide, voire <strong>en</strong> amont ; mettre <strong>en</strong> place<br />

un système de commandem<strong>en</strong>t <strong>génie</strong><br />

unique, adapté et représ<strong>en</strong>tatif du<br />

niveau d’emploi considéré ; et surtout<br />

maint<strong>en</strong>ir les capacités <strong>génie</strong> dans un<br />

spectre large <strong>en</strong> recherchant l’aptitude à<br />

agir sur tous les terrains (y compris la<br />

zone urbaine), la robustesse des équipem<strong>en</strong>ts<br />

et la suffisance technologique.


Colonel<br />

D<strong>en</strong>is<br />

PARMENTIER<br />

Admis <strong>en</strong> 1980 à l’école spéciale<br />

<strong>militaire</strong> de Saint-Cyr, le colonel<br />

Parm<strong>en</strong>tier choisit l’arme du <strong>génie</strong><br />

et effectue son stage d’application<br />

à l’ESAG (1982-1983).<br />

Sa carrière d’officier se partage<br />

<strong>en</strong>tre des affectations <strong>en</strong> régim<strong>en</strong>t<br />

ou <strong>en</strong> administration c<strong>en</strong>trale.<br />

Il a notamm<strong>en</strong>t servi au 11 e RG et<br />

au 6 e RG comme CDS et CDU. Il a<br />

été chef du BOI du 34 e RG.<br />

Promu colonel <strong>en</strong> 2001, il a<br />

commandé, de 2002 à 2004, le<br />

13 e régim<strong>en</strong>t du <strong>génie</strong> à EPERNAY<br />

puis au VALDAHON. P<strong>en</strong>dant<br />

cette période, il a pris le commandem<strong>en</strong>t<br />

du BATFRA 6 au<br />

KOSOVO.<br />

Il a égalem<strong>en</strong>t servi au bureau de<br />

conception des systèmes de<br />

forces de l’EMAT, une première<br />

fois de 1998 à 2002 <strong>en</strong> tant que<br />

chargé de la fonction « Ag<strong>en</strong>cem<strong>en</strong>t<br />

de l’espace terrestre », puis de<br />

2004 à 2005 <strong>en</strong> tant qu’adjoint et<br />

officier <strong>en</strong> charge de la cohér<strong>en</strong>ce<br />

opérationnelle du système de<br />

forces « Maîtrise du milieu aéroterrestre<br />

».<br />

In<strong>génie</strong>ur de l’école nationale des<br />

ponts et chaussées, il a suivi la<br />

108 e promotion du cours supérieur<br />

d'état-major et la 3 e promotion<br />

du CID.<br />

Depuis l’été 2005, il occupe les<br />

fonctions de chef du Bureau<br />

APPUIS au sein de la Direction du<br />

Personnel Militaire de l’armée de<br />

Terre.<br />

S A P E U R<br />

LES ARMES À LÉTALITÉ RÉDUITE<br />

APPLIQUÉES À LA CONTRE-MOBILITÉ<br />

Non-lethal, hardware dedicated weapon systems seem to be well adapted tools for<br />

peace keeping operations, and they could constitute a main axis of developm<strong>en</strong>t.<br />

They provide new and non-conv<strong>en</strong>tional capabilities to armed forces, especially in<br />

counter-mobility actions.<br />

Nevertheless, the effici<strong>en</strong>cy and ev<strong>en</strong> the concept of these weapons are subject to<br />

debates. There remain a lot of controversies, and regarding to legal, political, military<br />

and moral aspects, this is a very s<strong>en</strong>sible domain.<br />

Therefore, a conceptual and standardizing work is necessary before any further developm<strong>en</strong>t.<br />

En 2001, l’état-major de l’armée de terre<br />

rédigeait et validait un nouveau concept<br />

de contre-mobilité1 . L’élaboration de ce<br />

docum<strong>en</strong>t t<strong>en</strong>ait compte des deux évolutions<br />

majeures suivantes :<br />

• d’une part, la mise <strong>en</strong> œuvre des<br />

moy<strong>en</strong>s relevant du domaine classique<br />

de la « contre-mobilité », c’està-dire<br />

la constitution d’obstacles,<br />

devi<strong>en</strong>t de plus <strong>en</strong> plus contrainte<br />

par la nature des <strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>ts dans<br />

lesquels il s’agit plus de maîtriser la<br />

viol<strong>en</strong>ce que de vaincre un <strong>en</strong>nemi.<br />

Cep<strong>en</strong>dant, il est clair que, sur le<br />

long terme, ce domaine reste pertin<strong>en</strong>t<br />

et justifie la poursuite des travaux<br />

<strong>en</strong>gagés, qui doiv<strong>en</strong>t cep<strong>en</strong>dant<br />

t<strong>en</strong>ir compte des contraintes<br />

juridiques et d'opinions publiques,<br />

• d’autre part, la technique offre de<br />

plus <strong>en</strong> plus de possibilités pour<br />

satisfaire de multiples besoins opérationnels,<br />

dont ceux de contremobilité,<br />

ce qui élargit singulièrem<strong>en</strong>t<br />

le spectre de mise <strong>en</strong> œuvre<br />

des activités correspondantes et des<br />

techniques auxquelles elle peut faire<br />

appel, permettant ainsi de satisfaire<br />

les nouveaux besoins générés par<br />

les évolutions des <strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>ts.<br />

<strong>Le</strong> nouveau concept de contre-mobilité<br />

se fonde, d'une part sur l'optimisation<br />

des capacités existantes par la graduation<br />

des effets 2 et d’autre part sur le<br />

développem<strong>en</strong>t de deux aptitudes, la<br />

réversibilité et la réactivité. Il sous-t<strong>en</strong>d<br />

le projet de système de contre-mobilité<br />

- 11 -<br />

réactif (SYCOMORE) qui permettra, avec<br />

un nombre réduit d'opérateurs, de surveiller,<br />

contrôler, interdire des itinéraires<br />

d'accès et des compartim<strong>en</strong>ts de terrain,<br />

<strong>en</strong> particulier <strong>en</strong> zone urbaine, face à des<br />

véhicules ou à du personnel débarqué. Il<br />

s'intégrera dans l'architecture générale<br />

du système de contrôle de zone futur. <strong>Le</strong><br />

premier maillon de cette chaîne devait<br />

être constitué par le système HPD F4.<br />

Or, d’arbitrages budgétaires <strong>en</strong> indécisions<br />

structurelles, il devi<strong>en</strong>t de moins<br />

<strong>en</strong> moins probable de pouvoir lancer et<br />

m<strong>en</strong>er à terme un programme d’armem<strong>en</strong>t<br />

concernant des mines et leur système<br />

de pose. Vol<strong>en</strong>s nol<strong>en</strong>s, l’armée de<br />

terre risque à moy<strong>en</strong> terme de perdre sa<br />

capacité de contre-mobilité.<br />

Cep<strong>en</strong>dant, aujourd’hui, les évolutions<br />

<strong>en</strong> matière de technologie permett<strong>en</strong>t<br />

d’<strong>en</strong>visager des développem<strong>en</strong>ts capacitaires<br />

à court et moy<strong>en</strong> terme, <strong>en</strong> particulier<br />

dans le domaine de la contremobilité,<br />

tout <strong>en</strong> s’affranchissant de<br />

l’emploi des mines antichars et des<br />

destructions irréversibles des infrastructures.<br />

En effet, si les armes à létalité<br />

réduite ont trouvé une application réglem<strong>en</strong>taire,<br />

à défaut d’être cons<strong>en</strong>suelle,<br />

dans les armées, leur application dans le<br />

domaine de la contre-mobilité n’est toujours<br />

pas <strong>en</strong>visagée, or, elles offr<strong>en</strong>t des<br />

pot<strong>en</strong>tialités importantes qui devrai<strong>en</strong>t<br />

attirer l’att<strong>en</strong>tion des sapeurs dans le<br />

cadre du combat futur des forces<br />

terrestres.<br />

1) Concept de contre-mobilité XXI n° 46/DEF/EMAT/BCSF/AET du 02/02/2001<br />

2) La capacité de graduer les effets permet d'accroître les possibilités d'emploi d'un système de<br />

combat et, <strong>en</strong> conséqu<strong>en</strong>ce, la liberté d'action du commandant de la force.


DE QUOI S’AGIT-IL ?<br />

RECHERCHE D’UNE DÉFINITION<br />

La notion de létalité ou de mort r<strong>en</strong>voyant<br />

à l’homme, il s’agit tout d’abord<br />

interrogé sur la définition d’armes à létalité<br />

réduite. <strong>Le</strong> Chef d’État-Major des<br />

Armées a diffusé, <strong>en</strong> date du 27 janvier<br />

2005, un premier concept d’emploi<br />

applicable par l’<strong>en</strong>semble de nos forces<br />

armées. Ce docum<strong>en</strong>t donne la définition<br />

suivante :<br />

<strong>Le</strong>s armes à létalité réduite sont des<br />

équipem<strong>en</strong>ts spécifiquem<strong>en</strong>t conçus<br />

et mis au point pour mettre hors de<br />

combat ou repousser les personnes, et<br />

qui, dans les conditions normales prévues<br />

pour leur emploi, prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t une<br />

faible probabilité de provoquer une<br />

issue fatale, des blessures graves ou<br />

des lésions perman<strong>en</strong>tes.<br />

Ce docum<strong>en</strong>t précise que les matériels<br />

qui permettrai<strong>en</strong>t de limiter les dommages<br />

sur l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t et tous les<br />

moy<strong>en</strong>s qui vis<strong>en</strong>t à mettre hors d’état<br />

les matériels sont à exclure de cette<br />

catégorie, sauf lorsqu’ils sont employés<br />

dans le but de réduire par effets indirects<br />

les dommages aux personnes.<br />

Cette définition est assez proche de celle<br />

adoptée par l’OTAN, à ceci près que cette<br />

dernière utilise l’expression « non létales »,<br />

au lieu de « létalité réduite », tout <strong>en</strong> reconnaissant<br />

les risques de létalité et qu’elle<br />

admet explicitem<strong>en</strong>t que ces armes puiss<strong>en</strong>t<br />

avoir une finalité anti-matériels « <strong>Le</strong>s<br />

armes non létales (ANL) sont des armes<br />

spécifiquem<strong>en</strong>t conçues et mises au point<br />

pour mettre hors de combat ou repousser<br />

le personnel, avec une faible probabilité<br />

d’issue fatale ou de lésion perman<strong>en</strong>te ou<br />

mettre hors d’état le matériel, avec un<br />

minimum de dommages non int<strong>en</strong>tionnels<br />

ou d’incid<strong>en</strong>ces sur l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t ».<br />

Nos forces étant le plus souv<strong>en</strong>t appelées<br />

à interv<strong>en</strong>ir <strong>en</strong> milieu urbain, face à<br />

des élém<strong>en</strong>ts hostiles pouvant disposer<br />

d’équipem<strong>en</strong>ts diversifiés et innovants,<br />

il paraît justifié d’<strong>en</strong>visager de les doter<br />

d’armem<strong>en</strong>ts capables de neutraliser ou<br />

de détruire certains moy<strong>en</strong>s adverses<br />

tout <strong>en</strong> limitant à la fois les pertes<br />

humaines, <strong>en</strong> particulier dans la population,<br />

et les dégradations des infrastructures<br />

dont la disponibilité est indisp<strong>en</strong>sable<br />

au retour à la paix. On observe<br />

d’ailleurs que, confronté <strong>en</strong> Irak à la multiplication<br />

des attaques suicides<br />

conduites à bord de véhicules chargés<br />

d’explosifs et aux risques de méprise, le<br />

P<strong>en</strong>tagone vi<strong>en</strong>t de ret<strong>en</strong>ir comme<br />

besoin prioritaire la capacité d’arrêter un<br />

véhicule sans mettre <strong>en</strong> cause la vie du<br />

conducteur et des tiers.<br />

<strong>Le</strong>s expressions « Armes à Effets<br />

Contrôlés » ou « Armes à Effets Collatéraux<br />

Réduits » sont parfois utilisées<br />

pour définir ce type d’équipem<strong>en</strong>ts ;<br />

elles trouv<strong>en</strong>t un écho favorable auprès<br />

des États-majors. Je me ti<strong>en</strong>drai cep<strong>en</strong>dant<br />

à l’expression « Armes à Létalité<br />

Réduite visant le Matériel » que, dans<br />

l’int<strong>en</strong>tion d’alléger la lecture de cet<br />

article, je désignerai sous le sigle ALRM.<br />

Il s’agit bi<strong>en</strong> de moy<strong>en</strong>s qui, par la spécificité<br />

de leur conception, ne sont prévus<br />

que pour réduire ou neutraliser les capacités<br />

des équipem<strong>en</strong>ts et des matériels<br />

de l’adversaire, ainsi que la disponibilité<br />

des infrastructures <strong>en</strong> s’efforçant de<br />

limiter les dommages indésirables,<br />

<strong>en</strong> particulier <strong>en</strong>vers les personnes.<br />

L’emploi de ces armem<strong>en</strong>ts ne peut<br />

exclure totalem<strong>en</strong>t le risque de létalité,<br />

notamm<strong>en</strong>t du fait d’un <strong>en</strong>chaînem<strong>en</strong>t<br />

imprévisible de réactions ou d’une utilisation<br />

non conforme. Il convi<strong>en</strong>t d’admettre<br />

égalem<strong>en</strong>t à ce stade de la<br />

réflexion que certaines des technologies<br />

qui serai<strong>en</strong>t développées à cette fin puiss<strong>en</strong>t<br />

trouver, avec des caractéristiques<br />

ou des réglages différ<strong>en</strong>ts, des applications<br />

létales et capables de détruire leurs<br />

cibles. En tout état de cause, il s’agit bi<strong>en</strong><br />

d’armes dont l’emploi ne peut être <strong>en</strong>visagé<br />

que dans le cadre plus général de<br />

l’usage de la force.<br />

PÉRIMÈTRE<br />

S A P E U R<br />

<strong>Le</strong> nombre important de systèmes<br />

d’armes, de protection ou d’information<br />

qui, <strong>en</strong> appar<strong>en</strong>ce, satisfont à la définition<br />

ret<strong>en</strong>ue nécessite d’<strong>en</strong> préciser le<br />

périmètre.<br />

Dans la typologie des ALRM, ne peuv<strong>en</strong>t<br />

être ret<strong>en</strong>ues comme telles que celles<br />

qui, <strong>en</strong> dehors de leurs effets indirects<br />

sur l’homme, agiss<strong>en</strong>t sur les capacités<br />

physiques des matériels et des infrastructures.<br />

En conséqu<strong>en</strong>ce, les moy<strong>en</strong>s<br />

de guerre électronique et <strong>en</strong> particulier<br />

les moy<strong>en</strong>s d’agression (intrusion,<br />

brouillage…) ne peuv<strong>en</strong>t pas être<br />

normalem<strong>en</strong>t considérés comme des<br />

ALRM. <strong>Le</strong>s effets recherchés par ce type<br />

de moy<strong>en</strong>s n’ont <strong>en</strong> effet ri<strong>en</strong> à voir avec<br />

la notion de non-létalité, malgré l’ab-<br />

- 12 -<br />

s<strong>en</strong>ce de dommages occasionnés aux<br />

équipem<strong>en</strong>ts visés. On admettra cep<strong>en</strong>dant<br />

quelques exceptions dictées par le<br />

bon s<strong>en</strong>s. Par exemple, l’emploi d’un<br />

projecteur de micro-ondes destiné à<br />

neutraliser le dispositif électronique de<br />

mise à feu d’un individu soupçonné de<br />

pouvoir commettre une attaque suicide.<br />

<strong>Le</strong>s ALRM n’inclu<strong>en</strong>t pas non plus les<br />

opérations psychologiques, ni celles<br />

liées à l’information qui revêt<strong>en</strong>t une<br />

connotation immatérielle et agiss<strong>en</strong>t<br />

dans un champ particulier.<br />

En revanche, certains moy<strong>en</strong>s NBC peuv<strong>en</strong>t<br />

<strong>en</strong>trer dans cette catégorisation<br />

dans les limites autorisées par les lois et<br />

traités <strong>en</strong> vigueur : <strong>en</strong> effet, certaines<br />

ALRM relèv<strong>en</strong>t de processus chimiques,<br />

les polymères par exemple, d’autres de<br />

processus biologiques.<br />

POURQUOI DES ALRM ?<br />

UN ENVIRONNEMENT STRATÉGIQUE<br />

MOUVANT<br />

<strong>Le</strong> nouvel <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t géostratégique<br />

conduit à rep<strong>en</strong>ser l’usage de la<br />

force. Il ne s’agit plus de démoraliser un<br />

<strong>en</strong>nemi bi<strong>en</strong> id<strong>en</strong>tifié et de le battre par<br />

la destruction de ses forces armées et<br />

de son pot<strong>en</strong>tiel économique. En effet,<br />

sans pouvoir être exclu, l’<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t<br />

de nos forces armées dans un conflit<br />

majeur est communém<strong>en</strong>t considéré<br />

comme peu probable pour les vingt à<br />

tr<strong>en</strong>te prochaines années. En revanche,<br />

la gestion de crises de diverses natures<br />

constituera très vraisemblablem<strong>en</strong>t l’ess<strong>en</strong>tiel<br />

de notre activité opérationnelle<br />

sur cette période.<br />

Dans la plupart des cas, l’<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t<br />

de nos forces a pour objet la séparation<br />

de groupes hostiles ou l’imposition<br />

d’une volonté politique, <strong>en</strong> cherchant à<br />

limiter l’emploi de la force au plus bas<br />

niveau compatible avec le succès de la<br />

mission et <strong>en</strong> évitant, autant que faire se<br />

peut, d’<strong>en</strong>dommager gravem<strong>en</strong>t les<br />

infrastructures dont le bon fonctionnem<strong>en</strong>t<br />

est indisp<strong>en</strong>sable au retour à la<br />

paix. <strong>Le</strong> développem<strong>en</strong>t de l’urbanisation,<br />

avec une fréqu<strong>en</strong>te imbrication,<br />

délibérée ou non, des installations <strong>militaire</strong>s<br />

et civiles, conduit égalem<strong>en</strong>t à<br />

imaginer de nouveaux modes d’action.<br />

La logique de choix des options <strong>militaire</strong>s<br />

<strong>en</strong> souti<strong>en</strong> des actions politiques<br />

de résolution des crises et des conflits


doit désormais pr<strong>en</strong>dre <strong>en</strong> compte les<br />

données suivantes :<br />

• L’emploi aussi maîtrisé, gradué et<br />

mesuré que possible de la force afin<br />

de limiter les pertes humaines chez<br />

les différ<strong>en</strong>ts acteurs du conflit ou de<br />

la crise. En effet, assez souv<strong>en</strong>t, l’adversaire<br />

ne sera plus une nation<br />

mais une partie de la classe dirigeante,<br />

un groupe actif, des parties<br />

antagonistes de la population…<br />

• La prés<strong>en</strong>ce des populations : sur tout<br />

théâtre d’opérations, nos forces ont<br />

à faire face à la prés<strong>en</strong>ce de noncombattants<br />

(populations civiles,<br />

ONG), ce qui interdit l’acceptation de<br />

pertes collatérales. Simultaném<strong>en</strong>t,<br />

tout ou partie des populations t<strong>en</strong>d à<br />

s’ériger <strong>en</strong> acteur des crises et des<br />

conflits et n’hésite plus à rechercher<br />

l’affrontem<strong>en</strong>t avec nos forces, ou à<br />

provoquer des bavures. La notion de<br />

ligne de front t<strong>en</strong>d alors à disparaître.<br />

• La nécessité de la reconstruction :<br />

l’effet final recherché des <strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>ts<br />

vise généralem<strong>en</strong>t à faire plier<br />

la volonté adverse, tout <strong>en</strong> se gardant<br />

la possibilité de rétablir au plus vite<br />

les conditions permettant la restauration<br />

d’une vie économique, sociale et<br />

administrative normale. <strong>Le</strong>s atteintes<br />

aux infrastructures devront donc être<br />

aussi limitées que possible.<br />

• <strong>Le</strong> facteur temps : les méthodes<br />

modernes de conduite des opérations<br />

<strong>militaire</strong>s <strong>en</strong> ont considérablem<strong>en</strong>t<br />

accéléré le tempo. La phase de<br />

stabilisation et celle de reconstruction<br />

intervi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t donc très vite<br />

après les combats ; elles sont même<br />

souv<strong>en</strong>t imbriquées. La rapidité de<br />

remise <strong>en</strong> route des installations<br />

devi<strong>en</strong>t alors un facteur déterminant<br />

pour gagner la confiance des populations,<br />

lorsqu’il <strong>en</strong> est <strong>en</strong>core temps.<br />

<strong>Le</strong>s caractéristiques des armes doiv<strong>en</strong>t<br />

répondre à ces nouvelles exig<strong>en</strong>ces. La<br />

diversité des m<strong>en</strong>aces implique par<br />

ailleurs une grande variété de moy<strong>en</strong>s<br />

de riposte. Dans ce contexte, l’emploi<br />

d’armes classiques, létales et explosives,<br />

comme les mines ou les charges<br />

formées, peut dans certains cas se révéler<br />

inadapté et disproportionné au<br />

regard des missions à accomplir. C’est<br />

pourquoi des Armes à Létalité Réduite<br />

visant le Matériel (ALRM) leur seront<br />

alors préférées.<br />

S A P E U R<br />

ÉVALUATION DU BESOIN OPÉRA-<br />

TIONNEL<br />

Ces armes doiv<strong>en</strong>t permettre de neutraliser<br />

des matériels ou des infrastructures<br />

p<strong>en</strong>dant une période limitée, ou év<strong>en</strong>tuellem<strong>en</strong>t<br />

de les détruire, tout <strong>en</strong> ayant<br />

égalem<strong>en</strong>t des effets réduits, et si possible<br />

réversibles, sur les personnes<br />

comme sur l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t des cibles<br />

visées. Cette réflexion s’inscrit dans une<br />

vision de conduite d’opérations visant à<br />

obt<strong>en</strong>ir des effets politico-<strong>militaire</strong>s définis,<br />

théorisée par le concept d’ " opérations<br />

basées sur les effets " (EBO).<br />

Selon la situation opérationnelle r<strong>en</strong>contrée,<br />

le choix <strong>en</strong>tre la neutralisation ou la<br />

destruction d’une cible pourra répondre<br />

à l’un ou plusieurs des critères suivants :<br />

• besoin de donner un avertissem<strong>en</strong>t,<br />

• besoin d’immobiliser des mobiles<br />

terrestres ou maritimes,<br />

• auto-protection de nos forces,<br />

• volonté de préserver des infrastructures<br />

<strong>en</strong> vue de la sortie de crise,<br />

• risques d’effets collatéraux inacceptables,<br />

• niveau de protection de la cible,<br />

• cible cont<strong>en</strong>ant des produits dangereux.<br />

<strong>Le</strong>s cibles doiv<strong>en</strong>t pouvoir être choisies<br />

<strong>en</strong> fonction de l'effet politico-<strong>militaire</strong><br />

recherché, ce qui justifie un premier<br />

besoin de diversification des effets des<br />

armes. <strong>Le</strong>s impératifs tant logistiques<br />

qu’opérationnels amèn<strong>en</strong>t <strong>en</strong>suite naturellem<strong>en</strong>t<br />

à favoriser une aussi grande<br />

polyval<strong>en</strong>ce que possible de ces armes.<br />

Par ailleurs, l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t politique,<br />

médiatique, et juridique de ces actions<br />

r<strong>en</strong>d de plus <strong>en</strong> plus nécessaire la maî-<br />

- 13 -<br />

trise de l’<strong>en</strong>semble des effets des armes.<br />

En effet, la capacité de réponse à la gradation<br />

des formes d’<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t, de la<br />

crise au conflit, nécessite l’obt<strong>en</strong>tion<br />

d’effets contrôlés (désorganiser, neutraliser,<br />

détruire). Enfin, la décision d'emploi<br />

d'un moy<strong>en</strong> d’action ne repose plus<br />

uniquem<strong>en</strong>t sur l'efficacité des effets<br />

directs obt<strong>en</strong>us sur la cible, mais égalem<strong>en</strong>t<br />

sur la maîtrise des effets indirects<br />

ou « collatéraux » au s<strong>en</strong>s large (effets<br />

non planifiés et non int<strong>en</strong>tionnels, mais<br />

aussi effets <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>taux), auxquels<br />

les opinions publiques, acteurs<br />

importants de la gestion de crise, sont<br />

particulièrem<strong>en</strong>t s<strong>en</strong>sibles.<br />

EMPLOI DES ALRM<br />

<strong>Le</strong>s leçons apprises des crises et des<br />

opérations réc<strong>en</strong>tes, leur nature, leur<br />

<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t médiatique, l’évolution<br />

de la s<strong>en</strong>sibilité des opinions publiques<br />

occid<strong>en</strong>tales montr<strong>en</strong>t l’intérêt de doter<br />

les forces d’armes non létales, notamm<strong>en</strong>t<br />

dans le cadre du contrôle urbain.<br />

Toujours plus <strong>en</strong>gagées dans la durée et<br />

au contact de la réalité complexe des<br />

milieux humain et physique, particulièrem<strong>en</strong>t<br />

dans des conflits asymétriques,<br />

s’<strong>en</strong>gageant parfois au sein d’alliances<br />

internationales, les armées doiv<strong>en</strong>t pouvoir<br />

répondre à tout type de situation<br />

relevant du concept de juste suffisance.<br />

Dépassant le seul contrôle des foules,<br />

les ALRM ouvr<strong>en</strong>t des horizons nouveaux<br />

dans la résolution des <strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>ts<br />

futurs, notamm<strong>en</strong>t lorsqu’ils donn<strong>en</strong>t<br />

lieu à des actions relevant ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t<br />

de la maîtrise de la viol<strong>en</strong>ce.<br />

Ainsi, dans le cadre d’opérations comme<br />

la Côte d’Ivoire ou la Bosnie, quels que<br />

soi<strong>en</strong>t le type d’opération et le mode<br />

opératoire ret<strong>en</strong>u initialem<strong>en</strong>t, la force<br />

peut être confrontée à une foule, par


définition versatile. Après avoir imposé<br />

un cessez-le-feu et afin d’éviter les<br />

affrontem<strong>en</strong>ts interethniques, il s’agit de<br />

contrôler ou sécuriser une zone (effet sur<br />

le terrain), de s’interposer <strong>en</strong>tre deux<br />

factions ethniques (effet sur la population,<br />

les milices) tout <strong>en</strong> assurant sa<br />

propre sécurité et sauvegarde (effet sur<br />

les amis).<br />

Dans le cadre d’une opération de guerre 3 ,<br />

comme le conflit iraki<strong>en</strong>, il s’agit de<br />

m<strong>en</strong>er des actions de combat int<strong>en</strong>sives<br />

parfois <strong>en</strong> zone urbanisée tout <strong>en</strong> limitant<br />

les dommages collatéraux. Enfin, lors des<br />

opérations aéri<strong>en</strong>nes au Kosovo, il s’agissait,<br />

avant de lancer une opération terrestre,<br />

d’<strong>en</strong>tamer la force morale de l’adversaire,<br />

et plus particulièrem<strong>en</strong>t de ses<br />

dirigeants, par la destruction ou la neutralisation<br />

d’objectifs politiques (bâtim<strong>en</strong>ts<br />

administratifs), économiques (production<br />

d’énergie, ponts) et <strong>militaire</strong>s<br />

(réseaux de télécommunications).<br />

L’emploi des ALRM paraît pouvoir être<br />

<strong>en</strong>visagé :<br />

• Dans tous les types d’<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t :<br />

<strong>en</strong> coercition, pour neutraliser temporairem<strong>en</strong>t,<br />

ou si nécessaire plus<br />

durablem<strong>en</strong>t, des infrastructures,<br />

barrer des axes ou des points de passage.<br />

Dans le cadre de la maîtrise de<br />

la viol<strong>en</strong>ce, et des actions de basse<br />

int<strong>en</strong>sité, pour contrer la mobilité<br />

des foules. Dans le cadre d’opérations<br />

de contrôle d’embargo pour<br />

lutter contre les trafics et l’immigration<br />

illicites.<br />

• Sur l’<strong>en</strong>semble de la zone d’opération,<br />

aussi bi<strong>en</strong> sur des objectifs<br />

stratégiques par la neutralisation<br />

d’une infrastructure ou d’un c<strong>en</strong>tre<br />

3) Au s<strong>en</strong>s de l’IM 1000<br />

4) Cette analyse vaut pour les ALR comme pour les ALRM.<br />

S A P E U R<br />

de décision, que sur des objectifs<br />

tactiques comme, par exemple, des<br />

axes de pénétration ou des colonnes<br />

de véhicules.<br />

- Pour l’auto-protection de nos forces,<br />

comme la protection de nos installations<br />

et infrastructures <strong>en</strong> opérations<br />

extérieures.<br />

L’emploi des ALRM peut concerner trois<br />

grandes catégories d’objectifs : des<br />

infrastructures (usines électriques,<br />

c<strong>en</strong>tres d’émission radioélectrique…),<br />

des matériels <strong>militaire</strong>s et particulièrem<strong>en</strong>t<br />

les véhicules de combat (blindés,<br />

aéronefs au sol, systèmes d’armes), et<br />

<strong>en</strong>fin des véhicules de gamme commerciale<br />

(bus, voitures).<br />

Grâce à la réversibilité de leurs effets ou<br />

à la limitation de leur pouvoir destructif,<br />

les ALRM peuv<strong>en</strong>t grandem<strong>en</strong>t contribuer<br />

au succès tactique <strong>en</strong> maint<strong>en</strong>ant<br />

ou ram<strong>en</strong>ant la viol<strong>en</strong>ce au plus bas<br />

niveau possible. En limitant l’effet perman<strong>en</strong>t<br />

des destructions <strong>en</strong>durées par<br />

l’adversaire, ou l’ami sur le territoire<br />

duquel on intervi<strong>en</strong>t, elles concour<strong>en</strong>t à<br />

une sortie de crise plus rapide<br />

COMMENT UTILISER LES ALRM ?<br />

PRINCIPES D’EMPLOI OPÉRATIONNEL<br />

DES ALR ET ALRM<br />

Il n’existe pas d’opérations non létales.<br />

L’emploi de la force armée a pour objet<br />

d’exercer un effet décisif sur l’adversaire<br />

pour détruire, réduire ou neutraliser ses<br />

capacités de manœuvre. Dans ce cadre,<br />

l’utilisation des seules ALR ne peut donc<br />

pas correspondre à un principe d’emploi.<br />

- 14 -<br />

Elles constitu<strong>en</strong>t une capacité, parfois<br />

indisp<strong>en</strong>sable, qui contribue à diversifier<br />

la gamme des moy<strong>en</strong>s mis <strong>en</strong> œuvre par<br />

les forces, et à compléter le vide existant<br />

<strong>en</strong>tre le « tout ou ri<strong>en</strong> » d’une action qui<br />

pourrait paraître dans certaines opérations<br />

disproportionnée ou inadaptée. La<br />

conception, comme l’utilisation de ces<br />

armes, s’inscriv<strong>en</strong>t pleinem<strong>en</strong>t dans le<br />

cadre d’une opération basée sur les effets<br />

et ne doiv<strong>en</strong>t être p<strong>en</strong>sées qu’<strong>en</strong> complém<strong>en</strong>tarité<br />

des moy<strong>en</strong>s classiques qui<br />

garantiss<strong>en</strong>t la supériorité opérationnelle.<br />

Cep<strong>en</strong>dant, il est à noter que l’effet<br />

maximum des ALR et ALRM est obt<strong>en</strong>u<br />

lorsque celles-ci sont employées de façon<br />

« coordonnée » avec des armes classiques.<br />

Cep<strong>en</strong>dant, même si l’utilisation des<br />

ALR-ALRM ne peut exclure des pertes<br />

humaines, leur emploi reste moins létal<br />

que les armes « classiques » employées<br />

dans les mêmes conditions et sur le<br />

même type d’objectifs. Il s’agit donc<br />

d’accepter le risque avec un niveau de<br />

létalité contrôlé par rapport aux armes<br />

existantes.<br />

LES ASPECTS JURIDIQUES DU<br />

DÉVELOPPEMENT DES ALR-ALRM 4<br />

<strong>Le</strong>s armes non létales constitu<strong>en</strong>t dans<br />

les faits une nouvelle génération d’armem<strong>en</strong>ts<br />

que ne régit spécifiquem<strong>en</strong>t<br />

aucun texte de droit ; il n’existe aucune<br />

définition commune internationale des<br />

ALR, lesquelles ne constitu<strong>en</strong>t pas, au<br />

regard du droit international, une catégorie<br />

d’armem<strong>en</strong>ts distincte. <strong>Le</strong>s États et<br />

différ<strong>en</strong>tes organisations internationales<br />

ont ainsi développé leur propre politique<br />

vis-à-vis de ces armes et <strong>en</strong> donn<strong>en</strong>t leur<br />

propre définition. L’OTAN par exemple


déclare que « la recherche et le développem<strong>en</strong>t,<br />

l’acquisition et l’emploi d’armes<br />

non létales sont à tout mom<strong>en</strong>t<br />

conformes aux traités, aux conv<strong>en</strong>tions<br />

et au droit international applicables, <strong>en</strong><br />

particulier le droit des conflits armés,<br />

ainsi qu’à la législation nationale et aux<br />

règles d’<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t agréées ». En<br />

2001, la France a adopté la définition<br />

donnée par l’OTAN <strong>en</strong> 1999, <strong>en</strong> introduisant<br />

la notion de létalité réduite 5 .<br />

Cep<strong>en</strong>dant, les armes non létales peuv<strong>en</strong>t<br />

être juridiquem<strong>en</strong>t rattachées aux<br />

textes nationaux, communautaires et<br />

internationaux réglem<strong>en</strong>tant les armes<br />

conv<strong>en</strong>tionnelles et les armes chimiques<br />

et biologiques. L’usage des armes non<br />

létales doit <strong>en</strong> effet se conformer aux<br />

dispositions du droit international<br />

humanitaire et du droit des conflits<br />

armés, et il est possible d’ét<strong>en</strong>dre aux<br />

ALR les conv<strong>en</strong>tions sur les armes traditionnelles,<br />

chimiques et biologiques.<br />

Cep<strong>en</strong>dant, le problème commun de ces<br />

textes réside dans leur imprécision : ils<br />

port<strong>en</strong>t tous interdiction totale de développem<strong>en</strong>t<br />

et d’emploi d’ag<strong>en</strong>ts biologiques<br />

et chimiques qui ne sont pas destinés<br />

à une utilisation pacifique, et ce<br />

sans exception. Mais dans aucun de ces<br />

textes n’est établie la distinction <strong>en</strong>tre le<br />

caractère létal et le caractère non létal<br />

des armes concernées. <strong>Le</strong>s int<strong>en</strong>tions<br />

finales des ALR et des armes chimiques<br />

et biologiques classiques sont très difficiles<br />

à différ<strong>en</strong>cier tant les produits utilisés<br />

et les processus mis <strong>en</strong> œuvre sont<br />

similaires. Ainsi, selon l’interprétation<br />

faite de ces textes, le développem<strong>en</strong>t et<br />

l’emploi d’ALR est légal ou non, puisqu’il<br />

n’est pas explicitem<strong>en</strong>t interdit d’utiliser<br />

des moy<strong>en</strong>s chimiques ou biologiques si<br />

les fins sont pacifiques.<br />

<strong>Le</strong> développem<strong>en</strong>t des armes non<br />

létales devrait conduire à court terme à<br />

un réajustem<strong>en</strong>t de la législation internationale.<br />

En tout état de cause, l’EMA<br />

précise dans sa « Doctrine d’emploi des<br />

armes à létalité réduite », du 21 janvier<br />

2005 : « L’<strong>en</strong>cadrem<strong>en</strong>t juridique de<br />

l’usage des ALR <strong>en</strong> opérations est assuré<br />

au moy<strong>en</strong> des ROE (règles opérationnelles<br />

d’<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t), élaborées au<br />

cours de la planification ».<br />

S A P E U R<br />

MEDIA ET ARMES A LÉTALITÉ<br />

RÉDUITE<br />

L’<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t des forces armées occid<strong>en</strong>tales<br />

se déroule désormais <strong>en</strong> temps<br />

réel sous le regard de l’opinion publique<br />

internationale. <strong>Le</strong>s scènes les plus viol<strong>en</strong>tes<br />

et les plus s<strong>en</strong>sibles peuv<strong>en</strong>t être<br />

projetées à de nombreuses reprises afin<br />

que nul ne l’ignore.<br />

Qu’elle soit relayée ou façonnée par les<br />

médias, l’opinion publique pèse sur le<br />

déroulem<strong>en</strong>t des conflits au point de<br />

prés<strong>en</strong>ter un pouvoir de dénonciation<br />

d’actes jugés immoraux mais aussi de<br />

(dé-) légitimation de décisions gouvernem<strong>en</strong>tales<br />

sans que le dossier à charge<br />

soit toujours conv<strong>en</strong>ablem<strong>en</strong>t instruit ;<br />

l’extrême judiciarisation dont font l’objet<br />

les conflits armés et les interv<strong>en</strong>tions<br />

<strong>militaire</strong>s ajout<strong>en</strong>t d’ailleurs à la difficulté<br />

de l’exercice. La couverture médiatique<br />

des opérations <strong>militaire</strong>s conditionne<br />

donc <strong>en</strong> partie leur déroulem<strong>en</strong>t,<br />

elle est de nature à compromettre la<br />

marge de manœuvre des décideurs politiques<br />

et à introduire des changem<strong>en</strong>ts<br />

dans les modes d’action des forces et<br />

leurs armem<strong>en</strong>ts. <strong>Le</strong>s exemples sont<br />

nombreux. Sur le plan <strong>militaire</strong>, on<br />

citera l’interdiction des mines anti-personnel,<br />

celle des obus à uranium appauvri<br />

ou <strong>en</strong>core celle des lasers d’aveuglem<strong>en</strong>t.<br />

Face à des images de viol<strong>en</strong>ce, les<br />

réactions des opinions publiques sont<br />

d’autant plus vives qu’il s’agit d’opérations<br />

destinées à ram<strong>en</strong>er la paix ou à<br />

protéger les populations. Ainsi, récemm<strong>en</strong>t,<br />

lors des opérations de Côte<br />

d’Ivoire, la presse <strong>français</strong>e s’étonna de<br />

l’usage d’armes à feu par nos forces,<br />

tandis que ceux qui s’employai<strong>en</strong>t à<br />

gêner leur mission pr<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t à témoin<br />

l’opinion internationale.<br />

L’apparition d’armes à létalité réduite<br />

paraît donc de nature à répondre à l’att<strong>en</strong>te<br />

de l’opinion, mais il faut se garder<br />

de laisser p<strong>en</strong>ser qu’il est toujours possible<br />

d’employer les forces armées sans<br />

faire de victimes. L’emploi d’ALR, y compris<br />

celles visant les matériels, risque<br />

d’être perçu par des observateurs ou les<br />

parties <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce comme l’<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t<br />

moral de ne pas faire courir de<br />

risques létaux à l’adversaire du mom<strong>en</strong>t.<br />

Or, outre le fait qu’un accid<strong>en</strong>t est tou-<br />

5) OTAN, « Politique de l’OTAN sur les armes non létales », Déclaration de presse, 13 octobre 1999.<br />

- 15 -<br />

jours possible, il peut être nécessaire<br />

d’utiliser des armes de guerre pour assurer<br />

la sécurité de nos forces, sans oublier<br />

le risque de provocation ; face à des blessures<br />

graves ou des pertes mortelles,<br />

l’adversaire pourrait considérer qu’il y a<br />

rupture des règles du jeu, tandis que les<br />

médias internationaux estimerai<strong>en</strong>t<br />

devoir dénoncer ce qu’ils jugerai<strong>en</strong>t<br />

comme une faute grave de notre part.<br />

Il y a donc lieu de bannir l’expression<br />

«armes non létales » et de faire percevoir<br />

les armes à létalité réduite comme<br />

un des moy<strong>en</strong>s, à côté des armes de précision<br />

<strong>en</strong> particulier, de réduire les<br />

pertes humaines et de minimiser les<br />

effets collatéraux indésirables, sans que<br />

cela puisse faire douter de notre détermination.<br />

POUR CONCLURE<br />

En dépit de la rapidité et de la nature des<br />

changem<strong>en</strong>ts qui affect<strong>en</strong>t tous les types<br />

d'<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t dans les domaines géopolitique,<br />

éthique, juridique, opérationnel<br />

et technique, la contre-mobilité reste<br />

un besoin opérationnel perman<strong>en</strong>t des<br />

forces.<br />

Il ne serait pas raisonnable de continuer<br />

à p<strong>en</strong>ser et donc à baser notre doctrine<br />

sur d’improbables financem<strong>en</strong>ts d’équipem<strong>en</strong>ts<br />

dont ni les décideurs politiques<br />

ni une partie des chefs <strong>militaire</strong>s n’<strong>en</strong>visag<strong>en</strong>t<br />

plus l’emploi face aux contraintes<br />

diverses et variées.<br />

En revanche, il nous apparti<strong>en</strong>t d’arrêter<br />

une stratégie générique qui soit clairem<strong>en</strong>t<br />

ori<strong>en</strong>tée vers les moy<strong>en</strong>s d’interv<strong>en</strong>tion<br />

au détrim<strong>en</strong>t de certains vecteurs<br />

conv<strong>en</strong>tionnels. Elle permettrait de<br />

mettre à la disposition de la force des<br />

équipem<strong>en</strong>ts contribuant à sa spécificité,<br />

à savoir la capacité à adapter son<br />

action aux circonstances, sans réduire le<br />

conflit à une relation maniché<strong>en</strong>ne ami<strong>en</strong>nemi.<br />

<strong>Le</strong> Génie se doit d’être prés<strong>en</strong>t<br />

dans ce domaine exigeant <strong>en</strong> matière<br />

d’innovation.


S A P E U R<br />

- 16 -


Colonel<br />

Gaëtan<br />

PONCELIN<br />

de RAUCOURT<br />

<strong>Le</strong> colonel Gaëtan PONCELIN de RAUCOURT<br />

est le chef de corps du 3 e Groupem<strong>en</strong>t<br />

d’inc<strong>en</strong>die depuis l’été 2004.<br />

Saint-cyri<strong>en</strong> de la promotion Grande<br />

Armée (1981-83), il sert successivem<strong>en</strong>t<br />

aux 2 e et au 3 e Groupem<strong>en</strong>ts d’inc<strong>en</strong>die,<br />

ainsi qu’au Bureau Opérations de la<br />

BSPP.<br />

Admis à l’EMSST <strong>en</strong> 1994, il est diplômé<br />

de l’IEP de Paris.<br />

Breveté de l’Enseignem<strong>en</strong>t <strong>militaire</strong><br />

supérieur (110 e promotion du CSEM et<br />

5 e promotion du CID), il sert successivem<strong>en</strong>t<br />

au C<strong>en</strong>tre de relations humaines<br />

de l’armée de terre (CRH), au Bureau<br />

études générales de la BSPP.<br />

En 2003, il rejoint le 3 e Groupem<strong>en</strong>t d’inc<strong>en</strong>die<br />

<strong>en</strong> tant que commandant <strong>en</strong><br />

second.<br />

S A P E U R<br />

LA MONTÉE EN PUISSANCE DU MÉCANISME<br />

COMMUNAUTAIRE DE PROTECTION CIVILE<br />

ET SES ENJEUX POUR LES ARMÉES<br />

On October 2005, the North of Pakistan was hit by a strong earthquake. The<br />

Monitoring and Information C<strong>en</strong>tre (MIC) at the European Commission s<strong>en</strong>t a Fr<strong>en</strong>ch<br />

Army officer on sc<strong>en</strong>e as deputy head of a coordination team to monitor the EU emerg<strong>en</strong>cy<br />

relief from Islamabad.<br />

On January 2006, an other Fr<strong>en</strong>ch Army officer followed an EU training program in<br />

order to take part in civil protection assistance interv<strong>en</strong>tions through the Community<br />

Mechanism.<br />

Issued in 2001 by the 2001/792/CE statem<strong>en</strong>t, this Mechanism is triggered on request<br />

in case of a disaster inside or outside the EU. Its main purpose is to s<strong>en</strong>d a rapid reaction<br />

force composed of civilian and military experts, ready to commit on short notice<br />

and to coordinate the differ<strong>en</strong>t contributions.<br />

In this context, the Army officers from the civil affairs compon<strong>en</strong>t have an important<br />

role to play. Thanks to their operational background and their culture in military and<br />

civil protection, these officers may claim to be relevant counterparts for building up<br />

the European civil def<strong>en</strong>ce and asserting the Fr<strong>en</strong>ch leading role in the EU.<br />

<strong>Le</strong> 8 octobre 2005, un séisme d’une<br />

magnitude de 7,6 sur l’échelle de Richter<br />

frappe le nord du Pakistan. <strong>Le</strong> 9 octobre,<br />

la Commission europé<strong>en</strong>ne décide de<br />

décl<strong>en</strong>cher le Mécanisme Communautaire<br />

de Protection civile. Étant à Islamabad<br />

dans le cadre de l’aide bilatérale <strong>français</strong>e,<br />

je suis désigné coordonnateur<br />

europé<strong>en</strong> adjoint de l’<strong>en</strong>semble des<br />

contributions fournies par les 25 États<br />

membres sur le théâtre.<br />

L’équipe de coordination, désignée par<br />

le C<strong>en</strong>tre de suivi et d’information de la<br />

Commission europé<strong>en</strong>ne (MIC 1 ), est initialem<strong>en</strong>t<br />

composée d’un anglais (chef<br />

de la coordination) et d’un <strong>français</strong> (moimême).<br />

Elle sera r<strong>en</strong>forcée ultérieure-<br />

1) MIC : Monitoring and Information C<strong>en</strong>ter (situé à Bruxelles)<br />

- 17 -<br />

m<strong>en</strong>t par un officier <strong>français</strong> du COM-<br />

FORMISC (capitaine Bourgoin) et par un<br />

fonctionnaire du MIC.<br />

P<strong>en</strong>dant 11 jours, du 9 au 20 octobre<br />

inclus, les missions dévolues à cette<br />

cellule de coordination déployée sur le<br />

terrain se résum<strong>en</strong>t aux points suivants :<br />

• évaluer les besoins d’assistance<br />

complém<strong>en</strong>taire,<br />

• informer quotidi<strong>en</strong>nem<strong>en</strong>t les États<br />

membres, via le MIC, de la situation<br />

sur le terrain, des besoins supplém<strong>en</strong>taires<br />

ou ultérieurs et de l’emploi<br />

des contributions des États<br />

membres,


• fournir une assistance technique et<br />

sci<strong>en</strong>tifique aux autorités pakistanaises<br />

compét<strong>en</strong>tes et aux services<br />

de la Commission,<br />

• coordonner l’assistance fournie par<br />

les États membres participant au<br />

mécanisme communautaire,<br />

• coordonner cette assistance avec<br />

celle délivrée via l’ONU,<br />

• assurer la liaison <strong>en</strong>tre les autorités<br />

locales requérantes et les équipes<br />

d’assistance prov<strong>en</strong>ant des États<br />

participant au mécanisme,<br />

• maint<strong>en</strong>ir des relations étroites avec<br />

la nation hôte, les autres organisations<br />

internationales sur place et le chef<br />

de la Délégation de l’UE au Pakistan.<br />

<strong>Le</strong> 23 janvier, je suis convié à Bruxelles<br />

pour participer au RETEX sur cette<br />

mission, <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce des représ<strong>en</strong>tants<br />

des différ<strong>en</strong>ts États membres. Il <strong>en</strong><br />

ressort très nettem<strong>en</strong>t que l’équipe de<br />

coordination sur le terrain doit être<br />

significativem<strong>en</strong>t r<strong>en</strong>forcée, <strong>en</strong> termes<br />

d’effectifs et de souti<strong>en</strong> logistique, pour<br />

lui permettre d’assumer efficacem<strong>en</strong>t<br />

l’<strong>en</strong>semble des missions qui lui sont<br />

dévolues.<br />

* *<br />

*<br />

Du 20 au 27 janvier 2006, le colonel<br />

MONARD, commandant le 1 er Groupem<strong>en</strong>t<br />

d’inc<strong>en</strong>die, participe à un stage<br />

intitulé « European Union Community<br />

Mechanism Induction » à la Teknisches<br />

Hilfwerk (THW) Schule.<br />

2) Décision 2001/792/CE du 23 octobre 2001<br />

3) EEE : Espace Economique Europé<strong>en</strong><br />

S A P E U R<br />

Ce stage, financé par l'Union Europé<strong>en</strong>ne,<br />

constitue le premier volet d’un cycle de<br />

formation (« évaluation », « managem<strong>en</strong>t<br />

opérationnel », « coordination »), destiné à<br />

former un réservoir d'experts <strong>en</strong> sécurité<br />

civile pour l'Union Europé<strong>en</strong>ne. Il dure six<br />

jours pleins et est disp<strong>en</strong>sé <strong>en</strong> langue<br />

anglaise par des spécialistes de l'action<br />

humanitaire de la THW, des consultants<br />

internationaux <strong>en</strong> sécurité civile des<br />

Nations Unies ou de l’OTAN.<br />

L'objet de cette formation est de donner<br />

les bases réglem<strong>en</strong>taires et institutionnelles<br />

d'une mission d'évaluation mandatée<br />

par le MIC, <strong>en</strong> coopération avec<br />

l'UN Office for Cooperation in Humanitarian<br />

Affairs (UNOCHA). Elle est foncièrem<strong>en</strong>t<br />

ori<strong>en</strong>tée vers l'étude pratique de<br />

cas et procède du travail de groupe.<br />

<strong>Le</strong>s participants à ce stage sont de hauts<br />

fonctionnaires civils ou <strong>militaire</strong>s des<br />

directions europé<strong>en</strong>nes de sécurité<br />

civile. La représ<strong>en</strong>tation des pays de<br />

l'UE est la suivante : Allemagne, Irlande,<br />

Slovénie, Chypre, Grèce, Pays-Bas,<br />

- 18 -<br />

Suède, République tchèque, Belgique,<br />

Bulgarie, Hongrie, Pologne, Italie et<br />

France.<br />

L'élém<strong>en</strong>t c<strong>en</strong>tral du stage est une restitution<br />

d'une journée sur le terrain, sur<br />

un thème de sécurité civile : mission<br />

d’évaluation dans un pays fictif, sous<br />

l’égide UE, ponctuée d’incid<strong>en</strong>ts.<br />

* *<br />

*<br />

Ces deux missions réalisées par deux<br />

officiers de la BSPP soulèv<strong>en</strong>t une<br />

question de fond : qu’est-ce que le<br />

Mécanisme communautaire de protection<br />

civile et <strong>en</strong> quoi est-il susceptible de<br />

concerner les armées ?<br />

* *<br />

*<br />

<strong>Le</strong> mécanisme communautaire de<br />

protection civile ne cesse de monter <strong>en</strong><br />

puissance et les forces armées y seront<br />

de plus <strong>en</strong> plus étroitem<strong>en</strong>t associées.<br />

<strong>Le</strong> mécanisme communautaire de<br />

protection civile a été établi <strong>en</strong> 2001 par la<br />

décision 2001/792/CE du Conseil 2 afin de<br />

faciliter la mobilisation des secours prov<strong>en</strong>ant<br />

des États membres <strong>en</strong> cas d’urg<strong>en</strong>ce<br />

majeure. Il couvre tous les États<br />

membres, les pays candidats et les pays<br />

de l’EEE 3 . Il prévoit des interv<strong>en</strong>tions<br />

aussi bi<strong>en</strong> à l’intérieur qu’à l’extérieur de<br />

l’Union europé<strong>en</strong>ne. Il ne s’agit pas d’un<br />

instrum<strong>en</strong>t financier ; le mécanisme est<br />

axé sur la mobilisation des moy<strong>en</strong>s existants<br />

(habituellem<strong>en</strong>t du matériel de<br />

recherche et de sauvetage, des services<br />

médicaux, des hébergem<strong>en</strong>ts temporaires,<br />

des installations sanitaires, etc.)<br />

nécessaires pour sauver des vies et soulager<br />

les souffrances dans les premiers<br />

jours qui suiv<strong>en</strong>t une catastrophe.


À la suite de la tragédie du tsunami qui a<br />

frappé l'Asie du Sud <strong>en</strong> décembre 2004,<br />

le Conseil des ministres de l'UE a décidé<br />

d'examiner les différ<strong>en</strong>ts moy<strong>en</strong>s de perfectionner<br />

le mécanisme communautaire<br />

de protection civile et les possibilités de<br />

doter l'UE d'une force d'interv<strong>en</strong>tion<br />

rapide <strong>en</strong> cas de catastrophe. <strong>Le</strong> Parlem<strong>en</strong>t<br />

europé<strong>en</strong> a égalem<strong>en</strong>t appelé de ses<br />

vœux la création d'un groupe d'unités<br />

spécialisées dans la protection civile.<br />

<strong>Le</strong> 31 janvier 2005, la présid<strong>en</strong>ce luxembourgeoise<br />

a prés<strong>en</strong>té un plan d'action<br />

portant sur divers aspects des opérations<br />

de secours <strong>en</strong> cas de catastrophe.<br />

En avril 2005, la Commission a proposé<br />

un instrum<strong>en</strong>t de préparation et de réaction<br />

rapide aux urg<strong>en</strong>ces majeures qui<br />

fournit le cadre juridique futur permettant<br />

de financer les opérations de protection<br />

civile. Elle a proposé une augm<strong>en</strong>tation<br />

notable du financem<strong>en</strong>t, avec des<br />

montants annuels allant de 16 millions<br />

d'euros <strong>en</strong> 2007 à 30 millions d'euros<br />

<strong>en</strong> 2013. La Commission reconnaît ainsi<br />

l'importance d'une mobilisation immédiate<br />

des secours <strong>en</strong> tant que manifestation<br />

concrète de la solidarité de l'Europe<br />

<strong>en</strong> cas d'urg<strong>en</strong>ce majeure.<br />

Égalem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> avril 2005, la Commission<br />

a adopté une communication intitulée<br />

« R<strong>en</strong>forcer la capacité de réaction de<br />

l'UE <strong>en</strong> cas de catastrophes et de<br />

crises ». Cette communication prés<strong>en</strong>te<br />

la réponse globale de la Commission au<br />

plan d'action communautaire et propose<br />

une série de mesures visant à améliorer<br />

la capacité générale de réaction de l'UE.<br />

La Commission a aussi adopté une<br />

communication spécifique intitulée<br />

« Perfectionner le mécanisme communautaire<br />

de protection civile », qui<br />

explique <strong>en</strong> détail les moy<strong>en</strong>s proposés<br />

par la Commission pour r<strong>en</strong>forcer les<br />

S A P E U R<br />

secours europé<strong>en</strong>s <strong>en</strong> matière de protection<br />

civile et améliorer la capacité de<br />

l'UE dans ce domaine.<br />

Cette communication proposait différ<strong>en</strong>tes<br />

mesures pouvant être immédiatem<strong>en</strong>t<br />

mises <strong>en</strong> œuvre afin de perfectionner<br />

le mécanisme et d’optimiser ses<br />

effets sur le terrain. Il s’agit notamm<strong>en</strong>t :<br />

• d'améliorer le niveau de préparation<br />

grâce à de nouvelles actions de formation<br />

et de nouvelles analyses ;<br />

• d'établir des scénarios couvrant tous<br />

les types de catastrophes afin de<br />

déterminer quelles sont les lacunes<br />

et les faiblesses du système europé<strong>en</strong><br />

de protection civile, avec l'<strong>en</strong>tière<br />

participation des États membres ;<br />

• d'élaborer une approche modulaire<br />

fondée sur des modules nationaux<br />

de protection civile pouvant être<br />

déployés rapidem<strong>en</strong>t. Tous les pays<br />

participants doiv<strong>en</strong>t rec<strong>en</strong>ser à<br />

l'avance les modules autonomes de<br />

protection civile (épuration de l'eau,<br />

opérations de recherche et de<br />

sauvetage, télécommunications, etc.)<br />

pouvant être déployés rapidem<strong>en</strong>t<br />

- 19 -<br />

suite à une demande d'aide <strong>en</strong>voyée<br />

par le C<strong>en</strong>tre de suivi et d'information<br />

de l'UE (MIC) ;<br />

• de resserrer les li<strong>en</strong>s <strong>en</strong>tre le mécanisme<br />

et les systèmes d'alerte<br />

rapide, et de r<strong>en</strong>forcer les capacités<br />

d'analyse et de planification du MIC ;<br />

• d'améliorer l'évaluation, sur le terrain,<br />

des besoins spécifiques <strong>en</strong> matière<br />

de protection civile et la capacité<br />

de coordination du déploiem<strong>en</strong>t des<br />

moy<strong>en</strong>s communautaires de protection<br />

civile, <strong>en</strong> totale coopération avec les<br />

autres parties concernées ;<br />

• d'améliorer l'accès aux ressources<br />

<strong>militaire</strong>s de l'UE <strong>en</strong> cas d'opérations<br />

de secours ;<br />

• d'octroyer un financem<strong>en</strong>t communautaire<br />

pour couvrir les coûts de<br />

transport.<br />

<strong>Le</strong> 26 janvier 2006, la Commission a<br />

adopté un nouvel <strong>en</strong>semble de propositions<br />

visant à r<strong>en</strong>forcer le mécanisme et<br />

à élargir le champ de l’action communautaire.<br />

Elles repos<strong>en</strong>t sur les idées exposées<br />

dans sa communication d'avril 2005<br />

citée ci-dessus. Parmi les propositions<br />

les plus réc<strong>en</strong>tes figure l'adoption d'une<br />

nouvelle approche de la question des<br />

transports. Bi<strong>en</strong> que la responsabilité<br />

des transports relève toujours des États<br />

membres, la proposition permettrait à la<br />

Commission de mobiliser et de financer<br />

des moy<strong>en</strong>s de transport si cela s’avère<br />

nécessaire.<br />

<strong>Le</strong>s nouvelles propositions permettrai<strong>en</strong>t<br />

aussi à la Commission de mobiliser<br />

des secours et des équipem<strong>en</strong>ts supplém<strong>en</strong>taires<br />

indisp<strong>en</strong>sables pour une<br />

situation d’urg<strong>en</strong>ce donnée et que les


États membres ne peuv<strong>en</strong>t pas fournir. Il<br />

est apparu, lors d’urg<strong>en</strong>ces passées,<br />

qu’<strong>en</strong> cas de catastrophes simultanées,<br />

certains types d’équipem<strong>en</strong>ts risqu<strong>en</strong>t<br />

d’être difficilem<strong>en</strong>t mobilisables via le<br />

mécanisme, comme le matériel de<br />

décontamination de masse <strong>en</strong> cas d’attaques<br />

terroristes simultanées, ou les<br />

pompes à grande capacité <strong>en</strong> cas d'inondations.<br />

<strong>Le</strong>s nouvelles propositions<br />

vis<strong>en</strong>t à faire <strong>en</strong> sorte que l’Union dans<br />

son <strong>en</strong>semble puisse réagir à tout type<br />

d’urg<strong>en</strong>ce majeure.<br />

Par ailleurs, la Commission sera aussi<br />

mieux à même de contribuer à l’élaboration<br />

de systèmes d’alerte précoce permettant<br />

au MIC et aux États participants<br />

d’agir dans les meilleurs délais. La coordination<br />

des interv<strong>en</strong>tions dans les pays<br />

tiers serait r<strong>en</strong>forcée, qu’il s’agisse<br />

d’opérations m<strong>en</strong>ées <strong>en</strong> autonomie ou<br />

de contributions à des opérations dirigées<br />

par une organisation internationale.<br />

<strong>Le</strong>s propositions charg<strong>en</strong>t aussi la<br />

Commission de fournir un appui logistique<br />

de base aux experts et aux équipes<br />

<strong>en</strong>voyés sur les lieux d’une catastrophe,<br />

notamm<strong>en</strong>t sous la forme d’équipem<strong>en</strong>ts<br />

de communication.<br />

* *<br />

*<br />

Cette montée <strong>en</strong> puissance incontestable<br />

du mécanisme communautaire<br />

s’inscrit dans un contexte plus large de<br />

coopération internationale destinée à<br />

répondre, à un niveau politico-<strong>militaire</strong>,<br />

aux catastrophes majeures, qu’elles<br />

soi<strong>en</strong>t naturelles ou non.<br />

4) CIMIC : Civil-Military Cooperation<br />

S A P E U R<br />

Ainsi, lors de son dernier stage de formation,<br />

le colonel MONARD a pu noter<br />

la prés<strong>en</strong>ce de deux officiers supérieurs<br />

de la division LOG des forces armées<br />

irlandaises et d’un hongrois inséré à<br />

l’OTAN.<br />

Cette participation montre la volonté de<br />

créer dans ces pays un pool d'excell<strong>en</strong>ce<br />

et d'expertise <strong>militaire</strong> <strong>en</strong> sécurité civile.<br />

En effet, l'OTAN a créé <strong>en</strong> 1998 l'Euro-<br />

Atlantic Disaster Response Coordination<br />

C<strong>en</strong>ter (EADRCC), organe de c<strong>en</strong>tralisation<br />

de l'Euro-Atlantic Partnership Council<br />

(46 pays). Comme le MIC, ce c<strong>en</strong>tre est<br />

situé à Bruxelles, à l'état-major de<br />

l'OTAN. Il travaille <strong>en</strong> liaison avec<br />

l'UNOCHA.<br />

- 20 -<br />

L'intérêt marqué de l'OTAN pour la montée<br />

<strong>en</strong> puissance d'une Joint Task Force<br />

de sécurité civile se développant <strong>en</strong><br />

coopération avec l'UE et les Nations<br />

Unies, s’illustre <strong>en</strong> outre par la prés<strong>en</strong>ce<br />

à la SHAPE NATO SCHOOL d’une cellule<br />

CIMIC 4 dirigée par un officier inséré.<br />

La prestation des <strong>militaire</strong>s du stage a<br />

été particulièrem<strong>en</strong>t remarquée lors des<br />

travaux de groupe et des exercices de<br />

restitutions par les observateurs de l’UE<br />

et prouve toute la pertin<strong>en</strong>ce pour les<br />

armées d'investir ce champ de compét<strong>en</strong>ces.<br />

Elles disposeront <strong>en</strong> effet d’un vivier<br />

d’experts susceptibles de dét<strong>en</strong>ir les<br />

différ<strong>en</strong>ts niveaux de qualification requis<br />

dans le domaine de la coordination<br />

europé<strong>en</strong>ne, afin d'insérer dans ce<br />

réseau des officiers capables d'activer<br />

des passerelles avec l'OTAN, les Nations<br />

Unies et les différ<strong>en</strong>ts États contributeurs<br />

dans le cadre d’<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t de<br />

moy<strong>en</strong>s civilo-<strong>militaire</strong>s au profit de<br />

populations sinistrées.<br />

Dans cette perspective, les officiers du<br />

domaine sécurité prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t l’avantage<br />

de bénéficier d’une double culture (<strong>militaire</strong><br />

et sécurité civile). Ils constitu<strong>en</strong>t<br />

dès lors un atout majeur pour les armées<br />

<strong>en</strong> matière d’emploi et de coordination<br />

des forces <strong>en</strong> cas de catastrophe, naturelle<br />

ou non, <strong>en</strong> ou hors d’Europe.


Lieut<strong>en</strong>ant-colonel<br />

François<br />

EGLEMME<br />

Avant d’intégrer l’EMIA - promotion<br />

« Capitaine <strong>Le</strong>grand » (1987-1989), le<br />

LCL EGLEMME sert comme aspirant puis<br />

ORSA au 5 e Dragons.<br />

À sa sortie de Coëtquidan, il choisit<br />

l’arme du <strong>génie</strong> et sert successivem<strong>en</strong>t<br />

aux 32 e et 9 e RG avant de commander la<br />

Compagnie de Génie Aéromobile du<br />

1 er Régim<strong>en</strong>t d’Infanterie.<br />

Après son temps de commandem<strong>en</strong>t,<br />

il rejoint l’état-major de la 4 e DAM à<br />

Nancy.<br />

Après sa scolarité EMS 2 (113 e promotion<br />

du CSEM et 8 e promotion du CID), il<br />

rejoint la brigade du <strong>génie</strong> à Strasbourg<br />

avant d’être, de 2003 à 2005, chef du BOI<br />

au 1 er RG.<br />

<strong>Le</strong> LCL EGLEMME a servi au Cambodge<br />

(1993 - DAMI déminage), <strong>en</strong> Bosnie<br />

(1996-Cellule Génie de la DMNSE), <strong>en</strong><br />

Afghanistan (2002 - ACOS J3/J5 du PC<br />

ISAF) et au Liban (2005 - chef de corps<br />

du 420 e DIM).<br />

S A P E U R<br />

NUMÉRISATION DE L’ESPACE DE BATAILLE<br />

Fr<strong>en</strong>ch Army is facing a huge chall<strong>en</strong>ge with the Network C<strong>en</strong>tric Warfare (calling<br />

« NEB » in Fr<strong>en</strong>ch for battle space digitalisation). The aim is to gain superiority on the<br />

<strong>en</strong>emy using faster communication data tools and computer systems. Army Chief of<br />

Staff wants to have two Combat brigades plus, CS and CSS units fully operational for<br />

2009. These two brigades have to be deployable on short notice and immediately operational<br />

in a digitalized <strong>en</strong>vironm<strong>en</strong>t.<br />

But digitalisation offers new opportunity in terms on C2 structures. By sharing information,<br />

units are more reactive. Conc<strong>en</strong>tration of units for a specific task will be possible<br />

by navigation system.<br />

However, « NEB » requests more training and drill for regim<strong>en</strong>tal and company HQ<br />

level because of the always more and more complex software systems. But in digitalisation<br />

matter also sappers are in the vanguard.<br />

En fixant comme objectif à l’armée de terre<br />

de pouvoir disposer d’ici 2009 de deux brigades<br />

<strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t numérisées avec leur<br />

<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t (Commandem<strong>en</strong>t, Appui<br />

et Souti<strong>en</strong>) et « immédiatem<strong>en</strong>t aptes à<br />

l’<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t », le CEMAT ori<strong>en</strong>te l’action<br />

de multiples acteurs vers ce but opérationnel.<br />

Fruit d’un travail comm<strong>en</strong>cé à la fin<br />

des années 90, cette numérisation de l’espace<br />

de bataille (NEB) traduit la volonté de<br />

disposer d’une armée de terre professionnelle<br />

à la pointe des innovations technologiques.<br />

Actuellem<strong>en</strong>t, les 2 e BB et 6 e BLB<br />

termin<strong>en</strong>t leur équipem<strong>en</strong>t, 2006 verra<br />

l’équipem<strong>en</strong>t de la 7 e BB et 2007 celui de la<br />

9 e BLBMa. L’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t opérationnel<br />

permettant un <strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t immédiat n’est<br />

pas oublié puisque des unités de toutes<br />

les fonctions opérationnelles réalis<strong>en</strong>t<br />

simultaném<strong>en</strong>t leur montée <strong>en</strong> puissance<br />

(4 e RMAT de Nîmes, 511 e RT d’Auxonne,<br />

1 er GLCAT de Brétigny, etc.).<br />

Si le processus de numérisation est<br />

connu, au-delà des erreurs de jeunesse, il<br />

s’agit maint<strong>en</strong>ant d’intégrer ses capacités<br />

dans les modes opératoires liés au<br />

contexte nouveau des opérations : action<br />

<strong>en</strong> zone urbaine, combat lacunaire,<br />

« three block war » 1 . La mise <strong>en</strong> perspective<br />

de tous ces élém<strong>en</strong>ts doit servir de<br />

base de travail aux réflexions à v<strong>en</strong>ir.<br />

C’est pourquoi, au-delà du simple affichage,<br />

tous les acteurs doiv<strong>en</strong>t être persuadés<br />

qu’au regard des sommes déjà investies,<br />

ainsi que des travaux réalisés aussi bi<strong>en</strong><br />

par la STAT que par les premières unités<br />

numérisées (2 e BB et 6 e BLB), il ne saurait<br />

être question de baisser les bras devant<br />

les difficultés r<strong>en</strong>contrées.<br />

Après un rapide rappel des att<strong>en</strong>dus de la<br />

NEB, cet article mettra successivem<strong>en</strong>t<br />

<strong>en</strong> perspective les évolutions possibles<br />

des structures de commandem<strong>en</strong>t des<br />

unités et leurs conséqu<strong>en</strong>ces <strong>en</strong> matière<br />

d’organisation et d’instruction.<br />

*<br />

* *<br />

LES OBJECTIFS DE LA NUMÉRI-<br />

SATION DE L’ESPACE DE BATAILLE<br />

La maîtrise de l’information constitue un<br />

facteur-clé du succès des opérations. En<br />

aidant la prise de décision, par une<br />

connaissance globale et instantanée de la<br />

situation tactique dans tous les domaines,<br />

la numérisation permet de pr<strong>en</strong>dre l’asc<strong>en</strong>dant<br />

sur l’adversaire <strong>en</strong> devançant son<br />

action. <strong>Le</strong> partage perman<strong>en</strong>t de cette<br />

information à tous les niveaux sera r<strong>en</strong>du<br />

possible, à terme, par la compatibilité des<br />

trois principaux systèmes concernés : le<br />

SIC.F du niveau LCC jusqu’aux brigades, le<br />

SIR pour les régim<strong>en</strong>ts et les unités élém<strong>en</strong>taires,<br />

<strong>en</strong>fin le SIT 2 pour les sections,<br />

groupes et <strong>en</strong>gins spécifiques. Sur ces<br />

trois outils se greff<strong>en</strong>t <strong>en</strong>suite des systèmes<br />

spécifiques à certaines fonctions<br />

opérationnelles (ex : ATLAS pour les<br />

liaisons de l’artillerie ou le support de<br />

1) Concept lié aux retours d’expéri<strong>en</strong>ce d’<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>ts réc<strong>en</strong>ts, mettant <strong>en</strong> avant la conduite simultanée, sur<br />

de faibles distances d’actions d’int<strong>en</strong>sité variable (coercition, maîtrise de la viol<strong>en</strong>ce et aide aux populations).<br />

2) <strong>Le</strong>s SIT (Systèmes d’Informations Terminaux) se déclin<strong>en</strong>t <strong>en</strong> plusieurs versions selon les fonctions<br />

opérationnelles. <strong>Le</strong> précurseur est constitué du SIT V1 du char <strong>Le</strong>clerc. De cette base ont été déclinés des<br />

systèmes spécifiques à chaque fonction opérationnelle (pour le Génie, SITEL pour « SIT Élém<strong>en</strong>taire ») et<br />

compr<strong>en</strong>ant des applicatifs systèmes génériques et des applicatifs métiers particuliers.<br />

- 21 -


transmission MAESTRO-GRANITE initialem<strong>en</strong>t<br />

développé pour répondre aux<br />

besoins de la fonction RENS).<br />

La compatibilité totale des échanges sera<br />

r<strong>en</strong>due possible au travers d’un Modèle<br />

Pivot Global Terre (MPGT). Il s’agit à la fois,<br />

au travers de niveaux de couplage, de<br />

mettre <strong>en</strong> concordance un langage commun<br />

et des modes d’échanges inter-systèmes<br />

compatibles ainsi qu’un niveau de<br />

sécurité adapté. Cette interopérabilité<br />

complète est att<strong>en</strong>due à l’horizon 2010.<br />

La fédération de tous les outils informatiques<br />

divers, réalisés dans des langages<br />

différ<strong>en</strong>ts et par des industriels parfois<br />

<strong>en</strong> concurr<strong>en</strong>ce, r<strong>en</strong>d donc l’Opération<br />

d’Ensemble des Systèmes d’Informations<br />

et de Communications de l’Armée de<br />

Terre (OE-SIC Terre) lourde et complexe.<br />

À titre d’exemple, 180 millions d’euros<br />

sont destinés à financer le MPGT et<br />

45 autres millions sont destinés à la<br />

version 3 du SIC.F.<br />

Après les travaux exploratoires du SIR-<br />

GEX, le <strong>génie</strong> n’est pas dépourvu dans la<br />

NEB. Toutefois, confronté à la position <strong>en</strong><br />

« double étage » de la fonction AGESTER<br />

(cellule G3/2D de niveaux 2 et 3 équipée <strong>en</strong><br />

SIC.F et PC régim<strong>en</strong>taire doté de SIR), la<br />

mise <strong>en</strong> place de la totalité de la messagerie<br />

papier dans les SIC représ<strong>en</strong>te un coût<br />

financier important. C’est pourquoi, parallèlem<strong>en</strong>t<br />

aux travaux réalisés au sein du<br />

Land Engineer Working Group de l’OTAN,<br />

dans un souci perman<strong>en</strong>t d’interopérabilité,<br />

la France cherche à réduire le nombre<br />

de messages <strong>génie</strong> <strong>en</strong> rationalisant leur<br />

formatage. Toutefois, jusqu’à l’aboutissem<strong>en</strong>t<br />

des travaux de l’OTAN et la mise <strong>en</strong><br />

service du MPGT, la cohabitation de la<br />

procédure numérisée et celle de l’OTAN<br />

(APP-11) <strong>en</strong>traînera un surcoût d’instruction.<br />

Au travers des exercices numérisés<br />

déjà réalisés, les <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts sont<br />

nombreux et variés. Si de redondants<br />

problèmes techniques liés aux matériels<br />

et aux logiciels associés exist<strong>en</strong>t, la<br />

démarche « d’appr<strong>en</strong>dre <strong>en</strong> marchant »<br />

permet une grande réactivité. Ainsi, le<br />

comité annuel de satisfaction des usagers<br />

représ<strong>en</strong>te une remarquable opportunité<br />

d’échange d’informations et d’expéri<strong>en</strong>ces<br />

<strong>en</strong>tre directions (DCMAT, STAT) et usagers<br />

(écoles, brigades et régim<strong>en</strong>ts).<br />

*<br />

* *<br />

3) Guy HUBIN « perspectives tactiques » éditions Economica janvier 2000.<br />

S A P E U R<br />

VERS UNE ÉVOLUTION DES STRUC-<br />

TURES DE COMMANDEMENT ?<br />

L’accélération des échanges d’informations<br />

permis par la NEB amène à s’interroger<br />

sur la validité de l’organisation<br />

pyramidale du commandem<strong>en</strong>t. En effet,<br />

la connaissance par un CO de brigade de<br />

la situation sur une zone d’action importante<br />

peut avoir pour corollaire un écrasem<strong>en</strong>t<br />

des niveaux de commandem<strong>en</strong>t.<br />

Ainsi, on peut s’interroger sur l’utilité de<br />

maint<strong>en</strong>ir le niveau régim<strong>en</strong>taire alors<br />

qu’un CO de brigade plus étoffé pourrait<br />

être capable de conduire la manœuvre<br />

de plusieurs S/GTIA pour des phases<br />

particulières. Alors, le PC de GTIA ne<br />

serait plus <strong>en</strong> charge de façon perman<strong>en</strong>te<br />

de l’action. <strong>Le</strong>s études m<strong>en</strong>ées par<br />

la 6 e BLB sur une organisation du PC BIA<br />

<strong>en</strong> deux <strong>en</strong>tités égales (un PC principal<br />

et un PC détachable) offr<strong>en</strong>t des perspectives<br />

dans ce s<strong>en</strong>s. Ces études trouv<strong>en</strong>t<br />

un champ d’application naturel<br />

dans le combat déc<strong>en</strong>tralisé qui caractérise<br />

l’action <strong>en</strong> zone urbaine.<br />

La connaissance exacte de la situation<br />

tactique, r<strong>en</strong>due possible demain par<br />

la mise <strong>en</strong> service du Drone de<br />

R<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t Au Contact (DRAC),<br />

permet de rep<strong>en</strong>ser les <strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>ts<br />

futurs, au travers de la manœuvre vectorielle<br />

dans des espaces lacunaires. Pour<br />

les moy<strong>en</strong>s nécessaires à une action particulière,<br />

la faculté pour toutes les unités<br />

de rejoindre un point de regroupem<strong>en</strong>t<br />

- 22 -<br />

id<strong>en</strong>tifié, répond à la fois au principe de<br />

liberté d’action et à celui de conc<strong>en</strong>tration<br />

des efforts. Ce constat d’écrasem<strong>en</strong>t<br />

des chaînes de commandem<strong>en</strong>t était<br />

abordé dès 2000 par le général Guy<br />

HUBIN dans son ouvrage « Perspectives<br />

Tactiques » 3 .<br />

<strong>Le</strong>s m<strong>en</strong>talités sont difficiles à faire évoluer.<br />

Pourtant la NEB doit permettre de<br />

profiter de la totalité des opportunités<br />

offertes pour rep<strong>en</strong>ser nos structures<br />

actuelles de commandem<strong>en</strong>t.<br />

*<br />

* *<br />

LES CONSÉQUENCES EN MATIÈRE<br />

D’ORGANISATION ET D’INSTRUCTION<br />

Dans l’optique de la NEB, le point-clé<br />

des <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts tirés des exercices<br />

(FATEXTEL, PALMEX 2, ANVIL) est l’impérieuse<br />

nécessité d’une formation du<br />

personnel, quel que soit son niveau.<br />

Cette formation doit s’appuyer sur la<br />

démarche volontariste dans laquelle les<br />

régim<strong>en</strong>ts s’inscriv<strong>en</strong>t totalem<strong>en</strong>t. En<br />

effet, la complexité des procédures liées<br />

aux contraintes techniques des systèmes<br />

de commandem<strong>en</strong>t, comme de<br />

l’évolution très rapide des logiciels associés<br />

impos<strong>en</strong>t un <strong>en</strong>traînem<strong>en</strong>t à un<br />

rythme régulier. En effet, les principaux<br />

défauts constatés résid<strong>en</strong>t dans un<br />

manque de pratique consécutif à des<br />

périodes d’activités différ<strong>en</strong>tes, ce qui


<strong>en</strong>traîne la perte de savoir-faire face au<br />

système. Cela est difficilem<strong>en</strong>t compatible<br />

avec le rythme des activités (projections,<br />

stages, concours, etc.) mais aussi<br />

avec les mouvem<strong>en</strong>ts de personnel liés<br />

au PAM et les aspirations du personnel à<br />

des conditions de travail toujours plus<br />

proches de celles que connaît l’évolution<br />

de la société civile. En outre, cette instruction<br />

nécessite de posséder des<br />

moy<strong>en</strong>s dédiés, pr<strong>en</strong>ant <strong>en</strong> compte<br />

S A P E U R<br />

notamm<strong>en</strong>t l’alim<strong>en</strong>tation électrique des<br />

matériels.<br />

L’organisation et le suivi de l’instruction<br />

spécifique NEB représ<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t une charge<br />

de travail conséqu<strong>en</strong>te et nécessit<strong>en</strong>t du<br />

personnel compét<strong>en</strong>t dans ce domaine<br />

toujours plus complexe. Il est <strong>en</strong>visagé<br />

de mettre <strong>en</strong> place dans les régim<strong>en</strong>ts,<br />

« sous <strong>en</strong>veloppe constante », un officier<br />

spécifiquem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> charge de la NEB. Cet<br />

- 23 -<br />

officier serait chargé de conseiller le chef<br />

de corps dans l’organisation des réseaux<br />

SIC, de coordonner le travail de la section<br />

SIC régim<strong>en</strong>taire, ainsi que des cellules<br />

MSI et SSI 4 . <strong>Le</strong> profil d’un tel officier<br />

devrait être un NR 4 issu de l’arme<br />

(afin de bénéficier d’une culture propre à<br />

la mise <strong>en</strong> œuvre). Il devrait suivre pour<br />

t<strong>en</strong>ir ce poste le stage d’officier SIC <strong>en</strong><br />

corps de troupe (durée 5 semaines) disp<strong>en</strong>sé<br />

par l’ESAT. <strong>Le</strong> DUO 2006 devrait<br />

voir la traduction <strong>en</strong> organisation des<br />

premiers postes.<br />

*<br />

* *<br />

Pour conclure, si le défi est lourd, il est<br />

indisp<strong>en</strong>sable de garder prés<strong>en</strong>t à l’esprit<br />

que la démarche de numérisation<br />

est maint<strong>en</strong>ant dans une phase irréversible<br />

au regard des sommes déjà investies<br />

et des bénéfices probants obt<strong>en</strong>us<br />

grâce au partage de l’information. Si la<br />

projection de la 6 e BLB à Licorne au<br />

second quadrimestre 2006 se fait sous<br />

format numérisé, elle devrait permettre<br />

de quantifier les gains obt<strong>en</strong>us <strong>en</strong><br />

réactivité opérationnelle. Alors, il faudra<br />

p<strong>en</strong>ser à revoir l’organisation de notre<br />

commandem<strong>en</strong>t…<br />

4) Section SIC : section des Systèmes d’Informations et de Commandem<strong>en</strong>t – MSI : managem<strong>en</strong>t des systèmes informatiques – ACSSI = article classé de la sécurité<br />

des systèmes d’information.


S A P E U R<br />

- 24 -


Lieut<strong>en</strong>ant-Colonel<br />

Jean-H<strong>en</strong>ri<br />

PINOT<br />

<strong>Le</strong> lieut<strong>en</strong>ant-colonel Jean-H<strong>en</strong>ri PINOT<br />

est l’officier traitant du domaine AGESTER<br />

depuis 2005 au sein de la Division<br />

Emploi-Organisation du C<strong>en</strong>tre de<br />

Doctrine d’Emploi des Forces (CDEF)<br />

situé à l’École Militaire (Paris).<br />

Issu de l’école <strong>militaire</strong> interarmes<br />

(promotion lieut<strong>en</strong>ant LHUILLIER 1985-<br />

1986), il est diplômé de l’école d’étatmajor<br />

depuis 1996. Il déti<strong>en</strong>t les qualifications<br />

d’officier NBC d’état-major et<br />

d’officier NEDEX.<br />

Il a servi au 13 e RG (Trèves) et au 6 e RG<br />

DIMa (Angers) <strong>en</strong> qualité de chef de<br />

section puis d’officier adjoint et de<br />

commandant d’unité <strong>en</strong>tre 1987 et 1995.<br />

Après un temps d’officier <strong>génie</strong> au sein<br />

de la 9 e DIMa (Nantes) de 1995 à 1998,<br />

il rejoint le 19 e RG pour y servir <strong>en</strong> tant<br />

qu’adjoint BOI jusqu’<strong>en</strong> 2002.<br />

Jusqu’à son affectation au CDEF <strong>en</strong><br />

2005, il assurait de nouveau la fonction<br />

d’officier <strong>génie</strong>, cette fois à l’état-major<br />

de force n° 1 (EMF1) de Besançon.<br />

Il a participé à six opérations extérieures<br />

(FORPRONU - IFOR - SFOR - KFOR -<br />

CONCORDIA) dans la région des Balkans<br />

<strong>en</strong>tre 1992 et 2003.<br />

S A P E U R<br />

PROCESSUS D’ÉLABORATION<br />

DES CONCEPTS<br />

ET DE LA DOCTRINE AGESTER.<br />

APPLICATION À LA SAUVEGARDE-PROTECTION<br />

A part of the concepts and doctrine of « AGESTER » - Fr<strong>en</strong>ch designation for Engineer,<br />

CBRN and Geography area of expertise - are validated or approved by the C<strong>en</strong>ter for<br />

Force Employm<strong>en</strong>t Doctrine (CDEF), located in Paris.<br />

Working closely with the Prospective and Study Departm<strong>en</strong>t of the Arm C<strong>en</strong>ters and in<br />

charge of either the control or the supervision of studies, it is not less than t<strong>en</strong> studies<br />

or experim<strong>en</strong>tations, which are curr<strong>en</strong>tly followed by the consulting officer.<br />

Among these studies, two of them have a connection with survivability and protection<br />

area of compet<strong>en</strong>ce.<br />

One relates to the treatm<strong>en</strong>t of the threat g<strong>en</strong>erated by the improvised explosive devices<br />

(IEDs) and for the other one the recasting of former regulation docum<strong>en</strong>ts in a new<br />

«TTA 702 », a regulation book on the use and the realization of obstacles by land forces.<br />

Fidèle à sa devise «… par les Forces,<br />

pour les Forces… », le c<strong>en</strong>tre de doctrine<br />

d’emploi des forces (CDEF), commandé<br />

par le Général DESPORTES, est par vocation<br />

à l’écoute des forces. Une des quatre<br />

divisions de cet organisme, la division<br />

emploi-organisation (DEO) que dirige le<br />

colonel DESTRIBATS, coordonne le pilotage<br />

et la conduite des études opérationnelles<br />

tout <strong>en</strong> veillant à la cohér<strong>en</strong>ce de<br />

la doctrine de l'armée de terre.<br />

Dans le cadre du comité de coordination des<br />

études opérationnelles (COCOOPS), cette<br />

division élabore ou fait élaborer l'<strong>en</strong>semble<br />

des docum<strong>en</strong>ts d'emploi des forces<br />

terrestres (niveaux tactique et opératif).<br />

- 25 -<br />

<strong>Le</strong> domaine AGESTER y ti<strong>en</strong>t son rang et<br />

ce ne sont pas moins de dix études et<br />

expérim<strong>en</strong>tations qui sont suivies par<br />

son officier traitant, <strong>en</strong> liaison étroite<br />

avec les directions des études et de la<br />

prospective (DEP) des différ<strong>en</strong>tes écoles<br />

d’armes. Ainsi, cet officier est chargé de<br />

piloter ou de conduire les études et<br />

expérim<strong>en</strong>tations qui relèv<strong>en</strong>t de ce<br />

domaine (Génie - NBC - Géographie).<br />

<strong>Le</strong> bilan des études ainsi que le plan de<br />

charge de l’année à v<strong>en</strong>ir sont examinés<br />

lors des comités directeurs ou de coordination<br />

des études opérationnelles<br />

(CODIROPS ou COCOOPS). Ces études<br />

sont répertoriées dans une base infor-


matique, dite « base COCOOPS 1 », véritable<br />

outil de gestion et de suivi des<br />

études. La consultation de cette base est<br />

accessible par tout un chacun sur le site<br />

du CDEF.<br />

Aussi est-il intéressant d’apporter un<br />

éclairage sur deux études majeures du<br />

domaine AGESTER, et plus particulièrem<strong>en</strong>t<br />

<strong>génie</strong>, ayant trait à la sauvegardeprotection,<br />

thème de ce numéro de la<br />

revue « <strong>Sapeur</strong> ». Actuellem<strong>en</strong>t, ces<br />

études prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t un caractère prioritaire<br />

pour les forces.<br />

* *<br />

*<br />

En ce début 2006, nul doute que la lutte<br />

contre les Engins Explosifs Improvisés<br />

(EEI) ou « Improvised Explosive Devices<br />

(IED) » est parmi les études qui occup<strong>en</strong>t<br />

le devant de la scène. L’État-major des<br />

armées (EMA) et son bras « armé » <strong>en</strong><br />

matière doctrinale, le c<strong>en</strong>tre interarmées<br />

de concepts, doctrines, expérim<strong>en</strong>tations<br />

(CICDE), ont défini un <strong>en</strong>semble<br />

d’actions à réaliser <strong>en</strong> réponse à cette<br />

m<strong>en</strong>ace qui connaît depuis ces dernières<br />

années une forte recrudesc<strong>en</strong>ce à travers<br />

le monde, notamm<strong>en</strong>t sur le théâtre<br />

afghan et bi<strong>en</strong> plus <strong>en</strong>core <strong>en</strong> Irak.<br />

L’objectif est clair : traiter la m<strong>en</strong>ace<br />

<strong>en</strong>g<strong>en</strong>drée par les EEI et cela dans des<br />

délais contraints. Sur le plan doctrinal, il<br />

s’agit de créer une série de docum<strong>en</strong>ts<br />

cohér<strong>en</strong>ts <strong>en</strong>tre eux et balayant l’<strong>en</strong>semble<br />

du spectre :<br />

- Un concept interarmées de lutte<br />

contre les EEI (le quoi faire),<br />

échéance : juin 2006. Ce docum<strong>en</strong>t,<br />

<strong>en</strong> cours d’approbation par le chef<br />

d’état-major des armées a été rédigé<br />

<strong>en</strong> groupe de travail interarmées<br />

<strong>en</strong>tre novembre 2005 et janvier 2006.<br />

Son préambule insiste sur le côté<br />

multiforme et éminemm<strong>en</strong>t évolutif<br />

de cette m<strong>en</strong>ace. En outre, la lutte<br />

contre les EEI est dev<strong>en</strong>ue inéluctable.<br />

« Elle s’inscrit pleinem<strong>en</strong>t dans<br />

la problématique, de plus <strong>en</strong> plus<br />

prégnante, de la protection de la<br />

force, voire de la population, et celle<br />

de la lutte contre le terrorisme ».<br />

- Une doctrine interarmées de lutte<br />

contre les EEI (le comm<strong>en</strong>t faire),<br />

échéance : fin 2006. Elle déclinera le<br />

S A P E U R<br />

concept, cité précédemm<strong>en</strong>t, et aura<br />

pour objectif, d’une part, de fixer les<br />

conditions d’emploi des capacités<br />

interarmées (r<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t, interv<strong>en</strong>tion<br />

NEDEX…) et, d’autre part,<br />

d’optimiser l’interaction des compét<strong>en</strong>ces<br />

spécifiques de chacune des<br />

armées. La composition du groupe<br />

de travail, qui rédigera ce docum<strong>en</strong>t,<br />

sera à l’id<strong>en</strong>tique de celui ayant<br />

rédigé le précéd<strong>en</strong>t concept.<br />

- Un mém<strong>en</strong>to de mesures pratiques à<br />

pr<strong>en</strong>dre contre les EEI, <strong>en</strong> déplacem<strong>en</strong>ts<br />

et lors des stationnem<strong>en</strong>ts.<br />

Ce docum<strong>en</strong>t est <strong>en</strong> cours de diffusion,<br />

jusqu’au niveau unité élém<strong>en</strong>taire<br />

ou équival<strong>en</strong>t interarmées.<br />

L’étude, pilotée par le CDEF, a été<br />

conduite tambour battant par la DEP<br />

ESAG <strong>en</strong> liaison étroite avec l’échelon<br />

c<strong>en</strong>tral NEDEX et <strong>en</strong> association<br />

avec les autres armées et organismes<br />

de la déf<strong>en</strong>se.<br />

- Un aide-mémoire, distribué jusqu’au<br />

soldat permettra la s<strong>en</strong>sibilisation<br />

immédiate du combattant. Réalisé<br />

par l’échelon c<strong>en</strong>tral NEDEX <strong>en</strong> liaison<br />

avec la DEP ESAG, il rappelle<br />

l’ess<strong>en</strong>tiel des mesures de prév<strong>en</strong>tion,<br />

d’alerte, de protection et de<br />

lutte que chaque combattant doit<br />

connaître. Il sera édité au format de<br />

poche et sera résistant à l’humidité<br />

et au sable.<br />

Ainsi, cette production s’inscrit dans la série<br />

de travaux, lancée par l’état-major des<br />

armées, <strong>en</strong> matière de prév<strong>en</strong>tion et de lutte<br />

contre ces dispositifs dans les domaines<br />

de la doctrine et de l’équipem<strong>en</strong>t.<br />

* *<br />

*<br />

Dans la sphère d’intérêt de la sauvegarde-protection,<br />

une autre étude, du<br />

niveau EMAT pour son approbation,<br />

possède des applications interarmes.<br />

Pilotée par le CDEF, conduite par<br />

l’ESAG/DEP, elle devrait aboutir dans le<br />

courant du second semestre 2006.<br />

Il s’agit de la refonte du TTA 702 <strong>en</strong> un<br />

règlem<strong>en</strong>t sur l’emploi et la réalisation<br />

des obstacles par les forces terrestres 2 .<br />

Compte t<strong>en</strong>u des contextes d’<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>ts<br />

actuels et à v<strong>en</strong>ir ainsi que des<br />

équipem<strong>en</strong>ts et systèmes d’armes <strong>en</strong><br />

cours de développem<strong>en</strong>t, cette étude<br />

- 26 -<br />

risque de modifier la problématique de<br />

la réalisation des obstacles. Certaines<br />

incertitudes relatives à l’aptitude des<br />

armes, autres que le <strong>génie</strong>, à réaliser ou<br />

pr<strong>en</strong>dre <strong>en</strong> compte des obstacles<br />

simples à base d’explosif ou de mines<br />

AC doiv<strong>en</strong>t être levées. Ainsi, quid :<br />

- des obstacles simples à bases de<br />

mines ou d’explosifs réalisés par l’IA?<br />

- des savoir-faire concernant la mise<br />

<strong>en</strong> œuvre d’explosifs ou la pose de<br />

mines par un soldat n’appart<strong>en</strong>ant<br />

pas au <strong>génie</strong> ?<br />

En filigrane, se pose la question du<br />

dev<strong>en</strong>ir de l’emploi des mines AC à plus<br />

ou moins long terme et de l’intégration<br />

de systèmes de protection de zones tels<br />

que SPECTRE - Système de protection<br />

des élém<strong>en</strong>ts terrestres - ou SYCOMORE<br />

- Système de contre mobilité réactif 3 .<br />

Actuellem<strong>en</strong>t la phase de concertation<br />

des principales fonctions opérationnelles<br />

impliquées est <strong>en</strong> cours.<br />

D’ores et déjà, si la nécessité de maint<strong>en</strong>ir<br />

la capacité de mise <strong>en</strong> œuvre d’explosifs<br />

et de conserver certains savoir-faire<br />

est reconnue, la capacité à réaliser des<br />

obstacles minés préliminaires ou de<br />

manœuvre est discutée et cela <strong>en</strong> fonction<br />

des contextes d’<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t. En<br />

off<strong>en</strong>sive, par exemple, le combat « à<br />

temps » (actions brèves mais int<strong>en</strong>ses)<br />

et la rapidité des mouvem<strong>en</strong>ts ne justifi<strong>en</strong>t<br />

plus la réalisation d’obstacles de<br />

combat par les unités de cavalerie blindée.<br />

En revanche, pour l’infanterie, dans<br />

son emploi tactique, la notion d’autonomie,<br />

même si ce point est discutable 4 , <strong>en</strong><br />

matière de réalisation d’obstacles ponctuels<br />

est primordiale pour appuyer sa<br />

manœuvre, réaliser son effet majeur et<br />

r<strong>en</strong>forcer sa sûreté. Dans tous les cas, le<br />

besoin d’une protection de proximité<br />

pour toutes unités <strong>en</strong> stationnem<strong>en</strong>t<br />

semble perman<strong>en</strong>t, que cela soit avec le<br />

concours du <strong>génie</strong> ou non.<br />

Il reste à définir précisém<strong>en</strong>t ce que la<br />

« sape » peut apporter aux uns et aux<br />

autres <strong>en</strong> fonction de son organisation et<br />

de ses possibilités. Il convi<strong>en</strong>t d’exprimer<br />

le besoin sous forme de résultats à<br />

obt<strong>en</strong>ir et d’étudier la meilleure façon<br />

d’y parv<strong>en</strong>ir dans le cadre des développem<strong>en</strong>ts<br />

actuels de la modularité ainsi<br />

1) Base COCOOPS : base de données consultable et modifiable <strong>en</strong> temps réel par les pilotes ou conducteurs d’études. Elle est l’unique référ<strong>en</strong>ce <strong>en</strong><br />

matière de suivi des études opérationnelles.<br />

2) Étude OPS 2002 GEN 12 : refonte du TTA 702 : synthèse des anci<strong>en</strong>s TTA 703, 704, 704 TER sur les obstacles à base de mines.<br />

3) Ces systèmes sont <strong>en</strong> cours d’étude et de développem<strong>en</strong>t (STAT et DGA).<br />

4) À l’autonomie, il semble plus pertin<strong>en</strong>t d’opposer une génération de force qui associe les compét<strong>en</strong>ces.


que de l’interarmisation aux plus bas<br />

niveaux. Cette étude, d’appar<strong>en</strong>ce anodine,<br />

aura des conséqu<strong>en</strong>ces non négligeables<br />

<strong>en</strong> matière d’actions de formation<br />

et de dotations.<br />

* *<br />

*<br />

5) Directives annuelles 2005-2006 du CDEF.<br />

S A P E U R<br />

L’imbrication de la sauvegarde-protection<br />

apparaît <strong>en</strong>core dans bi<strong>en</strong> d’autres<br />

études, pilotées ou conduites par le<br />

CDEF, et cela à des niveaux variables.<br />

Ainsi, <strong>en</strong> prise directe avec les différ<strong>en</strong>tes<br />

DEP et les organismes de la<br />

déf<strong>en</strong>se, le CDEF et plus particulièrem<strong>en</strong>t<br />

la DEO fournit « aux hommes et<br />

- 27 -<br />

femmes du terrain » les élém<strong>en</strong>ts de<br />

réponse et d’emploi dont ils ont besoin<br />

pour remplir au mieux leurs missions.<br />

Être à l’écoute des forces, c’est le rôle<br />

de la doctrine qui s’inscrit, avec les<br />

hommes et les équipem<strong>en</strong>ts, comme<br />

l’un des trois piliers fondateurs de la<br />

capacité opérationnelle 5 .


S A P E U R<br />

- 28 -


Chef d’escadrons<br />

Marc<br />

CAUDRILLIER<br />

Recruté sur titre avec un diplôme<br />

d’in<strong>génie</strong>ur, le CES CAUDRILLIER Marc<br />

a effectué une première partie de carrière<br />

dans la maint<strong>en</strong>ance et a commandé<br />

l’escadron de maint<strong>en</strong>ance du 501-503 e<br />

régim<strong>en</strong>t de chars de combat.<br />

Breveté technique dans le domaine<br />

NRBC, il a obt<strong>en</strong>u <strong>en</strong> 2003 un Mastère<br />

« Génie des procédés et <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t »<br />

de l’École C<strong>en</strong>trale de Paris et a servi au<br />

C<strong>en</strong>tre d’Études du Bouchet (DGA) dans<br />

la détection d’ag<strong>en</strong>ts biologiques pathogènes.<br />

Dans ce cadre, il a participé,<br />

depuis Dugway Proving Ground (Utah,<br />

USA) au déploiem<strong>en</strong>t d’une équipe<br />

multinationale de réaction de l’OTAN, au<br />

titre du laboratoire opérationnel <strong>français</strong><br />

de détection biologique.<br />

Après avoir suivi le Cours Supérieur d’État-Major<br />

<strong>en</strong> 2004, le CES CAUDRILLIER a<br />

suivi le Cours Supérieur d’État-Major à<br />

l’Institut Royal de Déf<strong>en</strong>se, équival<strong>en</strong>t<br />

belge du Collège Interarmées de<br />

Déf<strong>en</strong>se.<br />

<strong>Le</strong> CES CAUDRILLIER est depuis juillet<br />

2005 le chef du Bureau Opérations<br />

Instruction du 2 e Régim<strong>en</strong>t de Dragons,<br />

régim<strong>en</strong>t spécialisé de la déf<strong>en</strong>se NBC.<br />

S A P E U R<br />

LA THÉORIE DES TROIS BLOCS<br />

APPLIQUÉE AU DOMAINE NRBC<br />

More than 9/11 ev<strong>en</strong>ts, letters s<strong>en</strong>d full of Anthrax in United States deeply removed<br />

the context in CBRN def<strong>en</strong>ce. Fr<strong>en</strong>ch governm<strong>en</strong>t decided to build a modern def<strong>en</strong>ce<br />

system in front of a new threat : the 2 nd Dragoons Regim<strong>en</strong>t, located in Fontevraud,<br />

which will finally be composed of five compagnies in 2008. This battalion can carry out<br />

a large scale of differ<strong>en</strong>t missions : regarding what happ<strong>en</strong>ed in Kosovo, CBRN assets<br />

must be layed out from the beginning of the mission to redeploym<strong>en</strong>t.<br />

In june 1999, with the fr<strong>en</strong>ch brigade in Kosovo, the CBRN team was in charge of three<br />

missions : support deploym<strong>en</strong>t of forces, perform intellig<strong>en</strong>ce about industrial network<br />

for CIMIC, and supply fr<strong>en</strong>ch headquarters in health topics. Ev<strong>en</strong> if these three<br />

missions are carried out simultaneously during the operation, they don’t have the<br />

same importance, dep<strong>en</strong>ding on the differ<strong>en</strong>t phases of this operation.<br />

Autant que les att<strong>en</strong>tats du 11 septembre,<br />

l’explosion d’AZF à Toulouse ainsi que<br />

l’<strong>en</strong>voi de lettres chargées de charbon<br />

ont profondém<strong>en</strong>t changé la donne dans<br />

le domaine NRBC. Aujourd’hui, la France<br />

s’est dotée d’un moy<strong>en</strong> de déf<strong>en</strong>se : le<br />

2 e Régim<strong>en</strong>t de Dragons, Nucléaire,<br />

Biologique et Chimique, stationné à<br />

Fontevraud, composé de trois escadrons<br />

de déf<strong>en</strong>se actuellem<strong>en</strong>t et jusqu’à cinq<br />

escadrons <strong>en</strong> 2008. Or, le champ des<br />

missions que peuv<strong>en</strong>t remplir les différ<strong>en</strong>ts<br />

modules NBC apparaît de plus <strong>en</strong> plus<br />

vaste, au fur et à mesure que le commandem<strong>en</strong>t<br />

découvre les matériels et les<br />

savoir-faire de ces modules. Il faudra<br />

d’ailleurs du temps pour parv<strong>en</strong>ir à cerner<br />

l’ét<strong>en</strong>due de nos possibilités d’emploi, tant<br />

elles sont larges et variées, mais aussi<br />

parce que le domaine NRBC est <strong>en</strong><br />

constante évolution, ainsi que ses équipem<strong>en</strong>ts.<br />

À l’expéri<strong>en</strong>ce de la crise du<br />

Kosovo, les modules de déf<strong>en</strong>se NRBC<br />

doiv<strong>en</strong>t être déployés depuis le premier<br />

jour d’une opération, jusqu’au retrait des<br />

forces.<br />

En juin 1999, la deuxième brigade blindée,<br />

r<strong>en</strong>ommée pour l’occasion brigade <strong>Le</strong>clerc<br />

<strong>en</strong>trait au Kosovo et implantait ses unités<br />

dans la partie la plus industrialisée de<br />

cette province. <strong>Le</strong> raid blindé m<strong>en</strong>é par<br />

l’escadron <strong>Le</strong>clerc (du nom des 15 chars<br />

mis <strong>en</strong> œuvre par le 2 e escadron du<br />

501 e Régim<strong>en</strong>t de Chars de Combat) se<br />

faisait sous m<strong>en</strong>ace NRBC, les troupes<br />

serbes n’ayant pas <strong>en</strong>core quitté le<br />

territoire et une division mécanisée<br />

adverse étant <strong>en</strong>core déployée au nord<br />

de la zone des opérations. L’équipe<br />

NRBC déployée <strong>en</strong> appui de la brigade<br />

(niveau tactique) m<strong>en</strong>ait trois missions<br />

générales : appuyer les troupes<br />

déployées, r<strong>en</strong>seigner sur les capacités<br />

- 29 -<br />

technologiques au profit de la coopération<br />

civilo-<strong>militaire</strong> (CIMIC), et sout<strong>en</strong>ir l’étatmajor<br />

de la KFOR dans le domaine de<br />

l’hygiène et la sécurité <strong>en</strong> opérations<br />

(HSO).<br />

En réalité, l’accomplissem<strong>en</strong>t de ces trois<br />

missions ne se fait pas à parts égales. En<br />

fonction de la phase à laquelle <strong>en</strong> est<br />

r<strong>en</strong>du l’accomplissem<strong>en</strong>t de la mission,<br />

l’une ou l’autre des composantes sera<br />

traitée prioritairem<strong>en</strong>t. Mais les changem<strong>en</strong>ts<br />

de postures pouvant être fréqu<strong>en</strong>ts<br />

et brutaux, la théorie des trois blocs<br />

s’applique parfaitem<strong>en</strong>t aux troupes<br />

spécialisées de la déf<strong>en</strong>se NRBC : un jour<br />

participant au déminage d’un <strong>en</strong>gin<br />

explosif chargé au charbon (action<br />

m<strong>en</strong>ée <strong>en</strong> synergie avec les EOD), le chef<br />

du module rédigera le l<strong>en</strong>demain un<br />

rapport sur les risques <strong>en</strong>courus par les<br />

troupes déployées travaillant à proximité<br />

d’un fût de chlore, tandis que ses équipes<br />

r<strong>en</strong>seigneront sur les capacités de<br />

production d’une usine pharmaceutique.<br />

Il reste néanmoins logique d’attribuer<br />

une priorité à l’une des trois missions <strong>en</strong><br />

fonction de l’évolution de la situation<br />

globale.<br />

Lors d’une phase d’imposition de la<br />

paix, le module NRBC, dont la taille<br />

dép<strong>en</strong>d à la fois de la force sout<strong>en</strong>ue et<br />

de la mission (nature de la m<strong>en</strong>ace,<br />

géographie de la zone d’opérations),<br />

doit absolum<strong>en</strong>t être intégré dans les<br />

forces d’<strong>en</strong>trée <strong>en</strong> premier. En effet, le<br />

facteur primordial d’efficacité dans une<br />

mission de décontamination est le<br />

temps écoulé <strong>en</strong>tre l’attaque et le début<br />

de la restauration. D’autre part, les<br />

patrouilles de reconnaissance, dotées<br />

de véhicules blindés de reconnaissance<br />

(VAB RECO NBC), exécut<strong>en</strong>t leur mis-


sion <strong>en</strong> avant des troupes, sur la ligne<br />

de front. Enfin, il faut que les équipes de<br />

reconnaissance et d’évaluation (ERE)<br />

soi<strong>en</strong>t déployées au plus près des<br />

forces afin de leur éviter une implantation<br />

hasardeuse dans une zone prés<strong>en</strong>tant<br />

un niveau de risque technologique<br />

élevé. Bi<strong>en</strong> <strong>en</strong>t<strong>en</strong>du, ces forces NRBC<br />

particip<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>t à la collecte du<br />

r<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t tactique, opératif et<br />

stratégique.<br />

S A P E U R<br />

Dans une phase de mainti<strong>en</strong> de la paix,<br />

le r<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t au profit de l’action<br />

civilo-<strong>militaire</strong> pr<strong>en</strong>d toute son ampleur.<br />

Cette mission a évidemm<strong>en</strong>t débuté dès<br />

l’<strong>en</strong>trée des forces sur le théâtre, mais<br />

elle devi<strong>en</strong>t à ce mom<strong>en</strong>t-là prioritaire,<br />

sans pour autant être exclusive.<br />

Enfin, la mission de souti<strong>en</strong> effectuée<br />

au profit du HSO, si elle a débuté dès<br />

l’implantation des troupes, pr<strong>en</strong>dra de<br />

Engagem<strong>en</strong>t du module NRBC sur toute la largeur du spectre<br />

- 30 -<br />

plus <strong>en</strong> plus d’importance, dev<strong>en</strong>ant<br />

primordiale lors de la phase de stabilisation<br />

et jusqu’au dés<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t.<br />

L’exemple du Kosovo dans ce domaine<br />

est très révélateur de cette perman<strong>en</strong>ce<br />

des missions NRBC. Après avoir<br />

appuyé les troupes déployées, le<br />

module armé alors par le Groupe de<br />

Déf<strong>en</strong>se NBC a participé à la collecte<br />

du r<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t et sout<strong>en</strong>u l’étatmajor<br />

dans le domaine HSO. Parce que<br />

la situation s’est stabilisée, il a été<br />

décidé au printemps 2005 le dés<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t<br />

de ce module. Mais, assez<br />

rapidem<strong>en</strong>t, des lacunes ont été<br />

constatées sur le terrain, tant dans le<br />

domaine du r<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t que dans<br />

celui du HSO. Aussi ont-ils demandé,<br />

et obt<strong>en</strong>u, la réactivation de cette<br />

équipe. <strong>Le</strong> 2 e Régim<strong>en</strong>t de Dragons,<br />

nucléaire, biologique et chimique<br />

projettera ainsi une ERE dès la mimai<br />

au profit de la Task Force<br />

Multinationale Nord (TFMN). Gageons<br />

que son action restera déterminante<br />

jusqu’au dés<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t de la KFOR.


Capitaine (TA)<br />

Gérald<br />

BOUTOLLEAU<br />

<strong>Le</strong> capitaine (TA) BOUTOLLEAU est officier<br />

supérieur adjoint au 1 er groupem<strong>en</strong>t<br />

d’inc<strong>en</strong>die et chef de la section commandem<strong>en</strong>t<br />

de son état-major, depuis juin<br />

2003.<br />

Après la sortie de la division d’application<br />

de l’ESAG <strong>en</strong> 1996, il est affecté à la<br />

13 e compagnie d’inc<strong>en</strong>die, c<strong>en</strong>tre de<br />

secours AULNAY-SOUS-BOIS, <strong>en</strong> tant<br />

que chef de garde inc<strong>en</strong>die, p<strong>en</strong>dant<br />

3 ans.<br />

Puis il est affecté à la 12 e compagnie,<br />

c<strong>en</strong>tre de secours MENILMONTANT , <strong>en</strong><br />

tant qu’adjoint au commandant de compagnie,<br />

puis <strong>en</strong> tant que CDU.<br />

Il quitte son commandem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> 2003 et<br />

est affecté à l’état-major du 1 er groupem<strong>en</strong>t<br />

d’inc<strong>en</strong>die. Il intégrera la 120 e promotion<br />

du cours supérieur d’état-major<br />

<strong>en</strong> janvier 2007.<br />

<strong>Le</strong> capitaine (TA) BOUTOLLEAU est issu<br />

de l’EMIA, promotion capitaine MAINE<br />

(1993-1995).<br />

S A P E U R<br />

LE COMBAT DU FEU EN ZONE URBAINE :<br />

OCT-NOV 2005 DANS LE 93<br />

Plus de 3300 véhicules inc<strong>en</strong>diés, 14 des<br />

plus gros inc<strong>en</strong>dies de la Brigade de<br />

<strong>Sapeur</strong>s-Pompiers de Paris, 13 sapeurs<br />

pompiers blessés suite à des agressions<br />

directes, 56 <strong>en</strong>gins <strong>en</strong>dommagés, voilà<br />

le bilan-choc que l’on pourrait livrer des<br />

viol<strong>en</strong>ces urbaines qui ont frappé du<br />

27 octobre au 12 novembre 2005. La quasitotalité<br />

du personnel des trois groupem<strong>en</strong>ts<br />

d’inc<strong>en</strong>die, soit 4300 <strong>militaire</strong>s sur<br />

les 8000 que compte la Brigade, a été<br />

impliquée une nouvelle fois dans ce type<br />

d’opération particulière, à la limite de la<br />

guérilla urbaine, où les voitures brûl<strong>en</strong>t<br />

dans les rues, où les sapeurs-pompiers<br />

intervi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t sous protection policière<br />

et où les projectiles fus<strong>en</strong>t.<br />

Lors du précéd<strong>en</strong>t épisode (juin 2001),<br />

le phénomène avait été localisé à une<br />

seule cité de la Seine-Saint-D<strong>en</strong>is et<br />

avait duré six nuits. Cette fois, la viol<strong>en</strong>ce<br />

est montée d’un cran : plus ét<strong>en</strong>due<br />

(presque toute la petite couronne), plus<br />

longue (12 nuits d’affilée), plus int<strong>en</strong>se.<br />

FIBUA : Firefighting In Built-Up Areas ?<br />

The last ev<strong>en</strong>ts in Seine-Saint-D<strong>en</strong>is have testified that an important milestone in viol<strong>en</strong>ce<br />

was overtak<strong>en</strong> wh<strong>en</strong> using lethal weapons against police forces. Systematic<br />

harassm<strong>en</strong>t of the emerg<strong>en</strong>cy services through physical aggression, destruction of<br />

numerous warehouses and thousands of vehicles have resulted from heavy anger<br />

against every repres<strong>en</strong>tation of the State authority in a democracy.<br />

Th<strong>en</strong>, the Paris Fire Brigade SOPs for urban unrest have become a blueprint for emerg<strong>en</strong>cy<br />

organization during riots. It will become a zonal emerg<strong>en</strong>cy plan on the AOR of<br />

the Fire Brigade. Therefore, new steps are tak<strong>en</strong> as for dealing with emerg<strong>en</strong>cy calls or<br />

leading the overall operation.<br />

Everyone must preserve the firefighter resource, worn out by the l<strong>en</strong>gth of such operations<br />

and disabled with such mugging against m<strong>en</strong> and wom<strong>en</strong> dedicated to serve<br />

their fellow citiz<strong>en</strong>.<br />

- 31 -<br />

Si le fait générateur des agitations sur<br />

le secteur de la 14 e compagnie est clair<br />

(le décès de deux jeunes à Clichy/Bois),<br />

la flambée de viol<strong>en</strong>ce qui s’est ét<strong>en</strong>due<br />

à l’<strong>en</strong>semble du départem<strong>en</strong>t peut<br />

s’expliquer par un souci de mimétisme,<br />

de médiatisation et de défi à l’autorité<br />

républicaine.<br />

De tels événem<strong>en</strong>ts boulevers<strong>en</strong>t nos<br />

conceptions traditionnelles et port<strong>en</strong>t<br />

atteinte à la vie économique et sociale<br />

de quartiers <strong>en</strong>tiers.<br />

Pr<strong>en</strong>dre <strong>en</strong> compte le phénomène, <strong>en</strong><br />

connaître les caractéristiques propres,<br />

<strong>en</strong> déduire les modes opératoires <strong>en</strong><br />

fonction des niveaux de viol<strong>en</strong>ce, tels<br />

sont les <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts qui ont permis à<br />

la Brigade de sapeurs-pompiers de Paris<br />

d’améliorer les normes d’<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t<br />

et, partant, la sécurité de nos interv<strong>en</strong>tions<br />

et de notre personnel lors de ces<br />

nuits agitées.


VIOLENCE ET GRANDS ENSEMBLES<br />

URBAINS<br />

La viol<strong>en</strong>ce urbaine, <strong>en</strong> tant que telle, n’a<br />

été prise <strong>en</strong> compte par les services de<br />

l’État qu’au début des années 1990. En<br />

2001, la BSPP, confrontée brutalem<strong>en</strong>t à ce<br />

phénomène, a été jusqu’à chercher chez<br />

ses collègues de Belfast une expéri<strong>en</strong>ce<br />

dont elle ne disposait pas jusqu’alors.<br />

Depuis, les R<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts Généraux ont<br />

classé les différ<strong>en</strong>tes manifestations de la<br />

viol<strong>en</strong>ce urbaine <strong>en</strong> 8 niveaux (ci-contre).<br />

État des lieux<br />

<strong>Le</strong>s cités s<strong>en</strong>sibles ont toutes été édifiées<br />

dans les années 1960, avec le souci<br />

architectural de rétablir un s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t de<br />

communauté humaine, à défaut de créer<br />

un « esprit village ». Ainsi, les <strong>en</strong>trées<br />

des bâtim<strong>en</strong>ts sont-elles généralem<strong>en</strong>t<br />

ori<strong>en</strong>tées vers l’intérieur de la cité, les<br />

routes périphériques sont rares, les cheminem<strong>en</strong>ts<br />

sont sinueux et les espaces<br />

verts sont relativem<strong>en</strong>t nombreux, avec<br />

une forte prés<strong>en</strong>ce de talus, visant à<br />

créer une certaine intimité.<br />

<strong>Le</strong>s bâtim<strong>en</strong>ts sont généralem<strong>en</strong>t de grande<br />

taille (<strong>en</strong>tre 28 et 50 mètres de hauteur donc<br />

de 4 e famille) et ne sont, généralem<strong>en</strong>t, plus<br />

aux normes de sécurité inc<strong>en</strong>die. Afin de<br />

compléter cette recherche de s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t<br />

id<strong>en</strong>titaire, l’installation de commerçants a<br />

été <strong>en</strong>couragée par les pouvoirs publics.<br />

De véritables zones de vie pr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t donc<br />

pied <strong>en</strong> bas des immeubles : magasins, aires<br />

de jeux, salles associatives et de culte…<br />

On peut mesurer aujourd’hui à quel point<br />

la volonté des urbanistes s’est retournée<br />

dans un s<strong>en</strong>s diamétralem<strong>en</strong>t opposé à<br />

l’effet recherché ! En effet, les cités, pas<br />

aussi radieuses que l’avait imaginé <strong>Le</strong><br />

Corbusier, sont dev<strong>en</strong>ues des camps<br />

retranchés où le droit d’<strong>en</strong>trer se négocie.<br />

<strong>Le</strong>s bâtim<strong>en</strong>ts ont mal vieilli, par défaut<br />

d’<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> et par détérioration volontaire<br />

de l’existant. <strong>Le</strong> vieillissem<strong>en</strong>t prématuré<br />

des installations a contribué <strong>en</strong>suite au<br />

s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t d’insécurité ou, à tout le<br />

moins, de malaise de populations de<br />

moins <strong>en</strong> moins volontaires pour vivre<br />

dans cet univers artificiel. <strong>Le</strong>s sociologues<br />

s’accord<strong>en</strong>t aujourd’hui à reconnaître que<br />

le type même de cette architecture<br />

génère égalem<strong>en</strong>t, par lui-même, des<br />

comportem<strong>en</strong>ts agressifs.<br />

Il n’y a qu’à s’av<strong>en</strong>turer dans ces<br />

<strong>en</strong>sembles pour mesurer l’ét<strong>en</strong>due des<br />

S A P E U R<br />

Degré Manifestations<br />

Nombre de quartiers<br />

concernés <strong>en</strong> 1997<br />

1 Petits groupes.<br />

Vandalisme, vol à l’étalage.<br />

Dégradation de l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t.<br />

Pillage, intimidation sur les commerçants.<br />

Racket et vol sur les écoliers.<br />

Rodéos de voitures volées avec inc<strong>en</strong>die à l’issue.<br />

Affrontem<strong>en</strong>t et règlem<strong>en</strong>t de compte <strong>en</strong>tre bandes rivales. 439<br />

2 Agressions verbales et gestuelles ceux qui symbolis<strong>en</strong>t la réussite ou l’autorité<br />

(police, pompiers, chauffeurs de bus, facteurs, <strong>en</strong>seignants).<br />

Attaque furtive contre des locaux de police ou de g<strong>en</strong>darmerie.<br />

Vandalisme contre les écoles, notamm<strong>en</strong>t lorsqu’il y a eu exclusion, mauvaises notes ou punitions. 143<br />

3 Agressions physiques contre les porteurs d’uniforme et les représ<strong>en</strong>tants de l’ordre scolaire.<br />

4 Protestation de manifestants contre une interv<strong>en</strong>tion de police dans un quartier.<br />

M<strong>en</strong>ace téléphonique aux familles de policiers.<br />

Jets de pierre sur les voitures de patrouille et les <strong>en</strong>gins de secours.<br />

Manifestation devant les commissariats. 167<br />

5 Regroupem<strong>en</strong>ts agressifs et vindicatifs de jeunes.<br />

Invasion de commissariats pour libérer un suspect.<br />

Développem<strong>en</strong>t visible de recel et des trafics de drogue.<br />

Mise <strong>en</strong> place d’une économie parallèle.<br />

Amplification de la toxicomanie.<br />

6 Agressions physiques contre des policiers qui reçoiv<strong>en</strong>t des cocktails molotov, sont attirés dans des pièges<br />

par de faux appels téléphoniques, des inc<strong>en</strong>dies volontaires ou des rodéos automobiles. 21<br />

7 Mini-émeute.<br />

Escalade de viol<strong>en</strong>ce brève et sans l<strong>en</strong>demain. Pot<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t tous.<br />

8 Émeute (plusieurs jours) avec affrontem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> règle des forces de l’ordre et des institutionnels. Pot<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t tous.<br />

Source : Viol<strong>en</strong>ces urbaines, des vérités qui dérang<strong>en</strong>t – L. BUI TRONG – Éd. Fayard.<br />

dégâts. On ne compte plus, <strong>en</strong> effet, le<br />

nombre de locaux vide-ordures marqués<br />

par les inc<strong>en</strong>dies à répétition, les carcasses<br />

de véhicules brûlés, les portes<br />

d’immeubles forcées, les vitres fracturées,<br />

les murs souillés de tags <strong>en</strong> tous<br />

g<strong>en</strong>res… <strong>Le</strong>s commerçants ont déserté<br />

les lieux et les services publics (EDF,<br />

GDF, La Poste) intervi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t avec parcimonie<br />

et sont la cible de malveillances<br />

importantes et coûteuses.<br />

<strong>Le</strong>s jeunes qui habit<strong>en</strong>t dans ces cités ne<br />

sont pas tous des délinquants, loin s’<strong>en</strong><br />

faut. Mais une part infime de cette<br />

jeunesse conc<strong>en</strong>tre sur elle toute la délinquance,<br />

sous toutes ces formes. Sans<br />

chercher à dramatiser la situation, il faut<br />

bi<strong>en</strong> être persuadé que les trafics ne<br />

concern<strong>en</strong>t pas que les stupéfiants et les<br />

voitures. Il convi<strong>en</strong>t d’y ajouter les trafics<br />

-32 -<br />

d’armes, la prostitution, l’extorsion…<br />

Une véritable économie souterraine se<br />

développe, économie qui a besoin de<br />

calme. <strong>Le</strong>s aînés se charg<strong>en</strong>t donc de lutter<br />

contre la petite délinquance qui attire<br />

égalem<strong>en</strong>t les forces de l’ordre.<br />

On assiste égalem<strong>en</strong>t à une montée du<br />

communautarisme, avec une emprise<br />

plus ou moins forte de la religion, selon<br />

les zones. L’errance à toute heure du jour<br />

et de la nuit, le refus d’aller à l’école,<br />

ainsi que le rejet des institutions plac<strong>en</strong>t<br />

rapidem<strong>en</strong>t les jeunes <strong>en</strong> position<br />

d’échec scolaire. L’école n’a plus la maîtrise<br />

sur ceux-ci. Certains sont même<br />

parfois non-francophones. <strong>Le</strong>s par<strong>en</strong>ts,<br />

quant à eux, pein<strong>en</strong>t à exercer leur autorité<br />

par<strong>en</strong>tale, souv<strong>en</strong>t déléguée à un<br />

« grand frère », lui-même piètre exemple<br />

pour les plus jeunes.


Enfin, du point de vue des policiers, les<br />

suites judiciaires de leur travail ne sont<br />

pas toujours à la hauteur de leurs espérances.<br />

<strong>Le</strong>s tribunaux compét<strong>en</strong>ts sont<br />

souv<strong>en</strong>t saturés, regroupant dans leur<br />

ressort une grosse conc<strong>en</strong>tration de<br />

cités dites s<strong>en</strong>sibles.<br />

<strong>Le</strong>s formes de la viol<strong>en</strong>ce<br />

La viol<strong>en</strong>ce est, hélas, familière du<br />

sapeur-pompier. Celle-ci se construit<br />

ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t autour d’un rapport de<br />

force <strong>en</strong>tre l’Institution et le fauteur de<br />

troubles.<br />

En juin 2001, la cité des Beaudottes à<br />

Sevran a ainsi été le théâtre d’émeutes<br />

(degré 8) six nuits durant. Plusieurs véhicules<br />

de police et de sapeurs-pompiers<br />

ont été <strong>en</strong>dommagés. Cette viol<strong>en</strong>ce<br />

s’est prolongée <strong>en</strong> juillet, à Aulnay-sous-<br />

Bois, avec la charge d’un véhicule de<br />

chantier volé contre un fourgon de<br />

sapeurs-pompiers qui interv<strong>en</strong>ait pour<br />

éteindre l’inc<strong>en</strong>die d’une PMI, dans<br />

laquelle une femme était prisonnière des<br />

flammes.<br />

Nous pouvons aussi évoquer, pour<br />

mémoire, les attaques à la voiture-bélier<br />

contre des <strong>en</strong>gins de secours, le tir avec<br />

un pistolet à gr<strong>en</strong>ailles, les embuscades,<br />

les agressions <strong>en</strong> règle, dont les conséqu<strong>en</strong>ces<br />

physiques (jours d’incapacité<br />

totale de travail) sont toujours (heureusem<strong>en</strong>t,<br />

dans une certaine mesure)<br />

moins importantes que les conséqu<strong>en</strong>ces<br />

psychologiques ou éthiques<br />

pour le sauveteur et sa famille.<br />

Ces nuits tragiques sont relayées par<br />

celles d’octobre et novembre 2005 sur<br />

l’<strong>en</strong>semble de la Seine-Saint-D<strong>en</strong>is, dont<br />

les conséqu<strong>en</strong>ces sont énormes : de<br />

nombreuses <strong>en</strong>treprises <strong>en</strong> chômage<br />

technique, des infrastructures scolaires<br />

inutilisables, des commerces détruits…<br />

SAPEUR-POMPIER PENDANT LES<br />

VIOLENCES URBAINES<br />

<strong>Le</strong> 1 er groupem<strong>en</strong>t d’inc<strong>en</strong>die a, le premier,<br />

pris <strong>en</strong> compte la question des<br />

troubles urbains, <strong>en</strong> apportant une<br />

réponse opérationnelle à ces événem<strong>en</strong>ts,<br />

lesquels, désormais, se répèt<strong>en</strong>t<br />

traditionnellem<strong>en</strong>t les nuits de 14 juillet<br />

et de 31 décembre.<br />

<strong>Le</strong>s travaux conduits depuis 1996 ont<br />

abouti <strong>en</strong> 2005 à l’adoption d’un plan<br />

S A P E U R<br />

« troubles urbains » au niveau de la<br />

BSPP, qui comporte 3 niveaux :<br />

- Vigilance (niveau vert) ;<br />

- Alerte (niveau orange) ;<br />

- Décl<strong>en</strong>chem<strong>en</strong>t du plan (niveau rouge).<br />

Lorsque le nombre de feux criminels,<br />

notamm<strong>en</strong>t sur voie publique, augm<strong>en</strong>te<br />

de manière significative et que le décl<strong>en</strong>chem<strong>en</strong>t<br />

du plan est décidé, il est défini<br />

une zone d’<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t composée des<br />

quartiers concernés par ces actes, dans<br />

lesquels les secours intervi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t après<br />

sécurisation de la zone par la police, et<br />

lorsque le feu prés<strong>en</strong>te un risque d’ext<strong>en</strong>sion<br />

(une poubelle située sur la voie<br />

publique et ne m<strong>en</strong>açant aucun bâtim<strong>en</strong>t<br />

s’éteindra d’elle-même par manque de<br />

combustible et ne justifie pas la prise de<br />

risque de l’<strong>en</strong>voi de secours).<br />

Lorsque deux jeunes ont péri dans un<br />

transformateur à Clichy-sous-Bois, il dev<strong>en</strong>ait<br />

évid<strong>en</strong>t que cette commune allait être<br />

le théâtre de scènes de viol<strong>en</strong>ces urbaines<br />

« classiques ». L’ext<strong>en</strong>sion départem<strong>en</strong>tale,<br />

puis quasi-nationale qui a suivi était moins<br />

prévisible.<br />

Très rapidem<strong>en</strong>t, un officier de perman<strong>en</strong>ce<br />

par compagnie a été dédié au suivi<br />

des opérations du plan. Deux chaînes de<br />

commandem<strong>en</strong>t parallèles coexistai<strong>en</strong>t<br />

donc : celle traitant les interv<strong>en</strong>tions courantes<br />

et celle, dite « de délestage »,<br />

dédiée au plan « troubles urbains ».<br />

Une soudaine flambée de viol<strong>en</strong>ce a<br />

frappé le secteur du 1 er groupem<strong>en</strong>t d’inc<strong>en</strong>die,<br />

<strong>en</strong>traînant de nombreux inc<strong>en</strong>dies<br />

majeurs (garage, <strong>en</strong>trepôts, écoles,<br />

gymnase…) et de très nombreuses nuits<br />

blanches pour les hommes et les<br />

femmes de la BSPP.<br />

-33 -<br />

<strong>Le</strong> dispositif a été reconduit chaque nuit,<br />

douze fois de suite. La fatigue s’accumulait,<br />

mais l’expéri<strong>en</strong>ce de 2001 a appris<br />

qu’il fallait durer. L’<strong>en</strong>chaînem<strong>en</strong>t des<br />

nuits blanches risquant d’<strong>en</strong>traîner des<br />

accid<strong>en</strong>ts, il était impératif de prévoir<br />

des relèves et de tempérer la fougue du<br />

personnel de repos s’étant spontaném<strong>en</strong>t<br />

porté volontaire pour épauler leurs<br />

camarades. Lorsque les viol<strong>en</strong>ces se<br />

r<strong>en</strong>ouvell<strong>en</strong>t plusieurs jours, l’organisation<br />

de la vie du c<strong>en</strong>tre de secours doit<br />

être revue, avec la mise <strong>en</strong> place de<br />

repos <strong>en</strong> journée, la préparation logistique<br />

de la nuit, la remise <strong>en</strong> état des<br />

<strong>en</strong>gins et les mesures de sécurisation<br />

croissantes de nos infrastructures (plusieurs<br />

c<strong>en</strong>tres de secours ont été la cible<br />

de bandes organisées, m<strong>en</strong>açant directem<strong>en</strong>t<br />

les ménages y résidant).<br />

L’int<strong>en</strong>sité et le nombre des interv<strong>en</strong>tions<br />

ne faiblissant pas, le général commandant<br />

la Brigade décida, pour la première<br />

fois dans l’histoire de la Brigade,<br />

de demander, <strong>en</strong> r<strong>en</strong>forcem<strong>en</strong>t, des<br />

colonnes de sapeurs-pompiers civils<br />

(6 colonnes ont été <strong>en</strong>voyées, chaque<br />

colonne étant l’équival<strong>en</strong>t d’une compagnie).<br />

L’état-major de la Brigade a été<br />

réellem<strong>en</strong>t utilisé <strong>en</strong> tant que PC OPS,<br />

durant une semaine <strong>en</strong>tière. Toutes les<br />

cellules composant traditionnellem<strong>en</strong>t<br />

un PC OPS ont été activées (même celle<br />

MANFUT), armées par bordées par les<br />

cadres des différ<strong>en</strong>tes sections.<br />

Au bilan, treize sapeurs, blessés légers,<br />

seront à déplorer. Du côté des dégâts<br />

matériels, le bilan est beaucoup plus<br />

lourd. De très nombreux <strong>en</strong>gins sont<br />

<strong>en</strong>dommagés et nécessiteront de lourdes<br />

réparations. La protection, par film antiexplosion,<br />

des vitres de la totalité des<br />

<strong>en</strong>gins de la Brigade est décidée.


<strong>Le</strong>s officiers de perman<strong>en</strong>ce des compagnies<br />

feront le point des dégâts <strong>en</strong>durés<br />

par le personnel et les véhicules et <strong>en</strong>gageront<br />

la procédure cont<strong>en</strong>tieuse, par un<br />

dépôt de plainte initial au nom de la<br />

Brigade. Cette étape est ess<strong>en</strong>tielle, car<br />

elle est la seule qui témoigne administrativem<strong>en</strong>t<br />

des incivilités à l’<strong>en</strong>contre<br />

des sapeurs-pompiers.<br />

CONCLUSION<br />

Au-delà des séquelles que ces événem<strong>en</strong>ts<br />

laisseront sur nos <strong>en</strong>gins et dans<br />

l’esprit de nos sapeurs-pompiers, ce<br />

sont surtout les familles logées dans les<br />

casernes concernées, qui ont le plus<br />

S A P E U R<br />

souffert. En effet, c’est maint<strong>en</strong>ant un<br />

long travail qui comm<strong>en</strong>ce, afin de restaurer<br />

la confiance des ménages, ainsi<br />

que celle des jeunes des cités à l’égard<br />

de leurs pompiers. <strong>Le</strong>s m<strong>en</strong>aces et les<br />

intimidations, notamm<strong>en</strong>t à l’école à<br />

l’<strong>en</strong>contre des <strong>en</strong>fants des pompiers,<br />

continueront <strong>en</strong>core quelques semaines,<br />

perturbant la scolarité des <strong>en</strong>fants.<br />

Enfin, nul doute que l’expéri<strong>en</strong>ce de la<br />

BSPP dans ce domaine peut être d’une<br />

utilité certaine pour l’armée de terre.<br />

Celle-ci a, d’ailleurs, bi<strong>en</strong> compris son<br />

intérêt, <strong>en</strong> associant des officiers de la<br />

brigade au groupe de travail concernant<br />

le CENZUB (piloté par le CFAT).<br />

- 34 -<br />

Bibliographie.<br />

• Guide d’interv<strong>en</strong>tion du sauveteur : victimes,<br />

viol<strong>en</strong>ces, secours - Loïc<br />

CADIOU - Editions Estem, De Boeck<br />

Diffusion - 2005 (notamm<strong>en</strong>t le chapitre<br />

30).<br />

• Viol<strong>en</strong>ces urbaines, des vérités qui<br />

dérang<strong>en</strong>t - Luci<strong>en</strong>ne BUI TRONG -<br />

Paris : Bayard éditions - 2000.<br />

• Viol<strong>en</strong>ces : les racines du mal - Gordes :<br />

<strong>Le</strong> Relié - 2002.<br />

• <strong>Le</strong>s racines de la viol<strong>en</strong>ce : de l’émeute<br />

au communautarisme - Paris : éditions<br />

Louis Audibert - 2003.<br />

• Viol<strong>en</strong>ces et insécurités urbaines -<br />

Alain BAUER, Xavier RAUFER - PUF<br />

« Que sais-je ? » - 1999.<br />

• La dim<strong>en</strong>sion cachée - Edward T. HALL.


S A P E U R<br />

La sauvegarde-pr<br />

sauvegarde-protection<br />

otection<br />

des forces forces<br />

La protection-sauvegarde sur une base aéri<strong>en</strong>ne projetée .................................................................................................. COL BILBAULT ........................................................ 37<br />

Protéger nos stationnem<strong>en</strong>ts contre les att<strong>en</strong>tats à l’explosif ............................................................................................ COL LORIDAN<br />

LCL MARTIN ............................................................ 41<br />

Pour une approche globale de la sauvegarde-protection ...................................................................................................... LCL (TA) SOUCASSE .......................................... 45<br />

<strong>Le</strong> rôle du <strong>génie</strong> de l’air dans la sauvegarde-protection <strong>en</strong> opérations extérieures .................................................. LCL CHAPELLE........................................................ 49<br />

<strong>Le</strong> RGBIA dans la mission de protéger les forces <strong>en</strong> 2005 .................................................................................................... LCL KIRSCHER ........................................................ 53<br />

Opération CALAO : <strong>Le</strong> 5 e RG <strong>en</strong> Côte d’Ivoire : acteur de la fonction AGESTER CBA ANDRIAMOLISON<br />

ou simple prestataire de service ? .................................................................................................................................................... CNE MACHELON .................................................. 57<br />

Concept ISOPEX et sauvegarde-protection .................................................................................................................................. CBA MERCURY ...................................................... 61<br />

Montage d’un poste de combat de type HESCO BASTION .................................................................................................. CNE FOUQUET ...................................................... 65<br />

Côte d’Ivoire : Retour d’expéri<strong>en</strong>ce <strong>en</strong> sauvegarde-protection .......................................................................................... CNE GEROUDET .................................................... 69<br />

- 35 -


S A P E U R<br />

- 36 -


Colonel<br />

Bernard<br />

BILBAULT<br />

<strong>Le</strong> colonel BILBAULT est chef du bureau<br />

infrastructure <strong>en</strong> opération de l’armée<br />

de l’air depuis 2002.<br />

Originaire de l’EMIA (73-74), il a servi<br />

aux 71 e RG (chef de section), 32 e RG<br />

(commandant d’unité), 1 er RG (chef de<br />

BOI) et 10 e RG (chef de corps).<br />

Stagiaire de la 101 e promotion de l’ESG,<br />

il a commandé la promotion 93-95 de<br />

l’EMIA.<br />

Avant d’occuper son poste actuel, il a<br />

t<strong>en</strong>u les fonctions successives de DEP et<br />

de DGF à l’ESAG.<br />

S A P E U R<br />

LA PROTECTION-SAUVEGARDE<br />

SUR UNE BASE AÉRIENNE PROJETÉE<br />

The Fr<strong>en</strong>ch Air Force (FAF) capability to s<strong>en</strong>d far and fast troops fully fitted with their<br />

logistics, and fire systems thanks to never-<strong>en</strong>ded upgraded aircraft is balanced by the<br />

vulnerability of the air base.<br />

Fr<strong>en</strong>ch Air Force has defined three differ<strong>en</strong>t types of DOB with a 400, 800, 1500 m<strong>en</strong><br />

str<strong>en</strong>gth, to perform the deploym<strong>en</strong>ts of the immediate reaction force (FRI), the rapid<br />

reaction force (FRR), and the main reaction force (FAT).<br />

Nowadays the deployable air base (DOB) may have to be deployed in a versatile threat<br />

<strong>en</strong>vironm<strong>en</strong>t. If therefore the main task of air <strong>en</strong>gineer support units was rapid<br />

runway repair, the curr<strong>en</strong>t needs of a DOB abroad lead to shift the air sapper skills to<br />

protection and survivability knowledges. So, these units can either reinforce the air<br />

force protection or <strong>en</strong>sure themselves the def<strong>en</strong>se of the DOB as they did during the<br />

ARTEMIS-MAMBA operation in BUNIA.<br />

As preceding, the concept of « soldier - sapper - specialist » occures fully relevant.<br />

Ev<strong>en</strong> if the measures described are not novelties, the task to accomplish is hugefull.<br />

A DOB is larger than a traditional one thousand m<strong>en</strong> fr<strong>en</strong>ch post plus aeronautic areas<br />

with logistic points, which matches with a three to five square km area. The preparation<br />

of the deploym<strong>en</strong>t is an ess<strong>en</strong>tial stage and the decisions have to be made accurately.<br />

The protection and survivability have to be the very first concern during the decision<br />

making process concerning the DOB deploym<strong>en</strong>t type forward operational base (FOB).<br />

Si l’armée de l’air a la capacité de porter,<br />

vite et loin, les hommes et le feu grâce à<br />

des vecteurs performants aux capacités<br />

sans cesse améliorées, la base aéri<strong>en</strong>ne<br />

est son talon d’Achille, comme le faisait<br />

remarquer récemm<strong>en</strong>t le général (2S)<br />

Copel 1 .<br />

Il <strong>en</strong> était ainsi au temps de la guerre<br />

froide, où il s’agissait d’assurer la viabilité<br />

des aires aéronautiques pour permettre<br />

l’emploi de la force aéri<strong>en</strong>ne,<br />

notamm<strong>en</strong>t celui de la force nucléaire ;<br />

1) Un p<strong>en</strong>seur bi<strong>en</strong> connu de l’armée de l’air<br />

- 37 -<br />

il <strong>en</strong> est de même aujourd’hui avec les<br />

bases aéri<strong>en</strong>nes projetées (BAP) susceptibles<br />

d’être mises <strong>en</strong> œuvre dans un<br />

<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t de m<strong>en</strong>ace multiforme.<br />

Si alors, la mission quasi-exclusive du<br />

<strong>génie</strong> de l’air était la réparation rapide<br />

de piste, aujourd’hui le bon fonctionnem<strong>en</strong>t<br />

d’une BAP <strong>en</strong> OPEX conduit à<br />

réori<strong>en</strong>ter ses savoir-faire, et plus<br />

précisém<strong>en</strong>t dans le domaine de la<br />

«protection - sauvegarde ».


Après avoir défini les conditions de mise<br />

<strong>en</strong> œuvre d’une BAP, puis examiné ses<br />

vulnérabilités et les m<strong>en</strong>aces <strong>en</strong>courues,<br />

il sera précisé la nature de l’appui que<br />

peut apporter le <strong>génie</strong> de l’air, <strong>en</strong> coopération<br />

avec les compagnies d’infrastructure<br />

opérationnelle (CIO) de l’armée de l’air, <strong>en</strong><br />

terme de protection et de sauvegarde, dès<br />

lors qu’il ne peut être <strong>en</strong>visagé de faire<br />

appel à des unités spécialisées du <strong>génie</strong><br />

de théâtre <strong>en</strong>gagées par ailleurs.<br />

*<br />

CADRE GÉNÉRAL DE MISE EN<br />

ŒUVRE DES BAP<br />

Faute d’un corpus doctrinal aussi structuré<br />

que celui de notre CDEF, l’armée de<br />

l’air ne dispose pas <strong>en</strong>core aujourd’hui<br />

de concept et de doctrine relatifs à la<br />

BAP. Au mieux s’appuie-t-elle actuellem<strong>en</strong>t<br />

sur un besoin capacitaire défini par<br />

l’EMA, lui imposant d’être apte à mettre<br />

<strong>en</strong> œuvre 1 à 3 BAP (400/800/1500 h) sur<br />

différ<strong>en</strong>ts théâtres afin d’assurer le<br />

déploiem<strong>en</strong>t progressif d’une force de<br />

réaction immédiate (FRI), puis celui<br />

d’une force de réaction rapide (FRR) et<br />

<strong>en</strong>fin celui d’une force de réaction à<br />

temps (FAT), les conditions <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>tales<br />

n’étant pas définies.<br />

Aussi, à la lumière des OPEX de ces<br />

15 dernières années, <strong>français</strong>es ou<br />

alliées, il est possible de ret<strong>en</strong>ir les<br />

constantes majeures suivantes :<br />

a) trois types de BAP peuv<strong>en</strong>t être définis :<br />

- les bases principales ou Main<br />

Operating Bases (MOB), accueillant<br />

ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t des avions de<br />

combat ainsi que des ravitailleurs<br />

et des ATS2 , situées assez loin des<br />

zones d’opération sur des sites<br />

alliés ou amis et qui permett<strong>en</strong>t à<br />

nos chasseurs, avec un minimum<br />

de contraintes, la maîtrise du ciel<br />

et l’action contre des objectifs au<br />

sol (Al Kharj, Istrana) ;<br />

- les bases avancées ou Forward<br />

Operating Bases (FOB), accueillant<br />

quasi exclusivem<strong>en</strong>t des avions de<br />

transport et des hélicoptères,<br />

situées sur le théâtre au plus près<br />

des zones d’<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t des<br />

forces terrestres, afin d’acheminer<br />

le personnel et les matériels et<br />

d’assurer les opérations logistiques<br />

(Kaboul, Sarajevo, Bunia) ;<br />

2) Avions de transport stratégiques<br />

S A P E U R<br />

- les bases « mixtes », qui constitu<strong>en</strong>t<br />

le plus généralem<strong>en</strong>t des points<br />

d’<strong>en</strong>trée du théâtre (AIRPORT OF<br />

DEBARKATION - APOD) et sont<br />

situées dans un pays voisin de la<br />

zone d’<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t (Entebbé,<br />

Douchanbé).<br />

N.B. : En dépit d’une m<strong>en</strong>ace de nature<br />

terroriste jamais à négliger du fait des<br />

opérations, la vulnérabilité des MOB et<br />

des APOD reste très limitée, au regard de<br />

leur site d’implantation. Aussi sera-t-il<br />

considéré uniquem<strong>en</strong>t le cas des FOB,<br />

l’expéri<strong>en</strong>ce américaine et britannique<br />

<strong>en</strong> Irak montrant la nécessité de mesures<br />

de protection-sauvegarde conséqu<strong>en</strong>tes.<br />

b) pour être au plus près des zones<br />

urbaines, où œuvr<strong>en</strong>t le plus souv<strong>en</strong>t<br />

les forces terrestres, ces BAP<br />

s’appui<strong>en</strong>t de préfér<strong>en</strong>ce sur une<br />

infrastructure existante, généralem<strong>en</strong>t<br />

un aéroport civil, car situé le<br />

plus couramm<strong>en</strong>t à la périphérie,<br />

voire à l’intérieur, des zones urbaines.<br />

Toutefois l’utilisation d’une emprise<br />

existante un peu plus éloignée (ex. :<br />

base aéri<strong>en</strong>ne située à 50 à 100 km<br />

de la zone urbaine) reste à privilégier<br />

afin de limiter une vulnérabilité liée<br />

à la proximité urbaine.<br />

c) les infrastructures utilisées sont<br />

souv<strong>en</strong>t dégradées du fait généralem<strong>en</strong>t<br />

d’opérations antérieures ou<br />

d’un manque d’<strong>en</strong>treti<strong>en</strong>.<br />

*<br />

* *<br />

- 38 -<br />

VULNÉRABILITÉS, MENACES<br />

Vulnérabilités<br />

<strong>Le</strong>s vulnérabilités d’une BAP sont liées<br />

<strong>en</strong> premier lieu à l’accessibilité de l’emprise.<br />

Ainsi :<br />

- la zone <strong>en</strong>vironnante, pour ce qu’elle<br />

offre de lieux de dissimulation et<br />

d’emplacem<strong>en</strong>ts de tir,<br />

- les accès routiers, véritables points<br />

de passage obligés où transit<strong>en</strong>t<br />

tous types de mouvem<strong>en</strong>ts <strong>en</strong>trants<br />

et sortants,<br />

- la clôture périphérique dont l’intégrité<br />

est le premier élém<strong>en</strong>t antiintrusion,<br />

- les réseaux souterrains év<strong>en</strong>tuels.<br />

La planéité d’une BAP constitue un autre<br />

facteur de vulnérabilité car elle permet,<br />

par simple vision au ras du sol ou a fortiori<br />

sur tout point <strong>en</strong> surplomb, de<br />

constater l’ag<strong>en</strong>cem<strong>en</strong>t de l’infrastructure<br />

existante et l’<strong>en</strong>semble des mouvem<strong>en</strong>ts<br />

et stationnem<strong>en</strong>ts.<br />

Par ailleurs, les zones à conc<strong>en</strong>tration<br />

perman<strong>en</strong>te ou ponctuelle de personnel<br />

sur la BAP (zone vie, zone OPS, zone de<br />

transit, etc…) doiv<strong>en</strong>t être une préoccupation<br />

majeure du commandem<strong>en</strong>t, <strong>en</strong><br />

raison du nombre important de victimes<br />

pouvant résulter d’une attaque.<br />

Enfin le périmètre et les élongations<br />

internes de l’infrastructure r<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t plus


complexe l’organisation du système<br />

déf<strong>en</strong>sif même si, a contrario, ils favoris<strong>en</strong>t<br />

les possibilités de dispersion des<br />

différ<strong>en</strong>tes implantations <strong>en</strong> les r<strong>en</strong>dant<br />

moins vulnérables.<br />

M<strong>en</strong>aces<br />

L’implantation d’une BAP sur une zone<br />

où une force terrestre est <strong>en</strong>gagée, n’est<br />

concevable que si les opérations <strong>militaire</strong>s<br />

ont abouti au contrôle des c<strong>en</strong>tres<br />

déterminants de l’adversaire et à celui<br />

de la zone d’<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t.<br />

Aussi, si l’on exclut de ce propos les<br />

actions contre les appareils au décollage<br />

ou <strong>en</strong> approche finale, pour lesquelles la<br />

parade relève de leur auto-protection, et<br />

celles <strong>en</strong> prov<strong>en</strong>ance d’aéronefs hostiles,<br />

traitées par les unités sol-air, les m<strong>en</strong>aces<br />

à considérer sont ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t liées<br />

au fait terroriste.<br />

Ainsi convi<strong>en</strong>t-il de pr<strong>en</strong>dre <strong>en</strong> compte :<br />

- les t<strong>en</strong>tatives d’intrusion par les<br />

accès et les ouvertures existantes ou<br />

créées dans la clôture ;<br />

- les actions contre les convois au<br />

mom<strong>en</strong>t de leur <strong>en</strong>trée ou sortie de<br />

la BAP ;<br />

- les tirs directs aux armes légères d’infanterie<br />

effectués par des snippers<br />

ou groupes armés ;<br />

- les tirs semi-directs ou courbes (mortiers<br />

de circonstance) ;<br />

- la mise <strong>en</strong> œuvre de moy<strong>en</strong>s RBC<br />

(utilisation des réseaux d’eau) ;<br />

- l’action de foule à l’extérieur, voire à<br />

l’intérieur de la base.<br />

*<br />

* *<br />

LES MESURES DE PROTECTION-<br />

SAUVEGARDE<br />

De ce qui précède, il apparaît clairem<strong>en</strong>t<br />

que le concept « soldat-sapeur-spécialiste<br />

» trouve ici toute sa pertin<strong>en</strong>ce.<br />

Si les missions de spécialistes rest<strong>en</strong>t<br />

valides (mainti<strong>en</strong> de la viabilité des aires<br />

aéronautiques incluant la réparation<br />

rapide de pistes pour le <strong>génie</strong> de l’air,<br />

réalisation d’infrastructure opérationnelle,<br />

eau et énergie pour les CIO), l’appui<br />

du soldat et du sapeur que peuv<strong>en</strong>t<br />

apporter ces unités aux différ<strong>en</strong>ts détachem<strong>en</strong>ts<br />

de l’armée de l’air œuvrant<br />

S A P E U R<br />

sur une BAP est ess<strong>en</strong>tiel, au regard de<br />

leurs compét<strong>en</strong>ces et de leurs capacités.<br />

Au titre du soldat, elles peuv<strong>en</strong>t interv<strong>en</strong>ir<br />

<strong>en</strong> r<strong>en</strong>forcem<strong>en</strong>t des commandos de<br />

l’air pour la déf<strong>en</strong>se de la BAP, voire <strong>en</strong><br />

substitution <strong>en</strong> leur abs<strong>en</strong>ce comme ce<br />

fut le cas à Bunia lors de l’opération<br />

Artémis-Mamba. Un r<strong>en</strong>fort limité doit<br />

pouvoir aussi être apporté dans le<br />

domaine du contrôle des foules, <strong>en</strong> particulier<br />

lors de livraison d’aide humanitaire.<br />

Au titre du sapeur, ces unités d’infrastructure<br />

peuv<strong>en</strong>t appuyer les unités<br />

opérationnelles. Ainsi :<br />

- les commandos de l’air, chargés de la<br />

protection-déf<strong>en</strong>se de la BAP, <strong>en</strong> durcissant<br />

les accès par des obstacles<br />

passifs et des corridors, <strong>en</strong> réalisant<br />

des points d’appui, des emplacem<strong>en</strong>ts<br />

de combat et autres fossés, <strong>en</strong><br />

mettant <strong>en</strong> œuvre tout un système<br />

d’éclairage nocturne permettant, à<br />

l’intérieur de la BAP, de détecter plus<br />

facilem<strong>en</strong>t tout mouvem<strong>en</strong>t suspect<br />

autour des zones s<strong>en</strong>sibles et, à l’extérieur,<br />

d’éblouir tout observateur ou<br />

agresseur pot<strong>en</strong>tiel ; il pourra égalem<strong>en</strong>t<br />

être nécessaire de réaliser un<br />

autre accès moins vulnérable que<br />

celui d’origine, avec son raccordem<strong>en</strong>t<br />

au réseau routier ;<br />

- les unités sol-air, ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t <strong>en</strong><br />

embossant leurs systèmes d’armes<br />

(Aspic, Crotale) ;<br />

- les escadrons déployés <strong>en</strong> réalisant<br />

des merlons de protection autour<br />

des aires de stationnem<strong>en</strong>t des aéro-<br />

- 39 -<br />

nefs, rehaussés par des filets ou des<br />

grillages.<br />

<strong>Le</strong>s unités d’infrastructure auront aussi à<br />

agir au profit du COMDETAIR par des<br />

travaux limitant la vulnérabilité de l’infrastructure<br />

telle que les zones :<br />

- OPS (PC OPS, tour de contrôle,<br />

radars, systèmes d’aide à la navigation)<br />

;<br />

- techniques (dépôt de munitions et<br />

de carburant, c<strong>en</strong>trales électriques) ;<br />

- vie (hébergem<strong>en</strong>t, transit, etc.).<br />

Dans ce cadre, les travaux à exécuter<br />

consisteront à cloisonner les différ<strong>en</strong>tes<br />

zones (réalisation de murs, merlons, fossés<br />

et écrans), à durcir l’infrastructure<br />

(toits, planchers, ouvertures), à <strong>en</strong>fouir<br />

év<strong>en</strong>tuellem<strong>en</strong>t le ou les PC <strong>en</strong> incluant<br />

leur approvisionnem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> énergie et<br />

eau.<br />

En outre, la dispersion des installations,<br />

nécessaires pour une moindre vulnérabilité,<br />

doit résulter d’un compromis avec<br />

les contraintes techniques de mise <strong>en</strong><br />

œuvre des différ<strong>en</strong>ts réseaux.<br />

Toutes ces mesures doiv<strong>en</strong>t permettre<br />

l’obt<strong>en</strong>tion d’une bonne protection face<br />

aux tirs directs. Bi<strong>en</strong> qu’elle ne relève<br />

pas des unités d’infrastructure, la combinaison<br />

d’un contrôle de zone à l’extérieur<br />

de la base associé à des systèmes<br />

de contre-mesure devrait réduire s<strong>en</strong>siblem<strong>en</strong>t<br />

la vulnérabilité face aux tirs<br />

indirects.<br />

*<br />

* *


<strong>Le</strong>s mesures préconisées ne sont pas<br />

novatrices, sauf que la tâche est incomm<strong>en</strong>surable.<br />

En effet, une BAP représ<strong>en</strong>te<br />

un gros camp 1000 hommes, plus<br />

S A P E U R<br />

des aires aéronautiques avec leurs servitudes,<br />

sur une surface totale de trois à<br />

cinq kilomètres carré. Tout est alors<br />

affaire de choix au mom<strong>en</strong>t de la<br />

conception de l’opération :<br />

- décision ou non d’implanter une BAP<br />

au plus près ;<br />

- durée d’exist<strong>en</strong>ce de la BAP ;<br />

- prise <strong>en</strong> compte totale ou partielle<br />

des vulnérabilités, avec détermination<br />

d’un niveau de protection acceptable<br />

<strong>en</strong> fonction de la m<strong>en</strong>ace ;<br />

- 40 -<br />

- définition de priorités pour la montée<br />

<strong>en</strong> puissance de la BAP (place<br />

des moy<strong>en</strong>s nécessaires à la protection-sauvegarde<br />

dans le plan d’acheminem<strong>en</strong>t)<br />

;<br />

- r<strong>en</strong>fort des moy<strong>en</strong>s du <strong>génie</strong> de<br />

théâtre.<br />

Aussi, lors du processus de planification<br />

du déploiem<strong>en</strong>t d’une BAP type FOB, la<br />

protection et la sauvegarde doiv<strong>en</strong>t être<br />

la préoccupation ess<strong>en</strong>tielle de l’étatmajor<br />

qui <strong>en</strong> a la charge.


Colonel<br />

Philippe<br />

LORIDAN<br />

Saint-cyri<strong>en</strong> de la promotion Général Lasalle<br />

(79-81), il sert comme lieut<strong>en</strong>ant au 9 e régim<strong>en</strong>t<br />

du <strong>génie</strong> de 82 à 86. Après avoir suivi la<br />

formation du diplôme technique de l'ESGM<br />

de Versailles, il commande à Mont-de-Marsan<br />

la 2 e compagnie du 15 e régim<strong>en</strong>t du <strong>génie</strong> de<br />

l'air puis sert comme chef du bureau d'études<br />

de la direction des travaux du <strong>génie</strong> de Lille.<br />

Admis dans le cycle de l'EMS2 par la voie du<br />

brevet technique, il est in<strong>génie</strong>ur civil des<br />

Ponts et Chaussées et breveté de l'<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t<br />

<strong>militaire</strong> supérieur (CSEM et CID).<br />

Chef des moy<strong>en</strong>s opérationnels du 25 e Régim<strong>en</strong>t<br />

du <strong>génie</strong> de l'air de 1996 à 1998, il<br />

commande ce même régim<strong>en</strong>t de 2001 à 2003.<br />

Chef du bureau maîtrise des coûts du service<br />

technique des bâtim<strong>en</strong>ts, fortifications et travaux<br />

(STBFT) de 1998 à 2001, il y revi<strong>en</strong>t<br />

comme adjoint opérations <strong>en</strong> 2004 et <strong>en</strong> est le<br />

directeur adjoint depuis l'été 2005.<br />

Lieut<strong>en</strong>ant-Colonel<br />

Patrick<br />

MARTIN<br />

Saint-cyri<strong>en</strong> de la promotion de LINARES , il<br />

est affecté successivem<strong>en</strong>t au 32 e RG à Vieux<br />

Brisach, au 5 e RG, à l’École Supérieure du<br />

Génie Militaire, au 10 e RG, à la Direction de<br />

travaux de Paris.<br />

En 1988 il rejoint le STBFT où il participe à la<br />

conception d’ouvrages spécifiques comme<br />

l’infrastructure du missile nucléaire préstratégique<br />

HADES ou le c<strong>en</strong>tre de guerre électronique,<br />

puis rejoint le groupe « Nucléaire<br />

Protection » où il participe à la conception et à<br />

la validation de divers dispositifs de durcissem<strong>en</strong>t<br />

des réseaux stratégiques, aux essais<br />

des magasins de stockage des munitions et à<br />

la rédaction d’ouvrages relatifs à la protection.<br />

Il intègre la DCG pour y servir successivem<strong>en</strong>t<br />

au sein de la sous direction travaux puis de la<br />

sous direction opérations d’infrastructure <strong>en</strong><br />

tant que conducteur d’opérations puis chef de<br />

la section planification.<br />

En 2000 il retrouve le STBFT comme chef<br />

de la section « Protection effets des armes »<br />

puis du bureau « Protection et Sécurité des<br />

Infrastructures ». Il y conduit des études liées à<br />

la sécurité pyrotechnique puis d’autres sur la<br />

protection offerte par l’infrastructure face aux<br />

armes conv<strong>en</strong>tionnelles ou asymétriques <strong>en</strong><br />

opérations extérieures ou <strong>en</strong> métropole.<br />

S A P E U R<br />

PROTÉGER NOS STATIONNEMENTS<br />

CONTRE LES ATTENTATS À L'EXPLOSIF<br />

The soldier has become increasingly a very s<strong>en</strong>sitive resource that has to be preserved<br />

on any theatre of operation. Therefore, protecting him was and remains a main worry<br />

of any commander.<br />

The individual protections, from the breastplate to the latest rec<strong>en</strong>t flak jackets are<br />

more and more effici<strong>en</strong>t. However, the protection wh<strong>en</strong> the soldier is back to the<br />

military compound, has not be<strong>en</strong> so deeply studied.<br />

By this way, the officers, NCO and soldiers are vulnerable wh<strong>en</strong> they are standing at<br />

ease or working in a staff or a workshop.<br />

In this case the infrastructure needs to be adapted in order to face the threat considered<br />

by the commander. So the understanding of the differ<strong>en</strong>t ph<strong>en</strong>om<strong>en</strong>a occurring, and the<br />

way they interact with buildings, is ess<strong>en</strong>tial to design effici<strong>en</strong>t protection systems.<br />

La protection du soldat, lequel représ<strong>en</strong>te<br />

plus que jamais une ressource précieuse<br />

qu'il importe au plus haut point de préserver,<br />

a toujours constitué l'une des préoccupations<br />

principales du commandem<strong>en</strong>t<br />

lors des opérations. Si les moy<strong>en</strong>s<br />

d'améliorer cette protection pour le combattant<br />

<strong>en</strong> action, depuis la cuirasse des<br />

origines jusqu'au gilet pare-éclats de 2006,<br />

ont fait l'objet d'améliorations continues,<br />

la prise <strong>en</strong> compte de cette sauvegarde<br />

sur les lieux de stationnem<strong>en</strong>t n'a pas toujours<br />

été traitée de façon aussi approfondie.<br />

Il y a là une vulnérabilité singulière pour<br />

notre personnel prés<strong>en</strong>t dans les infrastructures,<br />

qu'il se repose dans les cantonnem<strong>en</strong>ts<br />

ou qu'il s'active dans les<br />

états-majors déployés. Compr<strong>en</strong>dre les<br />

phénomènes <strong>en</strong> jeu, et tout particulièrem<strong>en</strong>t<br />

leurs interactions avec l'infrastructure,<br />

doit permettre d'adapter cette dernière<br />

pour minimiser autant que faire se<br />

peut les effets d'un att<strong>en</strong>tat à l'explosif.<br />

CONNAÎTRE LA MENACE<br />

Si une action <strong>militaire</strong> de type « haute<br />

int<strong>en</strong>sité » (tir d'artillerie, bombardem<strong>en</strong>t…)<br />

visant nos installations ne peut<br />

jamais être totalem<strong>en</strong>t exclue, elle ne<br />

constitue plus la m<strong>en</strong>ace principale pour<br />

les forces déployées hors du territoire<br />

national.<br />

En revanche, une agression par att<strong>en</strong>tat<br />

à l'explosif est toujours possible (et pas<br />

seulem<strong>en</strong>t à l'extérieur, malheureusem<strong>en</strong>t),<br />

avec une forte probabilité qu'elle<br />

soit conçue et préparée pour causer le<br />

maximum de dommages.<br />

- 41 -<br />

Quelle que soit la mouvance dont il est<br />

issu, le terroriste qui n'est pas rapidem<strong>en</strong>t<br />

mis hors d'état de nuire se perfectionne<br />

très vite dans le maniem<strong>en</strong>t des<br />

armes et des explosifs. Par ailleurs, il est<br />

de plus <strong>en</strong> plus rarem<strong>en</strong>t inculte : « les<br />

terroristes ne devi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t pas intellig<strong>en</strong>ts,<br />

ce sont des intellig<strong>en</strong>ts qui<br />

devi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t terroristes ». À cet égard, les<br />

att<strong>en</strong>tats qui ont frappé les grandes<br />

métropoles depuis quelques années<br />

attest<strong>en</strong>t de la compét<strong>en</strong>ce de ceux qui<br />

<strong>en</strong> ont été les organisateurs et les logistici<strong>en</strong>s.<br />

Enfin, l'indiffér<strong>en</strong>ce des terroristes<br />

à leur propre sort, voire leur volonté<br />

affirmée de sacrifier leur vie, car ils sont<br />

très souv<strong>en</strong>t des kamikazes, <strong>en</strong> fait des<br />

vecteurs d'une efficacité redoutable.<br />

Ces « combattants » (d'un g<strong>en</strong>re particulier)<br />

s'attaqu<strong>en</strong>t à des cibles plus ou<br />

moins vulnérables, habituellem<strong>en</strong>t qualifiées<br />

de « molles » ou de « dures » selon<br />

leur degré de protection physique.<br />

Entr<strong>en</strong>t dans la première catégorie, des<br />

objectifs comme les gares de Madrid ou<br />

de Londres, les Twin towers de New-<br />

York…, dans la seconde, les bureaux<br />

du représ<strong>en</strong>tant de l'ONU à Bagdad<br />

(M. Vieira de Mello) <strong>en</strong> 2003, les g<strong>en</strong>darmeries<br />

de Corse…, sans que cette distinction<br />

ne semble dissuader les agresseurs.<br />

Si les installations que nos forces occup<strong>en</strong>t<br />

<strong>en</strong> opérations sont c<strong>en</strong>sées être<br />

plus « dures » que « molles », elles n'<strong>en</strong><br />

rest<strong>en</strong>t pas moins très exposées a priori.<br />

D'une part, elles représ<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t une cible<br />

fixe, adaptée à la préparation minutieuse<br />

de l'attaque car nombre de leurs caractéristiques<br />

sont invariantes ou répétitives.


D'autre part, elles abrit<strong>en</strong>t des occupants<br />

suffisamm<strong>en</strong>t nombreux pour que<br />

l'agresseur puisse escompter un bilan<br />

significatif. Enfin et surtout, elles sont<br />

par nature un symbole qui garantit par<br />

avance le ret<strong>en</strong>tissem<strong>en</strong>t recherché par<br />

les terroristes.<br />

Par ailleurs, trouver de l'explosif <strong>en</strong><br />

quantité suffisante ne représ<strong>en</strong>te guère<br />

de difficulté majeure pour des terroristes<br />

déterminés. Il peut avoir été pris dans les<br />

réserves à usage civil (carrières…), fabriqué<br />

artisanalem<strong>en</strong>t à partir d'<strong>en</strong>grais ou<br />

de désherbants (les recettes sont accessibles<br />

sur Internet), ou plus simplem<strong>en</strong>t<br />

issu d'anci<strong>en</strong>s stocks <strong>militaire</strong>s aujourd'hui<br />

dispersés. Notons au passage la<br />

prop<strong>en</strong>sion des « bombes humaines » à<br />

doper la charge qu'ils transport<strong>en</strong>t par<br />

des projectiles aussi divers (billes, clous,<br />

écrous…) que vulnérants.<br />

QUELS EFFETS SUR LES INFRA-<br />

STRUCTURES… ET LEURS OCCU-<br />

PANTS ?<br />

Parmi les différ<strong>en</strong>ts phénomènes causés<br />

par la détonation d'une charge explosive<br />

« classique », c'est le souffle qui provoque<br />

le plus d'effets. Il convi<strong>en</strong>t donc<br />

d'<strong>en</strong> connaître les caractéristiques, et<br />

surtout les effets sur l'infrastructure.<br />

Une explosion <strong>en</strong>g<strong>en</strong>dre un pic de pression<br />

qui s'atténue extrêmem<strong>en</strong>t rapidem<strong>en</strong>t<br />

quand il se propage à l'air libre.<br />

Ainsi, à charge équival<strong>en</strong>te, les effets<br />

d'une explosion seront réduits dans<br />

d'importantes proportions si la distance<br />

avec le point zéro s'accroît. Par contre, la<br />

même explosion dans un volume<br />

confiné (tunnel, bunker…) générera une<br />

onde de choc bi<strong>en</strong> plus durable et dont<br />

les effets seront multipliés (il est par<br />

exemple connu que le bilan de l'att<strong>en</strong>tat<br />

du 20 juillet 1944 contre Hitler aurait été<br />

tout autre s'il avait été commis dans un<br />

bunker et non dans un bâtim<strong>en</strong>t trop<br />

léger pour confiner l'explosion).<br />

À ces effets primaires s'ajout<strong>en</strong>t ceux,<br />

secondaires, consécutifs à l'effondrem<strong>en</strong>t<br />

des structures ou à la projection de<br />

débris divers dans les volumes occupés<br />

par le personnel.<br />

La résistance d'un bâtim<strong>en</strong>t à une onde<br />

de choc est fonction de sa fréqu<strong>en</strong>ce<br />

propre : plus elle est élevée, plus il est<br />

fragile, plus elle est basse plus il résiste.<br />

S A P E U R<br />

Ainsi, les immeubles massifs de type<br />

« murs et ref<strong>en</strong>ds porteurs » s'avèr<strong>en</strong>t<br />

bi<strong>en</strong> plus robustes que les structures<br />

« poteaux-poutres ». Dans ces dernières,<br />

la propagation de l'onde de choc peut<br />

provoquer la rupture des poteaux et<br />

<strong>en</strong>traîner l'effondrem<strong>en</strong>t de la totalité de<br />

l'immeuble, tel un château de cartes (cf.<br />

att<strong>en</strong>tats du Drakkar - Beyrouth 1983 - ou<br />

Oklahoma City - 1995).<br />

Enfin, il a souv<strong>en</strong>t été constaté qu'une<br />

grande partie des dommages causés<br />

aux personnes, résulte de la projection<br />

de débris divers et tout particulièrem<strong>en</strong>t<br />

les éclats de verre des vitrages dont les<br />

effets sur les personnes non protégées<br />

sont particulièrem<strong>en</strong>t dévastateurs.<br />

PREMIÈRE PARADE : ORGANISER<br />

L'ESPACE<br />

Ces effets peuv<strong>en</strong>t être sinon annihilés<br />

mais à tout le moins minimisés dans<br />

d'importantes proportions par la mise<br />

<strong>en</strong> œuvre d'une infrastructure raisonnée,<br />

p<strong>en</strong>sée <strong>en</strong> fonction de cette m<strong>en</strong>ace<br />

particulière.<br />

Pour cela, les principales parades<br />

consist<strong>en</strong>t <strong>en</strong> une organisation de l'espace<br />

qui exploite la décroissance extrê-<br />

- 42 -<br />

mem<strong>en</strong>t rapide des effets du souffle <strong>en</strong><br />

fonction de la distance, un choix de<br />

types de structures aussi peu s<strong>en</strong>sibles<br />

que possible à ces effets, et un emploi<br />

judicieux des matériaux et équipem<strong>en</strong>ts<br />

pot<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t dangereux.<br />

En premier lieu, il convi<strong>en</strong>t de mettre la<br />

plus grande distance possible <strong>en</strong>tre tout<br />

site pot<strong>en</strong>tiel d'explosion (circulation<br />

publique, parking, local courrier…) et les<br />

immeubles ou locaux s<strong>en</strong>sibles.<br />

Pour ce faire, l'on se doit de classifier les<br />

différ<strong>en</strong>ts locaux selon leur s<strong>en</strong>sibilité et<br />

de les positionner <strong>en</strong> conséqu<strong>en</strong>ce. Quatre<br />

groupes génériques sont à considérer :<br />

• un sanctuaire : partie de l'emprise<br />

hébergeant le personnel et les matériels<br />

dont la perte ne permet pas de<br />

poursuivre la mission ;<br />

• une zone tampon : partie de l'emprise<br />

dédiée aux installations dont la<br />

perte ne remet pas <strong>en</strong> cause l'exécution<br />

de la mission principale ;<br />

• un glacis : espace périphérique permettant<br />

de détecter puis de pr<strong>en</strong>dre<br />

à partie et d'arrêter un év<strong>en</strong>tuel<br />

agresseur ;<br />

• des accès : partie du glacis traversée


par les voies de circulation et équipée<br />

des moy<strong>en</strong>s de contrôle du personnel<br />

et des véhicules accédant au site.<br />

D'évid<strong>en</strong>ce, la répartition des différ<strong>en</strong>tes<br />

fonctions <strong>en</strong>tre les groupes définis ci-dessus<br />

ne relève pas du technici<strong>en</strong> mais constitue<br />

un choix majeur de commandem<strong>en</strong>t.<br />

Puis, l'organisation ainsi établie, il<br />

convi<strong>en</strong>t de mettre <strong>en</strong> place les mesures<br />

qui permettront de lui conserver toute sa<br />

pertin<strong>en</strong>ce, <strong>en</strong> équipant le glacis et les<br />

accès pour interdire toute approche du<br />

vecteur et de la charge transportée. Il<br />

peut s'agir de points de contrôle ou<br />

d'obstacles passifs : dénivelées périphériques<br />

(escaliers), chicanes, bornes<br />

rétractables ou non, mobilier urbain…<br />

<strong>Le</strong>ur implantation sera fonction d'une part<br />

de la m<strong>en</strong>ace prise <strong>en</strong> compte, d'autre part<br />

du risque cons<strong>en</strong>ti : là <strong>en</strong>core, le commandem<strong>en</strong>t,<br />

conseillé mais non pas remplacé<br />

par les spécialistes, doit au préalable se<br />

prononcer clairem<strong>en</strong>t.<br />

S A P E U R<br />

<strong>Le</strong> diagramme ci-dessous permet d'estimer<br />

les dommages, humains et matériels,<br />

<strong>en</strong> fonction de la quantité d'explosif<br />

utilisée et de la distance par rapport<br />

au siège de l'explosion.<br />

Cet abaque, d'un usage simple, peut être<br />

d'une aide précieuse lors des choix d'organisation<br />

de l'espace « horizontal ».<br />

Par exemple, si la distance « sûre » autour<br />

du sanctuaire est de 400 m, il ne sera que<br />

peu affecté par les effets de l'explosion<br />

d'une charge de 500 kg (équival<strong>en</strong>t TNT).<br />

De même, si la m<strong>en</strong>ace ret<strong>en</strong>ue est une<br />

charge de 700 kg, il apparaît d'emblée<br />

qu'aucun personnel ni matériel important<br />

ne devrait être positionné à moins<br />

de 200 m de la limite extérieure du glacis.<br />

Enfin, cette organisation de l'espace doit<br />

être considérée dans les 3 dim<strong>en</strong>sions,<br />

<strong>en</strong> parant aux possibilités offertes par<br />

les égouts, tunnels et autres voies de<br />

pénétration souterraine d'une part, <strong>en</strong><br />

- 43 -<br />

dédiant les étages supérieurs à l'usage<br />

de glacis d'autre part.<br />

COMPLÉTER CETTE ORGANISATION<br />

SPATIALE EN ADAPTANT LE BÂTI À<br />

LA MENACE<br />

Quelle que soit l'organisation spatiale<br />

ret<strong>en</strong>ue, la nature du bâti est d'une telle<br />

importance <strong>en</strong> cas d'explosion qu'elle<br />

doit au mieux constituer un critère ess<strong>en</strong>tiel<br />

dans le choix des immeubles de stationnem<strong>en</strong>t<br />

et à tout le moins être adaptée<br />

et modifiée pour gagner <strong>en</strong> sécurité.<br />

Ainsi, les ouvrages de structure<br />

« poteaux-poutre » doiv<strong>en</strong>t si possible<br />

être évités, et ce tout particulièrem<strong>en</strong>t si<br />

leur façade est constituée de murs<br />

rideaux. Cep<strong>en</strong>dant, ils sont si répandus<br />

que leur emploi doit être <strong>en</strong>visagé.<br />

Dans ce cas, préfér<strong>en</strong>ce doit être accordée<br />

à ceux dont les façades les plus<br />

exposées sont constituées d'un parem<strong>en</strong>t<br />

lourd (béton armé) et comport<strong>en</strong>t<br />

peu d'ouvertures. En effet, les possibilités<br />

de propagation des ondes de choc<br />

sont alors bi<strong>en</strong> moindres que dans le cas<br />

d'un remplissage léger des façades.<br />

À défaut, il faut r<strong>en</strong>forcer les murs existants<br />

par des procédés additionnels appliqués<br />

sur la face externe (par exemple par<br />

ajout d'un mur extérieur constitué de blocs<br />

creux de cim<strong>en</strong>t ou de bois remplis de<br />

béton et liaisonnés par des fers à béton) ou<br />

sur la face interne (blindage par ajout de<br />

poteaux métalliques connectés au plancher<br />

et au plafond et sur lesquels sont


fixées des plaques d'acier, projection de<br />

films polymères, collage ou fixation de tissus<br />

spéciaux…).<br />

Dans tous les cas, les élém<strong>en</strong>ts porteurs<br />

(poteaux, poutres) et les liaisons <strong>en</strong>tre les<br />

élém<strong>en</strong>ts de structure devront être r<strong>en</strong>forcés<br />

pour, si possible, prév<strong>en</strong>ir toute rupture<br />

fragile et à défaut <strong>en</strong> cont<strong>en</strong>ir les effets de<br />

façon à éviter un l'effondrem<strong>en</strong>t total du<br />

bâtim<strong>en</strong>t par effet domino. <strong>Le</strong>s techniques<br />

à employer (chemisage métallique, pose<br />

de fibres de carbone ou composites…)<br />

sont, pour certaines, inspirées des savoirfaire<br />

de la construction parasismique.<br />

Enfin, les m<strong>en</strong>uiseries, vitrées ou non,<br />

doiv<strong>en</strong>t faire l'objet d'une att<strong>en</strong>tion particulière<br />

<strong>en</strong> raison de leur grande vulnérabilité<br />

et de leur dangerosité affirmée.<br />

Quand la m<strong>en</strong>ace est élevée et qu'une<br />

f<strong>en</strong>être n'est pas indisp<strong>en</strong>sable, l'on doit<br />

tout d'abord <strong>en</strong>visager de retirer la vitre<br />

et condamner, voire murer l'ouverture.<br />

S A P E U R<br />

Cette solution, certes radicale, prés<strong>en</strong>te<br />

de nombreux avantages (simplicité, efficacité,<br />

faible coût…).<br />

Si son mainti<strong>en</strong> s'avère indisp<strong>en</strong>sable, il<br />

convi<strong>en</strong>t alors de protéger les élém<strong>en</strong>ts<br />

vitrés (pose d'un film de sécurité, remplacem<strong>en</strong>t<br />

du vitrage par du verre<br />

feuilleté ou du polycarbonate…) <strong>en</strong><br />

veillant de plus à ce que le panneau<br />

verrier complet ne puisse pas être luimême<br />

projeté dans le volume à protéger<br />

(r<strong>en</strong>forcem<strong>en</strong>t des huisseries et de leurs<br />

fixations, mise <strong>en</strong> place de barres ou de<br />

câbles de rét<strong>en</strong>tion…).<br />

De même, les portes devront être r<strong>en</strong>forcées,<br />

voire remplacées par des portes<br />

blindées fortem<strong>en</strong>t ancrées dans des<br />

parois elles-mêmes résistantes.<br />

Il apparaît donc nettem<strong>en</strong>t que les choix<br />

concernant l'infrastructure de stationnem<strong>en</strong>t<br />

sont lourds de conséqu<strong>en</strong>ces pot<strong>en</strong>tielles<br />

sur la sécurité de notre personnel.<br />

- 44 -<br />

Si les principes qui doiv<strong>en</strong>t guider ces choix<br />

sembl<strong>en</strong>t aisés à appréh<strong>en</strong>der, leur mise <strong>en</strong><br />

pratique nécessite de solides connaissances<br />

dans le durcissem<strong>en</strong>t des infrastructures.<br />

Cette culture particulière ne peut s'acquérir<br />

<strong>en</strong> quelques semaines ni par la lecture<br />

d'aide-mémoire spécifiques. Elle est le fruit<br />

d'une double expéri<strong>en</strong>ce, dans le bâtim<strong>en</strong>t<br />

d'une part et dans le raisonnem<strong>en</strong>t sécuritaire<br />

d'autre part, et se trouve chez nos in<strong>génie</strong>urs<br />

<strong>militaire</strong>s du domaine TOI (techniques<br />

des opérations d'infrastructure).<br />

C'est <strong>en</strong> s'appuyant sur ces spécialistes,<br />

que l'on trouve principalem<strong>en</strong>t dans le service<br />

d'infrastructure de la déf<strong>en</strong>se (SID) et<br />

plus particulièrem<strong>en</strong>t au service technique<br />

des bâtim<strong>en</strong>ts, fortifications et travaux<br />

(STBFT), que le commandem<strong>en</strong>t pourra<br />

faire stationner nos formations dans les<br />

meilleures conditions de sécurité.<br />

Ce ne sera alors plus seulem<strong>en</strong>t la sueur,<br />

mais aussi l'expertise technique, qui<br />

épargneront le sang.


Lt-colonel (TA)<br />

Jean-Jacques<br />

SOUCASSE<br />

EMIA de la promotion Lieut<strong>en</strong>ant<br />

Lhuillier (85/86), commande le 1 er régim<strong>en</strong>t<br />

du Génie depuis le 28 juillet 2005.<br />

Il a servi successivem<strong>en</strong>t au 71 e , 6 e RG<br />

comme chef de section, puis de commandant<br />

d’unité au 3 e RG. Il a servi<br />

comme instructeur à l’ESM de Saint-Cyr<br />

et commandant de compagnie élève à<br />

l’ENSOA.<br />

En 1999, il intègre la 113 e promotion du<br />

CSEM puis la 8 e promotion du CID.<br />

Après avoir été chef de BOI au 31 e RG<br />

(2000-2002), il a été affecté comme<br />

officier de liaison de l’armée de terre<br />

<strong>français</strong>e auprès de l’US Army<br />

Maneuver Support C<strong>en</strong>ter de Fort<br />

<strong>Le</strong>onard Wood (Missouri) jusqu’à l’été<br />

2005.<br />

S A P E U R<br />

POUR UNE APPROCHE GLOBALE<br />

DE LA SAUVEGARDE-PROTECTION<br />

This article is an initial look at the pot<strong>en</strong>tial application of emerging technology to<br />

support force protection and physical security <strong>en</strong>ablers for the force as a means of<br />

maximizing layered and integrated force protection and physical security capabilities<br />

across the range of operations.<br />

It will examine innovative ways and means of increasing these capabilities without<br />

excessive logistical and manpower burd<strong>en</strong> in order to <strong>en</strong>sure greater survivability of<br />

the personnel and assets performing the main mission.<br />

The <strong>en</strong>gineer force employm<strong>en</strong>t through its battlespace managem<strong>en</strong>t tasks remain<br />

particularly relevant in supporting a proactive approach to an integrated, layered<br />

and modular force protection system for both static and on-the-move mission<br />

requirem<strong>en</strong>ts.<br />

<strong>Le</strong>s opérations m<strong>en</strong>ées depuis le début<br />

des années 1990 avai<strong>en</strong>t souligné le<br />

besoin <strong>en</strong> matière de protection, malgré<br />

le caractère souv<strong>en</strong>t semi-permissif de<br />

l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t dans lequel évoluai<strong>en</strong>t<br />

nos forces. En outre, les opérations <strong>en</strong><br />

cours <strong>en</strong> Afghanistan et <strong>en</strong> RCI pour nos<br />

forces ou sur le théâtre iraki<strong>en</strong> pour des<br />

forces alliées, nous rappell<strong>en</strong>t la nécessité<br />

de préserver toute force <strong>en</strong>gagée,<br />

son personnel et son pot<strong>en</strong>tiel, afin de<br />

contribuer à sa liberté d’action.<br />

La m<strong>en</strong>ace évolue, sa nature est plus<br />

hétérogène, <strong>en</strong> particulier dans les<br />

conflits de type asymétrique, ses effets se<br />

trouv<strong>en</strong>t amplifiés par la résonance<br />

médiatique. L’emploi de modes d’action<br />

contre insurrectionnels nous impose une<br />

protection accrue et une mise à distance<br />

de la m<strong>en</strong>ace qui doit permettre une<br />

meilleure discrimination pour une application<br />

graduée et réversible de la force.<br />

L’approche <strong>en</strong> matière de sauvegarde<br />

protection ne peut plus seulem<strong>en</strong>t<br />

concerner quelques spécialistes ou fonctions<br />

spécialisées, elle doit être multidisciplinaire<br />

et intégrée, usant de combinaisons<br />

de dispositifs actifs ou passifs qui<br />

emploi<strong>en</strong>t des technologies désormais<br />

disponibles et qui particip<strong>en</strong>t à la diminution<br />

de l’empreinte logistique et des<br />

besoins <strong>en</strong> main-d’œuvre tout <strong>en</strong> répondant<br />

au besoin opérationnel.<br />

- 45 -<br />

L’exam<strong>en</strong> de la m<strong>en</strong>ace conduit à proposer<br />

la constitution d’élém<strong>en</strong>ts de protection<br />

dédiés et à examiner, pour la composante<br />

AGESTER, des voies de développem<strong>en</strong>t<br />

possible pour répondre aux<br />

besoins désormais id<strong>en</strong>tifiés.<br />

Il s’agit de proposer des solutions qui<br />

augm<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t significativem<strong>en</strong>t les capacités<br />

d’une force déployée, atténu<strong>en</strong>t ses<br />

vulnérabilités, réduirai<strong>en</strong>t l'empreinte<br />

logistique tout <strong>en</strong> participant à une<br />

meilleure appréciation de situation par<br />

le commandem<strong>en</strong>t, afin d’augm<strong>en</strong>ter la<br />

liberté de manœuvre et de mouvem<strong>en</strong>t<br />

pour la force.<br />

LA MENACE ET SES CONSÉ-<br />

QUENCES<br />

La m<strong>en</strong>ace continue à se développer<br />

rapidem<strong>en</strong>t. L’emploi par l’adversaire<br />

pot<strong>en</strong>tiel de stratégies adaptatives de<br />

plus <strong>en</strong> plus sophistiquées est actuellem<strong>en</strong>t<br />

démontré sur des théâtres tels que<br />

l’Irak ou la Tchétchénie. Ses manifestations<br />

seront de nature conv<strong>en</strong>tionnelle<br />

ou non, les élém<strong>en</strong>ts chargés de la mise<br />

<strong>en</strong> œuvre seront assurém<strong>en</strong>t plus<br />

mobiles. La m<strong>en</strong>ace est donc multiforme<br />

dans ses effets : tirs directs et/ou indirects,<br />

emploi possible d’armes à effet<br />

thermobarique, de moy<strong>en</strong>s NRBC,<br />

attaques suicides ou par dispositifs<br />

explosifs improvisés.


Il est d’ores et déjà évid<strong>en</strong>t que l’adversaire<br />

s'efforcera d'id<strong>en</strong>tifier les faiblesses<br />

et les vulnérabilités des forces<br />

auxquelles il sera confronté, <strong>en</strong> particulier<br />

celles des dispositifs ou procédures<br />

de protection des forces, pour profiter de<br />

ces vulnérabilités dans l'accomplissem<strong>en</strong>t<br />

de ses buts.<br />

L’adversaire, <strong>en</strong> particulier dans des<br />

conflits de nature asymétrique, a surtout<br />

un but politique plus que <strong>militaire</strong> et<br />

recherche l’accroissem<strong>en</strong>t de sa puissance<br />

politique, de son image et de son<br />

influ<strong>en</strong>ce. Il comp<strong>en</strong>se le rapport de<br />

force défavorable <strong>en</strong> termes de capacités<br />

armées <strong>en</strong> visant les objectifs<br />

majeurs. Par ces modes d’action, il<br />

cherche à gagner l'att<strong>en</strong>tion à sa cause<br />

<strong>en</strong> infligeant des pertes et <strong>en</strong> détruisant<br />

des cibles symboliques, y compris par<br />

l’emploi de commandos suicides.<br />

Cette tactique est souv<strong>en</strong>t couronnée de<br />

succès.<br />

La sauvegarde-protection permet à la<br />

force de préserver son intégrité, c’est-àdire<br />

son pot<strong>en</strong>tiel <strong>militaire</strong> et humain,<br />

ses installations. La protection vise à la<br />

préservation du pot<strong>en</strong>tiel de combat<br />

d'une force afin de permettre au commandant<br />

d’appliquer la force à l’<strong>en</strong>droit<br />

et au mom<strong>en</strong>t décisifs avec les effets<br />

requis. Toutefois, les mesures de protection<br />

sont le fruit d’un compromis <strong>en</strong>tre<br />

impératifs d'accomplissem<strong>en</strong>t de la mission<br />

et acceptation d’un risque.<br />

La sauvegarde-protection a pour but de<br />

réduire au minimum les effets de la puissance<br />

de feu <strong>en</strong>nemie et de sa<br />

manœuvre. Elles sont le plus souv<strong>en</strong>t<br />

traduites <strong>en</strong> mesures passives par le<br />

biais d’ouvrage de protection réalisé par<br />

le Génie.<br />

La protection de la force sur un espace<br />

de bataille lacunaire est <strong>en</strong>core actuellem<strong>en</strong>t<br />

une car<strong>en</strong>ce capacitaire. <strong>Le</strong>s<br />

besoins <strong>en</strong> main-d'œuvre et <strong>en</strong> ressources<br />

détournées de la mission principale<br />

pour mettre <strong>en</strong> œuvre les mesures<br />

ou dispositifs de protection réduis<strong>en</strong>t les<br />

ressources opérationnelles et tactiques<br />

disponibles et limit<strong>en</strong>t ainsi la liberté<br />

d'action de la force.<br />

<strong>Le</strong> besoin <strong>en</strong> unités, <strong>en</strong> systèmes de protection<br />

intégrés et redondants continuera<br />

à croître pour répondre aux<br />

contraintes de protection du personnel<br />

interarmées et/ou interarmes et de leurs<br />

moy<strong>en</strong>s.<br />

<strong>Le</strong>s opérations réc<strong>en</strong>tes démontr<strong>en</strong>t que<br />

la réponse à ce défi est d’un faible<br />

niveau technologique et recourt généralem<strong>en</strong>t<br />

à une main-d’œuvre importante.<br />

LA RÉPONSE<br />

S A P E U R<br />

<strong>Le</strong>s forces compt<strong>en</strong>t naturellem<strong>en</strong>t sur<br />

leurs moy<strong>en</strong>s tactiques organiques pour<br />

obt<strong>en</strong>ir le niveau de protection adéquat,<br />

ce qui détourne le plus souv<strong>en</strong>t une partie<br />

des troupes de ses missions ess<strong>en</strong>tielles<br />

et limite leur pot<strong>en</strong>tiel de combat.<br />

<strong>Le</strong>s unités d’appui et de souti<strong>en</strong> ont, <strong>en</strong><br />

outre, des capacités intrinsèques limitées<br />

pour assurer leur protection et sont<br />

souv<strong>en</strong>t les plus vulnérables aux<br />

attaques.<br />

La protection doit être le fruit d’une<br />

action combinée et concertée qui<br />

implique de la recherche de r<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t,<br />

de l’analyse du terrain, de la<br />

coopération <strong>en</strong>tre armes de mêlées et<br />

d’appui, de l’utilisation de réseaux de<br />

capteurs et de communication, de l’aménagem<strong>en</strong>t<br />

du terrain et des infrastructures<br />

perman<strong>en</strong>tes ou semi-perman<strong>en</strong>tes.<br />

Pourtant, il ne semble plus concevable<br />

de dédier un volume de force important<br />

aux missions de protection.<br />

<strong>Le</strong>s technologies disponibles actuellem<strong>en</strong>t<br />

offr<strong>en</strong>t des possibilités d’amélioration<br />

de la protection <strong>en</strong> accroissant les<br />

capacités des unités investies de ses<br />

missions par le biais de solutions à base<br />

de systèmes intégrés. <strong>Le</strong>ur combinaison<br />

avec un juste volume de forces, qui<br />

pourrai<strong>en</strong>t être non spécialisées, permettrait<br />

d’atteindre un niveau satisfaisant.<br />

Cela passe par la conception d’un système<br />

combinant différ<strong>en</strong>ts moy<strong>en</strong>s et<br />

permettant une meilleure détection, id<strong>en</strong>tification<br />

et évaluation de la m<strong>en</strong>ace,<br />

ainsi que des capacités de réponse rapide<br />

qui doiv<strong>en</strong>t être plus précises et persistantes<br />

dans leurs effets. Il est nécessaire,<br />

dans les opérations contemporaines, de<br />

pouvoir bénéficier d’une meilleure capacité<br />

d’observation à distance, de pouvoir<br />

- 46 -<br />

interroger et évaluer l'int<strong>en</strong>tion adverse à<br />

des portées accrues qui permett<strong>en</strong>t de<br />

développer rapidem<strong>en</strong>t les réponses<br />

adaptées et d’obt<strong>en</strong>ir les effets désirés<br />

létaux ou non, graduels et réversibles.<br />

Ces capacités pourrai<strong>en</strong>t être obt<strong>en</strong>ues<br />

par l'emploi de la robotique (terrestre ou<br />

aéri<strong>en</strong>ne), l’emploi de radars, de détecteurs<br />

et d'autres technologies émerg<strong>en</strong>tes<br />

<strong>en</strong> matière de protection balistique<br />

ou NRBC.<br />

Une solution <strong>en</strong>visageable pourrait être<br />

la constitution de détachem<strong>en</strong>ts de protection<br />

qui ne nécessiterai<strong>en</strong>t pas forcém<strong>en</strong>t<br />

de personnel spécialisé. Des unités<br />

de type PROTERRE serai<strong>en</strong>t pot<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t<br />

utilisables pour ce type de mission.<br />

Ce détachem<strong>en</strong>t pourrait être du volume<br />

de la compagnie et serait employé par le<br />

commandant d’une force déployée pour<br />

assurer la protection de ses unités ou de<br />

ses sites importants (PC, base logistiques<br />

ou base vie, etc.), r<strong>en</strong>dant ainsi<br />

disponibles les soldats préemptés par<br />

les services de garde.<br />

Avec l'évolution actuelle de la technologie,<br />

il est dès à prés<strong>en</strong>t concevable de<br />

pouvoir réduire ses élém<strong>en</strong>ts à des<br />

volumes inférieurs (sections, groupes)<br />

<strong>en</strong> maint<strong>en</strong>ant, voire <strong>en</strong> améliorant leurs<br />

capacités.<br />

L'élém<strong>en</strong>t de protection pourrait<br />

employer des capteurs ou des réseaux<br />

de capteurs du champ de bataille, voire<br />

des radars pour la détection, des systèmes<br />

de surveillance vidéo qui autoris<strong>en</strong>t<br />

l'id<strong>en</strong>tification et facilit<strong>en</strong>t l’interception<br />

de toute m<strong>en</strong>ace.<br />

<strong>Le</strong>s plates-formes robotisées, terrestres<br />

ou aéri<strong>en</strong>nes ou des ballons captifs<br />

pourrai<strong>en</strong>t être utilisés pour fournir les<br />

portées de détection nécessaires et pour<br />

réduire les zones cachées du terrain.<br />

Ces moy<strong>en</strong>s doiv<strong>en</strong>t être complétés par<br />

des systèmes de contre-mobilité alliant<br />

aménagem<strong>en</strong>t du terrain, emploi de systèmes<br />

télécommandés actifs avec munitions<br />

létales ou non, et de moy<strong>en</strong>s passifs.<br />

Ces systèmes seront intégrés, coordonnés<br />

et dirigés à partir d’une station<br />

portable de commandem<strong>en</strong>t connectée<br />

au réseau tactique, permettant à une<br />

petite équipe de faire fonctionner tous<br />

les systèmes et de répondre aux<br />

m<strong>en</strong>aces.


Ce détachem<strong>en</strong>t de protection procurerait :<br />

- la détection et l’id<strong>en</strong>tification de la<br />

m<strong>en</strong>ace à distance accrue ;<br />

- la précision, le mainti<strong>en</strong> et la persistance<br />

des capteurs employés ;<br />

- la capacité de déterminer les int<strong>en</strong>tions<br />

adverses à plus grande distance<br />

;<br />

- la capacité de répondre par des<br />

moy<strong>en</strong>s létaux ou à létalité réduite à<br />

distance ;<br />

- des élém<strong>en</strong>ts supplém<strong>en</strong>taires à l’appréciation<br />

de situation et de son<br />

<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t par le commandant<br />

de la force ;<br />

- une réduction des coûts <strong>en</strong> maind'œuvre<br />

dédiée et une restauration<br />

du pot<strong>en</strong>tiel de combat des unités<br />

chargées de la mission principale ;<br />

- un accroissem<strong>en</strong>t corrélatif de l’efficacité<br />

de la force déployée ;<br />

- une approche systémique et un processus<br />

aboutissant à une capacité de<br />

protection multiple et intégrée.<br />

S A P E U R<br />

Ainsi, ce détachem<strong>en</strong>t de protection ne<br />

fournit pas seulem<strong>en</strong>t une capacité<br />

simple d'avertissem<strong>en</strong>t contre toute<br />

intrusion, comme les capacités actuellem<strong>en</strong>t<br />

employées, mais une capacité plus<br />

globale de dissuasion, de détection,<br />

d’évaluation, d’alerte et de déf<strong>en</strong>se.<br />

LES CAPACITÉS ACTUELLES OU À<br />

COURT TERME<br />

<strong>Le</strong>s technologies actuelles et émerg<strong>en</strong>tes<br />

qui pourrai<strong>en</strong>t être mises <strong>en</strong><br />

œuvre par des élém<strong>en</strong>ts de protection<br />

de force, qui ét<strong>en</strong>drai<strong>en</strong>t significativem<strong>en</strong>t<br />

la portée de mise à distance<br />

(standoff) de la m<strong>en</strong>ace tout <strong>en</strong><br />

autorisant son suivi (tracking) puis<br />

l’id<strong>en</strong>tification précise dans des opérations<br />

de sécurité opératives et tactiques<br />

sont listées ci-dessous :<br />

- <strong>Le</strong>s systèmes de surveillance vidéo<br />

qui inclu<strong>en</strong>t des systèmes de surveillance<br />

périmétrique, des<br />

<strong>en</strong>sembles ou des réseaux de cap-<br />

- 47 -<br />

teurs et un c<strong>en</strong>tre de contrôle sur<br />

ordinateur portable qui offre des<br />

configurations multiples.<br />

- Des <strong>en</strong>sembles de capteurs montés<br />

sur véhicules ou <strong>en</strong>gins pilotés ou<br />

robotisés qui fourniss<strong>en</strong>t des<br />

moy<strong>en</strong>s de détection, de vérification<br />

des alertes, des capteurs anti-intrusion<br />

ou anti-dérangem<strong>en</strong>t, une capacité<br />

automatique de détection des<br />

mouvem<strong>en</strong>ts et de leur suivi reliés<br />

par réseau de communication sécurisé.<br />

- Des systèmes anti-intrusion compr<strong>en</strong>ant<br />

des radars de surveillance terrestre<br />

portables qui permett<strong>en</strong>t une<br />

alerte avancée, la détection d'intrusion<br />

et la discrimination <strong>en</strong>tre une<br />

m<strong>en</strong>ace constituée de véhicules (à<br />

roues ou ch<strong>en</strong>illés) ou de personnels<br />

au niveau section ou au-dessus, y<br />

compris au moy<strong>en</strong> de radar terrestre.<br />

- Une capacité de commandem<strong>en</strong>t des<br />

élém<strong>en</strong>ts de réaction qui permet la<br />

localisation, le suivi, l’interception<br />

des m<strong>en</strong>aces pot<strong>en</strong>tielles hors du<br />

contact.<br />

- Des systèmes d’armes létaux et à<br />

létalité réduite qui fourniss<strong>en</strong>t une<br />

réponse graduelle, qui réduis<strong>en</strong>t le<br />

temps de lat<strong>en</strong>ce dans la boucle de<br />

« détection - décision – <strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t »<br />

et démultiplie des technologies<br />

prouvées pour l'économie de force<br />

et fournit l'off<strong>en</strong>sive éloignée dans<br />

des capacités déf<strong>en</strong>sives 1 .<br />

- Des capacités conv<strong>en</strong>tionnelles de<br />

contrôle et de protection des accès<br />

de type barrière pour limiter l'accès<br />

aux sites critiques.<br />

- L’interconnexion avec les moy<strong>en</strong>s de<br />

détection et d’alerte contre les<br />

m<strong>en</strong>aces non conv<strong>en</strong>tionnelles<br />

NRBC, y compris la détection des<br />

substances explosives.<br />

La fonction de protection est par conséqu<strong>en</strong>t<br />

une fonction transverse qui assure<br />

une posture perman<strong>en</strong>te de sûreté à plusieurs<br />

niveaux. Ainsi, l’emploi d’une partie<br />

de ses moy<strong>en</strong>s pourrait être adapté<br />

aux besoins pour les points de contrôle<br />

ou les installations temporaires.<br />

1) Comme le système de contrôle LACS (Local Area Control System), pour la protection des zones de vie contre les intrusions pédestres (détachem<strong>en</strong>ts<br />

armés, groupes terroristes…) et mécaniques. <strong>Le</strong> LACS, est un outil fondé ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t sur un travail de s<strong>en</strong>seurs et d’intégration de systèmes,<br />

de Thales. En décembre 2005, Thales s’est vu notifier par la DGA le Spectre (système de protection des élém<strong>en</strong>ts terrestres, avec une cinquantaine<br />

de part<strong>en</strong>aires), un démonstrateur visant notamm<strong>en</strong>t à quantifier le besoin opérationnel des forces pour leur protection (sécurisation<br />

de cantonnem<strong>en</strong>t…).


RÔLE DE L’AGESTER<br />

<strong>Le</strong> rôle de la fonction ag<strong>en</strong>cem<strong>en</strong>t de<br />

l’espace terrestre (AGESTER) reste émin<strong>en</strong>t<br />

par sa participation à la conception<br />

au travers de l’appui géographique, la<br />

détermination des vulnérabilités par une<br />

analyse terrain ou structurelle, les travaux<br />

d’aménagem<strong>en</strong>t et d’organisation<br />

du terrain pour canaliser, protéger, voire<br />

par l’emploi d’actions de déception ou<br />

de camouflage. Cela compr<strong>en</strong>d naturellem<strong>en</strong>t<br />

des actions de contre-mobilité<br />

face à une m<strong>en</strong>ace diversifiée <strong>en</strong> nature<br />

et <strong>en</strong> volume, de protection contre la<br />

m<strong>en</strong>ace NRBC et de réalisation d’infrastructures<br />

adéquates tant <strong>en</strong> phase<br />

d’aide au déploiem<strong>en</strong>t que de souti<strong>en</strong> au<br />

stationnem<strong>en</strong>t.<br />

Cet appui doit être <strong>en</strong>visagé et <strong>en</strong>trepris<br />

de façon graduelle dès la phase de l’<strong>en</strong>trée<br />

sur le théâtre.<br />

Un effort particulier doit être <strong>en</strong>trepris<br />

pour la protection des installations fixes<br />

ou semi-perman<strong>en</strong>tes ; <strong>en</strong> effet, les<br />

mesures de sauvegarde classique ne<br />

répond<strong>en</strong>t plus aux besoins et à l’évolution<br />

de la m<strong>en</strong>ace car elles ont recours à<br />

des solutions qui n’ont pas évolué<br />

depuis le second conflit mondial. De<br />

plus leur empreinte logistique est dev<strong>en</strong>ue<br />

trop importante.<br />

Il est donc nécessaire de recourir à<br />

d’autres matériaux de type cellulaire, à<br />

base de géocomposites comme les bastions<br />

de type Hesco pour des structures<br />

de protection modulaires dont la valeur<br />

de protection anti-balistique serait graduelle<br />

et pourrait être r<strong>en</strong>forcée par l’utilisation<br />

de mélanges d’additifs dans les<br />

matériaux de remplissage, afin de satisfaire<br />

aux besoins de protection accrue<br />

face aux tirs ALI directs, aux tirs indirects<br />

et aux tirs de roquettes.<br />

L’usage de matériaux avancés combinés<br />

avec des préformes ou des moules pour<br />

la constitution de r<strong>en</strong>forts de protection<br />

ou de protection (murs, chicanes, déflecteurs,<br />

barrières anti-véhicules, etc.)<br />

quand la physionomie des lieux ne permet<br />

pas de travaux classiques de merlonage,<br />

est à rechercher.<br />

L’usage de cim<strong>en</strong>ts composites et de<br />

poudres réactives qui procure des<br />

bétons aux caractéristiques supérieures<br />

pour des épaisseurs aux bétons clas-<br />

S A P E U R<br />

siques, offre des perspectives intéressantes.<br />

<strong>Le</strong>ur emploi peut être combiné<br />

avec des structures composites à base<br />

de fibres qui offrirait <strong>en</strong> outre des capacités<br />

de contrôle des signatures thermique<br />

ou électromagnétique. Des panneaux<br />

peuv<strong>en</strong>t être moulés selon des<br />

gabarits modulaires préétablis et assemblés<br />

selon des formes qui diminu<strong>en</strong>t les<br />

effets des armes.<br />

Des expérim<strong>en</strong>tations m<strong>en</strong>ées aux États-<br />

Unis au sein de l’Engineer Research and<br />

Developem<strong>en</strong>t C<strong>en</strong>ter (ERDC) ont<br />

démontré le pouvoir de protection de<br />

tels composants contre les effets de<br />

fragm<strong>en</strong>tation d’obus de 155 mm par<br />

rapport aux solutions classiques.<br />

En zone urbanisée, des solutions de<br />

valorisation des structures existantes<br />

(murs, planchers, plafond,) exist<strong>en</strong>t,<br />

basées sur l’application par projection<br />

de couches sur la partie arrière de ces<br />

structures avec des matériaux de type<br />

élastomères thermoplastiques ou<br />

feuilles de plastiques (polymères) r<strong>en</strong>forcées<br />

de fibre qui accroiss<strong>en</strong>t la résistance<br />

aux effets mécaniques de souffle<br />

au minimum d‘un facteur 2. <strong>Le</strong>s essais<br />

pratiqués ont par ailleurs démontré des<br />

temps de séchage compris <strong>en</strong>tre 10<br />

minutes et 72 heures, selon les matériaux<br />

employés, compatibles avec une<br />

utilisation opérationnelle.<br />

Ses solutions ont l’avantage d’offrir une<br />

charge logistique moindre ; il est <strong>en</strong> effet<br />

plus facile de transporter les composants<br />

spécifiques qui mélangés aux<br />

matériaux communs empruntés sur le<br />

théâtre seront la base des assemblages<br />

modulaires réalisés sur place.<br />

Enfin l’utilisation de logiciels d’évaluation<br />

et d’analyse de la résistance structurelle<br />

d’infrastructure comme le logiciel<br />

SSA (Simplified Survivability Assessm<strong>en</strong>t<br />

Software) compléterait les moy<strong>en</strong>s <strong>en</strong><br />

offrant une capacité d’analyse et de<br />

conception des structures ou des<br />

mesures de protection adéquates, in situ<br />

ou à partir du théâtre national.<br />

Ce logiciel est basé sur des modules qui<br />

permett<strong>en</strong>t :<br />

- d’établir le dessin et le devis et le<br />

niveau de protection estimé selon<br />

l’installation <strong>en</strong>visagée ;<br />

- de déterminer le temps et les moy<strong>en</strong>s<br />

requis pour la réalisation des instal-<br />

- 48 -<br />

lations selon le niveau de protection<br />

requis par le besoin opérationnel ;<br />

-le développem<strong>en</strong>t des solutions<br />

techniques ;<br />

- l’évaluation des effets spécifiques des<br />

armes sur les structures conçues.<br />

Ainsi, afin de maint<strong>en</strong>ir la liberté d’action<br />

et l’intégrité d’une force sur un théâtre<br />

d’opération, il est désormais impératif de<br />

concevoir un système de protection intégré<br />

qui combine l’<strong>en</strong>semble des moy<strong>en</strong>s<br />

indisp<strong>en</strong>sables pour assurer le niveau de<br />

protection requis par le commandem<strong>en</strong>t<br />

<strong>en</strong> fonction de la m<strong>en</strong>ace. Ce système<br />

doit être de nature proactive et aisé de<br />

mise <strong>en</strong> œuvre, tout <strong>en</strong> réduisant les<br />

coûts <strong>en</strong> main-d’œuvre et la charge logistique.<br />

Une approche modulaire qui combine<br />

les moy<strong>en</strong>s, qui participe à leur<br />

interconnexion avec les systèmes de<br />

commandem<strong>en</strong>ts tout <strong>en</strong> autorisant une<br />

mise <strong>en</strong> œuvre graduelle, apparaît <strong>en</strong>visageable<br />

grâce aux capacités offertes par<br />

l’évolution technologique.<br />

Cela aboutit à un système de systèmes<br />

qui couvrirait l’<strong>en</strong>semble des domaines<br />

concernés et des fonctions opérationnelles<br />

impliquées. L’emploi de briques<br />

déjà existantes (détection NRBC, radar de<br />

trajectographie ou de surveillances, systèmes<br />

Moder, etc.) et de systèmes de<br />

communication et de commandem<strong>en</strong>t<br />

tactiques doit être associé à des élém<strong>en</strong>ts<br />

dédiés à la protection. Enfin, le rôle de la<br />

fonction AGESTER, par sa maîtrise de<br />

l’espace de bataille, les compét<strong>en</strong>ces<br />

dét<strong>en</strong>ues et les synergies <strong>en</strong>tre ses trois<br />

composantes, reste primordial.<br />

La prise <strong>en</strong> compte des aspects liés à la<br />

protection des forces doit par conséqu<strong>en</strong>t<br />

se traduire par une étude globale dans les<br />

domaines de la doctrine, de l’organisation,<br />

de la formation, de l’équipem<strong>en</strong>t et<br />

de l’<strong>en</strong>traînem<strong>en</strong>t, afin de fournir à la<br />

force les capacités requises pour agir<br />

dans l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t actuel et futur.


Lieut<strong>en</strong>ant-colonel<br />

Laur<strong>en</strong>t<br />

CHAPELLE<br />

<strong>Le</strong> lieut<strong>en</strong>ant-colonel Laur<strong>en</strong>t CHAPELLE<br />

est in<strong>génie</strong>ur de l’école nationale supérieure<br />

d’arts et métiers.<br />

Il a servi au 4 e régim<strong>en</strong>t du <strong>génie</strong> puis au<br />

15 e régim<strong>en</strong>t du <strong>génie</strong> de l’air comme<br />

commandant de compagnie.<br />

Engagé dans le cycle de l’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t<br />

<strong>militaire</strong> supérieur à partir de 1997, il est<br />

in<strong>génie</strong>ur SUPELEC depuis 1999 et suit<br />

l’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t du collège interarmées<br />

de déf<strong>en</strong>se (7 e promotion), à l’issue<br />

duquel il est affecté au service technique<br />

des bâtim<strong>en</strong>ts fortifications et travaux<br />

(STBFT).<br />

Il est chef du BOI du 25 e régim<strong>en</strong>t du<br />

<strong>génie</strong> de l’air depuis août 2004.<br />

S A P E U R<br />

LE RÔLE DU GÉNIE DE L’AIR<br />

DANS LA SAUVEGARDE-PROTECTION<br />

EN OPÉRATIONS EXTÉRIEURES<br />

Though Rapid Runway Repair is still the core of the missions of the Air force Engineers,<br />

these units are more and more tasked in operations with protection and sustainability<br />

works or with hard<strong>en</strong>ing works.<br />

The 25th Air force Engineers Battalion, <strong>en</strong>dowed with a large quantity of various earthmoving<br />

equipm<strong>en</strong>t, as well as concrete production means, has a good capacity to perform this kind<br />

of works and it demonstrated this on many theatres of operations in the past few years.<br />

Its most rec<strong>en</strong>t experi<strong>en</strong>ce took place in Abéché (Chad) in 2005, where it built a 1200 m 2 ammunition<br />

storage with Bastion-Walls and local made pre-cast concrete beams. The cost of this operation,<br />

about 460 000 A, is low compared with the cost of a classical infrastructure operation, and its<br />

l<strong>en</strong>gth of life remains coher<strong>en</strong>t with the usual term of settlem<strong>en</strong>ts on theatres of operations.<br />

La projection d’un détachem<strong>en</strong>t du<br />

<strong>génie</strong> de l’air sur un théâtre d’opérations<br />

extérieures s’inscrit le plus souv<strong>en</strong>t dans<br />

le cadre du déploiem<strong>en</strong>t d’une force<br />

aéri<strong>en</strong>ne multinationale. <strong>Le</strong> volume du<br />

détachem<strong>en</strong>t varie suivant la nature des<br />

missions et l’ampleur des travaux à<br />

réaliser. <strong>Le</strong> rétablissem<strong>en</strong>t des surfaces<br />

aéronautiques après une attaque<br />

aéri<strong>en</strong>ne reste la mission la plus spécifique<br />

du <strong>génie</strong> de l’air, son « cœur de<br />

métier ». Cep<strong>en</strong>dant, lors des opérations<br />

réc<strong>en</strong>tes, où la coalition déti<strong>en</strong>t la<br />

supériorité aéri<strong>en</strong>ne, les capacités du<br />

25 e régim<strong>en</strong>t du <strong>génie</strong> de l’air ont<br />

surtout été employées à des travaux<br />

d’aide au déploiem<strong>en</strong>t et de sauvegardeprotection<br />

accompagnant le déploiem<strong>en</strong>t<br />

et l’installation de la composante<br />

aéri<strong>en</strong>ne de la coalition.<br />

Après un rappel des principales<br />

missions et capacités du <strong>génie</strong> de l’air,<br />

un exemple réc<strong>en</strong>t de réalisation sera<br />

prés<strong>en</strong>té. Il peut être considéré comme<br />

emblématique de nombreux besoins<br />

actuels sur les théâtres, <strong>en</strong> ce que<br />

l’ouvrage <strong>en</strong> question répond à la fois<br />

aux besoins de sauvegarde-protection<br />

de la force et à l’exig<strong>en</strong>ce d’application<br />

des normes de sécurité du temps de paix<br />

qui caractéris<strong>en</strong>t les opérations<br />

actuelles, de basse à moy<strong>en</strong>ne int<strong>en</strong>sité.<br />

RÔLE, MISSIONS ET CAPACITÉS DU<br />

GÉNIE DE L’AIR<br />

<strong>Le</strong> concept et la doctrine d’emploi des<br />

unités d’infrastructure <strong>en</strong> opération de<br />

l’armée de l’air (approuvés respectivem<strong>en</strong>t<br />

<strong>en</strong> 2003 et 2004) définiss<strong>en</strong>t le rôle<br />

- 49 -<br />

et l’emploi des unités d’infrastructure<br />

<strong>en</strong> opérations. Il s’agit de faciliter le<br />

déploiem<strong>en</strong>t d’une composante aéri<strong>en</strong>ne<br />

sur une ou plusieurs bases aéri<strong>en</strong>nes<br />

projetées <strong>en</strong> lui livrant et <strong>en</strong> maint<strong>en</strong>ant<br />

<strong>en</strong> état l’infrastructure opérationnelle et<br />

de souti<strong>en</strong> nécessaire à l’accomplissem<strong>en</strong>t<br />

de ses missions. <strong>Le</strong>s deux compagnies<br />

d’infrastructure <strong>en</strong> opérations (CIO) ont<br />

vocation à traiter l’infrastructure « verticale<br />

», le 25 e régim<strong>en</strong>t du <strong>génie</strong> de l’air<br />

(25 e RGA) étant, quant à lui, chargé de<br />

l’infrastructure « horizontale » (surfaces<br />

aéronautiques, dalles, terrassem<strong>en</strong>ts…).<br />

Pour assurer efficacem<strong>en</strong>t ce rôle, il faut<br />

successivem<strong>en</strong>t :<br />

- préparer l’installation initiale de la<br />

composante aéri<strong>en</strong>ne : à cet effet, les<br />

unités d’infrastructure <strong>en</strong> opération<br />

doiv<strong>en</strong>t faire impérativem<strong>en</strong>t partie<br />

des échelons de reconnaissance et<br />

des élém<strong>en</strong>ts précurseurs pour assurer<br />

le déploiem<strong>en</strong>t rapide des premiers<br />

élém<strong>en</strong>ts dans les meilleures conditions;<br />

- pr<strong>en</strong>dre toutes les dispositions<br />

nécessaires <strong>en</strong> fonction de la situation<br />

(<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t, m<strong>en</strong>aces…) <strong>en</strong><br />

vue de préserver la capacité opérationnelle<br />

du détachem<strong>en</strong>t projeté,<br />

y compris dans la durée : susceptibles<br />

d’être <strong>en</strong>gagées avant le gros<br />

de la force, les unités d’infrastructure<br />

<strong>en</strong> opération particip<strong>en</strong>t à l’établissem<strong>en</strong>t<br />

des conditions de vie adaptées<br />

à la durée des opérations, au climat<br />

et aux réserves locales. <strong>Le</strong>ur action<br />

compr<strong>en</strong>d <strong>en</strong> particulier des travaux<br />

de protection, de dépollution, de<br />

rétablissem<strong>en</strong>t ou d’aménagem<strong>en</strong>t<br />

des infrastructures.


- assurer le dés<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t de la<br />

force : les unités d’infrastructure <strong>en</strong><br />

opération appui<strong>en</strong>t le dés<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t<br />

<strong>en</strong> restituant aux autorités locales et<br />

nationales les infrastructures occupées<br />

par la force. Dans des circonstances<br />

plus exceptionnelles, elles peuv<strong>en</strong>t<br />

être am<strong>en</strong>ées à neutraliser les infrastructures<br />

utilisées.<br />

<strong>Le</strong> format des unités d’infrastructure <strong>en</strong><br />

opération découle directem<strong>en</strong>t du<br />

contrat opérationnel de l’armée de l’air.<br />

Dans le cadre des cinq scénarios du livre<br />

blanc, l’armée de l’air, tout <strong>en</strong> assurant<br />

le mainti<strong>en</strong> de la posture perman<strong>en</strong>te de<br />

sûreté (PPS) et son r<strong>en</strong>forcem<strong>en</strong>t év<strong>en</strong>tuel,<br />

doit être <strong>en</strong> mesure de s’<strong>en</strong>gager<br />

selon trois hypothèses d’emploi exclusives<br />

(A pour mission AIR) :<br />

- A1 : Opération multinationale conduite<br />

par l’alliance au titre de la déf<strong>en</strong>se<br />

collective,<br />

- A2 : Simultanéité d’une opération<br />

multinationale et d’une opération<br />

nationale,<br />

- A3 : Simultanéité de plusieurs <strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>ts<br />

de gestion de crise.<br />

Ainsi la déf<strong>en</strong>se collective et les <strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>ts<br />

multinationaux régionaux (scénarios<br />

1 & 2 du livre blanc) peuv<strong>en</strong>t impliquer<br />

l’<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t, limité ou non dans<br />

la durée, de la totalité des forces<br />

aéri<strong>en</strong>nes sur trois bases aéri<strong>en</strong>nes projetées<br />

dont au moins une majeure<br />

(hypothèse A1 & A2), le déploiem<strong>en</strong>t de<br />

structure de commandem<strong>en</strong>t se faisant<br />

<strong>en</strong> priorité sur une de ces bases. Par<br />

ailleurs, la simultanéité d’un <strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t<br />

multinational de moy<strong>en</strong>ne ampleur et<br />

d’<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>ts nationaux ou multinationaux<br />

sur d’autres théâtres d’opérations<br />

n’est pas exclue (hypothèse A3).<br />

Dans ce domaine, la déf<strong>en</strong>se de l’intégrité<br />

du territoire hors métropole (scénario<br />

3), la mise <strong>en</strong> œuvre d’un accord<br />

de déf<strong>en</strong>se (scénario 4) ou des actions<br />

<strong>en</strong> faveur de la paix et du droit international<br />

(scénario 5) peuv<strong>en</strong>t obliger<br />

l’armée de l’air à répartir ses moy<strong>en</strong>s<br />

sur un ou deux autres théâtres d’opérations<br />

éloignés.<br />

S A P E U R<br />

Pour répondre le mieux possible à la<br />

problématique de simultanéité des crises,<br />

la préparation des forces de l’armée de<br />

l’air s’articule autour d’une montée <strong>en</strong><br />

puissance progressive et modulaire des<br />

forces (FRI, FRR, FAT), dont la composition<br />

pourra varier <strong>en</strong> fonction des objectifs<br />

assignés et de la nature de la m<strong>en</strong>ace.<br />

Ainsi, l’armée de l’air devra-t-elle être<br />

capable de mettre <strong>en</strong> œuvre, <strong>en</strong> moins de<br />

deux mois et sur deux théâtres d’opérations<br />

au minimum, une c<strong>en</strong>taine d’avions<br />

de combat avec leur souti<strong>en</strong> opérationnel<br />

selon les principes suivants :<br />

- déploiem<strong>en</strong>t d’une vingtaine d’avions<br />

de combat et de leur souti<strong>en</strong> dans un<br />

délai d’interv<strong>en</strong>tion de 72 heures<br />

pour une première mission à J + 3,<br />

- projection de 1500 hommes et de leur<br />

équipem<strong>en</strong>t dans les mêmes délais,<br />

- déploiem<strong>en</strong>t de 40 avions de combat<br />

<strong>en</strong> moins de 15 jours,<br />

- déploiem<strong>en</strong>t d’une c<strong>en</strong>taine d’avions<br />

de combat <strong>en</strong> moins de 2 mois.<br />

<strong>Le</strong>s forces doiv<strong>en</strong>t pouvoir se déployer<br />

sur 3 bases aéri<strong>en</strong>nes projetées, dont<br />

une majeure, sur des pistes susceptibles<br />

d’avoir été <strong>en</strong>dommagées du fait de l’<strong>en</strong>nemi,<br />

sinon du fait d’une action nationale<br />

ou multinationale. L’abs<strong>en</strong>ce de<br />

proximité de ports n’est pas à exclure.<br />

Lors des projections, le déploiem<strong>en</strong>t des<br />

structures de commandem<strong>en</strong>t nationales,<br />

voire alliées lorsque la France est<br />

nation-cadre, est prévu sur une de ces<br />

trois bases de théâtres, même si leur<br />

installation sur un autre site ne doit pas<br />

être exclue.<br />

Pour lui permettre de t<strong>en</strong>ir le rôle qui lui<br />

est dévolu dans ce contrat opérationnel,<br />

le 25 e RGA armé par quelques 900 hommes,<br />

est articulé <strong>en</strong> quatre compagnies opérationnelles<br />

aux effectifs de 4/25/128.<br />

Chacune de ces compagnies dispose,<br />

outre du matériel spécifique nécessaire<br />

au rétablissem<strong>en</strong>t d’urg<strong>en</strong>ce d’une<br />

plate-forme aéronautique, de capacités<br />

importantes de terrassem<strong>en</strong>t, de trans-<br />

- 50 -<br />

port (matériaux et <strong>en</strong>gins), de production<br />

et de mise <strong>en</strong> œuvre de matériaux.<br />

Cette palette assez complète de moy<strong>en</strong>s 1<br />

lui permet d’« agir vite et puissamm<strong>en</strong>t 2 »,<br />

et <strong>en</strong> particulier d’obt<strong>en</strong>ir, <strong>en</strong> des délais<br />

très courts, un impact sur le terrain<br />

permettant d’accroître significativem<strong>en</strong>t<br />

la protection des unités appuyées.<br />

Ces capacités reconnues se traduis<strong>en</strong>t<br />

dans les faits par un niveau d’<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t<br />

du régim<strong>en</strong>t <strong>en</strong> constante augm<strong>en</strong>tation<br />

3 . <strong>Le</strong> 25 e RGA s’est notamm<strong>en</strong>t<br />

illustré à Sarajevo (Bosnie), Manas<br />

(Kirghizstan), Petrovec (Macédoine),<br />

Antebbé (Congo), Abéché ou N’Djaména<br />

(Tchad). <strong>Le</strong>s missions confiées aux détachem<strong>en</strong>ts<br />

du <strong>génie</strong> de l’air projetés comport<strong>en</strong>t<br />

systématiquem<strong>en</strong>t des travaux<br />

de sauvegarde-protection, ou, comme<br />

dans le cas du dépôt de munitions<br />

d’Abéché, de durcissem<strong>en</strong>t d’installations<br />

s<strong>en</strong>sibles.<br />

LE DÉPÔT DE MUNITIONS D’ABÉCHÉ<br />

(TCHAD) : UN EXEMPLE EMBLÉMA-<br />

TIQUE DES BESOINS ACTUELS EN<br />

OPÉRATIONS<br />

<strong>Le</strong> dépôt de munitions d’Abéché (Tchad)<br />

a été réalisé par une section du 25 e régim<strong>en</strong>t<br />

du <strong>génie</strong> de l’air au printemps 2005. Il<br />

s’agissait avant tout de mettre ce dépôt<br />

<strong>en</strong> conformité avec les normes de<br />

sécurité relatives aux établissem<strong>en</strong>ts<br />

pyrotechniques. Cep<strong>en</strong>dant, dans un<br />

<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t plus hostile, une réalisation<br />

similaire aurait pu être conçue pour<br />

répondre simultaném<strong>en</strong>t aux besoins de<br />

sauvegarde-protection d’une infrastructure<br />

de stockage s<strong>en</strong>sible. En effet, <strong>en</strong><br />

opération, un dépôt de munitions ne<br />

manquerait pas de constituer une cible<br />

privilégiée. Au-delà du durcissem<strong>en</strong>t<br />

inhér<strong>en</strong>t à la sécurité pyrotechnique de<br />

l’ouvrage, il importe donc de le protéger<br />

des tirs et de le concevoir de manière à<br />

limiter les conséqu<strong>en</strong>ces d’un tir : empêcher<br />

la destruction complète du stockage<br />

et la perte de capacité opérationnelle<br />

qui <strong>en</strong> résulterait et limiter le danger<br />

pour les troupes et les matériels<br />

majeurs que représ<strong>en</strong>te l’explosion<br />

1) 24 VBR et VIB dotés d’un canon de 20 mm, 170 <strong>en</strong>gins de terrassem<strong>en</strong>t divers (tracto-chargeurs, dont certains sont blindés, tracteurs niveleurs,<br />

niveleuses, compacteur, pelles hydrauliques, dont certaines sont blindées), 97 camions-b<strong>en</strong>ne de 8, 10 et 20 m 3 , 67 attelages porte-<strong>en</strong>gins, deux<br />

c<strong>en</strong>trales mobiles de production d’<strong>en</strong>robé (120 et 220 t/h), 3 finisseurs à <strong>en</strong>robé, 2 fraiseuses, deux c<strong>en</strong>trales mobiles de production de béton<br />

(60 et 160 m 3 /h), 3 finisseurs à béton, divers moy<strong>en</strong>s de production de béton (dont 4 auto-bétonnières de 10 m 3 /h chacune et 10 bétonnières à<br />

moteur thermiques) et de pose manuelle (coffrages, règles vibrantes, pervibrateurs), matériels de topographie, de laboratoire des sols…<br />

2) Devise du 15 e RGA (dissous <strong>en</strong> 1999).<br />

3) 22000 hommes/jours <strong>en</strong> 2001, 33000 hommes/jours <strong>en</strong> 2005.


Dépôt de munitions d'Abéché (mars 2005).<br />

Réalisation de dalles <strong>en</strong> béton hydraulique<br />

d’une alvéole de stockage. <strong>Le</strong>s principes<br />

à appliquer lors de la conception du<br />

dépôt sont id<strong>en</strong>tiques à ceux qui vis<strong>en</strong>t à<br />

la sécurité pyrotechnique <strong>en</strong> temps de<br />

paix. Il s’agit de compartim<strong>en</strong>ter le dépôt<br />

pour éviter la transmission de la détonation<br />

d’une alvéole à l’autre et de protéger<br />

le personnel contre les effets de<br />

souffle et les projections d’éclats.<br />

L’exemple du dépôt de munitions<br />

d’Abéché démontre que ces objectifs<br />

peuv<strong>en</strong>t être atteints sur les théâtres<br />

d’opérations dans des délais et à des<br />

coûts raisonnables. Ce dépôt situé sur le<br />

camp CROCI à ABÉCHÉ, <strong>en</strong> plein désert<br />

Tchadi<strong>en</strong>, a été conçu par la section<br />

« infrastructure protégée » du service<br />

technique des bâtim<strong>en</strong>ts, fortifications et<br />

travaux (STBFT) au profit du commandem<strong>en</strong>t<br />

des élém<strong>en</strong>ts <strong>français</strong> au Tchad.<br />

Destiné au stockage des munitions prépositionnées<br />

(obus de mortier, gr<strong>en</strong>ades…)<br />

ce dépôt ainsi réalisé est générateur<br />

de zones de danger d’une très<br />

faible ét<strong>en</strong>due. Dans le cas d’un accid<strong>en</strong>t<br />

pyrotechnique, la structure arrêterait la<br />

totalité des éclats primaires prov<strong>en</strong>ant<br />

des munitions. Cette particularité permet<br />

de l’insérer sans danger à proximité<br />

des différ<strong>en</strong>tes activités du camp et<br />

notamm<strong>en</strong>t au plus près du stationnem<strong>en</strong>t<br />

des troupes.<br />

Il prés<strong>en</strong>te une surface au sol d’<strong>en</strong>viron<br />

1200 m 2 . Il est composé de 6 alvéoles<br />

permettant le stockage des munitions<br />

Accid<strong>en</strong>t pyrotechnique à Doha (Koweit),<br />

lors d’un exercice <strong>en</strong> 1991.<br />

49 blessés, dont deux gravem<strong>en</strong>t,<br />

105 véhicules détruits, 15M$ de dégâts.<br />

S A P E U R<br />

Dépôt de munitions d'Abéché. Mise <strong>en</strong> place de la clôture (mai 2005).<br />

ayant des groupes de compatibilité différ<strong>en</strong>ts<br />

et appart<strong>en</strong>ant aux quatre divisions<br />

de risque. Chacune des alvéoles permet le<br />

stockage dans des conditions conformes<br />

à la réglem<strong>en</strong>tation <strong>en</strong> vigueur de<br />

quelques c<strong>en</strong>taines de kilogrammes de<br />

matière active. Il est réalisé <strong>en</strong> « bastionswalls<br />

» (avec comme matière première de<br />

remplissage le sable du désert) et <strong>en</strong> poutrelles<br />

de béton armé préfabriquées par<br />

<strong>en</strong>treprise sur le théâtre.<br />

L’<strong>en</strong>semble des travaux a été réalisé par<br />

un détachem<strong>en</strong>t du 25 e RGA du volume<br />

d’une section (1/4/21) disposant de<br />

11 <strong>en</strong>gins de terrassem<strong>en</strong>t divers (dont<br />

certains sont égalem<strong>en</strong>t aptes au levage),<br />

2arroseuses, 6 camions-b<strong>en</strong>nes, 1 autobétonnière<br />

(moy<strong>en</strong> mobile permettant la<br />

production d’<strong>en</strong>viron 10 m 3 /h de béton),<br />

un lot de pose manuelle de béton (rails<br />

de coffrage, règles vibrantes, pervibra-<br />

- 51 -<br />

teurs) et de l’<strong>en</strong>semble des moy<strong>en</strong>s<br />

nécessaires à la maint<strong>en</strong>ance et la réparation<br />

des matériels <strong>en</strong>gagés.<br />

<strong>Le</strong>s travaux, qui ont duré deux mois et<br />

demi, n’ont pas prés<strong>en</strong>té de difficulté<br />

technique particulière. <strong>Le</strong> seul point délicat<br />

de cette opération concerne les élém<strong>en</strong>ts<br />

préfabriqués par <strong>en</strong>treprise civile<br />

locale, dont le suivi et l’assurance de la<br />

qualité peut obéir à des procédures bi<strong>en</strong><br />

différ<strong>en</strong>tes de celles <strong>en</strong> vigueur <strong>en</strong><br />

métropole. Néanmoins, moy<strong>en</strong>nant<br />

quelques précautions lors la mise <strong>en</strong><br />

œuvre (<strong>en</strong> particulier surveillance des<br />

flèches observées à la mise <strong>en</strong> charge), il<br />

a pu être confirmé que les poutrelles<br />

étai<strong>en</strong>t aptes à remplir leur fonction.<br />

<strong>Le</strong> coût d’une telle réalisation est de<br />

l’ordre de 460 000 A : <strong>en</strong>viron 300 000 A<br />

de matériaux et fournitures - ess<strong>en</strong>tielle-<br />

Dépôt de munitions d'Abéché. Mise <strong>en</strong> place sur bastion walls des poutrelles préfabriquées (avril 2005).


m<strong>en</strong>t les bastions-walls et les poutrelles<br />

préfabriquées, 125 000 A de surcoût<br />

OPEX (soldes), le reste représ<strong>en</strong>tant le<br />

coût des billets avions des précurseurs<br />

qui ont dû emprunter une VAC et le carburant<br />

nécessaire au millier d’heures<br />

d’<strong>en</strong>gins exécutées et aux 4000 km parcourus.<br />

<strong>Le</strong> coût de la projection des<br />

<strong>en</strong>gins est réparti sur plusieurs opérations<br />

successives réparties sur le théâtre<br />

S A P E U R<br />

Dépôt de munitions d'Abéché <strong>en</strong> cours d'achèvem<strong>en</strong>t (mai 2005).<br />

tchadi<strong>en</strong>. Cette somme est relativem<strong>en</strong>t<br />

faible au regard du coût d’une opération<br />

d’infrastructure de même nature lancée<br />

sur le territoire métropolitain. La durée<br />

de vie de cette installation est évidemm<strong>en</strong>t<br />

plus courte que celle d’un ouvrage<br />

de construction classique, mais elle<br />

demeure tout à fait adaptée à la durée<br />

habituelle de ce type d’<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t.<br />

- 52 -<br />

CONCLUSION<br />

« The large ground organisation of a<br />

modern air force is its Achilles heel » 4 .<br />

Plus généralem<strong>en</strong>t, qu’il s’agisse de la<br />

composante « air » ou de la composante<br />

« terre » d’une force projetée, la complexité<br />

et la vulnérabilité des systèmes<br />

déployés, accrue par la nécessité, dans<br />

bi<strong>en</strong> des cas, d’un emploi de la force<br />

limité à un très bas niveau par nos<br />

troupes, r<strong>en</strong>d plus nécessaire que jamais<br />

la mise <strong>en</strong> œuvre de mesures de sauvegarde-protection.<br />

Dès lors qu’elles<br />

concern<strong>en</strong>t des conc<strong>en</strong>trations de forces<br />

importantes, des zones logistiques ou<br />

des c<strong>en</strong>tres de commandem<strong>en</strong>t, ces<br />

mesures nécessit<strong>en</strong>t l’<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t de<br />

moy<strong>en</strong>s de travaux lourds, seuls susceptibles<br />

de produire une action significative<br />

sur le terrain.<br />

Pour être parfaitem<strong>en</strong>t optimisée, la<br />

détermination des moy<strong>en</strong>s à <strong>en</strong>gager<br />

doit résulter de la confrontation d’un<br />

effet à obt<strong>en</strong>ir, exprimé par le commandem<strong>en</strong>t,<br />

et de l’exam<strong>en</strong> du terrain et des<br />

ressources locales. <strong>Le</strong> plus souv<strong>en</strong>t,<br />

seule l’insertion d’un élém<strong>en</strong>t du régim<strong>en</strong>t<br />

lors des reconnaissances et/ou<br />

parmi les élém<strong>en</strong>ts précurseurs permet<br />

la constitution du détachem<strong>en</strong>t le plus<br />

adapté.<br />

4) « La forte implantation au sol d’une armée de l’air moderne est son talon d’Achille » Captain Sir Basil Liddell Hart, Thoughts on War, 1943.


Lieut<strong>en</strong>ant-colonel<br />

Philippe<br />

KIRSCHER<br />

<strong>Le</strong> lieut<strong>en</strong>ant-colonel Kirscher est chef<br />

du bureau opérations instructions du<br />

2 e REG depuis août 2005.<br />

Saint-Cyri<strong>en</strong> de la promotion 86-89<br />

(général CALLIES), il a successivem<strong>en</strong>t<br />

servi comme chef de section au 25 e RGA,<br />

puis comme lieut<strong>en</strong>ant et capitaine au<br />

5 e Régim<strong>en</strong>t étranger de 1993 à 1994.<br />

Il a commandé la compagnie d’appui du<br />

6 e Régim<strong>en</strong>t étranger de <strong>génie</strong> de 1995 à<br />

1997.<br />

Il a été chef du bureau de préparation<br />

opérationnelle de l’état-major de la brigade<br />

du <strong>génie</strong>, à l’issue de son passage<br />

au CSEM/CID , 9 e promotion.<br />

<strong>Le</strong> lieut<strong>en</strong>ant-colonel Kirscher est titulaire<br />

d’un diplôme d’études approfondies<br />

sur le rôle du <strong>génie</strong> du C.E.F. dans<br />

les bases aéroterrestres <strong>en</strong> Indochine<br />

1953-1954, période riche d’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t<br />

<strong>en</strong> matière de protection pour<br />

notre armée.<br />

<strong>Le</strong> lieut<strong>en</strong>ant-colonel Kirscher a servi<br />

comme « chief <strong>en</strong>gineer » au sein de<br />

l’ONUCI de décembre 2004 à juin 2005.<br />

S A P E U R<br />

LE RGBIA DANS LA MISSION<br />

DE PROTÉGER LES FORCES EN 2005<br />

Fr<strong>en</strong>ch <strong>en</strong>gineers have resumed operating force survivability since the resuming of<br />

peace support operations at the <strong>en</strong>d of the sev<strong>en</strong>ties.<br />

One of the most important lessons learnt, either in <strong>Le</strong>banon, Gulf war, former<br />

Yougoslavia or Western Africa, is that it is worthy foreseeing the worst situation.<br />

The curr<strong>en</strong>t concept of « three block war » is, regarding the curr<strong>en</strong>t situations <strong>en</strong>countered<br />

on overseas operations, is deemed highly valuable.<br />

Our forces, supported by our combat or heavy <strong>en</strong>gineers, must plan <strong>en</strong>gineering support<br />

in matter of survivability as early as possible, including the full spectrum of<br />

threats ; i.e. terror or large calibre attacks in most the areas of operations.<br />

In such a case, Fr<strong>en</strong>ch <strong>en</strong>gineers, especially in combat units, need more accurate<br />

equipm<strong>en</strong>t, especially for hard<strong>en</strong>ing combat positions and deflecting pot<strong>en</strong>tial blasts.<br />

G<strong>en</strong>erally speaking, our forces must look closely to their initial layouts, including from<br />

the beginning in the OPP 1 such features as force protection, taking in account those<br />

points, <strong>en</strong>gineers’ job on the field will be easier and they will spare useful workforce,<br />

warranting effective survivability to our forces.<br />

La protection est dev<strong>en</strong>ue ces dernières<br />

années l’ess<strong>en</strong>tiel des activités - au même<br />

titre que les missions relatives à l’aide au<br />

déploiem<strong>en</strong>t des unités - des bataillons ou<br />

compagnies du <strong>génie</strong> projetés.<br />

Il s’agit ici, à partir de l’expéri<strong>en</strong>ce passée<br />

des unités du 2 e REG, de dresser un<br />

tableau des actions <strong>en</strong>treprises pour<br />

r<strong>en</strong>forcer la protection de nos forces sur<br />

les différ<strong>en</strong>ts théâtres. Il est manifeste que,<br />

dans le cadre de corps expéditionnaires<br />

qui cach<strong>en</strong>t leur nom et au mandat<br />

bi<strong>en</strong> souv<strong>en</strong>t mal défini dans le temps,<br />

nos forces sont <strong>en</strong>trées dans le cadre<br />

désormais familier de la « 3 block war »<br />

tel que défini par nos amis britanniques.<br />

Celui-ci exige, dans une alchimie bi<strong>en</strong><br />

compliquée, une aptitude à la réversibi-<br />

Construction d’un dépôt de munitions à<br />

Mitrovica. Hiver 2005<br />

- 53 -<br />

lité la plus grande possible, une bataille<br />

perman<strong>en</strong>te pour les cœurs et les âmes,<br />

et une grande aptitude à basculer dans<br />

des actions de coercition tout <strong>en</strong> limitant<br />

les pertes au plus faible nombre possible.<br />

La protection-sauvegarde, depuis<br />

l’att<strong>en</strong>tat du poste Drakkar 2 , a son mot à<br />

dire <strong>en</strong> la matière.<br />

S’INTÉGRER AU PAYSAGE<br />

C’est <strong>en</strong> effet le trait prédominant des<br />

actions de protection au début du<br />

XXIe siècle, gage de la meilleure protection<br />

passive. <strong>Le</strong>s sapeurs, chargés de<br />

contribuer au déploiem<strong>en</strong>t de la force,<br />

doiv<strong>en</strong>t pr<strong>en</strong>dre <strong>en</strong> compte :<br />

- les infrastructures qui leur sont<br />

confiées par les belligérants ou les<br />

acteurs locaux bi<strong>en</strong>veillants (cas de<br />

la RCI) pour déployer les troupes<br />

dans la relative sécurité que ces<br />

emprises offr<strong>en</strong>t. À ce titre, la protection<br />

- passive - passe tout d’abord<br />

par l’intégration au paysage. La force<br />

se veut bi<strong>en</strong>veillante et assume<br />

<strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t son rôle de mainti<strong>en</strong> ou<br />

d’imposition de la paix avec un profil<br />

le plus bas possible. S’il n’y a pas là<br />

de camp Bondsteel 3 , il faut bi<strong>en</strong><br />

admettre que dans ce cas les incon-<br />

1) Operational planning process. MedO<br />

2) <strong>Le</strong> poste Drakkar, immeuble de Beyrouth t<strong>en</strong>u par la 3 e compagnie du 1 er RCP, appart<strong>en</strong>ant à la<br />

FMNSB , fut volatilisé par un att<strong>en</strong>tat qui fit plus de 60 morts.<br />

3) Camp de déploiem<strong>en</strong>t initial de la brigade US au Kosovo, réalisé <strong>en</strong> 6 mois par la société<br />

Brown and roots <strong>en</strong> 1999, et qui intégrait des abris 10 hommes dans chaque bâtim<strong>en</strong>t troupe<br />

du modèle « Sea huts » (Sea = South East Asia).


véni<strong>en</strong>ts s’appell<strong>en</strong>t emplacem<strong>en</strong>t<br />

tactiquem<strong>en</strong>t discutable, espacem<strong>en</strong>t<br />

des bâtim<strong>en</strong>ts aléatoires,<br />

faibles épaisseurs des couches de<br />

protection, conc<strong>en</strong>tration des troupes<br />

avec les matériels et les munitions…<br />

- les matériaux de dotation ou locaux :<br />

l’équipem<strong>en</strong>t du sapeur de 2006 ressemble<br />

bi<strong>en</strong> à celui de 1950 <strong>en</strong><br />

matière de protection : hormis l’introduction<br />

des bastion-walls et<br />

autres Flexmac, les matériaux de<br />

base les plus disponibles sont toujours<br />

le sac à terre, les ronces et concertina,<br />

les tôles cintrées fortes. <strong>Le</strong>s matériaux<br />

locaux prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong> souv<strong>en</strong>t<br />

d’autres inconvéni<strong>en</strong>ts : ressource<br />

chère car rare ou chèrem<strong>en</strong>t monnayée<br />

par des acteurs trop intéressés<br />

sur un théâtre <strong>en</strong> crise, parfois difficile<br />

à acheminer, comme souv<strong>en</strong>t <strong>en</strong><br />

zone nord de République de Côte<br />

d’Ivoire (RCI). Ils prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>t<br />

des défauts de qualité propres<br />

à des pays au développem<strong>en</strong>t moins<br />

avancé et ou la qualité ne se conçoit<br />

pas selon les mêmes normes qu’<strong>en</strong><br />

Occid<strong>en</strong>t. Ces paramètres logistiques<br />

font souv<strong>en</strong>t oublier un trait ess<strong>en</strong>tiel :<br />

un bon ouvrage est un ouvrage qui<br />

dure, donc construit avec des matériaux<br />

d’une durée de vie supérieure à<br />

l’année : nos anci<strong>en</strong>s avai<strong>en</strong>t appris<br />

à construire des postes de combat <strong>en</strong><br />

béton <strong>en</strong> Indochine. Certes, leur<br />

démontage est fastidieux : mais ce<br />

sont ceux-là qui garantiss<strong>en</strong>t la<br />

meilleure protection et la meilleure<br />

durée face aux intempéries, autres<br />

RCI (Odiénné) Printemps 2005 : avant<br />

S A P E U R<br />

termites, voire aux coups directs.<br />

- les contraintes imposées par l’interarmes<br />

et les paramètres de l’opération<br />

: à ce titre, l’une des plus<br />

grandes inconnues est la durée.<br />

Outre les mandats à 4 mois, qui font<br />

changer les usagers - et donc l’expression<br />

des besoins - très régulièrem<strong>en</strong>t,<br />

la planification initiale de<br />

l’opération est déterminante pour la<br />

qualité de la protection : l’adage<br />

« first in, last out » appliqué au<br />

sapeur doit rester dans toutes les<br />

mémoires, de façon à trouver<br />

les infrastructures prés<strong>en</strong>tant le<br />

meilleur compromis et à les aménager<br />

avant l’arrivée du gros de la<br />

force.<br />

- 54 -<br />

RCI (Odiénné) Printemps 2005 : après<br />

SÉCURISER : L’ESSENTIEL DE LA<br />

MISSION<br />

Autre pan de la sauvegarde, un cran audessus<br />

de l’indisp<strong>en</strong>sable intégration au<br />

paysage de la crise moderne, la mise <strong>en</strong><br />

sécurité de nos emprises demeure un<br />

souci constant :<br />

- face aux incursions, des plus classiques,<br />

lesquelles se traduis<strong>en</strong>t par<br />

des pertes de matériels ou une<br />

acquisition parfois ins<strong>en</strong>sible de<br />

r<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t sur nos emprises ou<br />

nos capacités. Ainsi, la base de tout<br />

dispositif demeure <strong>en</strong>core le réseau<br />

de ronce et de concertina. Même<br />

r<strong>en</strong>forcé de mines éclairantes, il prés<strong>en</strong>te<br />

une efficacité parfois discutable.<br />

Trop s<strong>en</strong>sible à la végétation<br />

tropicale, il demande un <strong>en</strong>treti<strong>en</strong><br />

perman<strong>en</strong>t pour une efficacité relative<br />

surtout lorsque par ailleurs les<br />

unités ont pris l’habitude de faire<br />

exécuter une multitude de services<br />

par de la main-d’œuvre civile<br />

librem<strong>en</strong>t acceptée aux heures<br />

ouvrables dans les emprises.<br />

Jusqu’à mise <strong>en</strong> œuvre et autorisation<br />

d’emploi du MODER dans sa<br />

version non-létale, et même si les<br />

chi<strong>en</strong>s de guerre - lorsqu’ils sont disponibles<br />

- sont d’une efficacité<br />

complém<strong>en</strong>taire redoutable, aucune<br />

solution plus probante ne paraît être<br />

disponible.<br />

- face aux intrusions programmées :<br />

tout <strong>en</strong> vivant au mieux au milieu<br />

des populations, il s’agit désormais<br />

de pouvoir s’<strong>en</strong> protéger : passées<br />

les premières opérations de contrôle<br />

de foule au Kosovo, les opérations


<strong>en</strong> RCI ont démontré qu’il fallait<br />

développer des solutions plus pertin<strong>en</strong>tes<br />

pour parv<strong>en</strong>ir à dissuader,<br />

canaliser, arrêter autant que faire se<br />

peut des populations lancées à l’assaut<br />

des emprises ou des cordons de<br />

troupes déployés et ce avant le<br />

contact. Déterminées à user de tous<br />

les moy<strong>en</strong>s possibles, du harcèlem<strong>en</strong>t<br />

à pied jusqu’à la voiture ou le<br />

camion-bélier, ces foules représ<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t,<br />

à l’heure du « combat camera »,<br />

un risque nouveau pour toute<br />

<strong>en</strong>ceinte, aussi bi<strong>en</strong> construite soitelle.<br />

<strong>Le</strong> 2 e REG a pu ainsi contribuer<br />

au r<strong>en</strong>forcem<strong>en</strong>t des emprises du<br />

43 e BiMa, après les événem<strong>en</strong>ts de<br />

novembre 2004 à Abidjan. Il <strong>en</strong> ressort<br />

qu’il faut se montrer toujours<br />

plus imaginatif pour développer des<br />

solutions efficaces à moindre coût.<br />

Des miradors ont ainsi été confectionnés<br />

avec des structures à base<br />

de containers seuls capables de supporter<br />

le poids du niveau de protection<br />

balistique requis et d’offrir la<br />

hauteur requise.<br />

SE PROTÉGER DES COUPS<br />

L’armée de terre <strong>français</strong>e avait redécouvert<br />

au Liban, longtemps après la fin de<br />

la guerre d’Indochine, l’efficacité des tirs<br />

d’artillerie <strong>en</strong>nemis. Elle y a fait aussi la<br />

terrible expéri<strong>en</strong>ce de la confrontation<br />

avec le terroriste déterminé et organisé<br />

face à un dispositif de mainti<strong>en</strong> de la paix<br />

figé. 20 ans après, sur la terre africaine,<br />

elle a subi les frappes aéri<strong>en</strong>nes d’une<br />

aviation jugée amie, tout comme elle a<br />

S A P E U R<br />

pu essuyer les tirs de mortier de rebelles<br />

parfois sous-estimés. La leçon est là : la<br />

protection conçue pour le rétablissem<strong>en</strong>t<br />

de la paix dans une zone <strong>en</strong> crise, c’est-àdire<br />

avant tout pour résister à des tirs<br />

d’ALI, doit pouvoir <strong>en</strong>caisser les tirs du<br />

plus gros calibre et limiter les effets les<br />

plus dévastateurs du souffle de charges<br />

d’explosif dépassant la tonne, aussi bi<strong>en</strong><br />

<strong>en</strong> termes d’organisation du terrain que<br />

de r<strong>en</strong>forcem<strong>en</strong>t des infrastructures. Si<br />

le GEN 150 donne des solutions efficaces<br />

et rôdées, il s’agit de revoir nos procédés<br />

d’élaboration des réseaux d’abris et des<br />

rideaux de protection :<br />

- dès la conception, à laquelle le RGBIA<br />

doit être associé, <strong>en</strong> optant pour des<br />

dispositifs les plus aérés possibles,<br />

RCI (MAN)/ Pas d’<strong>en</strong>ceinte sans ses ribards et son no man’s land. Qui désherbera ?<br />

Ouvrage de protection du DETGEN.<br />

<strong>Le</strong>s sacs à terre blancs, de mauvaise qualité, vont se décomposer peu de temps après…<br />

- 55 -<br />

où les dépôts de munitions sont<br />

isolés et suffisamm<strong>en</strong>t cloisonnés, et<br />

d’autre part <strong>en</strong> recourant à des solutions<br />

durables, qui, si elles ont l’inconvéni<strong>en</strong>t<br />

de figer les dispositifs,<br />

occasionneront des économies <strong>en</strong><br />

moy<strong>en</strong>s et <strong>en</strong> main-d’œuvre ; de la<br />

sorte seront évitées les réfections<br />

hiver après hiver, saison des pluies<br />

après saison des pluies ;<br />

- adapter l’équipem<strong>en</strong>t des RGBIA à<br />

ces nouvelles exig<strong>en</strong>ces : il faut peu<br />

de choses pour disposer d’une capacité<br />

à couler du béton <strong>en</strong> coffrage<br />

(g<strong>en</strong>re coffrages modulaires), ainsi<br />

que d’une petite capacité de production<br />

de béton, autre que celle - très<br />

limitée - de la SAD. La mise sur le<br />

marché d’écrans amovibles <strong>en</strong> Kevlar<br />

est intéressante, de même que le<br />

recours, bi<strong>en</strong> connu, aux vitres blindées.<br />

Ces capacités pourrai<strong>en</strong>t se<br />

trouver dans la section appui de<br />

chaque compagnie de combat. <strong>Le</strong>s<br />

abris du c<strong>en</strong>tre retranché de NA SAN<br />

ont résisté aux tirs de mortier Viet-<br />

Minh parce qu’ils étai<strong>en</strong>t ancrés dans<br />

des semelles <strong>en</strong> béton. Ce n’est plus<br />

le cas de nombre de nos ouvrages<br />

depuis longtemps ;<br />

- revoir les concepts contribuant au<br />

déploiem<strong>en</strong>t de la force, ce qui peut<br />

parfois ou devrait être débattu au<br />

niveau du D.L. <strong>génie</strong>, à l’aune des<br />

leçons apprises sur la m<strong>en</strong>ace terroriste.<br />

L’équival<strong>en</strong>t d’une Skanderja<br />

ou d’un PTT building 4 ne sont plus<br />

admissibles de nos jours. <strong>Le</strong>s unités<br />

4) Infrastructures de déploiem<strong>en</strong>t de la FORPRONU à Sarajevo ayant fréquemm<strong>en</strong>t servi de cibles à toutes sortes de projectiles.


La meilleure des <strong>en</strong>ceintes demeure un mur patrouillé et éclairé.<br />

S A P E U R<br />

doiv<strong>en</strong>t être installées<br />

dans des bâtim<strong>en</strong>ts de<br />

plain-pied, le double<br />

accès aux emprises<br />

systématique, les merlons<br />

ou murs anti-blast<br />

doiv<strong>en</strong>t être implantés<br />

<strong>en</strong> fonction de la<br />

m<strong>en</strong>ace principale et la<br />

plus dangereuse si elle<br />

est avérée. De même<br />

des normes doiv<strong>en</strong>t<br />

être r<strong>en</strong>dues disponibles<br />

pour l’élaboration<br />

des postes de filtrage,<br />

dont on a vu que<br />

l’usage le plus courant<br />

est de contrôler des<br />

mouvem<strong>en</strong>ts routiniers<br />

de <strong>militaire</strong>s et de civils<br />

réputés inoff<strong>en</strong>sifs.<br />

- 56 -<br />

La protection des forces <strong>en</strong> opérations<br />

<strong>en</strong> 2006 demeure à la portée des RGBIA.<br />

Encore faudrait-il qu’ils se voi<strong>en</strong>t accorder<br />

quelques moy<strong>en</strong>s supplém<strong>en</strong>taires et<br />

surtout que les principes d’emploi du<br />

<strong>génie</strong>, dont l’anticipation, soi<strong>en</strong>t appliqués<br />

à la lettre.<br />

Abri <strong>en</strong> terrain <strong>en</strong>neigé : une ressource<br />

non comptée.


Chef de bataillon<br />

Patrick<br />

ANDRIAMAHOLISON<br />

EMIA promotion Général DABOVAL<br />

1990-1992.<br />

DA ESAG 1992-1993.<br />

CDS travaux lourds 72 e RG 1993-1995.<br />

OA c ie travaux 4 e RSMA LA RÉUNION<br />

1995 -1998.<br />

CDU 4 e COGA AVORD 1998 - 2000 (opex<br />

Kosovo).<br />

Adjoint chef de bureau instruction<br />

travaux SDGA 2000-2004.<br />

Chef BML 5 e RG depuis septembre 2004.<br />

Chef DETGEN ONUCI avril à octobre<br />

2005.<br />

Capitaine<br />

Gilles<br />

MACHELON<br />

ESM promotion CES RAFFALI 1998-2001.<br />

DA ESAG 2001-2002.<br />

CDS Travaux lourds 5 e RG Mourmelon<br />

2002-2004.<br />

Dont MCD Polynésie CDS chantier de la<br />

piste traversière de La Pap<strong>en</strong>oo début<br />

2003.<br />

OA 5 e RG 12 e CAS 2004-2005.<br />

S A P E U R<br />

OPÉRATION CALAO - 3 e MANDAT<br />

LE 5 e RÉGIMENT DU GÉNIE<br />

EN RÉPUBLIQUE DE CÔTE D’IVOIRE :<br />

ACTEUR DE LA FONCTION AGESTER OU<br />

SIMPLE PRESTATAIRE DE SERVICE ?<br />

Since April 2004, pursuant to Security Council resolution 1528, the 5 th (FR) Engineer<br />

battalion has deployed an <strong>en</strong>gineer detachm<strong>en</strong>t composed of one road work company<br />

and one logistic company in Côte d’Ivoire.<br />

It is the only Fr<strong>en</strong>ch contribution to UNOCI. After almost 2 years, some lessons-learned<br />

have be<strong>en</strong> id<strong>en</strong>tified, among them one is detailed in the two following articles.<br />

The main point is that, to be effici<strong>en</strong>t, force protection requirem<strong>en</strong>ts have to be considered<br />

as early as possible, i.e. at the beginning of the planning process.<br />

It is not curr<strong>en</strong>tly the case, political and financial reasons are too oft<strong>en</strong> the predominant<br />

ones, and force protection is neglected.<br />

Prés<strong>en</strong>t sur le théâtre ivoiri<strong>en</strong> depuis<br />

avril 2004, le détachem<strong>en</strong>t du <strong>génie</strong> <strong>français</strong>,<br />

majoritairem<strong>en</strong>t armé par le 5 e<br />

Régim<strong>en</strong>t du <strong>génie</strong>, représ<strong>en</strong>te la seule<br />

participation <strong>français</strong>e à l’opération des<br />

Nations-Unies <strong>en</strong> Côte d’Ivoire (ONUCI).<br />

Fort de 171 hommes et femmes, le détachem<strong>en</strong>t,<br />

formant corps de 2 e niveau,<br />

a pour mission principale, aux côtés des<br />

sapeurs pakistanais et bangladais, d’appuyer<br />

le déploiem<strong>en</strong>t et de sout<strong>en</strong>ir le<br />

stationnem<strong>en</strong>t des forces onusi<strong>en</strong>nes,<br />

fortes de 7200 soldats. Mais dans un<br />

contexte politico-<strong>militaire</strong> instable et à<br />

l’av<strong>en</strong>ir incertain, la sauvegarde et la<br />

protection de la force multinationale font<br />

partie des principales priorités du DET-<br />

GEN ONUCI.<br />

- 57 -<br />

<strong>Le</strong> 3 e mandat du détachem<strong>en</strong>t du <strong>génie</strong> a<br />

été très souv<strong>en</strong>t confronté à la problématique<br />

suivante : réaliser un dispositif passif<br />

de sauvegarde et de protection sur<br />

une infrastructure choisie unilatéralem<strong>en</strong>t<br />

(sans concertation avec les <strong>militaire</strong>s)<br />

par les fonctionnaires de l’ONUCI,<br />

sur des critères économiques et politiques.<br />

<strong>Le</strong>ur seul et unique but étant d’attribuer<br />

rapidem<strong>en</strong>t une zone aux différ<strong>en</strong>ts<br />

bataillons et de dicter les travaux à<br />

réaliser sans schéma directeur clair ni<br />

vision à moy<strong>en</strong> terme du besoin. <strong>Le</strong>s réalisations<br />

confiées aux unités de travaux<br />

incluai<strong>en</strong>t rarem<strong>en</strong>t les ouvrages de sauvegarde<br />

et protection, les matériaux<br />

nécessaires à leur réalisation étant par<br />

ailleurs prés<strong>en</strong>ts <strong>en</strong> très faible quantité.


Pourtant les expéri<strong>en</strong>ces passées<br />

aurai<strong>en</strong>t dû s<strong>en</strong>sibiliser les autorités<br />

onusi<strong>en</strong>nes quant à l’importance de ce<br />

type de travaux. <strong>Le</strong>s derniers événem<strong>en</strong>ts<br />

de janvier 2006 sont là pour<br />

mettre <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce cette problématique.<br />

En effet, sur le théâtre ivoiri<strong>en</strong>,<br />

trop rares sont les dispositifs onusi<strong>en</strong>s<br />

offrant un dispositif de sûreté satisfaisante.<br />

<strong>Le</strong>s installations aux vues et aux<br />

coups directs du premier v<strong>en</strong>u sont<br />

incapables de résister à la moindre<br />

pression d’émeutiers : « bastion<br />

walls » <strong>en</strong> guise de poste de combat et<br />

concertinas pour matérialiser les<br />

limites du camp constitu<strong>en</strong>t souv<strong>en</strong>t le<br />

seul rempart.<br />

S A P E U R<br />

<strong>Le</strong>s émeutes de janvier se sont calmées<br />

d’elles-mêmes et tout s’est bi<strong>en</strong> terminé<br />

pour cette fois. Certes « <strong>Le</strong> contrôle de<br />

foule est un combat d’attitude » comme<br />

le déclare le lieut<strong>en</strong>ant Edouard, chef de<br />

section de combat du Régim<strong>en</strong>t de<br />

Marche du Tchad, déployé pour r<strong>en</strong>forcer<br />

la déf<strong>en</strong>se de l’état-major onusi<strong>en</strong> à<br />

Abidjan, mais l’exist<strong>en</strong>ce d’un bon dispositif<br />

passif offrant une bonne assise de<br />

déf<strong>en</strong>se permet d’économiser le pot<strong>en</strong>tiel<br />

humain et r<strong>en</strong>force l’image volontariste<br />

de la force. À moins de faire fi des<br />

règles d’<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t.<br />

Ces événem<strong>en</strong>ts serviront-ils de leçon pour<br />

l’av<strong>en</strong>ir? Il est à craindre que non car cette<br />

- 58 -<br />

problématique se répétera <strong>en</strong>core souv<strong>en</strong>t<br />

tant que l’on n’admettra pas que le sapeur<br />

doit être intégré dès la phase de conception,<br />

dès la première reconnaissance de<br />

terrain. De plus, la fonction AGESTER est<br />

une fonction qui exige d’énormes moy<strong>en</strong>s<br />

techniques, humains et financiers ainsi que<br />

les fameux délais du sapeur. Elle demande<br />

concertation, réflexion et technicité qui exig<strong>en</strong>t<br />

la participation de spécialistes dès la<br />

g<strong>en</strong>èse d’une opération. Sur le théâtre, il<br />

est impératif que le sapeur soit <strong>en</strong> mesure<br />

de donner son avis technique et de transmettre<br />

ses besoins <strong>en</strong> matériaux, afin que<br />

les mêmes erreurs ne se reproduis<strong>en</strong>t pas<br />

avant l’arrivée év<strong>en</strong>tuelle des 3000 r<strong>en</strong>forts<br />

demandés par l’ONUCI.


<strong>Le</strong> capitaine MACHELON a été projeté au<br />

sein du détachem<strong>en</strong>t <strong>français</strong> du <strong>génie</strong><br />

de l’ONU <strong>en</strong> Côte d’Ivoire, <strong>en</strong> tant que<br />

Chef de l’équipe de reconnaissance travaux,<br />

d’octobre 2005 à avril 2006. Des<br />

missions de sauvegarde et de protection<br />

des forces ont été confiées à ce détachem<strong>en</strong>t.<br />

Ses réalisations et l’expéri<strong>en</strong>ce<br />

des événem<strong>en</strong>ts qui sont surv<strong>en</strong>us sur<br />

le territoire <strong>en</strong> janvier 2006 ont montré<br />

que le plan de déf<strong>en</strong>se des implantations<br />

de la force était un point clé de la sauvegarde<br />

et de la protection. Pour être pleinem<strong>en</strong>t<br />

efficace, l’action du <strong>génie</strong> doit se<br />

situer dès l’amont de l’installation des<br />

troupes. <strong>Le</strong>s travaux <strong>en</strong>gagés doiv<strong>en</strong>t<br />

être adaptés à la m<strong>en</strong>ace et leur impact<br />

sur la mission de mainti<strong>en</strong> de la paix est<br />

ess<strong>en</strong>tiel.<br />

ANTICIPER<br />

* *<br />

*<br />

Début 2006, au cours d’une reconnaissance<br />

à Guiglo dans l’ouest de la<br />

République de Côte d’Ivoire, l’équipe a<br />

constaté de graves faiblesses dans la<br />

S A P E U R<br />

protection de l’emprise. 15 jours plus<br />

tard le camp est abandonné sous la pression<br />

des jeunes patriotes qui perd<strong>en</strong>t<br />

5 tués à cette occasion.<br />

<strong>Le</strong> bataillon concerné occupait une zone<br />

de 8 hectares située <strong>en</strong> c<strong>en</strong>tre-ville, att<strong>en</strong>ante<br />

à une place de marché et longée<br />

par plusieurs axes urbains. Protégée par<br />

un rouleau de ribard et quatre postes<br />

d’observation, ce dispositif déf<strong>en</strong>sif s’est<br />

révélé nettem<strong>en</strong>t insuffisant. Suite à<br />

notre reconnaissance, des travaux correctifs<br />

avai<strong>en</strong>t été demandés nécessitant<br />

de gros moy<strong>en</strong>s sans que pour autant<br />

cela change la situation géographique<br />

défavorable. Bi<strong>en</strong> sûr, il était délicat et<br />

coûteux de déménager l’emprise vers un<br />

lieu plus resserré et plus isolé. Une fois<br />

installé, il est difficile de déplacer un<br />

camp tant pour des raisons matérielles<br />

que politiques. <strong>Le</strong> choix initial de l’emprise<br />

est donc primordial.<br />

Inversem<strong>en</strong>t, am<strong>en</strong>és <strong>en</strong>suite à effectuer<br />

une reconnaissance <strong>en</strong> vue de réaliser le<br />

déploiem<strong>en</strong>t du bataillon marocain à<br />

Sakassou au nord de la zone de<br />

- 59 -<br />

confiance dans la région de Bouaké,<br />

nous avons pu interv<strong>en</strong>ir <strong>en</strong> amont de<br />

l’installation de la troupe. <strong>Le</strong> choix du<br />

site a pu donc respecter les impératifs<br />

d’une emprise compacte, éloignée du<br />

c<strong>en</strong>tre-ville, disposant d’un accès principal<br />

et d’un accès secondaire, <strong>en</strong>tourée<br />

d’un mur d’<strong>en</strong>ceinte et d’un possible<br />

« no man’s land ».<br />

<strong>Le</strong> souci légitime du bi<strong>en</strong>-être des<br />

troupes, ne doit pas prédominer dans le<br />

choix de l’emprise. D’ailleurs les élém<strong>en</strong>ts<br />

de confort ne sont pas intrinsèquem<strong>en</strong>t<br />

liés à la situation de la zone<br />

d’installation, <strong>en</strong> revanche la sécurité<br />

l’est. L’électricité est <strong>en</strong> général fournie<br />

par des groupes électrogènes, l’eau est<br />

stockée dans des bacs souples et distribuée<br />

par des motopompes, les sanitaires<br />

et les logem<strong>en</strong>ts sont installés<br />

dans des structures préfabriquées type<br />

CORIMEC. Anticiper <strong>en</strong> intégrant le<br />

choix d’un site adapté est donc le maître<br />

mot dans le cadre de la mission de protection<br />

des forces.<br />

**<br />

*


S’ADAPTER À LA MENACE ET À LA<br />

MISSION<br />

Une fois l’emprise choisie vi<strong>en</strong>t le<br />

deuxième temps de la réflexion : adapter<br />

la déf<strong>en</strong>se à la mission de mainti<strong>en</strong> de<br />

la paix et à la m<strong>en</strong>ace id<strong>en</strong>tifiée.<br />

Repr<strong>en</strong>ons l’exemple de Guiglo précédemm<strong>en</strong>t<br />

cité. La région de la Moy<strong>en</strong>ne<br />

Cavilly - capitale Guiglo - fut le théâtre<br />

d’affrontem<strong>en</strong>ts au début du conflit. <strong>Le</strong>s<br />

milices de jeunes patriotes rest<strong>en</strong>t<br />

<strong>en</strong>core actives dans cette zone. En<br />

conséqu<strong>en</strong>ce, la m<strong>en</strong>ace à pr<strong>en</strong>dre <strong>en</strong><br />

compte ne se limite pas au risque de vol<br />

mais doit inclure le contrôle d’une foule<br />

viol<strong>en</strong>te et hostile qui peut se mobiliser<br />

rapidem<strong>en</strong>t. Cette abs<strong>en</strong>ce d’adéquation<br />

<strong>en</strong>tre la m<strong>en</strong>ace et le plan de déf<strong>en</strong>se de<br />

l’emprise de Guiglo a eu les conséqu<strong>en</strong>ces<br />

que l’on connaît.<br />

Rev<strong>en</strong>ons à l’exemple des travaux <strong>en</strong>visagés<br />

à Sakassou : un no man’s land va<br />

être créé devant le mur d’<strong>en</strong>ceinte grâce<br />

à 3 rouleaux de ribard, des postes d’observation<br />

et de combat vont être<br />

construits. À l’<strong>en</strong>trée principale des<br />

S A P E U R<br />

chicanes et un poste de sécurité durci<br />

seront réalisés. La zone vie, quant à elle,<br />

située hors des vues des passants, n’est<br />

pas voisine d’un axe de circulation longeant<br />

le camp. La m<strong>en</strong>ace v<strong>en</strong>ant de<br />

manifestants équipés d’armes légères a<br />

été prise <strong>en</strong> compte et le plan de déf<strong>en</strong>se<br />

du camp adapté <strong>en</strong> conséqu<strong>en</strong>ce. <strong>Le</strong><br />

camp ne sera pas pour autant durci<br />

contre une attaque de plus haute<br />

int<strong>en</strong>sité peu probable actuellem<strong>en</strong>t.<br />

Cep<strong>en</strong>dant, le caractère resserré et<br />

exc<strong>en</strong>tré du camp permettra si la situation<br />

l’exige de r<strong>en</strong>forcer le plan de<br />

déf<strong>en</strong>se. Être <strong>en</strong> mesure d’adapter son<br />

plan de déf<strong>en</strong>se à la m<strong>en</strong>ace est donc un<br />

prérequis à la réussite de la mission.<br />

Quel impact les mesures de sauvegarde<br />

et de protection d’un détachem<strong>en</strong>t ontelles<br />

sur sa mission de mainti<strong>en</strong> de la<br />

paix ? Une emprise dotée d’un plan de<br />

déf<strong>en</strong>se adapté et cohér<strong>en</strong>t donne de la<br />

crédibilité et du poids aux forces impartiales.<br />

En effet, une troupe bi<strong>en</strong> déf<strong>en</strong>due<br />

sait être dissuasive sans être agressive<br />

vis-à-vis des populations dans le<br />

cadre d’une mission de mainti<strong>en</strong> de la<br />

- 60 -<br />

paix. Par ailleurs, un dispositif surprotégé<br />

au regard de la m<strong>en</strong>ace inquiéterait<br />

les populations au lieu de les rassurer.<br />

Il importe donc d’adapter ces travaux<br />

aux justes besoins de la protection des<br />

troupes face à la m<strong>en</strong>ace la plus probable.<br />

**<br />

*<br />

En conclusion, la sauvegarde et la protection<br />

des forces est une nécessité qu’il<br />

faut anticiper et adapter à la situation et<br />

à la mission. Cet équilibre est lourd de<br />

conséqu<strong>en</strong>ce et <strong>en</strong>gage la responsabilité<br />

du chef tant à l’égard de la sécurité de<br />

ses subordonnés qu’à propos de la réussite<br />

de la mission. Cep<strong>en</strong>dant, les événem<strong>en</strong>ts<br />

de janvier ont aussi et surtout<br />

prouvé l’importance de l’implication des<br />

troupes dans leur déf<strong>en</strong>se. En effet, les<br />

Sénégalais à San Pedro face à des manifestations<br />

hostiles ont t<strong>en</strong>u leur position.<br />

Enfin, G<strong>en</strong>gis Khan disait bi<strong>en</strong> à propos<br />

de la muraille de Chine : « <strong>Le</strong> mur<br />

dép<strong>en</strong>d moins de sa hauteur que de la<br />

valeur des déf<strong>en</strong>seurs ».


Chef de bataillon<br />

Frédéric<br />

MERCURY<br />

Saint-Cyri<strong>en</strong> promotion Lieut<strong>en</strong>ant Tom<br />

Morel (87-90)<br />

A servi au 6 e R.E.G. puis a commandé<br />

une compagnie de combat au 2 e R.G.<br />

Titulaire du DT TOI <strong>en</strong> 2001.<br />

A servi à l’EG de Châlons-<strong>en</strong>-Champagne.<br />

Actuellem<strong>en</strong>t instructeur « conduite<br />

d’opération » à l’ESAG.<br />

OPEX et MCD : C<strong>en</strong>trafrique 1992,<br />

Cambodge 1993, Bosnie 1994, Gabon<br />

2002, Kosovo 2004.<br />

S A P E U R<br />

CONCEPT ISOPEX<br />

ET SAUVEGARDE-PROTECTION<br />

In 1999, a combined working group produced the ISOPEX concept, that aimed to standardize<br />

the g<strong>en</strong>eral conception and the realization of a 1000 m<strong>en</strong> camp in a theatre of<br />

operation. The main target of this working group was to provide facilities <strong>en</strong>abling the<br />

forces to survive in good conditions in order to operate.<br />

The force protection aspects were concerned by a all chapter of the ISOPEX concept,<br />

but they were never really tak<strong>en</strong> in account, and no major evolution could be observed<br />

in this domain after 6 years of perman<strong>en</strong>t deploym<strong>en</strong>t of Fr<strong>en</strong>ch forces in operations.<br />

This article deals with some s<strong>en</strong>sitive points in force protection and survivability<br />

during long term operations.<br />

En 1999, un groupe de travail interarmes<br />

a donné naissance au concept ISOPEX. Il<br />

s’agissait de « définir la conception<br />

générale et la réalisation de l’infrastructure<br />

d’un camp pour une force de 1000<br />

hommes » afin de répondre à la problématique<br />

du stationnem<strong>en</strong>t longue durée<br />

de forces armées <strong>en</strong>gagées dans des<br />

opérations de mainti<strong>en</strong> de la paix.<br />

<strong>Le</strong> souci premier de ce groupe de travail<br />

était de « déployer et d'installer des<br />

troupes dans des conditions de vie<br />

indisp<strong>en</strong>sables à la conservation des<br />

effectifs » 1 .<br />

<strong>Le</strong> docum<strong>en</strong>t publié <strong>en</strong> novembre 1999<br />

n’a jamais été approuvé. Néanmoins le<br />

concept a été appliqué sur plusieurs<br />

théâtres et notamm<strong>en</strong>t au KOSOVO.<br />

Toutes les difficultés techniques ont été<br />

résolues pour obt<strong>en</strong>ir maint<strong>en</strong>ant d’excell<strong>en</strong>ts<br />

résultats pour le confort des<br />

troupes <strong>en</strong> campagne et parfois même<br />

l’esthétique des bâtim<strong>en</strong>ts.<br />

Curieusem<strong>en</strong>t la sauvegarde-protection<br />

qui fait pourtant l’objet d’un sousdossier<br />

complet dans le docum<strong>en</strong>t<br />

n’a vu aucune évolution majeure se<br />

dessiner sur le terrain.<br />

Cet article voudrait apporter un éclairage<br />

<strong>génie</strong> sur quelques points s<strong>en</strong>sibles de<br />

la sauvegarde-protection des troupes<br />

afin qu’ils soi<strong>en</strong>t mieux pris <strong>en</strong> compte<br />

sur les théâtres.<br />

LA PROTECTION DES PERSONNELS<br />

Sur le plan technique et pour le confort<br />

du soldat <strong>en</strong> opération, l’élaboration du<br />

concept ISOPEX a mis <strong>en</strong> exergue le<br />

sous-équipem<strong>en</strong>t de l’armée <strong>français</strong>e<br />

dans le domaine du stationnem<strong>en</strong>t<br />

<strong>en</strong> opération. Ainsi depuis 1999, les<br />

programmes d’équipem<strong>en</strong>t ont intégré<br />

des marchés variés allant du bungalow<br />

d’habitation jusqu’à la station d’épuration<br />

<strong>en</strong> kit, <strong>en</strong> passant par des cuves de<br />

réserve d’eau ou des c<strong>en</strong>trales électriques.<br />

Tous ces matériels sont achetés<br />

et pré-positionnés <strong>en</strong> métropole pour un<br />

départ immédiat à la demande, <strong>en</strong> cas<br />

de besoin (c’est notamm<strong>en</strong>t le cas de<br />

gros matériels électriques qui demand<strong>en</strong>t<br />

des délais de livraison importants).<br />

Curieusem<strong>en</strong>t les moy<strong>en</strong>s de protection<br />

des forces rest<strong>en</strong>t classiques et les évolutions<br />

depuis les « années SARAJEVO »<br />

n’ont pas été décisives. Il est vrai que<br />

pour les héritiers de Vauban, la BOSNIE<br />

a été un formidable laboratoire de la<br />

protection, mais on aurait pu, à juste<br />

titre, <strong>en</strong> att<strong>en</strong>dre des évolutions<br />

majeures. En bref, nous sommes passés<br />

de l’ère du sac à terre à celle du « bastion<br />

wall » sans véritable changem<strong>en</strong>t des<br />

pratiques sur le terrain.<br />

La protection recouvre « toutes les<br />

mesures et moy<strong>en</strong>s destinés à minimiser<br />

la vulnérabilité du personnel ou des<br />

installations par rapport à toutes les<br />

1) Objectifs du mandat :<br />

- établir le dossier de définition d'une infrastructure de stationnem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> opération extérieure (ISOPEX);<br />

- effectuer l'inv<strong>en</strong>taire des études et programmes d'équipem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> cours ou programmés;<br />

- rec<strong>en</strong>ser les moy<strong>en</strong>s existants.<br />

- 61 -


m<strong>en</strong>aces ». c’est ainsi que le groupe de<br />

travail ISOPEX a ret<strong>en</strong>u une liste de<br />

m<strong>en</strong>aces applicables à la plupart des<br />

théâtres ; face à ces m<strong>en</strong>aces le maîtremot<br />

de la protection réside dans l’utilisation<br />

du « bastion wall » dans toutes<br />

les configurations possibles. <strong>Le</strong> dossier<br />

donne un large choix de construction et<br />

de protection à base de ce système. Pour<br />

autant, on est surpris de la pauvreté de<br />

nos protections sur certains théâtres et<br />

le travail du sapeur nécessite parfois de<br />

revoir la mise <strong>en</strong> œuvre de principes de<br />

base. En effet, face à des « immeubles »<br />

de bungalows ori<strong>en</strong>tés par rapport au<br />

soleil et à la vue panoramique du paysage<br />

(cf. camp du BELVÉDÈRE, KOSOVO),<br />

le sapeur aura quelques difficultés à<br />

persuader le chef interarmes de<br />

construire des murs de « bastion wall ».<br />

Dans le même ordre d’idée, que<br />

devi<strong>en</strong>drait l’esthétique de la façade<br />

vitrée d’un PC protégée par une muraille<br />

de sacs à terre…<br />

PC <strong>français</strong> à NOVO SELO.<br />

La façade vitrée protège une coursive<br />

de plusieurs dizaines de mètres de long<br />

contre les éclats… de rire !<br />

<strong>Le</strong> sapeur, conseiller du commandem<strong>en</strong>t,<br />

aura soin de vérifier l’application<br />

des mesures élém<strong>en</strong>taires de protection<br />

autant que l’efficacité et la solidité des<br />

postes d’observation et de combat.<br />

Ainsi avant de vouloir tout résoudre à<br />

coup de m 3 de « bastion wall », on aura<br />

soin de choisir les emplacem<strong>en</strong>ts des<br />

zones vie (habitations, mess) et des<br />

zones de commandem<strong>en</strong>t (c<strong>en</strong>tre opération,<br />

transmission) afin de les abriter des<br />

vues et des coups directs par la végéta-<br />

S A P E U R<br />

tion, les bâtim<strong>en</strong>ts existants 2 ou le relief 3 .<br />

Concernant les tirs indirects, chaque<br />

baraquem<strong>en</strong>t ne pouvant être protégé<br />

individuellem<strong>en</strong>t, la solution à ret<strong>en</strong>ir<br />

est celle de l’abri <strong>en</strong>terré proche d’un<br />

<strong>en</strong>semble de bungalows.<br />

Camp américain de BONDSTEEL (KOSOVO).<br />

Entrée d’un bunker <strong>en</strong>terré prévu pour 80 hommes<br />

<strong>en</strong>tre deux baraquem<strong>en</strong>ts logem<strong>en</strong>t.<br />

<strong>Le</strong>s baraquem<strong>en</strong>ts <strong>en</strong> bois ont été achetés <strong>en</strong> kit <strong>en</strong> Autriche.<br />

Sans adopter les solutions lourdes à<br />

l’américaine, on peut aisém<strong>en</strong>t imaginer<br />

des containers <strong>en</strong>terrés (dans ce cas ses<br />

parois devront être r<strong>en</strong>forcées) ou des<br />

constructions <strong>en</strong> « bastion wall » <strong>en</strong> surface<br />

comme préconisées dans le dossier<br />

ISOPEX.<br />

LA SAUVEGARDE<br />

À la suite des événem<strong>en</strong>ts de mars 2004 au<br />

KOSOVO, le général (GE) KAMMERHOFF,<br />

commandant la KFOR, a demandé la<br />

constitution d’un groupe de travail pour<br />

- 62 -<br />

étudier le r<strong>en</strong>forcem<strong>en</strong>t de la protection<br />

du camp de « Film City » abritant le PC<br />

de cette force. Ses directives incluai<strong>en</strong>t,<br />

non seulem<strong>en</strong>t l’étude des points faibles<br />

du camp, mais aussi la sécurisation des<br />

réseaux de distribution d’eau potable et<br />

d’électricité. De plus, une étude particulière<br />

devait aboutir à l’autonomie complète<br />

du camp <strong>en</strong> eau et <strong>en</strong> électricité.<br />

Cet exemple montre bi<strong>en</strong> la préoccupation<br />

du commandem<strong>en</strong>t par rapport à la<br />

vulnérabilité de deux vecteurs vitaux<br />

d’une force : l’eau et l’électricité.<br />

L’EAU : L’eau est un fluide s<strong>en</strong>sible car il<br />

peut dev<strong>en</strong>ir facilem<strong>en</strong>t un vecteur de<br />

propagation d’épidémies ou de substances<br />

toxiques utilisées par des terroristes.<br />

<strong>Le</strong> sapeur, conseiller du commandem<strong>en</strong>t,<br />

ne doit pas manquer de chercher<br />

la solution qui permettra d’effectuer<br />

le cycle complet de l’eau (forage, traitem<strong>en</strong>t,<br />

stockage, distribution, épuration<br />

des eaux usées) sans avoir recours à une<br />

<strong>en</strong>treprise ou à un système local. <strong>Le</strong><br />

schéma préconisé par le groupe de travail<br />

ISOPEX admet l’hypothèse d’une<br />

arrivée d’eau extérieure. Ce mode de<br />

fonctionnem<strong>en</strong>t ne doit pas dev<strong>en</strong>ir la<br />

norme car la dép<strong>en</strong>dance dans le<br />

domaine de l’eau est un facteur de vulnérabilité.<br />

Plan du camp 1000 hommes. Réseau de distribution de l’eau.<br />

2) C’est le cas du camp de PLANA, KOSOVO où les bungalows ont été construits au milieu de bâtim<strong>en</strong>ts existants.<br />

3) Sur le camp américain de BONDSTEEL l’<strong>en</strong>semble de la zone vie est judicieusem<strong>en</strong>t protégé des coups directs par le relief ; il est vrai que la<br />

surface du camp le permet…<br />

4) On est parfois surpris de voir le nombre important de personnels locaux qui travaill<strong>en</strong>t dans les camps des forces de mainti<strong>en</strong> de la paix. S’ils sont<br />

une manière de montrer notre intégration dans le tissu social d’un pays ils rest<strong>en</strong>t néanmoins une source de r<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t pour les belligérants<br />

et une m<strong>en</strong>ace pot<strong>en</strong>tielle pour nos installations.


Actuellem<strong>en</strong>t le <strong>génie</strong> peut, avec les<br />

matériels <strong>en</strong> dotation, accomplir cette<br />

mission. Néanmoins le coût du traitem<strong>en</strong>t<br />

pour un conting<strong>en</strong>t de 1000<br />

hommes (150m 3 /jour) peut s’avérer, suivant<br />

la qualité de l’eau puisée, extrêmem<strong>en</strong>t<br />

élevé. Selon le concept ISOPEX,<br />

les Unités Mobile de Traitem<strong>en</strong>t de l’Eau<br />

et les MATEM sont normalem<strong>en</strong>t utilisés<br />

uniquem<strong>en</strong>t pour les phases de montée<br />

<strong>en</strong> puissance ou de démantèlem<strong>en</strong>t. En<br />

régime normal, la potabilisation de l’eau<br />

se fait avec des matériels civils achetés<br />

« sur étagère » comme cela a été joué au<br />

Kosovo ! Il sera alors nécessaire d’éviter<br />

le puisage d’eaux superficielles et d’essayer,<br />

si possible, de rechercher des<br />

nappes souterraines suffisamm<strong>en</strong>t profondes<br />

assurant une qualité minimale ;<br />

dans le cas cité plus haut, l’état-major de<br />

la KFOR a ret<strong>en</strong>u cette solution et dès le<br />

mois de Juin 2004 une équipe d’hydrogéologues<br />

du <strong>génie</strong> allemand 5 est v<strong>en</strong>u<br />

prospecter sur le camp de « Film City ».<br />

<strong>Le</strong> reste du cycle, et notamm<strong>en</strong>t l’épuration<br />

des eaux usées, est bi<strong>en</strong> maîtrisé<br />

par les sapeurs du service d’infrastructure<br />

de la déf<strong>en</strong>se qui travaill<strong>en</strong>t naturellem<strong>en</strong>t<br />

<strong>en</strong> étroite collaboration avec les<br />

spécialistes de l’infrastructure opérationnelle<br />

des unités <strong>génie</strong> des forces.<br />

L’épuration de l’eau apparaît souv<strong>en</strong>t<br />

comme une contrainte démesurée dans<br />

des pays détruits qui ne peuv<strong>en</strong>t pas<br />

pr<strong>en</strong>dre soin de l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t. Pour<br />

autant, l’image et la réputation d’une<br />

force se jug<strong>en</strong>t aussi par ce g<strong>en</strong>re d’obligations<br />

et les médias ne manquerai<strong>en</strong>t<br />

pas d’exploiter une faille dans ce<br />

domaine.<br />

L’ÉLECTRICITÉ : dans le domaine électrique,<br />

le principe de l’autonomie complète<br />

des camps n’est pas remis <strong>en</strong><br />

cause et a été adopté par le groupe de<br />

travail ISOPEX.<br />

Même si la possibilité de se fournir <strong>en</strong><br />

électricité sur le réseau local est évoquée<br />

<strong>en</strong> variante n° 2, les forces devront<br />

pouvoir, <strong>en</strong> toutes circonstances, subv<strong>en</strong>ir<br />

à leurs propres besoins par des<br />

groupes électrogènes. La puissance pré-<br />

S A P E U R<br />

conisée pour un camp 1000 hommes est<br />

fournie par 8 groupes de 400 kW dont 6<br />

fonctionn<strong>en</strong>t <strong>en</strong> perman<strong>en</strong>ce <strong>en</strong> régime<br />

normal d’où une puissance disponible<br />

d’<strong>en</strong>viron 2,4 MW (pour des raisons budgétaires<br />

les lots <strong>génie</strong> ne comport<strong>en</strong>t<br />

que 6 groupes au lieu de 8 prévus).<br />

À noter que l’indép<strong>en</strong>dance électrique<br />

n’est pas forcém<strong>en</strong>t liée à un <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t<br />

hostile ; pour exemple, le raccordem<strong>en</strong>t<br />

électrique du camp de « Film City »<br />

sur le réseau local aurait privé de courant<br />

plusieurs villages aux al<strong>en</strong>tours.<br />

En terme d’image, ce raccordem<strong>en</strong>t,<br />

inacceptable pour le commandem<strong>en</strong>t,<br />

n’a jamais été effectué.<br />

Ainsi la variante n° 1 du concept ISOPEX<br />

paraît très réaliste et est d’ailleurs, préconisée<br />

par la plupart des spécialistes<br />

électromécanici<strong>en</strong>s : une seule c<strong>en</strong>trale<br />

d’énergie sur un seul site, couplage de<br />

tous les groupes pour une production<br />

sur une seule boucle (distribution de<br />

préfér<strong>en</strong>ce <strong>en</strong> haute t<strong>en</strong>sion pour diminuer<br />

les chutes de t<strong>en</strong>sion) ; néanmoins,<br />

ce choix conc<strong>en</strong>tre les moy<strong>en</strong>s sur un<br />

seul site et r<strong>en</strong>d vulnérable la production<br />

d’énergie. Il est cep<strong>en</strong>dant possible<br />

d’imaginer une production sur plusieurs<br />

sites mais pour des raisons techniques<br />

de couplage, la boucle sera « compartim<strong>en</strong>tée<br />

» par des cellules de coupure ;<br />

ainsi <strong>en</strong> cas de défaillance ou d’attaque<br />

d’une c<strong>en</strong>trale, la charge électrique minimale<br />

pour le fonctionnem<strong>en</strong>t des<br />

organes s<strong>en</strong>sibles sera reprise par<br />

l’autre. Ce système peut être doublé par<br />

des groupes de secours répartis sur les<br />

points névralgiques du camp préservant<br />

ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t les organes de commandem<strong>en</strong>t<br />

de la force.<br />

Compte t<strong>en</strong>u des nuisances sonores des<br />

c<strong>en</strong>trales, celles-ci sont, <strong>en</strong> règle générale,<br />

placées <strong>en</strong> périphérie des camps<br />

loin de la zone vie. Cette position <strong>en</strong><br />

acc<strong>en</strong>tue la vulnérabilité. <strong>Le</strong> sapeur<br />

devra donc apporter une att<strong>en</strong>tion toute<br />

particulière à la protection de cet élém<strong>en</strong>t<br />

vital tout <strong>en</strong> évitant un confinem<strong>en</strong>t<br />

complet incompatible avec son<br />

système de refroidissem<strong>en</strong>t par air.<br />

Compte t<strong>en</strong>u du coût des gabions ou des<br />

- 63 -<br />

C<strong>en</strong>trale électrique de NOVO-SELO<br />

(KOSOVO)<br />

« bastion wall » on se cont<strong>en</strong>te facilem<strong>en</strong>t<br />

de la solution des merlons.<br />

Ces derniers pr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t beaucoup de<br />

place et demand<strong>en</strong>t un <strong>en</strong>treti<strong>en</strong> périodique<br />

(rechargem<strong>en</strong>t et tassem<strong>en</strong>t).<br />

L’utilisation de murs de béton (murs<br />

<strong>en</strong> « T ») ou de gabions devra être préconisée<br />

<strong>en</strong> priorité.<br />

En phase de déploiem<strong>en</strong>t, les électromécanici<strong>en</strong>s<br />

sont capables de gérer la production<br />

et la distribution de l’énergie<br />

avec les lots <strong>en</strong> dotation. En revanche,<br />

pour une installation longue durée, les<br />

matériels de dotation sont remplacés<br />

par des groupes fournis, posés et <strong>en</strong>tret<strong>en</strong>us<br />

par des <strong>en</strong>treprises civiles qui,<br />

même si elles sont <strong>français</strong>es,<br />

emploi<strong>en</strong>t souv<strong>en</strong>t des autochtones.<br />

<strong>Le</strong> dossier ISOPEX est une réponse de<br />

spécialiste à un mandat technique pr<strong>en</strong>ant<br />

<strong>en</strong> compte des données chiffrées. <strong>Le</strong><br />

sapeur, <strong>en</strong> tant que conseiller du commandem<strong>en</strong>t,<br />

doit connaître ce concept et<br />

le garder <strong>en</strong> fil conducteur de son étude<br />

<strong>génie</strong>. En revanche, il doit impérativem<strong>en</strong>t<br />

l’adapter au terrain et aux m<strong>en</strong>aces.<br />

Mais son souci perman<strong>en</strong>t sera aussi<br />

d’appeler l’att<strong>en</strong>tion du commandem<strong>en</strong>t<br />

sur les manquem<strong>en</strong>ts, les défaillances<br />

ou les améliorations à apporter à un système<br />

de protection.<br />

Ce n’est pas la technique qui commande<br />

mais le terrain; aussi devra-t-il trouver la<br />

réponse adaptée à l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t tactique.<br />

Selon le principe « la sueur épargne le<br />

sang », aucune concession ne peut être<br />

admise dans ce domaine.<br />

5) <strong>Le</strong> <strong>génie</strong> <strong>français</strong> ne possède pas de spécialiste <strong>en</strong> recherche de nappes souterraines. Néanmoins, il serait illusoire de croire que l'on puisse trouver<br />

de l'eau sous chaque camp. La solution du forage extérieur sécurisé sera souv<strong>en</strong>t ret<strong>en</strong>ue. En outre, la recherche hydrologique demande non<br />

seulem<strong>en</strong>t des spécialistes mais aussi du matériel de prospection… En international, les Allemands et les Anglais, voire les Américains avec leurs<br />

réservistes, ont ce qu'il faut.


S A P E U R<br />

- 64 -


Capitaine<br />

Patrick<br />

FOUQUET<br />

Issu de l’EMIA, promotion LTN<br />

SCHAFFAR (1995-1997), le capitaine<br />

FOUQUET a été chef de section au<br />

17 e RGP de 1998 à 2001 puis au<br />

1 er bataillon de l’École Spéciale<br />

Militaire de Saint-Cyr de 2001 à<br />

2003. Il a commandé la 1 re compagnie<br />

de combat du 6 e RG de 2003 à<br />

2005. Il est depuis officier traitant au<br />

bureau opérations toujours à<br />

Angers.<br />

Il a participé aux opérations<br />

<strong>en</strong> République C<strong>en</strong>trafricaine<br />

(MINURCA-1998), Albanie (1999)<br />

et Côte d’Ivoire (mandat 7-2004)<br />

et à une mission de courte durée<br />

<strong>en</strong> Martinique (2004).<br />

S A P E U R<br />

MONTAGE D’UN POSTE DE COMBAT<br />

DE TYPE HESCO BASTION<br />

Engineering units have to face two major problems, namely time and equipm<strong>en</strong>t.<br />

Particularly wh<strong>en</strong> it’s about building a fighting compartm<strong>en</strong>t. In 2005, the 3rd company<br />

of the 6th <strong>en</strong>gineer regim<strong>en</strong>t tried to cope with the matter by using a fighting compartm<strong>en</strong>t<br />

HESCO BASTION (ready-to-make). <strong>Le</strong>t us weigh up the pros and cons of the<br />

inv<strong>en</strong>tion.<br />

Of course there are drawbacks. Soldiers don’t appreciate that firing ports are installed<br />

once and for all and therefore can’t be moved. Moreover, right-handed people will<br />

have difficulties to shoot through two firing ports out of three. And obviously, it’s<br />

quite exp<strong>en</strong>sive.<br />

On the other hand, there’s an important b<strong>en</strong>efit of time and people since it takes 3 to 4<br />

hours to build such a fighting compartm<strong>en</strong>t with 2 to 5 sappers. The installation is<br />

easy (the direction for use is drawn) and the result is an effici<strong>en</strong>t shelter, easily put<br />

away. Ev<strong>en</strong>tually, it’s quite handy as it weighs 600 kg and only needs 20 m3 of material<br />

(earth, sand,…).<br />

In a nutshell, qualities of the fighting compartm<strong>en</strong>ts HESCO BASTION will be major<br />

advantages in emerg<strong>en</strong>cy or wh<strong>en</strong> units are first in a dangerous place.<br />

Lors d’une projection, la force est généralem<strong>en</strong>t<br />

dim<strong>en</strong>sionnée au plus juste. La<br />

prés<strong>en</strong>ce <strong>en</strong> son sein d’un détachem<strong>en</strong>t<br />

du <strong>génie</strong> pose plusieurs problèmes :<br />

manque de place, matériels <strong>en</strong>combrants,<br />

micro-parcs d’<strong>en</strong>gins difficiles à<br />

sout<strong>en</strong>ir… Ce détachem<strong>en</strong>t est donc<br />

souv<strong>en</strong>t largem<strong>en</strong>t sous-dim<strong>en</strong>sionné et<br />

son emploi doit être optimisé et r<strong>en</strong>tabilisé.<br />

Pour être efficace rapidem<strong>en</strong>t, il faut<br />

donc pouvoir s’appuyer sur des matériels<br />

simples et disponibles, faciles à<br />

monter voire réutilisables.<br />

- 65 -<br />

<strong>Le</strong> principe d’ouvrages livrés <strong>en</strong> kit par<br />

l’industriel peut alors trouver toute sa<br />

pertin<strong>en</strong>ce.<br />

En 2005, la 3 e compagnie du 6 e régim<strong>en</strong>t<br />

du <strong>génie</strong> a mis <strong>en</strong> œuvre un poste de combat<br />

de type HESCO BASTION. Après un rapide<br />

descriptif du matériel livré et des étapes de<br />

la mise <strong>en</strong> œuvre, cet article cherchera à<br />

faire le point des avancées réalisées ainsi<br />

que du chemin <strong>en</strong>core à parcourir à travers<br />

le bilan proposé par le capitaine GINDRE,<br />

commandant la compagnie à l’époque.


PRÉSENTATION DU MATÉRIEL<br />

L’abri est livré sur une palette pesant<br />

<strong>en</strong>viron 600 kilogrammes. Cette palette<br />

comporte :<br />

• les rangées de Bastions-Wall des 1 er ,<br />

2 e étages et du toit. Chaque élém<strong>en</strong>t<br />

est livré avec une bâche géotextile<br />

pour ret<strong>en</strong>ir la terre ;<br />

• 4 raidisseurs qui permett<strong>en</strong>t de rigidifier<br />

le 1 er étage lors de la mise <strong>en</strong><br />

place du sable ou de la terre ;<br />

• 3 morceaux de tôle ondulée pour le<br />

toit ;<br />

• 1 bâche géotextile imperméable pour<br />

éviter les infiltrations par le toit ;<br />

• 3 meurtrières <strong>en</strong> 2 élém<strong>en</strong>ts avec les<br />

vis et les boulons ;<br />

• 1 dessus-de-porte <strong>en</strong> métal ;<br />

• des élém<strong>en</strong>ts métalliques permettant<br />

de relier le 1 er au 2 e étage ;<br />

• des élém<strong>en</strong>ts de BW pour r<strong>en</strong>forcer la<br />

protection de l’abri contre les tirs de<br />

RPG7.<br />

Pour le montage, le groupe désigné a<br />

besoin de :<br />

• pelles US ;<br />

• pelles de lot de bord ;<br />

• tournevis ;<br />

• marteaux ;<br />

• clés anglaises ;<br />

• clous ;<br />

• pinces.<br />

S A P E U R<br />

Dans l’expérim<strong>en</strong>tation décrite un MPG a<br />

été utilisé mais l’emploi d’un EMAD<br />

(Engin Multifonctions d’Aide au Déploiem<strong>en</strong>t)<br />

serait peut-être plus judicieux.<br />

- 66 -<br />

MONTAGE DE L’ABRI :<br />

<strong>Le</strong> montage nécessite une équipe de<br />

quatre personnes r<strong>en</strong>forcée d’un <strong>en</strong>gin<br />

p<strong>en</strong>dant trois à quatre heures. Schématiquem<strong>en</strong>t,<br />

le montage compr<strong>en</strong>d trois<br />

étapes majeures :<br />

• Construction du 1 er étage : opération<br />

qui consiste <strong>en</strong> un montage de<br />

bastion-wall complété par la mise<br />

<strong>en</strong> place de raidisseurs ;<br />

• Mise <strong>en</strong> place du 2 e étage : opération<br />

qui consiste à mettre <strong>en</strong> place<br />

une deuxième hauteur de bastionwall,<br />

de disposer les meurtrières,<br />

les raidisseurs et les élém<strong>en</strong>ts de<br />

liaison 1er /2e étage ;<br />

• Mise <strong>en</strong> place du 3 e étage : opération<br />

qui consiste <strong>en</strong> la pose d’un<br />

toit surmonté d’une bâche <strong>en</strong> géotextile<br />

puis d’un pourtour <strong>en</strong> petits<br />

élém<strong>en</strong>ts de bastion-wall.


De cette expérim<strong>en</strong>tation, nous pouvons<br />

tirer quelques <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts.<br />

Du point de vue du sapeur, ce type de<br />

matériel permet un gain de temps très<br />

appréciable : un poste de combat habituellem<strong>en</strong>t<br />

monté <strong>en</strong> trois jours par une<br />

section est, avec ce procédé, construit <strong>en</strong><br />

quatre heures par un groupe. Une compagnie<br />

d’infanterie peut alors être protégée<br />

<strong>en</strong> un jour. Facile à monter, simple de<br />

mise <strong>en</strong> œuvre, le poste de combat<br />

HESCO est livré <strong>en</strong> une palette de 600 kilos<br />

cont<strong>en</strong>ant tout le matériel nécessaire à<br />

son montage. Ainsi, il n’est pas besoin de<br />

démarcher les fournisseurs locaux, de<br />

trouver un financem<strong>en</strong>t et de perdre du<br />

temps : le groupe est immédiatem<strong>en</strong>t au<br />

travail et rapidem<strong>en</strong>t utile.<br />

<strong>Le</strong>s délais, souci et contrainte perman<strong>en</strong>ts<br />

du sapeur, sont ainsi maîtrisés.<br />

Simplicité, r<strong>en</strong>tabilité, et rapidité de<br />

S A P E U R<br />

mise <strong>en</strong> œuvre sont autant d’avantages<br />

qui pr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t tout leur s<strong>en</strong>s <strong>en</strong> opération<br />

extérieure, notamm<strong>en</strong>t dans le cadre<br />

d’une <strong>en</strong>trée <strong>en</strong> premier sur le territoire.<br />

- 67 -<br />

Pourtant, le coût du fardeau (3 000 euros),<br />

son relatif <strong>en</strong>combrem<strong>en</strong>t et la fragilité<br />

des matériels sont des paramètres<br />

importants à pr<strong>en</strong>dre <strong>en</strong> compte. Aurat-on<br />

les budgets nécessaires pour monter<br />

des postes autant que de besoin ?<br />

Y aura-t-il suffisamm<strong>en</strong>t de place dans<br />

les avions ou dans les bateaux pour disposer<br />

rapidem<strong>en</strong>t des kits ? Pourra-t-on<br />

monter et démonter les postes autant<br />

de fois que nécessaire <strong>en</strong> fonction des<br />

évolutions de la situation ? Autant de<br />

questions auxquelles il faudra répondre<br />

pour être réellem<strong>en</strong>t efficaces.<br />

Enfin, d’un point de vue purem<strong>en</strong>t<br />

technique, il convi<strong>en</strong>t de noter plusieurs<br />

inconvéni<strong>en</strong>ts : la mauvaise disposition<br />

des meurtrières, la difficulté pour les<br />

tireurs droitiers d’utiliser leur arme,<br />

l’étroitesse du poste. Ces problèmes,<br />

mineurs, peuv<strong>en</strong>t être résolus facilem<strong>en</strong>t.<br />

Au-delà du matériel décrit et expérim<strong>en</strong>té<br />

ici, il est intéressant d’explorer la<br />

piste de ces kits qui peuv<strong>en</strong>t permettre<br />

de r<strong>en</strong>tabiliser et rationaliser l’emploi du<br />

<strong>génie</strong>. En effet, les délais serai<strong>en</strong>t notablem<strong>en</strong>t<br />

revus à la baisse, le sapeur ne<br />

serait pas dép<strong>en</strong>dant de la ressource<br />

locale et de la manne financière disp<strong>en</strong>sée<br />

avec parcimonie par le G4, <strong>en</strong>fin les<br />

effets sur le terrain serai<strong>en</strong>t réversibles<br />

et évolutifs. Dans le cadre des projections,<br />

notamm<strong>en</strong>t des <strong>en</strong>trées <strong>en</strong> premiers<br />

sur les territoires, ces avantages<br />

se transformerai<strong>en</strong>t rapidem<strong>en</strong>t <strong>en</strong><br />

atouts maîtres.<br />

Plus qu’une évolution technique <strong>en</strong>visageable,<br />

c’est une réflexion sur la place<br />

du <strong>génie</strong> <strong>en</strong> opération qui peut ainsi être<br />

ouverte.


S A P E U R<br />

- 68 -


Capitaine<br />

Sébasti<strong>en</strong><br />

GEROUDET<br />

D’origine 15.2, le capitaine GEROUDET<br />

effectue son temps de chef de section au<br />

31 e Régim<strong>en</strong>t du <strong>génie</strong> à Castelsarrasin<br />

de 1998 à 2002.<br />

Il rejoint <strong>en</strong>suite Pointe-à-Pitre, pour un<br />

séjour de deux ans au 2 e Régim<strong>en</strong>t du<br />

service <strong>militaire</strong> adapté.<br />

<strong>Le</strong> capitaine GEROUDET commande la<br />

2 e compagnie de combat du <strong>génie</strong> du<br />

31 e Régim<strong>en</strong>t du <strong>génie</strong> depuis août 2004.<br />

S A P E U R<br />

CÔTE D’IVOIRE :<br />

RETOUR D’EXPÉRIENCE<br />

EN SAUVEGARDE-PROTECTION<br />

The 2nd Eng. Coy part of the 31rd Eng. Bn was committed in Ivory Coast at autumn<br />

2005. His lessons learned provides us some topics to deal with force survivability.<br />

In charge of force base camp survivability improvem<strong>en</strong>t, this Coy had to solve<br />

concerns as regard C2 relations, materials supply, prev<strong>en</strong>tion against intrusions and<br />

local weather conditions.<br />

The task-organization was rather similar with the <strong>en</strong>gineer concept of maneuver. That<br />

means that the platoons were officially as G<strong>en</strong>eral Support units, due to the very low<br />

str<strong>en</strong>gth effectiv<strong>en</strong>ess of the Eng compon<strong>en</strong>t in Ivory Coast. In fact, the very important<br />

distance betwe<strong>en</strong> the supported unites (up to 300 kmts) imposed them to work as<br />

Direct Support, with an Eng. adviser located at the supported unit CP.<br />

Only a few « conv<strong>en</strong>tional materials », as depicted in survivability manuals, were available<br />

on place. So, it was necessary to find alternative solutions. As a first step, to see<br />

oppon<strong>en</strong>ts approaches, a no man’s land was created and <strong>en</strong>hanced with digs. Th<strong>en</strong> the<br />

combat posts were raised. For building foundations, the most accurate asset was curved<br />

iron sheets. Cheap and easily available, they were arc-welded to build a kind of<br />

tower. Against burglars or te<strong>en</strong>agers intrusion, barbed-wire was emplaced on the top<br />

of the walls. The sand bags were filled with ground providing a less protection against<br />

shoots but a better stability wh<strong>en</strong> wet.<br />

The main conclusion as regard the lessons learned is that the <strong>en</strong>gineer units are not<br />

<strong>en</strong>ough tasked on their own capabilities. The sapper skills are various and sophisticated.<br />

So, it’s impossible to prepare units and soldiers before their commitm<strong>en</strong>t on every<br />

case that could occur. The most important is to develop spirit of <strong>en</strong>terprise, provide<br />

basic refer<strong>en</strong>ces to compare with the curr<strong>en</strong>t situation and equip <strong>en</strong>gineer units with a<br />

panel of assets giving them the chance to deal with any problem. For information<br />

before their departure, they could visit a demonstration camp, to build using skills and<br />

materials depicting diverse solutions performed on differ<strong>en</strong>t theatres, including<br />

conting<strong>en</strong>cy materials.<br />

The curr<strong>en</strong>t task-organization of our <strong>en</strong>gineer Coy is not perfect but is a good compromise<br />

answering two opposed concepts : cohesion and modularity. May be more flexibility<br />

in our employm<strong>en</strong>t rules, allowing temporarily a Coy leader to task-organize<br />

dep<strong>en</strong>ding on the situation and the mission, ev<strong>en</strong> under the platoon level, could<br />

satisfy both supported units and <strong>en</strong>gineers themselves.<br />

Finally, survivability is not a new need due to curr<strong>en</strong>t fashion or « 0 death » concept<br />

but a necessity : during off<strong>en</strong>sive operations, mobility provides survivability ; among<br />

def<strong>en</strong>sive operations, survivability is achieved by field fortification.<br />

<strong>Le</strong> 31 e Régim<strong>en</strong>t du Génie a <strong>en</strong>gagé à<br />

l’automne 2005 une compagnie de combat<br />

r<strong>en</strong>forcée <strong>en</strong> République de Côte<br />

d’Ivoire. La mission majeure de cette<br />

unité a été c<strong>en</strong>trée sur des travaux de<br />

protection. S’appuyant sur le retour<br />

d’expéri<strong>en</strong>ce du commandant d’unité,<br />

les quelques réflexions qui suiv<strong>en</strong>t<br />

vis<strong>en</strong>t à prés<strong>en</strong>ter des pistes d’améliorations<br />

applicables aussi dans le domaine<br />

« sauvegarde-protection ».<br />

La 2 e CCG du 31 e RG a été <strong>en</strong>gagée<br />

<strong>en</strong> RCI du 16 juin au 20 octobre 2005,<br />

p<strong>en</strong>dant le mandat 9 de l’opération<br />

LICORNE. Articulée <strong>en</strong> 3 sections de<br />

combat à 4 VAB, 2MPG et une b<strong>en</strong>ne, et<br />

r<strong>en</strong>forcée d’une section travaux de la<br />

- 69 -


22 e CA, la compagnie assurait l’appui<br />

Génie de la totalité de la force composant<br />

de trois GTIA distants de 300 km.<br />

Cette organisation sur le territoire prés<strong>en</strong>tait<br />

immédiatem<strong>en</strong>t une ambiguïté<br />

dans le commandem<strong>en</strong>t des élém<strong>en</strong>ts<br />

<strong>génie</strong>, théoriquem<strong>en</strong>t conservés aux<br />

ordres du commandant d’unité mais <strong>en</strong><br />

réalité directem<strong>en</strong>t subordonnés aux<br />

GTIA appuyés.<br />

La caractéristique de ce mandat tint <strong>en</strong> la<br />

volonté du nouveau commandant de la<br />

force de r<strong>en</strong>forcer toutes ses emprises<br />

jusqu’alors faiblem<strong>en</strong>t protégées. Pour<br />

réaliser ces travaux de protection, la<br />

compagnie disposait de matériel « organisation<br />

du terrain » acheminé de métropole,<br />

notamm<strong>en</strong>t un large stock de tôles<br />

cintrées mais très peu de sacs à terre et<br />

de « flex-mac ». En complém<strong>en</strong>t de ce<br />

matériel codifié EMAT, du matériel d’infrastructure<br />

(IPN, madriers…) pouvait<br />

être commandé et acheté sur place par<br />

la voie « J4-INFRA », mais sous<br />

contraintes de délais et de coûts.<br />

<strong>Le</strong>s principales difficultés auxquelles la<br />

compagnie a dû faire face pour m<strong>en</strong>er à<br />

bi<strong>en</strong> sa mission de protection de la force<br />

sont le dégagem<strong>en</strong>t de vues, la lutte<br />

contre les intrusions pédestres et l’adaptation<br />

au climat et aux ressources.<br />

S A P E U R<br />

Devant le souci des GTIA de r<strong>en</strong>forcer<br />

leurs positions, les sections Génie<br />

dur<strong>en</strong>t trouver une première solution<br />

face au problème primordial qui se<br />

posait à elles : avoir des vues malgré la<br />

végétation. Celui-ci a été résolu <strong>en</strong><br />

conjuguant surélévation des postes et<br />

création d’un « no man’s land ». Ce dernier<br />

prés<strong>en</strong>te le double avantage d’offrir<br />

des vues, toutefois limitées, et la symbolisation<br />

pour les élém<strong>en</strong>ts hostiles d’une<br />

zone à ne pas franchir sous risque de se<br />

voir considérer comme une cible.<br />

Valorisé par scarification et/ou réalisation<br />

de fossés, ce compartim<strong>en</strong>t de terrain<br />

correspondait donc à la première<br />

étape du processus de protection. En<br />

parallèle, l’élévation des postes de combat<br />

répondait totalem<strong>en</strong>t aux att<strong>en</strong>tes de<br />

l’interarmes mais nécessitait d’adapter<br />

les procédés conv<strong>en</strong>tionnels aux ressources<br />

et conditions climatiques<br />

locales.<br />

Pour la base de l’ouvrage, trois techniques<br />

étai<strong>en</strong>t <strong>en</strong>visageables, prés<strong>en</strong>tant<br />

chacune avantages et inconvéni<strong>en</strong>ts :<br />

matériaux <strong>en</strong> remblais, coffrage métallique<br />

et coffrage bois.<br />

<strong>Le</strong>s deux premières fur<strong>en</strong>t utilisées au<br />

détrim<strong>en</strong>t de la troisième, beaucoup<br />

plus coûteuse <strong>en</strong> temps et <strong>en</strong> arg<strong>en</strong>t (les<br />

- 70 -<br />

grumes utilisées pour la force doiv<strong>en</strong>t<br />

être marchandées).<br />

Des remblais <strong>en</strong> terre fur<strong>en</strong>t réalisés :<br />

cette technique cons<strong>en</strong>tait une surface<br />

au sol utilisable importante pour les<br />

postes, mais le faible délai imparti aux<br />

travaux et la disponibilité du seul compacteur,<br />

extrêmem<strong>en</strong>t sollicité, ne permettait<br />

cep<strong>en</strong>dant pas d’obt<strong>en</strong>ir un<br />

résultat pér<strong>en</strong>ne dans la durée.<br />

La méthode du coffrage métallique a été<br />

promue sur place par un chef de section<br />

imaginatif, détournant de sa véritable<br />

destination une ressource abondante :<br />

les tôles cintrées. L’assemblage par soudure<br />

de trois « demi-lunes » <strong>en</strong> cercle<br />

constitue ainsi un « étage » de soubassem<strong>en</strong>t.<br />

<strong>Le</strong> nombre d’étage peut aller aisém<strong>en</strong>t<br />

jusqu’à quatre. L’<strong>en</strong>semble ainsi<br />

créé forme une tour qui est remplie de<br />

terre. La stabilité de l’<strong>en</strong>semble est obt<strong>en</strong>ue<br />

grâce à une semelle <strong>en</strong> bois, type<br />

calage de plaque d’appui pour pont<br />

BAILEY. La surface utile pour le poste de<br />

combat est faible, mais la juxtaposition<br />

d’une deuxième tour permet de pallier<br />

cet inconvéni<strong>en</strong>t. <strong>Le</strong>s avantages de l’édifice<br />

sont sa solidité et sa grande facilité<br />

de réalisation. En revanche, les possibilités<br />

de protection sont réduites <strong>en</strong> raison<br />

du peu de place disponible.


Face aux intrusions de personnes<br />

(voleurs, adolesc<strong>en</strong>ts…) à l’intérieur des<br />

camps de la force, la parade fut trouvée,<br />

<strong>en</strong> complém<strong>en</strong>t du « no-man’s land »<br />

créé, par la valorisation des murs d’<strong>en</strong>ceinte<br />

avec du concertina au sommet et<br />

à la base. <strong>Le</strong> concertina était sout<strong>en</strong>u par<br />

des piquets soudés <strong>en</strong> forme de V, placés<br />

<strong>en</strong> faîte et r<strong>en</strong>forcés par du fil de fer<br />

barbelé, afin d’empêcher le soulèvem<strong>en</strong>t<br />

de la base du réseau ou l’affaissem<strong>en</strong>t<br />

de celui-ci sous le poids d’une planche<br />

posée dessus. La compagnie a dû mettre<br />

<strong>en</strong> œuvre pour ces missions un perforateur<br />

puissant et des postes à souder.<br />

Enfin, les viol<strong>en</strong>tes pluies provoqu<strong>en</strong>t un<br />

ravinem<strong>en</strong>t du terrain sur le pourtour et<br />

sur les plates-formes, voire dans les sacs<br />

à terre eux-mêmes. Cette eau doit donc<br />

impérativem<strong>en</strong>t être canalisée et évacuée,<br />

sous peine de fragiliser grandem<strong>en</strong>t<br />

les postes. Ceci a été réalisé à<br />

l’aide d’un système d’écoulem<strong>en</strong>t type<br />

gouttière, jusqu’au bas de la plate-forme.<br />

La création d’avant-toit débordant largem<strong>en</strong>t<br />

protège les sacs à terre, emplis de<br />

préfér<strong>en</strong>ce avec de la terre mouillée,<br />

naturellem<strong>en</strong>t compactée <strong>en</strong> séchant au<br />

soleil, qui offre certes une qualité<br />

moindre que le sable - quand celui-ci<br />

reste sec - mais est beaucoup moins<br />

S A P E U R<br />

s<strong>en</strong>sible à l’humidité sous l’aspect de la<br />

stabilité.<br />

En résumé, le bon déroulem<strong>en</strong>t de la<br />

mission a largem<strong>en</strong>t reposé sur la<br />

connaissance des techniques par les<br />

plus anci<strong>en</strong>s, soulignant une fois <strong>en</strong>core<br />

la nécessité de projeter les unités Génie<br />

dans le cœur de métier pour perpétuer et<br />

transmettre les savoir-faire spécifiques.<br />

L’analyse de ce retour d’expéri<strong>en</strong>ce<br />

amène plusieurs réflexions.<br />

La première d’<strong>en</strong>tre elles porte sur<br />

l’organisation du commandem<strong>en</strong>t.<br />

<strong>Le</strong> sous-dim<strong>en</strong>sionnem<strong>en</strong>t chronique<br />

des moy<strong>en</strong>s <strong>génie</strong> projetés au sein d’une<br />

force conduit à un écartèlem<strong>en</strong>t des<br />

moy<strong>en</strong>s incompatible avec un emploi<br />

traditionnel, tel qu’il est défini aujourd’hui<br />

<strong>en</strong> doctrine. Dans le cas de la RCI, il<br />

est matériellem<strong>en</strong>t impossible au commandant<br />

d’unité de commander véritablem<strong>en</strong>t<br />

sa compagnie. La mise <strong>en</strong> place<br />

d’un DL Génie au sein de chaque GTIA<br />

s’est avérée capitale, mais sa subordination<br />

officielle au capitaine commandant<br />

la compagnie n’était qu’appar<strong>en</strong>ce.<br />

La coordination de l’emploi du <strong>génie</strong> est<br />

<strong>en</strong> l’occurr<strong>en</strong>ce assurée par la cellule 2D<br />

du PC de la force. Si l’échelon de com-<br />

- 71 -<br />

mandem<strong>en</strong>t que représ<strong>en</strong>te le capitaine<br />

reste indisp<strong>en</strong>sable, sa localisation <strong>en</strong><br />

r<strong>en</strong>forcem<strong>en</strong>t de la cellule 2D, semble<br />

la mieux adaptée au cas consistant à<br />

détacher toutes les sections.<br />

La seconde porte sur les compét<strong>en</strong>ces<br />

du sapeur. <strong>Le</strong>s projections extérieures<br />

dans le cœur de métier, certes trop rares<br />

comme beaucoup le soulign<strong>en</strong>t, mett<strong>en</strong>t<br />

<strong>en</strong> relief la variété des actions et savoirfaire<br />

qui sont l’apanage du sapeur. <strong>Le</strong>s<br />

différ<strong>en</strong>ces <strong>en</strong>tre théâtres, voire au sein<br />

d’un même théâtre, montr<strong>en</strong>t qu’aucune<br />

préparation <strong>en</strong> métropole ne peut traiter<br />

exhaustivem<strong>en</strong>t de tous les cas de figure<br />

r<strong>en</strong>contrés. En revanche, développer<br />

l’esprit d’initiative, fournir des référ<strong>en</strong>ces<br />

permettant de travailler par comparaison,<br />

doter les groupes du <strong>génie</strong><br />

d’un large panel d’outillage et d’équipem<strong>en</strong>ts<br />

permet par la suite de faire face à<br />

tous les types de situation. La crainte<br />

toutefois est de voir disparaître progressivem<strong>en</strong>t<br />

certains savoir-faire éprouvés<br />

mais peu utilisés car la réalisation d’ouvrages<br />

de protection est consommatrice<br />

d’un temps trop rare à consacrer <strong>en</strong><br />

métropole à l’instruction et les moy<strong>en</strong>s<br />

associés sont parfois réservés aux<br />

OPEX. La réalisation d’un petit camp<br />

« modèle » compr<strong>en</strong>ant les différ<strong>en</strong>ts


ouvrages de ce type, empruntant des<br />

techniques utilisées sur différ<strong>en</strong>ts<br />

théâtres et issues des retours d’expéri<strong>en</strong>ces,<br />

pourrait comp<strong>en</strong>ser des lacunes<br />

d’expéri<strong>en</strong>ce dans ce domaine : sa visite<br />

au titre de la MCO montrerait aux futurs<br />

acteurs différ<strong>en</strong>tes possibilités de faire<br />

face aux difficultés r<strong>en</strong>contrées, parfois<br />

avec des moy<strong>en</strong>s de fortune, et pourrait<br />

utilem<strong>en</strong>t dev<strong>en</strong>ir une source d’inspiration<br />

lors de leur mise <strong>en</strong> situation.<br />

Enfin, l’éternelle question, hélas récurr<strong>en</strong>te,<br />

des différ<strong>en</strong>ces de structures <strong>en</strong>tre<br />

organique, alerte GUEPARD, unités PRO-<br />

TERRE et modules projetés est une fois<br />

de plus soulevée. La difficulté à résoudre<br />

ce problème montre qu’il n’est pas<br />

simple. Il ti<strong>en</strong>t à la fois au principe de la<br />

S A P E U R<br />

modularité, destiné à fournir les moy<strong>en</strong>s<br />

adaptés à une situation donnée, et à<br />

celui de la cohésion des unités, qui veut<br />

qu’elles œuvr<strong>en</strong>t sur des structures<br />

organiques hors projection. Ces deux<br />

concepts étant antinomiques et les changem<strong>en</strong>ts<br />

de structures trop fréqu<strong>en</strong>ts<br />

causant plus de déstabilisation que de<br />

bénéfice, il semble que la solution<br />

actuelle, c<strong>en</strong>trée sur les compagnies de<br />

combat organiques, reste finalem<strong>en</strong>t la<br />

plus adaptée. Toutefois, nos règlem<strong>en</strong>ts<br />

d’emploi rest<strong>en</strong>t peut-être un peu rigides<br />

quant au niveau considéré comme<br />

acceptable pour le détachem<strong>en</strong>t. Une<br />

souplesse plus grande, autour de réarticulations<br />

temporaires internes à la compagnie,<br />

définies selon l’effort et le type<br />

- 72 -<br />

de mission, sans considération exagérée<br />

du niveau que représ<strong>en</strong>te la section, permettrait<br />

peut-être de répondre de façon<br />

plus satisfaisante à la fois aux att<strong>en</strong>tes<br />

des unités appuyées et aux aspirations<br />

des sapeurs eux-mêmes.<br />

En conclusion, d’aucuns pourrai<strong>en</strong>t être<br />

t<strong>en</strong>tés de qualifier la protection de « phénomène<br />

de mode », provoqué par le<br />

concept « zéro mort ». Il s’agit plutôt<br />

d’une composante perman<strong>en</strong>te du combat<br />

dont le mode d’application change<br />

selon le type d’<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t : la<br />

meilleure protection dans un combat<br />

dynamique est offerte par la mobilité ;<br />

celle qui convi<strong>en</strong>t dans un combat statique<br />

reste indiscutablem<strong>en</strong>t l’aménagem<strong>en</strong>t<br />

du terrain.


S A P E U R<br />

Équipem<strong>en</strong>ts<br />

et structur structures<br />

es<br />

SPECTRE - 2006-2007 : années cruciales ...................................................................................................................................... LCL CORNEFERT .................................................. 75<br />

- 73 -


S A P E U R<br />

- 74 -


Lieut<strong>en</strong>ant-colonel<br />

Olivier<br />

CORNEFERT<br />

<strong>Le</strong> lieut<strong>en</strong>ant-colonel Olivier<br />

CORNEFERT est officier de programme<br />

au groupem<strong>en</strong>t mobilité<br />

déf<strong>en</strong>se nucléaire biologique<br />

chimique de la section technique<br />

de l’armée de terre depuis 2003.<br />

Il conduit les opérations d’armem<strong>en</strong>t<br />

des domaines « systèmes de<br />

combat du <strong>génie</strong> » (appui direct au<br />

combat), « aide au déploiem<strong>en</strong>t »<br />

(eau, énergie, infrastructure opérationnelle,<br />

travaux) et « sauvegarde<br />

» (organisation du terrain,<br />

systèmes de protection locale).<br />

Il a auparavant servi comme chef<br />

de section et commandant d’unité<br />

au 6 e REG, instructeur aux Écoles<br />

de Coëtquidan, officier traitant au<br />

Commandem<strong>en</strong>t des Formations<br />

Militaires de la Sécurité Civile<br />

puis, de 2001 à 2003, comme chef<br />

du BOI et commandant <strong>en</strong> second<br />

du 1 er REG.<br />

Saint-Cyri<strong>en</strong> de la promotion<br />

« Cadets de la France Libre »<br />

(1985-1988), il est breveté de<br />

l’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t <strong>militaire</strong> supérieur<br />

(Cours Supérieur des Systèmes<br />

d’Armes Terrestres et 8 e promotion<br />

du CID).<br />

S A P E U R<br />

SPECTRE<br />

2006-2007 : ANNÉES CRUCIALES<br />

SPECTRE is a future antipersonnel system designed to protect ground deploym<strong>en</strong>ts. It<br />

will allow detachm<strong>en</strong>ts, as from the platoon level, to be warned of any intrusion of<br />

personnel in a 400-meter radius. In addition to an evaluation of intrusion, the system<br />

will provide a capacity of deterr<strong>en</strong>ce, neutralisation or destruction of the threat.<br />

In December 2005, the DGA (Fr<strong>en</strong>ch def<strong>en</strong>ce procurem<strong>en</strong>t ag<strong>en</strong>cy) awarded a demonstrator<br />

contract to THALES. This two-year contract to assist the design phase is based<br />

on studies and tests carried out in operational conditions.<br />

The year 2006 will be devoted to the developm<strong>en</strong>t of the system architecture while<br />

<strong>en</strong>suring the operational, technical and financial criteria are met. Choices will be based<br />

on demonstrations of systems and compon<strong>en</strong>ts (s<strong>en</strong>sors or weapons) carried out by<br />

industry with experts from the DGA and the STAT (Fr<strong>en</strong>ch Army technical departm<strong>en</strong>t).<br />

In 2007, THALES will deliver a demonstrator repres<strong>en</strong>tative of the <strong>en</strong>d system. Its technical<br />

and operational aspects will be successively tested.<br />

After these two crucial years for the project, the Fr<strong>en</strong>ch army will have all elem<strong>en</strong>ts to<br />

proceed with the implem<strong>en</strong>tation phase.<br />

SPECTRE (Système de Protection des<br />

Élém<strong>en</strong>ts terrestres) est une opération<br />

d’armem<strong>en</strong>t au stade de préparation<br />

dont le but est de r<strong>en</strong>forcer la sûreté<br />

immédiate des déploiem<strong>en</strong>ts terrestres.<br />

Initié <strong>en</strong> 2000 par un objectif d’étatmajor<br />

rédigé par l’état-major de l’armée<br />

de terre, il passera au stade de conception<br />

<strong>en</strong> 2006 au terme d’études technicoopérationnelles<br />

ayant permis d’alim<strong>en</strong>ter<br />

la fiche de caractéristiques <strong>militaire</strong>s<br />

exploratoire. Ces études ont égalem<strong>en</strong>t<br />

souligné les fortes contraintes opérationnelles,<br />

techniques et financières<br />

du projet.<br />

C’est pourquoi il a été décidé de s’armer,<br />

pour la conduite du stade de conception,<br />

d’un outil efficace et novateur visant à<br />

disposer, dès 2008, de tous les élém<strong>en</strong>ts<br />

nécessaires au stade de réalisation.<br />

Plus que la réalisation d’un simple<br />

démonstrateur, le marché notifié par le<br />

service des programmes d’armem<strong>en</strong>t<br />

- 75 -<br />

terrestre le 30 décembre 2005 permet<br />

à l’équipe de programme intégrée de<br />

finaliser le besoin <strong>militaire</strong> <strong>en</strong> optimisant<br />

le fameux triptyque coûts - délais -<br />

performances et <strong>en</strong> id<strong>en</strong>tifiant les<br />

risques de la réalisation.<br />

LA PROBLÉMATIQUE<br />

<strong>Le</strong>s efforts <strong>en</strong>trepris par l’armée de terre<br />

<strong>en</strong> matière de protection sont nombreux.<br />

Après les <strong>en</strong>gins de combat,<br />

d’autres véhicules (EGAME, EGRAP,<br />

PVP) mettront d’ici peu leur équipage à<br />

l’abri de la ferraille du champ de bataille.<br />

Inconnu il y a vingt ans, le port perman<strong>en</strong>t<br />

des élém<strong>en</strong>ts de protection balistique<br />

individuel est maint<strong>en</strong>ant naturel.<br />

Pourtant ces mesures, nécessaires pour<br />

limiter les pertes p<strong>en</strong>dant les <strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>ts,<br />

ne prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t qu’une efficacité<br />

réduite dès lors qu’une unité met pied à<br />

terre et s’installe dans la durée.<br />

La sûreté immédiate, par définition assurée<br />

à partir des moy<strong>en</strong>s matériels et<br />

humains de l’unité <strong>en</strong> stationnem<strong>en</strong>t,<br />

pèse sur son r<strong>en</strong>dem<strong>en</strong>t opérationnel.<br />

Elle distrait des effectifs de la mission<br />

principale et, celle-ci demeurant toujours<br />

prioritaire, contribue à une fatigue<br />

prématurée des hommes. <strong>Le</strong>s facteurs<br />

sont nombreux qui, dans nos opérations<br />

actuelles, aggrav<strong>en</strong>t cette situation.


<strong>Le</strong>s déploiem<strong>en</strong>ts des unités sur un<br />

théâtre ne form<strong>en</strong>t pas de dispositif<br />

continu dont la protection pourrait être<br />

partagée. <strong>Le</strong>s détachem<strong>en</strong>ts, souv<strong>en</strong>t<br />

<strong>en</strong>gagés <strong>en</strong> mission d’interposition, doiv<strong>en</strong>t<br />

se prémunir contre des m<strong>en</strong>aces<br />

omnidirectionnelles. Ces m<strong>en</strong>aces sont<br />

variées et imprévisibles. Tirs de mortier<br />

ou de snipers, attaque de véhicule suicide,<br />

actions terroristes, jets de gr<strong>en</strong>ade<br />

et manifestations de foules hostiles ne<br />

doiv<strong>en</strong>t pas faire oublier les assauts<br />

conv<strong>en</strong>tionnels, les t<strong>en</strong>tatives de vols de<br />

matériels, ni - l’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t est douloureux<br />

- les attaques aéri<strong>en</strong>nes. Après<br />

de longues périodes de calme, les unités<br />

peuv<strong>en</strong>t se trouver confrontées à des<br />

flambées de viol<strong>en</strong>ce sans disposer d’un<br />

préavis suffisant pour adapter leur posture<br />

de protection.<br />

<strong>Le</strong> choix des sites de déploiem<strong>en</strong>t subit<br />

de fortes contraintes opérationnelles<br />

(imposées par la mission) ou juridiques<br />

(imposées par la nation hôte). <strong>Le</strong> retour<br />

d’expéri<strong>en</strong>ce montre que les arbitrages<br />

sont rarem<strong>en</strong>t favorables aux critères de<br />

sûreté immédiate.<br />

Enfin, soucieuses de la maîtrise perman<strong>en</strong>te<br />

de la force, les armées <strong>français</strong>es<br />

restreign<strong>en</strong>t parfois spontaném<strong>en</strong>t l’emploi<br />

de certaines de leurs armes. Ainsi<br />

les mines antipersonnel ont, de facto,<br />

disparu de l’ars<strong>en</strong>al <strong>français</strong> bi<strong>en</strong> avant<br />

la signature de la conv<strong>en</strong>tion d’OTTAWA.<br />

Et d’autres exemples comme parfois<br />

celui des mines éclairantes peuv<strong>en</strong>t être<br />

égalem<strong>en</strong>t cités.<br />

Dans le même temps, la panoplie des<br />

moy<strong>en</strong>s d’organisation du terrain n’a pas<br />

évolué depuis des dizaines d’années à l’ex-<br />

S A P E U R<br />

ception notable de l’acquisition des structures<br />

multicellulaires de protection plus<br />

connues sous le terme de bastion wall.<br />

LA CONTRIBUTION DE SPECTRE<br />

Dans ce contexte, le but de SPECTRE est<br />

de fournir aux unités, dès le niveau<br />

section, un dispositif local de protection<br />

antipersonnel. Cet objectif peut paraître<br />

modeste au premier abord ; il est, après<br />

exam<strong>en</strong>, ambitieux et réaliste.<br />

L’opération d’armem<strong>en</strong>t SPECTRE est<br />

réaliste parce qu’elle ne se disperse pas<br />

à traiter simultaném<strong>en</strong>t toutes les<br />

m<strong>en</strong>aces évoquées ci-dessus par la<br />

conception ex nihilo d’un bouclier omnipot<strong>en</strong>t<br />

dont la faisabilité technique ne<br />

relève pas du moy<strong>en</strong> terme. En revanche,<br />

SPECTRE s’inscrit dans une politique<br />

interarmées dont la cohér<strong>en</strong>ce est assurée<br />

par le projet fédérateur PROTIS (protection<br />

des infrastructures et des sites).<br />

<strong>Le</strong> système SPECTRE est ambitieux<br />

parce qu’il vise : détecter, dissuader,<br />

neutraliser et détruire tout intrus ou<br />

groupe d’intrus id<strong>en</strong>tifiés comme<br />

m<strong>en</strong>ace dans un rayon de 400 mètres<br />

autour d’une unité <strong>en</strong> stationnem<strong>en</strong>t.<br />

L’atteinte de ces performances n’a<br />

cep<strong>en</strong>dant de s<strong>en</strong>s que si elles sont<br />

cohér<strong>en</strong>tes avec les ressources financières<br />

que l’armée de terre peut<br />

consacrer à cette capacité nouvelle<br />

et les contraintes admissibles par les<br />

forces <strong>en</strong> terme de charge (formation,<br />

souplesse d’emploi et de mise <strong>en</strong><br />

œuvre), de capacité logistique (emport<br />

et énergie) et de confiance (fiabilité et<br />

disponibilité).<br />

- 76 -<br />

Basé sur des essais et des évaluations<br />

réalisés <strong>en</strong> conditions opérationnelles<br />

sur le terrain, le marché du démonstrateur<br />

doit permettre d’apporter la bonne<br />

solution au problème <strong>militaire</strong>.<br />

LA DÉMARCHE<br />

Ce marché, notifié à la société THALES,<br />

compr<strong>en</strong>d à la fois des études et la mise<br />

à disposition pour des évaluations<br />

étatiques d’un démonstrateur qui, sans<br />

être un prototype, doit être représ<strong>en</strong>tatif<br />

des performances du système final.<br />

<strong>Le</strong>s études conjugu<strong>en</strong>t deux approches.<br />

La première approche, traditionnelle dans<br />

la conduite des opérations d’armem<strong>en</strong>t,<br />

part du besoin opérationnel <strong>en</strong> faisant<br />

abstraction des solutions technologiques.<br />

Elle se traduit par la réalisation<br />

d’un cahier des charges fonctionnelles,<br />

c’est-à-dire par l’inv<strong>en</strong>taire exhaustif et<br />

détaillé des fonctions à remplir par le<br />

système, leur hiérarchisation et leur<br />

caractérisation selon des critères de<br />

performances eux-mêmes hiérarchisés.<br />

Ce travail, long et fastidieux mais indisp<strong>en</strong>sable<br />

à la bonne appropriation du<br />

besoin opérationnel, est considérablem<strong>en</strong>t<br />

raccourci au stade de conception du fait<br />

de l’antériorité acquise durant le stade<br />

de préparation. <strong>Le</strong>s avis recueillis auprès<br />

de la totalité des écoles d’armes <strong>en</strong> 2005<br />

ont pu ainsi être pleinem<strong>en</strong>t exploités.<br />

L’originalité du marché du démonstrateur<br />

vi<strong>en</strong>t de la seconde approche de<br />

l’étude conduite simultaném<strong>en</strong>t. Elle<br />

consiste à élaborer des architectures de<br />

dispositifs locaux de protection à partir<br />

de systèmes et de composants disponibles<br />

sur étagère à l’horizon 2010.<br />

Ce processus compr<strong>en</strong>d une expertise<br />

technique et une analyse financière, se<br />

traduisant par une estimation fine du<br />

coût global de chaque solution. La pertin<strong>en</strong>ce<br />

de ces architectures sera validée<br />

tout au long de l’année 2006 par des<br />

démonstrations réalisées par l’industriel<br />

sur son site d’expérim<strong>en</strong>tation de La<br />

Ferté Saint-Aubin <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce d’experts<br />

de la délégation générale pour l’armem<strong>en</strong>t,<br />

d’officiers de marque et de sousofficiers<br />

expérim<strong>en</strong>tateurs de la section<br />

technique de l’armée de terre. L’expéri<strong>en</strong>ce<br />

du personnel de la section protection<br />

intrusion du service technique des<br />

bâtim<strong>en</strong>ts fortifications et travaux sera<br />

égalem<strong>en</strong>t sollicitée. Au cours du<br />

premier semestre de 2006, ce sont<br />

des systèmes de protection qui seront<br />

évalués, le second semestre étant


consacré à des démonstrations de composants<br />

(capteurs ou armes). En vue du<br />

stade de réalisation, la délégation générale<br />

pour l’armem<strong>en</strong>t veillera à ce que<br />

cette approche soit m<strong>en</strong>ée avec le souci<br />

constant de sélectionner des solutions<br />

ouvertes à la concurr<strong>en</strong>ce.<br />

Ces deux approches se rejoign<strong>en</strong>t de<br />

manière itérative dans une analyse de la<br />

valeur permettant de faire converger<br />

objectivem<strong>en</strong>t les caractéristiques<br />

<strong>militaire</strong>s de référ<strong>en</strong>ce avec une solution<br />

techniquem<strong>en</strong>t mature et d’un coût<br />

global maîtrisé. Pour cela, une fois les<br />

architectures grossièrem<strong>en</strong>t définies, les<br />

travaux porteront égalem<strong>en</strong>t sur tous<br />

les aspects transverses de l’opération<br />

(sûreté de fonctionnem<strong>en</strong>t, dossier de<br />

sécurité, analyse du souti<strong>en</strong>).<br />

La phase d’essais qui sera conduite <strong>en</strong><br />

2007 sur le démonstrateur compr<strong>en</strong>d<br />

deux phases. Une première phase<br />

dirigée par la délégation générale pour<br />

l’armem<strong>en</strong>t validera les performances<br />

techniques att<strong>en</strong>dues du système final.<br />

<strong>Le</strong>s évaluations technico-opérationnelles,<br />

conduites par la STAT avec le r<strong>en</strong>fort<br />

d’unités désignées par le CFAT, permettront<br />

de vérifier la qualité du service<br />

r<strong>en</strong>du par SPECTRE dans son <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t<br />

opérationnel. <strong>Le</strong>s <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts<br />

recueillis au cours de ces deux périodes<br />

alim<strong>en</strong>teront à leur tour et de manière<br />

ultime le processus décrit ci-dessus.<br />

CONCLUSION<br />

S A P E U R<br />

<strong>Le</strong> marché du démonstrateur SPECTRE<br />

n’est pas un marché de délégation de<br />

maîtrise d’ouvrage et le lourd investissem<strong>en</strong>t<br />

des services étatiques au cours de<br />

ces deux années le prouve aisém<strong>en</strong>t.<br />

Néanmoins, compte t<strong>en</strong>u de la complexité<br />

physico-financière du projet et<br />

des précisions à apporter au besoin <strong>militaire</strong><br />

pour la conception d’un matériel<br />

nouveau, la prise <strong>en</strong> compte anticipée<br />

des contraintes industrielles se révèle<br />

indisp<strong>en</strong>sable. De manière anecdotique,<br />

ce marché se révèle égalem<strong>en</strong>t un outil<br />

- 77 -<br />

efficace de maîtrise des délais étatiques<br />

du stade de conception par la contrainte<br />

contractuelle qu’il impose.<br />

Dans le monde froid des opérations<br />

d’armem<strong>en</strong>t un projet qui ne se concrétise<br />

pas dans les délais escomptés se prés<strong>en</strong>te<br />

d’abord comme une opportunité t<strong>en</strong>tante<br />

de relâcher une contrainte budgétaire<br />

perman<strong>en</strong>te. Grâce au marché de<br />

démonstrateur, l’équipe de programme<br />

intégrée de SPECTRE veillera <strong>en</strong> 2008 à<br />

proposer l’approbation d’un dossier de<br />

lancem<strong>en</strong>t de réalisation solidem<strong>en</strong>t<br />

argum<strong>en</strong>té <strong>en</strong> vue de la livraison aux<br />

forces des premiers matériels <strong>en</strong> 2012.


S A P E U R<br />

- 78 -


S A P E U R<br />

Formation<br />

Formation<br />

La sauvegarde-protection : rep<strong>en</strong>ser la formation .................................................................................................................. CNE CASTEL .......................................................... 81<br />

- 79 -


S A P E U R<br />

- 80 -


Capitaine<br />

Stéphane<br />

CASTEL<br />

Issu de l’École Spéciale Militaire de<br />

Saint-Cyr (1993-1996), le capitaine<br />

CASTEL a commandé la 971 e compagnie<br />

énergie du 2 e régim<strong>en</strong>t du <strong>génie</strong> à METZ.<br />

Depuis l’été 2005, il est instructeur <strong>génie</strong><br />

1 er niveau à la direction de la formation<br />

opérationnelle (DFO) de l’ESAG.<br />

Il participe au groupe de travail sur la<br />

sauvegarde-protection crée à l’ESAG<br />

depuis la r<strong>en</strong>trée 2005.<br />

S A P E U R<br />

LA SAUVEGARDE-PROTECTION :<br />

REPENSER LA FORMATION<br />

The safeguard and the protection of the fr<strong>en</strong>ch forces which are deployed overseas are<br />

getting more and more difficult to <strong>en</strong>sure because of the evolution of the conditions of<br />

the commitm<strong>en</strong>ts, variying from high int<strong>en</strong>sity to low int<strong>en</strong>sity warfare, against symitrical<br />

or asymmitrical <strong>en</strong>emy forces, including peace <strong>en</strong>forcing, peace keeping or ev<strong>en</strong><br />

peace making operations.<br />

As a matter of fact, safeguard and protection are among the missions naturally dedicated<br />

to the Corps of the Engineers. But <strong>en</strong>gineer training has to evolve and to be<br />

improved in order to take into account the new threats of modern conflicts. The<br />

Fr<strong>en</strong>ch Engineer Military Academy is involved in the reflexions that are led to adapt<br />

the curr<strong>en</strong>t courses to these new tactical chall<strong>en</strong>ges.<br />

La sauvegarde-protection regroupe un<br />

<strong>en</strong>semble d’actions multiples et complém<strong>en</strong>taires<br />

qui permett<strong>en</strong>t de prév<strong>en</strong>ir et<br />

d’atténuer les actes hostiles contre nos<br />

forces, nos ressources et nos installations.<br />

Elle vise donc à participer à la<br />

conservation du pot<strong>en</strong>tiel de combat de<br />

la force <strong>en</strong> déniant toute opportunité à<br />

l’<strong>en</strong>nemi de l’amoindrir.<br />

La nécessité de protéger nos personnels<br />

et nos infrastructures <strong>en</strong> opérations n’est<br />

pas nouvelle. Quel que soit le scénario<br />

(conflit haute int<strong>en</strong>sité, basse int<strong>en</strong>sité,<br />

maîtrise de la viol<strong>en</strong>ce, mainti<strong>en</strong> et rétablissem<strong>en</strong>t<br />

de la paix), la sauvegarde et<br />

la protection devi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t des tâches de<br />

plus <strong>en</strong> plus difficiles à réaliser.<br />

Or, la sauvegarde-protection est une des<br />

missions perman<strong>en</strong>tes du <strong>génie</strong>. En<br />

effet, le <strong>génie</strong> joue un rôle primordial<br />

dans le durcissem<strong>en</strong>t des infrastructures,<br />

dans la protection contre les<br />

armes et les forces conv<strong>en</strong>tionnelles,<br />

contre les forces non conv<strong>en</strong>tionnelles,<br />

contre la m<strong>en</strong>ace terroriste, mais égalem<strong>en</strong>t<br />

contre les m<strong>en</strong>aces asymétriques.<br />

Pour cela, les programmes de formation<br />

doiv<strong>en</strong>t évoluer. La direction des études<br />

et de la prospective (DEP) et la direction<br />

générale de la formation (DGF) - et tout<br />

particulièrem<strong>en</strong>t la division de l’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t<br />

sci<strong>en</strong>tifique (DES) - de l’École<br />

supérieure et d’application du Génie<br />

(ESAG) doiv<strong>en</strong>t ainsi relever le défi<br />

d’adapter la formation disp<strong>en</strong>sée aux<br />

stagiaires aux nécessités des <strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>ts<br />

opérationnels d’aujourd’hui.<br />

Dans ce domaine, <strong>en</strong> 2006, l’ESAG a<br />

pour ambition de mettre à contribution<br />

ses deux directions afin de :<br />

- 81 -<br />

• définir les besoins <strong>en</strong> protection face<br />

à ces nouvelles m<strong>en</strong>aces (DEP),<br />

• mettre au point des procédés de réalisation<br />

de nouveaux types de protection<br />

(DGF/DES),<br />

• vérifier l’efficacité de ces ouvrages <strong>en</strong><br />

liaison avec le Service technique des<br />

bâtim<strong>en</strong>ts fortifications et travaux<br />

(STBFT),<br />

• faire évoluer la formation et la docum<strong>en</strong>tation<br />

(DGF).<br />

Concrètem<strong>en</strong>t, trois grands domaines<br />

d’études ont été ret<strong>en</strong>us et sont exposés<br />

dans cet article :<br />

1 - la réalisation d’abris à partir d’un<br />

KC20 r<strong>en</strong>forcé,<br />

2 - la réalisation de murs de protection<br />

<strong>en</strong> béton,<br />

3 - la réalisation d’un point de contrôle<br />

au standard OPEX.<br />

L’effet à obt<strong>en</strong>ir est de m<strong>en</strong>er des études<br />

et des essais dans un seul but : tester<br />

l’efficacité de ces protections, leur t<strong>en</strong>ue<br />

dans le temps et leur fonctionnalité.<br />

ABRI A PARTIR D’UN KC 20<br />

RENFORCÉ<br />

<strong>Le</strong>s KC20 sont une ressource abondante<br />

sur un théâtre d’opérations et ils sont<br />

facilem<strong>en</strong>t projetables. Ils constitu<strong>en</strong>t<br />

donc une bonne base pour réaliser un<br />

abri. Pour cela, le cont<strong>en</strong>eur peut être<br />

<strong>en</strong>terré, semi-<strong>en</strong>terré ou <strong>en</strong> surface. <strong>Le</strong><br />

choix de l’une ou l’autre de ces solutions<br />

dép<strong>en</strong>d de la disponibilité <strong>en</strong> matériaux,<br />

de l’exist<strong>en</strong>ce de moy<strong>en</strong>s de terrassem<strong>en</strong>t<br />

et des contraintes techniques.


<strong>Le</strong>s effets de la poussée de la terre<br />

si l’étaiem<strong>en</strong>t est insuffisant<br />

Placé <strong>en</strong> pleine fouille, le retour d’expéri<strong>en</strong>ce<br />

a montré que les résistances verticale<br />

et latérale des parois du KC20<br />

étai<strong>en</strong>t trop faibles et <strong>en</strong> tout cas insuffisantes<br />

pour résister dans le temps à la<br />

seule poussée de la terre. Il s’agit donc<br />

de résoudre cette difficulté <strong>en</strong> proposant<br />

un étaiem<strong>en</strong>t judicieux de la structure<br />

intérieure du KC20, tout <strong>en</strong> conservant<br />

une excell<strong>en</strong>te protection face aux effets<br />

des armes.<br />

L’étaiem<strong>en</strong>t possible d’un KC20 <strong>en</strong>terré<br />

Pour l’abri <strong>en</strong> surface, le cont<strong>en</strong>eur peut,<br />

par exemple, être protégé par une épaisseur<br />

de bastion-walls <strong>en</strong> périphérie et <strong>en</strong><br />

toiture. Ces r<strong>en</strong>forcem<strong>en</strong>ts sont simples<br />

à réaliser car les matériaux sont faciles à<br />

trouver sur un théâtre d’opérations.<br />

Néanmoins, dans cette configuration, la<br />

partie supérieure du KC20 prés<strong>en</strong>te là<br />

<strong>en</strong>core une résistance faible et il s’agit<br />

de trouver une solution de mise <strong>en</strong><br />

œuvre simple qui permette au toit du<br />

cont<strong>en</strong>eur de porter la couverture.<br />

KC20 <strong>en</strong> surface<br />

S A P E U R<br />

RÉALISATION DE MURS DE PRO-<br />

TECTION EN BÉTON<br />

Des essais vont être réalisés pour mesurer<br />

la stabilité, la pér<strong>en</strong>nité et la résistance aux<br />

impacts et au souffle de murs de protection.<br />

Il existe deux types de murs : murs <strong>en</strong><br />

«T» et murs <strong>en</strong> « L ». <strong>Le</strong> choix de murs <strong>en</strong><br />

«L» de hauteur 2,7 m et d’épaisseur 30 cm<br />

a été ret<strong>en</strong>u pour m<strong>en</strong>er des expérim<strong>en</strong>tations.<br />

Celles-ci vont être conduites à<br />

Captieux <strong>en</strong> liaison avec le STBFT. Elles<br />

seront faites sur la base d'agression à<br />

l'arme légère (jusque 12,7 mm), à la<br />

roquette anti-char et peut-être jusqu’au<br />

155 mm. Un des objectifs est égalem<strong>en</strong>t de<br />

tester la modularité du concept.<br />

Exemple de mur <strong>en</strong> béton armé touché par<br />

une roquette de 107 mm<br />

Trop lourds pour être projetés depuis la<br />

France, ces murs de protection peuv<strong>en</strong>t<br />

<strong>en</strong> revanche être fabriqués sur le<br />

théâtre. L’épaisseur et le type de béton à<br />

utiliser dép<strong>en</strong>dront des m<strong>en</strong>aces et de la<br />

ressource prés<strong>en</strong>te sur place.<br />

Mur de protection de « T »<br />

Dans le même ordre d’idée, un abri lourd<br />

modulaire <strong>en</strong> U r<strong>en</strong>versé <strong>en</strong> béton armé<br />

a été expérim<strong>en</strong>té <strong>en</strong> Afghanistan. <strong>Le</strong><br />

principe consiste <strong>en</strong> la réalisation de<br />

Abri terminé<br />

- 82 -<br />

modules d’un mètre de largeur et à leur<br />

assemblage afin de créer un abri <strong>en</strong><br />

forme de tunnel. Cet abri lourd offre une<br />

protection contre tous les types de munitions<br />

de petits calibres et les éclats primaires<br />

d’obus de 155 mm explosant à<br />

3 m. Toutefois, il convi<strong>en</strong>t <strong>en</strong>core d’étudier<br />

la résistance à l’effet de souffle pour<br />

les mortiers, les munitions d’artillerie et<br />

les bombes.<br />

Abri <strong>en</strong> mode utilisation<br />

CHECK POINT ISOPEX<br />

L’<strong>en</strong>trée d’un camp type ISOPEX est un<br />

point névralgique. Depuis plusieurs<br />

déc<strong>en</strong>nies, la multiplication des att<strong>en</strong>tats<br />

utilisant des véhicules banalisés ou des<br />

bombes humaines contre les checkpoints<br />

doit nous am<strong>en</strong>er à une profonde<br />

réflexion. <strong>Le</strong> check-point doit être conçu<br />

et durci <strong>en</strong> conséqu<strong>en</strong>ce. Plusieurs données<br />

doiv<strong>en</strong>t être prises <strong>en</strong> compte lors<br />

de sa réalisation : voies de circulation<br />

séparées pour les piétons et les véhicules<br />

(civils et <strong>militaire</strong>s), zones de<br />

fouille piétons et véhicules durcies pour<br />

parer à toute t<strong>en</strong>tative d’att<strong>en</strong>tat-suicide<br />

(avec murs de protection <strong>en</strong> béton par<br />

exemple), position des postes de combat,<br />

dispositifs de ral<strong>en</strong>tissem<strong>en</strong>t des<br />

véhicules, etc. L’idée consiste à fabriquer<br />

un modèle sous forme de maquette,<br />

dont chacun pourra s’inspirer, et qui<br />

pourra être adapté sur le terrain <strong>en</strong> fonction<br />

de la m<strong>en</strong>ace et des ressources disponibles.<br />

L’objectif est que les <strong>militaire</strong>s<br />

qui <strong>en</strong> assur<strong>en</strong>t la garde <strong>en</strong> opérations<br />

extérieures soi<strong>en</strong>t protégés et qu’ils<br />

puiss<strong>en</strong>t réaliser dans les meilleures<br />

conditions de sécurité, le filtrage, le<br />

contrôle et l’id<strong>en</strong>tification des véhicules<br />

et personnels civils et <strong>militaire</strong>s.<br />

La mise au point de nouveaux procédés<br />

et la réalisation de nouveaux types de<br />

protection nécessit<strong>en</strong>t une profonde<br />

réflexion. Il s’agit de rec<strong>en</strong>ser et d’analyser<br />

les réalisations effectuées <strong>en</strong> France<br />

et à l’étranger, de s<strong>en</strong>sibiliser l’interarmes<br />

sur le besoin de développer<br />

les actions de sauvegarde-protection,


Schéma d’un abri lourd modulaire <strong>en</strong> U r<strong>en</strong>versé<br />

S A P E U R<br />

Réflexion sur un Check Point durci contre les EEI<br />

- 83 -<br />

d’augm<strong>en</strong>ter le nombre de réalisations<br />

pratiques, etc.<br />

<strong>Le</strong> TTA 714 « Notice sur la protection<br />

directe par l’organisation du terrain » et<br />

le TTA 722 « Notice relative au durcissem<strong>en</strong>t<br />

des infrastructures de stationnem<strong>en</strong>t<br />

<strong>en</strong> zone d’opérations » propos<strong>en</strong>t<br />

des solutions faciles à mettre <strong>en</strong> œuvre<br />

sur le terrain. Mais, il est nécessaire<br />

d’y apporter des complém<strong>en</strong>ts. Il faut<br />

notamm<strong>en</strong>t développer les capacités du<br />

sapeur à conseiller l’interarmes dans le<br />

domaine de la sauvegarde-protection.<br />

Il s’agit donc d’imaginer et de mettre<br />

au point une formation à <strong>en</strong>seigner aux<br />

officiers du <strong>génie</strong> afin qu’ils soi<strong>en</strong>t<br />

mieux armés face à des agressions<br />

modernes. C’est la réflexion que conduit<br />

actuellem<strong>en</strong>t l’ESAG. Dès la r<strong>en</strong>trée<br />

2006, les programmes de formation des<br />

futurs commandants d’unité, des futurs<br />

chefs de section et des jeunes sousofficiers<br />

pr<strong>en</strong>dront <strong>en</strong> compte cette<br />

dim<strong>en</strong>sion. <strong>Le</strong> chantier semble complexe,<br />

mais le sapeur saura une nouvelle fois<br />

apporter des solutions concrètes.


S A P E U R<br />

- 84 -


S A P E U R<br />

<strong>Le</strong> Génie dans l'histoire<br />

l'histoir<br />

<strong>Le</strong>s uniformes du <strong>génie</strong> de la Révolution et de l’Empire ...................................................................................................... CDT GARNIER de LABAREYRE .............................. 87<br />

Génération de forces et emploi du <strong>génie</strong> : <strong>Le</strong>s sapeurs de la Campagne d’Alger .................................................... CNE GIUDICELLI .................................................. 93<br />

<strong>Le</strong>s in<strong>génie</strong>urs dans les troupes émigrées .................................................................................................................................. M. FOUGERAY ...................................................... 97<br />

- 85 -


S A P E U R<br />

- 86 -


Commandant<br />

Pierre<br />

GARNIER<br />

de LABAREYRE<br />

<strong>Le</strong> commandant Pierre GARNIER de<br />

LABAREYRE est le conservateur du<br />

musée du <strong>génie</strong> depuis septembre 2003.<br />

Officier sur titre, ayant choisi l’artillerie,<br />

il sert au 3 e régim<strong>en</strong>t d’artillerie puis au<br />

93 e régim<strong>en</strong>t d’artillerie de montagne où<br />

il crée et commande la batterie des opérations.<br />

Il est titulaire du diplôme d’état-major et<br />

du diplôme technique option sci<strong>en</strong>ces<br />

humaines.<br />

Après trois années au c<strong>en</strong>tre de sélection<br />

et d’ori<strong>en</strong>tation de Lyon, il suit une<br />

scolarité à l’école du Louvre avant d’être<br />

muté à Angers.<br />

S A P E U R<br />

LES UNIFORMES DU GÉNIE<br />

DE LA RÉVOLUTION ET DE L’EMPIRE<br />

<strong>Le</strong>s textes <strong>en</strong> italiques sont tirés des lois, décrets et arrêtés. Ils respect<strong>en</strong>t l’orthographe originale.<br />

L’armée n’échappe pas à l’avalanche de<br />

réformes qui bouscule la France <strong>en</strong> ce<br />

début de « Révolution ». Ainsi, l’anci<strong>en</strong><br />

corps des in<strong>génie</strong>urs du roi va disparaître<br />

pour donner naissance sous le<br />

Consulat à une arme structurée avec des<br />

officiers et des troupes directem<strong>en</strong>t sous<br />

leurs ordres.<br />

LES OFFICIERS DU GÉNIE<br />

La loi du 31 octobre 1790 réduit le corps<br />

du <strong>génie</strong> à 310 officiers, y compris les<br />

élèves de l’école de Mézières, à compter<br />

du 1 er janvier 1791. L’uniforme reste le<br />

même que celui prescrit <strong>en</strong> 1775 et 1776<br />

avec les quelques changem<strong>en</strong>ts surv<strong>en</strong>us<br />

<strong>en</strong> 1786. Cep<strong>en</strong>dant, il semble que<br />

les collets, parem<strong>en</strong>ts et revers ai<strong>en</strong>t<br />

toujours été liserés de rouge alors que<br />

cela n’est pas spécifié dans le règlem<strong>en</strong>t<br />

du 1 er octobre 1786. De plus, une loi<br />

du 4 octobre 1792 précise que tous<br />

les boutons porterai<strong>en</strong>t la m<strong>en</strong>tion<br />

« République <strong>français</strong>e ». Il n’est pas sûr<br />

que cela ait été fait 1 .<br />

<strong>Le</strong> Directoire exécutif, par la loi du 3 janvier<br />

1795 (14 v<strong>en</strong>tôse an III) r<strong>en</strong>d les officiers<br />

du <strong>génie</strong> partie intégrante de l’étatmajor<br />

des armées. Un arrêté du 24 avril<br />

1797 (5 floréal an V) fixe l’uniforme<br />

des officiers du <strong>génie</strong>. Article 1 : À dater<br />

du 1 er prairial prochain, l’uniforme des<br />

Officiers du Génie sera <strong>en</strong> tout<br />

conforme, tant pour la couleur que pour<br />

la coupe, à celui de l’État-Major des<br />

armées, à la réserve des parem<strong>en</strong>s et<br />

collets, qui seront de velours noir, lisérés<br />

de rouge, avec pattes blanches aux parem<strong>en</strong>s<br />

aussi lisérés de rouge, et des boutons,<br />

qui demeureront tels qu’ils ont<br />

été déterminés par l’ordonnance du<br />

31 décembre 1776 2 . L’article 2 précise le<br />

droit aux épaulettes : ces Officiers conti-<br />

Officier du <strong>génie</strong> vers 1805,<br />

aquarelle d’André Marcy, collection Musée du <strong>génie</strong><br />

nueront de porter les épaulettes de leurs<br />

grades respectifs, et pr<strong>en</strong>dront ; savoir :<br />

les Officiers supérieurs, les mêmes<br />

marques distinctives aux parem<strong>en</strong>s, collets,<br />

chapeaux et équipages de cheval,<br />

que les Adjudans généraux ; et les<br />

Capitaines, Lieut<strong>en</strong>ans et Sous-lieut<strong>en</strong>ans<br />

celles fixées pour les Adjoints aux<br />

adjudans généraux. Ainsi, les officiers<br />

du <strong>génie</strong> port<strong>en</strong>t l’habit bleu, la veste et<br />

la culotte blanches avec le chapeau<br />

bicorne sans galon d’or.<br />

Un arrêté des Consuls de la République<br />

du 14 juillet 1800 (24 messidor, an VIII),<br />

article IV, prescrit les dispositions suivantes<br />

: les Officiers du corps du <strong>génie</strong><br />

conserveront le fond de l’uniforme qui<br />

leur a été précédemm<strong>en</strong>t affecté, mais<br />

sans galon ni bordure. <strong>Le</strong>ur chapeau<br />

sera bordé <strong>en</strong> soie noire, et les bords rattachés<br />

à la forme par des ganses aussi<br />

<strong>en</strong> soie noire.<br />

1) Un bouton avec une cuirasse surmontée d’un bonnet de la liberté avec l’inscription « in<strong>génie</strong>ur<br />

de la république <strong>français</strong>e » est dessiné dans l’ouvrage, le bouton d’uniforme <strong>français</strong>,<br />

L. FALLOU, p 169 ; autre version avec un faisceau de licteur.<br />

2) Voir SAPEUR n° 5, juin 2005, p 113.<br />

- 87 -


Une circulaire signée Carnot et datant<br />

du 9 août 1800 (21 thermidor, an VIII)<br />

fixe à tous les officiers du <strong>génie</strong> leur<br />

uniforme : habit bleu national, coupe de<br />

l’infanterie de ligne, doublure rouge,<br />

parem<strong>en</strong>s, revers, et collet de velours<br />

noir, lisérés de rouge ainsi que l’habit ;<br />

bouton actuel, veste blanche, pantalon<br />

ou culotte bleue ; marques distinctives<br />

de leur grade ; armem<strong>en</strong>t et équipage<br />

du cheval tels qu’ils sont actuellem<strong>en</strong>t ;<br />

le chapeau tel qu’il est prescrit dans<br />

l’arrêté du 24 messidor. Ils pourront<br />

porter, comme petit uniforme, un frac<br />

bleu national avec des boutons et des<br />

épaulettes.<br />

S A P E U R<br />

L’uniforme des officiers du <strong>génie</strong> va être<br />

s<strong>en</strong>siblem<strong>en</strong>t le même p<strong>en</strong>dant toute la<br />

période impériale. Il est fixé par le règlem<strong>en</strong>t<br />

du 20 juin 1803 (1er messidor an<br />

XI), chapitre IV 3 .<br />

« L’habit… sera de drap bleu national,<br />

coupe d’infanterie de ligne (voir figure<br />

1), doublure écarlate, collet, revers et<br />

parem<strong>en</strong>s de velours noir, liserés de<br />

rouge ainsi que les pattes de poches, qui<br />

seront <strong>en</strong> travers et à trois pointes. <strong>Le</strong>s<br />

pans de l’habit seront agrafés derrière ;<br />

les retroussis ornés d’un corset d’armes<br />

brodé <strong>en</strong> or. La veste et la culotte seront<br />

de drap blanc.<br />

<strong>Le</strong>ttre de L. Carnot sur l’uniforme du <strong>génie</strong>, collection Musée du <strong>génie</strong><br />

- 88 -<br />

L’épaulette et la dragonne seront du<br />

modèle du grade de l’officier.<br />

La redingote est id<strong>en</strong>tique à l’habit. Elle<br />

se croisera sur la poitrine et le collet sera<br />

r<strong>en</strong>versé sur un collet droit de sept à huit<br />

c<strong>en</strong>timètres ; parem<strong>en</strong>ts et manches<br />

seront coupés <strong>en</strong> dessous.<br />

<strong>Le</strong> manteau sera <strong>en</strong> drap national ; la<br />

retonde bordée d’un galon d’or de 4 c<strong>en</strong>timètres<br />

de largeur, le collet droit de<br />

velours noir, liseré de rouge, ainsi que la<br />

rotonde.<br />

Comme dans le règlem<strong>en</strong>t de 1776, la<br />

cuirasse et le pot-<strong>en</strong>-tête sont représ<strong>en</strong>tés<br />

sur les boutons. Un dessin, planche 7<br />

du règlem<strong>en</strong>t, reproduit le modèle. <strong>Le</strong>s<br />

boutons seront de métal doré, fond<br />

sablé, et timbrés <strong>en</strong> relief d’un corset<br />

d’armes et pot <strong>en</strong> tête. L’emplacem<strong>en</strong>t<br />

des boutons est particulièrem<strong>en</strong>t détaillé :<br />

l’habit sera garni de trois gros boutons<br />

au bas du revers droit, trois sur chaque<br />

poche, un sur chaque hanche, sept petits<br />

à chaque revers, trois à chaque parem<strong>en</strong>t,<br />

un sur chaque épaule, près la couture<br />

du collet, pour fixer les épaulettes.<br />

Veste et culotte seront garnies de petits<br />

boutons d’uniforme. Sur la redingote,<br />

parem<strong>en</strong>ts et manches se fermeront par<br />

trois petits boutons d’uniforme. De plus,<br />

il sera mis sept gros boutons sur chaque<br />

devant, un à chaque hanche, deux sur la<br />

patte de chaque poche, qui sera dans les<br />

plis. Petits boutons pour veste et culotte<br />

<strong>en</strong> drap blanc.<br />

<strong>Le</strong> chapeau sera uni, sans panache, sans<br />

plume ni plumet, bordé d’un galon de<br />

Bouton du <strong>génie</strong> d’époque 1 er Empire,<br />

collection Musée du <strong>génie</strong><br />

3) La plupart des auteurs traitant des uniformes m<strong>en</strong>tionn<strong>en</strong>t la date du 1 er v<strong>en</strong>démiaire, an XII. Il semble que celui-ci ait repris les dispositions du 1 er messidor<br />

qui est consacré exclusivem<strong>en</strong>t au <strong>génie</strong>.


poil de chèvre noir de six c<strong>en</strong>timètres de<br />

largeur ; ganse <strong>en</strong> or de dix-huit millimètres<br />

de largeur ; glands dans les<br />

cornes dont les franges seront correspondantes<br />

au grade. La couleur n’est<br />

pas indiquée mais est sous-<strong>en</strong>t<strong>en</strong>due<br />

dorée. La cocarde tricolore dite « nationale<br />

» est, bi<strong>en</strong> sûr, prés<strong>en</strong>te.<br />

<strong>Le</strong> règlem<strong>en</strong>t stipule que le col sera<br />

blanc <strong>en</strong> temps de paix, et noir <strong>en</strong><br />

campagne !<br />

Un petit uniforme est aussi prescrit pour<br />

les officiers du <strong>génie</strong> : habit de drap bleu<br />

national, doublure écarlate, sans revers ;<br />

les poches seront dans les plis ; le collet<br />

et les parem<strong>en</strong>s seront <strong>en</strong> velours noir,<br />

liserés de rouge ; collet droit et parem<strong>en</strong>s<br />

ouverts sous la manche et fermés<br />

par deux petits boutons. Cet habit boutonnera<br />

sur la poitrine ; les pans s’agraferont<br />

derrière ; il sera garni de neuf gros<br />

boutons sur le devant, un à chaque<br />

manche, deux dans les plis, et de deux<br />

petits à chaque parem<strong>en</strong>t. Il est précisé<br />

qu’<strong>en</strong> petit uniforme, la veste sera<br />

blanche, la culotte <strong>en</strong> drap bleu.<br />

En grande t<strong>en</strong>ue, les bottes seront<br />

à l’écuyère et <strong>en</strong> petit uniforme, à<br />

S A P E U R<br />

<strong>Sapeur</strong>s sous l’Empire, gravure du XIX e siècle, collection Musée du <strong>génie</strong><br />

retroussis rabattus <strong>en</strong> cuir jaune. <strong>Le</strong>s<br />

éperons seront plaqués <strong>en</strong> arg<strong>en</strong>t. <strong>Le</strong><br />

modèle est proposé <strong>en</strong> gravure sur la<br />

planche 13 du règlem<strong>en</strong>t. <strong>Le</strong>s boucles<br />

des souliers <strong>en</strong> arg<strong>en</strong>t.<br />

<strong>Le</strong> ceinturon sera <strong>en</strong> buffle blanc, de la<br />

largeur de six c<strong>en</strong>timètres deux millimètres<br />

et la plaque <strong>en</strong> cuivre doré avec<br />

le corset d’armes et pot-<strong>en</strong>-tête <strong>en</strong> relief.<br />

L’équipem<strong>en</strong>t du cheval est lui aussi<br />

décrit minutieusem<strong>en</strong>t. La selle sera à la<br />

<strong>français</strong>e, <strong>en</strong> veau-laque. La housse et<br />

les chaperons, <strong>en</strong> drap bleu national,<br />

seront bordés d’un galon d’or de la largeur<br />

de 5,5 c<strong>en</strong>timètre pour les officiers<br />

supérieurs, de 4,5 c<strong>en</strong>timètre pour les<br />

capitaines et de 3,8 c<strong>en</strong>timètre pour les<br />

lieut<strong>en</strong>ants (le galon est représ<strong>en</strong>té à<br />

l’échelle 1 <strong>en</strong> gravure, planche 7). <strong>Le</strong>s<br />

bossettes ovales, unies et plaquées <strong>en</strong><br />

arg<strong>en</strong>t, ainsi que toutes les boucles<br />

appar<strong>en</strong>tes ; les étriers noirs, vernis ;<br />

tous les cuirs noirs, compris ceux de la<br />

bride et du bridon.<br />

En campagne, les officiers du <strong>génie</strong><br />

pourront se servir de la selle à la hussarde<br />

; la housse, dite de pied, sera <strong>en</strong><br />

drap bleu national, bordée du galon<br />

4) BLONDIAU, Aigles et shakos du 1 er Empire, Paris, 1980.<br />

5) Voir l’habit de caporal du <strong>génie</strong>, modèle 1812, prés<strong>en</strong>té dans le hors série n° 23 de Tradition Magazine, p 66.<br />

- 89 -<br />

d’or uniforme. Cette housse sera mise<br />

sous la selle ; les chaperons seront <strong>en</strong><br />

peau d’ours.<br />

L’armem<strong>en</strong>t n’est pas oublié. L’épée, le<br />

sabre et les pistolets seront du modèle<br />

affecté aux officiers de l’état-major des<br />

armées.<br />

Ce même règlem<strong>en</strong>t précise les particularités<br />

de l’uniforme des gardes du<br />

<strong>génie</strong> dont nous parlerons ultérieurem<strong>en</strong>t.<br />

Un décret du 9 novembre 1810 simplifie<br />

la coiffure. En effet, le cordon du<br />

shako est supprimé et remplacé, pour<br />

les officiers, par un ou deux galons<br />

d’or (pour les colonels). De même sont<br />

supprimés les plumets sauf pour les<br />

officiers supérieurs et, pour les autres,<br />

remplacés par une houppette <strong>en</strong> laine.<br />

La plaque de shako a la forme d’un<br />

losange. Elle est <strong>en</strong> cuivre jaune avec<br />

gr<strong>en</strong>ade estampée au-dessus du<br />

numéro. Cep<strong>en</strong>dant, cette plaque fut<br />

peu portée 4 .<br />

<strong>Le</strong> long décret du 19 janvier 1812 a pour<br />

but de r<strong>en</strong>forcer l’uniformisation de<br />

l’armée tout <strong>en</strong> essayant d’être plus<br />

att<strong>en</strong>tionné au confort du soldat.<br />

L’habillem<strong>en</strong>t de base est celui de l’infanterie<br />

(voir figure 2).<br />

Pour le <strong>génie</strong> : habit bleu avec collet,<br />

revers, parem<strong>en</strong>ts, pattes de parem<strong>en</strong>t<br />

<strong>en</strong> velours noirs avec liseré rouge, passepoil<br />

rouge figurant les poches à trois<br />

pointes <strong>en</strong> long. <strong>Le</strong>s retroussis sont<br />

rouges avec passepoil de velours noir<br />

avec deux haches <strong>en</strong> drap bleu et <strong>en</strong> sautoir<br />

comme ornem<strong>en</strong>t. <strong>Le</strong>s boutons sont<br />

plats, jaunes avec le trophée d’arme. <strong>Le</strong><br />

pantalon est bleu et les guêtres plus<br />

courtes, de couleurs noires. Ainsi, l’habit<br />

couvre maint<strong>en</strong>ant le v<strong>en</strong>tre et cache la<br />

veste. <strong>Le</strong>s revers sont droits. <strong>Le</strong>s<br />

basques sont plus courtes 5 .<br />

<strong>Le</strong> shako reste id<strong>en</strong>tique à celui prescrit<br />

<strong>en</strong> 1810 sauf la plaque qui est <strong>en</strong> cuivre<br />

jaune surmonté d’une aigle couronnée<br />

avec le numéro du bataillon de sapeurs<br />

ou de la compagnie de mineurs.


Il semble que les haches <strong>en</strong> sautoir ne<br />

fur<strong>en</strong>t pas utilisées et que seul la gr<strong>en</strong>ade<br />

ait continué à être portée 6 . De même, le<br />

passepoil de velours noir sur les retroussis<br />

ne semble pas avoir été exécuté.<br />

LES MINEURS ET SAPEURS<br />

<strong>Le</strong> 4 mars 1795 (14 V<strong>en</strong>tôse an III), les six<br />

compagnies de mineurs sont réunies définitivem<strong>en</strong>t<br />

au corps du <strong>génie</strong>. En effet, les<br />

mineurs avai<strong>en</strong>t été rattachés au <strong>génie</strong> le<br />

15 décembre 1792 sans intégration de<br />

leurs officiers au corps du <strong>génie</strong>. <strong>Le</strong>s<br />

mineurs avai<strong>en</strong>t alors pris la dénomination<br />

d’« ouvriers <strong>militaire</strong>s du <strong>génie</strong> 7 ».<br />

Bouton du 2 e bataillon de sapeur<br />

époque début XIX e siècle<br />

collection Musée du <strong>génie</strong><br />

<strong>Le</strong>s mineurs vont conserver l’uniforme<br />

qu’ils avai<strong>en</strong>t lorsqu’ils dép<strong>en</strong>dai<strong>en</strong>t de<br />

l’artillerie. <strong>Le</strong> règlem<strong>en</strong>t du 15 janvier<br />

1792 prescrit des épaulettes à franges à<br />

laine écarlate. Ils les garderont lors de<br />

leur passage dans le corps du <strong>génie</strong> et<br />

adopteront aussi les parem<strong>en</strong>ts noirs<br />

liserés de rouge.<br />

Un décret du 15 décembre 1793 (25 frimaire<br />

an II) crée douze bataillons du<br />

<strong>génie</strong> destinés aux travaux de fortifications<br />

et d’aménagem<strong>en</strong>t tant <strong>en</strong> campagne<br />

que dans les places. Ce décret<br />

peut être considéré comme l’acte créateur<br />

de l’arme du <strong>génie</strong>. Cep<strong>en</strong>dant, il<br />

est important de noter que ses<br />

sapeurs, mis à la disposition des officiers<br />

du corps du <strong>génie</strong>, étai<strong>en</strong>t commandés<br />

par des officiers dits « officiers<br />

de sapeurs » qui n’appart<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t<br />

pas à ce corps.<br />

S A P E U R<br />

<strong>Sapeur</strong> vers 1795,<br />

aquarelle d’André Marcy,<br />

collection Musée du <strong>génie</strong><br />

L’uniforme de ces sapeurs est spécifié<br />

dans ce décret qui stipule que celui-ci<br />

serait le même que celui des compagnies<br />

de canonniers, sauf les épaulettes<br />

qui seront jaunes 8 . Ainsi, les collets,<br />

parem<strong>en</strong>ts et revers étai<strong>en</strong>t bleus liserés<br />

de rouge. La culotte et la veste sont<br />

bleues. Il semble que rapidem<strong>en</strong>t, ils prir<strong>en</strong>t<br />

le velours noir et les épaulettes<br />

rouges comme les mineurs. L’extrémité<br />

de chaque retroussis des basques est<br />

garnie d’une pelle et d’une pioche <strong>en</strong><br />

sautoir 9 . <strong>Le</strong> chapeau est adopté comme<br />

coiffure.<br />

<strong>Le</strong> règlem<strong>en</strong>t qui suit la publication de<br />

ce décret précise, dans son article VI,<br />

que le drapeau sera porté par le plus<br />

anci<strong>en</strong> serg<strong>en</strong>t-major.<br />

L’arrêté des consuls du 10 octobre 1801<br />

(18 v<strong>en</strong>démiaire an X) unifie l’arme du<br />

<strong>génie</strong> <strong>en</strong> homogénéisant les structures<br />

des six compagnies de mineurs et les<br />

quatre bataillons de sapeurs seulem<strong>en</strong>t<br />

effectifs. En complém<strong>en</strong>t, le décret du<br />

27 décembre 1801 (6 nivôse an X) donne<br />

aux officiers de sapeurs le même uni-<br />

- 90 -<br />

forme que les officiers du corps du <strong>génie</strong>.<br />

Ainsi est <strong>en</strong>fin amalgamé dans une<br />

même <strong>en</strong>tité l’anci<strong>en</strong> corps des in<strong>génie</strong>urs<br />

du roi, les mineurs et les sapeurs 10 .<br />

LES SAPEURS DE LA GARDE IMPÉRIALE<br />

Corps d'élite par excell<strong>en</strong>ce, la Garde<br />

impériale se devait de posséder une<br />

unité du <strong>génie</strong>. Cep<strong>en</strong>dant, ce n'est que<br />

vers la fin de l'Empire qu'une compagnie<br />

du <strong>génie</strong> fut créée avec une mission très<br />

particulière. Un décret impérial daté du<br />

10 juillet 1810 ordonne la création d'une<br />

compagnie de sapeurs au sein de la<br />

Garde Impériale dont la mission est le<br />

service des pompes dans les palais<br />

impériaux. Ainsi, la mission première de<br />

ses sapeurs est d'être des pompiers !<br />

D'un effectif initial de c<strong>en</strong>t tr<strong>en</strong>te-neuf<br />

hommes, celui-ci va régulièrem<strong>en</strong>t augm<strong>en</strong>ter<br />

jusqu'à monter à trois c<strong>en</strong>t<br />

soixante-seize hommes au printemps<br />

1813 dont les deux tiers dans la Jeune<br />

Garde. Des pompes patiemm<strong>en</strong>t acheminées<br />

vers Moscou serviront à essayer<br />

d'arrêter l'inc<strong>en</strong>die de la capitale moscovite.<br />

Lors des C<strong>en</strong>t jours, une compagnie<br />

sera de nouveau reconstituée.<br />

L'uniforme des sapeurs de la Garde est<br />

très proche de celui des bataillons de<br />

sapeurs. Seule la coiffure et les boutons<br />

sont spécifiques. Il faut aussi rappeler<br />

<strong>Sapeur</strong> de la Garde Impériale,<br />

L. Rousselot, collection Musée du <strong>génie</strong><br />

6) TERRIENNE, op cit.<br />

7) TERRIENNE, Notes sur l’organisation et l’uniforme des troupes constituant le <strong>génie</strong>, titre III, p 54.<br />

8) AUGOYAT, Aperçu historique sur les fortifications, les in<strong>génie</strong>urs et sur le corps du <strong>génie</strong> <strong>en</strong> France, 1864, tome III, page 60. Décret de la conv<strong>en</strong>tion<br />

nationale du 25 frimaire, an II, section troisième, article 1.<br />

9) C’est-à-dire croisé. La couleur devait être bleue.<br />

10) TERRIENNE fait débuter l’arme du <strong>génie</strong> à partir de ce décret; op cit, titre III, p 72.


que les uniformes de la Garde sont<br />

généralem<strong>en</strong>t taillés dans un tissu de<br />

meilleure qualité et que l'armem<strong>en</strong>t a<br />

aussi sa propre spécificité.<br />

Fabriqué <strong>en</strong> acier et laiton, le casque est<br />

singulier et particulièrem<strong>en</strong>t seyant.<br />

C'est un casque à bombe avec une<br />

visière et un couvre-nuque <strong>en</strong> acier poli.<br />

<strong>Le</strong> cimier estampé, le cerclage, le port du<br />

plumet, les jugulaires à écailles posées<br />

sur un cuir, les rosaces avec une étoile<br />

au c<strong>en</strong>tre et la plaque sont <strong>en</strong> laiton. La<br />

plaque représ<strong>en</strong>te une aigle éployée très<br />

caractéristique. <strong>Le</strong> plumet est écarlate et<br />

la ch<strong>en</strong>ille du cimier <strong>en</strong> poils d'ours<br />

noirs. <strong>Le</strong>s sapeurs de la Jeune Garde<br />

port<strong>en</strong>t un shako <strong>en</strong> feutre noir avec une<br />

plaque <strong>en</strong> laiton à l'aigle couronnée,<br />

deux jugulaires avec écailles et rosaces<br />

étoilées <strong>en</strong> laiton avec un cordon natté<br />

écarlate et un plumet de même. Au<br />

bivouac ou <strong>en</strong> t<strong>en</strong>ue de travail, le port du<br />

bonnet de police est autorisé. Celui-ci<br />

est <strong>en</strong> drap bleu avec galon, passepoil et<br />

gr<strong>en</strong>ade écarlate pour les sapeurs et or<br />

pour les officiers.<br />

<strong>Le</strong>s boutons sont <strong>en</strong> cuivre jaune voire<br />

dorés pour les officiers, timbrés d'une<br />

aigle.<br />

La capote est <strong>en</strong> drap bleu, croisée sur le<br />

devant avec deux rangées de sept gros<br />

boutons ; deux autres gros boutons à la<br />

taille, derrière. <strong>Le</strong>s parem<strong>en</strong>ts sont agrém<strong>en</strong>tés<br />

de trois petits boutons chacun,<br />

plus un sur chaque épaulette. En effet,<br />

les galons ou les épaulettes se port<strong>en</strong>t<br />

aussi sur la capote. En petite t<strong>en</strong>ue et <strong>en</strong><br />

t<strong>en</strong>ue de ville, les officiers port<strong>en</strong>t le chapeau<br />

à ganse noir bordé de soie de la<br />

même couleur et glands dorés dans les<br />

cornes avec bouton de la Garde et<br />

cocarde nationale.<br />

LE TRAIN DU GÉNIE<br />

<strong>Le</strong> développem<strong>en</strong>t des armées révolutionnaires<br />

puis impériales va <strong>en</strong>traîner la<br />

création du train du <strong>génie</strong> le 1 er octobre<br />

1806. Sa mission était de convoyer les<br />

outils et matériaux nécessaires aux tra-<br />

S A P E U R<br />

vaux des mineurs et des sapeurs. Son<br />

organisation changea plusieurs fois<br />

avant de se stabiliser à un bataillon à<br />

sept compagnies dont une de dépôt<br />

(1 er juillet 1811). En général, il y a une<br />

compagnie du train du <strong>génie</strong> par corps<br />

d'armée. L'uniforme est spécifique bi<strong>en</strong><br />

que la couleur de fond de l'habit soit la<br />

même que celle du train des équipages :<br />

habit gris de fer avec collet, revers, parem<strong>en</strong>t<br />

et pattes de parem<strong>en</strong>t noirs vraisemblablem<strong>en</strong>t<br />

<strong>en</strong> panne (et non <strong>en</strong><br />

velours !) ; poches, doublure et retroussis<br />

de couleur distincte ; boutons et ornem<strong>en</strong>t<br />

(gr<strong>en</strong>ades aux retroussis) blancs.<br />

La veste est blanche ; culotte de peau<br />

avec surculotte et bottes à la dragonne.<br />

La capote, du même type que l'infanterie,<br />

est <strong>en</strong> drap gris de fer. La schabraque<br />

est <strong>en</strong> peau de mouton blanc. <strong>Le</strong><br />

shako est du même type que l'infanterie<br />

avec plaque <strong>en</strong> losange et jugulaires<br />

blanches, aigrette rouge. <strong>Le</strong> décret du 9<br />

février 1812 précise que les passepoils<br />

figurant les poches, la doublure et les<br />

retroussis seront bleus ; les boutons sont<br />

plats et blancs (arg<strong>en</strong>t) frappés d'une<br />

cuirasse surmontée d'un pot <strong>en</strong> tête.<br />

ÉCLUSIERS, CASERNIERS11 , GARDES<br />

ET GARDIENS DES FORTIFICATIONS<br />

<strong>Le</strong> chapitre XV de l'ordonnance du 1 er<br />

octobre 1786 traite de l'uniforme des<br />

employés aux fortifications : les Éclusiers,<br />

Caserniers, Gardi<strong>en</strong>s des fortifications,<br />

jetées, digues, fascinages et épis,<br />

ainsi que tous autres employés, porteront<br />

l'habit avec collet r<strong>en</strong>versé ; doublure,<br />

veste et culotte bleu de roi. <strong>Le</strong>s<br />

boutons des fortifications seront de<br />

métal jaune, ornés dans le milieu d'une<br />

rosette, avec la lég<strong>en</strong>de au pourtour :<br />

fortifications.<br />

Par la loi du 10 juillet 1791, tous les<br />

employés de fortifications seront désignés<br />

dorénavant sous les noms de<br />

gardes des fortifications et d’éclusiers<br />

des fortifications 12 . Ils sont au nombre<br />

de 200 13 et doiv<strong>en</strong>t obligatoirem<strong>en</strong>t porter<br />

l’uniforme qui leur sera affecté. Cette<br />

11) <strong>Le</strong> règlem<strong>en</strong>t du 30 thermidor, an II , dans son titre deuxième traite du rôle des caserniers.<br />

12) Journal <strong>militaire</strong> du 11 septembre 1791, numéro 37, p 444 et 445.<br />

13) <strong>Le</strong> chiffre citée est 300 mais, dans cette même loi, un tableau précise et détaille le coût et leur nombre pour 200.<br />

14) TERRIENNE, op cit, titre III, p 121.<br />

- 91 -<br />

même loi crée « les archives des fortifications<br />

». Ainsi, un dépôt d’archives spécifiques<br />

au <strong>génie</strong> voit-il officiellem<strong>en</strong>t le<br />

jour. Cette spécificité cessera <strong>en</strong> 1985.<br />

L'article 4 de la loi du 5 floréal an V<br />

stipule que « les Gardes-éclusiers des<br />

fortifications porteront l'uniforme de<br />

sous-officiers de mineurs, avec les<br />

marques distinctives du grade affecté à<br />

la classe de garde dans laquelle ils sont<br />

compris ». <strong>Le</strong> règlem<strong>en</strong>t du 20 juin 1804<br />

(1 er messidor, l’an XII) dans son article II<br />

du chapitre IV traite de l’uniforme des<br />

gardes du <strong>génie</strong>. <strong>Le</strong>s gardes du <strong>génie</strong><br />

porteront l'habit bleu national, doublure<br />

écarlate, collet, parem<strong>en</strong>s et revers <strong>en</strong><br />

panne noire liserés de rouge, veste et<br />

culotte de drap bleu garnies de petits<br />

boutons d’uniformes. <strong>Le</strong> chapeau sera<br />

uni, la ganse <strong>en</strong> galon de laine jaune<br />

avec cocarde national, boutons jaunes et<br />

timbré d’un corset d’armes avec la<br />

lég<strong>en</strong>de : garde du <strong>génie</strong>. <strong>Le</strong>s gardes de<br />

première classe port<strong>en</strong>t les épaulettes<br />

d'adjudant (fond de soie couleur de feu,<br />

traversée dans le milieu de deux cordons<br />

de tresse d’or), ceux de deuxième<br />

classe les galons de serg<strong>en</strong>t-major (deux<br />

galons <strong>en</strong> or sur chaque manche, du<br />

côté de l’extérieur de l’avant-bras et près<br />

du parem<strong>en</strong>t), ceux de troisième classe<br />

les galons de serg<strong>en</strong>t (un seul galon <strong>en</strong><br />

or sur chaque) et ceux de quatrième<br />

classe les galons de fourrier (un galon<br />

<strong>en</strong> or sur le dehors de la manche, audessus<br />

du pli du bras).<br />

LES OUVRIERS DU GÉNIE<br />

<strong>Le</strong> 12 novembre 1811, les ateliers du<br />

dépôt du train du <strong>génie</strong> de Metz sont<br />

transformés <strong>en</strong> ars<strong>en</strong>al du <strong>génie</strong>. Il est<br />

alors créé, dans cet ars<strong>en</strong>al, une compagnie<br />

d’ouvriers du <strong>génie</strong>.<br />

L’uniforme est le même que celui du<br />

<strong>génie</strong> avec des gr<strong>en</strong>ades <strong>en</strong> drap bleu<br />

aux basques et des boutons à cuirasse<br />

portant l’inscription : ouvriers du <strong>génie</strong>.<br />

<strong>Le</strong> shako est celui des mineurs avec un<br />

pompon rouge surmonté d’une petite<br />

aigrette <strong>en</strong> crin noir 14 .


LES ADJOINTS AU GÉNIE<br />

Ils sont créés par la loi du 21 février 1793<br />

qui traite, dans son titre VII, du <strong>génie</strong>.<br />

L’article II stipule que dans les places qui se<br />

trouverai<strong>en</strong>t dépourvues du nombre d’in<strong>génie</strong>urs<br />

suffisant pour le service, le<br />

ministre est autorisé à nommer des<br />

adjoints <strong>en</strong> nombre suffisant, sur la prés<strong>en</strong>tation<br />

des chefs du <strong>génie</strong>, et à leur attribuer<br />

un traitem<strong>en</strong>t analogue à leur g<strong>en</strong>re<br />

d’utilité 15 . La loi du 5 août 1794 (18 thermidor<br />

an II) limite leur nombre à 200 répartis<br />

<strong>en</strong> deux classes.<br />

Ils port<strong>en</strong>t l’uniforme de sous-lieut<strong>en</strong>ant<br />

de sapeur.<br />

Uniforme type d’infanterie 1801-1810,<br />

dessin Michel Pétard<br />

S A P E U R<br />

<strong>Le</strong> décret du 5 floréal an V, dans son<br />

article III, précise que l’uniforme reste le<br />

même que celui attribué le 22 septembre<br />

1796 (1er v<strong>en</strong>démiaire an V), à l’exception<br />

de la doublure, qui sera bleue et les<br />

revers qui seront supprimés.<br />

<strong>Le</strong>s adjoints fur<strong>en</strong>t supprimés par décret du<br />

11 octobre 1801 16 (19 v<strong>en</strong>démiaire an X).<br />

LES AÉROSTIERS<br />

Dans la tourm<strong>en</strong>te révolutionnaire, les<br />

nouvelles idées foisonn<strong>en</strong>t tant dans le<br />

domaine politique que dans le domaine<br />

<strong>militaire</strong>. Dans ce dernier domaine, il est<br />

créé, par décret du 2 avril 1794 (13 germinal,<br />

an II), une compagnie d’aérostiers à<br />

Meudon sous les ordres du capitaine<br />

Coutelle. Ce décret 17 indique l’uniforme de<br />

la nouvelle compagnie dans son article 4.<br />

Il consiste <strong>en</strong> un habit, veste et culotte<br />

bleus avec passepoil rouge au collet, parem<strong>en</strong>ts<br />

noirs, boutons d’infanterie 18 prévus<br />

par le décret du 4 octobre 1792 (13 v<strong>en</strong>démiaire,<br />

an III) avec veste de coutil bleu<br />

pour le travail. L’armem<strong>en</strong>t est composé<br />

d’un sabre court (vraisemblablem<strong>en</strong>t type<br />

briquet) et de deux pistolets 19 . Une<br />

deuxième compagnie fut créée le 23 juin<br />

(5 messidor, an II) de la même année. La<br />

- 92 -<br />

première compagnie participera à la campagne<br />

d’Égypte. Cette situation <strong>en</strong>traînera<br />

une modification de son uniforme. L’habit<br />

est vert foncé avec passepoil rouge au collet;<br />

le reste, sans changem<strong>en</strong>t. Cet habit<br />

est <strong>en</strong>core modifié <strong>en</strong> Égypte : habit et<br />

veste bleue avec collets et parem<strong>en</strong>ts<br />

verts, retroussis verts, passepoil blanc et<br />

boutons <strong>en</strong> bois recouverts d’étoffe bleue.<br />

<strong>Le</strong>s compagnies d’aérostiers fur<strong>en</strong>t dissoutes<br />

<strong>en</strong> 1799 par le Directoire. Cette spécialité<br />

réapparaîtra dans l’armée <strong>français</strong>e<br />

lors de la guerre de 1870-1871.<br />

Uniforme type d’infanterie 1812,<br />

dessin Michel Pétard<br />

15) AUGOYAT, op cit, tome troisième, p 28.<br />

16) TERRIENNE, op cit, titre I, p 5.<br />

17) AUGOYAT, op cit, tome troisième, p 37.<br />

18) FALLOU, dans son ouvrage, indique un bouton <strong>en</strong> cuivre particulier avec ballon surmontant une nacelle avec deux hommes portant chacun un<br />

fanion (vers 1796).<br />

19) <strong>Le</strong> musée d’histoire <strong>militaire</strong> de Fontainebleau possède une paire de pistolets d’aérostier.


Capitaine (esr)<br />

Bernard<br />

GIUDICELLI<br />

<strong>Le</strong> Capitaine GIUDICELLI sert au 71 e<br />

Régim<strong>en</strong>t du Génie.<br />

Chef de projet Sénior, il collabore à la<br />

réalisation de plusieurs applications<br />

pour l’Armée de Terre et la G<strong>en</strong>darmerie.<br />

Il commande au 71 e RG puis <strong>en</strong> opération<br />

extérieure avec le BATGEN 1.<br />

Détaché au ministère de l’Intérieur de<br />

1997 à 2000, il est aujourd’hui adjoint au<br />

conservateur du musée du <strong>génie</strong>.<br />

S A P E U R<br />

GÉNÉRATION DE FORCES<br />

ET EMPLOI DU GÉNIE :<br />

LES SAPEURS DE LA CAMPAGNE D’ALGER<br />

24 JUIN – 5 JUILLET 1830<br />

LES RAISONS DU CHOIX<br />

Conséqu<strong>en</strong>ce du « coup de l’év<strong>en</strong>tail »,<br />

de raisons de politique intérieure et de<br />

considérations financières 1 , la campagne<br />

d’Alger est la première expédition<br />

d’une telle <strong>en</strong>vergure que l’armée <strong>français</strong>e<br />

ait lancée. Plus que le nombre de<br />

combattants, <strong>en</strong>viron 37 000 hommes, il<br />

convi<strong>en</strong>t de considérer le contexte général<br />

: le débarquem<strong>en</strong>t de vive force, l’emploi<br />

combiné de forces terrestres et<br />

maritimes, la minutie de la préparation,<br />

le déroulem<strong>en</strong>t de l’action.<br />

Il s’agit d’une première.<br />

<strong>Le</strong>s antécéd<strong>en</strong>ts<br />

Sans remonter aux croisades, il y eut,<br />

bi<strong>en</strong> sûr, des précéd<strong>en</strong>ts : celle de<br />

Lafayette et celle de Bonaparte, l’une<br />

vers les Amériques et l’autre vers l’Égypte.<br />

Ces deux opérations ne sont pas<br />

les plus réussies de la marine <strong>français</strong>e.<br />

La flotte est malm<strong>en</strong>ée sur la côte est<br />

des Amériques et coulée devant<br />

Aboukir… Et <strong>en</strong>core, dans ces deux derniers<br />

cas, pouvait-on compter sur une<br />

partie de la population, sinon acquise,<br />

du moins bi<strong>en</strong>veillante. Pour Alger, ri<strong>en</strong><br />

de tel. Pire, cette action va se dérouler <strong>en</strong><br />

« Terra incognita ».<br />

Si « le coup de l’év<strong>en</strong>tail » date de 1827,<br />

c’est après deux ans de réflexion et<br />

quelques péripéties que la décision est<br />

prise. Début 1830, se ti<strong>en</strong>t le conseil des<br />

ministres chargé d’évaluer la faisabilité.<br />

<strong>Le</strong> général Valazé y participe. La résolution<br />

adoptée à l’unanimité est prés<strong>en</strong>tée<br />

au Roi :<br />

• Débarquem<strong>en</strong>t sur la presqu’île de<br />

Sidi-Ferruch.<br />

• Progression sur l’axe Sidi-Ferruch<br />

Alger via « Chapelle et Fontaine » et<br />

« Fort l’Empereur ».<br />

• Attaque de la ville par la terre.<br />

Comme Napoléon avant lui, Charles X<br />

désire s’imposer <strong>en</strong> Afrique pour y limiter<br />

la prés<strong>en</strong>ce britannique. Ce qui lui<br />

fera répondre à l’ambassadeur anglais :<br />

« Pour décider d’aller à Alger, je n’ai<br />

consulté que l’honneur de la France,<br />

pour décider de ce que j’<strong>en</strong> ferai, je ne<br />

consulterai que ses intérêts ».<br />

À la même époque<br />

Cette année-là, Charles X règne, cahin<br />

caha. Marc Seguin inv<strong>en</strong>te la chaudière<br />

tubulaire. En Angleterre, Georges IV<br />

accède au trône, la première ligne de chemin<br />

de fer est ouverte au public.<br />

La locomotive « Rocket » atteint les<br />

1) En 1827, La France traîne une dette de 7.5 millions de francs or. Vieille de 20 ans, elle résulte d'une livraison<br />

de blé réalisée au bénéfice de l'Empire. <strong>Le</strong> Dey d'Alger a payé les fournisseurs. Il <strong>en</strong> att<strong>en</strong>d le remboursem<strong>en</strong>t.<br />

Ceci explique sans doute cela…<br />

- 93 -


25 km/heure. Beethov<strong>en</strong> obti<strong>en</strong>t un<br />

imm<strong>en</strong>se succès avec la 9 e symphonie.<br />

<strong>Le</strong>s accords d'Orange sont discutés :<br />

bi<strong>en</strong>tôt naîtra la Belgique et la France y<br />

perdra la Flandre, le Hénault et l'Artois.<br />

L'armée <strong>français</strong>e compte <strong>en</strong>viron<br />

270 000 hommes. Cette armée, <strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t<br />

refondue depuis 1816, connaît peu<br />

d'évolution des matériels. L'artillerie<br />

abandonne le système Gribeauval (1780)<br />

pour le système Vallet. <strong>Le</strong> <strong>génie</strong> est organisé<br />

depuis la refonte <strong>en</strong> régim<strong>en</strong>ts. Ils<br />

sont 3, à deux bataillons chacun. Un<br />

bataillon compte 8 compagnies : 2 compagnies<br />

de mineurs, 6 compagnies de<br />

sapeurs. On trouve 4 officiers et<br />

150 hommes par compagnie. Ajoutons à<br />

cela les compagnies d'équipage du<br />

Génie. <strong>Le</strong>s conditions d'emploi sont<br />

simples : 1 compagnie de sapeurs pour<br />

une division, soit 8 sapeurs pour<br />

600 fantassins. La poussière de « <strong>génie</strong> »<br />

existe déjà.<br />

Comme de nos jours, le capitaine du<br />

<strong>génie</strong> est l’interlocuteur du général commandant<br />

la division.<br />

LA RECONNAISSANCE.<br />

Début 1808, Napoléon veut rejoindre<br />

l'Égypte afin de limiter, voire couper, la<br />

route anglaise des Indes. <strong>Le</strong> but étant de<br />

rejoindre <strong>Le</strong> Caire par… Tunis et Tripoli, la<br />

Méditerranée appart<strong>en</strong>ant à la marine<br />

anglaise. L'idée n'est pas si mauvaise,<br />

puisque 135 ans plus tard, Rommel et son<br />

Afrika Corps suivront cet itinéraire. <strong>Le</strong> but<br />

de la reconnaissance est donc de repérer<br />

un port capable d'abriter la flotte <strong>français</strong>e<br />

des élém<strong>en</strong>ts naturels d'une part, et des<br />

actions de la marine anglaise d'autre part.<br />

C’est le Commandant Boutin qui est<br />

chargé de cette mission. Il la réalise au<br />

printemps de la même année. Très vite,<br />

l’objectif devi<strong>en</strong>t clair : « S’emparer<br />

d’Alger ». Il convi<strong>en</strong>t de noter que la reconnaissance<br />

ne se borne pas à la seule désignation<br />

du lieu. Boutin ori<strong>en</strong>te la stratégie,<br />

les axes d'efforts, les moy<strong>en</strong>s nécessaires.<br />

Il fixe le lieu du débarquem<strong>en</strong>t, l'itinéraire,<br />

les points d'appui à conquérir. <strong>Le</strong> choix<br />

semble judicieux, les alliés y débarqueront<br />

<strong>en</strong> novembre 1942. Il est donc naturel que<br />

la résolution du Conseil des Ministres<br />

repr<strong>en</strong>ne point par point toutes les recommandations<br />

de son mémoire, sauf une…<br />

l’époque de l’année.<br />

Encore faut-il être bi<strong>en</strong>veillant. <strong>Le</strong> cal<strong>en</strong>drier<br />

est serré. <strong>Le</strong> 8 février, le Roi<br />

approuve la décision du Conseil.<br />

<strong>Le</strong> 11 mai, les troupes comm<strong>en</strong>c<strong>en</strong>t<br />

l'embarquem<strong>en</strong>t. Entre-temps, c'est<br />

37 000 hommes qui sont dirigés vers<br />

Toulon. <strong>Le</strong>s sapeurs vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t d'Espagne,<br />

de Flandre et de Lorraine. 110 navires de<br />

la Marine escorteront les 500 bateaux de<br />

commerce. <strong>Le</strong>s ars<strong>en</strong>aux inv<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t et<br />

réalis<strong>en</strong>t des barges de débarquem<strong>en</strong>t<br />

capables de transporter deux pièces d'artillerie.<br />

Ces pièces peuv<strong>en</strong>t tirer p<strong>en</strong>dant<br />

leur transport. L'int<strong>en</strong>dance n'est pas <strong>en</strong><br />

reste. Elle rassemble et prépare deux<br />

mois d'avitaillem<strong>en</strong>t embarqués à Toulon<br />

et deux mois à suivre avec la seconde<br />

vague. Il est prévu pour chaque homme<br />

un approvisionnem<strong>en</strong>t de 5 unités<br />

d’alim<strong>en</strong>tation et 6 unités de feux.<br />

LES PRÉPARATIFS<br />

S A P E U R<br />

Nous sommes le 31 janvier 1830…<br />

<strong>Le</strong>s conclusions du conseil des ministres<br />

seront proposées au Roi Charles X la<br />

semaine suivante. Pour des raisons de<br />

politique intérieure, le nom du général<br />

<strong>en</strong> chef n'est pas arrêté. Mais on connaît<br />

déjà le nom du général commandant le<br />

Génie 2 . Ce sera le Général Valazé.<br />

Un état-major et un bataillon vont participer<br />

aux opérations. Celui-ci est mis sur<br />

pied par les 1 er , 2 e et 3 e régim<strong>en</strong>ts du<br />

<strong>génie</strong>. Ces dispositions sont conformes<br />

aux règles habituelles. Mais l’effectif est<br />

conséqu<strong>en</strong>t. Jusqu’à ce jour, aucune<br />

division n’avait jamais bénéficié d’un<br />

appui de cette ampleur.<br />

4200 palissades<br />

2500 fascines<br />

3500 gabions carrés<br />

16 chevalets de ponts<br />

2 forges de campagne<br />

4 sonnettes à bras.<br />

12 établis de m<strong>en</strong>uisiers<br />

- 94 -<br />

6500 lances à hérissons<br />

2500 piquets pour gabions farcis<br />

37 500 piquets de gabions<br />

220 000 sacs à terre.<br />

10 tonnes de houille<br />

2 tonnes de barres d’acier<br />

3 tonnes de barres de fer<br />

Pour le 1 er RG, sont <strong>en</strong>gagées la 1/m, les<br />

C ies 1/1, 1/2, 1/3, 2 e RG : les C ies 1/3 et 1/4,<br />

3 e RG : la 1/m, la C ie 1/4 plus 1/2 C ie du<br />

train des équipages du <strong>génie</strong>.<br />

Chaque C ie est à 4 officiers, 150 hommes<br />

et 2 chevaux. Au total, 63 officiers et<br />

1250 sapeurs.<br />

<strong>Le</strong>s troupes du <strong>génie</strong> sont conc<strong>en</strong>trées<br />

<strong>en</strong> Arles, car elles vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t <strong>en</strong> majorité<br />

de Metz et d'Arras, et desc<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t<br />

par voie fluviale. D’autres vi<strong>en</strong>dront<br />

d’Espagne. Une partie va être détachée<br />

sur Saint-Rémy-de-Prov<strong>en</strong>ce. Partout,<br />

on aura pour but de constituer le minimum<br />

vital, savoir, rassembler les<br />

matières premières et réaliser tout ce<br />

qui peut l’être. Ainsi, 10 blockhaus<br />

démontables seront réalisés p<strong>en</strong>dant<br />

cette période. Nos anci<strong>en</strong>s maîtris<strong>en</strong>t le<br />

Kit bi<strong>en</strong> avant IKEA. Ils auront dans leurs<br />

bagages, <strong>en</strong>tre-autres…<br />

300 chevaux de frise (de 3m)<br />

8 barrières<br />

10 blockhaus<br />

25000 outils de parc<br />

500 outils de sapeurs.<br />

1500 m 3 de bois à scier.<br />

Dans son mémoire, le Cdt Boutin stipule qu'il n'a trouvé que de maigres broussailles,<br />

une seule source (Chapelle et Fontaine) et signale que d'une façon générale, les<br />

ressources locales sont maigres, parfois inexistantes. Ceci explique les volumes<br />

ci-dessus. 25 kilomètres sépar<strong>en</strong>t Sidi-Ferruch d'Alger. Boutin prévoit 5 jours de<br />

marche d'approche. Ce délais ne laisse pas le temps aux sapeurs de construire sur<br />

place. Tout est donc assemblé et construit p<strong>en</strong>dant la conc<strong>en</strong>tration <strong>en</strong> Prov<strong>en</strong>ce.<br />

Puis tout est démonté, transporté vers Toulon et embarqué.<br />

2) La prés<strong>en</strong>ce à ce niveau de décision d'un « sapeur » est, hélas, trop rare. L'influ<strong>en</strong>ce du Général Valazé sur la manœuvre « Génie », nature, volume des troupes, anticipation<br />

et conduite de la manœuvre sont indéniables. Pour mémoire, une division dispose d’un bataillon du <strong>génie</strong>. C'est donc un Commandant qui représ<strong>en</strong>te l'Arme<br />

auprès d'un État-major de division, un capitaine pour la brigade…


<strong>Le</strong>s préparatifs sont minutieux. En<br />

raison des aléas de la météo, tout ce qui<br />

peut être loti est empaqueté dans un<br />

double emballage. <strong>Le</strong> but est de r<strong>en</strong>dre<br />

les colis étanches et flottants. <strong>Le</strong>s<br />

caisses sont donc recouvertes de toile à<br />

voile goudronnée. Point d'inscription.<br />

Des codes couleurs sont <strong>en</strong>collés sur le<br />

goudron. <strong>Le</strong>s sapeurs comm<strong>en</strong>c<strong>en</strong>t l’embarquem<strong>en</strong>t<br />

le 11 mai. Il s’achève le 18<br />

mais c’est le 25 que la flotte quittera<br />

Toulon. Une relâche à Majorque et finalem<strong>en</strong>t,<br />

le 13 juin au soir, les plages de<br />

Sidi-Ferruch sont <strong>en</strong> vue.<br />

LE DÉBARQUEMENT<br />

14 juin : <strong>Le</strong> débarquem<strong>en</strong>t comm<strong>en</strong>ce<br />

dès 2 heures du matin; à 6 h 30, le général<br />

de Bourmont met pied à terre.<br />

A 13 h 00, le général Valazé délimite<br />

l’emplacem<strong>en</strong>t de la ligne bastionnée.<br />

Il ne s'agit pas d'une simple tranchée.<br />

Il faut réaliser des bastions, des avantpostes,<br />

des points de passages. Relier<br />

l'<strong>en</strong>semble pour <strong>en</strong> faire un tout homogène.<br />

En outre, il ne s'agit pas que de<br />

déf<strong>en</strong>se, la ligne doit aussi soustraire les<br />

installations aux vues de l'<strong>en</strong>nemi.<br />

À 17 h 00, les outils sont distribués,<br />

les sapeurs du <strong>génie</strong> r<strong>en</strong>forcés de<br />

1 500 sapeurs d’infanterie se mett<strong>en</strong>t à<br />

l’ouvrage, aux ordres des commandants<br />

Chambaud et Vaillant. La protection<br />

du chantier est assurée par les<br />

bataillons. Cette nuit-là, et les suivantes,<br />

les régim<strong>en</strong>ts se mett<strong>en</strong>t <strong>en</strong> carré de<br />

déf<strong>en</strong>se. <strong>Le</strong> premier rang est couché, le<br />

second assis, le troisième debout… <strong>Le</strong>s<br />

mineurs creus<strong>en</strong>t 3 le premier puits. Ils<br />

trouv<strong>en</strong>t l’eau à 5 m de profondeur.<br />

15 juin : les sapeurs continu<strong>en</strong>t la ligne.<br />

Mais ils <strong>en</strong>tam<strong>en</strong>t aussi la réalisation<br />

du camp et l’aménagem<strong>en</strong>t de la plage.<br />

<strong>Le</strong>s allées secondaires sont ouvertes,<br />

réparties de part et d’autre de deux axes<br />

principaux. Ceux-ci font six mètres de<br />

large. <strong>Le</strong>s premiers bâtim<strong>en</strong>ts réalisés<br />

sont les dépôts de l’int<strong>en</strong>dance et l’hôpital.<br />

Celui-ci conti<strong>en</strong>t 1 000 lits. <strong>Le</strong> long de<br />

la plage, des drapeaux de différ<strong>en</strong>tes<br />

couleurs sont installés. <strong>Le</strong>s mineurs se<br />

répartiss<strong>en</strong>t deux tâches : creuser les<br />

puits et construire des fours.<br />

S A P E U R<br />

16 Juin : les premiers pains chauds<br />

sort<strong>en</strong>t des fours. La tranchée de protection<br />

est profonde de 1.60 m. Elle possède<br />

un talus de 2 m <strong>en</strong>viron. Elle fait,<br />

déployée, 1000 mètres de long, court<br />

de part et d’autre de la presqu’île. Des<br />

pontons armés d’artillerie sont échoués<br />

à chaque extrémité. Des ouvrages sont<br />

établis sur les maigres hauteurs dominant<br />

l’<strong>en</strong>trée de la presqu’île de Sidi-<br />

Ferruch. <strong>Le</strong>s crevasses et talwegs sont,<br />

de même, battus par les feux. Si l’ouvrage<br />

est considéré apte à la déf<strong>en</strong>se, il<br />

n’est pas <strong>en</strong>core achevé. <strong>Le</strong>s sapeurs<br />

<strong>en</strong>tam<strong>en</strong>t un nouveau chantier : aménager<br />

les accès. Ils ont devant eux un mauvais<br />

chemin muletier. Ils vont <strong>en</strong> faire<br />

une route, large de 6 mètres, <strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t<br />

carrossable, s’affranchissant ici<br />

des rochers, là du sable… <strong>Le</strong>s mineurs,<br />

quant à eux, continu<strong>en</strong>t de creuser les<br />

puits. <strong>Le</strong>s fours <strong>en</strong>terrés sont insuffisants,<br />

mais les fours métalliques de l’int<strong>en</strong>dance<br />

arriv<strong>en</strong>t <strong>en</strong>fin. <strong>Le</strong>s mineurs<br />

vont les assembler.<br />

17 juin : une viol<strong>en</strong>te tempête susp<strong>en</strong>d<br />

les opérations de débarquem<strong>en</strong>t, mais<br />

de débarquem<strong>en</strong>t seulem<strong>en</strong>t. Car les<br />

opérations de ravitaillem<strong>en</strong>t, elles, continu<strong>en</strong>t.<br />

En effet, <strong>en</strong> prévision de ces difficultés,<br />

tous les colis (<strong>en</strong>viron 80 000)<br />

sont insubmersibles, étanches et différ<strong>en</strong>ciés<br />

par des codes couleurs. Ils sont<br />

donc passés par-dessus bord. Il suffit<br />

d’att<strong>en</strong>dre qu’ils rejoign<strong>en</strong>t le littoral,<br />

puis de les déposer auprès du drapeau<br />

correspondant que les mineurs ont<br />

dressé sur le bord de la plage. Bi<strong>en</strong> que<br />

les 4 000 chevaux ainsi que les<br />

1 000 têtes de bétails, ne puiss<strong>en</strong>t être<br />

débarqués, les parcs et les abreuvoirs<br />

sont aménagés. <strong>Le</strong>s échoppes aussi. La<br />

première cantine est établie. <strong>Le</strong>s commerçants<br />

sont prêts à offrir leurs services.<br />

Notons, pour la forme, qu'ils sont<br />

installés au c<strong>en</strong>tre du camp et que les<br />

t<strong>en</strong>tes sont établies tout autour. Une<br />

toile de t<strong>en</strong>te 4 pour quinze, un fourneau<br />

pour huit. Heureusem<strong>en</strong>t, les bidons,<br />

eux, sont individuels.<br />

Mais la tempête a un effet secondaire<br />

non négligeable. <strong>Le</strong>s chevaux 5 ne peuv<strong>en</strong>t<br />

toujours pas être débarqués, ce qui<br />

- 95 -<br />

<strong>en</strong>trave largem<strong>en</strong>t la manœuvre. <strong>Le</strong>s<br />

canons sont tirés à bras des plages aux<br />

postes de tirs. Quant aux approvisionnem<strong>en</strong>ts<br />

vers la ligne de front, ils ne peuv<strong>en</strong>t<br />

être réalisés.<br />

18 Juin : les travaux continu<strong>en</strong>t, mais<br />

les combats comm<strong>en</strong>c<strong>en</strong>t. <strong>Le</strong>s sapeurs<br />

font le coup de feu. Harcelés et défiés, ils<br />

sont surpris par ces cavaliers qui charg<strong>en</strong>t,<br />

debout sur leur monture, mépris<strong>en</strong>t<br />

la mort, tir<strong>en</strong>t <strong>en</strong> galopant, puis<br />

virevolt<strong>en</strong>t, recharg<strong>en</strong>t leur arme, et<br />

revi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t, toujours au galop. Mais les<br />

sapeurs possèd<strong>en</strong>t des fusils de rempart,<br />

et ils sav<strong>en</strong>t s’<strong>en</strong> servir… Un joli<br />

coup est acclamé par les fantassins…<br />

19 juin : <strong>Le</strong>s combats sérieux se déroul<strong>en</strong>t<br />

sur le plateau de Staouli. <strong>Le</strong>s<br />

sapeurs aras<strong>en</strong>t, taill<strong>en</strong>t et dessin<strong>en</strong>t<br />

cette route qui permettra l’approvisionnem<strong>en</strong>t<br />

<strong>en</strong> continue des unités. Mais<br />

cela ne suffit pas. Il faut établir un camp<br />

intermédiaire sur le plateau. En pleine<br />

bataille, les sapeurs s’échin<strong>en</strong>t, creus<strong>en</strong>t,<br />

aménag<strong>en</strong>t, bastionn<strong>en</strong>t <strong>en</strong>core…<br />

<strong>Le</strong>s convois sont parfois la cible des<br />

cavaliers. Des casemates sont établies<br />

sur l’itinéraire, les blockhaus dressés.<br />

<strong>Le</strong>s mineurs ne sont pas <strong>en</strong> reste. Sous<br />

les ordres du lieut<strong>en</strong>ant Lamoricière, ils<br />

ont creusé 20 puits, construit 12 fours à<br />

pains <strong>en</strong> fer, et réalisé 8 autres, <strong>en</strong><br />

brique.<br />

<strong>Le</strong>s jours suivants, p<strong>en</strong>dant que les<br />

combattants s’observ<strong>en</strong>t, le <strong>génie</strong><br />

continue l’ouvrage.<br />

23 juin : la presque île de Sidi-Ferruch<br />

est totalem<strong>en</strong>t fortifiée. La ligne de<br />

déf<strong>en</strong>se est désormais équipée de ses<br />

gabions et fascines. <strong>Le</strong> 25, le camp<br />

du plateau de Staouli est achevé.<br />

Désormais, la route arrive presque jusqu’au<br />

fort de l’Empereur. Un pont de<br />

chevalets est lancé. L’anci<strong>en</strong>ne voie<br />

romaine, trop étroite, ne permet pas<br />

l'acheminem<strong>en</strong>t des 250 tonnes journalières<br />

d'approvisionnem<strong>en</strong>t. Elle est<br />

doublée. Maint<strong>en</strong>ant, 7 points d’appui<br />

jalonn<strong>en</strong>t cet axe qu’emprunt<strong>en</strong>t chaque<br />

jour les convois des trains d’équipage.<br />

3) Ils étay<strong>en</strong>t le puits avec les planches des caisses de munitions, récupérées et reconditionnées.<br />

4) Elles sont montées sur charp<strong>en</strong>te de bois. Petit détail qui donne une idée de l'ouvrage, si on pr<strong>en</strong>d le temps de calculer le ratio…<br />

5) 4500 chevaux sont embarqués à Toulon. 500 sont destinés à la cavalerie, les 4000 restant sont pour l'Artillerie, les trains d'équipages et l'État-Major. <strong>Le</strong>ur débarquem<strong>en</strong>t<br />

comm<strong>en</strong>cera seulem<strong>en</strong>t à partir du 23 juin.


Ils sont constitués d’un <strong>en</strong>semble casemate-blockhaus,<br />

de fossés et de talus,<br />

r<strong>en</strong>forcés de palissades.<br />

2 juillet : les travaux de sape comm<strong>en</strong>c<strong>en</strong>t<br />

devant le fort de l'Empereur. <strong>Le</strong><br />

général Bourmont n’hésite pas à écrire<br />

au Duc d’Orléans : « Je crois qu’après 2<br />

heures de feu, nous aurons passé les<br />

S A P E U R<br />

déf<strong>en</strong>ses de l’<strong>en</strong>nemi et que la brèche<br />

sera ouverte avant 24 heures de sorte<br />

que nous serons maîtres du fort le 5<br />

juillet au soir ».<br />

Il n'empêche. <strong>Le</strong>s sapeurs vont bastionner<br />

les maisons qui long<strong>en</strong>t la route, les créneler.<br />

Puis ils établiront la base d'assaut. Un<br />

troisième camp est réalisé. Puis les premières<br />

parallèles sont ouvertes…<br />

- 96 -<br />

4 juillet : l’<strong>en</strong>nemi voyant la vitesse de<br />

réalisation des travaux, compr<strong>en</strong>d que<br />

la fin est inéluctable, préfère évacuer<br />

le fort de l'Empereur et fait sauter la poudrière.<br />

5 juillet 1830, <strong>Le</strong> Dey Hussein signe la<br />

reddition, Alger tombe.


Monsieur<br />

Alain<br />

FOUGERAY<br />

Alain Fougeray est attaché au ministère<br />

de la Culture et de la Communication,<br />

mis à disposition de l’ESAG <strong>en</strong> qualité<br />

de responsable du C<strong>en</strong>tre de Docum<strong>en</strong>tation<br />

et de Recherches.<br />

Il a précédemm<strong>en</strong>t été adjoint du directeur<br />

régional des affaires culturelles de<br />

Bretagne (1975-1986), puis chargé de<br />

mission auprès du préfet de la région<br />

Bretagne avant de rejoindre le bureau<br />

des études et recherches de l’IHEDN.<br />

De 1995 à 2003, il était chargé de la<br />

communication à la direction des<br />

Archives de France.<br />

S A P E U R<br />

LES INGÉNIEURS<br />

DANS LES TROUPES ÉMIGRÉES<br />

Parmi les très nombreuses études qu’il<br />

reste à m<strong>en</strong>er pour reconstituer l’histoire<br />

complexe du Génie <strong>militaire</strong>, celle de<br />

l’attitude des in<strong>génie</strong>urs du roi face à la<br />

Révolution <strong>français</strong>e serait très certainem<strong>en</strong>t<br />

l’une des plus intéressantes.<br />

En effet, la formation des in<strong>génie</strong>urs à<br />

l’école de Mézières les destinait à une<br />

carrière toute tracée et <strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t<br />

dévouée aux idéaux de la monarchie.<br />

Comme ce fut le cas pour les cadres des<br />

autres armes de l’armée royale, les in<strong>génie</strong>urs,<br />

ont dû, <strong>en</strong> cette fin du XVIII e<br />

siècle se pétrir des idées nouvelles,<br />

particulièrem<strong>en</strong>t après la guerre<br />

d’Indép<strong>en</strong>dance Américaine à laquelle<br />

nombre d’<strong>en</strong>tre eux ont participé. <strong>Le</strong>s<br />

bibliothèques personnelles de ces officiers<br />

ont sans doute compté bon<br />

nombre d’ouvrages « subversifs » qui<br />

ont préparé les esprits à accueillir très<br />

favorablem<strong>en</strong>t la Révolution de 1789. La<br />

carrière d’un <strong>Le</strong>bègue du Portail, futur<br />

ministre de la guerre d’octobre 1790 à<br />

décembre 1791, <strong>en</strong> témoigne.<br />

Toutefois, beaucoup d’in<strong>génie</strong>urs n’ont<br />

pas embrassé les idées de la Révolution<br />

et ont choisi d’émigrer et de mettre leur<br />

savoir au service de la Monarchie <strong>en</strong><br />

s’<strong>en</strong>gageant, surtout à partir de 1793,<br />

dans les corps levés par les princes émigrés<br />

ou par les puissances coalisées.<br />

On distingue quatre formations de<br />

troupes émigrées :<br />

1 - le service de la Grande-Bretagne et<br />

des Pays-Bas,<br />

2 - l’armée de Condé (service russe),<br />

3 - l’armée des Princes,<br />

4 - l’armée de Bourbon.<br />

LE SERVICE DE LA GRANDE-BRETAGNE<br />

ET DES PAYS-BAS (1793-1802)<br />

Septembre 1793 : le Gouvernem<strong>en</strong>t britannique<br />

demande officieusem<strong>en</strong>t aux<br />

Princes <strong>français</strong>, de désigner des officiers<br />

de l'anci<strong>en</strong> corps royal du Génie,<br />

qui pourrai<strong>en</strong>t servir à l'état-major du<br />

duc d'York ou participer à des expéditions<br />

sur les côtes de France. <strong>Le</strong>s Princes<br />

1) Ils feront tous les deux, par la suite, partie de l’état-major de Puisaye.<br />

- 97 -<br />

charg<strong>en</strong>t le colonel François Eugène<br />

L<strong>en</strong>glé de Mori<strong>en</strong>court (1731-1795),<br />

anci<strong>en</strong> sous-brigadier à Bergues, de<br />

cette mission. <strong>Le</strong> chevalier Antoine Jean<br />

Louis du Portal, capitaine au corps, lui<br />

est adjoint.<br />

Deux détachem<strong>en</strong>ts d'in<strong>génie</strong>urs sont<br />

formés. <strong>Le</strong> premier rejoint le quartier<br />

général de l'armée anglaise ; le second,<br />

l'armée hollandaise. En décembre, le<br />

colonel de Mori<strong>en</strong>court rassemble à<br />

Ost<strong>en</strong>de, une « brigade d'in<strong>génie</strong>urs »,<br />

composée, outre de Mori<strong>en</strong>court, du<br />

major du Portal, de 4 capitaines,<br />

3 capitaines <strong>en</strong> second et 4 lieut<strong>en</strong>ants.<br />

Ces « conseillers techniques » seront,<br />

soit répartis dans les différ<strong>en</strong>ts étatsmajors<br />

de l'armée anglaise aux Pays-<br />

Bas, soit attachés à l'expédition destinée<br />

à débarquer sur les côtes de Bretagne.<br />

Service de la Grande-Bretagne<br />

In<strong>génie</strong>ur <strong>en</strong> frac - 1792


En att<strong>en</strong>dant un emploi, les officiers du<br />

Génie, v<strong>en</strong>ant d'Ost<strong>en</strong>de, sont placés <strong>en</strong><br />

garnison dans l'île de Wight et à<br />

Southampton. <strong>Le</strong> 9 mai 1794, un acte du<br />

Parlem<strong>en</strong>t britannique leur donne une<br />

exist<strong>en</strong>ce officielle et fixe la solde journalière<br />

: 10 shillings pour le colonel,<br />

8 pour le major, 6 pour le capitaine,<br />

5 pour le capitaine <strong>en</strong> second et 3 pour le<br />

lieut<strong>en</strong>ant.<br />

En avril 1794, plusieurs officiers avai<strong>en</strong>t<br />

rejoint, aux Pays-Bas, le détachem<strong>en</strong>t<br />

laissé à l'armée du duc d'York. <strong>Le</strong>s officiers<br />

du Génie s’étai<strong>en</strong>t, <strong>en</strong> effet, particulièrem<strong>en</strong>t<br />

distingués au cours de la campagne<br />

de 1793-1794 : le baron de<br />

Moncriff au siège de Dunkerque ;<br />

le chevalier de Saint-Paul et M. de<br />

L<strong>en</strong>ecquesaing de La Prée, à M<strong>en</strong>in et à<br />

Nieuport ; M. du Frasnois, tué à la sortie<br />

de M<strong>en</strong>in ; M. de Fulaines-Bergères à<br />

Ost<strong>en</strong>de, etc.<br />

En 1795, le projet d’une desc<strong>en</strong>te <strong>en</strong><br />

Bretagne se précise et le ministère<br />

anglais régularise la situation des officiers<br />

du Génie. Une note au comte de<br />

Corps des pionniers <strong>français</strong><br />

Pionnier - 1795<br />

S A P E U R<br />

Puisaye signée des capitaines Pioger de<br />

Saint-Perreux et Suasse de Kervegan 1 ,<br />

lui demande d'interv<strong>en</strong>ir « pour l'organisation<br />

totale de la brigade des officiers<br />

du Génie commandée par M. de L<strong>en</strong>glé…<br />

Cette expédition est d'autant plus nécessaire<br />

que le traitem<strong>en</strong>t provisoire qu'ils<br />

reçoiv<strong>en</strong>t est trop peu considérable pour<br />

qu'ils puiss<strong>en</strong>t faire aucun préparatif<br />

pour la campagne ; d'ailleurs, cette brigade<br />

étant alors payée par l'Ordonnance<br />

(direction anglaise de l'artillerie et du<br />

matériel), M. de Puisaye <strong>en</strong> disposera<br />

plus facilem<strong>en</strong>t » (2 juin 1795). La brigade<br />

est organisée et les brevets datés<br />

du 1 er avril 1795. Elle compr<strong>en</strong>d : L<strong>en</strong>glé<br />

de Mori<strong>en</strong>court (lieut<strong>en</strong>ant-colonel), du<br />

Portal (major), 5 capitaines, 5 capitaines<br />

lieut<strong>en</strong>ants, 6 lieut<strong>en</strong>ants. En juin, « la<br />

brigade des officiers du Génie devant<br />

être munie de tous les instrum<strong>en</strong>ts<br />

nécessaires à leur métier et dont l'achat<br />

exigera une somme assez considérable,<br />

MM. de Suasse et de Pioger auront<br />

recours au besoin à leurs camarades.<br />

Quant aux fonds que M. le comte de<br />

Puisaye a eu la bonté d'offrir à ses officiers<br />

pour le reste de leur armem<strong>en</strong>t et<br />

de leur équipem<strong>en</strong>t, et pour l'équipem<strong>en</strong>t<br />

de leurs domestiques, ils proportionneront<br />

leur dép<strong>en</strong>se à ce qu'il voudra<br />

bi<strong>en</strong> leur accorder ».<br />

La brigade du Génie est embarquée<br />

dans l'île de Wight le 12 juin 1795 à bord<br />

du Middleton. <strong>Le</strong> 25, le convoi est <strong>en</strong><br />

baie de Quiberon et le débarquem<strong>en</strong>t<br />

débute le 29. <strong>Le</strong> 30, le capitaine d'Ivory<br />

(1745-1821) dresse le plan de la presqu'île<br />

et du fort P<strong>en</strong>thièvre. <strong>Le</strong> fort est<br />

pris le 3 juillet et le capitaine Testas de<br />

Folmont (1748-1795) <strong>en</strong> est nommé<br />

major. <strong>Le</strong> colonel de Mori<strong>en</strong>court et les<br />

officiers, remett<strong>en</strong>t le fort <strong>en</strong> état de<br />

déf<strong>en</strong>se. Sur les indications du major du<br />

Portal, l'<strong>en</strong>ceinte palissadée est transformée<br />

<strong>en</strong> redoute et, <strong>en</strong> avant, il fait établir<br />

une demi-lune et deux redans. Toutefois,<br />

L<strong>en</strong>glé et du Portal n’ont pas mis la citadelle<br />

à l'abri d'une surprise <strong>en</strong> coupant<br />

la falaise par un fossé.<br />

Au combat des lignes de Sainte-Barbe 2 ,<br />

le 8 juillet, le colonel de Mori<strong>en</strong>court<br />

sert comme volontaire à l'artillerie de<br />

Rotalier, ainsi que le lieut<strong>en</strong>ant de Villazy<br />

qui y est tué, et le capitaine-lieut<strong>en</strong>ant de<br />

Missy qui est blessé.<br />

- 98 -<br />

<strong>Le</strong> 9, le colonel de Mori<strong>en</strong>court est<br />

nommé aide-maréchal général des logis<br />

de l'armée.<br />

La presqu'île sera reprise par les troupes<br />

de Hoche le 21 juillet et 5 officiers<br />

du Génie sont faits prisonniers. Ils<br />

seront fusillés. Ce sont : le colonel<br />

de Mori<strong>en</strong>court, le major du Portal, les<br />

capitaines Joseph Pascal du Cheyron de<br />

Beaumont et Testas de Folmont, le lieut<strong>en</strong>ant<br />

<strong>Le</strong> Mouton de Néhon.<br />

<strong>Le</strong>s officiers du Génie font égalem<strong>en</strong>t<br />

partie de l'expédition du comte d'Artois<br />

et du général Doyle à l'île d'Yeu. <strong>Le</strong><br />

5 octobre, trois chevaux équipés sont<br />

fournis chaque jour, alternativem<strong>en</strong>t,<br />

aux in<strong>génie</strong>urs « auxquels ils seront<br />

nécessaires pour le service ». En<br />

novembre, lorsque la brigade des<br />

In<strong>génie</strong>urs r<strong>en</strong>tre <strong>en</strong> Angleterre, elle est<br />

mise <strong>en</strong> garnison à Southampton et<br />

réorganisée le 1 er décembre suivant sous<br />

le commandem<strong>en</strong>t du chevalier Claude<br />

Joseph d'Ivory nommé lieut<strong>en</strong>antcolonel<br />

; Louis François Augustin de<br />

Pioger est major ; on compte de plus<br />

5 capitaines et 5 capitaines-lieut<strong>en</strong>ants.<br />

Sous les ordres du lieut<strong>en</strong>ant-colonel<br />

d’Ivory, les in<strong>génie</strong>urs s’embarqu<strong>en</strong>t à<br />

Falmouth le 15 décembre 1796 pour<br />

rejoindre au Portugal l'armée auxiliaire<br />

anglaise du général Charles Stuart. Dans<br />

un rapport, d'Ivory signale que, dès leur<br />

arrivée, les officiers du Génie sont<br />

employés « à reconnaître le pays jusqu'aux<br />

frontières d’Espagne, et à lever la<br />

carte des rives du Tage et des contrées<br />

adjac<strong>en</strong>tes, à mettre les places les plus<br />

exposées <strong>en</strong> état de déf<strong>en</strong>se. <strong>Le</strong> général<br />

Stewart (sic) forma un petit corps d'armée<br />

pour une expédition sur l'île de<br />

Minorque et attaquer Mahon et le fort<br />

Saint-Philippe ; un détachem<strong>en</strong>t du<br />

corps fut employé à cette expédition qui<br />

eut tout le succès désiré. Quelques<br />

temps après, un autre corps d'armée<br />

<strong>en</strong>voyé d'Angleterre, commandé par le<br />

général Abercromby, se rassembla à<br />

Lisbonne pour une expédition <strong>en</strong><br />

Égypte ; nous fournîmes un détachem<strong>en</strong>t<br />

du corps. A peine fut-il parti que le<br />

ministre de l'Ordonnance demanda des<br />

officiers du corps pour <strong>en</strong>voyer à Saint-<br />

Domingue, <strong>en</strong> me confiant que les officiers<br />

que je désignerais serai<strong>en</strong>t chargés<br />

d'opérations importantes »<br />

2) En face, dans le camp républicain, se trouve un officier du <strong>génie</strong> du nom de Rouget de Lisle qui, dans un mémoire laisse <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre qu’il a dirigé la construction de<br />

redoutes pour empêcher les émigrés de s’avancer à l’intérieur des terres.<br />

3) Mort au Cap de Bonne Espérance <strong>en</strong> 1795.<br />

4) Mort aux Antilles <strong>en</strong> 1797.


En effet plusieurs officiers sont <strong>en</strong>voyés<br />

aux Antilles : le capitaine-lieut<strong>en</strong>ant<br />

comte de La Chaussée ; le lieut<strong>en</strong>ant<br />

chevalier de La Houssaye, passé <strong>en</strong> qualité<br />

d’in<strong>génie</strong>ur dans « La Tour's Royal<br />

Foreigners » ; le capitaine de Préval,<br />

passé dans « Löw<strong>en</strong>stein » ; le capitaine<br />

chevalier Augustin Marie du Fougeray 3 ,<br />

et le major Pioger de Saint-Perreux 4 .<br />

M. d'Ivory dit qu'il lui fut demandé des<br />

officiers de sa brigade pour l'Inde.<br />

Lors de la paix générale (Traité d’Ami<strong>en</strong>s,<br />

1802), le Gouvernem<strong>en</strong>t portugais proposa<br />

aux officiers du Génie <strong>français</strong> de<br />

rester à son service, mais ils refusèr<strong>en</strong>t<br />

presque tous et, ram<strong>en</strong>és <strong>en</strong> Angleterre,<br />

fur<strong>en</strong>t lic<strong>en</strong>ciés <strong>en</strong> juillet 1802.<br />

LE CORPS DES PIONNIERS FRANÇAIS<br />

Hors des in<strong>génie</strong>urs du <strong>génie</strong>, on relève<br />

l’exist<strong>en</strong>ce d’une compagnie de sapeurs<br />

à la solde anglaise, appelée « Fr<strong>en</strong>ch<br />

Corps of Pioneers ». Cette compagnie est<br />

levée aux Pays-Bas <strong>en</strong> fin 1794 et attachée<br />

à l’état-major du duc d’York. Elle est<br />

commandée par le capitaine de Selliard.<br />

MM. De Breuil et de Berny sont lieut<strong>en</strong>ants<br />

et l’abbé Humblet <strong>en</strong> est l’aumônier.<br />

La compagnie sera lic<strong>en</strong>ciée le 16 janvier<br />

1796.<br />

L’ARMÉE DE CONDÉ.<br />

La « division de Condé » (Worms,<br />

novembre 1791) compte 7 officiers de<br />

l'anci<strong>en</strong> corps royal du Génie (5 capitaines,<br />

2 lieut<strong>en</strong>ants) commandé par le<br />

capitaine Pecauld du Larderet (1747-<br />

1808). En janvier et février 1792 ils ne<br />

sont plus que 4, pour remonter à 7<br />

<strong>en</strong> avril.<br />

En mars 1792, l’arrivée <strong>en</strong> émigration du<br />

lieut<strong>en</strong>ant-colonel Bidet de Juzancourt<br />

(1737-1814), sous-brigadier du Génie à<br />

Belle-Isle, puis à Brest, permet au prince<br />

de Condé d'organiser une brigade d'in<strong>génie</strong>urs<br />

placée sous les ordres du colonel<br />

de Mori<strong>en</strong>court (29 juin).<br />

Dès le mois d’août, une marche est décidée<br />

sur Landau. Par l’<strong>en</strong>tremise du lieut<strong>en</strong>ant<br />

du Génie Sarret de Grozon (1762-<br />

1842), Condé pr<strong>en</strong>d contact avec le<br />

maréchal de camp de Martignac, com-<br />

S A P E U R<br />

mandant la place ; 2 autres officiers de<br />

l'arme, le capitaine de Bouligney (1749-<br />

1846) et le lieut<strong>en</strong>ant de Kayr de<br />

Blum<strong>en</strong>stein (1759-1854), sont <strong>en</strong>voyés<br />

près du prince de Hoh<strong>en</strong>lohe-Kirchberg<br />

pour lui faire part des promesses de<br />

livrer la ville aux troupes émigrées. Par<br />

suite de l’inertie autrichi<strong>en</strong>ne, l’affaire<br />

échoue (5 août 1792).<br />

Au 1 er septembre, la brigade du corps<br />

royal du Génie comporte : lieut<strong>en</strong>antcolonel<br />

commandant, 8 capitaines,<br />

4 lieut<strong>en</strong>ants <strong>en</strong> 1 er , 7 lieut<strong>en</strong>ants <strong>en</strong> 2 d ,<br />

un sous-lieut<strong>en</strong>ant, un élève, soit 22 officiers.<br />

<strong>Le</strong> 6 novembre, l'effectif est de 23 (un<br />

capitaine de plus). <strong>Le</strong>s lieut<strong>en</strong>ants de<br />

Malbois (1761-1836) et du Boys (1763-<br />

1844), sont chargés de la reconnaissance<br />

des cantonnem<strong>en</strong>ts de Villing<strong>en</strong> pour le<br />

corps de Condé (décembre 1792).<br />

5) colonel, lieut<strong>en</strong>ant-colonel, major, capitaine, 4 lieut<strong>en</strong>ants.<br />

6) Il refuse d’<strong>en</strong>trer au service de la Russie et profitera de l’amnistie de 1802 pour r<strong>en</strong>trer <strong>en</strong> France.<br />

- 99 -<br />

Armée de Condé - In<strong>génie</strong>urs - 1794<br />

<strong>Le</strong> 6 janvier 1793, les effectifs compt<strong>en</strong>t<br />

17 in<strong>génie</strong>urs (dont 3 abs<strong>en</strong>ts) ; un état<br />

du 22 février, daté de Villing<strong>en</strong>, donne<br />

l'effectif suivant : lieut<strong>en</strong>ant-colonel,<br />

7 capitaines, 4 lieut<strong>en</strong>ants <strong>en</strong> premier,<br />

6 lieut<strong>en</strong>ants <strong>en</strong> second, un sous-lieut<strong>en</strong>ant,<br />

mais, le 10 mars, l'effectif est<br />

tombé à 14.<br />

En avril 1793, le corps de Condé reçoit<br />

une formation autrichi<strong>en</strong>ne : les officiers<br />

du Génie sont alors placés sous les<br />

ordres de M. de Manson, maréchal de<br />

camp commandant l'artillerie, malgré<br />

l'interv<strong>en</strong>tion du commissaire autrichi<strong>en</strong><br />

qui veut les répartir dans l'infanterie<br />

noble. L'Empereur admet 25 in<strong>génie</strong>urs<br />

à sa solde, sont payés comme les chasseurs<br />

nobles et jouissant d'une ration<br />

d'officier monté. P<strong>en</strong>dant la campagne<br />

d'Alsace, ils sont utilisés auprès des


Armée de Condé<br />

In<strong>génie</strong>ur <strong>en</strong> capote - 1795<br />

troupes pour la mise <strong>en</strong> place des campem<strong>en</strong>ts,<br />

l'élévation des redoutes et<br />

ouvrages de campagne, la confection<br />

d'abris, etc. <strong>Le</strong> lieut<strong>en</strong>ant Masson de<br />

Fulaines (1760-après 1795) est détaché<br />

aux travaux de blocus de Landau.<br />

D’autres inégnieurs particip<strong>en</strong>t au siège<br />

du Fort-Louis, le 25 octobre. À Berstheim,<br />

les officiers du Génie sont « à côté des<br />

artilleurs nobles, armés de fusils et pourvus<br />

de pelles et de pioches, prêts à être,<br />

selon le besoin, des combattants ou des<br />

terrassiers ».<br />

<strong>Le</strong> 16 août 1794, M. de Juzancourt est<br />

nommé colonel : c'est un excell<strong>en</strong>t officier,<br />

un bon in<strong>génie</strong>ur et il s'est distingué<br />

p<strong>en</strong>dant la guerre de Sept Ans, à<br />

l'attaque de Dorst<strong>en</strong> sur la Lippe. Au<br />

cours des campagnes suivantes, les officiers<br />

du Génie, qui rest<strong>en</strong>t toujours s<strong>en</strong>siblem<strong>en</strong>t<br />

au même effectif (25, le<br />

24 décembre 1795 après une augm<strong>en</strong>tation<br />

de 15 officiers accordée par le<br />

ministère anglais), r<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t les mêmes<br />

services aux troupes et font égalem<strong>en</strong>t<br />

l'office d'aides de camp.<br />

7) Paroisse de Jambes, faubourg de Namur.<br />

S A P E U R<br />

<strong>Le</strong> 3 février 1796, un état des officiers du<br />

Génie, « rattachés à l'état-major général<br />

de l'armée », donne un effectif de 17<br />

(dont 2 abs<strong>en</strong>ts) avec 14 chevaux ; le 28,<br />

l'effectif est remonté à 25 officiers dont<br />

2 détachés. Lors de la campagne, le<br />

24 octobre, à Stein<strong>en</strong>stadt, le lieut<strong>en</strong>ant<br />

Dumoulin (né <strong>en</strong> 1770) a la tête fracassée<br />

par un obus : sa cervelle rejaillit sur le<br />

prince de Condé et sur les officiers qui<br />

l’<strong>en</strong>tour<strong>en</strong>t.<br />

<strong>Le</strong> 5 janvier 1797, le colonel de<br />

Juzancourt est promu maréchal de camp<br />

avec rang du 10 août 1796. Au 5 mars, le<br />

corps compte 3 officiers supérieurs et<br />

22 in<strong>génie</strong>urs. En octobre, 11 d’<strong>en</strong>tre eux<br />

partiront pour la Pologne. <strong>Le</strong> corps de<br />

Condé passe alors au service de la<br />

Russie. <strong>Le</strong>s lieut<strong>en</strong>ants Léry et de<br />

Kerlero démissionn<strong>en</strong>t le 29 janvier.<br />

<strong>Le</strong> 7 octobre 1799, les in<strong>génie</strong>urs particip<strong>en</strong>t<br />

à la déf<strong>en</strong>se de Constance, où se<br />

signale le lieut<strong>en</strong>ant-colonel vicomte<br />

François de Sartiges (1743-1819), <strong>en</strong><br />

coupant le pont de Petersdorf.<br />

Un rapport du général-major de<br />

Juzancourt, <strong>en</strong> date du 20 octobre 1800,<br />

donne sur le corps les précisions<br />

suivantes : « <strong>Le</strong>s officiers du corps du<br />

Génie, depuis l'exist<strong>en</strong>ce du corps de<br />

S.A.S., n'y ont <strong>en</strong>core joui d'aucune formation<br />

qui, fixant leur nombre et celui<br />

des grades de chaque espèce, leur ait<br />

donné la perspective d'un avancem<strong>en</strong>t<br />

quelconque, tel qu'il existe dans tous les<br />

autres corps. L'espoir du rétablissem<strong>en</strong>t<br />

prochain de la Monarchie, les motifs<br />

d'honneur et de désintéressem<strong>en</strong>t qui<br />

les anim<strong>en</strong>t, leur ont fait supporter<br />

patiemm<strong>en</strong>t jusqu'ici une exception<br />

aussi peu méritée. Mais, voyant les<br />

choses se prolonger, sans qu'il soit possible<br />

de prévoir quelle <strong>en</strong> sera l'issue,<br />

humiliés de voir leurs chefs et anci<strong>en</strong>s<br />

officiers, après 40 et même 50 ans de<br />

service, à peine traités comme le<br />

moindre officier des états-majors généraux<br />

dont le service n'est ni plus actif, ni<br />

plus méritant que le leur, ils croi<strong>en</strong>t ne<br />

devoir pas différer de solliciter la restitution<br />

du droit dont ils avai<strong>en</strong>t toujours<br />

joui, d'exister à l'armée sous la forme de<br />

brigades.<br />

Cette forme est la seule qui, les plaçant et<br />

les faisant traiter suivant leurs grades et<br />

anci<strong>en</strong>neté, puisse exciter l'émulation<br />

- 100 -<br />

des jeunes g<strong>en</strong>s, et leur procurer par la<br />

suite l'avancem<strong>en</strong>t qui a lieu dans les<br />

autres corps. Elle est la même que celle<br />

fixée par les ordonnances du Roi, c'est<br />

celle sous laquelle sont réunis leurs<br />

camarades actuellem<strong>en</strong>t au service de<br />

l'Angleterre. Ils se flatt<strong>en</strong>t donc que Son<br />

Altesse Sérénissime voudra bi<strong>en</strong> agréer<br />

et demander au chargé de pouvoirs de Sa<br />

Majesté britannique leur formation <strong>en</strong><br />

une brigade composée de 8 officiers 5 et<br />

du commandant <strong>en</strong> chef hors de ligne ».<br />

Au lic<strong>en</strong>ciem<strong>en</strong>t du 1 er mai 1801, l'effectif<br />

des in<strong>génie</strong>urs ne compr<strong>en</strong>d plus que M.<br />

de Juzancourt, général commandant, le<br />

vicomte de Sartiges, lieut<strong>en</strong>ant-colonel,<br />

François Anne Rapine de Saxy 6 , major,<br />

3 capitaines et 4 lieut<strong>en</strong>ants.<br />

L’ARMÉE DES PRINCES<br />

L’armée des Princes est plus connue<br />

sous le nom d’armée de Cobl<strong>en</strong>ce, lieu<br />

privilégié de résid<strong>en</strong>ce des émigrés de la<br />

première heure.<br />

<strong>Le</strong> 28 février 1792, une liste des officiers<br />

du Génie du cantonnem<strong>en</strong>t de Cobl<strong>en</strong>ce,<br />

fait état de : un capitaine <strong>en</strong> premier,<br />

5 capitaines <strong>en</strong> second, 9 lieut<strong>en</strong>ants <strong>en</strong><br />

premier, 2 lieut<strong>en</strong>ants <strong>en</strong> second. On y<br />

compte <strong>en</strong> plus, le vicomte B<strong>en</strong>oît<br />

d’Arg<strong>en</strong>t de Deux-Fontaines (1741-1793),<br />

officier retiré du Génie, lieut<strong>en</strong>ant-colonel<br />

d'infanterie, « commandant provisoirem<strong>en</strong>t<br />

et uniquem<strong>en</strong>t par le choix de<br />

ses camarades » et Jean-Pierre de Fages<br />

(1768-1827), lieut<strong>en</strong>ant <strong>en</strong> premier, qui<br />

est « agrégé, pour la campagne, à côté<br />

de Monsieur son père, dans la compagnie<br />

écossaise des Gardes du corps du<br />

Roi, mais peut se r<strong>en</strong>dre à son service,<br />

s'il est nécessaire ».<br />

<strong>Le</strong> 9 avril, le commandem<strong>en</strong>t des 4 brigades<br />

du corps est donné au comte Louis<br />

Joseph de Robi<strong>en</strong> (1734-1801), major du<br />

Génie, le lieut<strong>en</strong>ant Colin de la Brunerie<br />

faisant fonctions d'aide-major. L’effectif<br />

est d’un capitaine <strong>en</strong> premier, 5 capitaines<br />

<strong>en</strong> second, 6 lieut<strong>en</strong>ants <strong>en</strong> premier<br />

(dont M. de Fages), 2 lieut<strong>en</strong>ants <strong>en</strong><br />

second, et M. de Deux-Fontaines, servant<br />

comme volontaire.<br />

En avril, le vicomte de Damoiseau, capitaine<br />

<strong>en</strong> second, et quelques autres in<strong>génie</strong>urs<br />

(6 <strong>en</strong> tout) sont chargés de recon-


naissances <strong>militaire</strong>s sur la frontière. En<br />

mai, il y a 38 officiers du Génie émigrés<br />

et, le 29 juin, 46. <strong>Le</strong> commandem<strong>en</strong>t<br />

général est passé au colonel L<strong>en</strong>glé de<br />

Mori<strong>en</strong>court, anci<strong>en</strong> sous-brigadier à<br />

Bergues, qui a sous ses ordres le lieut<strong>en</strong>ant-colonel<br />

de Juzancourt, le major de<br />

Robi<strong>en</strong>, 15 capitaines et 30 lieut<strong>en</strong>ants.<br />

L'ordre de bataille du 30 juin 1792 fait<br />

apparaître que les in<strong>génie</strong>urs, placés sous<br />

le commandem<strong>en</strong>t du colonel L<strong>en</strong>glé de<br />

Mori<strong>en</strong>court, sont rattachés à l'artillerie. <strong>Le</strong><br />

corps passe la revue du Roi de Prusse à<br />

Trêves le 11 août. <strong>Le</strong> 24 août, il compte 26<br />

officiers répartis <strong>en</strong> 2 brigades, servant<br />

dans l'armée du C<strong>en</strong>tre, les autres ayant<br />

été répartis <strong>en</strong>tre les armées de Condé et<br />

de Bourbon. Lors du siège de Thionville, ils<br />

sont prés<strong>en</strong>ts au quartier général des<br />

Princes, mais on ignore tout de leur rôle<br />

dans l'attaque de la place.<br />

<strong>Le</strong> capitaine d'infanterie de Valdonne<br />

aurait été « attaché à la brigade des officiers<br />

du Génie <strong>français</strong> émigrés, par<br />

ordre du roi de Prusse du 18 août », et<br />

aurait coopéré aux prises de Longwy et<br />

de Verdun.<br />

Tous les officiers du Génie sont réunis à<br />

Saint-Séverin près de Liège et lic<strong>en</strong>ciés<br />

le 24 novembre 1792.<br />

Armée des Princes - In<strong>génie</strong>ur - 1794<br />

L’ARMÉE DE BOURBON.<br />

À la date du 10 septembre 1792, au camp<br />

d'Huy, 14 officiers du corps royal du<br />

Génie (4 capitaines, 4 lieut<strong>en</strong>ants <strong>en</strong> premier,<br />

2 lieut<strong>en</strong>ants <strong>en</strong> second, un élève<br />

sous-lieut<strong>en</strong>ant, un officier à la suite et<br />

un volontaire), choisis parmi les anci<strong>en</strong>s<br />

officiers des places de la frontière du<br />

Nord, sont affectés au camp d’Huy et<br />

logés au faubourg de Slate. Ils sont commandés<br />

par le comte de Robi<strong>en</strong>, anci<strong>en</strong><br />

major de l'arme. Ils sont arrivés courant<br />

août à la division de Bourbon.<br />

Ce détachem<strong>en</strong>t se trouve <strong>en</strong>suite à<br />

Marche-<strong>en</strong>-Fam<strong>en</strong>ne, puis à Geronsart.<br />

<strong>Le</strong> 1 er octobre, il est à Velaine 7 . <strong>Le</strong><br />

6 novembre, on le trouve à Fleurus puis<br />

on perd sa trace.<br />

UNIFORMES<br />

S A P E U R<br />

Service de la Grande-Bretagne et<br />

des Pays-Bas.<br />

On ne possède aucun r<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t<br />

sur l'uniforme porté par les officiers du<br />

Génie au service de l'Angleterre.<br />

Comme au corps de Condé, ils conservèr<strong>en</strong>t<br />

très probablem<strong>en</strong>t l’uniforme du<br />

- 101 -<br />

règlem<strong>en</strong>t de 1786 : chapeau de feutre<br />

noir, gansé de noir, à cocarde blanche,<br />

ganse et bouton dorés, plumet blanc ;<br />

habit bleu de roi à longues basques ; collet,<br />

revers et parem<strong>en</strong>ts de velours noir,<br />

souv<strong>en</strong>t passepoilés de rouge ; doublure,<br />

veste et culotte rouge écarlate ;<br />

boutons dorés à cuirasse et pot <strong>en</strong> tête ;<br />

épaulettes et dragonne dorées du grade ;<br />

épée à garde dorée, portée à un ceinturon<br />

de cuir blanc à plaque de cuivre<br />

dorée. Bottes à l'anglaise de cuir noir à<br />

revers fauves. Redingote et manteau<br />

bleu de Roi.<br />

Corps des Pionniers Français<br />

Chapeau <strong>en</strong> feutre noir retroussé sur le<br />

côté gauche à cocarde, ganse et plumet<br />

blanc, avec une tresse cramoisi et blanc<br />

autour de la coiffe. Habit de coupe autrichi<strong>en</strong>ne<br />

écarlate, collet droit échancré,<br />

parem<strong>en</strong>ts ronds, retroussis, pattes<br />

d’épaules et culotte bleu outremer ; passepoils,<br />

boutonnières du collet (laissant<br />

apparaître au c<strong>en</strong>tre le fond bleu),<br />

piques de la culotte et galons latéraux de<br />

culotte blancs. <strong>Le</strong>s boutons sont <strong>en</strong><br />

métal blanc. Cravate noire liserée de<br />

blanc. Guêtres noires. Équipem<strong>en</strong>t de<br />

cuir blanc. Giberne noire. Sabre-briquet<br />

à garde de cuivre, fourreau de cuir noir<br />

garni de cuivre. Fusil garni de cuivre, à<br />

bretelle de cuir fauve.<br />

<strong>Le</strong>s officiers ont le même uniforme mais<br />

les passepoils, boutons et insignes de<br />

grade sont <strong>en</strong> arg<strong>en</strong>t. Ils ont égalem<strong>en</strong>t<br />

une écharpe cramoisi passée sur l’habit.<br />

Ils port<strong>en</strong>t le tricorne à cocarde noire,<br />

ganse et bouton arg<strong>en</strong>t et plumet blanc.<br />

Armée de Condé. Armée des Princes.<br />

Armée de Bourbon.<br />

De 1791 à 1794, les officiers du Génie<br />

port<strong>en</strong>t l'uniforme affecté à leur corps <strong>en</strong><br />

1786 : chapeau de feutre noir gansé de<br />

même, à cocarde blanche, ganse dorée,<br />

bouton de même avec corset d'armes et<br />

pot-<strong>en</strong>-tête, houppe rouge à c<strong>en</strong>tre noir.<br />

Cravate blanche. Habit bleu de roi doublé<br />

de rouge, les retroussis ornés de<br />

fleurs de lys d'or, les poches <strong>en</strong> travers<br />

liserées de rouge avec 3 boutons. Collet<br />

droit, parem<strong>en</strong>ts <strong>en</strong> botte à 3 boutons et<br />

revers tout de velours noir passepoilé


d'écarlate. Épaulettes et att<strong>en</strong>tes dorées<br />

sur fond rouge ; <strong>en</strong> service, hausse-col<br />

de cuivre doré avec corset d'armes et<br />

pot-<strong>en</strong>-tête de même métal. Veste et<br />

culotte rouge écarlate, boutons dorés à<br />

la veste. Bottes noires à revers fauve ou<br />

bas blancs avec souliers à boucles de<br />

cuivre doré. Ceinturon de cuir blanc à<br />

plaque de cuivre doré avec corset<br />

d'armes et pot-<strong>en</strong>-tête ; épée à garde<br />

dorée, dragonne dorée suivant le grade.<br />

Brassard blanc liseré de noir à 3 fleurs<br />

de lys noires. Manteau de drap bleu de<br />

roi avec rotonde bordée de galon d'or.<br />

Équipage de cheval <strong>en</strong> drap bleu de roi<br />

bordé d'or.<br />

En 1794, les officiers du Génie sembl<strong>en</strong>t<br />

avoir pris l'uniforme suivant : chapeau<br />

de feutre noir à cocarde blanche, ganse<br />

S A P E U R<br />

et bouton doré, plumet blanc. Habit gris<br />

de fer, collet de velours noir avec fleurs<br />

de lys et broderie dorées ; parem<strong>en</strong>ts de<br />

velours noir, boutonnières de modèle<br />

spécial sur l'habit ; cuirasses brodées <strong>en</strong><br />

or (sans doute aux retroussis de l'habit) ;<br />

veste rouge, culotte de peau jaune ; pantalon<br />

et bottes. Ceinturon de cuir noir,<br />

épée à garde et dragonne dorée.<br />

Lors du passage au service de la Russie,<br />

les officiers du Génie pr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t l’uniforme<br />

du Génie russe, c'est-à-dire celui<br />

de l'artillerie (règlem<strong>en</strong>t du 24 décembre<br />

1798).<br />

En 1800, lors de l'adoption du nouvel<br />

uniforme, les officiers du Génie aurai<strong>en</strong>t<br />

« repris le frac bleu avec les distinctions<br />

de velours noir, le chapeau et la cocarde<br />

blanche ».<br />

- 102 -<br />

BIBLIOGRAPHIE<br />

Service historique de la déf<strong>en</strong>se : X e 102.<br />

BITTARD DES PORTES (R<strong>en</strong>é), Histoire<br />

de l'armée de Condé p<strong>en</strong>dant la<br />

Révolution <strong>français</strong>e (1791-1801),<br />

d'après les archives de l'État, les<br />

mémoires d'émigration et des docum<strong>en</strong>ts<br />

inédits. Paris, E. D<strong>en</strong>tu, 1896, in-<br />

8°, VII-397 p.<br />

BITTARD DES PORTES (R<strong>en</strong>é), <strong>Le</strong>s émigrés<br />

à cocarde noire. Paris, Emile-Paul,<br />

1908, VI-637 p.<br />

BLANCHARD (Anne), Dictionnaire des<br />

in<strong>génie</strong>urs <strong>militaire</strong>s, 1691-1791.<br />

Montpellier, 1981.<br />

GROUVEL (vicomte Robert), <strong>Le</strong>s Corps<br />

de Troupes de l’émigration. Paris, La<br />

Sabretache, 3 volumes.

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