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POLICE<br />
<strong>Le</strong>s fourrières<br />
animales<br />
En période estivale, en plus<br />
<strong>des</strong> animaux errants<br />
« habituels », ce sont près de<br />
60 000 chiens et chats qui vont<br />
se retrouver abandonnés.<br />
Gros plan sur les fourrières.<br />
I. Notion d’animal errant<br />
La notion d’errance ou de divagation est généralement associée<br />
à celle d’animal domestique. La liste du ministère de<br />
l’Ecologie est vaste puisqu’elle va, pour les mammifères, du<br />
chien au chat en passant par le cheval et l’âne mais aussi la<br />
chèvre, le furet et le rat. L’animal sauvage, étant considéré<br />
comme laissé à son instinct naturel, ne peut pour sa part être<br />
considéré comme errant. Mais la loi prévoit expressément le<br />
cas de divagation <strong>des</strong> animaux d’espèces sauvages apprivoisés<br />
ou tenus en captivité (1) .<br />
Juridiquement, un animal de compagnie est considéré<br />
comme errant lorsqu’il est hors de la surveillance vigilante de<br />
son propriétaire et hors de son domicile (2) . Pour un chien, tel<br />
est le cas s’il est hors de portée de voix de son maître ou d’un<br />
instrument sonore permettant son rappel (sauf action de<br />
chasse) à une distance de plus de 100 m. Pour le chat, en rai-<br />
SENSIBILISER LES MAIRES<br />
« Il importe que les maires soient incités<br />
à se doter <strong>des</strong> installations permettant<br />
de faire face dans les meilleures conditions<br />
aux problèmes résultant de l’insuffi sance du nombre<br />
de fourrières.<br />
A cet égard, pourrait être encouragée, notamment en ce<br />
qui concerne les communautés d’agglomération et les<br />
communautés de communes, la démarche visant à la<br />
réalisation de fourrières intercommunales, au titre <strong>des</strong><br />
compétences facultatives que ces établissements publics<br />
peuvent mettre en œuvre ».<br />
Source : Réponse du ministre de l’Intérieur à la Question écrite<br />
n° 02617 de Jean Louis Masson, JO Sénat (Q) du 25/06/2009.<br />
FICHES TECHNIQUES<br />
son de son comportement très indépendant et plus complexe,<br />
l’état de divagation est reconnu dès lors que l’animal<br />
est à plus de 200 m <strong>des</strong> habitations ou à plus de 1 000 m de<br />
son domicile (sans compter les chats non identifiés sur la<br />
voie publique ou sur une propriété privée).<br />
L’errance peut aussi conduire l’animal à un pacage abusif<br />
(herbivores, bovins, ovins, caprins et chevaux). Dans ce cas,<br />
pour faire cesser l’atteinte à la propriété d’autrui, le propriétaire<br />
lésé peut conduire l’animal au lieu de dépôt désigné par<br />
le maire. Ce sera ensuite à lui de donner avis au propriétaire<br />
<strong>des</strong> animaux <strong>des</strong> dispositions prises. <strong>Le</strong> cas échéant les animaux<br />
non réclamés pourront être vendus ou euthanasiés.<br />
UNE HISTOIRE ANCIENNE<br />
<strong>Le</strong> terme « fourrière » apparaît en<br />
1261 puis en 1483 où l’on parle d’un<br />
« maître de fourrière ordinaire ». En 1673, le procureur<br />
du roi fait saisir et mener en fourrière le mulet d’un palefrenier.<br />
Un siècle plus tard les animaux qui dégradent<br />
les fortifi cations sont placés en fourrière.<br />
1811 voit l’établissement de la loi précisant que les animaux<br />
pourront, au-delà d’un délai de huit jours, être<br />
vendus. En cas d’errance, les chiens qui ne portent pas<br />
de collier sont immédiatement abattus, les autres bénéfi<br />
ciant d’un délai de 48 heures après avis au propriétaire.<br />
En 1882, le mode d’exécution change, les chiens<br />
étant asphyxiés au gaz. D’anciens registres apprennent<br />
qu’en 1884, plus de 5 000 animaux ont été conduits en<br />
fourrière. Parmi eux, près d’un millier auraient été livrés<br />
à <strong>des</strong> expériences.<br />
La SPA sera créée en 1845 par Etienne Pariset, avant<br />
d’être reconnue d’utilité publique par Napoléon III en<br />
1860.<br />
II. Procédure prévue par la loi<br />
L’article L. 211-24 du Code rural dispose que « chaque commune<br />
doit disposer soit d’une fourrière communale apte à<br />
l’accueil et à la garde <strong>des</strong> chiens et chats trouvés errants ou<br />
en état de divagation jusqu’au terme <strong>des</strong> délais fixés aux articles<br />
L. 211-25 et L. 211-26, soit du service d’une fourrière établie<br />
sur le territoire d’une autre commune ».<br />
En pratique, chaque fourrière doit avoir une capacité adaptée<br />
aux besoins locaux. La capacité de la fourrière est constatée<br />
par arrêté du maire.<br />
Pour les bovins, équins, petits ruminants et tous les animaux<br />
de rente, le maire désigne un endroit adéquat et au bout de<br />
www.journal<strong>des</strong>maires.com juillet-août 2011 <strong>Journal</strong> <strong>des</strong> <strong>Maires</strong><br />
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FICHES TECHNIQUES<br />
huit jours, le cas échéant c’est un juge compétent qui sera<br />
saisi pour organiser leurs ventes sur ordonnance. <strong>Le</strong>s volailles<br />
sont elles un cas à part puisqu’elles sont réputés appartenir<br />
à la personne qui les a recueillis, un mois après qu’elle les ait<br />
déclarées en mairie (3) .<br />
De même, un moyen de prise en charge de tout animal, errant<br />
ou accidenté, doit être mis en place. La procédure à suivre<br />
doit faire l’objet d’un affichage permanent en mairie.<br />
Avec notamment les coordonnées <strong>des</strong> services compétents<br />
pour la capture et la prise en charge de ces animaux, ainsi<br />
que les conditions dans lesquelles il peut être fait appel à ces<br />
services.<br />
QUE DIT LA LOI ?<br />
« I. Lorsque les chiens et les chats accueillis<br />
dans la fourrière sont identifi és<br />
conformément à l’article L. 212-10 ou par<br />
le port d’un collier où fi gurent le nom et l’adresse de<br />
leur maître, le gestionnaire de la fourrière recherche,<br />
dans les plus brefs délais, le propriétaire de l’animal.<br />
Dans les départements offi ciellement déclarés infectés<br />
par la rage, seuls les animaux vaccinés contre la rage<br />
peuvent être rendus à leur propriétaire.<br />
A l’issue d’un délai franc de garde de huit jours ouvrés,<br />
si l’animal n’a pas été réclamé par son propriétaire, il<br />
est considéré comme abandonné et devient la propriété<br />
du gestionnaire de la fourrière, qui peut en disposer<br />
dans les conditions défi nies ci-après.<br />
II. Dans les départements indemnes de rage, le gestionnaire<br />
de la fourrière peut garder les animaux dans la limite<br />
de la capacité d’accueil de la fourrière. Après avis<br />
d’un vétérinaire, le gestionnaire peut céder les animaux<br />
à titre gratuit à <strong>des</strong> fondations ou <strong>des</strong> associations de<br />
protection <strong>des</strong> animaux disposant d’un refuge qui, seules,<br />
sont habilitées à proposer les animaux à l’adoption<br />
à un nouveau propriétaire. Ce don ne peut intervenir<br />
que si le bénéfi ciaire s’engage à respecter les exigences<br />
liées à la surveillance vétérinaire de l’animal, dont les<br />
modalités et la durée sont fi xées par arrêté du ministre<br />
chargé de l’agriculture.<br />
Après l’expiration du délai de garde, si le vétérinaire en<br />
constate la nécessité, il procède à l’euthanasie de<br />
l’animal.<br />
III. Dans les départements offi ciellement déclarés infectés<br />
de rage, il est procédé à l’euthanasie <strong>des</strong> animaux<br />
non remis à leur propriétaire à l’issue du délai de<br />
garde ».<br />
Source : article L. 211-25 du Code rural.<br />
56 <strong>Journal</strong> <strong>des</strong> <strong>Maires</strong> juillet-août 2011 www.journal<strong>des</strong>maires.com<br />
III. <strong>Le</strong>s fourrières aujourd’hui<br />
A l’heure actuelle, les fourrières sont très variées. Elles tendraient<br />
à se développer face à une demande toujours croissante.<br />
<strong>Le</strong>s communes et les intercommunalités ont le choix quant<br />
à la gestion de leurs fourrières animales qui se doivent d’assurer<br />
le ramassage <strong>des</strong> animaux, le soin aux blessés, l’entretien<br />
et la garde <strong>des</strong> animaux, ainsi que la recherche <strong>des</strong> propriétaires.<br />
A Béziers, la communauté d’agglomération a récemment<br />
cédé la gestion de sa fourrière à une société privée au moyen<br />
d’une délégation de service public (DSP). Pour Jean-Paul<br />
Galonnier, maire de Villeneuve les Béziers et responsable à<br />
l’Agglo de la fourrière, le but de l’opération est d’en confier la<br />
tâche à « quelqu’un dont c’est le métier ». La collectivité a établi<br />
un cahier <strong>des</strong> charges très strict « allant de l’obligation de<br />
reprendre le personnel au bien-être <strong>des</strong> animaux ». En outre,<br />
l’agglomération conserve un droit de regard étroit sur les<br />
conditions de fonctionnement de la fourrière.<br />
D’autres communes se tournent vers la société protectrice<br />
<strong>des</strong> animaux (SPA) qui possède une infrastructure et <strong>des</strong> refuges<br />
au travers d’un maillage assez efficace. Certaines choisissent<br />
d’agir en collaboration avec <strong>des</strong> associations locales<br />
de protection <strong>des</strong> animaux ou <strong>des</strong> cabinets de vétérinaires.<br />
D’autres encore gèrent leur fourrière en régie.<br />
Quel que soit le mode de gestion retenu, les fourrières se révèlent<br />
cependant souvent source de tensions.<br />
<strong>Le</strong>s riverains voient souvent d’un mauvais œil ces structures<br />
parfois bruyantes tandis que les défenseurs <strong>des</strong> animaux<br />
aimeraient que l’euthanasie soit limitée au maximum et que<br />
les conditions d’accueil <strong>des</strong> animaux soient améliorées.<br />
Une quadrature du cercle peu aisée à résoudre mais pourtant<br />
indispensable pour être en règle et répondre aux besoins de<br />
la population.<br />
Notes<br />
(1) Article L. 211-21 du Code rural.<br />
(2) Article L. 211-23 du Code rural.<br />
(3) Article L. 211-4 du Code rural.<br />
Franck Chevallier