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Examen critique des expeditions gauloises en Italie

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ek3 0cfÇ\ (,2(1<br />

EXkMEN CRITIQUE<br />

DES<br />

XPÉPITI N ALOJSES EN ITALIE<br />

Sous le Doub[e Peint de Vue de l'Histoire et de la Q&3raphie<br />

SUIVI DE<br />

REO]EflCI{ES SUR L'ORIGINE DE Li FAMILLE GAULOISE<br />

ET SUR LES PEUPLES QUI LA COMPOSAIEMT,<br />

Par M. P.-L. LEMIÈRE.<br />

Extrait du volume <strong>des</strong> Mémoires lus au Congréa Sci<strong>en</strong>tifique de Franco,<br />

XflVIIP Session, t<strong>en</strong>ue â Saint-Brieuc du lfl au 10 Juillet 1872.<br />

SAINT—BRIEIJC<br />

IMPRIMERIE GUYON FRANCISQUE, LIBRAIRE<br />

4, Rue Saint-Gilles, 4<br />

1873<br />

Docum<strong>en</strong>t<br />

II f! Ii I! 11111 10H 1111F III III<br />

0000005619917 J<br />

D


EXAMEN CRITIQUE<br />

DES<br />

EXPÉDITIONS GAULOISES EN ITALIE<br />

Sous le double point de vue de l'HIstoire et de la Gdsgropble<br />

l4t'jO<br />

RECHERCHES SUR L'ORIGINE DE LA FAMILLE GAULOISE<br />

ET LES PEUPLES OUI LA EXPOSAIENT.<br />

L - La Gaule Qjoajpjno n'a été conquise ni possêdée par <strong>des</strong> Gaulois.<br />

Tite-Live rapporte, et on l'a cru sur parole, quo tes Gaulois l'iront<br />

<strong>en</strong> <strong>Italie</strong> <strong>des</strong> irruptions soudaines , imprévues, et que les hor<strong>des</strong><br />

d'outre-monts s'emparèr<strong>en</strong>t de la meilleure partie du bassin du Paillis,<br />

après avoir massacré ou chassé les Tyrrliéni<strong>en</strong>s et les Ombri<strong>en</strong>s, ses<br />

habitants I<br />

Nous voulons essayer de prouver que les choses ne se passèr<strong>en</strong>t<br />

pas ainsi ; que ces prét<strong>en</strong>dues invasions ne lur<strong>en</strong>t, <strong>en</strong> réalité, que<br />

<strong>des</strong> expéditions provoquées et facilitées par <strong>des</strong> peupla<strong>des</strong> liguri<strong>en</strong>nes<br />

qui, sans ce puissant appui, n'aurai<strong>en</strong>t pu s'affranchir de la domina-<br />

tion tyrrhéni<strong>en</strong>ne, et (lue les Gaulois ne fur<strong>en</strong>t jamais maitres de la<br />

partie de la Cisalpine dont on leur a attribué la possession.<br />

Les ban<strong>des</strong> <strong>gauloises</strong> ne pénétrèr<strong>en</strong>t pas toutes <strong>en</strong>semble <strong>en</strong> <strong>Italie</strong>:<br />

Polybe etTite-Live ne laiss<strong>en</strong>t aucun doute ù cet égard : La première<br />

de ces ban<strong>des</strong>, dit l'histori<strong>en</strong> latin, était •eoniposée de Bituriges, d'Ar-<br />

vernes, de Sénoues, dEdoi<strong>en</strong>s, d'Amharres, (le Carnutes et d'ÂnIer-<br />

ques, qui, tous, suivant lui, se fixèr<strong>en</strong>t sur le territoire <strong>des</strong> .Insubres 2<br />

1. Tit.-Liv. V, 34, 35,<br />

2. Id. V, 34.


Si, comme il le prét<strong>en</strong>d, <strong>des</strong> av<strong>en</strong>turiers recrutés parmi tant de peu-<br />

ples avai<strong>en</strong>t réellem<strong>en</strong>t conquis ce pays, ils n'aurai<strong>en</strong>t pas, tous<br />

spontaném<strong>en</strong>t et sans motif, r<strong>en</strong>oncé h leurs noms, qu'ils v<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t<br />

d'illustrer, pour pr<strong>en</strong>dre celui de la nation vaincue. Après cette ex-<br />

pédition, les Insubres restèr<strong>en</strong>t ce qu'ils étai<strong>en</strong>t auparavant, de véri-<br />

tables Liguri<strong>en</strong>s, ce que nous justifierons dans un travail d'<strong>en</strong>semble<br />

sur les peuples celtiques.— Il nous suffit, <strong>en</strong> ce mom<strong>en</strong>t, de démon-<br />

trer que les Insubres n'étai<strong>en</strong>t pas &auloir. Or, nous <strong>en</strong> trouvons la<br />

prouve dans le nom d'Insubrie, que portait leur pays avant l'arrivée<br />

de l3ellovèse I; dans celui d'ibères, sous lequel les connaissait Plu-<br />

tarque 2, et surtout dans l'assurance donne par Strabon, que de 5011<br />

temps, c'est-à-dire <strong>en</strong>viron deux siècles après l'<strong>en</strong>tière expulsion <strong>des</strong><br />

Gaulois de l'<strong>Italie</strong>, les Insubres occupai<strong>en</strong>t <strong>en</strong>core le nième canton<br />

de la Transpadane 3.<br />

Il est donc rationnel de croire que la première bande gauloise,<br />

évidemmcht peu nombreuse, puisque Polybe n'<strong>en</strong> parle pas, ne s'était<br />

point formée <strong>en</strong> vue d'une colonisation, et qu'elle traversa les Alpes<br />

uniquem<strong>en</strong>t pour répondre à l'appel de ceux qui l'avai<strong>en</strong>t soudoyée.<br />

Cela est si vrai, que, «après une tradition rapportée par Tite-tivo,<br />

Plutarque et D<strong>en</strong>ys d'Halicarnasse, les Gaulois avai<strong>en</strong>t èté attirés eu<br />

<strong>Italie</strong> pour détruire la tyrannie d'un prince tyrrhéni<strong>en</strong> 4.<br />

Si cette première expédition n'est pas une inv<strong>en</strong>tion de Tite-Live,<br />

bon nombre de ceux (lui Cil fir<strong>en</strong>t partie restèr<strong>en</strong>t peut-ètre chez les<br />

Jnsnbres; mais ils n'y eur<strong>en</strong>t ni exist<strong>en</strong>ce ni territoire propres ab-<br />

sorbés par la population indigène, ils disparur<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong>tôt, sans laisser<br />

aucune trace (le leur séjour. Quant aux autres, ceux qui ne retour-<br />

nèr<strong>en</strong>t pas dans leur pays se joignir<strong>en</strong>t vraisemblablem<strong>en</strong>t aux Céno-<br />

mans, qui peu après, 3idés, dit-on, par Bellovèse, pénétrèr<strong>en</strong>t <strong>en</strong><br />

<strong>Italie</strong> et fur<strong>en</strong>t cantonnés sur les territoires de Brixia et de Vérone,<br />

1. Tit.-Liv. V, 34.<br />

2. Plutnrch. in Marecfl. § 3. Les éditeurs modernes ont cru devoir<br />

substituer le nom d'Jnsubres à celui d'ibères, que porte réellem<strong>en</strong>t le<br />

texte, et dont nous démontrerons ailleurs ta parfaite exactitude. Ceux<br />

que le même Plutarque (tini1, Paul. § O,) appelle Ibères Mu,'it.imes,<br />

compris <strong>en</strong>tre les Alpes et la mer Tyrrhéni<strong>en</strong>ne, fir<strong>en</strong>t, tout porte Li le<br />

croire, longtemps partie de la nation (les Insubres.<br />

3. Strab. p. 212; Tacite, Anriai. Ni, 23.<br />

4. Lit.-Liv. V, 33; Plutarch. in Carn.ill. § 15; Dionys. Halle. lis'. XIII,<br />

§ 7, <strong>des</strong> fragm. publiés par Angelo Mai.


— i l —<br />

anci<strong>en</strong>nes propriétés <strong>des</strong> Libui '. Ainsi placés, les Cénomans déf<strong>en</strong>-<br />

dai<strong>en</strong>t la frontière <strong>des</strong> Insubres contre les <strong>en</strong>treprises <strong>des</strong> tiènètes<br />

ou Vénètes, qui, jusqu'à la fin, restèr<strong>en</strong>t fidèles aux 'fyrrhéni<strong>en</strong>s s.<br />

Le concours prêté aux Cénomans par les Gaulois de ]a première<br />

bande, si peu de temps après leur <strong>en</strong>trée <strong>en</strong> <strong>Italie</strong>, suffirait seul à<br />

démontrer qu'ils n'étai<strong>en</strong>t point <strong>en</strong> pays <strong>en</strong>nemi autrem<strong>en</strong>t, coin-<br />

m<strong>en</strong>t aurai<strong>en</strong>t-ils PU garder leurs positions et v<strong>en</strong>ir <strong>en</strong> aide à <strong>des</strong><br />

compatriotes séparés d<strong>en</strong>t par une contrée hérissée d'obstacles na-<br />

tords, habitée jar <strong>des</strong> peupla<strong>des</strong> belliqueuses et nécessairem<strong>en</strong>t<br />

hostiles? - Les Cénoinans arrivèr<strong>en</strong>t clone <strong>en</strong> amis, toutes difficultés<br />

ayant été préalablem<strong>en</strong>t aplanies et Tite-Live lui-même semble re-<br />

connaitt'e qu'il <strong>en</strong> fut ainsi pour toutes les expéditions <strong>gauloises</strong>, car<br />

il prèLe à Annibal les paroles suivantes, auxquelles il n'ajoute aucun<br />

correctif « Souvesit de nombreuses ban<strong>des</strong> (gawloises), tramant à<br />

» leur suite <strong>des</strong> <strong>en</strong>fants et <strong>des</strong> femmes , comme il arrive dans les<br />

» invasions, avai<strong>en</strong>t passé les Alpes sans péril 3. »<br />

Durant de longues années, les Romains parcourur<strong>en</strong>t et dévastè-<br />

r<strong>en</strong>t , dans tous les s<strong>en</strong>s , ce que l'on appelle la Gaule Cisalpine, et<br />

cep<strong>en</strong>dant, parmi les écrivains anci<strong>en</strong>s qui parl<strong>en</strong>t de ce pays, il n'<strong>en</strong><br />

est aucun qui irons indique une seule de ses frontières; il est même<br />

impossible de concilier leurs témoignages. Ainsi, dans la Transpa-<br />

dane, où nous ne devrions trouver de Gaulois que les Cénomans et,<br />

si l'on veut, les Insubres, le nom de Gaulois est donné aux Lihui<br />

par Tite-Live 4; aux Salasses, par Dion Cassius, Julins Obsiiqu<strong>en</strong>s<br />

et Orose 5; aux territoires de Côme , Tr<strong>en</strong>te flergame, Vérone et<br />

Vic<strong>en</strong>ce, par Justin 6 , et mème i celui de Mantoue, par Ptolémée .<br />

En opposition avec ces auteurs, Pline reconnait, dans les hahituts<br />

de Vercelle , capitale <strong>des</strong> Libui , <strong>des</strong> <strong>des</strong>c<strong>en</strong>dants <strong>des</strong> Saly<strong>en</strong>s 8, l'on<br />

<strong>des</strong> peuples liguri<strong>en</strong>s les plus considérables, suivant Strabon ; les<br />

1. Tit.-Liv. V, 35.<br />

2. Plin. III, 40; Tit.-Liv. X, 2; Polyb. II, 18, 23.<br />

3. Tit.-Liv. XXI, 30.<br />

4, Id. XXI, 38, a cul Libuos Galles » il dit cep<strong>en</strong>dant (V, 35,' que<br />

les Libuihabitai<strong>en</strong>t Véi'one et Brixia avanti'arrivée <strong>des</strong>premiers Gaulois.<br />

5. Dion. Cass. édit. Gros, lii). 1 - XXXVI [fragm. 245; Julii Ol>sequ<strong>en</strong>tis,<br />

Prodi.yior, cap. 80; Pan!. Ores. V, e. 4.<br />

6. Justin. XX, 5.<br />

7. Ptolem. Geogr. III, C. 1.<br />

8. Plin. III, 47.<br />

9. Strab. P. 203.


Salasses étai<strong>en</strong>t <strong>des</strong> Taurisques au dire de Coton I, qui attribuait<br />

Côme, Bcrgameet quelques peuples <strong>en</strong>vironnants aux Orobi<strong>en</strong>s, dont,<br />

il ignorait l'origine (preuve évid<strong>en</strong>te qu'ils n'étai<strong>en</strong>t pas Gaulois) et<br />

que Cornélius Alexander croyait sortis de la Grèce 2 . Enfin, Pline<br />

nous appr<strong>en</strong>d que les Trid<strong>en</strong>tins étai<strong>en</strong>t <strong>des</strong> Rhoetes ; Vérone la<br />

propriété de ces derniers et <strong>des</strong> Eugané<strong>en</strong>s ; Vic<strong>en</strong>ce et Mantoue<br />

<strong>des</strong> villes de la Vénétie 3.<br />

Si, au nord du Padus, on ne peut préciser un seul point do la<br />

frontière du prét<strong>en</strong>du Etat Gaulois Cisalpin, il n'est pas plus facile<br />

de le faire au midi de ce fleuve, où séjournèr<strong>en</strong>t <strong>des</strong> Lingons , <strong>des</strong><br />

Sénonais et <strong>des</strong> Boï<strong>en</strong>s. Quels lieux habitèr<strong>en</strong>t les Lingons, quand<br />

et pourquoi disparur<strong>en</strong>t-ils de l'<strong>Italie</strong>? Aucun anci<strong>en</strong> ne la dit; tout<br />

ce que nous <strong>en</strong> savons se borne h cette indication, donnée par Polybe,<br />

qu'après avoir franchi le Padus , ils se fixèr<strong>en</strong>t ifon loin de l'Adria-<br />

tique 4. Le territoire <strong>des</strong> Sénonais ne prés<strong>en</strong>te pas moins de difli-<br />

culiês il n'<strong>en</strong> est question ni dans le Périple de Scylax , écrit vers<br />

le milieu du iv- siècle 5, c'est-à-dire h l'époque où les Sénonais ins-<br />

pirai<strong>en</strong>t le plus de terreur; ni dans la Pérhqèse de Scymnus de Chio,<br />

composée d'après les écrits d'auteurs très-anci<strong>en</strong>s, dont plusieurs<br />

fur<strong>en</strong>t contemporains <strong>des</strong> évitnern<strong>en</strong>ts auxquels prir<strong>en</strong>t part ces Gau-<br />

lois. Polybe rapporte cep<strong>en</strong>dant que les Sénonais habitai<strong>en</strong>t, près de<br />

l'Adriatique, les dernières de ces plaines qui s'ét<strong>en</strong>dai<strong>en</strong>t jusqu'à la<br />

ville de S<strong>en</strong>ès G; Tite-Live leur fait occuper le pays compris <strong>en</strong>tre<br />

Mi<strong>en</strong>s et l'iEsis I; Ptolémée les restreint à la lisière maritime circonscrite<br />

par l'i€sis , le Rubicon et les villes de Sitasa et Ostra S;<br />

Flores rapporte qu'ils s'étai<strong>en</strong>t établis <strong>en</strong>tre les Alpes et le Padus, et<br />

l. Cato apud Plin. 111, 20.<br />

2. Ibid. IJJ, 17.<br />

3. Plin. HI, 19.<br />

4. Polyb. 11, 17. -<br />

5. Gai] a voulu faire remonter la date de ce précieux dodum<strong>en</strong>t â la<br />

fin du vie siècle ou ou comm<strong>en</strong>cem<strong>en</strong>t du x p, et Dodwet l'a cru contemporain<br />

de Polybe ; mais ces- opinions extrêmes n'ont pu prévaloir, et les<br />

savants s'accord<strong>en</strong>t au moins sur ce point, que le Périple fut écrit dans<br />

le ive siècle Fréret, après l'année 368; Bougainville, de 370 â 360:<br />

Niebuhr, (le 362 â 348; Letronne, de 363 à 345; <strong>en</strong>fin, M. Ch. Muller,<br />

de 338 â 335 (Geoyr. Orme. Minores, édit. Didot, vol. 1, p. XLIV).<br />

6. Polyb. II, 16, 17, 19.<br />

7. Tit.-Liv. V, 35.<br />

8. Ptolem. Ocoyr. III, e. 1.


-9—.<br />

que, non cont<strong>en</strong>ts de ces limites, ils faisai<strong>en</strong>t <strong>des</strong> incursions dans<br />

l'<strong>Italie</strong> 1 ; Diodore de Sicile dit qu'ils eur<strong>en</strong>t <strong>en</strong> partage les sommets<br />

<strong>des</strong> montagnes qui domin<strong>en</strong>t la mer 2 ; Strabon les place dans l'in-<br />

térieur <strong>des</strong> terres, sur la rive droite du Padus, <strong>en</strong> compagnie <strong>des</strong><br />

Gresatcs, comme au temps, ajoute-t-il, où ils <strong>en</strong>levèr<strong>en</strong>t Rouie par<br />

surprise 3, et il attribue aux Ombri<strong>en</strong>s tout le littoral dé l'Adriatique,<br />

depuis Rav<strong>en</strong>ne jusqu'à l'iEsis avec toutes les villes qui le bord<strong>en</strong>t,<br />

sans <strong>en</strong> excepter môme celle de Seau 4; <strong>en</strong>fin, Pline donne aux Sé-<br />

nonais pour demeure une partie (le la huitième région de l'<strong>Italie</strong><br />

laquelle était bornée au sud par l'Ariminus .<br />

Quant aux Boi<strong>en</strong>s, si Ptolémée leur attribue le littoral de l'Adria-<br />

tique, depuis la Vénétie jusqu 'au Rubicon , il est, ainsi que le dé-<br />

montre le résumé ci-<strong>des</strong>sus, <strong>en</strong> désaccord complet avec Strabon et<br />

Pline, et aussi avec Polybe, qui les place dans l'intérieur <strong>des</strong> terres,<br />

le long de l'Ap<strong>en</strong>nin , sous les Ananes 7 . D'un autre côté, c'est <strong>en</strong><br />

forçant le s<strong>en</strong>s <strong>des</strong> textes qu'oit a pu trouver, dans Tite-Live, que Je<br />

fort Mutile et ],a Litana étai<strong>en</strong>t (]eux points de, la frontière <strong>des</strong><br />

Boï<strong>en</strong>s 8 . Enfin , il n'est pas plus vrai que Plac<strong>en</strong>tia fut un autre<br />

point de cette l'rontiûre <strong>en</strong> effet, Polybe nous appr<strong>en</strong>d que, grâce k<br />

l'alliance <strong>des</strong> A nimes , gagnés <strong>en</strong> 223 à la cause (le la République,<br />

les troupes romaines pur<strong>en</strong>t pénétrer chez les Insubres, au conflu<strong>en</strong>t<br />

de I 'Àdda et du Paillis °. Le pays <strong>des</strong> À flancs, comme l'admett<strong>en</strong>t nos<br />

principaux géographes modernes 10, s'ét<strong>en</strong>dait donc au moins jusqu'à<br />

cc couflucot , et compr<strong>en</strong>ait, par conséqu<strong>en</strong>t, l'laccntia, qu'Éti<strong>en</strong>ne<br />

de Byzance reconnait d'ailleurs pour une ville liguri<strong>en</strong>ne tt, Aussi,<br />

1. Florus, T, 13.<br />

2. Died, Sieul, XIV, 1f3,<br />

3. Strab. p. 212.<br />

4. Strab. p..227; Pline (III, 15) confirme cette ext<strong>en</strong>sion, eu donnant<br />

aux Ombri<strong>en</strong>s Butrium, située au nord de Rav<strong>en</strong>ne.<br />

5. PIin. IiI, 15.<br />

6. Ptol. Geogr. III, c. 1.<br />

7. Pol'b. 11, 17.<br />

8. Ti(.-Liv. XXXI, 2; XXXIII, 37; XXILI, 24 XXXIV, 22, 42.<br />

9. Po)yh. Il, 92.<br />

10. Ernest Desjardins. Allas de l'IlaIic, carte n° 2; TCiepert, Atlas<br />

Antiqlots, tabul, VI; Spruncr-Meohe , Atlas Anéiquus, tahul. XI et XX<br />

car, ainsi que t'a fait observer Walch<strong>en</strong>aêr, Géogr. <strong>des</strong> Gaules, t. I<br />

pp. 126-128, le nom d'An ama'rcs n'est qu'une variante de celui d'Ananes.<br />

11. Stepli. Byz. sub y . Plae<strong>en</strong>tia,<br />

t


s<br />

- 40 -<br />

loin de croire, avec Tite-Live que cette place fut conquise sur les<br />

Gaulois , nous t<strong>en</strong>ons pour incontestable, que non-seulem<strong>en</strong>t Pla-<br />

c<strong>en</strong>tia, mais <strong>en</strong>core la partie du pays <strong>des</strong> Amines située h l'ori<strong>en</strong>t (le<br />

cette ville, ôtai<strong>en</strong>t étrangères à ],a Au reste, Tite-Live nous<br />

prouve lui-même combi<strong>en</strong> serait vaine la recherche de la frontière<br />

commune aux Liguri<strong>en</strong>s et aux Boï<strong>en</strong>s, dont il parle souv<strong>en</strong>t, sans<br />

jamais ].a connaître, et pour cause, quand il rapporte que le<br />

consul C. Claudius, faisant passer ses légions d'istrio <strong>en</strong> Ligurie<br />

reconnut que les <strong>en</strong>nemis avai<strong>en</strong>t établi leur camp au bord de la ri-<br />

vière Sculi<strong>en</strong>na 2, c'est-h-dire' dans le pays attribué aux Boï<strong>en</strong>s. Or,<br />

remarquons-le bi<strong>en</strong>, ceci se passait <strong>en</strong> 177, c'est-à-dire postérieure-<br />

m<strong>en</strong>t h l'expulsion <strong>des</strong> Boï<strong>en</strong>s do l'<strong>Italie</strong> , et <strong>en</strong> cette nièaie année,<br />

malgré leur épuisem<strong>en</strong>t a près tant de défaites , malgré le voisinage<br />

<strong>des</strong> colonies romaines de Plaisance, Parme et Crémone, les Liguri<strong>en</strong>s,<br />

réduits h leurs seules ressources, pouvai<strong>en</strong>t seinparcr (le la colonie<br />

de Mutine i, et lorsque, l'année suivante, C. Claudins la leur repr<strong>en</strong>ait,<br />

il se vantait , dans sa dpÔclie an Sénat,.« d'avoir conquis un<br />

» territoire assez îaste pour satisfaire l es prét<strong>en</strong>tions de plusieurs<br />

» milliers d.'/wnrmes 1 . » Il n'y n qu'un seul moy<strong>en</strong> dexpliquer ces<br />

faits et ce langage, c'est de reconnaitre que Mutine et la contrée dont<br />

cette ville était le c<strong>en</strong>tre, appart<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t aux Liguri<strong>en</strong>s.<br />

Ainsi, véritable mirage géographique, les frontières (le l'Etat Gau-<br />

lois Cisalpin s'évanouiss<strong>en</strong>t au fur et à mesure qu'on cii podrsuit<br />

la recherche.<br />

Continuons l'étude <strong>critique</strong> de ce prét<strong>en</strong>du État:<br />

Les Romains port<strong>en</strong>t la guerre dans la Cisalpine, et aussitôt, à<br />

l'instar <strong>des</strong> Sénonais, qui avai<strong>en</strong>t déjà servi la République 5 , les<br />

Cénomans vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t pr<strong>en</strong>dre place dans les armées romaines et combattre<br />

les Insuhres, auxquels les Boi<strong>en</strong>s prêtai<strong>en</strong>t leur concours 6;<br />

les Boï<strong>en</strong>s, égalem<strong>en</strong>t, se joignir<strong>en</strong>t h plusieurs reprises aux <strong>en</strong>va-<br />

hisseurs, et contribuèr<strong>en</strong>t à saccager le pays qu'on dit âvoir été le<br />

1. Tit.-Liv. XXI, 25, 52; Id. JCpitons. libr. XX.<br />

2. Tit.-Liv. XLI, 42.<br />

3. Id. XLI, 14.<br />

4. Id. XLI, 16.<br />

5. Appian. édit. Didot, De rebus Sarnnit., fragm. VI; De "d'us Colticis,<br />

fragrii. XI.<br />

6. Strab. P. 216; PolyL. II, 23, 24, 32; Tit.-Liv. fl!25, 55.


-'e<br />

leur 1 . - Celte conduite, il est vrai, ne fut pas toujours celle de la<br />

totalité <strong>des</strong> Sénonais et i3oi<strong>en</strong>s, ni noème celle de tous les Cénomans 2,<br />

mais il n'<strong>en</strong> faut pas moins reconnaitre qu'il n'y avait, chez les Gau-<br />

lois d'italie, ni ce li<strong>en</strong> fédératif qui, <strong>en</strong> pays étranger, s'imposait<br />

comme une nécessité , ni môme aucune solidarité <strong>en</strong>tre les membres<br />

de chacune de leurs peupla<strong>des</strong>.<br />

Ces divisions de leurs forces, fréquemm<strong>en</strong>t r<strong>en</strong>ouvelées, devai<strong>en</strong>t<br />

<strong>en</strong>lever aux Gaùlois Cisalpins toutd possibilité d'une résistance effi-<br />

cace cep<strong>en</strong>dant, les peuples dépossédés ne (<strong>en</strong>tèr<strong>en</strong>t aucun retour<br />

off<strong>en</strong>sif, et, loin de les inquiéter, les nations voisines réclamèr<strong>en</strong>t<br />

souv<strong>en</strong>t le secours de leurs armes ". Bi<strong>en</strong> mieux, les Liguri<strong>en</strong>s, c'est-<br />

b-dire les véritables maîtres du pays attribué aux Gaulois, restèr<strong>en</strong>t<br />

toujours si étroitem<strong>en</strong>t unis j , ces derniers, que, pour la plupart, ils<br />

accept.èreht , sans hésiter, la ruine et la mort avec eux , plutôt que<br />

d'accueillir les Romains, qui les aurai<strong>en</strong>t v<strong>en</strong>gés et leur aurai<strong>en</strong>t<br />

r<strong>en</strong>du les territoires dont on assure qu'ils avai<strong>en</strong>t été dépouillés .<br />

'l'eut cela est fort étrange assurém<strong>en</strong>t c'est pourtant [,a<br />

rigoureuse de l'opinion que nous nous refusons à partager.<br />

Poursuivons<br />

P<strong>en</strong>dant une occupation de plus de quatre siècles, les Gaulois<br />

n'ont fait aucune t<strong>en</strong>tative pour s'agrandir G deux fois seulem<strong>en</strong>t,<br />

<strong>des</strong> ban<strong>des</strong> appart<strong>en</strong>ant é cetfe nation sollicitèr<strong>en</strong>t <strong>des</strong> Tyrrhéni<strong>en</strong>s<br />

l'abandon d'un territoire quelconque, et deux refus formels ne pro-<br />

1. Tit.-Liv. XXI, 52, 53; Polyb. Ill, 40.<br />

2. Tit.-Liv. XXXII, 30; XXXIII, 22; Ores. IV, C. 20.<br />

3. Il ressort du récit de Polybe (11,49, 20), (lue les Boï<strong>en</strong>s laissèr<strong>en</strong>t,<br />

sans la moindre opposition, écraser les Sénonais, et n'<strong>en</strong>trèr<strong>en</strong>t <strong>en</strong> ligne<br />

qu'après la ruine totale de ces derniers.<br />

4. Voir plus loin les notes 5, page 15; 4,7, p. 4G; 'l-5, p. 17, et<br />

4, p. 10; concernant les guerres dites <strong>gauloises</strong>.<br />

5. Tite-Live, V, 35, dit (tue ce pays avait été <strong>en</strong>levé aux 1'yrrbéni<strong>en</strong>s<br />

et aià Ombri<strong>en</strong>s; mais Polybe, Il, 4G, et Strabon, p. 216, reconnaissont,<br />

cornisie nous le verrons tout-â-l'heure, qu'il appart<strong>en</strong>ait réellem<strong>en</strong>t<br />

aux Liguri<strong>en</strong>s. Nous devons ajouter que ces Liguri<strong>en</strong>s avai<strong>en</strong>t été jadis<br />

s<strong>en</strong>s la domination <strong>des</strong> Tyrrbéni<strong>en</strong>s ; c'est pourquoi Polybe (Il, 17) a pu<br />

les eompi'<strong>en</strong>dre aussi s<strong>en</strong>s ce dernier nom, alors qu'il voulait parler de<br />

la grande puissance <strong>des</strong> Tyrrliéni<strong>en</strong>s.<br />

Q Niebuhr, liisi.. ITem, traduction de Gelbéry, tome 4, p. 277, fait â<br />

ce sujet <strong>des</strong> réflexions fort justes, d<strong>en</strong>t il est surpk'bnant qu'il n'ait pas<br />

tiré parti.<br />

I


oquèr<strong>en</strong>t aucun conflit 1 . Tant d'inertie et de modération se conci-<br />

li<strong>en</strong>t difficilem<strong>en</strong>t, on <strong>en</strong> convi<strong>en</strong>dra, arec la puissance que l'on prête<br />

à l'État Gaulois et la terreur qu'inspirai<strong>en</strong>t ses farouches guerriers<br />

On chercherait <strong>en</strong> vain, dans In Cisalpine, les plus légères traces<br />

de la religion 3 , de la langue, lu gouvernem<strong>en</strong>t, <strong>des</strong> ]ois , <strong>des</strong> insti-<br />

tutions ou <strong>des</strong> coutumes <strong>des</strong> Gaulois. Ils n'y ont laissé, à notre con-<br />

naissance , aucun de ces tusnv.irrs 4 si communs dans la Gaule de<br />

César et dans la Germanie ils n'y ont pas ou d'ntelicrs.monét.aires 5;<br />

1. Tit.-Liv. V, 36; X, 10.<br />

2. Id. IX, 29; X, 10.<br />

3. Tit-Liv. (XXJ]T, 24,) dit <strong>en</strong> parlant du consul L. Postumius, que<br />

ses dépouilles et sa tête, séparée de son corps, fur<strong>en</strong>t portées <strong>en</strong> triomphe<br />

par les Boï<strong>en</strong>s dans leur temple le plus vénéré. Cette m<strong>en</strong>tion, In seule<br />

que l'on trouve dans les auteurs anci<strong>en</strong>s sur les pratiques religieuses<br />

<strong>des</strong> Gaulois <strong>en</strong> <strong>Italie</strong>, n'infirme <strong>en</strong> ri<strong>en</strong> ce que nous avançons ; car, si<br />

elle dénote chez eux l'exist<strong>en</strong>ce d'un culte, ce que nous ne songeons pas<br />

à nier, elle ne prouve pas qu'ils l'ai<strong>en</strong>t fait accepter par une partie quelconque<br />

de In population indigène. Remarquons, <strong>en</strong> passant, que si le<br />

druidisme avait été <strong>en</strong> usage chez les Gaulois d'<strong>Italie</strong>, ce culte étrange,<br />

jusqu'alors inconnu aux Romains, les eût bi<strong>en</strong> certainem<strong>en</strong>t frappés le<br />

sil<strong>en</strong>ce de leurs écrivains nous autorise dope ii croire (lue les Gaulois<br />

Cisalpins, comme les Germains (Cmsam'. Gall. VI, 21,) n'avai<strong>en</strong>t pas de<br />

drui<strong>des</strong>.<br />

4. Les deux seuls, <strong>en</strong> effet, qui ai<strong>en</strong>t été signalés <strong>en</strong> <strong>Italie</strong>, sont hors<br />

du pays attribué aux Gaulois: le premier, dans Rome même, au quartier<br />

dit <strong>des</strong> Gaulois, cont<strong>en</strong>ait les t<strong>en</strong>dres de ceux de cette nation qui<br />

succombèr<strong>en</strong>t <strong>en</strong> grand nombre p<strong>en</strong>dant le siège du Capitole (Tit.-Liv.<br />

V, 48) ; le second, m<strong>en</strong>tionné par Procope (Boit. Colle. IV, 29,) sous le<br />

nom de Busta Galloru,n, était situé dans l'Ap<strong>en</strong>nin, <strong>en</strong> un lieu qui,<br />

suivant Tite-Live (V, 49) et Plutarque (Camille, 29), était situé à <strong>en</strong>viron<br />

soixante sta<strong>des</strong> de Rome, près du chemin de Gabies.<br />

5. De ce que l'on n cru reconnaître une tète de Gaulois sur un as librai<br />

d'Arirninum et sur ses subdivisions, M. Roget de Belloguet (Etlmnogénie<br />

Gauloise, tome 2, pp. 401, 102.) <strong>en</strong> n conclu que ces lour<strong>des</strong><br />

monnaies nnépigraphes avai<strong>en</strong>t été émises par les Sénonais. Duchalnis,<br />

qui, au Cabinet de Franee, avait plusieurs de ces monnaies sous les yeux,<br />

s'est bi<strong>en</strong> gardé de les classer parmi les <strong>gauloises</strong>, malgré son vif désir<br />

de retrouver les produits d'un monnorage gaulois cisalpin (voir sa Descripi.<br />

<strong>des</strong> Médail. Gant, de la Bibliothèque Royale, pp. 106-44e; et<br />

Momms<strong>en</strong> (Iiisf. de la Monnaie Romaine, traduction de M. de Blacas,<br />

tome 1er, pp. 192, 493, 210, 360,) les attribue, sans hésitation., à la<br />

colonie romaine d'Ariminum, établie <strong>en</strong> 208, quinze ans après l'<strong>en</strong>tière<br />

<strong>des</strong>truction <strong>des</strong> Sénones. - La tête gauloise, sur ces monnaies,


- 13 -<br />

les noms de lieux ou de cours d'eau n'y ont aucun rapport avec ceux<br />

de la. mère-patrie, et c'est pur hasard si Bononia et S<strong>en</strong>a, les deux<br />

seuls que l'on puisse citer, prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t une faible ressemblance avec<br />

les ethniques Boii et Sénones 1.<br />

Après deux siècles de guerre et la création de colonies romaines<br />

sur divers points du territoire qu'on dit leur avoir appart<strong>en</strong>u , les<br />

Gadlois n'ont laissé, dans l'esprit <strong>des</strong> anci<strong>en</strong>s, que <strong>des</strong> notions con-<br />

fuses et contradictoires. Ainsi, Poinpeius Festus compr<strong>en</strong>d le Milanais<br />

dans le pays <strong>des</strong> Boï<strong>en</strong>s 2; Ptolémée donne aux Cénomans la ville<br />

de Bucrium 3 , voisine et dép<strong>en</strong>dante de Rav<strong>en</strong>ne 4; selon Verrius,<br />

Servius et Isidore de Séville , S<strong>en</strong>ones n'était pas le nom national<br />

<strong>des</strong>.Gaulois qui avai<strong>en</strong>t pris Borne, mais un surnom donné par les<br />

Romains 5. Florus, pour un certain temps, ne voit que <strong>des</strong> Sénonais<br />

dans tous les Gaulois; Sénonais taillés <strong>en</strong> pièces au bord de l'Anio<br />

<strong>en</strong> 361 Sénonais défaits, <strong>en</strong> 349, dans les marais poilons; Sénonais<br />

anéantis par Dolabella, <strong>en</strong> 283, près du lac de Vadimon, « afin, dit-<br />

» il, qu'il ne restât plus un seul homme de cette nation qui pût se<br />

ne serait donc qu'un souv<strong>en</strong>ir romain de victoires chèrem<strong>en</strong>t acquises.<br />

Ajoutons que l'as d'Ariminurn et ses subdivisions ne rappell<strong>en</strong>t <strong>en</strong> ri<strong>en</strong><br />

les monnaies de la Gaule , ni celles que l'on appelle pannoni<strong>en</strong>nes,<br />

tandis que, sauf la tète de l'Avers, elles sont id<strong>en</strong>tiques â celles fies autres<br />

villes de l'<strong>Italie</strong>, émises dans le même système.<br />

1. Il existait, <strong>en</strong> dehors (le l'influ<strong>en</strong>ce <strong>des</strong> 13oi<strong>en</strong>s, d'autres villes du<br />

nom de Bononia. Ptolémée (Gecyr. II', e. 45) <strong>en</strong> m<strong>en</strong>tionne une daims<br />

la Pannonie supérieure, et Ammieri Marcellin une seconde dans la Pannonie<br />

inférieure, â dix milles de Sirmium (XXT , 0); il y <strong>en</strong> avait deux<br />

autres, suivant M<strong>en</strong>telle (Gocyr. Âne, de l'Encyclopédie Méthodique),<br />

dans la Dacie ripuau'e et la haute Moesie. Il faut y ajouter la ville <strong>des</strong><br />

Morini, <strong>en</strong> Belgique, qui reçut le nom de Bononia sous les empereurs.<br />

Quant â la ville de S<strong>en</strong>a, qui. suivant Procope (GoUric. IV, 23), fut ajipelée<br />

S<strong>en</strong>ogallia par les Romains, M. Ern. Desjardins (Atlas Géogr. de<br />

l'<strong>Italie</strong> anci<strong>en</strong>ne, p. 38,) croit qu'elle portait ce nom étrusque avant<br />

l'arrivée <strong>des</strong> Gaulois Sénonais. On connaît, <strong>en</strong> Étrurie , une autre ville<br />

de S<strong>en</strong>a, dite S<strong>en</strong>a-Julia ; Pomponius Mela (il, c. 3) <strong>en</strong> cite une troisième<br />

<strong>en</strong> Macédoine, près du promontoire de Canasirée ; <strong>en</strong>fin, nous ne<br />

pouvons oublier File célébre de S<strong>en</strong>a, â l'extrémité occid<strong>en</strong>tale de la Gaule.<br />

2. Pompeius Festus, sub voce Boi<strong>en</strong>s age?.<br />

3. Ptolem. Geogr. Iii, C. 1.<br />

4. Strab. p. 214; Plin. UI, 15.<br />

5. Verrius.ap. Pomp. Festus , sub y . Scnonas C altos; Serins ad Virgil.<br />

Aincid. VIII, y . 656; lsid. ITispal. Etyrnol. LX, e. IJ, § 403.


- 14 -<br />

» glorifier de l'inc<strong>en</strong>die de Rome 1 .» Silins itali<strong>en</strong>s fait secotrr les<br />

Boï<strong>en</strong>s de l'armée d'Anuibal, h la bataille de la Trébie, par les Séno-<br />

nais 2 , complètem<strong>en</strong>t détruits , dit-on , depuis pins de soixante ails.<br />

Selon Tite-Live, il n'y avait dans la Cispadane , avant ].a<br />

romaine, que <strong>des</strong> Boï<strong>en</strong>s, <strong>des</strong> Lingons et <strong>des</strong> Sénonais 3 ; Strabon y<br />

ajoute<strong>des</strong> Gmsates, égalem<strong>en</strong>t établis à demeure 1, reconnaît que<br />

Je fond de la population était liguri<strong>en</strong> a , ce que >Polvbe , avant lui,<br />

avait déjà plus nettem<strong>en</strong>t déclaréQ Tite-Live attribue aux Gaulois<br />

de 1.1 une marine qui n'a.pu appart<strong>en</strong>ir qu'à <strong>des</strong> Liguri<strong>en</strong>s<br />

Fréquemm<strong>en</strong>t, le .norn de Gaulois est seul appliqué à (les peuples<br />

ligures pris isolém<strong>en</strong>t 8, ou joints à <strong>des</strong> Gaulois 9; nue rois seulem<strong>en</strong>t,<br />

Julius Obséqu<strong>en</strong>s m<strong>en</strong>tionne leur association sous le nom de<br />

Gaulois Liguri<strong>en</strong>s 10<br />

Une autre réflexion nous frappe: on ne voit pas qu'après la <strong>des</strong>-<br />

traction ou l'expulsion <strong>des</strong> Lingons, les Sénonais et <strong>des</strong> Boi<strong>en</strong>s, les<br />

Romains ai<strong>en</strong>t eu h s'occuper de repeupler le territoire considérable<br />

délaissé, dit-on, par.ees peuples. Il serait puéril, <strong>en</strong> effet, de croire<br />

qu'ils y ai<strong>en</strong>t pourvu par la création de, sept colonies qui, Strabon<br />

l'énonce assez clairem<strong>en</strong>t , étai<strong>en</strong>t comice noyées dans la population<br />

liguri<strong>en</strong>ne II, alors surtout que l'on sait le petit nombre d'hommes<br />

<strong>en</strong>voyés clans ces établissem<strong>en</strong>ts et le peu d'ét<strong>en</strong>due <strong>des</strong> terres con-<br />

cédées 1• Nous devons <strong>en</strong>core faire observer que le fait, si remar-<br />

4. Fieras, 1, 13.<br />

2. Su. Ital. TV, V. 159 —161:<br />

3. Tit,-Liv. V, 35.<br />

4. Strab. p. 212.<br />

5. Id. p . 216.<br />

6. Polyb. U, 16.<br />

7. Tit -L½. VII, 32.<br />

S. Aux Insnbres, •Libui et Salasses, que nous avons déj-à montrés qualifiés<br />

de Gaulois, nous pouvons ajouter les habitants (le Ciastidiutu, ville<br />

<strong>des</strong> Androri (Plutarcli. Marecti. 6), que Tite-Live (XXXiI, 20) reconnaîtpour<br />

Liguri<strong>en</strong>s les Salluves (Tit.-Liv.,.Epitoifl. liL, LX); les<br />

Taurisci (Strab. pp. 293. 296).<br />

9, Voir, <strong>en</strong>tre antres, Tite-Live, XXII, 10; XXXT, 21, 48; XXXV, 12;<br />

et cep<strong>en</strong>dant, il le dit lui-mème, (XXXVI, 39), «les guerres de Lignrie<br />

» avai<strong>en</strong>t toujours été hées à'celles de la Gaule; » Eutrope U, 3, etc.<br />

10. Jul. Obseq. c. 71.<br />

11. Strab. pp. 212, 216.<br />

12. 1° Ariminum, <strong>en</strong> 268; on ne connait ni te chiffre <strong>des</strong> colons, ni


quable pourtant, de l'expulsion <strong>des</strong> Boï<strong>en</strong>s, ti<strong>en</strong>t ,si peu de place<br />

dans l'histoire, que Tite-Live .lc passe sous sil<strong>en</strong>ce etqu'il est diffi-<br />

cile d'<strong>en</strong> préciser la date 1; qu'il.n'existe aucun docum<strong>en</strong>t concernant<br />

le motif et l'époque de ]a disparition (les Cénomans , ces constants<br />

alliés do Home , et qu'il ne fut pris aucune mesure pour repeupler<br />

leur pays, la colonie de Crémone, la seule fondée par les Romains<br />

dans la Transpadane , remontant à l'année 218 2.<br />

Parlons maint<strong>en</strong>ant de ce que l'on appelle les guerres <strong>gauloises</strong>.<br />

Nous n'avons de r<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts de quelque valeur, suries Gau-<br />

lois (le la Cisalpine, qu'à dater de leur marche sur Home, <strong>en</strong> 388 3.<br />

Or, depuis ce mémorable événem<strong>en</strong>t jusqu'à leur <strong>en</strong>tière expulsion<br />

de l'<strong>Italie</strong>, ces hommes, si farouches que, suivant Tite-Live, chacun<br />

redoutait leur voisinage 4, n'<strong>en</strong>treprir<strong>en</strong>t pas une seule campagne<br />

isolém<strong>en</strong>t; ils fur<strong>en</strong>t toujours associés à <strong>des</strong> nations itali<strong>en</strong>nes. Ainsi,<br />

la prise de Borne ne fut pas exclusivem<strong>en</strong>t leur (ouvre, mais bi<strong>en</strong> le<br />

résultat d'un accord <strong>en</strong>tre eux et les Celtes, comme le dit formelle-<br />

m<strong>en</strong>t l'empereur Juli<strong>en</strong> r,, et qu'ors eût pu le conclure du récit de<br />

l'ét<strong>en</strong>due du terrain concédé: la concession se composait, probablem<strong>en</strong>t,<br />

(le CC que Pline (III, 44) appelle le territoire gaulois autour d'Ariminum);<br />

2° S<strong>en</strong>a, nombre de colons et concession ignorés 3e Plac<strong>en</strong>tia, <strong>en</strong> 248,<br />

six mille colons; 4° Bononia, l'an 189 , trois mille personnes : les chevaliers<br />

reçur<strong>en</strong>t chacun 70 arp<strong>en</strong>ts et les autres colons 50; 5° Pisaure,<br />

l'an 485, chaque colon reçut six arp<strong>en</strong>ts ; 6° et 7°, Parme et Modène, <strong>en</strong><br />

183, reçur<strong>en</strong>t chacune deux mille hom,mes on donna 8 arp<strong>en</strong>ts par<br />

colon â Parme et 5 à ceux de Modène,<br />

4. Walck<strong>en</strong>aiir (Géogr. <strong>des</strong> Gau?es, 1, 149,) croit que les lloï<strong>en</strong>sse<br />

r<strong>en</strong>dir<strong>en</strong>t <strong>en</strong> l'année 492; Amédée Thierry (Hist. <strong>des</strong> Gaulois, édition<br />

in-42, 4858, tome 1, p. 309, fixe leur départ â l'année 490; de La Poile<br />

du Tlieil (traduction de Strabon, tome 2, p. 417, note 4,) croit que la<br />

transmigration ctei Boï<strong>en</strong>s ne fut absolum<strong>en</strong>t consommée qu'<strong>en</strong> 183,<br />

après l'établissem<strong>en</strong>t <strong>des</strong> colonies de Panne et de Modène. On sait., par<br />

Tite-Live (XXJ


- 46 -<br />

Diodore, lu sans idée préconçue 1; car cet histori<strong>en</strong>, dans un autre<br />

passage, ayant très-nettem<strong>en</strong>t distingué las Celtes <strong>des</strong> Gaulois d'Ita-<br />

lie ;ne pouvait, <strong>en</strong> cette circonstance, les avoir confondus.<br />

Nous trouvons une autre preuve de l'association <strong>des</strong> Celtes et <strong>des</strong><br />

Gaulois dans ],a prise de Borne, imaginée par Poly<strong>en</strong> 3, sans<br />

doute pour concilier les récits d'auteurs qui, à cette occasion , par-<br />

lai<strong>en</strong>t de deux peuples (lue de sou temps on croyait n'<strong>en</strong> former<br />

qu'un seul.<br />

Sous les années 361 , 360 et 359, Tite-Live m<strong>en</strong>tionne un meuve-<br />

ru<strong>en</strong>t <strong>des</strong> Gaulois, unis aux Herniques et aune fraction ait moins<br />

<strong>des</strong>Sabins, les Tiliurtes 4. Quelques années pins tard: <strong>en</strong> 350, sous<br />

le consulat de L. Cornélius Seipion et de M. Popilins Lénas, les<br />

Gaulois reparur<strong>en</strong>t <strong>en</strong> armes dans le voisinage de Rome Tite-Live<br />

prét<strong>en</strong>d que, cette fois, les Romains n'eur<strong>en</strong>t affaire qu'à <strong>des</strong> bûtes<br />

féroces et non à un <strong>en</strong>nemi latin ou sabin 5 ; mais, à la facilité avec<br />

laquelle les Gaulois pur<strong>en</strong>t gagner les monts Albains, s'y maint<strong>en</strong>ir<br />

une partie de l'hiver, tes quitter de leur propre mouvem<strong>en</strong>t, ravager<br />

impuném<strong>en</strong>t les plaines et le littoral , depuis l'embouchure du Tibre<br />

jusqu'au Pomptinuin 6, et ,après leur défaite, se retirer chez les<br />

Volsques, sur le territoire de Falerne , et <strong>en</strong>suite dans l'Apulie 7, il<br />

est évid<strong>en</strong>t qu'on cette circonstance ils étai<strong>en</strong>t d'accord avec les peu-<br />

ples latins, qui, à cette époque, Tite-Live le reconnaît, lui-même,<br />

s'étai<strong>en</strong>t détachés <strong>des</strong> Romains 8.<br />

Vers l'année 303, nous voyous les Gaulois, de concert avec les<br />

TyrrMni<strong>en</strong>s, ravager sans combat les campagnes de Rome et de ses<br />

1. Pied Sicul. XIV, M— 117.<br />

2. Id. édit. Didot, XXV, fragrn. XIII.<br />

3. Polyau. Sti'aiay. VIII, C. 7, § 2; C. 25, § t.<br />

4. Tit.-Liv. VI], 9 et seqq.<br />

5. Tit.-Liv. Vii, 24. Eutrop. tJ, 3, ne voit ici <strong>en</strong> lutte que <strong>des</strong> Romains<br />

et <strong>des</strong> Gaulois.<br />

6. Tit.-Liv. \'lI, 25.<br />

7. Id. VII, 26. Notons ici la facilité avec laquelle les Gaulois trouai<strong>en</strong>t<br />

un refuge chez les diverses nations itali<strong>en</strong>nes , facilité dont Tite-<br />

Live nous fournit d'autres preuves, sans s'apercevoir qu'<strong>en</strong> cela il est<br />

<strong>en</strong> contradiction avec ce qu'il dit (X, 10): ainsi, il rapporte VIl, 11)<br />

que les Gaulois passèr<strong>en</strong>t du pays <strong>des</strong> 'fibnrtes dans la Campanie et n'<strong>en</strong><br />

revinr<strong>en</strong>t que l'année suivante.<br />

8. Ti L.-Liv. VII, 25, 42.


- cl -<br />

alliés 1; quatre ans après, ils s'uniss<strong>en</strong>t aux Samnites; un peu plus<br />

tard, ils se joign<strong>en</strong>t ii ce nième peuple, aux Ombri<strong>en</strong>s et aux Tyrrhè-<br />

ni<strong>en</strong>s 3 ; puis, aux Lucani<strong>en</strong>s , Bruti<strong>en</strong>s et Tyrrljéni<strong>en</strong>s ; <strong>en</strong>fin <strong>en</strong><br />

283 et -28 , è ces derniers seuls . P<strong>en</strong>dant ces vingt années do<br />

guerres continuelles, les Sénonais étai<strong>en</strong>t disséminés dans la Tyrrhé-<br />

nie et surtout dans le Pic<strong>en</strong>uin . Polybe parait croire que, dans ce<br />

laps de temps, une campagne spéciale fut dirigée contre eux, et<br />

qu'après les avoir eiterminés, Manius Curies s'empara (le leur pays :<br />

c'est une erreur, car Cicéron, Aurélius Yietor, Flores, Eutrope, Fron-<br />

tin et Orose , de même quo l'auteur <strong>des</strong> Epi.tome de ite-Live et les<br />

marbres capitolins , n'attribu<strong>en</strong>t 5 Mani us Curi us eue <strong>des</strong> batailles<br />

contre les Samnites et les Sabins, CL ne fout aucune m<strong>en</strong>tion <strong>des</strong><br />

Gaulois, qui n'y ont, par conséqu<strong>en</strong>t, pris part qu'<strong>en</strong> qualité d'auxi-<br />

liaires 8. Ce qui prouve <strong>en</strong>core que les Sénonais n'étai<strong>en</strong>t pas 1'ob-<br />

4. Polyb. JJ, 10.<br />

2. Ibid.<br />

3. Tit.-Liv. X, 21,26-30; Ores. III, e. 21; Pied. Sica]. XXi, frag. VI.<br />

4. Ores. lii, e. 22.<br />

5. Polyb. 11, 20 ; Appian. Do relias Cetlicis, fragm. XI, et De relias<br />

Samnit. fragm. VI. -<br />

G. Appian, les deux mômes fragm<strong>en</strong>ts, et fileras, 1, 13. Quoique dis<strong>en</strong>t<br />

les anci<strong>en</strong>s, et notamm<strong>en</strong>t Appi<strong>en</strong>, il est clair que les Sénonais<br />

ti<strong>en</strong>t jamais eu, dans le Pie<strong>en</strong>urn, que <strong>des</strong> stations temporaires. comme<br />

dans.la Tyri'liénie où on ne tour attribue aucune ville. Si Pisaure avait<br />

appart<strong>en</strong>u aux Sénonais, les Romains n'aurai<strong>en</strong>t pas att<strong>en</strong>du un siècle<br />

après leur <strong>des</strong>truction pour y conduire une colonie.<br />

7. Polyb. 11, 19, 20.<br />

8. Cicero, Cote PIeje,, seu De &mcclmUe, § 16 ; Aurel. Victor De<br />

vins -iiim(strib. cap. 33 ; Flerus , 1, 1F); Eutrop 11, 5; Frontin. Sli'atog.<br />

Jçe. 8, § 4; IV. C. 3, § 12; Paul. Ores. 111, C. 22; 'fit-Lit Jilpitom.<br />

lUi. X] ; Fasti Ca2;ite1. cdli. G. Baiterus, Tuilci, 1838:<br />

N'. Curius W. f. M'. n. D<strong>en</strong>tatus Cos. de Samnitibus. An. Cl)LXrÏI.<br />

M'. Curius W. f. N'. n. D<strong>en</strong>tales Il. Cos. (le Sahincis. An. CDLXIII.<br />

Il résulte <strong>des</strong> passages indiqués ci-<strong>des</strong>sus de 1"lerus , Entrepe et Auréflue<br />

Victor, que partie <strong>des</strong> Sabins cl Samnites soumis par M'. Carias<br />

]J<strong>en</strong>tatus, étai<strong>en</strong>t <strong>des</strong> Pic<strong>en</strong>tins, puisqu'il poussa, dis<strong>en</strong>t-ils, ses conquètes<br />

jusqu'à l'Adriatique. Comme tes Samnites , leurs voisins, • Les Pic<strong>en</strong>tins<br />

<strong>des</strong>c<strong>en</strong>dai<strong>en</strong>t <strong>des</strong> Sabins, et recevai<strong>en</strong>t paribis ce dernier nom ou celui<br />

de Sainnilus : ainsi, Florus et Orose ne voi<strong>en</strong>t que <strong>des</strong> Salins dans les<br />

peuples vaincus P" M'. Cuilus ; Lulrope et Aurélius \'icter que <strong>des</strong><br />

Samnites. Plusieurs siècles avant eux Scylax (Périple, § 15, 16) attribuait<br />

aux Samnites tout Je littoral de l'Adriatique 1 depuis la .Japygie<br />

jusqu'au pays <strong>des</strong> Ombri<strong>en</strong>s,


- 4 .8 -.<br />

jectif de cette guerre, c'est que la plus anci<strong>en</strong>ne (les colonies romaines<br />

dans l'est de la Cisalpine, celle d'Ariminum , ne fut conduite qu'<strong>en</strong><br />

268, vingt-deux ans après les campagnes de M'. Curius qu'il fallut<br />

auparavant recomm<strong>en</strong>cer la bitte et vaincre les Piccntins 1 , et que<br />

c'est au prix de nouvelles victoires sur le même peuple que, tr<strong>en</strong>te-<br />

six ans plus tard, <strong>en</strong> 232, les Romains parvinr<strong>en</strong>t à fonder la colonie<br />

de S<strong>en</strong>a 2 A l'appui de l'origine pic<strong>en</strong>tine de ces deux colonies,<br />

nous ferons remarquer que les Gaulois ôtai<strong>en</strong>t complètem<strong>en</strong>t étran-<br />

gers aux hostilités qui <strong>en</strong> provoquèr<strong>en</strong>t la fondation , car, Polybe<br />

nous l'appr<strong>en</strong>d, après leur double défaite, <strong>en</strong> 983 et 282, les Gaulois<br />

4. VelI. Paterculus, I, 44. On lit dans l'epitome du livre 4 de Tite-<br />

Live « On donne la paix aux Pic<strong>en</strong>tins vaincus. On établit deux cola-<br />

» nies, l'une à Ârisninv.m., dans le Pic<strong>en</strong>Un ; l'autre A Bénév<strong>en</strong>t, dans<br />

» le Samniuin. »<br />

Les marbres capitolins fourniss<strong>en</strong>t les deux inscriptions suivantes, qui<br />

achèv<strong>en</strong>t de trancher la question<br />

P. Sempronius P. f. P. n. Sophus Cos. de Peie<strong>en</strong>tibus, An. CMXCV.<br />

ilp. Gtaudius Ay;. f. C. n. Crassus RuCus. Cos de Peic<strong>en</strong>tibus. Au. CDflCV,<br />

2. On lit dans Polybe (11, 19) qu'après les victoires de M'. Carlos, les<br />

Romains fondèr<strong>en</strong>t leur première colonie de la Gaule A S<strong>en</strong>es, ainsi<br />

nommée <strong>des</strong> Gaulois, qui l'occupai<strong>en</strong>t auparavant; mais l'epitome du<br />

livre XI de 'lite-Lire porte « Le consul Cinius Dcntatus triomphe deux<br />

• fois dans le même consulat, comme vainqueur <strong>des</strong> Samnites et pour<br />

• avoir soumis les Sabins rebelles. Colonies conduites à Castrnm , A<br />

• Scan, à lladtin; » et c'est seulem<strong>en</strong>t dans le livre suivant qu'il est<br />

question de guerre contre les Sérronais. L'auteur <strong>des</strong> Epitomc et Tite-<br />

Live regardai<strong>en</strong>t donc S<strong>en</strong>a comme une ville <strong>des</strong> Sabins ou <strong>des</strong> Samnites.<br />

Paterculus (J, 14) ne fait pas m<strong>en</strong>tion de la colonie de S<strong>en</strong>a, et<br />

(lit que celles de Castrum et de Firmum fur<strong>en</strong>t conduites au coinin<strong>en</strong>cern<strong>en</strong>t<br />

de la première guerre punique, c'est—à-dire, nu plus tôt, <strong>en</strong> 264.<br />

La véritable date de la colonie de S<strong>en</strong>a nous parait ressortir <strong>des</strong> docum<strong>en</strong>ts<br />

suivants « Le consul T. Sempronius Gracchus (anné(! 238) étajit<br />

» rangé <strong>en</strong> bataille contre les Pic<strong>en</strong>tins, tout-à-coup la terre trembla,...<br />

» il attaqua les Pic<strong>en</strong>tins et les délit. s Frontin. Strateq. I, cap. 1 ,2, g 3.<br />

Or, c'est précisém<strong>en</strong>t l'année suivante que finit la paix gardée par les<br />

Gaulois depuis quarante-cinq ans, et l'on sait que sous le consulat de<br />

Marcus Lepidus, c'est-à-dire <strong>en</strong> 232, les Romains divisèr<strong>en</strong>t <strong>en</strong> lots k<br />

pays <strong>des</strong> Piccntins, d'où ils avai<strong>en</strong>t, dit Polybe (II, 24), A qui nous empruntons<br />

ce r<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t, chassé par leurs victoires les Gaulois Sénonais.<br />

- Ce pèssage ne peut évidemm<strong>en</strong>t se rapporter qu'à S<strong>en</strong>a et à sa<br />

colonisation , puisqu'il n'y eut dans la Cispadane que les sept colonies<br />

m<strong>en</strong>tionnées plus haut, et que la date de 232 ne peut s'appliquer à aucune<br />

<strong>des</strong> six autres.


- 49 -<br />

avai<strong>en</strong>t conclu, avec les Romains, une paix qui dura quarante-cinq<br />

ans I . On sait d'ailleurs, par l'auteur <strong>des</strong> Epitome de Tite-Lite,<br />

qu'À rinunutu était une ville du Pic<strong>en</strong>utu , et un passage de Polybe<br />

nous démontre qu'il <strong>en</strong> litait de même de S<strong>en</strong>a &<br />

A partir de l'an 237, les Gaulois reparaiss<strong>en</strong>t <strong>en</strong> armes , et, p<strong>en</strong>-<br />

dant une terrible lutte qui dura <strong>en</strong>viron nu demi-siècle et fut la ler-<br />

fière alaquelle ils prir<strong>en</strong>t part <strong>en</strong> <strong>Italie</strong> , Tite-Live nous <strong>en</strong> donne<br />

l'assurance, ils fur<strong>en</strong>t constamm<strong>en</strong>t associés aux nations liguri<strong>en</strong>nes 4.<br />

De tout ce qui précède, on pourrait déjà tirer la conclusion que<br />

les Gaulois d'<strong>Italie</strong> n'ont été quee <strong>des</strong> troupes étrangères soudoyées<br />

niais il est <strong>en</strong>core d'autres preuves ii l'appui de cette proposition<br />

Polyhe l'eus appr<strong>en</strong>d , par exemple, quo les Gaulois demeurant au-<br />

delà <strong>des</strong> Alpos, vers le Uliéne et le Nord, étai<strong>en</strong>t <strong>des</strong> Gmsates, c'est-<br />

à-dire <strong>des</strong> merc<strong>en</strong>aires, auxquels on donnait égalem<strong>en</strong>t le cont de<br />

Transalpins , et ' puisqu'il ne reconnait pas deux catégories de<br />

Transalpins, il faut nécessairem<strong>en</strong>t compr<strong>en</strong>dre parmi les Goesates<br />

non-seulem<strong>en</strong>t la grande armée d'Anéroeste et celle de Virdomare,<br />

auxquelles il donne lui-même cette qualification , mais <strong>en</strong>core tous les<br />

Gaulois Transalpins <strong>en</strong>trés <strong>en</strong> <strong>Italie</strong> postérieuràin<strong>en</strong>t aux Sénonais .<br />

Il faut égalem<strong>en</strong>t compr<strong>en</strong>dre , parmi les Gmsate , les Sénonais<br />

les Boi<strong>en</strong>s et les Cénomans, c'est-à-dire tous ceux que l'on prét<strong>en</strong>d<br />

1. Polyb. lI, 20, 21.<br />

2. Tit.-Liv. .Epitosn. 11h. XV.<br />

3. Polyb. J!, 2, dans te passage transcrit à la page précéd<strong>en</strong>te, note 2.<br />

4, Tit.-Liv. XXXVI, 30; Fterus, 11,3.-11 est fort remarquable que<br />

l'année où les Romains attaquèr<strong>en</strong>t pour la première j'ois les Ligu]i<strong>en</strong>h,<br />

fut aussi cette qui vit finir ta paix et l'alliance <strong>des</strong> Romains et <strong>des</strong> Catilois.<br />

Comm<strong>en</strong>cée <strong>en</strong> 282, après la seconde défaite <strong>des</strong> Boï<strong>en</strong>s, elle dura<br />

quarante-cinq ans, finissant <strong>en</strong> 237 (Pot±b. 11. 20, 21) or, on lit dans<br />

Eutrope (lii, 1) que, sous le consulat de L. Coroélius L<strong>en</strong>tutus et de<br />

Fulvius Flaccus (237), on fit la guerre aux Ligures <strong>en</strong> <strong>Italie</strong> et l'<strong>en</strong> <strong>en</strong><br />

triompha. Les marbres capitolins fourniss<strong>en</strong>t l'inscription confirmative<br />

suivante<br />

P. Cornelius L. / Ti. n. L<strong>en</strong>tulus Caudi,itis Co q . de Ligurbns. An. DX VII<br />

idib. I,i.tercal.<br />

5. Polyb. II, 15, 22.'<br />

G. PolyB. ]1,23— 31, 34; P]utareh. Mas-cet!, § 3. 6, 1, 8.<br />

7. Tit.-Liv. XXI, 30. Polyb. II. 19, m<strong>en</strong>tionne l'<strong>en</strong>trée de Transalpins<br />

<strong>en</strong> <strong>Italie</strong> 85 ans après la prise de Home. soit vers l'an 303 ; il cite, <strong>en</strong><br />

outre (11, 21), une autre armée di, Transalpins qui, <strong>en</strong> 237, vint jusqu'à<br />

la ville d'Arimjnum,


- • 0 -<br />

avoir fondé dans la péninsule un État indép<strong>en</strong>daiit. Ï1 résulte, <strong>en</strong><br />

effet, <strong>des</strong> docum<strong>en</strong>ts anci<strong>en</strong>s, que, dès l'année 298, par conséqu<strong>en</strong>t<br />

bi<strong>en</strong> ayant la grande lutte qui détermina les Liguri<strong>en</strong>s à appeler<br />

de nouvelles ban<strong>des</strong> transalpines, tous les peuples de l'<strong>Italie</strong> sa-<br />

vai<strong>en</strong>t que les avinées <strong>gauloises</strong> campées dans la Cisalpine étai<strong>en</strong>t h<br />

la disposition de qui voulait les pa yer , et ils les achetai<strong>en</strong>t chèremont<br />

; témoins les Tyrrhéni<strong>en</strong>s , qui <strong>en</strong> cette même année, fur<strong>en</strong>t<br />

réduits à subir leurs dures exig<strong>en</strong>ces 2 C'est égalem<strong>en</strong>t à prix d'ar-<br />

g<strong>en</strong>t que les Gaulois soutinr<strong>en</strong>t, peu après , tes Samnnites et leurs<br />

alliés 3; puis les Romains eux-mêmes, dont la fierté s'abaissa jusqu'à<br />

payer le secours<strong>des</strong> Sénonais 4 , qu'ils considérai<strong>en</strong>t eep<strong>en</strong>danteommnc<br />

leurs plus mortels <strong>en</strong>nemis 5 , et <strong>en</strong>fin les Carthaginois, que, dans le<br />

milieu du nie les Gaulois suivir<strong>en</strong>t <strong>en</strong> Sicile et Pli Afrique 6.<br />

Il est si vrai que tous les Gaulois de l'<strong>Italie</strong> n'étai<strong>en</strong>t que <strong>des</strong><br />

Gfesatcs, qu'on les vit , tour-h-tour, combattre et sout<strong>en</strong>ir les Tyr-<br />

rhéni<strong>en</strong>s 7, et, s'ils fur<strong>en</strong>t généralem<strong>en</strong>t fidèles é la cause <strong>des</strong> nations<br />

liguri<strong>en</strong>nes et à celle <strong>des</strong> Ca rtha gi no j s , l'li ïstoi re li<strong>en</strong>s les montre<br />

souv<strong>en</strong>t, Sénonais ,Boi<strong>en</strong>s CL Cénouians , flottant indécis <strong>en</strong>tre ces<br />

• peuples et les Romains, leurs <strong>en</strong>nemis, passant d'un parti dans l'autre<br />

pour ,un salaire plus élevé, et fréquemm<strong>en</strong>t divisés par l'intérèt<br />

s'<strong>en</strong>tre-tuant dans (les camps opposés<br />

8 -<br />

1. Tit.-Liv. X, 40, 13, 48.<br />

2.<br />

Tit.-Liv. X ,40, appelle ce marché h prix d'arg<strong>en</strong>t une alliance, ce<br />

qui laisse soupçonnerque d'autres alliances citées par liii ont pli avoir été<br />

conclues égalem<strong>en</strong>t moy<strong>en</strong>nant finance.<br />

3. Tit.-Liv. X, 18, 21.<br />

4. Appian.De Smnnnit. frng.Vt;DeGclticis,frag.XI;TaCit. Ann.XT,24.<br />

5. Diohys. Jialic. édit. Ang. Mai, XVIII, 5.<br />

6. Polyb. 1, 77 (vers l'année 240); Appinn. Punie. 5, 7, 47, 40, 44, 59 -<br />

7. Tit.-Liv. V, 34, 35, nous montre les Gaulois combattant les Tyrrbéni<strong>en</strong>s<br />

au comm<strong>en</strong>cem<strong>en</strong>t du v ie siècle ; les hostilités durai<strong>en</strong>t <strong>en</strong>core<br />

<strong>en</strong>tre eux deux siècles plus tard, <strong>en</strong> l'année 388. oû nous les retrouvons<br />

faisant le siège de Clusium (Tit.-Liv. V,33, 35, 36), et mémo <strong>en</strong> 209<br />

•Ç.lit.-Liv. X, 10); <strong>en</strong>fin, l'armée. d'Anéroeste pilla la Tyrrhénie <strong>en</strong> 225<br />

(Polyb. 11, 25, 26). D'un antre cOté, Appian De Sammtit. fragmn. VI;<br />

Polyb. U, 49, 20; Tit.-Liv. X, 21, 26-30, nous montr<strong>en</strong>t <strong>des</strong>Céulois<br />

servant, à diverses époques, clans les armées t.yrrliéni<strong>en</strong>ncs.<br />

8. 'Fit-Lit XXI, 25,39,48,52,53,55,50; XXII, 1,04; XXIII, 44;<br />

:XXVII, 38; XXIX, 5; XXXII, 28, 20, 30; XXXVI, BO i Polyb. I, 77,<br />

10, 80, 85; 11,7,20,21,23.24; III, 40, 05, 07; Frontin. Sb'atag. III,<br />

e. 46, § 2, 3 Eutrop. 111,4; Appian. les deux fragm<strong>en</strong>ts déjà cités.


-<br />

Des faits aussi concluants ne laiss<strong>en</strong>t aucune incertitude sur le<br />

mobile qui fit accourir les premiers Gaulois à l'appel <strong>des</strong> peuples<br />

révoltés contre le joug tyrrhéni<strong>en</strong> : comme les Gsates qui contri-<br />

huèr<strong>en</strong>t à la prise de ilorne 1 et qu'on essaierait vainem<strong>en</strong>t de distinguer<br />

(les Sénonais comme ceux qui, peu de mois après cet événein<strong>en</strong>t,<br />

offrir<strong>en</strong>t leur épée à D<strong>en</strong>ys de Syracuse 2, tous servir<strong>en</strong>t <strong>en</strong><br />

<strong>Italie</strong> pour un salaire, comme les Gaulois (Io l'Europe c<strong>en</strong>trale, leurs<br />

compatriotes,— nous le prouverons tout-à-l'heure , -servir<strong>en</strong>t plus<br />

tard dans les armées <strong>des</strong> rois d'Èpire et de Macédoine et dans celles<br />

(les FOIS de l'Ori<strong>en</strong>t 3.<br />

Le vrai rôle <strong>des</strong> Gaulois d'italie ainsi reconnu , toutes les obscurités<br />

s'éclairciss<strong>en</strong>t , les anomalies que nous avons signalées s'expliqu<strong>en</strong>t<br />

d'elles-mêmes: il devi<strong>en</strong>t évid<strong>en</strong>t que Lingons, Sénonais, Boi<strong>en</strong>s et<br />

Cûuornans quittèr<strong>en</strong>t la Péninsule au fur et à mesure quo les cou-<br />

quêtes romaines r<strong>en</strong>dir<strong>en</strong>t leurs services inutiles , et qu'ils pur<strong>en</strong>t<br />

partir sans laisser de traces, sans môme (lue leur départ fût un évé-<br />

nem<strong>en</strong>t considérable.<br />

1. Strab. p. 212. Ces Gmsates, qui, suivant le grand géographe, vivai<strong>en</strong>t<br />

dans la Cispadane avec les Sénonais, se confondai<strong>en</strong>t si bi<strong>en</strong> avec ces<br />

derniers, qu'aucun autre auteur ne les <strong>en</strong> a distingués.<br />

2. lustin, qui nous fournit ce r<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t, déclare (XX, 5) que<br />

c'étai<strong>en</strong>t ceux qui avai<strong>en</strong>t livré Reine aux flammes, c'est-à-dire les Sénonais,<br />

les iloi<strong>en</strong>s et les Cénomans, ainsi qu'on peut l'inférer de Polybe<br />

(U, 18) et que le dit, positivem<strong>en</strong>t Diodore (le Sicile (KIT, tU), qui ne<br />

partageait pas â ce sujet le doute exprimé par Tite-Live (V, 35).<br />

3. Justin. XXJV, 41 5 XXV. 1, 2; XXXII, 3; Ptutarch Pyrrh. 20,<br />

32 ; Polyb. II, 05,; V. 3 XXVI, fragm. VI, edit. Didot; Pied. Sicul.<br />

Xxii, fragm. V, 2, edit,. Didot. Les Gaulois servir<strong>en</strong>t aussi dans l'ai'niée<br />

rhodi<strong>en</strong>ne, contre Philippe de Macédoine (Tit.-Liv. XXXIII, 18).-<br />

Florus rapporte (III, 3) que les Gimbres , les Teutons et les Tigurins<br />

fir<strong>en</strong>t demander au peuple romain, â titre de solde, quasi stiqeizdinm,<br />

quelque territoire, promettant, à cette, condition, d'employer leurs bras<br />

et leurs aimes à son service. - Remarquons que c'est durant les quarante-cinq<br />

années de paix <strong>en</strong>tre les Bomainset les Boï<strong>en</strong>s, eu plutôt les<br />

peuples (lue ces derniers assistai<strong>en</strong>t, que l'on vit <strong>des</strong> armées <strong>gauloises</strong><br />

se répandre <strong>en</strong> Epire, <strong>en</strong> Crèee, <strong>en</strong> Macédoine, <strong>en</strong> Thrace et <strong>en</strong> Ori<strong>en</strong>t..<br />

Il nous parait probable que, dans ce laps de temps, les Boi<strong>en</strong>s abandonnèr<strong>en</strong>t<br />

l'<strong>Italie</strong>, oit ils ne trouvai<strong>en</strong>t plus â s'employer, pour se joindre,<br />

dans les pays ci-<strong>des</strong>sus désignés, â <strong>des</strong> partisans appart<strong>en</strong>ant â d'autres<br />

Peupla<strong>des</strong> de la famille gauloise. On pourrait peut-être retrouver une<br />

trace (le cette association dans le nom de Tolisto-J3oi, sous lequel était<br />

connue l'une <strong>des</strong> tribus <strong>gauloises</strong> qui se fixèr<strong>en</strong>t <strong>en</strong> Asie.


- -<br />

Nous l'affirmons donc <strong>en</strong> toute assurance, il n'y eut jamais, <strong>en</strong><br />

<strong>Italie</strong>, ni État gaulois, ni guerres auxquelles on puisse, avec exacti-<br />

tude, donner le nom de guerres <strong>gauloises</strong>. Au reste , Cieôron le re-<br />

connaissait implicitem<strong>en</strong>t , mais Li<strong>en</strong> nettem<strong>en</strong>t, lorsque, longtemps<br />

après la conquête de ce que les Ilomains appelèr<strong>en</strong>t la Gaule Cisal-<br />

pine, il- disait au Sénat: « C'est sous le commandem<strong>en</strong>t (le Csar que<br />

» nous avons porté la guerre chez les Gaulois jusqu'alors, nous les<br />

» avions seulem<strong>en</strong>t repoussés. De tout temps , nos généraux ont<br />

» plutôt songé à réprimer les agressions de ces peuples, qu'à leur<br />

ii r<strong>en</strong>dre attaque pour attaque 1 . » - La môme p<strong>en</strong>sée se retrouve<br />

dans ce passage (l'un discours de l'empereur Glande, rapporté par<br />

Tacite « Et cep<strong>en</strong>dant rappelons-nous toutes les guerres aucune<br />

» ne fut plus promptem<strong>en</strong>t terminée que celle <strong>des</strong> Gaulois 2 » Il est<br />

évid<strong>en</strong>t que, pour Cicéron et Tacite, bine n'avait eu de guerre vé-<br />

ritablem<strong>en</strong>t gauloise que les . neuf années de campagnes dirigées par<br />

César au nord-ouest <strong>des</strong> Alpes.<br />

Mais, s'il n'y eut pas d'État gaulois <strong>en</strong> <strong>Italie</strong>, comm<strong>en</strong>t expliquer<br />

le nom de Gaule donné û une partie de ce pays?<br />

Dans l'ouvrage dont cette étude n'est qu'un fragm<strong>en</strong>t remanié, la<br />

réponse û cette objection nous est facile, att<strong>en</strong>du qu'avant (l'y arriver<br />

nous avons justifié, par <strong>des</strong> citations nombreuses empruntées aux<br />

écrivains dc l'antiquité, que les Celtes et les Gaulois -étai<strong>en</strong>t deux<br />

peuples bi<strong>en</strong>'distincts , et démontré l'exist<strong>en</strong>ce, <strong>en</strong> Ibérie, <strong>en</strong> Aqui-<br />

taine, dans la Narbonnaise, 111e de Bretagne et l'italie, d'une race<br />

primitive à laquelle les auteurs anci<strong>en</strong>s donn<strong>en</strong>t indifféremm<strong>en</strong>t les<br />

noms de Ligures ou de Celtes, race qui, - nous le prouverons dans<br />

ce même ouvrage,- a fourni les premiers habitants de l'Europe<br />

<strong>en</strong>tière. - -<br />

Quoique l'impossibilité de reproduire ici cette volumineuse partie<br />

de la discussion nous prive de bi<strong>en</strong> <strong>des</strong> argum<strong>en</strong>ts utiles, nous croyons<br />

cep<strong>en</strong>dant pouvoir répondre à l'objection. -<br />

Polybe, histori<strong>en</strong> consci<strong>en</strong>cieux, précis et correct, parle longue-<br />

m<strong>en</strong>t <strong>des</strong> Gaulois à propos de leurs expéditions <strong>en</strong> Grôee, <strong>en</strong> Thrace,<br />

<strong>en</strong> Asie , et de leur interv<strong>en</strong>tion clans les affaires de l'Epire et de la<br />

Macédoine, et, quoique leur nom se retrouve très-fréquemm<strong>en</strong>t sous<br />

su plume, souv<strong>en</strong>t môme plusieurs fois <strong>en</strong> quelques lignes, jamais il<br />

1. Cicero. Oratio de Provinciù Conswlarib. 13, traduct. Guérouit<br />

2. Tacit, Anjial, XI, 24. -


- 23 -<br />

ne leur donne le nom de Celtes; c'est toujours, sans une soûla excepflou,<br />

celui de Galates qu'il emploie I<br />

C'est égalem<strong>en</strong>t le seul nom qu'il donne aux deux mille hommes<br />

qui, sous ],a d'Autarite , servir<strong>en</strong>t <strong>en</strong> Afrique dans l'armée<br />

d'Amilcar et se liguèr<strong>en</strong>t <strong>en</strong>suite contre Carthage avec tes autres<br />

merc<strong>en</strong>aires 2<br />

Si les Gaulois avai<strong>en</strong>t eu réellem<strong>en</strong>t droit au nom de Celtes, Polybe<br />

n'ont pu se disp<strong>en</strong>ser de nous dire pourquoi, ne l'appliquant jamais<br />

ceux dont nous v<strong>en</strong>ons de parler, il semble l'employer de préfé-<br />

r<strong>en</strong>ce pour désigner les Gaulois de l'<strong>Italie</strong> ; et, puisqu'il ne nous<br />

fournit ii ce sujet aucune explication nous devons croire que les<br />

Celtes et les Gaulois fur<strong>en</strong>t toujours pour lui <strong>des</strong> peuples différ<strong>en</strong>ts.<br />

L'exist<strong>en</strong>ce simultanée <strong>des</strong> Celtes et <strong>des</strong> Gaulois <strong>en</strong> <strong>Italie</strong> est, au<br />

reste, affirmée par plusieurs écrivains de l'antiquité.<br />

L'empereur Juli<strong>en</strong> s'exprime ainsi (lins soir Panégyrique<br />

de Constance, « C'est ici, selon moi , l'occasion de rappeler le<br />

souv<strong>en</strong>ir de Rome, livrée jadis à une semblable fortune, quand les<br />

» Gaulois et les Celtes , conspirant sa perte , se sont jetés sur elle<br />

» comme un torr<strong>en</strong>t inatt<strong>en</strong>du 3. u<br />

Eusèbede Césarée dit. égalem<strong>en</strong>t: « Les Celtes et les Gaulois s'cm-<br />

u parèr<strong>en</strong>t de Rome, moins le Capitole 4. u<br />

Diodore de Sicile ,rapportant les événem<strong>en</strong>ts de l'année 225, est<br />

<strong>en</strong>core pins explicite « Les Celtes, unis aux Gaulois pour faire la<br />

» guerre aux Romains, ayant rassemblé deux c<strong>en</strong>t mille hommes<br />

» remportèr<strong>en</strong>t la victoire dans deux batailles successives, dont l'une<br />

u coûta la vie à l'un <strong>des</strong> deux consuls. De leur côté, les Romains<br />

» avai<strong>en</strong>t sept c<strong>en</strong>t mille hommes d'infanterie et soixante-dix mille<br />

u de cavalerie Vaincus aux deux premiers combats, ils obtinr<strong>en</strong>t<br />

une victoird complète dans le troisième, jetèr<strong>en</strong>t sur le carreau<br />

» quarante mille hommes et Cir<strong>en</strong>t prisonniers le reste de l'armée<br />

1. Polyb. édit. Didot, 1,6; 11, 5,7; 35, 65; 111,3; IV, 45, 48, 52;<br />

V, 3, 17, 53, 65, 77, 78, 79, 82, 111; VIII, 24; IX, 35; XI, I; XViII,<br />

24; XXI, 4 ; XXII, 16, 18, 20, 21, 22,24,27; XXV, 4; XXVI, 9;<br />

XXIX, I h, O d; XXX, 4, 2, 3, 17; XXXI', 2,3,0,9,12, 13; XXXII, 5.<br />

2. PolyL. 1, 77,80.<br />

3, Ti'a,Iuct. E. Talbot; voir <strong>en</strong>core le 30 du mémo Panégyrique.<br />

4. Euseb. Painphil. chronicor. canon. edit. kugei. Maï et lob. Zohralj.<br />

titi. II, p. 843.— Aristote, dans Plutarque (Camille, § 22,) avait <strong>en</strong>t<strong>en</strong>du<br />

-parler de la prise do Reine par les Celtes.<br />

----u


L<br />

- -<br />

» <strong>en</strong>nemie. Des deux plus remarquables chefs de cette armée, le<br />

» premier roi <strong>des</strong> Gaulois, se coupa la gorge; le second fut pris<br />

» vivant. - A la suite de cette victoire, Emilius, nommé proconsul,<br />

» fit <strong>des</strong> incursions chez les Celtes et chez les. Gaulois, s'y r<strong>en</strong>dit<br />

» maître de plusieurs villes ou forteresses, et remplit Rome <strong>des</strong> dé-<br />

» poules qu'il recueillit dans ces expéditions l• »<br />

Enfin, les citations suivantes, empruntées aux trois poètes Simylus,<br />

Silius Itali<strong>en</strong>s et Nonnes (le Panopolis, attest<strong>en</strong>t <strong>en</strong>core la dualité<br />

<strong>des</strong> Celtes et <strong>des</strong> Gaulois <strong>en</strong> Balle<br />

« Ni les Boï<strong>en</strong>s, ni les innombrables nations <strong>des</strong> Celtes .......2.<br />

cc Prjnis aux Celtes, permis aux l3oï<strong>en</strong>s de recomm<strong>en</strong>cer une guerre impie 3.»<br />

L'Eridan ne submerge pas le Galate, il ne devi<strong>en</strong>t pas le tombeau du Celte 4.»<br />

Rev<strong>en</strong>ons maint<strong>en</strong>ant h Polybe il nous dira quel fut 1e rôle de<br />

chacune de ces deux nations dans les longs rapports qu'elles eur<strong>en</strong>t<br />

<strong>en</strong>semble, et lieus permettra d'<strong>en</strong>trevoir les motifs qui fir<strong>en</strong>t donner<br />

le nous de Gaule au bassin de Poilus.<br />

Avant de comm<strong>en</strong>cer le récit de la seconde guerre punique, Polybe,<br />

esquisse à grands traits le pays qui fut le théâtre <strong>des</strong> plus brillantes<br />

campagnes d'Anribal et son histoire antérieure ; il rapporte que les<br />

Celtes, voisins <strong>des</strong> T y rrhéni<strong>en</strong>s, arrachèr<strong>en</strong>t à ces derniers les plaines<br />

que traverse le Patios, et si, dans le mouvem<strong>en</strong>t considérable qui se<br />

fit alors, il indique les positions prises successivem<strong>en</strong>t par les Céno-<br />

maus, les Boi<strong>en</strong>s, les Lingons cl les Sénonais, il semble oublier leur<br />

non de Gaulois et ne s'occupe que <strong>des</strong> Celtes 1. Les peuples qu'il<br />

nous montre <strong>en</strong> lutte coutre la République, iirciiiiit home, ravageant<br />

tr<strong>en</strong>te ans après le territoire d'Alhe et rev<strong>en</strong>ant à la charge dohze<br />

ans plus tard, sont tous <strong>des</strong> Celtes. C'est à l'occasion de la dernière<br />

de ces <strong>en</strong>treprises que parait pour la première fois, dans son récit,<br />

le nom de Gaulois 7 , et si, h partir de ce mom<strong>en</strong>t, on l'y retrouve fré-<br />

quemm<strong>en</strong>t, c'est qu'à mesure le l'affaiblissem<strong>en</strong>t et <strong>des</strong> défaillances<br />

<strong>des</strong> nations celtiques, arriv<strong>en</strong>t de par delà les Alpes de nouvelles ci<br />

nombreuses armées <strong>gauloises</strong> qui support<strong>en</strong>t presque tout le poids<br />

t, Diod. Sieul. edit. Didot, XXV, fragm. 43 (traduction Miel).<br />

2. Simylus Plutareh. Romul. § 17.<br />

3. SU. ltd. XI, y . 28, 29.<br />

4. Nonnes, Bacchus, liv. XXIII, trad. de Marcellus, H. in-12, t. 4, p. .<br />

5. Polyb. II, § 14 et seqq.<br />

6. Id. lI, 17.<br />

7. Id. II, 18.


- 25 -<br />

de la guerre et cep<strong>en</strong>dant, il est facile de le reconnaître, notre his-<br />

tori<strong>en</strong> tes laisse toujours sur le second plan, comme de simples auxi-<br />

liaires étrangers à la direction <strong>des</strong> affaires. Pour lui, ces guerres<br />

terribles qui se prolongèr<strong>en</strong>t durant deux siècles sont toujours <strong>des</strong><br />

guerres celtiques ce sont les Celtes qui organis<strong>en</strong>t la résistance, qui<br />

arrêt<strong>en</strong>t les résolutions, (loi dirig<strong>en</strong>t les opérations 1; e'esCun roi<br />

celte , Magilus , qui se r<strong>en</strong>d avec sa suite sur les bords du lihône<br />

pour conférer avec Annibal CL le presser de v<strong>en</strong>ir <strong>en</strong> ilalie, où il lui<br />

- promet l'alliance <strong>des</strong> rivern ; n s du J'adus . Enfin , tout le bassin de<br />

ce fleuve , hormis peut-être la Vénétie, n'a jamais , pour Polybe<br />

qu'un seul nota, quand il parle de sou <strong>en</strong>semble , la Celtique n<br />

A plusieurs reprises cep<strong>en</strong>dant, Polybe emploie le nom de Gaule;<br />

mais alois il n'<strong>en</strong>t<strong>en</strong>d parler, chaque fois, que de certain canton isolé<br />

dans la Cispadane, et, au nord du fleuve, de la seule ville de Crémone<br />

et de son territoire 4, c'est-à-dire de l'une ou l'autre <strong>des</strong> positions<br />

assignées aux Gaulois lors de leur arrivée <strong>en</strong> <strong>Italie</strong>, Ces positions, il<br />

les a déjà indiquées de la manière suivante les Cénouians sur la<br />

rive du Padus , à la suite (les Jusubres les floi<strong>en</strong>s au-<strong>des</strong>sous <strong>des</strong><br />

.Ananos , près de i'Ap .<strong>en</strong>niu (il n'ajoute pas , et du Padus) ; les Lin-<br />

gons vers l'Adriatique, par conséqu<strong>en</strong>t dans les <strong>en</strong>virons de 1elsina,<br />

et, <strong>en</strong>fin, les Sénonais sur le littoral, dans les dernières plaines finis-<br />

1 Polyb. 1, 6, 13; II, 43, 17, 18, 22, 23, 25-35; 111, 2, 34, /il, 48,<br />

00, 66, 07, 08, 69, 71, 74, 75, 77, 78, 79, 83, 84. On peut s'assure,-, par<br />

la lecture de plusieurs de ces passages, rÇIC Polybe dit toujours la guerre<br />

celtique ou <strong>des</strong> Celtes, etjasnais la guerre gauloise.<br />

2. Po]yb. 111, 44.<br />

3. J'olyh. H, 32; HI, 77; Vii, 9- Pausanias est <strong>en</strong> ceci partaitern<strong>en</strong>t<br />

d'accord avec Polyhe, car il s'exprime ainsi, livre I, chap. 3 ((Le pays<br />

» de ces Gaulois est traversé par l'lridan, fleuve sur les bords duquel<br />

» les rifles di' Soleil pleur<strong>en</strong>t, dit-on, la mort de Phaéton leur frêre.<br />

s Le nom de Gaulois qu'on leur donne n'a prévalu que très-tard; ils<br />

» pr<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t anci<strong>en</strong>nem<strong>en</strong>t celui de Celles, que les autres peuples leur<br />

» donnai<strong>en</strong>t aussi.. » (Traduction Clavier').<br />

4. Polyb. ii, 19, 24; III, 40, 86, 87, 100, 148; 11, XViI, 12. Bans te<br />

fragm<strong>en</strong>t 1V du livre XII, le mot Gaule n cep<strong>en</strong>dant une autre valeur;<br />

niais l'auteur anci<strong>en</strong> qui nous a conservé ce fragm<strong>en</strong>t a, évidemm<strong>en</strong>t,<br />

substitué ce nom â celui de Celtique, qui, (le son temps, n'était plus eu<br />

usage; et la preuve, c'est qu'il attribue d la Gaule Cisalpine une ext<strong>en</strong>sion<br />

que nul autre ne lui accorde. li dit, <strong>en</strong> effet: r On nourrit <strong>en</strong> Rafle<br />

s de grands troupeaux de pores, particulièrem<strong>en</strong>t sur le Îittoral, chez.<br />

les Etrusques et les Gaulois. »


- -<br />

sant à S<strong>en</strong>es 1. Ces positions étai<strong>en</strong>t réellem<strong>en</strong>t isolées les linos <strong>des</strong><br />

autres, car Polybe ne dit nullem<strong>en</strong>t que ces quatre peuples compo-<br />

sai<strong>en</strong>t , avec les Léhéci<strong>en</strong>s,La<strong>en</strong>s Insubres et Anancs, les uniques<br />

habitants tics plaines traversées par le Padus, niais seulem<strong>en</strong>t qu'ils<br />

<strong>en</strong> étai<strong>en</strong>t les plus illustres, d'où il suit nécessairem<strong>en</strong>t qu'il <strong>en</strong> con-<br />

naissait d'autres <strong>en</strong>core. Polybe était tellem<strong>en</strong>t éloigné de croire les<br />

Gaulois maîtres de la Cisalpine ou agglomérés dans ce pays, eue,, lui-<br />

même nous l'appr<strong>en</strong>d, toutes les plaines comprises <strong>en</strong>tre les Alpes et<br />

l'Ap<strong>en</strong>nin étai<strong>en</strong>t habitées, jusqu'à hauteur d'Arretium, par les Liguri<strong>en</strong>s<br />

2, et c'est parce qu'il n déjà fourni ce r<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t qu'il se<br />

disp<strong>en</strong>se de répéter le nom <strong>des</strong> Liguri<strong>en</strong>s, lorsqu'il cite, un peu plus<br />

loin, les principaux peuples qui figureront dans les guerres celtiques.<br />

La possession de toutes ces plaines par les Liguri<strong>en</strong>s ou Celtes<br />

peut seule nous expliquer pourquoi, durant ces longues années de<br />

guerres, on les.vit, unis aux Gaulois, combattre sui' tant de points<br />

de cette grande contrée, et comm<strong>en</strong>t, après la retraite définitive <strong>des</strong><br />

Boï<strong>en</strong>s, privés de secours étranger, ils prir<strong>en</strong>t, malgré leur épuise-<br />

m<strong>en</strong>t, continuer la guerre dans la Cispadane., s'emparer de Mutine<br />

et conserver cette ville une année <strong>en</strong>tière 3.<br />

1. Polyb. Il, 47, 19.<br />

2. Polyb. U, 10. Strabon le rcoonnait égalem<strong>en</strong>t, lorsqu'il dit (p. 210)<br />

que le fond de la population de la Cispadane était liguri<strong>en</strong>, et ces deux<br />

importants témoignages sont corroborés par ceux d'un certain nombre<br />

d'auteurs anci<strong>en</strong>s qui nous parl<strong>en</strong>t (le l'antique établissem<strong>en</strong>t <strong>des</strong> Liures<br />

au midi de la Cispadane, savoir : dans l'Eturie (Lycophron. Alexandra,<br />

y . 1355 —1301; Justin. XX, 1; Silius Ital. V, y. 7 et S, combiné avec<br />

Virgil. £neid. XI, r. 700-747, et Servius, sur les deux vers 700 et<br />

745);— 2° dans la Sahine: <strong>des</strong> écrivains dont l'opinion est rejetée sans<br />

motifs par D<strong>en</strong>ys d'Jialicarnase (I, 10,) rapportai<strong>en</strong>t que « les Aborigènes<br />

étai<strong>en</strong>t une colonie de Liguri<strong>en</strong>s, peuple voisin de l'Ombrie ; »<br />

or, D<strong>en</strong>ys d'Halicarnasse, I, 9, 14-40, 39; Pline, III, 5; Strabon, pp.<br />

228, 229, et Caton, Origines, livre 1er, cité par Priscian le Grammairi<strong>en</strong>,<br />

livre V, 12, nous appr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t que les Aborigènes étai<strong>en</strong>t répandus<br />

dans la Sabine et le .Latium, y compris le pays <strong>des</strong> Volsques, ce (lui explique<br />

comm<strong>en</strong>t liuripi<strong>des</strong> (Ts'oad r. 437) n pu placer l9le de Circé dans<br />

la Ligurie; - 3' dans le Latium D<strong>en</strong>ys d'Halic. J, 40; Pompéius Festus,<br />

au mot Sacrarti; Servius, sur Virgil. jEncid. Xi; r. 347; - <strong>en</strong>fin, l'on<br />

sait par le intime Servius, sur Virgil. £ncid 1, y . 537; Philiste de Syracuse,<br />

dans .D<strong>en</strong>ys d'Haiio. I, 22; Silius Ital. XiV, y. 37 , et Constantin<br />

Porphyrogénète, De Therneztis, livr. ]J, 40° traité, qu'ltalus et son fils<br />

Siculus étai<strong>en</strong>t chefs de nations liguri<strong>en</strong>nes.<br />

3. Tit.-Liv. XII, 14, 16.


- 27 -<br />

Par le nom de Galatie Polybe na donc voulu désigner que cer-<br />

tains cantons de ],a Cisalpine, isolés les uns <strong>des</strong> antres.<br />

A ces gran<strong>des</strong> armées <strong>gauloises</strong> qui arrivai<strong>en</strong>t eu <strong>Italie</strong> avec femmes<br />

et <strong>en</strong>fants, il fallait bi<strong>en</strong>, <strong>en</strong> effet, assigner, î' proximité (le l'<strong>en</strong>nemi,<br />

<strong>des</strong> résid<strong>en</strong>ces (l'une certaine ét<strong>en</strong>due sur les divers points dit<br />

à dtd,r mais il cul été fort imprud<strong>en</strong>t de conc<strong>en</strong>trer de pareilles<br />

troupes, dont on pouvait redouter les exig<strong>en</strong>ces et l'indiscipline. Les<br />

positions qu'on leur fit pr<strong>en</strong>dre remplissai<strong>en</strong>t ce double but: <strong>en</strong> petit<br />

nombre d'abord, p<strong>en</strong>dant ].a avec les Tyrrhéni<strong>en</strong>s, elles se mul-<br />

tipli<strong>en</strong>t et vari<strong>en</strong>t suivant les exig<strong>en</strong>ces de la guerre avec les Romains,<br />

surtout lorsque ceux-ci gagnèr<strong>en</strong>t du terrain vers le nord et réussi-<br />

r<strong>en</strong>t fi ébranler la confiance dans les Gaulois, <strong>en</strong> achetant la défection<br />

de plusieurs détachem<strong>en</strong>ts de leurs ban<strong>des</strong>.<br />

Tite- Lire nous fait connaître l'une de ces résid<strong>en</strong>ces mom<strong>en</strong>tanées,<br />

lorsqu'il parle, comme d'un fait accid<strong>en</strong>tel ci réc<strong>en</strong>t, de l'occupation<br />

par les Gaulois, cri l'année 218, du pays situé <strong>en</strong>tre le Paillis et la<br />

Trébie Pline <strong>en</strong> signale une seconde par ces mots, inintelligibles<br />

autrem<strong>en</strong>t : « le territoire gaulois autour ct'Arirn.inann. 2 » Nous<br />

retrouvons égalem<strong>en</strong>t le souv<strong>en</strong>ir de ces campem<strong>en</strong>ts isolés, clans ces<br />

paroles dc Cicéron à propos du partage par Flaminius (les terres <strong>en</strong>-<br />

levées, suivant Polybe, aux Sénonais : « Fabius résista de toute son<br />

» énergie à ]Flaminius, tribun du peuple , qui , malgré l'autorité du<br />

» Sénat, partageait par tête les terres de la Gaule et du Pic<strong>en</strong>um a.»<br />

Enfin, il nous parait impossible de ne pas accorder la même signi(i-<br />

cation (le stations militaires aux c<strong>en</strong>t douze tribus que Caton attri-<br />

buait aux Boï<strong>en</strong>s 4, vers la fin de lit celtique, alors que, le<br />

théâtre de la ltitie se resserrant, il fallait disséminer les postes<br />

militaires dans toute la Cispadane, dev<strong>en</strong>ue le dernier boulevard'de<br />

l'indép<strong>en</strong>dance celtique.<br />

C'est, nous n'<strong>en</strong> (butons pas , la connaissance de l'éparpillem<strong>en</strong>t<br />

<strong>des</strong> postes gaulois dans l it qui suggérait à Servius cette<br />

indication, à laquelle oit peut accorder un autre s<strong>en</strong>s : e Après la<br />

» Tyrrliénie vi<strong>en</strong>t la Ligurie, qui <strong>en</strong>toure les Gaulois; nain Ligatria<br />

» post Thnsciaaa est, circa GaUos »<br />

j . Tit.-Liv. XXI, 52.<br />

2. Ptin, IIJ, 44.<br />

3. Cicero, Caio, scu de S<strong>en</strong>ectutc, 4.<br />

4. Gato, ap. Plia. III, 45.<br />

5. Servius ad Virgil. ,Encid. X, y . 185.


M<br />

- 28 -<br />

C'est donc uniquem<strong>en</strong>t à ces positions straiégiques, <strong>en</strong>levées par<br />

le fait à <strong>des</strong> Gaulois, que les Romains donnèr<strong>en</strong>t d'abord le nom (le<br />

Gaule, dans le s<strong>en</strong>s de territoires gaulois, pour les distinguer <strong>des</strong><br />

autres localités (le la Celtique. il leur était <strong>en</strong>core exclusivem<strong>en</strong>t ré-<br />

servé, nous v<strong>en</strong>ons (le le voir, lorsque Polybe écrivait son histoire<br />

générale, c'est-à-dire vers le milieu du second siècle avant notre ère;<br />

niais peu d'années après , les Romains crur<strong>en</strong>t devoir changer le<br />

nom de la Celto-Ligurie Cisalpine. Pourquoi ? nul ne l'a dit ; cep<strong>en</strong>-<br />

dant, il est présuniahie qu'ils voulai<strong>en</strong>t par là empêcher de la cou-<br />

fondre avec la contrée transalpine, oit d'autres Celto-Ligures leur<br />

opposai<strong>en</strong>t alors une résistance énergique 1 , et faire disparaître tin<br />

nom qui leur rappelait les plus grands périls de la République. Ce<br />

nom parait leur avoir été particulièrem<strong>en</strong>t odieux, puisqu'ils lui <strong>en</strong><br />

substituèr<strong>en</strong>t d'autres <strong>des</strong> deux côtés <strong>des</strong> Alpes 2<br />

Quel que fut le motif de ce changem<strong>en</strong>t de nom, lorsqu'on l'effec-<br />

tua, celui de Gaule, affecté depuis longtemps déjà à divers cantons.<br />

do la Cisalpine, s'offrit tout naturellem<strong>en</strong>t; il ne prés<strong>en</strong>tait d'ailleurs<br />

aucun danger; il fut donc adopté, et, comme tant d'autres tr avestisse-<br />

monts géographiques, devint bi<strong>en</strong>tôt d'un usage général ; (le sorte que<br />

moins d'un siècle après, César put écrire sans exciter de surprise<br />

« Ceux qui, dans leur propre langue, se nomm<strong>en</strong>t Celtes, et que<br />

» nous appelons Gaulois 3 . » Toutefois, cette assertion, parfaitem<strong>en</strong>t<br />

exacte quant aux peuples de l'<strong>Italie</strong>, était, sous sa plume, un nouveau<br />

travestissem<strong>en</strong>t lotit aussi volontaire (lue IC premier, car, César<br />

ne pouvait l'ignorer, les peuples qu'il vit <strong>en</strong>tre Seine et Garonne<br />

étai<strong>en</strong>t de véritables Gaulois, qui ne pr<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t point d'autre nom<br />

niais il voulait faire taire l'opposition dans le Sénat 4 , et spéculait<br />

sur la haine du nom celtique, dont ce m<strong>en</strong>songe effronté nous paraît<br />

une preuve convaincante.<br />

1. Strab. pp. 180, 203.<br />

2. Diod. Sieul. IV, 19, dit <strong>en</strong> parlant de la Cisalpine ((La région que<br />

» nOUS nommons aujourd'hui Gaule. On sait aussi que, de l'autre côté<br />

<strong>des</strong> Alpes , la première contrée soumise .reçut l'abord le seul nom de<br />

Province, puis celui de 7a0ionnajsc<br />

3. Csar. Boit. Gai!.. J, 4. Toulc la Gaule, dit-il dans ce §, est divisée<br />

cml trois parties. César reconnaît donc que -la Provincia était étrangère<br />

A la Gaule, -<br />

4. Cf. Ilirtius Pansa, Bell. Gall. Viii, 50 et seqq.; Suéton. Gœsa,',<br />

§ 22, 23, 24, 28, 29, 30; Plutareh. Cms. 7, 8, 13, 14, 21, 2-2, 29; Cuto<br />

Miaor, 31 - 34, 41, 43, 49, 51; Tit.-Liv. Jîpitont. lib. 103.<br />

-


- 90 -<br />

Recherchons maint<strong>en</strong>ant le pays d'origine <strong>des</strong> nombrousds ban<strong>des</strong><br />

<strong>gauloises</strong> qui se succédèr<strong>en</strong>t <strong>en</strong> <strong>Italie</strong> on prêt<strong>en</strong>d qu'elles sortir<strong>en</strong>t<br />

de la grande contrée qui, après les conquêtes de César, reçut le nom<br />

de Gaule Transalpine nous croyons pouvoir démontrer qu'elles<br />

vinr<strong>en</strong>t imites de l'Europe c<strong>en</strong>trale.<br />

Polybe nous appr<strong>en</strong>ant (lue les Insubres et les Boï<strong>en</strong>s recrutèr<strong>en</strong>t<br />

<strong>des</strong> Gesates chez les Gaulois (lui habitai<strong>en</strong>t le long <strong>des</strong> Alpes, près<br />

(lit 1, on et a conclu que ces Gmsates étai<strong>en</strong>t <strong>des</strong> Allobroges.<br />

C'est une erreur clans laquelle on ne serait pas tombé , si l'on avait<br />

t<strong>en</strong>u compte de quelques autres passages du même auteur, qui, <strong>en</strong><br />

complétant le texte invoqué, lui donn<strong>en</strong>t une signification tout autre<br />

que celle qu'on lui a attribué. En effet, les Gresates, dit <strong>en</strong>core Po-<br />

lybe , appart<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t aux Gaulois qui habitai<strong>en</strong>t les plaines tournées<br />

vers le :Rhône et le sept<strong>en</strong>trion 2 ; or, cet histori<strong>en</strong> avait visité la<br />

partie <strong>des</strong> Alpes traversée par Annibal, « afin d'<strong>en</strong> pr<strong>en</strong>dre par lui-<br />

» même nne connaissance exacte ;» il avait donc au moins <strong>en</strong>trevu<br />

l'Allolirogie , et, par conséqu<strong>en</strong>t, ne pouvait ignorer qu'elle était<br />

située, non pas au nord, mais à l'occid<strong>en</strong>t <strong>des</strong> Alpes et de la Cisal-<br />

pine. Un peu plus loin, le même écrivain, énumérant les grands<br />

services r<strong>en</strong>dus à Annibal par le chef <strong>des</strong> Allobroges et ses guerriers,<br />

rapporte, sans <strong>en</strong> para itre surpris , qu'après lui avoir facilité le pas-<br />

sage à travers leur pays , ils s'arrêtèr<strong>en</strong>t tous sur leur frontière, au<br />

pied <strong>des</strong> montagnes 5 . Il est évid<strong>en</strong>t que, si les Allobroges avai<strong>en</strong>t '!té<br />

réellem<strong>en</strong>t <strong>des</strong> Gresates Polybe n'eût pas manqué d'expliquer Pour-<br />

quoi , à leurs habitu<strong>des</strong>, ils ne suivir<strong>en</strong>t pas <strong>en</strong> <strong>Italie</strong><br />

le général carthaginois, qui eût été heureux de les <strong>en</strong>rôler clans son<br />

armée. - Ce n'est donc pas chez les Allobroges, ou leurs voisins de<br />

ce côté <strong>des</strong> Alpes, qu'il faut chercher les plaines habitées par les<br />

Transalpins qui fournissai<strong>en</strong>t les Goesates. - Trompé par <strong>des</strong> r<strong>en</strong>-<br />

seignem<strong>en</strong>ts inexacts, Polybe plaçait la source du Rhône beaucoup<br />

1. Polyli. 11, 22. -<br />

.2 IiI. 11, 15.<br />

3. Id. 111, A&<br />

4. Id. 111, 49, 50, 51; les détails qu'il fournit, dans ces paragraphes,<br />

sur ].a de t'A]tobrogie et les démêlés de ses chefs; l'assurance<br />

qu'il donne <strong>en</strong>suite qu'il avait vaïagé <strong>en</strong> Gaule ; <strong>en</strong>fin, la lecture<br />

du reste de son histoire, tout nous porte à ereii'e que Polybe visita<br />

réellem<strong>en</strong>t l'Allobregie et ne vil de la Gaule que ce canton.<br />

5. Polyb. 111, 49.


- 30 -<br />

tep à l'est, « au-<strong>des</strong>sus dé l'Adriatique; clans la partie <strong>des</strong> Alpes pu<br />

D se dirige vers te nord; » il croyait par suite que, « dans la plus<br />

» grande partie de sou cours, ce fldilve traversait, au nord (les Alpes,<br />

» une imm<strong>en</strong>se vallée , longeant cette chaîne de montagnes Aepuis<br />

» son extrémité ori<strong>en</strong>tale jusqu'à son ehdngem<strong>en</strong>t de direction ii<br />

» l'occid<strong>en</strong>t 1 . »<br />

Certes , pour tout esprit non prëv<strong>en</strong>u , votif' bi<strong>en</strong> clairem<strong>en</strong>tt dés<br />

go<strong>des</strong> les plaines tournées vers le Rhône, et le nord; ce sont aussi les<br />

seules qui soi<strong>en</strong>t situées, comme l'ajoute Polybe, sur le versant op-<br />

posé à celui qu'habitai<strong>en</strong>t les i'aurisei 2, qu'il ne confond pas avec<br />

les Taurinieus , comme l'ont cru certains auteurs modernes,-<br />

C'est donc bi<strong>en</strong> au nord <strong>des</strong> Alpes qu'habitai<strong>en</strong>t les peuples aux-<br />

quels Polybe et ses prédécesseurs donnai<strong>en</strong>t le nom de Gaulois Tran-<br />

salpins, et c'est de leur pays que sortir<strong>en</strong>t toutes les ban<strong>des</strong> de<br />

Gtesates , c'est-à-dire tous les Gaulois qui, du vi e au 11e siècle, pé-<br />

nétrèr<strong>en</strong>t <strong>en</strong> <strong>Italie</strong> ; car, Polybe le laisse clairem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>trevoir, il n'y<br />

avait aucune différ<strong>en</strong>ce <strong>en</strong>tre ces Transalpins et les Boï<strong>en</strong>s , Céno-<br />

maits et Sénonais 4.<br />

L'accès de l'<strong>Italie</strong> était d'autant plus facile pour les Transalpins,<br />

que bon nombre d'<strong>en</strong>tre eux s'étai<strong>en</strong>t établis à demeure sur certains<br />

points du revers méridional <strong>des</strong> Alpes. Polybe le dit ci) ternies indis-<br />

cutables « A la vue de ces Gaulois, chassés bi<strong>en</strong>tôt de toutes les<br />

» plaines qu'arrose te Padus , excepté queiq&s parties situées au<br />

» pied <strong>des</strong> Alpes » et ce fait important nous est confirmé par les<br />

marbres capitolins, qui relat<strong>en</strong>t le triomphe de Claudius Marccllus<br />

<strong>en</strong> 1436, sur (les Gaulois Contruhi<strong>en</strong>s 0 , que l'auteur <strong>des</strong> Epitome (le<br />

TUe—Lire appelle Gaulois Alpins , et, <strong>en</strong>fin, par le Dont Gaulois,<br />

4. Polyb. III, 47. Ce qui prouve combi<strong>en</strong> ses r<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts sur le<br />

cours du 1hône étai<strong>en</strong>t incomplets, c'est qu'il n'a pas connu cette particularité<br />

remarquable que ce fleuve traverse le grand lac Lcmanus.<br />

2. Polyb. II, 15.<br />

3. Cf. Polyb. Il), 60 11, 28, 30; XXXIV, fragm. VI, 13e CoUic.<br />

Al. Pelyb. 11, 45<br />

5. Polyb. 1!. 35. Il avait déjmiparlé (H, 21) eleees niémesGaulois, qu'il<br />

appelle Alpins (A)rsu i.'càtc), pour les distinguer <strong>des</strong> Transalpins.<br />

6. M. Clavdius M. f . M. n Marcellus Cos. de CaMais Con(rmmbcis cl. Ligumibus<br />

Eleatibusquc. - .4. DXXC VII, Immtcrkal - -<br />

7. Tit.-Liv, Epitom. titi. 46.


- 34 -<br />

donné aux Sto<strong>en</strong>i par Orose I; aux fondateurs de Côme, Trdnte,<br />

Vérone et Rergame, par Justin 2; aux Salasses, par Dion Cassius,<br />

Julius Obséqu<strong>en</strong>s et Orose 3.<br />

Il y o réellem<strong>en</strong>t une certaine inexactitude dans cette dénomination<br />

appliquée aux Salasses, aux Sto<strong>en</strong>i et à leurs voisins de Côrne, Ber-<br />

game et Tr<strong>en</strong>te; car les populations de ces cantons étai<strong>en</strong>t d'anci<strong>en</strong>nes<br />

tribus liguri<strong>en</strong>nes ; mais le témoignage si positif de Polybe nous<br />

porte à croire qu' e lles étai<strong>en</strong>t fortem<strong>en</strong>t mélangées de Gaulois ; à<br />

d<strong>en</strong>ïi-germaines, suivant l'expression employée par Tite-Live pour<br />

dépeindre les habitants <strong>des</strong> Alpes P<strong>en</strong>nines, et notamm<strong>en</strong>t les Vé-<br />

ragres ', contigus aux Salasses; car, depuis les campagnes de César<br />

<strong>en</strong> Occid<strong>en</strong>t, les Romains donnai<strong>en</strong>t le nom de Germanie à tout le<br />

pays compris <strong>en</strong>tre les Alpes, le R hiu et l'Océan sept<strong>en</strong>trional 5.<br />

La conclusion que nous avons tirée du rapprochem<strong>en</strong>t de divers<br />

passages de Polyhe se trouve pleinem<strong>en</strong>t justifiée, et par une inscrip-<br />

tion <strong>des</strong> marbres capitolins, qui désigne sous le nom de Germains<br />

les Gsates de Virdojuare °, et jar Héracli<strong>des</strong> de Pont, qui, vers Je<br />

-<br />

milieu du iv° siécle , apprit « qu'une armée, sortie <strong>des</strong> pays hyper- -<br />

» boré<strong>en</strong>s, s'était emparée de la ville de Home ; » <strong>en</strong>fin, par Age-<br />

thias , qui donne le nom d'anci<strong>en</strong>s Germains aux <strong>en</strong>nemis vaincus<br />

par Marins, Camille et plusieurs <strong>des</strong> Césars R.<br />

Ajoutons, car ces r<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts ont aussi leur valeur, que l'un<br />

<strong>des</strong> chefs Gaulois-Gesates opposés, <strong>en</strong> 223 , au consul Flaminius<br />

Népos , portait le nom d'Arioviste °, et que le roi <strong>des</strong> Cimbres vaincu<br />

Par Mains s'appelait Boïorix 10 , comme celui <strong>des</strong> Boï<strong>en</strong>s 'de la Ci-<br />

1. Paul. Ores. V, e. 44; Tit.-Liv. Epi(oin. 1W. 02.<br />

2. Justin. XX, 5.<br />

3. Dieu. Cass. I—XXXVI, fragm. 245 (édit. Gros); Jul. Obseq. cap.<br />

80; Oies. V, 4.<br />

4. T'it.-Liv. XXI, 38. Suivant Dion Cassius (XXXIX, 5), tes Véragres<br />

jiaiiitai<strong>en</strong>t les bords du Léman, aux contins <strong>des</strong> Allobroges, jusqu'aux<br />

Alpes.<br />

5. Ponip. Mela, W, cal). 3; II, cap. 4.<br />

G. M. Ckmdivs M. f. M.n. Marcellus Ces, de Galteis Insubrjbuse g Gerrnan.<br />

1s2uc spolia opirila rettulit duce hostium Virdurnoro cd Ctastidivm<br />

interfecto. - An. DXXXI, K. Mort.<br />

7. lieraclid. Pont.. ap. Plutarcli. in Gitmill. §22.<br />

8. Agath..edit. Bona;«turœ Vutcanii, Paris. ttiOO, 1W. 1, p. 46.<br />

9. Fieras, H, 4.<br />

% Id. 111,3; Plutarch. in Marie, § 25; Tit.-Liv. Epitome, lib. 67.<br />

0


- -<br />

salpine qui, <strong>en</strong> l'année 494, lutta, non sans succès, contre le consul<br />

Ti. Sempronius L<br />

Les Gaulois Alpins vivai<strong>en</strong>t <strong>en</strong> paix avec leurs voisins d'une autre<br />

race, et la retraite définitive <strong>des</strong> Iloi<strong>en</strong>s ne troubla point leurs bonnes<br />

relations. Nous cil peur preuves la faculté laissée à ces der-<br />

niers de s'établir chez les Taurisqtie 2, et la plainte portée ait Sénat,<br />

eu l'année 470, au nom du roi gaulois Cincibilis contre le consul<br />

C. Cassius , qui avait dévasté le territoire <strong>des</strong> peuples alpins, ses<br />

alliés 3 . Nous savons, <strong>en</strong> outre, qu'<strong>en</strong> 186, <strong>des</strong> Gaulois se serai<strong>en</strong>t<br />

fixés chez les Garni, Si les Romains ne s'y étai<strong>en</strong>t opposés 1, et qu'<strong>en</strong><br />

178, trois mille Gaulois, commandés par un chef du nom de Camélus,<br />

vinr<strong>en</strong>t, près du lac de Timave, déf<strong>en</strong>dre contre les Romains les peu-<br />

ples de l'Itrie 5. Vers le même temps, d'aunes Gaulois commettai<strong>en</strong>t<br />

de tels ravages dans la partie soumise de la Transpadane, que, sui-<br />

vont Plutarque, <strong>en</strong> l'année 182, « PanI Emile offrit aux Ligures <strong>des</strong><br />

• conditions pleines de douceur et d'humanité, car les Romains ne<br />

• voulai<strong>en</strong>t pas complètem<strong>en</strong>t détruire une nation qui était comme<br />

• une barrière et un boulevard contre les invasions <strong>des</strong> Gaulois, qui<br />

• ne cessai<strong>en</strong>t de m<strong>en</strong>acer l'<strong>Italie</strong> 6 . z<br />

Si quelques peuples gaulois 'iI1ins irtquiélèr<strong>en</strong>t parfois la Répu-<br />

blique postérieurem<strong>en</strong>t à la retraite <strong>des</strong> Boiras, d'autres, au con-<br />

traire, étai<strong>en</strong>t avec elle dans les meilleurs termes ainsi , <strong>en</strong> l'année<br />

183, les Romains ayant chassé <strong>des</strong> Gaulois qui voulai<strong>en</strong>t s'établir à<br />

Aquilée , <strong>en</strong>voyèr<strong>en</strong>t par delà les Allies signifier ii leurs nations<br />

qu'elles euss<strong>en</strong>t h empêcher de nouvelles émigrations. Les chefs de<br />

ces nations fir<strong>en</strong>t aux ambassadeurs romains une réponse <strong>des</strong> plus<br />

1. Tit.-Liv. XXXIV, 4G.<br />

2. Strab. lip. 212, 304, 313.<br />

3. Tit.-Liv. XLIII, 5.<br />

4. Id. XXXIX, 22, 45, 54, 55.<br />

t<br />

5. d. XLI, 1.<br />

Q. Plutarch, 2Emii. Paul. traduction Pierron. A l'occasion de cette<br />

guerre, qui eut lieu <strong>en</strong> 182, année du premier consulat de Pan! Emile<br />

Tite-Live (lit (XL , 17) « Le bruit courait que les Gaulois Transalpins<br />

• armai<strong>en</strong>t leur jeunesse, mais on ne savait sur quelle partie de l'<strong>Italie</strong><br />

• ce torr<strong>en</strong>t vi<strong>en</strong>drait débarder. C'est probablem<strong>en</strong>t de cette époque<br />

que dat<strong>en</strong>t les incursions que les Stiquanais , unis aux Germains, fir<strong>en</strong>t<br />

ùplusieurs reprises <strong>en</strong> <strong>Italie</strong> (Strabon, p. 192) voir <strong>en</strong>core Strahon<br />

p. 200, pour les incursions (tes peuples <strong>des</strong> Alpes chez leurs voisins et<br />

tes atrocités qu'ils commettai<strong>en</strong>t <strong>en</strong> <strong>Italie</strong>.<br />

J


- 33 -<br />

gracieuses , et ne les laiss&<strong>en</strong>t partir qu'après les avoir comblés de<br />

prés<strong>en</strong>ts 1 . - Quatorze ans plus tard, <strong>en</strong> 1 69, Balanos, l'un <strong>des</strong><br />

petits rois gaulois de la même contrée, offrait à la République <strong>des</strong><br />

troupes pour la guerre de Macédoine, et le Sénat, après avoir remercié<br />

ses députés, leur donnait un collier d'or de deux livres, <strong>des</strong> coupes<br />

du même métal qui <strong>en</strong> pesai<strong>en</strong>t quatre, un cheval caparaçonné et<br />

une armure de cavalier<br />

Ces deux faits et leurs dates sont significatifs ils attest<strong>en</strong>t <strong>des</strong> re-<br />

lations amicales et suivies avec <strong>des</strong> Gaulois qui ne pouvai<strong>en</strong>t évidera-<br />

ni<strong>en</strong>t appartdnir qu'à la Transalpine ori<strong>en</strong>tale, à <strong>des</strong> voisins, par<br />

conséqu<strong>en</strong>t <strong>des</strong> bi<strong>en</strong>s retirés chez les Taurisci, si ce n'étai<strong>en</strong>t ces<br />

Boï<strong>en</strong>s eux-mémos, qui, p<strong>en</strong>dant leur .sijour <strong>en</strong> <strong>Italie</strong> , avai<strong>en</strong>t sou-<br />

v<strong>en</strong>t fourni <strong>des</strong> auxiliaires aux armées romaines.<br />

Ces observations et la remarque déjà faite, que le départ <strong>des</strong> Boï<strong>en</strong>s,<br />

passé inapetçu, n'avait provoqué aucune mesure pour les remplaéer<br />

par de nouveaux habitants, nous port<strong>en</strong>t S croire qu'ils quitlùrdnt<br />

l'<strong>Italie</strong> de bonne volonté, à la demande de la République, peut-être<br />

après avoir reçu d'elle une indemnité, transaction toute naturelle<br />

<strong>en</strong>tre <strong>des</strong> troupes soudoyées et les Romains , qui pouvai<strong>en</strong>t, avec<br />

raison, craindre leur versatilité.<br />

Les B6i<strong>en</strong>s de ].a prov<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t (videmm<strong>en</strong>t <strong>des</strong> peuples<br />

de même nom qui, maîtres d'une partie de ].a llereynie , pos-<br />

sédai<strong>en</strong>t <strong>en</strong> outre, au midi de l'Jster, le désert auquel oit leur<br />

notn 41 et les cantons du Norieurn d'où sortir<strong>en</strong>t les Boï<strong>en</strong>s qui , du<br />

cons<strong>en</strong>tem<strong>en</strong>t de César, vinr<strong>en</strong>t se fixer près <strong>des</strong> Maints, et eur<strong>en</strong>t<br />

alors, pour la première fois, un établissem<strong>en</strong>t à l'occid<strong>en</strong>t du Rhin 5.<br />

Le rapprochem<strong>en</strong>t de quelques textes anci<strong>en</strong>s nous fait connaître<br />

approximativem<strong>en</strong>t la position <strong>des</strong> Sénonais dans l'Europe c<strong>en</strong>trale<br />

et la nation à laquelle ils appart<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t. - Les Sénonais qui prir<strong>en</strong>t<br />

Rome, nous dis<strong>en</strong>t Morus , Juvénal et même Tite-Live, v<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t de<br />

1. Tit.-Liv. XXXIX, 55<br />

2. Id. XLIV, U.<br />

3. Posidonius aIs. Strab. p. 203; Tacit. Gcrm, 42, 28.<br />

4. PIin. 111,24; Strali. p. 292.<br />

5. Otesar, Bell. Gall. 1, 5; 28; Strab. pp. 206, 212. Avant l'établiss<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t<br />

autorisé par César, on ne trouve aucune trace <strong>des</strong> l3ot<strong>en</strong>s à l'occid<strong>en</strong>t<br />

du Rhin, car - nous eroyon l'avoir surabondamm<strong>en</strong>t démontré,<br />

- on ne peut ajouter aucune créance à l'énumération donnée par Tite-<br />

Live <strong>des</strong> peuples qui, selon lui, composèr<strong>en</strong>t l'expédition de l3ellovèse.<br />

3


- 34 -<br />

l'extrémité de la terre et <strong>des</strong> rivages dé l'Océan 1; Appi<strong>en</strong> rapporte<br />

qu'avant le siège de Clusium , les Sénonais habitai<strong>en</strong>t les bords cia<br />

tIbia 2 Lydus, écrivain grec (jili, vivant dans la première moitié<br />

du vi e siècle de notre ère, avait pu consulter plusieurs <strong>des</strong> ouvrages<br />

dont nous déplorons aujourd'hui la perte, confirme et complète ces<br />

r<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts, <strong>en</strong> attribuant la prise de home aux Trévires, coin-<br />

mandés par Br<strong>en</strong>nus , lesquels, dit-il, sont appelés aujourd'hui<br />

Sygambres par les Romains et Francs par les Gaulois 3.<br />

De ces témoignages réunis, il ressort que les Sénonais faisai<strong>en</strong>t<br />

partie de ],a confédération <strong>des</strong> Suèves , qui, s'ét<strong>en</strong>dant du<br />

Blun ù l'Alhis, et mémo au delà , compr<strong>en</strong>ait la majeure partie de la<br />

Germanie 4, et, par suite, nous sommes autorisé à les id<strong>en</strong>tifier avec<br />

4. Florus, 1,13; Juv<strong>en</strong>al. Satsjr. XI, y . 443, 144; Tit.-Liv, V, 37.<br />

2. Appian édit. Didot, De Ceiticis, fragrn. 2. r Les Grecs comptai<strong>en</strong>t<br />

la 97e olympiade, lorsqu'une nombreuse nation de Celtes, habitant<br />

» près du Rhin, quitta son pays, où elle se trouvait trop à l'étroit et<br />

» partit à la recherche d'une nouvelle demeure. Ayant franchi les Alpes,<br />

s ils attaquèr<strong>en</strong>t les Clusi<strong>en</strong>s .... s Appi<strong>en</strong> ne cite pas ici le nom <strong>des</strong><br />

Sénonais, mais le siège de Clusium n'a jamais été attribué qu'à oc peuple.<br />

De ce passage d'Appi<strong>en</strong> et de ceux indiqués dans la note 4, auquels on<br />

peut 6hcore ajouter Tit.-Liv. V, 17, et Diod. Sicul. XIV, 413, il résulte<br />

assez clairem<strong>en</strong>t que les Sénonais et, par suite, les autres Gaulois,<br />

n'avai<strong>en</strong>t fait <strong>en</strong> <strong>Italie</strong> , avant le siège de Clusium , que <strong>des</strong> séjours de<br />

courte durée: (tue les ban<strong>des</strong> (le Gasates retournai<strong>en</strong>t dans leur pays<br />

lorsque cessai<strong>en</strong>t les hostilités, et rev<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t <strong>en</strong> <strong>Italie</strong> dès qu'une nouvelle<br />

levée de boucliers les faisait rappeler. - Propert. 1V, élég. X, V.<br />

40 —45, dit aussi de Virdoniar, le chef gaulois gnsate vaincu et tué par<br />

Marcellus, qu'il prét<strong>en</strong>dait avoir le Rhiii pour auteur de sa famille.<br />

3. Lydns, De Magistrat. I, 50.<br />

4. Strah. pp. 1941 , 290 , 202; p. 207 : « LIster a sa source prés <strong>des</strong><br />

Suéves; » Tacit. Gm'rn. 38— 45, compr<strong>en</strong>d parmi les Suèves les Semnones,<br />

'les Lombards, les liermondures, les Marcomans, les Qua<strong>des</strong> et<br />

plusieurs autres peupla<strong>des</strong>, ce qui trouve sa justification dans Strabon,<br />

pp. 290 et 29 ,1, pour les liermondures et les Coldui, qu'il faut, avec les<br />

éditeurs du St,'abon-Didot, p, 241 , reconnaltre pour les Qua<strong>des</strong> , et<br />

dans Pline, qui (IV, 14) compr<strong>en</strong>d <strong>en</strong> une même race, celte <strong>des</strong> liercalories,<br />

les Suèves , les Herinondures, les Chattes et les Chérusques.<br />

Voir aussi, pour tes Suèves, Cmsnr Bell. Gall. I, 37; IV, 1; VI, 40;<br />

Paul. Diacon. 11, 4.5; Ili, 18, où il dit que les Allemani faisai<strong>en</strong>t partie<br />

de la Suévie; Ammian. Marcell. XXXI, 10, suivant lequel les Allemans-<br />

L<strong>en</strong>ti<strong>en</strong>s étai<strong>en</strong>t limitrophes de la Jihiétie, ce qui explique Tacite (Annal.<br />

I, 44) pariant de la Rhétie m<strong>en</strong>acée par les Suèves.


-. 35 -<br />

les Semnone, qui, partagés <strong>en</strong> c<strong>en</strong>t cantons, se disai<strong>en</strong>t les plus<br />

anci<strong>en</strong>s et les plus nobles <strong>des</strong> Suèves 1. Cette id<strong>en</strong>tité d'ailleurs<br />

trouve <strong>en</strong>core sa justification dans le passage suivant de Suiclas<br />

« Les Sénuns, Celtes qui sont appelés Germains 9; » dans la m<strong>en</strong>tion<br />

faite par Florus, d'une tribu de Semnones parmi les peuples<br />

alpins domptés par Claudius Drusus ; <strong>en</strong>fin , dans le nom de<br />

Br<strong>en</strong>nus donné à la montagne où pr<strong>en</strong>d sa source la Mella , rivière<br />

voisine de Brixia 4 , ce nom ne pouvant être qu'un souv<strong>en</strong>ir du chef<br />

<strong>des</strong> Sénonais et du point par lequel il traversa les Alpes pour se<br />

r<strong>en</strong>dre dans la Transpadane, où ses ban<strong>des</strong> séjournèr<strong>en</strong>t quelque<br />

temps s , et participèr<strong>en</strong>t au sac de Melpum avec les Insubres et les<br />

l3oï<strong>en</strong>s<br />

Quant aux Cénornans, si nous ne retrouvons au nord <strong>des</strong> Alpes<br />

aucun peuple de leur nom, les considérations développées jusqu'ici<br />

nous oblig<strong>en</strong>t h croire qu'ils sortir<strong>en</strong>t de la môme contrée que les<br />

Boi<strong>en</strong>s et les Sénonais. Ils demeurai<strong>en</strong>t chez les Voikes, ainsi que<br />

l'avait appris Caton-l'Anci<strong>en</strong>, nou pas les Volles voisins du Rhône<br />

comme il dut se le persuader, n'<strong>en</strong> connaissant pas d' a utres et igno-<br />

rant la date réc<strong>en</strong>te de l'établissem<strong>en</strong>t de ces derniers 7, mais les<br />

Volkes-Tcctesages, qui occupai<strong>en</strong>t la partie la plus fertile de la Cormanie<br />

, près (le la forêt Hercynie 8, chez lesquels devai<strong>en</strong>t aussi se<br />

trouver les Tolosates, m<strong>en</strong>tionnés, par Isidore de Séville, parmi les<br />

Vangions , les Bructêres, les Cliamaves et autres peuples de la rive<br />

droite du Rhin 9 . Les Cinomans étai<strong>en</strong>t sans doute, plus rapprochés<br />

<strong>des</strong> Alpes que les Boï<strong>en</strong>s, puisqu'ils répondir<strong>en</strong>t les premiers à l'appel<br />

1. TaciL Ge-m. 39; Strab. p. 290.<br />

2. Suidas, sub. Y. S<strong>en</strong>ones.<br />

3. Flem'us, IV, 12; Ptolémée, Gêoyr. Il!, e. 1, écrit, à deux reprises,<br />

le non' <strong>des</strong> S<strong>en</strong>ones de l'<strong>Italie</strong>, Semn<strong>en</strong>es.<br />

4 Philargyrius nô Virgil. Georg. IV, y . 28.<br />

5. Florus, 1, 13.<br />

U. CornéEns Népes, dans Plin. lU, 17, dit que Melpum fut détruite<br />

P ar ces trois Peuples, le jour de la prise' de Véïes par Camille. Suivant<br />

Micali (L'italie avant la domination <strong>des</strong> Romains, traduction française,<br />

tome 3, p. 129), Véies fut prise cinq ans avant l'arrivée <strong>des</strong> Gaulois devant<br />

Clusium et la prise (le Home.<br />

7. Cato, ap. Plin. 111, 19.<br />

8. Gwsar, Bali. Gall. VI, 24.<br />

9. isid. hispal. Etyrnol. 1X, cap. 2, § G


- 36 -<br />

<strong>des</strong> Insubres; peut-être avai<strong>en</strong>t-ils dès tors au-<strong>des</strong>us d'eux les ilel-<br />

véti<strong>en</strong>s, qui, avant de se fixer dans la Suisse actuelle, habitai<strong>en</strong>t, <strong>en</strong>tre<br />

la forêt Hercynie, te Rhin et le Islein l.<br />

Antérieurem<strong>en</strong>t à cette émigration <strong>des</strong> Helvètes, la partie méridio-<br />

nale au moins de leur nouvelle demeure paraît avoir été quelque temps<br />

la propriété <strong>des</strong> Séquanais les fréqu<strong>en</strong>tes incursions de ces derniers<br />

dans le nord de la Cisalpine C, dénot<strong>en</strong>t déjà qu'à l'époque oit elles<br />

eur<strong>en</strong>t lieu, ils n'<strong>en</strong> pouvai<strong>en</strong>t être éloignés; mais Plutarque , qui<br />

puisait évidemm<strong>en</strong>t ce détail dans un auteur assez anci<strong>en</strong>, puisque,<br />

dès avant César, il n'était plus exact, nous appr<strong>en</strong>d que les Séquanais<br />

étai<strong>en</strong>t plus voisins de l'<strong>Italie</strong> que le reste de la Gaule , et dit ail-<br />

leurs, qu'auxiliaires de Marius, ils lui avai<strong>en</strong>t remis les rois <strong>des</strong> Ton-<br />

tons, poursuivis et pris par eux dans les Alpes .<br />

En s'établissant ainsi <strong>en</strong>tre les Gaulois dont nous v<strong>en</strong>ons de parler<br />

et ceux du revers méridional <strong>des</strong> Alpes, les Séquanes remplacèr<strong>en</strong>tils<br />

d'autres compatriotes noma<strong>des</strong>, comme les Cimbres 5, les 1-lelvé-<br />

ti<strong>en</strong>s 6, et <strong>en</strong> général tous les peuples traasrla 'inans 1 ? Nous l'ignorons<br />

mais quoi qu'il <strong>en</strong> soit, et que leur séjour dans cette contrée<br />

ait été fixe ou passager, il n'<strong>en</strong> atteste pas moins l'<strong>en</strong>tière liberté d'ac-<br />

ti<strong>en</strong> <strong>des</strong> populations <strong>gauloises</strong> au nord de la Cisalpine, et achève de<br />

faire ressortir ce que nous avons voulu démontrer, que tes divers<br />

passages <strong>des</strong> Alpes sept<strong>en</strong>trionales leur étant ouverts, les armées<br />

<strong>gauloises</strong> de l'Europe c<strong>en</strong>trale pouvai<strong>en</strong>t à volonté se r<strong>en</strong>dre <strong>en</strong> <strong>Italie</strong><br />

ou retourner dans leur pays.<br />

4. Tacit. Gcrm. 28. Strah. p. 193, rapporte que <strong>des</strong> trois peuples<br />

composant la nation helvète, deux périr<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t dans leurs ex-<br />

péditions militaires.<br />

2. Strab. P. 102.<br />

3. Plutareh. in Coesarc, § 26.<br />

6. Plutarch. in Mario l § 24. On sait, par Dion Cassius (XXXVIII,<br />

32— 34) et Plutarque (Gwsar, 20, 26) , qu'avant de lutter contre les<br />

Helvètes, César s'ôtait attaché les Séquanais, qui lui vinr<strong>en</strong>t <strong>en</strong> aide dans<br />

cette guerre et les suivantes c'est probablem<strong>en</strong>t par leur intermédiaire<br />

qu'il avait noué avec Arioviste les relations dont il fait m<strong>en</strong>tion dans ses<br />

Mémoires (Bell. Gall. I., 35,40, 42, 43, 44).<br />

5. Tit.-Liv. Epitorn. lib. 03, 05.<br />

6. Tit.-Liv. Epitom. lib. 05, 403; Tacit. Gemat. 28; Csar, &IL Gall.<br />

40, 11; Bio. Cnss. LXXVIII, 31.<br />

7. Casar, Ecu. Gal. Vi, 22; Tacit. .G<strong>en</strong>n. 26; Strab. p. 201; Die.<br />

Cass. XXXVIII, 31.


- 37 -<br />

Il. - La Famille Gauloise s'ét<strong>en</strong>dait à l'ori<strong>en</strong>t jusqu'au Pont-Euxin, dont<br />

elle bordait toute la côte occid<strong>en</strong>tale.<br />

Nous n'avons signalé jusqu'ici qu'une partie <strong>des</strong> populations gau-<br />

loises établies 5 l'ori<strong>en</strong>t du Bina continuons S les rechercher dans<br />

l'Europe c<strong>en</strong>trale nous parvi<strong>en</strong>drons ainsi à restituer à la famille<br />

gauloise bi<strong>en</strong> <strong>des</strong> membres qu'on lui croit étrangers, et à constater<br />

soit origine.<br />

Entre la Vistule et le grand plateau auquel est resté le nom '<strong>des</strong><br />

Boï<strong>en</strong>s , ses antiques possesseurs, ontrouvait les Gotltins , dont il<br />

nous parait difficile de contester la nationalité gauloise, puisque l'on<br />

sait, par Tacite qu'ils parlai<strong>en</strong>t gaulois L Après eux, de la Vistule<br />

au Pont-Euxin et ail campait la puissante nation <strong>des</strong> Bas-<br />

tar<strong>des</strong>, dont faisai<strong>en</strong>t partie les Peucinieus 2 L'origine gauloise (les<br />

Bastarnes est constatée par Polybe et Plutarque 3 , et aussi par Tite-<br />

Live, de qui nous savons qu'ils avai<strong>en</strong>t fi peu près le même langage<br />

et ]es mêmes coutumes que les Scordisques 4, leurs voisins, autre<br />

peuple gaulois 5 sur lequel nous revi<strong>en</strong>drons bi<strong>en</strong>tôt. Au nord, dans<br />

la grande presqu'île qui, de leur nom, fut appelé Cimbrique G , vivai<strong>en</strong>t<br />

les Cimbres, reconnus Gaulois par Cicéron, Quintili<strong>en</strong> , Diodore de<br />

Sicile, Salluste, Appi<strong>en</strong>, Sextus Rufus , Licinianus et Orose<br />

1. Tacit.. G<strong>en</strong>n. 43.<br />

2. Strab. .pp. 294, 296, 305, 306; il dit, p. 294, que la plupart <strong>des</strong><br />

géographes plaçai<strong>en</strong>t les Bastarnes immédiatem<strong>en</strong>t après les Germains,<br />

fi l'ori<strong>en</strong>t, avant les Jazyges, les Boxolans et autres Hamaxobi<strong>en</strong>s. ['tin.<br />

1V, 12, 14; Ovid. Trist. 11, r. 497, attribue à ces peuples les vastes<br />

plainS nommées par d'autres écrivains désert <strong>des</strong> Côtes eu désert <strong>des</strong><br />

Scythes.<br />

3. Polyb. XXVI, fragm. IX, edit. Didot ; P]utarch. Erni?, Puni. § 9.<br />

4. Tit.-Liv. XL, 57, 58.<br />

5. Tit-Liv. Epitom. lit). 63 ; Justin. XXXII, 2. P]utareh. JErnil. Paul.<br />

§ 12, nous appr<strong>en</strong>d que les Bastarnes ne eonnaissàicnt d'autre proression<br />

que celle de soldat merc<strong>en</strong>aire.<br />

6. Plin. 11, 67; JV, 43; Strab. p. 29i2; Ptole,n. Gcogi'. 11, c. 11.<br />

7. Cirera. O,'atio. de Provinc. Considarih. § 13: « Ipse ille C. Marins,<br />

» cujus divina atque eximia virtus inagnis populi Romani luctil,us faite-<br />

» ribus quecsubv<strong>en</strong>it, influ<strong>en</strong>tes in Italia,n Gaiiorum• maximas copias<br />

» repressit, non ipse ad corum urbes se<strong>des</strong>que peuetra\it. ,i-'Cicero,


s!;-<br />

On sait qu'<strong>en</strong> outre de cette presqu'île, les Cimbres possédai<strong>en</strong>t<br />

une partie du littoral compris <strong>en</strong>tre l'embouchure de l'Alhis et celte<br />

du Rhin 1 , plus un territoire considérable sur la rive droite de ce<br />

dernier fleuve ; que les Aduatiques et les Nervi<strong>en</strong>s, établis sur l'autre<br />

rive, étai<strong>en</strong>t leurs <strong>des</strong>c<strong>en</strong>danlis 3 , ou, ce qui parait plus exact, de leurs<br />

De Orato,'e, lib. II, § 66: « Deraonstravi digito pictum gallican in Ma-<br />

• riano scuto Cimbrico, sub novis distortum, ejecta lingua, buccis flu<strong>en</strong>-<br />

• tibus. » - Quintilian. Institut. Orator. VI, cap. 3: « Digito demons-<br />

• trùit imaginera Galli 'n seule , Cimbrico pietam. » - Diodor. Sieul.<br />

V, 32; voir, page 40, ce passage traduit <strong>en</strong> <strong>en</strong>tier. - Sallust. Bell.<br />

Juçpintfl. 144: «Per idem tempus advorsum Gailos ah ducibus nostris,<br />

n Q . Crnpione et M. Maalio male pugnatum. Quo motu Italia ornais cou-<br />

» tremuerat. . , On sait que les Gaulois dont parle ici Salluste étai<strong>en</strong>t<br />

<strong>des</strong> Cimbres.— Appian. Illyn. 4, dit que l'expédition contre Delphes, <strong>en</strong><br />

l'année 278, fut <strong>en</strong>treprise par les Molistomi et ceux <strong>des</strong> Celtes qui sont<br />

appelés Cimbres. En prés<strong>en</strong>ce d'un texte aussi probant, nous pourrions<br />

nous disp<strong>en</strong>ser de faire observer que, pour Appi<strong>en</strong>, Celtes est synonyme<br />

de Gaulois.— Sextus Bufus, Breviarium de Victoriis. .. § 6: « Marius<br />

Galles de Italia expulit. - s - Gai. Graui Liciniani ,Annalium quœ sicpersunt...<br />

cdid. Karol. aug frid. Perlé., lib, XXXIII, cap. V: « Qua<br />

» victoria Gimbrorum territus, Manlius consul litteris supplicibus cum<br />

s Cepionem orasset, ut copiis junctis simul et exercit,, ampliato Gdllis<br />

» resister<strong>en</strong>t, impetrare non potuit. » - Ores. V, c. 46: « Teutones au-<br />

» tem et Cimliri integris copiis Alpium nives em<strong>en</strong>si, Ilalim plana per-<br />

» vaserant - - - - prima siquidem perturhatio Gafloni<strong>en</strong> fuit... Lugius et<br />

» l3oiorix reges in acie ceciderunt. Claodicus et Cesorix capti surît. Ita<br />

» in bis duobus pneliis trec<strong>en</strong>ta quadraginta mullia Gallorum occisa et<br />

c<strong>en</strong>tuit quadragintamiltia capta sunt.... s - On trouve <strong>en</strong>core une<br />

autre preuve de la nationalité gauloise <strong>des</strong> Cimbres dans la combinaison<br />

<strong>des</strong> quelques passages ci-après indiqués, relatifs au soldat <strong>en</strong>voyé pour<br />

tuer Marius à 1\iinturnes : Plutarcli. in Marie, 39; Valer. Maxim. li,<br />

cap. V, De Marie, edit. Panchoucke; cap. 40; Veil. Patercul. 11, 19;<br />

A.ppian. llcU. Civil. 1, 61; Tit.-Liv. Epitom. tiR. LX.XV1I; Aurel. Victor.<br />

De l'iris Iltustr. cap. LXVII, - En prés<strong>en</strong>ce de telles autorités,<br />

nous avons peine à compr<strong>en</strong>dre comm<strong>en</strong>t M. Roget de Belloguet a pu<br />

récemm<strong>en</strong>t contester la nationalité gauloise <strong>des</strong> Cimbres.<br />

1. Strab. p. 204; Claudian. Do Belle Getico, Y. 338, 330. -<br />

2. Tacit. Gcrrn. 37: « Oceano Cirnl,ri t<strong>en</strong><strong>en</strong>t, parva nunc civitas, sec!<br />

» gloria ing<strong>en</strong>s ; veteris que famm lata vestigia mom<strong>en</strong>t, utraque ripa<br />

castra ac spatia... s Pline, IV, 44, compr<strong>en</strong>d, dans la seconde race<br />

germaine, celle <strong>des</strong> Ingévons, les Ciml,res, les Teutons et les nations<br />

<strong>des</strong> Chauques ; dans le troisième, la plus voisine du Rhin, celle <strong>des</strong> J5tévons,<br />

les Gi,nbres de l'intérieur.<br />

3. Appian. De Cduicis, fragm. I, § 4; Dio. Cass. XXXIX, 4; Cmsar,<br />

Bell. Cati. II, 20.


- 29 -<br />

tribus qui, <strong>en</strong> possession de ce pays an temps de la grande ext<strong>en</strong>sion<br />

du peuple cimbre, s'y étai<strong>en</strong>t maint<strong>en</strong>ues après le départ ou l'expul-<br />

sion de leurs frères de la rive droite; <strong>en</strong>fin, nous lisons dans Plu-<br />

tarque que leurs foràts se prolongeai<strong>en</strong>t jusqu'à celle d'Hercynie 1.<br />

Les Cimbres doiv<strong>en</strong>t avoir ou pour voisins les Ambrons, reconnus<br />

gaulois par Pompôius Festins et Orose 2 . Les Teutons autres voisins<br />

<strong>des</strong> Cimbres 3 , appart<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>t à la famille gauloise, car c'est<br />

<strong>en</strong> parlant d'eux et <strong>des</strong> Cimbres que Cicéron disait e Marins arrôta<br />

• seulem<strong>en</strong>t ces torr<strong>en</strong>ts imm<strong>en</strong>ses de Gaulois qui v<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t inonder<br />

• l'italie 4; s Crase leur donne aussi ce même nom 5 ; Plutarque<br />

Sextus Rufus, Servius et Isidore de Séville ne sembl<strong>en</strong>t pas douter<br />

de leur nationalité gauloise 6 . 'Au reste, puisque les Nervi<strong>en</strong>s, de<br />

mÔme que les Aduatiques, dont l'homogénéité n'a jamais été contestée,<br />

étai<strong>en</strong>t les <strong>des</strong>c<strong>en</strong>dants <strong>des</strong> Cimbres et <strong>des</strong> Teutons 7, il faut bi<strong>en</strong> admettre,<br />

avec Gosselin (lue, malgré leurs noms différ<strong>en</strong>ts, ces deux<br />

derniers peuples n'<strong>en</strong> formai<strong>en</strong>t réellem<strong>en</strong>t qu'un seul 8, ce que, de-<br />

vai<strong>en</strong>t déjà faire press<strong>en</strong>tir leur alliance non interrompue et le titre<br />

de fières qu'ils se donnai<strong>en</strong>t 9.<br />

Il n'existe pas, que nous sachions, de docum<strong>en</strong>ts anci<strong>en</strong>s attribuant<br />

le nom de Gaulois à tel ou tel autre peuple de la Germanie cep<strong>en</strong>dant,<br />

le grand nombre de gaulois que nous v<strong>en</strong>ons de signaler dans cette<br />

contrée et l'assurance donnée par Tacite, a que le sang <strong>des</strong> Germains<br />

» ne fut jamais altéré par <strong>des</strong> mariages étrangers , que c'était une<br />

» nation pure, sans mélange et ne ressemblant qu'à elle-mèine 10,<br />

nous autoris<strong>en</strong>t à croire que la population <strong>en</strong>tière de la Germanie<br />

appart<strong>en</strong>ait à la famille gauloise, et plusieurs passages <strong>des</strong> auteurs<br />

anci<strong>en</strong>s les plus estimés vont mettre cette vérité dans tout son jour.<br />

4. Plutarch. in Mario, § 41.<br />

2. Pomp. Festus, sub y . Ambrones; Ores. V, cap. 40.<br />

3. An. Marceil. XXXI, 5; Pemp. Mela, III, cap. 3.<br />

4. Gicero. O,'atio .13e Pt'ovine. Consujarib. §13.<br />

5. Ores. V, cap. 46.<br />

6. Plutarcb. in Ser(orio, 3; Sextus Rotos , Ba'cviaréon, § 6; Servius<br />

ad Virgil. £ncid.. VII, t 711; Isid. ilispal. Etymoi. XVJII, cap. 7, 7.<br />

7. Appian. 13e CeUicis, fragin. I, § 4; Gesar, 13o11. Gall. H, 29.<br />

8. Traduction française de Strabon, pal' Coray, Lettonne , etc., tome<br />

2, p. 64, note 3; voir aussi Pline, IV, 14 , et rapprocher Appian. 13G<br />

Ccflieis, fragin. XiII , de Tit.-Liv., sommaire du livre 63.<br />

9. Plutarcli. in Iiiari.o, 24.<br />

10. Tacit. G<strong>en</strong>t. 4.


- 60 -<br />

Ainsi, nous lisons dans le cinquième livre de Diodore de Sicile<br />

« g 23... Au-<strong>des</strong>sus de la Gaule, ù l'opposite de la Scythie., il existe<br />

» <strong>en</strong> haute mer, au milieu de l'Océan, une île nommée Basilea. »<br />

» 25. Après avoir fait connaître, l'origine du nom <strong>des</strong> Gaulois, il<br />

» convi<strong>en</strong>t de parler de leur pays. La Gaule est habitée par beaucoup<br />

» de nations très-différ<strong>en</strong>tes <strong>en</strong>tre elles pour le nombre <strong>des</strong> habi-<br />

» tants.... Elle est, pour la plus grande partie, situés sous la cons-<br />

» teilation de l'Ourse . ... . plusieurs grands fleuves coul<strong>en</strong>t dans la<br />

Gaule.....Quant à ceux qui vont se jeter dans l'Océan, on <strong>en</strong><br />

» compte deux<br />

les plus grands, le Danube et le Rhin. »<br />

« § 32. Il faut ici faire une distinction que beaucoup de personnes<br />

» n'ont pas faite. Le nom de Celles apparti<strong>en</strong>t aux peuples qui ha-<br />

» bit<strong>en</strong>t au-<strong>des</strong>sus de Marseille, dans l'intérieur <strong>des</strong> terres, et qui<br />

» viv<strong>en</strong>t <strong>en</strong> deçà <strong>des</strong> monts Pyrénées jusqu'aux Alpes celui de<br />

Gaulois, aux peuples qui sont établis au-delà de la Celtique, soit<br />

» dans les contrées inclinées vers le midi ou. vers l'Océan, soit sur<br />

» les monts Hercyni<strong>en</strong>s <strong>en</strong>flu, qui occup<strong>en</strong>t à la suite les uns <strong>des</strong><br />

» autres tout ce vaste espace jusqu'à la Scythie. Mais les Romains<br />

» ont confondu ces nations sous une même dénomination, et leur<br />

» donn<strong>en</strong>t à toutes le nom de Gaulois.....La pins barbare de toutes<br />

» ces nations est celle qui habite sous la constellation de l'Ourse,<br />

» dans le voisinage de la Scythie, et l'on dit qu'elle est anthropo-<br />

» phage, comme les Bretons qui habit<strong>en</strong>t l'iris. Suivant l'opinion de<br />

» quelques écrivains, ce peuple, dev<strong>en</strong>u fameux par sa férocité, est<br />

» le môme que celui qui, dans les temps anci<strong>en</strong>s, n ravagé toute<br />

» l'Asie sous le nom de Cimméri<strong>en</strong>s, dénomination qui s'étant altérée<br />

» par le laps <strong>des</strong> ans, s'est changée facilem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> celle de Cimjres 1.»<br />

Avant Diodore, Strabon avait écrit: « Après les Gaulois, dès qu'on<br />

» a passé le Rhin, ou trouve les Germains, situés à l'ori<strong>en</strong>t de ce<br />

» fleuve. Ils ne diffèr<strong>en</strong>t <strong>des</strong> Gaulois qu'<strong>en</strong> ce qu'ils sont plus<br />

» grands, plus blonds et plus féroces. Pour tout le reste, leur figure,<br />

» leurs moeurs et leur manière de vivre sont telles que nous les avons<br />

» décrites <strong>en</strong> parlant <strong>des</strong> Gaulois; et c'est à juste titre, e p<strong>en</strong>se, que<br />

» les Romains leur ont donné le nom de Germains, comme s'ils vou-<br />

n lai<strong>en</strong>t dire de véritables Gaulois ; car c'est ce que signifie ce mol<br />

» dans la langue <strong>des</strong> Romains 2 »<br />

1. Traduction idiot.<br />

2. Strabon, p. 290 et 190, traduction Coray.


L'étymologie que donne ici Strabon est confirmée par Plutarque<br />

<strong>en</strong> ces termes : « Les Romains appell<strong>en</strong>t Germains les frères de père<br />

» et de mère 1; » et Pompéins Festus dit égalem<strong>en</strong>t : « GerM<strong>en</strong>,<br />

» ce qui naît <strong>des</strong> rejetons <strong>des</strong> arbres, d'où le mot Germani, nés de<br />

la même souche<br />

C n<br />

Salluste, Isidore de Séville et un géographe grec anonyme du<br />

iv', siècle de notre ère, reconnaiss<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>t les Germains pour<br />

<strong>des</strong> Gaulois. On lit, <strong>en</strong> effet, dans un <strong>des</strong> fragm<strong>en</strong>ts de la grande lus-<br />

Loire du premier: « Crixus, et ceux do sa nation, Germains et Gau-<br />

» lois; » dans les ûiymoiogius du second : « Le Vindilis (Vistule)<br />

» pr<strong>en</strong>d sa source à l'extrémité de la Gaule; c'est de ce fleuve, dit-<br />

» on, que les Vandales, anci<strong>en</strong>s habitants de ses rives, ont reçu leur<br />

» nom; » et dans la <strong>des</strong>cription du monde du troisième : « Après la<br />

» Pannonie vi<strong>en</strong>t la province de» Gaules.....à laquelle touche la<br />

n nation nombreuse <strong>des</strong> Goths 3 . n<br />

Indép<strong>en</strong>damm<strong>en</strong>t de son territoire à l'occid<strong>en</strong>t du Rhin, la famille<br />

gauloise occupait donc <strong>en</strong>core, ail-delà de ce fleuve, tout le pays coin-<br />

pris <strong>en</strong>tre l'Océan sept<strong>en</strong>trional et lister. Elle s'ét<strong>en</strong>dait mème, on<br />

va le voir, assez loin au midi de ce dernier fleuve.<br />

Nous avons déjà parlé <strong>des</strong> Mi<strong>en</strong>s, (le leur désert, et du pays qu'ils<br />

partageai<strong>en</strong>t avec les Taurisci, appelés Noriques par les Romains<br />

à droite du Noricum se trouvait ],a à laquelle les Romains<br />

donnèr<strong>en</strong>t le nom de Pannonie, c'est-à-dire la Bariolée, parce que -<br />

les manteaux de ses habitants étai<strong>en</strong>t composés de ban<strong>des</strong> d'étoffes<br />

de couleurs variées r . Le costume pannoni<strong>en</strong> était celui <strong>des</strong> Gaulois,<br />

dont voici la <strong>des</strong>cription donnée par Diodore de Sicile Levête-<br />

1. Plutarch. in. Rornulo, 3.<br />

2. Pemp. Festus, sub y. Germ<strong>en</strong>.<br />

3. Sallust. édit. Panekoucke, 4e livre de sa Grande Histoire, fragm.<br />

CCCI, h, <strong>en</strong>tre tes non CCCXXXVI et CCCXXXVII; Isid. Bispal. Etym.<br />

IX, cap. 2, § 05; Tatius orbi» Descripiio, Liber muions Pliilosophi,<br />

§ 58, ap. Ceogr. Grmei Miner. edit, filet, t. 2, p. 52G.— A ces témoignages,<br />

IIOUS Fourrions peut-être ajouter le suivant., emprunté à Luci<strong>en</strong>,<br />

Dialogue <strong>des</strong> Morts, chap. 12, § 2: « Je triomphai <strong>des</strong> Gaulois oecid<strong>en</strong>s<br />

taux , » car ces paroles d'Annibal lions paraiss<strong>en</strong>t s'appliquer aux<br />

Volkes <strong>des</strong> rives (lu Rhône, par opposition aux Gaulois de ta Germanie,<br />

qu'il avait eus pour alliés <strong>en</strong> <strong>Italie</strong>, et qu'il devait savoir habiter à l'ori<strong>en</strong>t<br />

<strong>des</strong> premiers.<br />

4. Plin, III, 20; Strab. p. 206.<br />

5. Die. Cass. XLIX, 36.<br />

r<br />

j


-<br />

» m<strong>en</strong>t <strong>des</strong> Gaulois est d'une bizarrerie frappante ils port<strong>en</strong>t <strong>des</strong><br />

» tuniques teintes et semées de fleurs de diverses couleurs, <strong>des</strong><br />

» chausses qu'ils nomm<strong>en</strong>t Fraies, et s'attach<strong>en</strong>t sur les épaules, avec<br />

» <strong>des</strong> agrafes, <strong>des</strong>saies ra yées d'une étoffe à carreaux de cou-<br />

» leur......» Nous savons aussi, par Dion Cassius, que les Piano-<br />

ripas avai<strong>en</strong>t les mêmes armes, Je mème habillem<strong>en</strong>t que les Seordisques,<br />

leurs voisins 2, dont la nationalitègauloise est indiscutable.<br />

- Ceci ne doit pas nous surpr<strong>en</strong>dre, puisque, selon Justin, dès le<br />

comm<strong>en</strong>cem<strong>en</strong>t (lu vs° siècle, la Pannonie appart<strong>en</strong>ait à <strong>des</strong> Gaulois<br />

3, auxquels vinr<strong>en</strong>t se joindre, après le sac ile Delphes, <strong>des</strong> Tee-<br />

tosages , et ceux <strong>des</strong> Scordisques qui se fixèr<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tre le Danube et<br />

la Save 4 - D'autres Scordisques possédai<strong>en</strong>t la partie de la Pannonie<br />

r<strong>en</strong>fermant les places d'Eona et de capedunum; mais le prin-<br />

cipal groupe de cette nation , qui fut longtemps très-puissante<br />

occupait au sud-est tout le pay compris <strong>en</strong>tre le Noarus et les<br />

Triballes; les Scordisques s'ét<strong>en</strong>dai<strong>en</strong>t même au-delà de ces limites,<br />

ainsi que le déclare Strabon, à qui nous empruntons ces détails 5,<br />

et que le confirm<strong>en</strong>t Tite-Live, Justin , Florus , Appieu et Julius<br />

Obséqu<strong>en</strong>s 6.<br />

L'ethnique scordLçcj ne peut avoir été un nom national, puisqu'il<br />

ne fut pris par aucune <strong>des</strong> tribus qui, de la Thrace, passèr<strong>en</strong>t <strong>en</strong><br />

Asic; il fut évidemm<strong>en</strong>t donné par les Grecs aux premiers Gaulois<br />

reconnus par eux au-delà dit montagne d'Illyrie. Les an-<br />

ci<strong>en</strong>s se préoccupai<strong>en</strong>t fort peu <strong>des</strong> noms que portai<strong>en</strong>t 1es, peuples<br />

par eux réputés barbares ils leur <strong>en</strong> donnai<strong>en</strong>t eux-mêmes d'arbi-<br />

traires, et leur géographie fourmille de ces dénominations fantaisistes<br />

d'origine grecque ou romaine, qui, conservées plus tard avec les véri-<br />

tables noms, induisir<strong>en</strong>t <strong>en</strong> erreur histori<strong>en</strong>s et géographes, <strong>en</strong> leur<br />

faisant croire à l'exist<strong>en</strong>ce d'autant de nations différ<strong>en</strong>tes. Les S<strong>en</strong>t-<br />

disques, ainsi que les Gaulois de la Germanie ori<strong>en</strong>tale, qui, vivant<br />

pour ainsi dire dans leurs chariots, fur<strong>en</strong>t, pour cette seule raison,<br />

4. Diod. Sicul. V, 30; Strab. p. 497.<br />

2. Die. Cass. LIV, 31,<br />

3. Justin. XXIV, 4.<br />

4. Justin. XXXII, 3. Appi<strong>en</strong>, lUyr. § 3, fait aussi m<strong>en</strong>tion de l'établissem<strong>en</strong>t<br />

deScerdisques dans la Pannonie.<br />

5. Strab. pp. 813, 314, 347, 348.<br />

6. Tit.-Liv. Epitoin. Eh. 56 et 63; Justin. XXXI!, 3; Flans, III, 4;<br />

Appian. lUyr. 2, 3,5; Jul. Obsequ<strong>en</strong>s, § 75; Miam. MarceiL XXvII, 4.


48 -<br />

appelés Amaxoeci, llamaxohii ou Bastarnes 1, étai<strong>en</strong>t, nous allons le<br />

démontrer, les mêmes que les Daces, connus égalem<strong>en</strong>t sous le nom.<br />

de Cètes,<br />

« On appelle Daces, nous dit Strabon, ceux qui, contigus aux<br />

Gèles, occup<strong>en</strong>t le pays opposé vers la Germanie et les sources de<br />

» lister, et qui, plus anci<strong>en</strong>nem<strong>en</strong>t, portai<strong>en</strong>t, je crois, l<strong>en</strong>om de<br />

» Daii ..... Les Romains donnai<strong>en</strong>t le nom de Danube é la partie su-<br />

» périeure de l'ister comprise <strong>en</strong>tre sa source et les cataractes, et<br />

n qui coulait surtout â travers le pays <strong>des</strong> Daces 2 . n Un peu plus<br />

loin, il complète cette explication, <strong>en</strong> ajoutant que ces derniers n'é-<br />

tai<strong>en</strong>t séparés <strong>des</strong> Boii etTaurisci que par le Pansus 3.. Dion Cassius<br />

dit aussi « Les Daces habit<strong>en</strong>t les deux rives (le pister , mai s los<br />

uns, att<strong>en</strong>du qu'ils ont leur demeure tout près <strong>des</strong> Triballes, font<br />

» partie de la préfecture de Mysie, et sont appelés Mysi<strong>en</strong>s, excepté<br />

1. Ces noms ont exactem<strong>en</strong>t la même valeur, car Basterna, d'oii vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t<br />

celui de Bastcrne, employé par Pline, W, 12, 14, et Orose, 1V, 20<br />

et VII, 25, ainsi que celui de Bastarne, plus généralem<strong>en</strong>t usité, signifie<br />

chariot, voiture de voyage (Servius ad Virgil. JEncid. VIII, y. 666; Isici.<br />

Ilispal. Etymol. XX, cap. 42, § 9). Si les dénominations d'Flamaxobi<strong>en</strong>s<br />

ou de Bastarnes désign<strong>en</strong>t le plus souv<strong>en</strong>t, chez les auteurs anci<strong>en</strong>s,<br />

une nation 1,articubére bordant la partie inférieure du cours du Danube,<br />

elles serv<strong>en</strong>t aussi parfois I indiquer les peûpla<strong>des</strong> nombreuses qui vivai<strong>en</strong>t<br />

<strong>en</strong> noma<strong>des</strong> <strong>en</strong>tre le Tyras et le Tanaïs. - Cf., pour le nom<br />

d'Amaxoeci ou flamaxohi<strong>en</strong>s, Strab. pp. 120, 294, 296, 300, 307; Plin.<br />

1V, 12; Martian. Capeil. VJ, § 663 ; Ploi<strong>en</strong>t. Geoyr. edit. Bertii, III,<br />

c. 5 ; Mela, II, e. I , dit que c'était le surnom <strong>des</strong> Agathyrses et <strong>des</strong><br />

Sauromates (Dicti IIamaxobii). - Pour le nom de Bastarnes, <strong>en</strong> outre<br />

<strong>des</strong> passages déjà cités de Polybe, Tite-Live, Strabon et Plutarque, voir<br />

Justin. XXXII!, 3; Appian. Macedon. fragm. IX, 4; Mit.hrid. 15, 69, 74;<br />

Ittyr. 4, 22; Plin. 1V, 12, 44; Scymn. Y. 797; Die. Gass. LI, 23,24,20;<br />

Ores. IV, 20; VII, 25; Dionys. Perieg. N. 304; Eustath. inDionys. Pes'iey<br />

y . 302; Ptol. Gceyr. III, C. 5.<br />

2. Strab. p. 304; Steph. Byz. euh y . Daeia.<br />

3. Strab. p. 313. Ne. se r<strong>en</strong>dant pas compte de la grande ext<strong>en</strong>sion <strong>des</strong><br />

Daces sur la rive droite de lIster, quelques géographes ont cru devoir,<br />

dans ce passage , substituer au Pansus, le Pathisus , afflu<strong>en</strong>t de gauche<br />

du grand fleuve ; mais cette correction est inacceptable, car, ne l'oublions<br />

pas, il s'agit ici dés Boii réfugiés chez les Taurisei, et il n'existe aucun<br />

docum<strong>en</strong>t autorisant A ét<strong>en</strong>dre ces derniers au nord de lIster. Strabon,<br />

<strong>en</strong> ajoutant (même page 313), que les Scordisques ont souv<strong>en</strong>t combattu<br />

pour la cause <strong>des</strong> Daces, fournit un argum<strong>en</strong>t de plus <strong>en</strong> faveur de<br />

l'id<strong>en</strong>tification de ces deux peuples.


- n -<br />

o par les peuples tout-à-fait voisins; ceux qui vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t à leur suite<br />

» se nomm<strong>en</strong>t Daces, 011 GèLes, ou Thraces ..... .» Enfin, Florus<br />

rapporte que les Daces habitai<strong>en</strong>t les montagnes <strong>en</strong> deçà de l'Jster 2.<br />

D'un autre côté, César avait appris que ],a ilercynie se prolongeait<br />

au nord du Danube jusqu'aux peuples daces 3, dont le ter-<br />

ritoire, du vivant de Pline, comm<strong>en</strong>çait ait mais s'ét<strong>en</strong>dait<br />

jadis àl'occid<strong>en</strong>t de cette rivière . Un siècle plus tard, Ptolémée<br />

donnait. <strong>en</strong>core pour limites à la Dacie, le Tibiscus, qui paraît être le<br />

Pathisus, les monts Carpatlics, une partie du Tyras et PIster G<br />

S'ils ne s'id<strong>en</strong>tifiai<strong>en</strong>t pas avec les Daces, qu'étai<strong>en</strong>t doue dev<strong>en</strong>us<br />

les Seordisqus et les Bastarnes qui, nous l'avons vu, occupai<strong>en</strong>t<br />

précisém<strong>en</strong>t ces deux mêmes contrées? Ptolémée a crn tout concilier,<br />

eu confinant les premiers clans le sud-est de la Pannonie inférieure 6,<br />

et les seconds <strong>en</strong>tre le Tyras et le Borysthène 7 ; mais ils est com-<br />

plètem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> désaccord avec les divers auteurs ci-<strong>des</strong>sus m<strong>en</strong>tionnés,<br />

notamm<strong>en</strong>t avec Strabon, qui place les Scordisques le long de lIster,<br />

<strong>en</strong>tre les Noriques et les Triballes 8 , et, quant aux Bastarnes, avec<br />

Pline 9 et Plutarque 10 , et plus <strong>en</strong>core avec Dieu Cassius, qui dit <strong>en</strong><br />

parlant d'eux « Passant alors lIster, ils soumir<strong>en</strong>t la partie de la<br />

» Mysie (Moesie) située <strong>en</strong> face d'eux fi » position géographique<br />

qui ressort égalem<strong>en</strong>t et du récit do Tite-Live 12 et du nom de Scor-<br />

disques, que leur donne Justin '.<br />

On ne peut objecter qu'après leur défaite, ces peuples ont dé être<br />

expulsés par les Romnains En effet, c'est <strong>en</strong> l'année xi avant notre<br />

1. Dio. Gass. LI, 22.<br />

2. Florus, 1-%T , 42.<br />

3. Csar. Bell. Gall. VI, 25,<br />

4. Plin. IV, 12.<br />

5. Ptol. Gcogr. 111, C. 8.<br />

G. Ibid. II, e. 46.<br />

7. Ibid. III, e. 5.<br />

8. Strab. pp. 313, 318 et la note 3 de la page précéd<strong>en</strong>te.<br />

9. Plin. W. 12.<br />

10. Plutcrch. /Erni. Paul. § 9.<br />

IL Bio. Gass. U, 23.11 suffit de lire le § 27 du mémne livre et le § 36<br />

du livre 49, pour se bi<strong>en</strong> convaincre que par Mysie, Pion Cassius <strong>en</strong>t<strong>en</strong>d<br />

ici la Moesie, contrée contigué â la Pannonic; voir égalem<strong>en</strong>t le passage<br />

eôhfinnatif de Strabon, p. 295.<br />

42. Tit.-Liv. XL, ai.ss; XLI, 49.<br />

13. Justin. XXXII, 3.


- 45 -<br />

ère que les Scordisques paraiss<strong>en</strong>t pour la dernière fois sous ce nom<br />

dans l'histoire, et si, peu auparavant, ils avai<strong>en</strong>t, comme le dit Vel-<br />

Idius, cédé aux armes de Tibère 1 , ils étai<strong>en</strong>t néanmoins restés dans<br />

la Moesie et y conservai<strong>en</strong>t <strong>en</strong>core une certaine importance, ainsi que<br />

l'atteste ce passage de Pion Cassius u Tibère réussit à dompter les<br />

• Pannoni<strong>en</strong>s, puissamm<strong>en</strong>t aidé par les Seordisques, peuple qui<br />

• leur est contigu et se sert <strong>des</strong> rnèmes armes . »<br />

Les Bastarnes n'avai<strong>en</strong>t pas été non plus chassés de leur pays, car<br />

l 'on sait parFlavius \Topiscus et Zozyme, que vers la lin du 1110 siècle,<br />

l'empereur Probus autorisa c<strong>en</strong>t mille d'<strong>en</strong>tre eux ii s'établir <strong>en</strong><br />

Thrace 3, et Orose nous montre le reste de la nation combattant les<br />

troupes de Diocléti<strong>en</strong>, avec l'aide <strong>des</strong> Carpi, comme eux riverains<br />

de lister 4.<br />

Au reste, Appi<strong>en</strong> achèverait de dissiper les doutes, si l'on <strong>en</strong> con-<br />

servait <strong>en</strong>core sur l'id<strong>en</strong>tité <strong>des</strong> Bastarues et <strong>des</strong> Daces ou Gèles, car<br />

il donne ce dernier nom, non-seulem<strong>en</strong>t aux merc<strong>en</strong>aires du nord de<br />

l'Ister accourus à l'appel de Persée, roi de Macédoine , troupes que<br />

précédemm<strong>en</strong>t il a lui-même appelé Bastdrnes ; mais <strong>en</strong>core à Clo-<br />

lius, l'un de leurs chefs 7 , dans lequel il est impossible, après lecture<br />

de ce passage, de ne pas reconnaître le Clondicus, roi <strong>des</strong> Gaulois<br />

1. Vol[.Patercul. U, 39.<br />

2. Bio. Cass. LIV, 31.<br />

3. Flavius Vopisc. in Proho, 48; Zozym. I; P. 65, edit. Oxonii,.4679.<br />

4. Ores. VU, c. 25; Lactant. De mort. Persocut. § 4,9; Scymnus,<br />

y . 841..<br />

5. Appian. Ïfrfaeedon. fragm. XVI, § 1.<br />

6. Ibid. fragm. IX, 1.<br />

7. Ibid. fragm. XVI, 2. L'id<strong>en</strong>tité <strong>des</strong> Bastarnes et <strong>des</strong> Daces se peut<br />

<strong>en</strong>core déduire du rapprochem<strong>en</strong>t de quelques docum<strong>en</strong>ts postérieurs.<br />

Ainsi, au rapport de Suidas (sub. y . I)akes), tas Daces étai<strong>en</strong>t de soit<br />

appelés Pat.zinaeitai. Or, voici ce que dit Danville (Etats formés <strong>en</strong> Europe<br />

après la chute de l'<strong>en</strong>p. rom. pp. 255, 256 « Nicétas parle d'une<br />

» multitude de Patzinaces, sous le nom de Scythes et sous celui d'lIa-<br />

» maxobi<strong>en</strong>s, parce qu'ils vivai<strong>en</strong>t dans <strong>des</strong> chariots. . .. Leur nom (<strong>des</strong><br />

» Daces) est Pyeczinigi , dans Luitprand de Pavie, et dans d'autres his-<br />

« tori<strong>en</strong>s qui parl<strong>en</strong>t <strong>des</strong> guerres qu'ils ont eues avec les Russes, leurs<br />

» voisins; et Vapovius, auteur polonais, veut que ce nom soit celui,<strong>des</strong><br />

». Peucîni, ce que je ne crois pas hors de vraisemblance ....et ]e nom<br />

» de Piczina, que conserve la même ile (de Peucé) .....» Notons pour<br />

mémoire que, suivant Zonare, Annales, XVII, 26; XVIII, 23, les Parinaces<br />

étai<strong>en</strong>t <strong>des</strong> Scythes.


46<br />

flaslarnes, dont Tite-Live rapporte les démêlés avec le même Persée 1.<br />

Ajoutons aussi; avec Strabon et Zonare, que les deux rives de lister<br />

étai<strong>en</strong>t' occupées par les Mysi ou Moesi 2, autre nom sous lequel les<br />

anci<strong>en</strong>s désignai<strong>en</strong>t souv<strong>en</strong>t les voisins ori<strong>en</strong>taux <strong>des</strong> Pannoni<strong>en</strong>s.<br />

C'est aussi probablem<strong>en</strong>t pour avoir vu le nota de Bastariies donné<br />

aux Gèles inéridionau par un écrivain convaincu de leur id<strong>en</strong>tité, à<br />

laquelle il ne crut pas devoir ajouter foi, que Strabon a écrit Au-<br />

» jourd'bui ,'tous ces peuples (les Scythes Amaxoeci et les Saura-<br />

» mates) ainsi que les Bastarnes, sont mêlés principalem<strong>en</strong>t avec les<br />

o Thraces d'au-delà de lIster, niais aussi avec ceux d'<strong>en</strong> deça 1. »<br />

Il existait même plus au midi, dans la Thrace, <strong>des</strong> populations pion<br />

peut reconnaitre pour d'autres Bistortes. En effet, près du mont<br />

Rhodope , où, nous le savons par Dion Cassius, les Daces avai<strong>en</strong>t<br />

anci<strong>en</strong>nem<strong>en</strong>t établi <strong>des</strong> colonies 4, habitai<strong>en</strong>t les liausi ù , connus<br />

<strong>des</strong> Grecs sous le nom d'Agathyrses 6, comme la tribu scythe qui<br />

confinait aux Basiarnes Trans-danubi<strong>en</strong>s, si méiïie elle n'<strong>en</strong> faisait<br />

partie 7, et dont Hérodote rapporte qu'elle avait clos coutumes assez<br />

4. Tit.-Liv. XL, 58; XLIV, 20, 27.<br />

2. Strab. p. 205. Les Gèles, dit le même Strabon, p. 304, étai<strong>en</strong>t, sur<br />

les cieux rives de lIster, mélangés avec les Thraces et les Mysi ; les Mysi<br />

on Moesi, dit-il (p. 303), étai<strong>en</strong>t <strong>des</strong> Gèles et parlai<strong>en</strong>t la même langue<br />

que les Thraces.—Zonai. Auna?. X, 32.<br />

3. Strab. pp. 200, 305. Si, comme tous les peuples gaulois, les Bastailles<br />

et les Gèles se faisai<strong>en</strong>t parfois la guerre, ils avai<strong>en</strong>t aussi <strong>en</strong>tre<br />

eux <strong>des</strong> rapports qui dénot<strong>en</strong>t une étroite par<strong>en</strong>té. Ainsi Arri<strong>en</strong> (.Expcd.<br />

Mer. 1, c. 2), nous montre Syrmus, roi <strong>des</strong> Gèles Triballes, se réfugiant<br />

avec sa famille, les femmes et les <strong>en</strong>fants de sa nation et une foule de<br />

Thraces, dans l'île de Peucé, qui appart<strong>en</strong>ait è l'une <strong>des</strong>principales tribus<br />

<strong>des</strong> Bastarnes. Dion Cassius (LT, 26) nous appr<strong>en</strong>d que les Bastarnes<br />

avai<strong>en</strong>t déposé à Génucla, le rempart le plus solide de l'empire du roi<br />

gète Zyracês. les <strong>en</strong>seignes qu'ils avai<strong>en</strong>t <strong>en</strong>levées, près d'Istria, à Caïus<br />

Antoine. Appi<strong>en</strong>(. iUmrida(. §09) dit cep<strong>en</strong>dant que les Bastarnes étai<strong>en</strong>t<br />

plus vaillants (lue tous les Thraces habitant le long de l'Ister, du Rhodope<br />

et de l'Ilmmus.<br />

4. Die. Cass. LI, 22.<br />

5. Atlas (le Spruner-M<strong>en</strong>ke, carte XXIII; il ermann. Bobrick , Géogr.<br />

d'Hérodote, atlas, carte de la Thrace Lareher, traduction d'Jlérodote,<br />

tome 8, pp. 579, 580; Goray, traduct. de Strabon, tome 2, p. 33, note I.<br />

O. Steph. Byz. soli Y. Trausol.<br />

7. Hérodote, IV, 49, dit qu'elle occupait les sources du Maris, afflu<strong>en</strong>t<br />

tIc lIster; D<strong>en</strong>ys-le-Périégète, vers 310, 311, et Prisci<strong>en</strong>, son copiste,


- 47 -<br />

semblables à celles <strong>des</strong> Thraces 1 . Ilésycbius dit, il est vrai, de ces<br />

Transi, qu'ils étai<strong>en</strong>t Scythes 2, mais cette origine est -égalem<strong>en</strong>t attribuée<br />

par. Dion Cassius aux Daces, aux Mysi<strong>en</strong>s et aux Bastarnes 3,<br />

à ces derniers <strong>en</strong>core par Zozyine 4, et nous verrons bi<strong>en</strong>tôt qu'elle<br />

ôtait aussi celte <strong>des</strong> Gètes, qui avai<strong>en</strong>t, au rapport de Thucydide, les<br />

armes et les habitu<strong>des</strong> <strong>des</strong> Scythes 5.<br />

De tout ce qui précède, nous croyons pouvoir conclure que les<br />

Transi, comme l'a conjecturé Coray 6, n'étai<strong>en</strong>t autres que les Prausi,<br />

nation gauloise à laquelle, suivant Strabon, appart<strong>en</strong>ait le Br<strong>en</strong>nus<br />

célèbre par l'expédition de Delphes 7; que les Daces ôtai<strong>en</strong>t de véritables<br />

Gaulois, et, par conséqu<strong>en</strong>t aussi, les nombreuses peupla<strong>des</strong><br />

Gttes 8 , car l'unité de race et de langage <strong>des</strong> Daces et <strong>des</strong> Gètes était<br />

si bi<strong>en</strong> reconnue de toute l'antiquité °, que plusieurs de ses écrivains<br />

donn<strong>en</strong>t indifféremm<strong>en</strong>t l'un ou l'autre de ces noms aux habitants<br />

<strong>des</strong> deux rives du Bas-Danube<br />

Ces conclusions 'trouv<strong>en</strong>t d'ailleurs un imposant appui dans le té-<br />

'ers 302, 30, les plac<strong>en</strong>t sur les rives du Borvsthène, c'est-à-dire dans<br />

l'ét<strong>en</strong>due du territoire que Strabon (p. 306) assigne aux Bastarues.<br />

4. Ilerodote. IV, 104.<br />

2. Hésychius, au mot Truz&os, cité par Larcher, trad,ct. d'.11érodotc,<br />

tome 4, p. 188.<br />

3. Dio. Cass. LI, 22, pour les Daces et les Mysi<strong>en</strong>s ; XXXVIII, 10, et<br />

LI, 23, 24, pour les ]3astarnes. Pour l'id<strong>en</strong>tité <strong>des</strong> Mysi et <strong>des</strong> Gèles,<br />

voir <strong>en</strong>core Dion Cassius, Li, 27. -<br />

4. Zozym. I, p. 05.<br />

5. Thueydid. II, 96.<br />

6. Traduction française de Strabon, tome 2, p. 33, note 1.<br />

7. Strah. pp. 187, 188. On pourrait peut-titre reconnaître un autre<br />

indice de la nationalité gauloise <strong>des</strong> Trausi, dans te nom de champ traitsiwi<br />

donné â une plaine de la campagne de Rome (Died. Sicul. XIV,<br />

447) qui semble rappeler le souv<strong>en</strong>ir d'une horde de Transi contribuant<br />

à la prise de Home. Le nom de Prausi, employé par Strabon, serait<br />

alors défectueux. -<br />

8. ServiusarIVirgil.Aneid.lJl,v.35, « Gebe auteur populi<br />

» quit, quia lata est, multas continet g<strong>en</strong>tes; » Bio. Gass. LI, 26, 27.<br />

9. Strab. pli 304, 305 ; Bio. Cass. LI, 22, 27; LXVII, 6; Justin.<br />

XXXII, 3.<br />

40. Sarah. pp. 295, 301, 303, 305, 306; Appian. Pt'œfatio, 4; Macedon.<br />

fi-agni. XVI, § 4, 2; Bio. Gass. LI , 2-2; LXVJJ, 6; Affine.<br />

Exped. Alex. I, e. 3; Dieuys. Perieg. y . 304; l'riseian. Pericg. y . 295,<br />

296; Plin. IV, 12.


--V<br />

/<br />

- 48 —.<br />

moignage d'Hrodoté, qui sépare très—nettem<strong>en</strong>t ds indigènes de la<br />

Tiirace, tous les peuples qui, selon nous, faisai<strong>en</strong>t partie de la famille<br />

gauloise : « Les Thraces, dit-il, ont chacun un nom différ<strong>en</strong>t, sui-<br />

» rani les divers cantons qu'ils occup<strong>en</strong>t; cep<strong>en</strong>dant, leurs lois et<br />

» leurs usages sont <strong>en</strong> tout à peu près les mêmes, excepté chez In<br />

» Gâtes les Tt'mcses et ceux qui habit<strong>en</strong>t au-<strong>des</strong>sus <strong>des</strong> Cresto-<br />

n m<strong>en</strong>s I. » Voilà, nous n'<strong>en</strong> pouvons douter, les Thraces, dont les<br />

coutumes, suivant le môme Hérodote, avai<strong>en</strong>t beaucoup de confor-<br />

mité avec celles <strong>des</strong> Agathyrses 2,<br />

Cette intéressante remarque du père de l'histoire nous démontre e<br />

outre que l'établissem<strong>en</strong>t <strong>des</strong> Gaulois dans la Thrace est bi<strong>en</strong> antérieur<br />

à l'expédition de Delphes, ainsi que l'a <strong>en</strong>trevu M. Félix Robioa 3,<br />

et que le prouve le souv<strong>en</strong>ir conservé par Pline et Sénèque d'une<br />

p<strong>en</strong>pade gauloise refoulée et assiégée dans l'Hmmus par Cassandre ,<br />

qui régna sur la Macédoine <strong>en</strong>tre les années 311 et 998, peuplade<br />

dans laquelle nous pouvons reconnaître l'une de celles qu'Hérodote<br />

place au—<strong>des</strong>sus <strong>des</strong> Crestoni<strong>en</strong>s.<br />

Indép<strong>en</strong>damm<strong>en</strong>t <strong>des</strong> noms de Daii et de Geire que pr<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t une<br />

grande partie <strong>des</strong> Gaulois de l'Europe c<strong>en</strong>trale, ils <strong>en</strong> avai<strong>en</strong>t d'autres<br />

servant à distinguer les principales nations de ce groupe les Scor .<br />

-disques et autres Gaulois de la Thrace portai<strong>en</strong>t évidemm<strong>en</strong>t les noms<br />

de Tectosages, (le Tolistoboï<strong>en</strong>s et da Troemes, conservés par<br />

' ceux<br />

<strong>des</strong> leurs qui se fixèr<strong>en</strong>t <strong>en</strong> Asic ; quant aitx Pannoni<strong>en</strong>s, ceux du<br />

nord étai<strong>en</strong>t (les Boï<strong>en</strong>s, ceux d it <strong>des</strong> Tectosages.<br />

1 III. - Tous les Peuples Gaulois, sans distinction, les Cinmér1<strong>en</strong>s, les Gotiis<br />

et 19B Sarmates, appart<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t k la Race Scythique.<br />

Srahon énumère, à deux reprises, les populations, étrangèresseOiV<br />

[lui, établies chez les Gètes, et ne cite chaque fois que <strong>des</strong> Bastarnes,<br />

<strong>des</strong> Scythes Amaxoeci et <strong>des</strong> SaurolIlates 5. Il faut nécessairem<strong>en</strong>t eu<br />

L Berodot. V, 3, traduction Lnrclser. On peut aussi retrouver dans<br />

Thucydide (11, 96,) la trace de la distinction formuéc par liérodotb<br />

<strong>en</strong>tre ces mêmes populations et le reste <strong>des</strong> Thraces.<br />

2. Herodot 1V, 104.<br />

3. Robiou, Hist. <strong>des</strong> Gaulois d'Ori<strong>en</strong>t,<br />

4. Plin; XXXI, 4; S<strong>en</strong>. Naturai. Quwstion. 111, XI.<br />

5. Strab. pp. '296, 305.<br />

r


49<br />

conclure' l'homogénéité du reste de la nation, incontestéé d'aiÏfnr's<br />

par les écrivains postérieurs, et, par conséqu<strong>en</strong>t, son origine cirunié-<br />

ri<strong>en</strong>ne, puisque d'après le même Strabon, telle était celle <strong>des</strong> Trères<br />

l'une <strong>des</strong> anci<strong>en</strong>nes tribus gèles connues de Tliucydide.2.<br />

Nous avons ainsi un second point d'attache de la famille gauloise<br />

aux Cirnméricns, car l'id<strong>en</strong>tité do ces derniers et <strong>des</strong> Cimbres est!<br />

parfaitem<strong>en</strong>t justifiée admise par Posidonius,Strabon, Diodore de<br />

Sicile, Plutarque et autres, elle n'a été contestée par aucun <strong>des</strong> écrivains<br />

de l'antiquité a.<br />

Mais qu'étai<strong>en</strong>t eux-rhèmes lés Citiirnéri<strong>en</strong>s? - Hérodote rap-<br />

porté que, sous le régné d'Ardys, roi de Lydie, une agression <strong>des</strong><br />

Scythes noma<strong>des</strong> refoula d'Europe <strong>en</strong> Asie tons les peuples ciminé-<br />

ri<strong>en</strong>s qui habitai<strong>en</strong>t alors et depuis longtemps le pays à l'ori<strong>en</strong>t du<br />

Tyras 4. Il est possible qu'à cette époque, c'est-à-dire vers l'année<br />

634, <strong>des</strong> tribus cimméri<strong>en</strong>nes se soi<strong>en</strong>t vues fàrcées d'abandonner<br />

les rives du Tyras, et que ce mouv<strong>en</strong>r<strong>en</strong>t ait déterminé l'une de leurs<br />

émigrations dans la direction de l'Albis ; mais comm<strong>en</strong>t admettre<br />

l'expulsion de l'Europe de la totalité de<br />

dleurs tribus et l<strong>en</strong>t établissemént<br />

<strong>en</strong> Asie, près de nations <strong>en</strong>nemies, plus redoutables que celles<br />

qui les forçai<strong>en</strong>t fuir; contin<strong>en</strong>t croire, ce qui <strong>en</strong> serait cep<strong>en</strong>dant<br />

la coffséqneuce, que durant sept siècles et plus le nom d'une nation<br />

disparue ait été conservé, par les vainqueurs à deux contré'es, une<br />

montagne, un cap, plusieurs villes, un d é troit, un golfe, une mer t?<br />

On le petit d'autant moins que les invraisemblances choquantes<br />

du récit' d'Jlérodote, ne permett<strong>en</strong>t pas d'y ajouter foi; quAviénus,<br />

Mela, Pline, Solin, D<strong>en</strong>ys d'Alexandrie et Amini<strong>en</strong> Marcellin parl<strong>en</strong>t<br />

<strong>des</strong> Ciinméri<strong>en</strong>s comme d'un peuple bxistant <strong>en</strong>core de leur temps <strong>en</strong>'<br />

4. Strah. pp. 59, 61, 647.<br />

2. Thucydid. Il, 96.<br />

3. Posidon. ap. Strab. p. 293 Diod. Sic. V, 3; Plutareh. i'n Màrie, 11;<br />

Steph. Byz. soli y . Abroi. M. Roget d'e Belloguet (Ethnoénie Gauloise,<br />

tome 2, pp. 249, 250,) prét<strong>en</strong>d qu'<strong>en</strong> n eu tort de co'nfondre ]es Ciniljrs<br />

et les Cimméri<strong>en</strong>s, et qu'il le démontrera; mais les autoriLés sut lesquelles<br />

il annonce devoir s'appuyer pour cela lui <strong>en</strong> fou,-nirduit difficilem<strong>en</strong>t<br />

la possibilité.<br />

4. I'Ierodot. I, 15; IV, 44; 42, 13:<br />

5. Plin. VI, 6, 7; IV, 42; XVI, 32 '; 1-férodoL IV, 12; tia. pp.2*<br />

309, 494; Pomp. Mela, Il, e. 4; jEthieus Jster, 4b<br />

nalis alLas ; 2° Asie Provinciec situs, in fi-ne.<br />

4


- 50 -<br />

Scythie notamm<strong>en</strong>t dans la Chersonèse Taurique ', et que leurs<br />

témoignages sont pleinem<strong>en</strong>t confirmés par Procope, de qui nous<br />

appr<strong>en</strong>ons que les liutas Utlirgures 01 Cuturgures qui , OU 1110 siècle<br />

de notre ère habitai<strong>en</strong>t la Chersonèse et une partie du pays dont<br />

elle n'est qu'un app<strong>en</strong>dice, étai<strong>en</strong>t jadis connus sous le nom de Cim-<br />

inéri<strong>en</strong>s 2 -<br />

L'invasion <strong>des</strong> Scythes dais leur pays n'autait pas été d'ailleurs<br />

pour les Cimméri<strong>en</strong>s titi<br />

suffisant de s'expatrier <strong>en</strong> niasse, surtout<br />

divisés comme ils l'étai<strong>en</strong>t, dit-on, <strong>en</strong> deux partis hostiles, car ils étai<strong>en</strong>t<br />

Scythes eux-mêmes Procope, l'auteur dit Etyrnoiogique, et<br />

Eustathe , le dis<strong>en</strong>t très-formellem<strong>en</strong>t 3 , et leur assertion est corro-<br />

borée par plusieurs écrivains qui reconnaiss<strong>en</strong>t pur Scythes, les<br />

Taures et les funs 4, et par Strabon, qui fait un chef cimmèri<strong>en</strong> de<br />

Itladys 5, roi <strong>des</strong> Scythes suivant Hérodote °. Les Ciununéri<strong>en</strong>s étain<br />

Scythes, il s'<strong>en</strong>suit que les peuples gaulois, sans exception, qu'ils<br />

habitass<strong>en</strong>t de l'un ou l'autre côté du Rhin, appart<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t tous égale-<br />

m<strong>en</strong>t à la race scythique.<br />

Cette conclusion paraîtra peut-ètre titi peu précipitée ; telle est ce-<br />

p<strong>en</strong>iiantsa rigoureuse exactitude, que nous espérons la faire accepter,<br />

quoique les limites de cette étude ne nous permett<strong>en</strong>t pas de déve-<br />

lopper ici toutes les preuves que nous pourrions prés<strong>en</strong>ter poir la<br />

sout<strong>en</strong>ir.<br />

Parmi les peuples de la Germanie cités par Pline , nous rernar-<br />

4. Avion. OrS. Descrip(. y . 248— 250; Pomp. Mcm, il, e. 1 ; .Plin.<br />

VI, 13; 5dm. e: 18; ])ionys. Perieg. Y. 167. 168; Priscian. Perieg. y.<br />

156-158; Ai<strong>en</strong>t. Marceli. XXII, S.<br />

2. Proeop. Bell. Gothie. IV, 4,5.<br />

3. Ibid. IV, 5; Etymol. Mage. soli Kimmerions; Eustath, ad Dionys<br />

Periey. y . 463.<br />

4. Les Taures sont appelés Scythes par Plin, IV, 12; Nicolas de Damas,<br />

fragm. 120 (Petits Géogr. G-vers, édit. Didot) ; Strabon, pp, 308,<br />

311 ; Ptolémée, Géog'. III, C . 5; Aviénus, Orb. Deseript. y . 444; Arrian.<br />

Peripi. § 30; Anonym: Ponti Euxini, Peviplus, § 52, etc. Les Huns sont<br />

égalem<strong>en</strong>t reconnus Scythes par Eustathe, sur D<strong>en</strong>ys, t 730; Zozym. IV,<br />

p. 224. Procope, qui ( Vandal. I, 4) reconnaît les Massagètes pour <strong>des</strong><br />

Scythes, (lit (Vandal. 1, 41,) (lue les Huns sont <strong>des</strong> Massagètes, et le<br />

répète même livre, § 48, et 13e11. CpU'.. 11, 1.<br />

5. Strab. p. 61. — Un peu plus haut, même page, Strabon dit aussi<br />

Madys le Scythique. »<br />

Ô:Herodot. 1, 103.


- 51 -<br />

quons les tandales ou Vindiles, qui, <strong>en</strong> outre <strong>des</strong> Burgon<strong>des</strong>, c<strong>en</strong>tpr<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t,<br />

dit-il, les Guttons 1 , les mêmes évidemm<strong>en</strong>t que les Go-<br />

tliones et les Cotlii,H de Tacite 2, c'est-à-dire les Goths. - Or, voici<br />

ce que Procope dit (le ces peuples u Les peuples gothiques ôtai<strong>en</strong>t<br />

) autrefois <strong>en</strong> très-grand nombre et le sont <strong>en</strong>core à prés<strong>en</strong>t; mais<br />

» les plus puissants et les plus nombreux étai<strong>en</strong>t les Goths, les Van-<br />

» hiles, les Wisigoths et les Gépi<strong>des</strong>. On les appelait jadis Sarmates et<br />

» Mélanchl2<strong>en</strong>es ; que lques-uns même leur donn<strong>en</strong>t le nom de Gères.<br />

» S'ils sont connus sous <strong>des</strong> noms divers, ils ne diffèr<strong>en</strong>t <strong>en</strong> ri<strong>en</strong> les<br />

» uns <strong>des</strong> autres. Ils ont la peau blanche, les cheveux blonds , la<br />

» taille élevée, le visage agréable ; ils suiv<strong>en</strong>t les mêmes lois, le<br />

môme culte, qui est l'arianisme ; <strong>en</strong>fin, ils parl<strong>en</strong>t la même langue,<br />

» celle que nous appelons gothique. Aussi suis-je persuadé qu'ils<br />

» ont tous appart<strong>en</strong>u à la même nation, et emprunté à leurs chefs<br />

» les noms différ<strong>en</strong>ts qu'on leur donne » »<br />

Cet important témoigndge d'un écrivain parfaitem<strong>en</strong>t placé pour<br />

bi<strong>en</strong> connaître ces peuples et [eur origine, est confirmé par Constantin<br />

Porphyrog<strong>en</strong>ète, qui rapporte égalem<strong>en</strong>t que les Goths, les Gé.pi<strong>des</strong><br />

et les Vandales parlai<strong>en</strong>t la même langue 4; par Agathias, qui recon-<br />

naît pour une méme nation les Goths et les Burgon<strong>des</strong> 5 , que Pline,<br />

nous v<strong>en</strong>ons de le voir, rattache aux Vandales, et par Zonare, qui<br />

donne à Marie le Litre de roi <strong>des</strong> Vandales ou (les Goths Q<br />

Procope compr<strong>en</strong>d aussi parmi les Goths, les Scires ', que certains<br />

auteurs sembl<strong>en</strong>t avoir comptés au nombre <strong>des</strong> peuples geriiiains 8,<br />

1. l'Un. IV, 14.<br />

2, Tacit. G<strong>en</strong>ri. 43; Minai. II, 62. De la comparaison de ces deux<br />

paragraphes, il résulte pour nous que les Gothini, dont le nom ne se<br />

trouve que dans Tacite, ne for,,iaie,it, avec les Cethones, qu'un seul et<br />

mémo peuple. C'est aussi lopiniou de M. Maxiniin Deloehe (Etndos sur<br />

la Géoyv. Iliitor. de la Gaule, Paris, imp. impér. 4864, page 41.)<br />

3. Proeep. Vanâccl. 1, 2.<br />

4. Constant. De Admiaist. Imp. e. 25.<br />

5. Agathins, lib. I, p. 44, edit. Bonav<strong>en</strong>t. Vu]eanii , Pansus, 1600:<br />

« Les P,urgusions (Burgon<strong>des</strong>) sont une nation gothique.»<br />

6. Zonar. Annal. Xlii , 21. Jornan<strong>des</strong>, e. 23, appelle Alanic roi <strong>des</strong><br />

Hérules ; mais c'est tout un, puisque Zonare, Amincies, Xli, 24, nous<br />

appr<strong>en</strong>d que les liérutes étai<strong>en</strong>t une nationscythe et gothique.<br />

7. Proeop. Goth. I, 4.<br />

8 Ali. Plin. IV, 43. Les Scires , d'aprês ces écrivains , étai<strong>en</strong>t voisins<br />

<strong>des</strong> Véné<strong>des</strong>. La grande inscription d'Olbia, <strong>en</strong> partie transcrite dans


— 52 -<br />

et Jornandès reconnaît appart<strong>en</strong>ir à la nation <strong>des</strong> Goths, non-seule-<br />

ni<strong>en</strong>t <strong>des</strong> populations asiatiques, dont nous n'avons pas à nous oc-<br />

cuper ici 1 , et les Gépi<strong>des</strong> 2 , mais <strong>en</strong>core les nombreuses tribus qui,<br />

sous la conduite tic Sitacle ou Sitalcès, fir<strong>en</strong>t irruption dans la Grèce<br />

et ravagèr<strong>en</strong>t la Macédoine 2 , et nième tous les peuples transrhé-<br />

nans contre lesquels combattir<strong>en</strong>t les Ilomains sous César, Auguste<br />

et Tibère .<br />

Cette dernière assertion de Jornandès n'est pas, comme on pourrait<br />

le croire, une exagération de son patriotisme elle est parfaitem<strong>en</strong>t<br />

exacte, et nous <strong>en</strong> trouvons la preuve dans ce r<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t, fourni<br />

par Strabon, Tacite et Ptolémée , que les Lombards faisai<strong>en</strong>t partie<br />

<strong>des</strong> Suèves 5 . En effet, l'unité de race de tous les peuples Germains<br />

étant bi<strong>en</strong> constatée par Tacite O, et démontrée par les considérations<br />

ci-<strong>des</strong>sus développées, il s'<strong>en</strong>suit que la puissante nation <strong>des</strong> Suèves,<br />

dont les tribus couvrai<strong>en</strong>t la plus grande partie de ],a ap-<br />

part<strong>en</strong>ait <strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t à la famille <strong>des</strong> Goths , puisque les Lombards,<br />

ait de Constantin Porphyrog<strong>en</strong>ète, n'étai<strong>en</strong>t eu-mèmes qu'un<br />

démembrem<strong>en</strong>t (le la nation gothique <strong>des</strong> Gépi<strong>des</strong> 7.<br />

Or, l'id<strong>en</strong>tité <strong>des</strong> Goths , <strong>des</strong> Côtes et <strong>des</strong> Scythes est incontes-<br />

table elle a té si Li<strong>en</strong> proavée par Pinkerton, que nous ne pouvons<br />

songer è recomm<strong>en</strong>cer sa démonstration 8; i[ nous sullit d'y ajouter<br />

que les Bastarues et les Daces sont aussi reconnus Scythes par Dion<br />

Cassius et Zozynie °, les Peueini<strong>en</strong>s par Tréhellius l'ollion 10 , et les<br />

Robiou (fra Gauloù d'Oriait, p. 03), nous montre tes Seires associés,<br />

pou!' ravager la I'lirace, avec <strong>des</strong> Gaulois (lui ne peuv<strong>en</strong>t avoir été que<br />

<strong>des</strong> Daces ou Bastarnes.<br />

4. Jort)an(Ies cc. 7, 8, 0, 40.<br />

2. Id. cc. 17,25.<br />

3. Id e. 10.<br />

4. Id. e. 44.<br />

5. Strab. p. 290; Tacit Annal. 11,45; Ptol<strong>en</strong>i. Gcey. 11, 11.<br />

6. Tacit. Ge-m. 2, 41:<br />

7. Constant. De Adrniuist. e. 2h.<br />

8. PinkertoH , 1kchm'cims sur l'Origine <strong>des</strong> Scythes on Goths, traduction<br />

Miel, chap. 4e,, § 2.<br />

9. Pour tes i3astarnes, cf. Dio. Gass. LI, 23; XXXVIII, 40; Zezym. I,<br />

p. 65. Strabon, l' 290, donne aussi le nom de Scythes aux Auiaœei,<br />

parmi lesquels il compr<strong>en</strong>d '( p. 294) tes Jazyges et les Rexeinni. Peur<br />

les Daces, vair Dion Cassius, Li; 22 \'ibhis sequester, § G<strong>en</strong>tes , « Daci,<br />

s Seythm Europn; s Jernand. e. 12; Zonar. Annal. XII, 24.<br />

10. Trebell. PoUle, in Gland. § 6.


- 53<br />

peuples voisins de la Pannonie par l'empereur Juli<strong>en</strong> 1. Nous serons<br />

donc autorisé à conclure que, de l'Océan atlantique aux monts Ourals<br />

et au Caucase, tous les peuples <strong>des</strong> zônes sept<strong>en</strong>irionale et c<strong>en</strong>trale<br />

de l'Europe appart<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t à la grande famille scythique, lorsque<br />

nous aurons complété ces recherches <strong>en</strong> démontrant que les Sarmates<br />

étai<strong>en</strong>t aussi de vériiables Scythes.<br />

Hé rodo te rapporte que les Sarmates naquir<strong>en</strong>t de l'union <strong>des</strong><br />

Scythes et <strong>des</strong> Amazones: le fond de leur langue, ditil, était scythe,<br />

niais anci<strong>en</strong> et mêlé de solécismes 2. Après une pareille déclaration<br />

on est d'autant plus surpris de le voir <strong>en</strong> faire une nation différ<strong>en</strong>te<br />

de celle <strong>des</strong> Scythes, que parmi ces derniers, il le savait., les dialectes<br />

étai<strong>en</strong>t nombreux 2 , et que les Amazones appart<strong>en</strong>hi<strong>en</strong>t elles-mèmes<br />

à la nation scythe 4.<br />

Diodore de Sicile ne P ar ta ge pas la conviction d'Hérodote il<br />

t<strong>en</strong>d que les Sarmates étai<strong>en</strong>t une colonie de Mè<strong>des</strong> transplantée sur<br />

le Tanaïs par les Scythes, p<strong>en</strong>dant leur domination <strong>en</strong> Médie 5, c'est-<br />

à-dire <strong>en</strong>tre les années 633 et 605 mais les Scythes aurai<strong>en</strong>t évi-<br />

demm<strong>en</strong>t arrêté (lés le début les progrès d'étrangers qui , placés au<br />

milieu d'eux, ne pouvai<strong>en</strong>t s'ét<strong>en</strong>dre qu'à leurs dép<strong>en</strong>s. Ces- étrangers<br />

d'ailleurs aurai<strong>en</strong>t saisi avec elupresselu<strong>en</strong>t i,ocelsiol, de .re-<br />

tourner <strong>en</strong> Médie vingt-huit ans plus tard, lorsque leurs vainqueurs<br />

<strong>en</strong> fur<strong>en</strong>t chassés<br />

1. .Julian. Prim. Puncgyè'. Const, § 27.<br />

2. Ilerodet. 1V, 110 —117.<br />

3. Herodot. IV. 24, 100, 108, 109. Pour le grand nombre de langues,<br />

ou pour mieux (lire de dialectes parlés chez les peuples sc ythes, confér.<br />

Su-ah. pp. 498, 503: c'est, dit-il, l'effet du peu de commerce qu'ils<br />

avai<strong>en</strong>t<strong>en</strong>tre eux; Timosthène, dans.Pl.ine, VI, 5; Aumt. Marcel]; XXI], 8.<br />

- Cette variété de dialectes existait égalem<strong>en</strong>t chez les peupks de la<br />

Germanic: Isidore de Séville (Etyanoi. IX, chap. il , § 90) <strong>en</strong> fait l'observation<br />

au sujet <strong>des</strong> Tolosates, Angrivar.i., Quadi, Tungrii, Mai'eomanni,<br />

&ucteri, Chamavi, Vangi<strong>en</strong>es et Tubantes, qui avai<strong>en</strong>t chacun un langage<br />

différ<strong>en</strong>t.<br />

4. Pied. SicuL 11, 44; Justin. II, 1, 4.<br />

5. Pied. Si<strong>en</strong>]. 11, 43.<br />

6. Herodbtc J, 103-100; TV, 1. On peut inférer de Pline V]. 7.) que,<br />

dans la seconde partie du premier siècle de notre ère, l'origine médique<br />

<strong>des</strong> Sarmates était une tradition généralem<strong>en</strong>t acceptée. Nous ne songeons<br />

nullem<strong>en</strong>t à nier la par<strong>en</strong>té (les Mè<strong>des</strong> et de Scythes, et,, par<br />

conséqu<strong>en</strong>t, <strong>des</strong> Sarmates ; nous ne contestons que la division <strong>des</strong> deux<br />

derniers <strong>en</strong> deux nationalités différ<strong>en</strong>tes, et les détails invrusemhlab]os<br />

dont Hérodote et Piodore ont chargé leur histoire


54 -<br />

C'est cep<strong>en</strong>dant sur ces deux affirmations, si différ<strong>en</strong>tes et si peu<br />

vraisemblables., que s'appui<strong>en</strong>t principalem<strong>en</strong>t ceux qui , sans t<strong>en</strong>ir<br />

compte de l'opinion contraire, exprimée par plusieurs anci<strong>en</strong>s dont.<br />

tout-à-l'heure nous invoquerons le témoignage, veul<strong>en</strong>t sout<strong>en</strong>ir la<br />

dualité <strong>des</strong> Scythes et <strong>des</strong> Sarmates.<br />

En désaccord sur la question d'origine, les anci<strong>en</strong>s ne s'<strong>en</strong>t<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t<br />

pas mieux sur les possessions <strong>des</strong> Sarmates ou Sauromatcs, comme<br />

les appelai<strong>en</strong>t les Grecs. Hérodote leur assigne pour demeure une<br />

contrée évidernrh<strong>en</strong>a asiatique, située à trois jours de marche au nord<br />

de Cremnès, localité voisine de l'embouchure du Tonals 1 , et il donne<br />

aux Scythes tout le pays compris <strong>en</strong>tre ce fleuve, l'Euxin, lIster et<br />

la partie ori<strong>en</strong>tale <strong>des</strong> monts Carpathes 2 , n'<strong>en</strong> exceptant que les<br />

cantons occupés par les Taures, les Agathyrses, les Neures, les Gé-<br />

Ions, les Mélanclil;nnes et les Andropbages 3, dont il n'indique pour-<br />

tant pas la nationalité et que d'autres auteurs restitu<strong>en</strong>t à la Scythie 4.<br />

Scylax et Scymnus de Chio ne connaiss<strong>en</strong>t de Sarmates que sur<br />

les rives du Tanaïs 5; Aviénus, D<strong>en</strong>ys-le-Périégète et Prisci<strong>en</strong> m<strong>en</strong>-<br />

tionn<strong>en</strong>t, <strong>en</strong> outre de ces Sarmates, d'autres peuples de mème nom,<br />

près <strong>des</strong> bouches de l'Ister, avec les Germains, les Gètes et les Bas-<br />

tarnes r . Strabon avait <strong>en</strong>t<strong>en</strong>du parler <strong>des</strong> Sarmates d'Asie, de ceux<br />

qui habitai<strong>en</strong>t les rives du Palus Méotidc 7 , et, non loin de ces der-<br />

niers, <strong>des</strong> Sarmates Jazy-es, Royaux et Ourgi, tous Tianiaxohi<strong>en</strong>s<br />

c'est-à-dire noma<strong>des</strong> , à l'exception d'un petit nombre s'occupant<br />

d'agriculture, lesquels , disait-on , se déplaçai<strong>en</strong>t souv<strong>en</strong>t pour aller<br />

habiter les rives (le l'ister 8 ; niais, ce géographe ne le dissimule pas,<br />

1. Hérodot. IV, 140, 440; voir aussi les § 21, 57.<br />

2. Id. IV, 17— 21, 47, 48, 51-58, 99-401,110.<br />

3. Id. 1V, 402.<br />

4. Mcm, II, cl; Scymn. y . 848; Vihius Sequester, § G<strong>en</strong>tes; Strah.<br />

p. 308.<br />

5. Scylax, .PeripL § 08, 70. De la Thrace au Tanaïs, Scylax, § 08,<br />

ne connait que <strong>des</strong> Scythes et quelques Grecs établis chez les Taures et<br />

autres peuples compris <strong>en</strong>tre ces derniers et les Thraces ; Scymn. y.<br />

802-804; 870, 877.<br />

0. Avi<strong>en</strong>. J)ewip. Orb. y . 28-31; 442 - 444; 854, 855 ; Dionys.<br />

Perieg. y . 44-10; 303— 300; 052-057; 080-082; Priscian. Pericg.<br />

y . 21 —23; 293-290; 644— 050; 604, 002.<br />

7. Strab. pp. 114,129.<br />

8. Id. pp. 290, 305,$00.


- 55 -<br />

de son temps, on ne possédait qu'un petit nombre de notions très-<br />

vagues suries divers peuples de l'Europe situés <strong>en</strong>tre l'Elbe etl'Asi 1<br />

Peu d'années pourtant après Strabon, et sans qu'un mouvem<strong>en</strong>t<br />

connu eût motivé ce changem<strong>en</strong>t, Pomponius Mela donnait le nom dé<br />

Sarmatie à la contrée comprise <strong>en</strong>tre la Vistule, lIster et l'Asie 2, ce<br />

qu'il est fort difficile de concilier avec ce que (lit ailleurs le môme<br />

géographe, que les extrémités de l'Europe voisines de l'Asie sont<br />

partout habitées par <strong>des</strong> peuples sc ythiques, presque tous générale-<br />

m<strong>en</strong>t connus sous le nom de Belem 3; que la Scythie d'Europe con-<br />

fine à la Thrace ; que parmi ses fleuves sont, <strong>en</strong> outre de lister, le<br />

Tyras,l'Axiaeès, I'llypa9is, le Borysthène, le Gerrhos, l'Jlypacaris,<br />

le Panticapès, le Bueès, le Tanais , et, au nombre de ses peuples,<br />

les Arimaspes, les Essédons, les Noma<strong>des</strong>, les Géorgi<strong>en</strong>s, les Borys-<br />

thénites, les Callipi<strong>des</strong>, les Istri<strong>en</strong>s, les Mons, et même [es Neures,<br />

les Antropophages , les Agathyrses , les Mélanelilnes et les Tauri<br />

qu'ilérodete croyait étrangers aux Scythes .<br />

Les passages consacrés par Pline aux Scythes et aux Sarmates ne<br />

sont pas plus faciles à concilier ainsi, il reconnaît pour Scythes,<br />

toutes les nations depuis le Tanaïs jusqu'aux bouches (le l'Ister 5 , et<br />

môme jusqu'à la Germanie 6 , bi<strong>en</strong> qu'il sache que, selon certains<br />

auteurs, les régions sept<strong>en</strong>trionales étai<strong>en</strong>t habitées , par les Sar-<br />

mates, les V<strong>en</strong>è<strong>des</strong>, les Scires et les Ilirres 7 . Les seules populations<br />

citées par lui comme Sarmates, sont celles qui habitai<strong>en</strong>t près du<br />

Tanaïs s , celles qui vivai<strong>en</strong>t sur la frontière <strong>des</strong> Thraces, mêlées aux<br />

Gètes et aux Germains °, et, <strong>en</strong>fin, les Jazyges, que lister séparait<br />

<strong>des</strong> Pannoni<strong>en</strong>s 10 • Cep<strong>en</strong>dant, il parle aussi <strong>des</strong> Sarmates comme<br />

s'ils embrassai<strong>en</strong>t la totalité de la Scythie r Quant à moi , dit-il, je<br />

sais que l'on connaît le territoire <strong>des</strong> Sarmates dans un espace égal<br />

4. Strab. p. 294.<br />

2. Mela, I. cc. 3,49; III, 3,4,6.<br />

3. Mela, 1H, c. 5 il ajoute, chap. 6, que Pile de Thulé était située<br />

<strong>en</strong> face de ces mêmes Belcae.<br />

4. Mela, Il, cc. 1,2; Steph. Byz. sub y. Melanchlnni et Motn, reconnaît<br />

(lue les deux peuples ainsi nommés étai<strong>en</strong>t Scythes.<br />

5. Plia. IV, 12, 13; VIl, 2.<br />

G. Id. VIIi, 15.<br />

7. lé. IV, 13.<br />

S. Id. VI, 7, 13, 34.<br />

9. Id. 1V, 14, 42.<br />

40. Id. IV, 42.


— .56 —<br />

» aumoinsà tout ce qui vi<strong>en</strong>t 'ètre énum4ré. Dahlleurs, combi<strong>en</strong><br />

» pet espace ne doit-il pas être grand, puisqu'il r<strong>en</strong>ferme (les nations<br />

innombrables qui chang<strong>en</strong>t par intervalle d'habitation ? Aussi,<br />

p<strong>en</strong>sé-je que l'ét<strong>en</strong>due de ces contrées, si rigoureuses à leurs ha-<br />

» hitants, est beaucoup plus grande qu'<strong>en</strong> ne l'a fait; car je sais que,<br />

du côté de la Germanie, sont <strong>des</strong> îles imm<strong>en</strong>ses, connues depuis<br />

peu de temps 1 . »<br />

Tôt après Pline, Tacite donne aussi le nom de Sarmates aux voi-<br />

sins ori<strong>en</strong>taux <strong>des</strong> Germains, mais il les éloigne de la Vistule et même<br />

de l'Isrer, puisqu'il dopte ],a de voir de ceux qui rangeai<strong>en</strong>t<br />

parmi Les Germains les Vénè<strong>des</strong>, les Fermes et les Peucins ou Bas-<br />

lames ; il cite égalem<strong>en</strong>t les Sarmates Jazyges de Pline ° Uahs<br />

son traité (les expéditions d'Alexandre, Arri<strong>en</strong> m<strong>en</strong>tionne ces mêmes<br />

Jazyges et d'autres Sarmates qui habitai<strong>en</strong>t la rive gauche de l'Jster,<br />

noir de ses embouchures, <strong>en</strong>tre les Gètes et les Scythes 4, qu'il<br />

appelle la plus grande <strong>des</strong> nations de l'Europe . Un peu plus tard,<br />

Ptolémée donne le nom de Sarmates à tous les peuples de l'Europe<br />

ori<strong>en</strong>tale, à partir de la Vistule , y compris les Bastarnos et Panel-<br />

nions, que nous avons reconnus Gaulois et Scythes, et les Vénè<strong>des</strong><br />

dont l'origine gothique est attestée par Jornandès 1; et, sauf les Alani,<br />

pour lesquels, on ne sait sur quels motifs, il fait une exception 8 , il no<br />

m<strong>en</strong>tionne de Scythes qu'<strong>en</strong> Asic 9 . Mais cette ext<strong>en</strong>sion donnée au<br />

nom de Sarmate par le géographe d'Alexandrie ne fut pas adoptée<br />

connaissant mieux que lui les peuptes du nord-est, chez lesquels JPS<br />

t. Plin. II, 408, traduction Littré,<br />

2. Tacit. Gcrnr. 48. — Il appelle les Rhoxotans Sarmates (Hist. 1, 70),<br />

et, môme livre, § 2, nous montre les Suèves unis aux Sarmates contre<br />

les Romains; il n'<strong>en</strong> reconnaît pas moins (Annales Il, 65) <strong>des</strong> Scythes<br />

voisins dos Bastarncs.<br />

3. Tacit. Hi. 1,2; lIT, 5.<br />

4. Arrian. Eccped. 1, o. 3.<br />

5. Ibid. IV, C. 1.<br />

6. ploiera. Gcogr. JIJ, o. 5.<br />

7. Jornand. e. 23.<br />

8. l'tolem. Geogr. III, c. 5; VI, c. 14. Mardan. Fleraci. Peripius Maris<br />

t'i, u, g as, ét<strong>en</strong>d aussi la Sarmatie jusqu'à la Vistule, et compr<strong>en</strong>d,<br />

sous la dénomination ,de Sar,nntes. qg 38, 39, tous tes peuples que les<br />

autres auteurs appell<strong>en</strong>t Scythes, y compris même les Agathyrses et les<br />

Alains.<br />

9. Ptolem. Geogr. VI, cc. 14, 15.


- 5!1 -<br />

Romains trouvai<strong>en</strong>t à la fois <strong>des</strong> <strong>en</strong>nemis cF <strong>des</strong> auxiliaires, les -écri-<br />

vains postérieurs les désign<strong>en</strong>t généralem<strong>en</strong>t sous les noms de Scy-<br />

thes ou de •Gotlis. C'est ainsi, par exemple, que les appell<strong>en</strong>t Dion<br />

Cassius, Dexippe, Tréhellius PaIllon, Zozyme, Zonare, Priseus,<br />

Eunape, Procope, Jornandès, Georges Syncelle, Théophanes, km-<br />

mi<strong>en</strong> Marcellin et autres auteurs anci<strong>en</strong>s, quelques-uns (l'<strong>en</strong>tre eux<br />

persistant seulem<strong>en</strong>t à conserver le nom de Sarmates aux Jazyges<br />

de Pline, Tacite et Arri<strong>en</strong>.<br />

De l'<strong>en</strong>semble de. toutes ces opinions, il ressort avec évid<strong>en</strong>ce<br />

qu'aux yeux <strong>des</strong> anci<strong>en</strong>s, mal.-ré certaines appar<strong>en</strong>ces contraires, les<br />

noms de Sarmates et de Scythes ne désignai<strong>en</strong>t pas <strong>des</strong> peuples (le<br />

nationalités différ<strong>en</strong>tes, mais bi<strong>en</strong> une seule et môme famille; et Solin<br />

nous <strong>en</strong> fournit une nouvelle preuve, lorsque, sans croire se contre-<br />

dire, i1 avance, dans le môme chapitre, ([ne la Germanie finit aux ro-<br />

chers <strong>des</strong> Sarmates, et (lue les Ingévons, ses derniers habitants, sont<br />

contigus aux Scythes 1 Il faut donc reconnaître, avec Isidore de 56-<br />

ville et plusieurs écrivains modernes, que Pollinique saaromates est<br />

un de ces noms dè fantaisie 2 dont les anci<strong>en</strong>s ont si richem<strong>en</strong>t<br />

émaillé leur géographie, nom qui, appliqué dans le principe à cer-<br />

taines tribus scythes, fut, dans la suite, ét<strong>en</strong>du à celles de la môme<br />

famille prés<strong>en</strong>tant les mômes caractères, et généralisé par Ptolémée,<br />

qui le donna à tous les Scythes europé<strong>en</strong>s. Cette conclusion est jus-<br />

tifiée par le passage suivant de Pline, clans lequel nous trouvons <strong>en</strong><br />

outre la preuve que ce n'est pas aux progrûs qu'aurai<strong>en</strong>t fait eu Eu-<br />

rope <strong>des</strong> peuples Sarmates qui'il faut attribuer l'ext<strong>en</strong>sion de leur<br />

nous vers l'occid<strong>en</strong>t e Le nom de Scythes s'est ét<strong>en</strong>dis à tous les<br />

• Sarmates et à tous les Germains ; mais cette anci<strong>en</strong>ne dénomma-<br />

• Lion n'est demeurée qu'à ceux qui, placés nu-delà de ces popula-<br />

• ti<strong>en</strong>s, viv<strong>en</strong>t presque ignorés du reste <strong>des</strong> mortels i » Avant<br />

Pline, <strong>en</strong> effet, Hippocrate, Ephore, Strabon et Quinte-Curce avai<strong>en</strong>t<br />

1. Solin. G. 24,<br />

2. Isidor. liispal. Ehjmol. IX, cap. 2, 02; Rob. Stèph. Thésaurus<br />

lin g. Latin. Londini, 4734, sub y . Sarmat;e; le coi-nie Potocki, , Histoire<br />

primitive <strong>des</strong> Peuples de la Russie, p. 66; passage inséré dans la Gébg.<br />

d'Hérodote, de Gai] tome 1, p. 267. Suivant M. Maximit, De Ring,<br />

Hist. <strong>des</strong> Germains, p- 80, note 2, le nom de Jazygesigiifie archers.<br />

Eustath. Comm<strong>en</strong>t. sur D<strong>en</strong>ys, y . 302, et l'auteur anonyme don périple<br />

du Pont-Euxin, 45, dis<strong>en</strong>t que les Sarmates du MoUs' étai<strong>en</strong>t- aussi<br />

appelés SemaI-v et Juzarnatœ.<br />

3. Plin. IV, 12, traduction Littré. -


- 5 -<br />

constaté l'id<strong>en</strong>tité <strong>des</strong> Sarmates et <strong>des</strong> Scythes 1 , et, postérieurem<strong>en</strong>t<br />

à Pline, cette même id<strong>en</strong>tité est positivem<strong>en</strong>t reeonuue par Procope,<br />

L'ticnnc de Byzance, Eustathe et l'auteur anonyme d'un périple du<br />

Pont-Euxin 2 , auxquels nous pouvons ajouter Dîna Cassius, car ce<br />

dernier nous appr<strong>en</strong>d quo les plus occid<strong>en</strong>taux <strong>des</strong> Sarmates, les<br />

Jazyges, voisins de la Pannonie, n'étai<strong>en</strong>t autres que <strong>des</strong> Qua<strong>des</strong><br />

c'est-à—dire l'un <strong>des</strong> principaux peuples germains.<br />

Enfin, la communauté d'origine <strong>des</strong> Gaulois, Germains, Daces,<br />

Gètes, Sarmates et Scythes, se manifeste <strong>en</strong>core par la conformité<br />

de leurs usages religieux, de leurs moeurs et de leurs coutumes.<br />

Ainsi, suries monnaies d<strong>en</strong>otre Gaule, on retrouve le navire, sym-<br />

bole religieux <strong>des</strong> Suèves 4 ; le sanglier, qui était celui <strong>des</strong> Esty<strong>en</strong>s<br />

et <strong>des</strong> Sitones 5; le glaive révéré, chez les Qua<strong>des</strong> de la Germanie 6,<br />

4. llippoer. Do Aeribns, aqtsis et iocis, edit. Foesii, 4595, sect. III,<br />

p. 73; Jiphor. ap. Strab. . 302; Anonym. Pcripl. Ponti Euxini, § 49;<br />

Strnb. p. 492; Quint. Gurt. VII, 7.<br />

2. Proeop. Goth. IV, 5; Steph. Byz. sub. y . Sarmates et Sauromates,<br />

semble croire que ces noms appart<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t à deux peuples différ<strong>en</strong>ts et<br />

dit <strong>des</strong> deux qu'ils étai<strong>en</strong>t Scythes; Eustath. cd Dionys, xv. 304,653;<br />

Anonym. Peripi. Ponti Euwini, 49.<br />

3. Dio. Cass. LXXI, 11. Dans ce passage, Pion Cassius ne fait qu'une<br />

seule nation <strong>des</strong> Qua<strong>des</strong> , Marcomans et Jazyes. Ammi<strong>en</strong> Marcellin<br />

XVII, 12, reconnaît chez les Qua<strong>des</strong> et ]es Sarmates, leurs voisins, une<br />

similitude do, moeurs et de manière de combattre. Dans ce même paragraphe<br />

Ammi<strong>en</strong> parlant d'Araharius et d'Usafre, petits rois sarmates,<br />

rapporte que l'un était chef d'une fraction <strong>des</strong> Transjugitains et <strong>des</strong><br />

Qua<strong>des</strong>; l'autre, d'un parti de Sarmates étroitem<strong>en</strong>t unis aux premiers<br />

par les lins du voisinage et par une sauvage conformité d'habitu<strong>des</strong>.<br />

Les Qua<strong>des</strong> étai<strong>en</strong>t aussi de véritables Gaulois qui, avant les campagnes<br />

de Tibère, sous le règne d'Auguste , habitai<strong>en</strong>t la Pannonie, <strong>en</strong>tre le<br />

Danube et la Draye, avec les Istarcomans , leurs constants associés.<br />

(Sextus Bufus, § 7, 8; VoIl. Patercul. 11, 108). Voir, pour l'anci<strong>en</strong>ne<br />

puissance <strong>des</strong> .Qua<strong>des</strong>, Tacite, Ge,'m. 42, 43; Veli. PatercuL 11, 408,<br />

109; Amm. Marcell. XXIX, tL Zozin. pp. 146 et 447, prét<strong>en</strong>d que les<br />

Qua<strong>des</strong> faisai<strong>en</strong>t partie de la nation <strong>des</strong> Saxons. Il semble, d'après Dieu<br />

Cassius, LV, 14, que, sous Auguste, les ilermondures fur<strong>en</strong>t autorisés<br />

par Domitius à remplacer, dans la, Pannonie , les Marcomans expulsés<br />

ou émigrés.<br />

4. Tacit. Garni, 0.<br />

5. ibid. 45.<br />

6. Amon. Marceil. XVII, 42. .


- 59<br />

les Alains et la généralité <strong>des</strong> Scythes '; Abaris voyageint sur sa.<br />

flèche, personnage hype.rhoré<strong>en</strong>, c'est-à-dire scythe dont parl<strong>en</strong>t<br />

Hérodote, Strabon, Diodore et autres 2,<br />

En Gaule, les cérémonies religieuses avai<strong>en</strong>t li<strong>en</strong> dans de sombres<br />

forêts : Tacite rapporte que les Somnoles avai<strong>en</strong>t, dans le même<br />

but, une forêt consacrée depuis longtemps par les augures de leurs<br />

pères et une pieuse, terreur 4; il <strong>en</strong> cite une seconde chez les Naliar-<br />

vales 5 , et une troisième située dans une île de l'Océan, où se ras-<br />

semblai<strong>en</strong>t les Lombards, les Reudigues, les Aviones, les Angles, le<br />

Varins, les Eudoses, les SarJ<strong>en</strong>es et les Nuithones 6, D'après Dion<br />

Cassius, les Bastarnes avai<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>t leur forêt sacrée au midi de<br />

lIster<br />

Les Gaulois immolai<strong>en</strong>t <strong>des</strong> victimes humaines 8 , comme les peu-<br />

ples de la Germanie °, les Goths 10 , les Mysi<strong>en</strong>s 11 et les Scythes<br />

chez ces derniers et les Gaulois, les funérailles étai<strong>en</strong>t l'occasion <strong>des</strong><br />

mêmes cérémonies sanguinaires<br />

Parmi les Scythes proprem<strong>en</strong>t dits et les Sarmates, plusieurs tri-<br />

1. Lucian. Scythe, seu Harpes, § 4; Toxarts, § 38; Jornand. e. 35;<br />

Ilerodot. IV, 62; Attire. Marceil. XXXI, 2; Mela, 11, c. 1.<br />

2. flerodôt. 1V, 36; Strab. p. 301; Diod. Sicul. 11, 47; Suidas, sub<br />

Y. Aharis, etc<br />

3. MaIn, 1H. e. 2; Lucan. Pharsal. III, y. 397 et seqq. Il est ici question<br />

d'une forêt voisine de Marseille, c'est-à-dire située dans un pays<br />

étranger A la Gaule ; mais il est évid<strong>en</strong>t que si Lucain n ainsi parlé de<br />

cette forêt, c'est qu'il croyait, avec tous ses contemporains, la Narbonnaise<br />

<strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t peuplée de Gaulois. Cl'. aussi Pline XVI, 44; Maxime<br />

de Tyr, Dissert. VIII.<br />

4. Tacit. Gcrm 39.<br />

5. Ibid. 43.<br />

6. Ibid. .40. Cet histori<strong>en</strong> parle <strong>en</strong>core <strong>des</strong> bois sacrés (les Germains<br />

(Germ. 7, 9, 10; Annal. 1,64; II, 12).<br />

7. Die. Cass. Li, 24.<br />

8. Gmesar, Gall. VI, 16; Cicei'o, Pro Fontejo, 13; Sti'ab. p. 198;<br />

Mela, HI, e. 2; Diod Sicul. V, 3'!; Plia. VII, 2.<br />

9. Csar, Gall. I, 53; Tacit. Annal. J, 64; G<strong>en</strong>n. 9, 39, 40; Fieras,<br />

IV, 12.<br />

10. Jornan<strong>des</strong>, C. 5.<br />

11. Florus, 1V, 42; 111 ; 4.<br />

12. Ilérodot. IV, 02, 103; Strab. lW 298, 300; Mela, Il, e. 1; Onomacrit.Argonciut.<br />

y . 1073, 1074.<br />

13. Csar, 0c411 VI, 19;Jierodot.IV, 71; 72; Mela, UI, e. 2.


- 60; -<br />

bus étai<strong>en</strong>t antropophagesl; il <strong>en</strong> était de même ries Cimbres 2, <strong>des</strong><br />

Daces ou Mysi<strong>en</strong>s 8, <strong>des</strong> Uniates tjui saccagèr<strong>en</strong>t la ville de Gallium;<br />

<strong>en</strong> Etolie 4, <strong>des</strong> Seordisques et Tibulle semble <strong>en</strong> accuser égale-<br />

m<strong>en</strong>t les Gaulois campés sur les rives du Padus 6.<br />

Les crânes <strong>des</strong> <strong>en</strong>nemis ou. <strong>des</strong> par<strong>en</strong>ts , ornés et dorés, servai<strong>en</strong>t<br />

de coupe d'honneur chez les Scythes 7, les Mysi<strong>en</strong>s'8, les Scordis-<br />

qpes ° et les Boï<strong>en</strong>s 10; h fiesta; <strong>des</strong> Gélons et autres Scythes, les<br />

Gaulois susp<strong>en</strong>dai<strong>en</strong>t mi cou de leurs chevaux les têtes <strong>des</strong> <strong>en</strong>nemis<br />

tués p<strong>en</strong>dant le combat IL, et, comme les Taures 12 , les plaçai<strong>en</strong>t <strong>en</strong>-<br />

suite devant leurs niaisons, après les avoir embaumées la.<br />

Les Gaulois laissai<strong>en</strong>t croître et teignai<strong>en</strong>t leur chevelure 14 , de<br />

même que les Germains 15, les Gètes 16, les Issêdons 17, les Mains,<br />

les Agathyrses et les Scythes <strong>en</strong> général 18 ; leurs costumes étai<strong>en</strong>t<br />

bariolés ', comme ceux <strong>des</strong> Pannoni<strong>en</strong>s 20 et <strong>des</strong> Agathyrses si;<br />

4. Heredet. IV, 10G; Strab. pp. 298, 300; Plin. IV, 12; VI, 17; VII,<br />

2; Eustath. in Dionys. y . 309; Amin. Marceli. XXXI, 2; Mcm, ]I, e. t<br />

2. Diod. Sicul. V, 32.<br />

3. Mares, 1V, 12.<br />

4. Pausan. X, c. 22.<br />

5. Sextusilufus, Broviarivande Vi otoriis, §9; Amin. Marcel. X.XVII,4.<br />

G. Tibul. édit Lemaire, IV, Carm<strong>en</strong> I, y. 445 , 140.<br />

7. Plate, Enthydbm. edit. Marsil. Ficin. 1002, i 208; Herodet. IV,<br />

65, 26; Strab. pp. 298, 300; Plie. VII, 2; Mela, II, e. 4..<br />

& Parus, 11F, 4.<br />

9. Amm. Marccll. XXVII, 4; Sextus Rufus, § 9.<br />

10. TiL-Liv. XXIII,<br />

14. ileredot. IV, 64; Amin. Marcell. XXXI, 2 .; Euripid. Troa<strong>des</strong>, y.<br />

1026; Stra. p. 198; Diod. Sieut. V, 29; XIV, 115; Mela, lI, e. 1;<br />

Plin. VII, 2.<br />

12. Heredet. IV, 103.<br />

13. Posidon. ap. Strab. p. 198; Diod. Sieul. V, 29.<br />

14 Strab. P. 196; Diod'. Sicul: V, 28; Lacan. Pharscd. I', y . 443';<br />

Onomaerit. Argonattt. y . 1059.<br />

45. Jucan. I, N. 4€3 - 405; Sueton. in CaiigW. § 47; Tacit. Gcrm.<br />

34,38; Hist 1,61.<br />

16. Ovid. Trist. V, Eleg..5, V. 50; Eieg. 10, y . 32.<br />

17-. Arist. Proeones. ap. Tzetzes, Ghiliad. VII,. u. 688.<br />

18. Lucian. Texans, sou de A,nieitia, § 51; Amin. Marcel]. XXXT,2;<br />

S<strong>en</strong>ec. HercuL fier. V. 539 , pour les Sarmates.<br />

10. Died. Sieul. V, 30; Tit,-Liv. VII, 10; Strab. P 197; Propert..IV,<br />

Efty. 10, y . 43.<br />

20. Die. Gass. XLIX, 36; Taeit. Gerrn.,17.<br />

4. Ayi<strong>en</strong>us,,esçri. *b. v. 407; Arnms, Mareçllr XXXl,.2.


— 61 —<br />

leurs ou oulottes 1, moins larges que celles <strong>des</strong> VangMns-<br />

Germains 2 et <strong>des</strong> Sarmates , étai<strong>en</strong>t un vêtem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> usage chez les<br />

Gùtes 4 et tous tes Scythes °.<br />

Les Budins, les Gelons, les Agathyises, les Huns, les Sarmates et<br />

les Daces se tatouai<strong>en</strong>t le corps 6; Germains et Gaulois aimai<strong>en</strong>t à<br />

faire parade de leur mépris de la mort, <strong>en</strong> combattant le corps <strong>en</strong>tièrein<strong>en</strong>t<br />

nu:'; les Gaulois de ],a les Germains, les<br />

Bastarnes et les Scythes avai<strong>en</strong>t pour le vin la même irrésistible passion<br />

8; <strong>en</strong>fin, il paraît que les AtrhaL&s de la Belgique dansai<strong>en</strong>t h<br />

la manière <strong>des</strong> Scythes 9.<br />

Les peuples de la Transalpine étai<strong>en</strong>t continuellem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> guerre<br />

les uns contre les autres 40; ainsi faisai<strong>en</strong>t les Germains 11 , et nous<br />

savons, par Hérodote, Strabon et Luci<strong>en</strong>, que c'était l'état normal<br />

<strong>des</strong> Scythes 12 Enfui, si <strong>en</strong> <strong>Italie</strong> <strong>des</strong> Gaulois combattir<strong>en</strong>t avec les<br />

Romains contre leurs compatriotes, il <strong>en</strong> fut de même plus tard <strong>des</strong><br />

peuples de ],a<br />

13, de ceux de la Germanie 14, et aussi <strong>des</strong><br />

1. Strab. p. 490.<br />

2. ]juean. J, t 430, 434; Tacit. Gcnn. 17.<br />

3, Lucan. I, t 430, 431.<br />

4. Ovid. Trist. IV, E?eg. 6, y . 47; V, Eieg. 7, t. 49.<br />

5. Hippoer. De, Aeribvs, Aquis cl Loefs, eut. Anutii Foesii, 4095,<br />

scet. III, p. 70; Ilerodot. VI!, 04.<br />

0. PIin. XXII, 1; VII, 14; Potnp. Mela. JI, e. 4; Priseian. Perieq.<br />

t. 302; Ecrodot. [V, 108; Virgil. Georg. II, t. 415; Vibius sequester<br />

G<strong>en</strong>tes; Propert. Il, Eieg. 14; Amal. Marceit. XXXI, 2; Servius M<br />

Virgil. Gecrg. II, t 115, C]auilian. In lMfin. I, y. 343..<br />

7. Diod. V, 29; j:é0. Cass. XXX VIIJ, 45; Polyb. II, 28.<br />

8. Diodor. Sieul. V, 20; Amin. Marcell. XV, 42; Tuait. Annal. fliC;<br />

Gcrm. 22, 23; Bio. Gass. LI, 24; Plato, De Legibvs, Eh. I, edit. Marsil.<br />

Ficin. Francofurt. 1002, p. 777.<br />

9. Bidon. Appoli. Pancgyr. lvi. Vain'. Majorian. y . 219.<br />

40. Gasar, Oeil. 1,44, 34; 11, 28, 29, 31, 32; VI, 34, 35; VI], 5,64;<br />

1/111,4,6, 10-42, 20, 44; Taeit. Hi, IV, 47, 73, 74; Die. Cass.<br />

XXXV III, 32, 40.<br />

11. Amm. Mareell. KY, 9; Cinsar, Gai?. I. 54; IV, 40; -Yi, 34; VII,<br />

13, 63,65,70,80 'Vii, 10, 13;Tacit. Germ. 29,33, 36, 42, 43; Annal.<br />

1, 00; iI, 44,45,03; Xi, 18; XII, 27-30; XLII, 54, 55, 57; 11m. IV,<br />

12, 28, 37; Die. Cass. LIV, 33.<br />

42. lierodot. IV, 13; Lucian. 'J'oxaris, § 36; Strab. p. 314.<br />

43. OEnsar. CaR.. 1, 46, 40; 11 1 12, 3, 5, 10, 17; 24; 111, 9, 14,18; IV,<br />

24; V, 4,7,45,54; VI, 5,7; Vil, 44, 50, 63; VIII, n, 12, 26, 44;<br />

Do. Casa. XXXVIII, 32; XXXIX, 1, 2.<br />

44. Cœsar, Gall. V, 45; VII, 43; VIII ;43, 36; Taeit. Aimai. 1,60;


-<br />

Sarmûtes dont les princes, nous dit Tacite, t payés par les deux<br />

» partis, se v<strong>en</strong>dir<strong>en</strong>t, suivant l'usage (le leur nation, aux deux<br />

» mruses opposées 1 . »<br />

IV. - Conclusions.<br />

Des considérations développées jusqu'ici, nous n'hésitons pas ii con-<br />

clure (lue les Gaulois de l'Europe c<strong>en</strong>trale s'avancèr<strong>en</strong>t graduellem<strong>en</strong>t<br />

de l'est h l'ouest, jusqu'aux stations où les anci<strong>en</strong>s les découvrir<strong>en</strong>t, et,<br />

par conséqu<strong>en</strong>t, ne fur<strong>en</strong>t pas, comme l'ont cru ces derniers 2, <strong>des</strong><br />

colonies sorties de l'occid<strong>en</strong>t. C'est, au contraire, de la Germanie, dont<br />

les habitants étai<strong>en</strong>t <strong>en</strong>core h peu près noma<strong>des</strong> au temps de Tacite 3,<br />

que partir<strong>en</strong>t les diverses migrations (lui peuplèr<strong>en</strong>t la Gaule cis-<br />

rhénane; et, si nous <strong>en</strong> sommes réduits aux conjectures sur les plus<br />

uci<strong>en</strong>nes qui i'ormùr<strong>en</strong>t les gran<strong>des</strong> confédérations <strong>des</strong> Arvernes, <strong>des</strong><br />

Bituriges, <strong>des</strong> Edn<strong>en</strong>s , <strong>des</strong> Armot'iques , il <strong>en</strong> est d'autres dont nous<br />

pouvons reconnaître le point de départ , et parfois même plusieurs<br />

<strong>des</strong> étapes de leur itinéraire. Ainsi, les Belges ont dû être une colo-<br />

nie (les B elcae, si nombreux <strong>en</strong> Scythie, suivant Mela 4 , et dont [[tic<br />

tribu maritime est m<strong>en</strong>tionnée par Ptolémée , sous le nom de Veltae,<br />

J'est <strong>des</strong> Véné<strong>des</strong> 5 . Cette origine est d'autant plus vraisemblable,<br />

que les dernières ban<strong>des</strong> de l'immigration belge, les Trévires, Ner-<br />

vi<strong>en</strong>s, Aduatiques, Eburons, Condrusi<strong>en</strong>s, Sègnes, Pmmani<strong>en</strong>s et<br />

Qerésieus, étai<strong>en</strong>t de prov<strong>en</strong>ance germaine bi<strong>en</strong> constatée G, Les<br />

\tolkes (tablis <strong>en</strong>tre le Ilhône, les Cév<strong>en</strong>nes et la Méditerranée<br />

<strong>des</strong>c<strong>en</strong>dai<strong>en</strong>t <strong>des</strong> Tectosages qui, de la Thrace, <strong>en</strong>voyèr<strong>en</strong>t dos ra-<br />

meaux <strong>en</strong> Pannonie et dans la forêt Hercyni<strong>en</strong>ne. Nous avons vu les<br />

Séquanais anci<strong>en</strong>nem<strong>en</strong>t fixés sur le versant sept<strong>en</strong>trional <strong>des</strong> Alpes,<br />

et les Helvètes, pour les remplacer, abandonner le territoire compris<br />

11, 9, 10,10,17,45; IV, 73; X11,.27;29; Xlii, 54; lEst. 111,5,21;<br />

IV, 12, 18, 28, 50, 79; Bio. Cass. XXXiX, 48; Liv, 32; LVI, 23;<br />

1,1V Il, 5; LXXI, 11; Plutareh. JErnil. Paul. § 0, etc.<br />

1. Tacit. Annal. 'VI, 33, 34; Hist. 111, 5.<br />

2. Tit.-Liv. V, 34; .Iustin.X.XIV,4; Ga±sar, Cati. VT, 24; Tacit..Cerm.<br />

28; Strab. pp. 187, 188, 5GO; Cicero, pro Fonteio, § 13.<br />

3. Tacit. Cerna. 26; Cnsar, Cati. VI, 22; Strab. 201,<br />

4. Pomp. Meta, I11,c.5, G.<br />

5. Ptolem. Ccour. III, C. 5.<br />

G. Cesar, Oeil, lI, 4, IV, 7, 16; VI, 2, 32; Taeit, lEst. IV, 04;<br />

Ores. VI. e. 7.


- 63 -<br />

<strong>en</strong>tre le Rhin et le Mcm. Les Cimbres qui, dû Palus-Méotide et du<br />

Tyras, s'étai<strong>en</strong>t avancés progressivem<strong>en</strong>t jusqu'à la presqu'île située<br />

au-<strong>des</strong>sus de l'ANS, et de lê sur les rives de la mer germanique et<br />

le Rliin , franchir<strong>en</strong>t <strong>en</strong>suite ce fleuve , et, laissant parmi les Belges<br />

deux la moins de leurs tribus, les Nervi<strong>en</strong>s et les Aduatiques 1 , tra-<br />

versèr<strong>en</strong>t la Gaule du nord ait , vers la fin du second siècle, et<br />

forrnùr<strong>en</strong>t , pr6s <strong>des</strong> Yolkes , un établissem<strong>en</strong>t d'où Marins les expulsa<br />

2 . 11e massacre <strong>des</strong> Cimbres et de leurs alliés n'arrêta pas les<br />

populations germaines, qui cherchai<strong>en</strong>t dans la Gaule proprem<strong>en</strong>t<br />

dite une demeure perman<strong>en</strong>te. César nous appr<strong>en</strong>d, <strong>en</strong> effet, (lue c<strong>en</strong>t<br />

vingt mille Germains s'ôtai<strong>en</strong>t elupartis d'une partie du territoire <strong>des</strong><br />

Séquana is , et qu'Arioviste , leur chef, <strong>en</strong> réclamait <strong>en</strong>core mi autre<br />

tiers pour vingt-quatre mille Jiaru<strong>des</strong> qui, l'ayant rejoint depuis peu<br />

de mois, demandai<strong>en</strong>t h s'établir 3; que les Boi<strong>en</strong>s du Noricuni , les<br />

Ilauraques, les Tulinges et les Latoliriges s'étai<strong>en</strong>t associés aux Hel-<br />

vètes pour s'emparer avec eux du territoire <strong>des</strong> Santones, au nord de<br />

la Garonne . Enfin, Strabdn rapporte que les Trihoeei ôtai<strong>en</strong>t v<strong>en</strong>us<br />

de In Germanie se fixer chez les Mtdiomatriks 5.<br />

Les premiers établissem<strong>en</strong>ts <strong>des</strong> Galls dans la Transalpine de Cé-<br />

sar remont<strong>en</strong>t à une époque extrêmem<strong>en</strong>t reculée. En effet, toujours<br />

poussées vers l'occid<strong>en</strong>t, à mesure que s'accroissait leur population<br />

et que les refoulai<strong>en</strong>t les hor<strong>des</strong> asiatiques de même race, les nations<br />

seythiq ues les plus occid<strong>en</strong>tales devai<strong>en</strong>t être, pour la plupart, les<br />

plus anci<strong>en</strong>nem<strong>en</strong>t arrivées eu Europe, et les plus modernes, celles<br />

qui se rapprochai<strong>en</strong>t le plus de l'Asie or, il fallait que l'établisse-<br />

`mot (le CC5 dernières fat lui-môme bi<strong>en</strong> auci<strong>en</strong>, pour que les Gîtes<br />

habitant les bords de l'Euxin ai<strong>en</strong>t pu croire et rapporter à Héro-<br />

dote que les Scythes étai<strong>en</strong>t nés dans J'ilylée , de l'union d'hercule<br />

et de l'Eclinide, monstre moitié femme et m oitié serp<strong>en</strong>t O que d'an-<br />

1. Cnsar, Gal!. 11, 29; Sirota. p. 194; Taeit. Geum, 28; Appian. De<br />

Cellicis, £ragm. I, § 4; Pio. Gaas. XXXIX, 4.<br />

2. Appian. Bel. Civil. I, 29, dit qu'Apuléius prés<strong>en</strong>ta une loi pour<br />

faire distribuer les terres dont les Cimbres s'étai<strong>en</strong>t emparées dans le<br />

pays que les Bornains appelai<strong>en</strong>t depuis peu la Gaule, et dont Marius,<br />

<strong>en</strong> expulsant ces barbares, avait acquis la propriété au peuple romain.<br />

3. Ciesar, Gal. I, 31.<br />

4. Ibid. 1, 5, 10, 41.<br />

5. Strab. p, 193.<br />

6. Herodot. IV, 8-40; Pied. Sicul. lI, 43.


4 -<br />

ces Gtecs ai<strong>en</strong>t cru à l'origine soythiqus de Deucalion 1 et db Pio<br />

n6tliét, son père 2 et ai<strong>en</strong>t attribué à <strong>des</strong> Hyperboré<strong>en</strong>s, qui étai<strong>en</strong>t<br />

évidemm<strong>en</strong>t (les Scythes , la fondation de l'oracle de Delpltes , et<br />

<strong>des</strong> relations fort anci<strong>en</strong>nes avec (les peuples grecs 5 . II semble mi<br />

outre résulter d'aine réponse d'Anacharsis, rapportée par Clém<strong>en</strong>t'<br />

dÀlexan'drie, que la langue grecque cont<strong>en</strong>ait bon nombre de mots<br />

scthiques 6 , ce quidénoterait, <strong>en</strong>tre les deux nations, unefrôqir<strong>en</strong>-<br />

tation antique et Suivie.<br />

Quoique les premiéres migrations <strong>des</strong> Scythes ou Galls, <strong>en</strong> Eu-<br />

rope, paraiss<strong>en</strong>t remonter bi<strong>en</strong> au-delà (les temps. historiques, ils ne<br />

fur<strong>en</strong>t pourtant pas les premiers habhaiits de notre contin<strong>en</strong>t; ils 3r<br />

avai<strong>en</strong>t été précédés Pal' les hommes d'une antre famille dont- 'es<br />

ossem<strong>en</strong>ts, exhumés <strong>des</strong> dolm<strong>en</strong>s, ainsi que <strong>des</strong> cavernes, (les abris<br />

et <strong>des</strong> plateaux sur lesquels , plus anci<strong>en</strong>nem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>core, nos pères<br />

vécur<strong>en</strong>t cii plein afr, ont pleinem<strong>en</strong>t justifi é les travaux <strong>des</strong> savants'<br />

modernes, t<strong>en</strong>dant à démontrer l'exist<strong>en</strong>ce antérieure d'une race<br />

brune dans le- nord de l'Europe occid<strong>en</strong>tale 7. De semblables Ira-vaux,<br />

1. Lucian. lie! Dea Syvia, § 12.<br />

2: Schol.Apoll. Argon eut: 11, y . 1252, suivant Pinkerton, Recherches<br />

sur l'Origine <strong>des</strong> Scythes ou Goths, traduction Miel, P. 421.<br />

3. Larcher, trad. d'Iiérodote, édit. 1802, tome 3, p. 43G: «Ilparait-<br />

» par le scholiaste de Pindare (Ad Pyth. ed. 1V, r. 324), que les Grecs<br />

» de son temps appelai<strong>en</strong>t les Thraces Borê<strong>en</strong>s; il y n, par conséqu<strong>en</strong>t,<br />

» grande appar<strong>en</strong>ce qu'ils donnai<strong>en</strong>t aux peuples qui habitai<strong>en</strong>t pat' delà,<br />

» le nom d'Flypei'boré<strong>en</strong>s. Constantin Porphyrogénète parait confirmer<br />

» cette opinion, lorsqu'il dit (De Ad.ntinista'. j . 78, ex. edit. Banduri)<br />

» qu'il y n plusieurs nations considérables jusqu'au Danube, dans le pays<br />

» <strong>des</strong> Ryperboré<strong>en</strong>s. »<br />

4. Pausaa. X, e. 5.<br />

5. Flerodot. 1V,32-36; Diod. SkiaI. 11,47; Gallimach. 1.-Tynin. in<br />

iJelu,n, r. 281 —295; Pausan. I, Si. Servius ad 'Virgil. jL'neid. Xl, y.<br />

858, dit que ces Hyperboré<strong>en</strong>s étai<strong>en</strong>t <strong>des</strong> Thraces « Opin et Hecaergon,<br />

D CX Hyperboreis , qui et ipsi s<strong>en</strong>t Threei in insnlam Delu,n veflisse. »<br />

6. Clem<strong>en</strong>t. Alexat,dr. Stro,nat. lib. 4, P. 308, edit. Paris, 4641.<br />

7-. Nous pouvons citer <strong>en</strong>tre antres MM. Wom'sam, John Lubboek,<br />

L'Ilonnne «saisI l'Histoire, traduction-Ed. Barbier, pp. 121, 92; F. de<br />

Rougemont; L'Age du 13i'oisze, pp. 363, 415; d'On,alius d'Fta]loy,-Maruai<br />

pratique (t'EflinoqrapJ(se, 5» édit. 1804, p. 19 ; Moke, Bel-gique<br />

Anci<strong>en</strong>ne, pp. 6, 8, 62, 63, 70, 72, 74; Morin, Eng. Les Brilanni, pp.<br />

53-01; de Quatrefages, La Race Prussi<strong>en</strong>ne,pp. 32, 33; 41i —46.<br />

M. Roget de Belleguet, Elhnogènie Gauloise, 3» partie, 1iP 535-- 541<br />

544, 545, reconnaît <strong>des</strong> Ligures'dans les prédécesseurs <strong>des</strong>' Gaulois',


- 65 -<br />

appliqués aux diverses autres contrées europé<strong>en</strong>nes possédées par<br />

la famille seytinque, prouveront, lions <strong>en</strong> avons ]a Conviction, qu'elles<br />

aussi, fur<strong>en</strong>t toutes primitivem<strong>en</strong>t habitées par la même race brune.<br />

Or, cette race antique, dont on retrouve quelques souv<strong>en</strong>irs dans<br />

Hésiode, Aviénus, Tacite et les Tria<strong>des</strong> galloises . était celle <strong>des</strong><br />

Celtes ainsi l'avait appris Ammi<strong>en</strong> Marcellin é l'occid<strong>en</strong>t du Min<br />

Les Aborigènes de la Gaule, disai<strong>en</strong>t les traditions locales, étai<strong>en</strong>t<br />

un peuple celte et les drui<strong>des</strong> <strong>en</strong>seignai<strong>en</strong>t que la population de la<br />

Gaule n'était indigène qu'<strong>en</strong> partie, qu'elle s'était recrutée diverses<br />

reprises par l'incorporation d'insulaires étrangers et de peupla<strong>des</strong><br />

transriiénanes, chassées de leurs foyers, soit par les vicissitu<strong>des</strong> de<br />

la guerre, soit par les <strong>en</strong>vahissem<strong>en</strong>ts d'une mer furieuse 9.<br />

Hors d'état de résister aux Scythes, dont les hor<strong>des</strong>, se succédant<br />

sans relèche, les dépouillai<strong>en</strong>t chaque fois d 'un territoire nouveau,<br />

les Celtes perdir<strong>en</strong>t peu ù peu la majeure partie de l'Europe quelques<br />

siècles avant notre ère, ils ne p ossédai<strong>en</strong>t plus ait que<br />

l'Irlande et la partie sept<strong>en</strong>trionale de l'île d'Albion; au midi, l'Aqui-<br />

taine, les trois gran<strong>des</strong> péninsules et les deux étroites régions ma-<br />

ritimes les reliant <strong>en</strong>tre elles . Cep<strong>en</strong>dant , comme les invasions, si<br />

terribles qu'elles soi<strong>en</strong>t, ne font jamais disparaître <strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t les<br />

populations qui les subiss<strong>en</strong>t, il resta parmi les nations scythes un<br />

assez grand nombre de tribus celtes, dont on peut <strong>en</strong>core retrouver<br />

quelques traces & De là le nom parfaitem<strong>en</strong>t approprié de Cette-<br />

ainsi que l'avai<strong>en</strong>t fait avant lui MM. Bodieh<strong>en</strong>, le docteur Ware, Mullié,<br />

Pernér et autres dont les opinions sont résumées par le même M. Perrie<br />

r, dans ses Fragm<strong>en</strong>ts Eth'wlogiqnes, Paris, 1857, et fleuri Martin,<br />

Etu<strong>des</strong> d'Archéologie Celtique, p. 4.<br />

1. Ainsi que l'a fiait remarquer M. Eug. Morin (Les Br-it.anni, p. 36),<br />

ilésiodc (fragrn. 132 de l'édit. Didot) semble attribuer tout l'occid<strong>en</strong>t<br />

aux Ligures. Cf. aussi Avierius, Ora Maritirna, y . 130— 145; Taeit.<br />

Agricola, § 44; Artemidor. op. Stoph. Byz. sub. voce Ligsres ; Eustath.<br />

in IJtonys. v.76. M. Ch. Müller (Petits G(.,ogr. Grecs, édit. Didot, tome<br />

2, P. 232,) est disposé â reconnaître la Loire pour le fleuve (fui, suivant<br />

Eustathe et Artérnidore, avait donné son nom aux Ligures, et le pays<br />

que baigne ce fleuve peur leur anci<strong>en</strong>ne demeure. -<br />

2. Amin. Marceil. XV, 9. -<br />

3. Nous le démontrerons dans un travail d'<strong>en</strong>semble sur les Celtes et<br />

les Gaulois.<br />

4. Notamm<strong>en</strong>t les Insnbres, chez les, Edu<strong>en</strong>s (Tit.-Liv. V, 34; les<br />

Lygi<strong>en</strong>s de la Silésie, parmi lesquels figurait une tribu d'Elysi<strong>en</strong> (tacit.<br />

5


- 66 -<br />

Scythes 1 , donné aux habitants de l'Europe sept<strong>en</strong>trionale par les<br />

écrivains qui apprir<strong>en</strong>t les premiers les progrès faits par les Scythes<br />

dans la vaste contrée appelée dabord Celtique, quand on n'<strong>en</strong> con-<br />

naissait que là partie méridionale 2.<br />

Ce sont <strong>des</strong> groupes iso]és <strong>des</strong> colons primitifs de notre contin<strong>en</strong>t<br />

qui , plus nombreux que leurs vainqueurs , rnème après les luttes<br />

dans lesquelles ils succombèr<strong>en</strong>t s , ont perpétué le type brun aux<br />

yeux et aux cheveux noirs qu'on retrouve sur tant de points au milieu<br />

<strong>des</strong> populations europé<strong>en</strong>nes d'origine scythique 4; et c'est parce<br />

que les Scythes ont conservé bon nombre <strong>des</strong> noms géographiques<br />

usités chez les vaincus, et emprunté quantité de mots û leurs dia-<br />

lectes 3, qu'on a pu constater de certaines ressemblances <strong>en</strong>tre les<br />

langues scythiques ou aramé<strong>en</strong>nes 6 et celles <strong>des</strong> Celtes, et, par suite,<br />

,achever de confondre deux races parfaitem<strong>en</strong>t distinctes.<br />

Cerna. 43); les Limigantes, race indigène esclave <strong>des</strong> Sarmates Jazy.-es<br />

(Atnm. Marcoll. XVII , 12, 43). Des considérations qu'il serait trop long<br />

de développer ici, mais qui trouveront place dans notre travail d'<strong>en</strong>semble,<br />

nous permettront de reconnaitre <strong>en</strong>core plusieurs autres débris<br />

isolés de la vieille race celtique.<br />

.4. Strab. PI" 33, 507.<br />

2. Heroilot II, 33; IV, 49; Flecat. apud Pied. Sicul. 11, 47; Ephor.<br />

ap. Strab. p. 34; Strab. p. 33; Scymn. Y. 473-482.—Plusieurs écrivains<br />

persistèr<strong>en</strong>t à désigner sous le flou' de Celtique, la grande contrée<br />

qui <strong>des</strong> Celtes avait passé , mix Scythes. Ainsi, pour ne citer que ceux<br />

dont le témoignage ne peut prêter au doute, ,nême <strong>en</strong> t<strong>en</strong>ant compte (le.<br />

la synonymie acceptée <strong>des</strong> noms ilo Celtes et de Gaulois: Piutarch. CuinitL<br />

§ 45; Appian. Iberie, § 4; Bell. Ctsfl. 1,29; Bio. Cass. XXXiX,<br />

49; LIII, 42; lionys. lialicarn. XIV, § 3, <strong>des</strong> fragm<strong>en</strong>ts publiés par<br />

Angeto Mai.<br />

3. Cette opinion est aussi celle de M. I4oke, BeIg. Âne, P. 70.<br />

4. M. de Quatrefages, La Race Prussi<strong>en</strong>ne, w 34, 35, 44,43, 44-40,<br />

• - constate au milieu <strong>des</strong> populations ary<strong>en</strong>nes, sur tous les points de la<br />

partie de notre contin<strong>en</strong>t qu'ils subjuguèr<strong>en</strong>t, <strong>des</strong> groupes ou.ilots de la<br />

population primitive, vivant plus ou moins mélangés avec leurs vainqueurs,<br />

mais toutefois sans se confondre <strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t.<br />

5. Nous nous r<strong>en</strong>controns <strong>en</strong>core ici avec MM. Moite, pp. 70— 73;<br />

M. Morin, Les Britan,i, pp. 60 et suivantes, et avec M. Itoget de Belloguet,<br />

Elhnoy. 3e partie, pp. 544 et 545.<br />

6. Plin. VI, t?.— Ainsi que le fait observer Cossellin (Tradtction de<br />

Strabon, t. 1, p. 04, note 5), Pline est <strong>en</strong> ceci d'accord avec Posidonius<br />

(dans Strabon., p. 42.)


t<br />

TABLE.<br />

CIIAPITDe PREMIER. - La Gaule Cisalpine na été conquise<br />

ni possédée par <strong>des</strong> Gaulois...........................<br />

Les Insubres n'étai<strong>en</strong>t pas Gaulois.......................<br />

Impossibilité d'indiquer les limites du prét<strong>en</strong>du État Gaulois<br />

Cisalpin............................................<br />

Conduite étrange <strong>des</strong> Gaulois, <strong>des</strong> populations qu'on dit avoir<br />

été dépouillées par eux et <strong>des</strong> nations voisines ..........<br />

Les Gaulois n'ont laissé aucune trace de leur séjour <strong>en</strong> <strong>Italie</strong>.<br />

Mations dontradictoires <strong>des</strong> anci<strong>en</strong>s sur les Gaulois-Cisalpins.<br />

Après l'expulsion <strong>des</strong> Gaulois de l'<strong>Italie</strong>, il n'est pris aucune<br />

mesure pour repeupler le pays qu'on leur attribue.......<br />

Des guerres dites <strong>gauloises</strong> .............................<br />

Colonies d'Âriminum et de S<strong>en</strong>a fondées chez les Pic<strong>en</strong>tins.<br />

Date véritable de la eotonie de S<strong>en</strong>s .....................<br />

Les Gaulois de l'<strong>Italie</strong> n'étai<strong>en</strong>t que <strong>des</strong> troupes soudoyées.<br />

Origine du nom de Gaule, donné à une partie do l'<strong>Italie</strong> sept<strong>en</strong>trionale..........................................<br />

Exist<strong>en</strong>ce simultanée <strong>des</strong> Celtes et <strong>des</strong> Gaulois co <strong>Italie</strong>.<br />

Des principales stations occupées <strong>en</strong> <strong>Italie</strong> par les Gaulois<br />

merc<strong>en</strong>aires .........................................<br />

La partie de la Cisalpine attribuée aux Gaulois appart<strong>en</strong>ait<br />

aux Liguri<strong>en</strong>s ou Coites ..............................<br />

Les Gaulois de la Transalpine volontairem<strong>en</strong>t confondus par<br />

César avec les Celtes .................................<br />

Les ban<strong>des</strong> <strong>gauloises</strong> qui servir<strong>en</strong>t <strong>en</strong> italie prov<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t toutes<br />

de la Germhoie ......................................<br />

De quelques tribus <strong>gauloises</strong> établies dans les Alpes sept<strong>en</strong>trionales,<br />

leurs relations avec leurs voisins et les Romains,<br />

postérieurem<strong>en</strong>t aux guerres celtiques ..................<br />

Positions géographiques respectives <strong>des</strong> nations <strong>gauloises</strong> qui<br />

<strong>en</strong>voyèr<strong>en</strong>t <strong>des</strong> merc<strong>en</strong>aires <strong>en</strong> <strong>Italie</strong>. . . . . . .............<br />

PAGES.<br />

5-37<br />

6, 65. note 4<br />

7-10<br />

10-12<br />

12, 13<br />

13, 14<br />

14, 15<br />

15-19<br />

18, 19<br />

18, note 2•<br />

19-21<br />

22-28<br />

23,24<br />

25-28<br />

10, 14 ) 26<br />

28<br />

29-31<br />

30-33<br />

33-36<br />

.4<br />

1<br />

4


- 08 -<br />

CHAPITRE 2. - La Famille Gauloise s'ét<strong>en</strong>dait 6 l'ori<strong>en</strong>t<br />

jusqu'au Pont-Euxin, dont elle bordait toute la côte cecid<strong>en</strong>tale.............................................<br />

Peuples gaulois dans la Germanie .......................<br />

- - dans la Pannonie, la Dacie, la Mcesfe et la<br />

t Thrace .............................................<br />

Des Seordisques et <strong>des</strong> Bastarnes........................<br />

Id<strong>en</strong>tité de ces deux derniers peuples et <strong>des</strong> Daces .........<br />

L'établissem<strong>en</strong>t <strong>des</strong> Gaulois <strong>en</strong> Thrace, bi<strong>en</strong> antérieur à leur<br />

expédition <strong>en</strong> Grèce..................................<br />

CHAPITRE 3. - Tous les peuples gaulois sans distinction,<br />

les Cimméri<strong>en</strong>s, les Goths et les Sarmates, appart<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t à<br />

Ici race scythique ....................................<br />

Les Cimméri<strong>en</strong>s ne fur<strong>en</strong>t point expulsés de l'Europe ori<strong>en</strong>tale<br />

Id<strong>en</strong>tité <strong>des</strong> Gaulois, <strong>des</strong> Goths et <strong>des</strong> Scythes ............<br />

Les Sarmates étai<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>t Scythes ..................<br />

Communauté d'origine <strong>des</strong> Gaulois, Germains, Daces, Sarmates<br />

et Scythes, justifiée de nouveau pir In conformité de<br />

leurs usages religieux, de leurs coutumes, etc ...........<br />

CHAPITRE 4.— Conclusions .............................<br />

Les Gaulois de la Thrace et de la Germanie n'étai<strong>en</strong>t pas <strong>des</strong><br />

colonies de lit Transalpine .............................<br />

Invasion graduelle do la Transalpine par <strong>des</strong> groupes de tribus<br />

<strong>gauloises</strong> s'avançant <strong>en</strong> Europe d'ori<strong>en</strong>t <strong>en</strong> occid<strong>en</strong>t...<br />

Les établissem<strong>en</strong>ts gaulois <strong>en</strong> Europe remont<strong>en</strong>t généralem<strong>en</strong>t<br />

à une très-haute antiquité .............................<br />

Les Celtes, primitifs habitants de l'Europe <strong>en</strong>tière; se mêl<strong>en</strong>t<br />

plus ou moins avec les <strong>en</strong>vahisseurs gaulois; - quel-<br />

(lues groupes de populations celtiques, épars <strong>en</strong> Europe, se<br />

conserv<strong>en</strong>t purs de ce mélange ........................<br />

PAGES.<br />

37-48<br />

37-4'<br />

41-48<br />

42-46, 48<br />

44-46<br />

48<br />

48-62<br />

49, 50<br />

50-53<br />

53-58<br />

58-62<br />

62-66<br />

62<br />

62, 63<br />

63, 64<br />

64-66

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