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Émilie Jolie - Compagnie de la Taupinière

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|émilie |jolie<br />

Emilie <strong>Jolie</strong>


La <strong>Compagnie</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>Taupinière</strong><br />

présente<br />

<strong>Émilie</strong> <strong>Jolie</strong><br />

Dossier pédagogique <strong>de</strong>stiné<br />

aux enseignants du fondamental<br />

Coordination du projet<br />

Paul GÉRARD<br />

Équipe rédactionnelle<br />

Brigitte BOURGUET - Brigitte BUHL - Dominique CARPENTIER<br />

Pascale DEKEUKELAERE - Régine DUBOIS - Paul GÉRARD - Marie-France HAINAUT<br />

Ro<strong>la</strong>nd LEFEVRE - Xavier LIGOT - Ana NAVARRO- Valérie PALMKOECK<br />

Béatrice VANDERBIEST - Yves WALLERAND<br />

<strong>Compagnie</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>Taupinière</strong><br />

Chaussée <strong>de</strong> Waterloo, 1508<br />

1180 BRUXELLES<br />

www.taupiniere.be - info@taupiniere.be


Illustrations<br />

Mélusine, qui accompagne tous les numéros <strong>de</strong> page, est <strong>de</strong> CLARKE et GILSON © Dupuis 2005.<br />

Les taupes qui servent <strong>de</strong> logos à <strong>la</strong> <strong>Taupinière</strong> sont © PLESSIX.<br />

couverture : <strong>Émilie</strong> <strong>Jolie</strong> par BOFY<br />

p. 3 : affiche du spectacle Les aveugles en ont assez d'être mal vus<br />

p. 4 : <strong>la</strong> troupe après <strong>la</strong> <strong>de</strong>rnière <strong>de</strong> Voix<br />

p. 7 : affiche <strong>de</strong> Mon bel oranger (<strong>de</strong>ssin <strong>de</strong> SERDU) - photo <strong>de</strong> <strong>la</strong> troupe avec Julos<br />

BEAUCARNE au Théâtre <strong>de</strong> <strong>la</strong> Vie<br />

p. 8 : affiche <strong>de</strong> Je m'appelle Julos (<strong>de</strong>ssin <strong>de</strong> SERVAIS) - affiche <strong>de</strong> Voix<br />

pp. 9 à 12 : esquisses <strong>de</strong> personnages par BOFY<br />

p. 13 : Philippe CHATEL<br />

pp. 14 et 15 : <strong>Émilie</strong> <strong>Jolie</strong> par Nadine FORSTER<br />

p. 16 : Charles PERRAULT (gravure XIXe d'après G. EDELINCK) - « Le Petit Poucet » (G.<br />

DORÉ)<br />

p. 18 : <strong>la</strong> « Chaussée <strong>de</strong>s Géants » en Ir<strong>la</strong>n<strong>de</strong><br />

p. 19 : « La légen<strong>de</strong> <strong>de</strong> Jean-<strong>la</strong>-Chance »<br />

p. 20 : « Le Chat »<br />

p. 21 : « Le Petit Poucet » (G. DORÉ)<br />

p. 22 : « Le Petit Chaperon Rouge » (G. DORÉ)<br />

p. 23 : <strong>Émilie</strong> <strong>Jolie</strong> par Nadine FORSTER<br />

p. 31 : « Le cri » (E. MUNCH)<br />

p. 32 : « Le songe <strong>de</strong> <strong>la</strong> raison produit <strong>de</strong>s monstres » (F. GOYA)<br />

p. 33 : tarentule<br />

p. 34 : « Pas vu, pas pris » par DEHAES - Spirou Magazine 3470 du 13 octobre 2004<br />

p. 35 : gargouille et faune <strong>de</strong> Notre-Dame <strong>de</strong> Paris (LaREH - Université <strong>de</strong> Genève)<br />

pp. 36 à 38 : « Pas vu, pas pris » par DEHAES - Spirou Magazine 3470 du 13 octobre 2004<br />

double page centrale : <strong>Émilie</strong> <strong>Jolie</strong> par Nadine FORSTER et Schtroumpf peintre © Peyo 2006 -<br />

Licence I.M.P.S. (Bruxelles)<br />

pp. 39 à 41 : « Info-fiches » <strong>de</strong> <strong>la</strong> Ligue Braille<br />

pp. 44 à 46 : « Une lueur dans <strong>la</strong> nuit » par ALCANTE & DJIEF - Spirou Magazine 3470 du 13<br />

octobre 2004<br />

p. 48 : tablette braille - machine braille PERKINS - barrette braille ALVA<br />

p. 49 : cubarithmes - TV loupe<br />

pp. 50 et 51 : « Le Boss » par ZIDROU, THIRIET et BERCOVICI © Dupuis 2004<br />

p. 52 : « Sac à puces » par FALZAR, ZIDROU, CORNETTE et TAYMANS, d'après DE BRAB<br />

© Dupuis 2004<br />

p. 54 : goal <strong>de</strong> torbal<br />

p. 55 : adaptations <strong>de</strong> « L'île aventureuse » et <strong>de</strong>s «Familles Teddy Bears »<br />

p. 56 : adaptations <strong>de</strong> « Petit Cube chez les Tout Ronds » et <strong>de</strong> « Trouvé »<br />

p. 57 : adaptation <strong>de</strong> « Puissance 4 » - « Sculpture nature » <strong>de</strong> www.enfant-aveugle.com<br />

pp. 58-59 : comparaisons d'euros<br />

pp. 61 à 64 : « Puis-je vous gui<strong>de</strong>r ? » ©Union Centrale suisse pour le Bien <strong>de</strong>s Aveugles 2002<br />

pp. 65 à 71 : illustrations <strong>de</strong>s jeux par BOFY<br />

pp. 73 et 74 : illusions d'optique « c<strong>la</strong>ssiques » - créations d'Akiyoshi KITAOKA - « Re<strong>la</strong>tivité » <strong>de</strong><br />

M. C. ESCHER


Mé<strong>la</strong>nger étroitement <strong>la</strong> culture et l'école, pratiquer une pédagogie du projet qui<br />

mobilise tout un établissement sco<strong>la</strong>ire, s'assurer le concours d'un professionnel <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

scène puis, enfin oser exposer le fruit <strong>de</strong> son travail face à un public, tel est le challenge<br />

relevé par les équipes qui ont décidé <strong>de</strong> vous proposer le spectacle « <strong>Émilie</strong><br />

<strong>Jolie</strong> ».<br />

Derrière les acteurs <strong>de</strong> talent qui se produiront <strong>de</strong>vant vous, les élèves (décorateurs et<br />

décoratrices, menuisiers, costumiers et costumières) et les membres <strong>de</strong> l'équipe<br />

pédagogique se sont investis, chacun apportant ses compétences, chacun en profitant<br />

pour intégrer <strong>de</strong> nouveaux apprentissages, chacun s'investissant dans l'intérêt <strong>de</strong> tous.<br />

Le résultat sera à <strong>la</strong> hauteur <strong>de</strong> leurs ambitions, ils vont vers vous, profitez-en pour aller à leur<br />

rencontre, pour échanger, pour partager.<br />

J'adresse toutes mes félicitations à l'école.<br />

Bon spectacle à tous...<br />

Marie ARENA<br />

Ministre-Prési<strong>de</strong>nte du<br />

Gouvernement <strong>de</strong> <strong>la</strong> Communauté française <strong>de</strong> Belgique<br />

chargée <strong>de</strong> l'enseignement obligatoire et <strong>de</strong> promotion sociale<br />

Ministre <strong>de</strong> <strong>la</strong> Formation du Gouvernement wallon<br />

L'équipe pédagogique <strong>de</strong> l'IRSAn'a pas attendu décrets et arrêtés pour « pratiquer et<br />

vivre » l'intégration, ni pour introduire l'art à l'école.<br />

En témoignent les nombreux spectacles produits par les enseignants, élèves et<br />

anciens élèves, les synergies avec <strong>la</strong> Fondation Menuhin, <strong>la</strong> superbe fresque du hall<br />

d'entrée <strong>de</strong> l'école... En témoigne aussi ce réseau impressionnant d'établissements<br />

d'enseignement ordinaire qui col<strong>la</strong>borent avec l'IRSA pour conduire <strong>la</strong> sco<strong>la</strong>rité <strong>de</strong>s<br />

élèves dans les meilleures conditions.<br />

Si l'intégration est un art en ce sens qu'elle suppose une démarche créatrice sans<br />

cesse renouvelée, l'art permet et stimule l'intégration parce qu'il suppose <strong>la</strong> rencontre <strong>de</strong> <strong>la</strong> différence.<br />

« La musique nous enseigne à regar<strong>de</strong>r avec nos oreilles et à écouter avec nos cœurs. » Cette phrase <strong>de</strong><br />

Khalil GIBRAN révèle en ces lieux toute sa justesse.<br />

Merci aux jeunes et adultes <strong>de</strong> l'IRSA<strong>de</strong> nous faire partager tant <strong>de</strong> beauté et d'humanité.<br />

Francis BRUYNDONCKX<br />

Secrétaire général adjoint<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> Fédération <strong>de</strong> l'Enseignement Secondaire Catholique


Ne vous fiez pas aux apparences...<br />

Depuis longtemps déjà, en tant que professeurs passionnés <strong>de</strong> théâtre, nous avons<br />

compris combien l'expression orale était primordiale pour <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion sco<strong>la</strong>ire dont nous<br />

nous occupons : <strong>de</strong> jeunes handicapés <strong>de</strong> <strong>la</strong> vue.<br />

Au fil <strong>de</strong>s années, nous avons découvert leurs talents, réels, mais aussi leur isolement.<br />

En effet, comme beaucoup <strong>de</strong> personnes handicapées, les aveugles et malvoyants<br />

bénéficient d'un enseignement adapté (dit « spécial », nous préférons le considérer comme<br />

« spécialisé ») dont ils ont absolument besoin pour pouvoir accepter et maîtriser leurs<br />

difficultés, pour mieux s'épanouir et prendre leur p<strong>la</strong>ce dans <strong>la</strong> société. Hé<strong>la</strong>s, un <strong>de</strong>s corol<strong>la</strong>ires<br />

<strong>de</strong> cet état <strong>de</strong> fait est que les contacts entre voyants et non-voyants ne sont pas fréquents.<br />

De ces diverses constatations est née au sein <strong>de</strong> l'IRSA (Institut Royal pour Sourds et<br />

Aveugles - Bruxelles) une compagnie théâtrale autonome, qui s'est appelée, non sans dérision,<br />

<strong>la</strong> « <strong>Compagnie</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>Taupinière</strong> ». Cette compagnie, unique en son genre, est composée<br />

exclusivement <strong>de</strong> jeunes aveugles et malvoyants.<br />

Dès le départ nos objectifs furent multiples...<br />

- Tout d'abord, permettre à <strong>de</strong> jeunes handicapés <strong>de</strong> <strong>la</strong> vue <strong>de</strong> développer leurs talents. Leur<br />

faire prendre conscience <strong>de</strong> leurs réelles capacités. Tenter, avec eux, <strong>de</strong> repousser les<br />

limites.<br />

- Faire se rencontrer le milieu <strong>de</strong> l'école et celui <strong>de</strong> l'art dans sa diversité (théâtre, cirque,<br />

chanson, chorégraphie...) Rencontrer <strong>de</strong>s professionnels capables d'enthousiasmer et <strong>de</strong><br />

gui<strong>de</strong>r « autrement » vers un objectif commun.<br />

- Produire, avec eux, <strong>de</strong>s spectacles d'une qualité telle que nos enfants soient reconnus<br />

comme acteurs « à part entière » et non « entièrement à part ». Faire prendre conscience<br />

qu'avant d'être aveugles, ils sont <strong>de</strong>s jeunes avec leurs qualités et leurs défauts. Le fait d'être<br />

aveugle doit passer au second p<strong>la</strong>n : sans<br />

nier <strong>la</strong> réalité <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie, ce<strong>la</strong> doit <strong>de</strong>venir<br />

une « péripétie ».<br />

- Créer un groupe solidaire et actif permettant<br />

à certains d'ai<strong>de</strong>r les autres à franchir,<br />

ensemble, les difficultés. Ne pas avoir<br />

peur <strong>de</strong> ses sentiments. Les exprimer.<br />

- Favoriser <strong>la</strong> rencontre entre nos jeunes et<br />

d'autres jeunes (ou moins jeunes) afin<br />

d'échanger. Briser les barrières <strong>de</strong>s préjugés.<br />

Faire découvrir l'être humain <strong>de</strong>rrière<br />

le handicap. Faire aussi découvrir l'autre à<br />

l'aveugle et apporter cette richesse <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

différence à celui qui trop souvent en a<br />

peur. Démythifier.<br />

|ne vous fiez pas aux apparences... 3


|ne vous fiez pas aux apparences...<br />

4<br />

Notre nouveau projet : <strong>Émilie</strong> <strong>Jolie</strong> !<br />

Le fait <strong>de</strong> choisir le conte musical <strong>de</strong> Philippe Chatel n'est pas le fruit du hasard. Nous<br />

voulions, outre l'aventure théâtrale, musicale et chorégraphique pour nos jeunes acteurs<br />

aveugles, insister sur le message humain véhiculé par <strong>Émilie</strong> <strong>Jolie</strong> et qui correspond si bien<br />

aux ambitions <strong>de</strong> notre compagnie : l'homme a trop souvent peur <strong>de</strong> ce qu'il ne connaît pas...<br />

et nous nous désirons à tout prix briser les barrières du ghetto du handicap.<br />

Si <strong>Émilie</strong>, elle, a peur du noir, le « handicapé » fait peur car méconnu. Nous désirons<br />

par ce projet faire découvrir l'humain <strong>de</strong>rrière le handicap, faire se rencontrer voyants et non<br />

voyants autour d'un thème commun. É<strong>la</strong>rgir <strong>la</strong> notion <strong>de</strong> différence à toutes les différences, à<br />

toutes les peurs... Peur <strong>de</strong> l'étranger, peur <strong>de</strong> l'inconnu.<br />

Le public-cible choisi n'est pas innocent. Le public <strong>de</strong> nos spectacles précé<strong>de</strong>nts fut,<br />

essentiellement, les élèves du secondaire et les adultes. Cette fois-ci nous désirons nous<br />

adresser à un public plus jeune, à savoir les enfants du fondamental (cible : les élèves <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

2ème à <strong>la</strong> 5ème primaire) et ce dans une démarche éducative et citoyenne. Nous pensons<br />

qu'il est nécessaire <strong>de</strong> confronter les plus petits à ces notions essentielles <strong>de</strong> respect, <strong>de</strong><br />

tolérance et <strong>de</strong> richesse <strong>de</strong>s différences...<br />

C'est, aussi, <strong>la</strong> raison d'être <strong>de</strong> ce dossier pédagogique qui vous est <strong>de</strong>stiné, à vous, les<br />

enseignants...<br />

Il se veut un outil afin que vous puissiez, avec vos élèves, en c<strong>la</strong>sse, abor<strong>de</strong>r, <strong>de</strong><br />

manière ludique, le mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> différence, au sens <strong>la</strong>rge du terme, au travers du conte et <strong>de</strong><br />

l'histoire merveilleuse d'<strong>Émilie</strong>... Abor<strong>de</strong>r également, plus précisément, le mon<strong>de</strong> du<br />

handicap par le biais du handicap particulier <strong>de</strong> <strong>la</strong> cécité.<br />

Faire découvrir à vos enfants qu'il ne faut pas se fier aux apparences et que <strong>de</strong>rrière<br />

celles-ci existent <strong>de</strong>s monceaux d'humanité, leur faire prendre conscience qu'il faut être<br />

curieux et qu'il faut, ensemble, tendre <strong>la</strong> main et aller vers les autres.<br />

Oui, <strong>la</strong> personne handicapée est<br />

différente...<br />

Oui, elle nous renvoie à nos propres<br />

limites et à nos tabous...<br />

Et à nos craintes...<br />

Mais elle est d’abord, et avant tout !,<br />

une personne à part entière, avec ses<br />

qualités et ses défauts, ses talents et<br />

ses limites, ses colères et ses illusions...<br />

Tout comme nous.<br />

Faire prendre conscience à tous les enfants... surtout aux plus jeunes, futurs citoyens<br />

à part entière, que <strong>la</strong> différence est une richesse. Que nous sommes tous <strong>de</strong>s enfants (ou vieux<br />

enfants) extra-ordinaires et que nous <strong>de</strong>vons non seulement accepter nos spécificités mais<br />

nous en servir pour grandir humainement.


Alors...<br />

...au lieu <strong>de</strong> parler d’intégration (Qui intègre quoi ? Qui se dés-intègre ?), si nous<br />

parlions <strong>de</strong> rencontre, d’échanges entre êtres humains ? Si nous allions, pour une fois, voir<br />

<strong>de</strong>rrière les idées reçues, croyances et autres préjugés qui nous façonnent <strong>de</strong>puis notre<br />

enfance et qui, surtout, nous rassurent ? Si nous nous <strong>la</strong>issions prendre par <strong>la</strong> main, pour, à <strong>la</strong><br />

suite <strong>de</strong> <strong>la</strong> petite fille dans <strong>la</strong> chambre vi<strong>de</strong>, franchir ce pas qui nous fait tellement peur ?<br />

...nous pourrions peut-être avancer et grandir ensemble.<br />

|ne vous fiez pas aux apparences... 5


|table <strong>de</strong>s matières<br />

6<br />

Table <strong>de</strong>s matières<br />

Préface 1<br />

Ne vous fiez pas aux apparences... 3<br />

Table <strong>de</strong>s matières 6<br />

Une compagnie...« pas comme les autres » ! 7<br />

L'histoire d'<strong>Émilie</strong> 9<br />

Qui suis- je ? - Et les autres ?<br />

Biographie <strong>de</strong> Philippe Chatel 13<br />

Notre rencontre avec Philippe (septembre 2005 - Paris) 14<br />

Ra-conte-moi... 16<br />

De l'oral à l'écrit - Définition du genre - Ingrédients du conte - La structure <strong>de</strong>s<br />

contes - Les thèmes que l'on retrouve fréquemment - Espace et temps -<br />

Les personnages - Animaux et personnages merveilleux - Les objets magiques -<br />

La morale <strong>de</strong> l'histoire - Pourquoi raconter <strong>de</strong>s contes aux enfants ?<br />

<strong>Émilie</strong> <strong>Jolie</strong>,<br />

un conte ? Oui, mais... 23<br />

Grille d'analyse du conte 24<br />

Analyse <strong>de</strong> quelques contes 25<br />

« Le Vi<strong>la</strong>in Petit Canard » - « Le Singe Marabout »<br />

Quelques séquences d'<strong>Émilie</strong> <strong>Jolie</strong><br />

29<br />

La rencontre avec les Lapins Bleus - La Sorcière - Le Hérisson<br />

La peur <strong>de</strong> sa vie 31<br />

La peur est naturelle - Un apprentissage <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie - La peur <strong>de</strong> l'inconnu -<br />

La peur <strong>de</strong> celui qui est différent - L'enfant extra-ordinaire<br />

Au royaume <strong>de</strong>s aveugles... 39<br />

Les amblyopes 42<br />

Les stratégies - La vue intelligente<br />

Les aveugles 43<br />

Une lueur dans <strong>la</strong> nuit - <strong>la</strong> vie <strong>de</strong> Louis Braille (Alcante - Djief) 44<br />

Les ai<strong>de</strong>s techniques 47<br />

Le braille - Les supports du braille - Jouons avec le braille ! - Réponses -<br />

Les dép<strong>la</strong>cements - Le sport - Les jeux <strong>de</strong> société<br />

Questions d'enfants 58<br />

Côtoyer un aveugle 61<br />

Un comportement normal - Gui<strong>de</strong>r et accompagner un malvoyant ou un aveugle -<br />

Marches, trottoirs et escaliers - Chaque chose à sa p<strong>la</strong>ce - Tes mots, mes images -<br />

Le chien-gui<strong>de</strong> - Utilisation <strong>de</strong>s transports en commun - Achats et sorties<br />

Jouons dans tous les sens 65<br />

Avez-vous du nez ? - Un mon<strong>de</strong> à toucher - Qu'entends-je ? - Les doigts malins -<br />

Dominos - Le plus beau ca<strong>de</strong>au - Écris les noms <strong>de</strong>s 5 sens et les parties du corps<br />

qui y sont liées - Le toucher - La vue - Le goût - L'odorat - L'équilibre -<br />

Les écureuils dans les arbres - Les textures musicales - Trouvez-le ! -<br />

Les ludothèques adaptées en Belgique<br />

Vos yeux vous mentent ! 73<br />

Annexe 1 : Pistes <strong>de</strong> lecture 75<br />

Sur <strong>la</strong> cécité - Sur les différences - Quelques ban<strong>de</strong>s <strong>de</strong>ssinées... -<br />

Pour en savoir plus<br />

Annexe 2 : C<strong>la</strong>ssroom of Difference 77<br />

Annexe 3 : Chanson d'<strong>Émilie</strong> <strong>Jolie</strong> et du Grand Oiseau 78


Une compagnie...« pas comme les autres » !<br />

Le premier spectacle <strong>de</strong> <strong>la</strong> « <strong>Compagnie</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>Taupinière</strong> », en 1992, s'est appelé,<br />

non sans dérision, Les aveugles en ont marre d'être mal vus (sur les affiches on lit « assez »<br />

parce qu'on est polis !) Cette première aventure était une création <strong>de</strong> nos jeunes aveugles où<br />

ils par<strong>la</strong>ient, avec humour et provocation, <strong>de</strong> leur quotidien, jong<strong>la</strong>nt avec les maux ne<br />

recu<strong>la</strong>nt ni <strong>de</strong>vant le <strong>de</strong>uxième ni <strong>de</strong>vant le troisième <strong>de</strong>gré ! Les acteurs-auteurs invitaient le<br />

public à ne pas avoir peur <strong>de</strong>s mots. Pas question d'accepter le misérabilisme ou<br />

l'apitoiement.<br />

C'était un « passage obligé » pour démythifier le handicap, parfois en choquant, mais<br />

toujours avec le sourire, pour qu'on puisse, ensuite, « passer à autre chose ».<br />

Dans un premier temps, il a été représenté dans l'enceinte <strong>de</strong> l'école, avant <strong>de</strong> partir à<br />

<strong>la</strong> rencontre d'autres jeunes, soit dans l'enseignement « normal » (Louvain-<strong>la</strong>-Neuve,<br />

Tubize...), soit à l'étranger (Festival « Le Tour d'y Voir » à Toulouse, Queen Alexandra<br />

College <strong>de</strong> Birmingham).<br />

Le <strong>de</strong>uxième spectacle, en 1994, fut une adaptation<br />

du célèbre roman <strong>de</strong> José Mauro <strong>de</strong> Vasconcelos Mon bel<br />

oranger.<br />

Nous commencions notre quête <strong>de</strong> l'émotion <strong>la</strong><br />

plus sincère, <strong>de</strong> nouvelles techniques et <strong>de</strong> l'étonnement d'un<br />

public pas encore conquis. C'est cette démarche qui va soustendre<br />

tout le projet <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>Compagnie</strong> : faire découvrir <strong>de</strong>s<br />

talents insoupçonnés au travers d'expériences sans cesse<br />

renouvelées.<br />

Pour <strong>la</strong> première fois, il était question d'interpréter le<br />

texte <strong>de</strong> quelqu'un d'autre. Pour <strong>la</strong> première fois, les représentations<br />

se faisaient dans une gran<strong>de</strong> salle, avec un public<br />

qui payait pour venir découvrir notre travail. Pour <strong>la</strong> première<br />

fois, <strong>la</strong> technique (éc<strong>la</strong>irages, ban<strong>de</strong>-son, micros...) a<br />

fait son apparition, gérée, comme tout le reste, par une<br />

équipe <strong>de</strong> malvoyants. Pour <strong>la</strong> première fois, nous avons travaillé avec <strong>de</strong>s « gens <strong>de</strong><br />

l'extérieur », <strong>de</strong>s professionnels, qui nous ont apporté leur savoir-faire et leur regard.<br />

Le troisième spectacle fut le fruit d'un rêve et d'une rencontre. Le rêve fut <strong>de</strong> faire<br />

prendre conscience à tous que <strong>la</strong> poésie était abordable par <strong>de</strong> jeunes acteurs, <strong>la</strong> rencontre fut<br />

celle, magique, d'un fou rimailleur péda<strong>la</strong>nt aux confins <strong>de</strong> notre ga<strong>la</strong>xie : un Sacré Julos<br />

qui nous a ouvert grand le<br />

coeur. Nous nous y sommes<br />

engouffrés, puis blottis, au<br />

chaud !<br />

Je m'appelle Julos,<br />

notre<br />

nouveau bébé, a surpris, puis<br />

transporté un public toujours<br />

plus nombreux. Pour <strong>la</strong><br />

première fois, un CD <strong>de</strong>s<br />

chansons du spectacle fut<br />

même édité !<br />

|une compagnie..."pas comme les autres! 7


|une compagnie..."pas comme les autres"!<br />

8<br />

Devant le succès rencontré et pour répondre aux nombreuses<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong>s, ce voyage poétique et musical a été<br />

repris en avril 1996, et l'Oeuvre Nationale <strong>de</strong>s Aveugles<br />

en a fait son cheval <strong>de</strong> bataille pour célébrer son 75e<br />

anniversaire fin novembre 1997. Il a été inscrit au<br />

programme 1997-1998 du Théâtre <strong>de</strong> <strong>la</strong> Vie (Bruxelles),<br />

dans le cadre du « Festival International Jeunes Publics »<br />

du BOTANIQUE.<br />

Nous avons eu aussi l'immense honneur d'être reçus au<br />

Pa<strong>la</strong>is pour y être récompensés par <strong>la</strong> Fondation Reine<br />

Pao<strong>la</strong> pour l'Enseignement ! Quelle reconnaissance...<br />

Peut-être avions-nous enfin atteint un <strong>de</strong> nos objectifs<br />

fondamentaux : nous faire reconnaître comme une troupe<br />

théâtrale à part entière, désireuse <strong>de</strong> produire <strong>de</strong>s spectacles<br />

<strong>de</strong> qualité, au sein <strong>de</strong> <strong>la</strong>quelle le handicap s'efface<br />

<strong>de</strong>rrière le talent et l'enthousiasme.<br />

Le quatrième spectacle s'est appelé Voix...<br />

et était, à nouveau, radicalement différent.<br />

Il s'est composé d'un ensemble <strong>de</strong> contes et légen<strong>de</strong>s venus du mon<strong>de</strong> entier, essentiell<br />

e m e n t i s s u s d ' o u v r a g e s d e l ' é c r i v a i n f r a n ç a i s H e n r i G o u g a u d ,<br />

articulés autour d'une dizaine <strong>de</strong> thèmes universels : l'amour, <strong>la</strong> mort, Dieu, <strong>la</strong> création du<br />

mon<strong>de</strong>...<br />

Nous avons rencontré Henri Gougaud, en octobre 2000, au... Théâtre <strong>de</strong> <strong>la</strong> Vie, qui<br />

nous avait accueillis en 1997 pour <strong>la</strong> reprise <strong>de</strong> Je m'appelle Julos.<br />

Coïnci<strong>de</strong>nce ou signe ? Notre opinion est faite !<br />

Le défi, cette fois, a consisté en une mise en scène originale qui se vou<strong>la</strong>it même<br />

audacieuse quand on sait que nos acteurs sont malvoyants et aveugles. Nous voulions varier<br />

les techniques <strong>de</strong> mise en p<strong>la</strong>teau (mime, ombres chinoises, masques corporels...) pour que<br />

ce spectacle soit, lui aussi, une aventure, une découverte pour nos jeunes.<br />

Nous avons donc travaillé pendant plus d'un an les techniques <strong>de</strong> cirque avec l'École <strong>de</strong><br />

Cirque <strong>de</strong> Bruxelles : faire marcher <strong>de</strong>s aveugles sur <strong>de</strong>s échasses ou un fil n'était pas une<br />

mince affaire !<br />

De son côté, notre musicien attitré, Luc<br />

Henrion, ne s'est pas contenté, cette fois,<br />

d'une adaptation musicale, mais a créé,<br />

spécialement, un CD <strong>de</strong> « musique du<br />

mon<strong>de</strong> » inspiré directement <strong>de</strong>s textes <strong>de</strong><br />

notre spectacle. C'est ainsi que Voies,<br />

le CD, a<br />

rencontré nos Voix.<br />

Non seulement le spectacle fut, une fois <strong>de</strong><br />

plus, beau, mais l'aventure humaine a été...<br />

belle, elle aussi...<br />

Il nous reste à poursuivre notre chemin et à écrire, avec vous ?, les nouvelles lignes<br />

<strong>de</strong> notre nouveau chapitre... Vous le retrouverez « en ligne » sur www.taupiniere.be.<br />

P<strong>la</strong>ce aux rêves d'<strong>Émilie</strong>...


L’histoire d’<strong>Émilie</strong><br />

Dans <strong>la</strong> pénombre <strong>de</strong> sa chambre, une petite fille à l'imagination débordante a peur<br />

du noir parce que ses parents, très occupés, sont sortis sans elle. Elle s'appelle <strong>Émilie</strong>.<br />

Cette nuit, alors que <strong>la</strong> lune est toute b<strong>la</strong>nche, le ciel tout noir et que sa peur est si<br />

forte, <strong>Émilie</strong> entend chanter les héros <strong>de</strong> son livre d'images. Avec l'ai<strong>de</strong> d'un conteur un peu<br />

distrait, elle va rentrer dans les pages du livre et y rejoindre <strong>de</strong>s personnages fabuleux... Elle<br />

va y vivre une histoire, son histoire. L'histoire d' <strong>Émilie</strong> <strong>Jolie</strong>.<br />

Elle va ainsi s'éva<strong>de</strong>r <strong>de</strong> sa<br />

peur....<br />

Au fil <strong>de</strong>s pages <strong>Émilie</strong> rencontre <strong>de</strong>s personnages plus fantastiques les uns que les<br />

autres... Ils ont tous <strong>de</strong>s problèmes qu'<strong>Émilie</strong> va résoudre tout au long <strong>de</strong> son aventure, qu'il<br />

s'agisse d’un rhume ou <strong>de</strong> solitu<strong>de</strong>, d'incompréhension ou <strong>de</strong> désamour, <strong>Émilie</strong> trouve <strong>la</strong><br />

solution avec sa tendresse et sa simplicité d'enfant.<br />

Elle est cette enfant que nous sommes tous, impatients d'entendre notre histoire être<br />

racontée par ceux que nous aimons, impatients <strong>de</strong> voir enfin se réaliser nos rêves. Elle a peur<br />

du noir, <strong>de</strong> ce qu'elle ne connaît pas... mais elle veut « aller voir plus loin »...<br />

Son ai<strong>de</strong> est toute simple, mais ô combien précieuse pour tous ceux, comme nous,<br />

qu'elle croisera sur sa route et avec qui elle fera un bout <strong>de</strong> chemin.<br />

<strong>Émilie</strong>, enfin rassurée, pourra s'endormir tranquillement...<br />

Qui suis-je ?<br />

Mon papa, Philippe Chatel, me fait dire que je suis une petite<br />

fille aux cheveux blonds. Le Grand Oiseau dit que je suis au<br />

début <strong>de</strong> ma vie, mais que si un jour je <strong>de</strong>viens vieille, j'irai voir<br />

le ciel sur ses ailes au ren<strong>de</strong>z-vous du paradis. Je fus l'élève <strong>de</strong><br />

grands philosophes comme le Grand Oiseau, le Hérisson,<br />

l'Extraterrestre, etc.<br />

Ils m'ont appris que...<br />

...dans les pays rêvés les oiseaux ne sont pas pressés,<br />

...les gens se piquent d'avoir du cœur,<br />

...il est impossible que ce soit impossible,<br />

...tu dois profiter <strong>de</strong> ce que tu as sous les yeux,<br />

...sans prince, il n'y a pas <strong>de</strong> princesse !<br />

Je suis douée pour les <strong>la</strong>ngues : je communique sans problème avec...<br />

...les <strong>la</strong>pins bleus, les oiseaux, les autruches, les sorcières, les baleines <strong>de</strong> parapluie,<br />

les hérissons, les extraterrestres, les petits cailloux, les loups, les coqs, les ânes, les ratons<br />

<strong>la</strong>veurs rêveurs et... les princes charmants débutants !<br />

|l'histoire d'|émilie<br />

9


|l'histoire d'|émilie<br />

10<br />

Ils sont bleus, bien sûr, puisque nous sommes dans le mon<strong>de</strong> du rêve, un<br />

mon<strong>de</strong> où tout est bleu et heureux. Mais nul n'est à l'abri du danger et <strong>la</strong><br />

compagnie <strong>de</strong>s dix-huit Lapins Bleus... rougit ! Au premier éternuement<br />

!<br />

Heureusement le remè<strong>de</strong> est simple : un baiser d'<strong>Émilie</strong> sur chacune <strong>de</strong><br />

leurs <strong>de</strong>ux oreilles et les voilà guéris !<br />

Et les autres ?<br />

La <strong>Compagnie</strong> <strong>de</strong>s Lapins Bleus<br />

Le Grand Oiseau<br />

Il est magnifique avec ses plumes multicolores. Et extrêmement distingué dans sa<br />

queue-<strong>de</strong>-pie ! Il est entouré d'une nuée d'autres oiseaux tout aussi beaux et distingués que<br />

lui, qui l'accompagnent dans ses voyages.<br />

Il parle lentement, d'une voix chau<strong>de</strong>, c'est le philosophe <strong>de</strong> l'histoire, qui apprend à<br />

<strong>la</strong> petite fille à vivre ses rêves et rêver sa vie. Il est d'ailleurs le seul qui ne <strong>de</strong>man<strong>de</strong> rien à<br />

<strong>Émilie</strong> <strong>Jolie</strong>.<br />

C'est un personnage essentiel.<br />

La Sorcière<br />

Comme toutes les sorcières, elle est inquiétante, elle fait peur, avec sa longue robe<br />

noire en <strong>la</strong>mbeaux, son masque noir et ses gigantesques mains gantées.Elle fait le Mal... mais<br />

le regrette ! Et le seul vrai but <strong>de</strong> sa vie est <strong>de</strong> rencontrer le Prince Charmant qui fera d'elle une<br />

princesse.<br />

C'est un personnage déchiré entre le Bien et le Mal, entre le jour et <strong>la</strong> nuit. Il est<br />

profondément humain et symbolise <strong>la</strong> dualité qui existe en chacun <strong>de</strong> nous. Bien qu'elle soit<br />

effrayée par <strong>la</strong> Sorcière, <strong>Émilie</strong> ai<strong>de</strong>ra celle-ci dans sa quête.<br />

Les Baleines <strong>de</strong> Parapluie<br />

Dans ces jolies Baleines un peu perdues parce que pas très utiles, <strong>Émilie</strong> voit <strong>la</strong><br />

solution au problème <strong>de</strong>s Lapins bleus frileux. Avec <strong>de</strong>s baleines <strong>de</strong> mer, on ne saurait que<br />

faire, mais avec les Baleines <strong>de</strong> Parapluie on rend le bonheur à jamais à toute <strong>la</strong> compagnie !<br />

Le Hérisson est un personnage bonhomme, rondouil<strong>la</strong>rd. Il est timi<strong>de</strong> et<br />

renfrogné et ce<strong>la</strong> est sans doute dû au fait que personne n'ose<br />

s'approcher <strong>de</strong> lui. Pensez donc... avec tous ces piquants ! Et lui qui ne<br />

rêve que d'être caressé...<br />

Il symbolise <strong>la</strong> difficulté <strong>de</strong> communication entre les êtres.<br />

Le Hérisson


Le Petit Caillou<br />

Le Coq et l'Âne<br />

Le Loup<br />

Voilà que le conte <strong>de</strong> fées « traditionnel » fait irruption dans l'histoire d'<strong>Émilie</strong> !<br />

Le héros n'est pas l'habituel Petit Poucet, semant sur son itinéraire <strong>de</strong>s tas <strong>de</strong> cailloux.<br />

Non, c'est l'un <strong>de</strong> ces petits cailloux, abandonnés, dé<strong>la</strong>issés par le Petit Poucet qui a retrouvé<br />

son chemin et ne s’intéresse plus à eux.<br />

Il faudrait faire bien attention et tâcher <strong>de</strong> ne pas oublier nos amis <strong>de</strong> passage, quand<br />

bien même, à un moment donné, ils ne nous semblent plus « utiles »...<br />

L'Autruche<br />

Avec ses gran<strong>de</strong>s pattes <strong>de</strong> danseuse étoile, elle<br />

peut faire <strong>la</strong> java <strong>de</strong>s nuits entières. Mais<br />

comment cette vamp <strong>de</strong> Broadway a-t-elle<br />

échoué dans ce conte <strong>de</strong> fées ? C'est que, dans<br />

le livre d'<strong>Émilie</strong>, tout le mon<strong>de</strong> trouve sa p<strong>la</strong>ce,<br />

même les stars rêvant <strong>de</strong> gloire.<br />

Avec ses copains et copines, elle est heureuse et<br />

c'est bien pour ce<strong>la</strong> qu'<strong>Émilie</strong> ne <strong>de</strong>vra pas <strong>la</strong><br />

consoler, goûtant simplement à <strong>la</strong> philosophie<br />

<strong>de</strong> cette gran<strong>de</strong> dame...<br />

Savez-vous que les gens, dans leurs conversations, ont une fâcheuse tendance à<br />

sauter « du coq à l'âne » et à ne pas toujours écouter <strong>la</strong> réponse <strong>de</strong> leurs interlocuteurs ? Le<br />

Coq et l'Âne sont là pour nous rappeler qu'une véritable conversation se construit au minimum<br />

à <strong>de</strong>ux.<br />

Ils sont une paire d'amis indispensables : l'un ne peut vivre sans l'autre, malgré,<br />

surtout !, grâce à leurs différences.<br />

Le Grand Méchant Loup, surgi tout droit <strong>de</strong>s contes <strong>de</strong> fées... Mais il ne court plus<br />

après le Petit Chaperon Rouge. Il s'est métamorphosé en pauvre loup appe<strong>la</strong>nt à l'ai<strong>de</strong> car <strong>la</strong><br />

grand- mère lui court <strong>de</strong>rrière !<br />

Elle veut le punir <strong>de</strong> les avoir tant fait souffrir, sa petite-fille et elle. Conte à l'envers,<br />

comme pour l'histoire du caillou. Rien d'étonnant, cependant, que, clémente, <strong>Émilie</strong>, réinstaure<br />

<strong>la</strong> paix entre les <strong>de</strong>ux compères.<br />

|l'histoire d'|émilie<br />

11


|l'histoire d'|émilie<br />

12<br />

Que serait le mon<strong>de</strong> sans couleurs ?<br />

Regar<strong>de</strong>z donc un raton <strong>la</strong>veur...<br />

Le Raton Laveur rêveur<br />

Et pourtant s'il savait : avec son b<strong>la</strong>nc, son noir, il détient en négatif toutes les couleurs<br />

du mon<strong>de</strong>. Un peu <strong>de</strong> confiance généreuse <strong>de</strong> <strong>la</strong> part d'<strong>Émilie</strong> qui en <strong>de</strong>ux mots lui<br />

donne ses couleurs, et voilà le Raton Laveur rêveur transformé en une palette <strong>de</strong> bonheur...<br />

L'Extraterrestre<br />

A440 ! Qu'il est étrange cet extraterrestre débarquant<br />

dans l'histoire d'<strong>Émilie</strong>...<br />

Habitant <strong>de</strong> <strong>la</strong> p<strong>la</strong>nète Fa, située à un millier d'annéeslumières<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> Terre, il nous rappelle que <strong>la</strong> Terre est<br />

bien petite dans <strong>la</strong> gran<strong>de</strong> ga<strong>la</strong>xie. Fils du Solfège et<br />

marié à Dame Symphonie, il nous prouve, plus que<br />

jamais, que <strong>la</strong> musique est <strong>la</strong> clé du bonheur.<br />

Le Prince Charmant débutant<br />

Débutant comme chacun <strong>de</strong> nous, sans carrosse et sans gloire... L'histoire du prince<br />

charmant, sans monture ni armure, est encore à écrire. Ce petit homme ma<strong>la</strong>droit et hésitant<br />

écrira sa propre histoire, tout comme l'a fait <strong>Émilie</strong> en tournant les pages du livre d'images.<br />

Ce petit prince est en chacun <strong>de</strong> nous, changeant les sorcières noires en douces<br />

princesses d'un simple geste <strong>de</strong> <strong>la</strong> main...


Biographie <strong>de</strong> Philippe Chatel<br />

Né à Paris, marié, père <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux enfants.<br />

Au sortir <strong>de</strong> l'armée, <strong>de</strong>vient... garçon <strong>de</strong> courses d'Henri<br />

Salvador, qui lui montre quelques-uns <strong>de</strong> ses secrets « guitaristiques<br />

».<br />

En 1974, publie un livre, Brassens (son maître), aux éditions St-<br />

Germain <strong>de</strong>s Prés. Philippe <strong>de</strong>vient concepteur-réalisateur en<br />

publicité, à Europe 1 puis à RTL.<br />

En 1976, un grave acci<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> moto le cloue au lit pendant<br />

presque un an. Il profite <strong>de</strong> ce repos forcé pour écrire <strong>de</strong>s chansons.<br />

En 1977, il publie son premier album <strong>de</strong> chansons, qui<br />

contient « J't'aime bien, Lili », qui <strong>de</strong>viendra un succès. Suivront<br />

une dizaine d'albums, avec <strong>de</strong>s succès comme « Mister Hy<strong>de</strong> », « Ma lycéenne », « Tout<br />

quitter mais tout emporter », « Yin-Yang »...<br />

En 1979, il publie le conte musical <strong>Émilie</strong> <strong>Jolie</strong>,<br />

dont les interprètes sont : Georges<br />

Brassens, Robert Charlebois, Louis Chédid, Julien Clerc, Françoise Hardy, Isabelle<br />

Mayereau, Eddy Mitchell, Henri Salvador, Yves Simon, A<strong>la</strong>in Souchon, Sylvie Vartan et<br />

Laurent Voulzy. Le disque atteindra le million d'exemp<strong>la</strong>ires vendus et obtiendra le Grand<br />

Prix <strong>de</strong> l'Académie du Disque français, le Grand Prix <strong>de</strong> <strong>la</strong> Ville <strong>de</strong> Paris, le Trophée n°1<br />

Europe 1, etc.<br />

En 1980, show TV <strong>Émilie</strong> <strong>Jolie</strong> avec Jean-Christophe Averty sur Antenne 2 : plus<br />

forte écoute <strong>de</strong> <strong>la</strong> chaîne. En 1984 , <strong>Émilie</strong> <strong>Jolie</strong> <strong>de</strong>vient un spectacle sur <strong>la</strong> scène du Cirque<br />

d'Hiver à Paris, puis une tournée à travers <strong>la</strong> France, <strong>la</strong> Belgique et <strong>la</strong> Suisse. En 1986,<br />

nouveau spectacle au Casino <strong>de</strong> Paris, puis nouvelle tournée.<br />

Pendant trois ans, il participe au <strong>la</strong>ncement <strong>de</strong> <strong>la</strong> Cinquième, comme responsable <strong>de</strong>s<br />

programmes « Jeunesse ».<br />

En 1997, publication d'une nouvelle version discographique d' <strong>Émilie</strong> <strong>Jolie</strong>,<br />

avec<br />

A<strong>la</strong>in Baschung, A<strong>la</strong>in Chamfort, Étienne Daho, Danielle Darrieux, Jacques Dutronc, Lara<br />

Fabian, Michel Fugain, Johnny Hallyday, Khaled, Maurane, Art Mengo, Florent Pagny,<br />

Axelle Red et Zazie. Plus <strong>de</strong> 300.000 exemp<strong>la</strong>ires vendus...<br />

Depuis 20 ans, <strong>de</strong>s centaines <strong>de</strong> spectacles amateurs ou semi-professionnels ont été<br />

montés autour d'<strong>Émilie</strong><br />

<strong>Jolie</strong>.<br />

Philippe prépare actuellement une tournée acoustique à travers <strong>la</strong> France, avec un<br />

guitariste, lui s'accompagnant au piano et à <strong>la</strong> guitare. Il y reprendra ses grands succès, ainsi<br />

que quelques perles <strong>de</strong> <strong>la</strong> chanson française, signées Brassens, Trenet, Clerc...<br />

|Philippe |chatel 13


|Philippe |chatel<br />

14<br />

Notre rencontre avec Philippe (septembre 2005 - Paris)<br />

Voici 25 ans que l'aventure d'<strong>Émilie</strong> a commencé... Comment est née <strong>Émilie</strong> ?<br />

En fait, j'ai écrit <strong>la</strong> première chanson,<br />

« La petite fille dans <strong>la</strong> chambre vi<strong>de</strong> »,<br />

bien avant <strong>la</strong> naissance <strong>de</strong> ma fille qui<br />

s'appelle, bien sûr..., <strong>Émilie</strong> ! Je ne savais<br />

pas à ce moment que j'en aurais une ! Puis<br />

cette chanson est restée dans un tiroir...<br />

Après <strong>la</strong> naissance <strong>de</strong> ma fille et lorsqu'elle<br />

a eu 3 ans, elle tournait souvent<br />

autour du piano et me <strong>de</strong>mandait régulièrement,<br />

par jeu, une chanson sur <strong>de</strong>s<br />

<strong>la</strong>pins, <strong>de</strong>s hérissons, etc. et c'est ainsi, <strong>de</strong><br />

fil en aiguille, en jouant, que l'histoire<br />

d'<strong>Émilie</strong> est née à son tour !<br />

Le projet <strong>de</strong> disque, lui, s'est mis en p<strong>la</strong>ce<br />

très vite, dans l'improvisation. En 8 jours,<br />

tout le mon<strong>de</strong> était partant. Des « pointures<br />

» comme Brassens, Julien Clerc,<br />

Henri Salvador, A<strong>la</strong>in Souchon ont sauté<br />

dans l'aventure sans y réfléchir en pensant<br />

jouer dans une bonne farce, sans y croire<br />

vraiment... L'enregistrement a été bouclé<br />

en 1 mois, alors que ces chanteurs<br />

venaient <strong>de</strong> maisons <strong>de</strong> disques concurrentes<br />

! On m'a <strong>la</strong>issé faire, car on me<br />

croyait fou : <strong>de</strong> toute façon, je n'al<strong>la</strong>is pas<br />

y arriver !<br />

La nouvelle version, celle avec Johnny Hallyday, elle, m'a <strong>de</strong>mandé <strong>de</strong>ux ans <strong>de</strong><br />

galère et <strong>de</strong> négociations !<br />

Arrivez-vous encore à prendre du recul par rapport à <strong>Émilie</strong> ? Est-ce que ce phénomène<br />

n'est pas envahissant ? Est-ce que c'est facile <strong>de</strong> n'être reconnu que pour ce<strong>la</strong> ?<br />

Dans <strong>la</strong> vie privée, oui, car tout ce qui en ressort au niveau re<strong>la</strong>tionnel n'est que<br />

positif... Mais au niveau du métier, c'est plus difficile. En effet, on a tendance à oublier que je<br />

suis aussi l'auteur d'autres succès comme « J't'aime bien Lili », « Ma lycéenne » ou « Mister<br />

Hy<strong>de</strong> ». Mais je ne crache pas dans <strong>la</strong> soupe : <strong>Émilie</strong> a été et est toujours une magnifique<br />

aventure. La preuve avec vous et le long métrage sur lequel je travaille...<br />

(Il faut savoir que le grand projet actuel <strong>de</strong> Philippe Chatel est <strong>la</strong> création d'un long métrage<br />

en 3D qui pourrait sortir en novembre 2008 ou 2009 !)<br />

Jouez-vous encore <strong>Émilie</strong>?<br />

Une nouvelle version a vu le jour en 2002 à Modagor... Plusieurs Zénith au quatre<br />

coins <strong>de</strong> <strong>la</strong> France ont fait salle comble. <strong>Émilie</strong> a toujours son public ! Le succès fut tel<br />

qu'une version acoustique, plus « light », a été <strong>de</strong>mandée pour les théâtres plus traditionnels<br />

et a tourné pendant 6 mois avec le même succès.


N'est-ce pas <strong>la</strong>ssant ?<br />

Non, je continue <strong>de</strong> m'amuser avec toutes ces adaptations différentes... <strong>Émilie</strong> n'est<br />

pas une histoire figée, elle évolue avec le temps. Ici et là, je rajoute <strong>de</strong>s chansons (6 nouvelles<br />

pour le spectacle <strong>de</strong> Mogador), je peaufine une musique, je change les arrangements...<br />

Vous nous avez appris que <strong>de</strong>puis <strong>la</strong> naissance <strong>de</strong> cette aventure plusieurs centaines <strong>de</strong><br />

reprises ou adaptations <strong>de</strong> votre spectacle ont été faites aux quatre coins <strong>de</strong> <strong>la</strong> francophonie...Avez-vous<br />

en mémoire <strong>de</strong>s versions qui vous ont particulièrement frappé ?<br />

Une version « amateur » me revient en mémoire... Dans un Zénith, à l'instigation<br />

d'un professeur <strong>de</strong> musique un peu fou, il y avait au moins 300 musiciens, plus beaucoup<br />

d'acteurs sur scène (presque autant que <strong>de</strong> spectateurs dans <strong>la</strong> salle !) Tous amateurs ! Moi<br />

quand je <strong>de</strong>man<strong>de</strong> 25 musiciens, c'est déjà le bout du mon<strong>de</strong>... Entendre <strong>la</strong> chanson <strong>de</strong><br />

l'oiseau accompagnée par une « cinquante » <strong>de</strong> cor<strong>de</strong>s... Quel bonheur ! Il y avait beaucoup<br />

d'émotion dans ce spectacle... Petite anecdote : à <strong>la</strong> fin du spectacle, j'ai été remercier les<br />

participants dans les coulisses et un jeune musicien m’a interpellé en me <strong>de</strong>mandant :« Tu<br />

n'es pas mort ? » Ce<strong>la</strong> m'a beaucoup fait rire !<br />

Avez-vous déjà été en contact avec le mon<strong>de</strong> <strong>de</strong>s aveugles ?<br />

Non, jamais, à part avec Gilbert Montagné lors <strong>de</strong> spectacles et par le film « Ray »<br />

(<strong>la</strong> biographie <strong>de</strong> Ray Charles) que j’ai vue à <strong>de</strong>ux reprises. Des sourds, j’en ai un souvenir :<br />

lorsque j’étais petit, je voyais <strong>de</strong> ma fenêtre <strong>la</strong> cour <strong>de</strong> récréation d'une école pour sourds.<br />

J’étais surpris <strong>de</strong> les voir et <strong>de</strong> ne pas les entendre ! Comme dans un film muet ! (Ce ne<br />

<strong>de</strong>vait pas être l'IRSA !) Mais je suis touché par votre projet et le trouve déjà fort avancé !<br />

Outre votre aventure du long métrage, quels sont vos projets artistiques pour l'année<br />

qui vient ?<br />

Je dois normalement reprendre <strong>de</strong>s tournées en 2006 avec mes chansons et celles <strong>de</strong><br />

grands auteurs <strong>de</strong> <strong>la</strong> chanson française comme Brassens, mais tout ceci est encore à voir<br />

avec mes producteurs. Vous pourrez vous tenir au courant sur mon site www.emiliejolie.com.<br />

Bien sûr, je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour venir rencontrer vos jeunes<br />

artistes et assister à <strong>la</strong> première <strong>de</strong> votre magnifique projet en octobre 2006.<br />

|Philippe |chatel 15


|ra-conte-moi...<br />

16<br />

D<br />

Ra-conte-moi...<br />

D<br />

e l'oral à l'écrit<br />

Le conte trouve ses origines dans <strong>de</strong>s mythes et <strong>de</strong>s légen<strong>de</strong>s aux motifs<br />

universels. Resté longtemps dans <strong>la</strong> tradition orale, il se transmet <strong>de</strong><br />

bouche à oreille par <strong>de</strong>s générations <strong>de</strong> conteurs lors <strong>de</strong> veillées popu<strong>la</strong>ires<br />

et familiales. Le merveilleux imprègne ensuite <strong>la</strong> littérature<br />

médiévale, présentant déjà quelques éléments féeriques.<br />

Si les premiers contes écrits apparaissent en Italie à <strong>la</strong> Renaissance,<br />

c'est avec Charles Perrault que naît un véritable genre littéraire : il met<br />

le genre à <strong>la</strong> mo<strong>de</strong> grâce à ses Contes <strong>de</strong> ma mère L'Oye en 1695. Les<br />

fées sont à <strong>la</strong> mo<strong>de</strong> dans les salons : les « contes <strong>de</strong> bonnes femmes »<br />

<strong>de</strong>viennent « contes <strong>de</strong> précieuses ».<br />

Parallèlement à <strong>la</strong> collecte scientifique <strong>de</strong>s contes popu<strong>la</strong>ires allemands entreprise<br />

par les frères Grimm, <strong>la</strong> création littéraire se renouvelle au XIXe siècle avec An<strong>de</strong>rsen et le<br />

romantisme. Ses Contes danois p<strong>la</strong>cent le merveilleux au cœur <strong>de</strong> <strong>la</strong> société contemporaine<br />

et non plus dans un ailleurs irréel. Remarquables par leur ironie et l'absence <strong>de</strong>s morales<br />

traditionnelles, ils osent présenter <strong>de</strong>s histoires tragiques et <strong>de</strong>s fins malheureuses, comme<br />

« La Petit Marchan<strong>de</strong> d'allumettes ».<br />

éfinition du genre<br />

Le conte est un récit <strong>de</strong> fiction généralement assez bref qui re<strong>la</strong>te au passé les actions,<br />

les épreuves, les péripéties vécues par un personnage (ou parfois un groupe <strong>de</strong> personnages).<br />

Ce qui distingue d'emblée le conte <strong>de</strong>s autres formes <strong>de</strong> récit, c'est sa « fictivité avouée » :<br />

l'histoire racontée se déroule dans un autre temps et un autre lieu que ceux où prennent p<strong>la</strong>ce<br />

le conteur et le <strong>de</strong>stinataire. Les célèbres formules comme « Il était une fois... » ou « En ce<br />

temps-là... » qui ouvrent un grand nombre <strong>de</strong> contes suggèrent d'entrée <strong>de</strong> jeu <strong>la</strong> distance qui<br />

sépare l'univers du conte et notre mon<strong>de</strong>, <strong>la</strong> fiction et le réel. Cet univers est <strong>la</strong> plupart du<br />

temps indéterminé, c'est-à-dire que les temps et les lieux sont rarement évoqués avec précision<br />

; l'actualisation reste vague, <strong>de</strong> sorte que le conte donne l'impression <strong>de</strong> se situer en<br />

<strong>de</strong>hors du mon<strong>de</strong> actuel.<br />

Parmi les autres caractéristiques par lesquelles le conte s'affirme comme fiction, il y a<br />

les invraisemb<strong>la</strong>nces <strong>de</strong> toutes sortes. Dans le conte, tout est possible : un personnage peut<br />

dormir cent ans, les objets peuvent être doués <strong>de</strong> pouvoirs,<br />

les êtres faibles peuvent triompher du Mal, etc. Les lois qui<br />

régissent l'univers <strong>de</strong>s contes ne sont pas toujours les<br />

mêmes que celles qui régissent le mon<strong>de</strong> réel. En outre, les<br />

personnages sont monolithiques, unidimensionnels, ils<br />

n'ont aucune profon<strong>de</strong>ur ou <strong>de</strong>nsité ; ils ne sont pas vraisemb<strong>la</strong>bles<br />

puisqu'ils n'ont pas <strong>la</strong> complexité du réel.<br />

C'est un genre optimiste : <strong>la</strong> plupart du temps, le conte finit<br />

bien. Il présente une vision rassurante du mon<strong>de</strong>, d'où<br />

l'impression que le conte s'adresse aux enfants. Mais le<br />

conte est souvent cru et violent : il y a <strong>de</strong>s meurtres (par<br />

exemple l'ogre qui mange les enfants), <strong>de</strong>s combats, <strong>de</strong>s<br />

souffrances physiques et morales décrites sans détour, etc.<br />

Il arrive même que le conte se termine mal (par exemple, le


Petit Chaperon rouge). C'est seulement <strong>de</strong>puis le XVIIe siècle en Europe que les contes sont<br />

<strong>de</strong>stinés aux enfants. Dans les sociétés traditionnelles, les contes s'adressent aux adultes.<br />

Malgré sa « fictivité avouée », le conte s'inscrit dans une communauté : il est marqué<br />

par les valeurs et les co<strong>de</strong>s qui <strong>la</strong> caractérisent. Il est issu <strong>de</strong> <strong>la</strong> tradition popu<strong>la</strong>ire : plusieurs<br />

<strong>de</strong> ses éléments appartiennent à <strong>la</strong> mémoire collective. C'est ce qui explique que le conte<br />

comporte souvent un aspect moral, voire didactique : le conte s'adresse aux membres <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

communauté et cherche à édifier (pas seulement les enfants).<br />

Les personnages pittoresques ou grotesques, les lieux imaginaires ou idéalisés, les<br />

épreuves du héros, tout dans le conte vise à permettre au lecteur ou à l'auditeur <strong>de</strong> s'éva<strong>de</strong>r du<br />

quotidien banal. Le conte est associé aux loisirs d'une société (en général traditionnelle) :<br />

c'est un divertissement. Le rôle social du conte, c'est <strong>de</strong> cimenter <strong>la</strong> communauté. Dans <strong>la</strong><br />

plupart <strong>de</strong>s sociétés, le conte est une activité sociale : on organise <strong>de</strong>s veillées <strong>de</strong> contes, <strong>de</strong>s<br />

compétitions <strong>de</strong> conteurs <strong>de</strong>vant un public, etc.<br />

Le conte merveilleux se définit aussi par le pacte féerique passé entre le conteur et<br />

son auditoire ou ses lecteurs. Ces <strong>de</strong>rniers acceptent <strong>de</strong> croire à l'univers merveilleux et à ses<br />

lois, d'entrer avec le conteur dans un mon<strong>de</strong> second sans rapport avec le nôtre. Ce mon<strong>de</strong> où<br />

les héros sont comme anonymes, figures plus qu'êtres, où les distances et le temps varient, où<br />

toutes sortes <strong>de</strong> créatures peuvent se manifester, où tout, <strong>de</strong> <strong>la</strong> forêt à <strong>la</strong> clef, peut se révéler<br />

féerique.<br />

I<br />

L<br />

ngrédients du conte<br />

Dans sa structure, le conte <strong>de</strong> fées comprend<br />

certains ingrédients invariants.<br />

C'est un univers merveilleux où les<br />

animaux parlent, hors <strong>de</strong> l'espace et du<br />

temps. Il met en scène le passage <strong>de</strong><br />

l'enfant-adolescent à l'âge adulte. À partir<br />

d'une situation familiale complexe, le<br />

héros doit surmonter une série d'épreuves<br />

pour construire sa personnalité et trouver<br />

une situation stable, que consacre <strong>la</strong><br />

célèbre formule : « Ils se marièrent et<br />

eurent beaucoup d'enfants. »<br />

a structure <strong>de</strong>s contes<br />

Depuis les travaux <strong>de</strong> V<strong>la</strong>dimir PROPP ,<br />

<strong>de</strong> plusieurs psycho-linguistes et d'autres<br />

chercheurs tels que GREIMAS,<br />

BREMOND ou LARIVAILLE, nous<br />

savons qu'un conte présente un schéma <strong>de</strong><br />

base presque toujours i<strong>de</strong>ntique avec une<br />

situation initiale plutôt négative, une<br />

situation finale en général positive, l'une<br />

reliée à l'autre par une action centrale<br />

ouverte par un élément perturbateur<br />

(déclenchement <strong>de</strong> l'histoire) suivi par une<br />

série <strong>de</strong> péripéties (épreuves) pour<br />

atteindre le résultat espéré (clôture).<br />

TITRE DU RÉCIT<br />

<br />

Qui ?<br />

Quand ?<br />

situation initiale<br />

<br />

Où ?<br />

Quoi ?<br />

<br />

Qu'arrive-t-il ?<br />

<br />

élément déclencheur Qui est menacé ?<br />

<br />

<br />

péripéties<br />

<br />

Quels sont les résultats<br />

<strong>de</strong> ces actions ?<br />

Comment le personnage<br />

principal s'en sort-il ?<br />

situation finale<br />

<br />

<br />

Quelles actions fait-on pour<br />

se mettre à l'abri <strong>de</strong>s menaces ?<br />

<br />

<br />

<br />

Où se présente <strong>la</strong> menace ?<br />

ses sentiments<br />

<strong>la</strong> morale<br />

|ra-conte-moi... 17


|ra-conte-moi...<br />

Selon V<strong>la</strong>dimir PROPP, les personnages <strong>de</strong>s contes n'ont pas une psychologie qui<br />

évolue au court du récit mais ils se comportent toujours selon le rôle qui leur a été attribué au<br />

début <strong>de</strong> l'histoire. Cette notion <strong>de</strong> fonction - acte d'un personnage -, A. GREIMAS <strong>la</strong><br />

reprend pour parler d' actant.<br />

Il repère dans tous les contes six actants :<br />

- Le sujet : le personnage central qui accomplit <strong>la</strong> quête (le héros, l'héroïne).<br />

- L'objet <strong>de</strong> <strong>la</strong> quête : ce qu'obtient le héros à <strong>la</strong> fin du conte (une princesse, un royaume, un<br />

trésor, etc.) C'est ce pourquoi il va partir <strong>de</strong> chez lui ; sans ce<strong>la</strong> il n'y aurait pas d'histoire.<br />

- L'adjuvant : il(s) ai<strong>de</strong>(nt) le sujet dans sa quête (un être, un objet, une formule magique, etc.)<br />

- L'opposant : il(s) tente(nt) d'empêcher le sujet <strong>de</strong> réussir sa quête (parents, frères, soeurs,<br />

géants, monstres, éléments <strong>de</strong> <strong>la</strong> nature, etc.)<br />

- Le <strong>de</strong>stinateur : il pousse le héros à accomplir sa quête ( le père, le désir <strong>de</strong> grandir, etc.)<br />

- Le <strong>de</strong>stinataire : il bénéficie <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>la</strong> quête (le héros, <strong>la</strong> famille réunie, etc.)<br />

<strong>de</strong>stinateur<br />

adjuvant <br />

Chez GREIMAS, le schéma est le même avec l'ajout d'une précision ( schéma<br />

fonctionnel)<br />

qui précise le parcours du héros dans sa quête. La quête du héros repose, en<br />

effet, sur trois épreuves :<br />

- L'épreuve qualifiante : qui permet <strong>de</strong> désigner le<br />

héros (Arthur retire l'épée magique).<br />

- L'épreuve principale : qui permet au héros <strong>de</strong><br />

vaincre l'obstacle ou l'ennemi (le trésor est<br />

trouvé).<br />

- L'épreuve glorifiante : qui permet à tous <strong>de</strong><br />

reconnaître le héros qui recevra tous les honneurs<br />

qui lui sont dus (Cendrillon chausse<br />

<strong>de</strong>vant tous <strong>la</strong> chaussure <strong>de</strong> verre).<br />

Les thèmes que l'on retrouve fréquemment<br />

- Traverser un écran matériel pour se retrouver <strong>de</strong><br />

l'autre côté, dans un mon<strong>de</strong> imaginaire (Alice<br />

tombe dans un trou pour se retrouver au " Pays<br />

<strong>de</strong>s merveilles ").<br />

- Suivre un gui<strong>de</strong> pour voyager dans l'imaginaire<br />

(les enfants suivent Peter Pan en vo<strong>la</strong>nt,<br />

Pinocchio suit les mauvais garçons qui<br />

l'entraînent dans un pays <strong>de</strong> délices).<br />

- Vivre son rêve (<strong>la</strong> petite fille aux allumettes<br />

s'échappe <strong>de</strong> <strong>la</strong> triste réalité et entre dans un<br />

mon<strong>de</strong> merveilleux).<br />

- Être enchanté, subir un maléfice (mordre dans<br />

une pomme comme B<strong>la</strong>nche-Neige, se piquer<br />

au fuseau d'un rouet comme <strong>la</strong> Belle au Bois<br />

dormant).<br />

<br />

sujet<br />

<strong>de</strong>stinataire<br />

<br />

objet<br />

opposant<br />

18 Lieuxétranges...


- Subir <strong>de</strong>s épreuves, combattre le mal, vaincre sa peur (<strong>la</strong> petite Sirène <strong>de</strong>vient humaine et<br />

souffre pour l'amour <strong>de</strong> son prince, le petit Poucet affronte un ogre).<br />

- Entrer dans un livre, un univers et en <strong>de</strong>venir le héros (Bastien entre dans le livre sans fin<br />

pour sauver <strong>la</strong> petite impératrice, <strong>Émilie</strong> ouvre un livre d'images et permet à <strong>la</strong> Sorcière<br />

d'épouser le Prince charmant).<br />

E<br />

space et temps<br />

Les formules traditionnelles « Il était une fois... », « Au temps jadis... », p<strong>la</strong>cent le<br />

conte dans un passé imprécis, aux contours mal définis, hors du temps vécu, du temps historique.<br />

Contrée lointaine et fictive, le pays <strong>de</strong>s contes <strong>de</strong> fées est, lui, généralement un mon<strong>de</strong><br />

plutôt familier, avec ses vil<strong>la</strong>ges dominés par le château seigneurial (« Le Chat botté ») et ses<br />

forêts profon<strong>de</strong>s (« Le Petit Poucet »), ses masures où vivent <strong>de</strong> pauvres gens (« Hänsel et<br />

Gretel »), ses fontaines et ses rivières auxquelles <strong>la</strong> tradition popu<strong>la</strong>ire attribue un caractère<br />

enchanté (« Les Fées »). Autant <strong>de</strong> repères qui permettent <strong>de</strong> situer le conte dans un espace<br />

connu.<br />

Le héros quitte parfois un lieu clos pour aller faire sa vie et construire son i<strong>de</strong>ntité.<br />

L'espace du conte se dédouble alors en lieux ouverts que le héros doit parcourir pour, en « fin<br />

<strong>de</strong> conte », mieux se retrouver : c'est « le vaste mon<strong>de</strong> » que courent les héros <strong>de</strong>s contes <strong>de</strong><br />

Grimm (« Les Deux Frères », « Le Vail<strong>la</strong>nt Petit Tailleur »).<br />

...personnagesinquiétants...<br />

L<br />

es personnages<br />

Le héros est le personnage dominant du conte <strong>de</strong><br />

fées. Ses aventures constituent le cœur même du<br />

récit. Enfant ou adolescent, il est p<strong>la</strong>cé au centre<br />

d'une situation familiale complexe : bien souvent, le<br />

conte règle une affaire <strong>de</strong> famille. La plupart <strong>de</strong>s<br />

contes merveilleux mettent en jeu <strong>de</strong>s familles qui se<br />

construisent, se modifient, se défont, pour aboutir à<br />

une nouvelle organisation à <strong>la</strong> fin du récit. Belle<br />

princesse accablée par un sort funeste, prince<br />

charmant métamorphosé en oiseau, adolescente<br />

martyrisée par sa marâtre, ca<strong>de</strong>t mal aimé par sa<br />

famille ou petit enfant abandonné par ses parents, les<br />

héros <strong>de</strong>s contes peuvent être comparés à ces figures<br />

<strong>de</strong> cartes, dénuées <strong>de</strong> toute épaisseur, tels le roi et <strong>la</strong><br />

reine <strong>de</strong> cœur qu'Alice rencontre au Pays <strong>de</strong>s<br />

Merveilles. Chacun peut ainsi les imaginer à sa guise<br />

et leur variété même permet <strong>de</strong> s'i<strong>de</strong>ntifier librement.<br />

Désigné souvent à partir d'un détail <strong>de</strong> sa personne (B<strong>la</strong>nche-Neige), <strong>de</strong> son costume<br />

(le Petit Chaperon rouge) ou <strong>de</strong> son histoire (« La Belle au Bois dormant »), le héros du conte<br />

n'est défini que par les épreuves qu'il doit surmonter. Il s'agit <strong>de</strong> stéréotypes exposant <strong>de</strong>s<br />

situations familiales universelles que chacun peut comprendre. À l'instar du petit Poucet,<br />

l'enfant-héros du conte affronte victorieusement le mon<strong>de</strong> <strong>de</strong>s adultes.<br />

|ra-conte-moi... 19


|ra-conte-moi...<br />

20<br />

Le bestiaire <strong>de</strong>s contes est très <strong>la</strong>rge : animal à comportement<br />

humain, comme le Chat botté, animal messager accompagnant<br />

le héros dans ses épreuves, comme <strong>la</strong> grenouille <strong>de</strong>s<br />

« Trois Plumes » ou bien encore animal monstrueux et<br />

<strong>de</strong>structeur, comme les dragons ou <strong>la</strong> licorne, que le héros<br />

doit vaincre (« Le Vail<strong>la</strong>nt Petit Tailleur »), tous contribuent<br />

par leur présence à renforcer <strong>la</strong> part du merveilleux et à<br />

donner au conte ses principales caractéristiques.<br />

Animaux et personnages merveilleux<br />

Au sommet <strong>de</strong> <strong>la</strong> hiérarchie <strong>de</strong>s personnages merveilleux, <strong>la</strong><br />

fée donne son nom au genre littéraire qui se développe en<br />

Europe à partir du XVIIe siècle. Peu <strong>de</strong> personnages masculins<br />

parmi ces gardiennes du temps et <strong>de</strong> <strong>la</strong> mémoire : il<br />

semble que jeter <strong>de</strong>s sorts, transmettre un rituel ou initier au<br />

passage d'un âge à un autre soient plutôt le fait <strong>de</strong> personnages<br />

féminins. Mais les princes ont parfois besoin d'un parrain et il ...etanimauxmerveilleux...<br />

existe quelques magiciens et enchanteurs dont <strong>la</strong> fonction est souvent <strong>de</strong> combattre ou <strong>de</strong><br />

déjouer les pouvoirs <strong>de</strong> leurs consœurs. Cependant, fées et magiciens peuvent être maléfiques,<br />

à l'instar <strong>de</strong>s sorcières.<br />

Figure terrifiante, <strong>de</strong>stinée à faire peur, l'ogre qui se repaît <strong>de</strong> <strong>la</strong> chair fraîche <strong>de</strong>s<br />

petits enfants est un personnage clé <strong>de</strong>s contes <strong>de</strong> fées. Souvent représenté sous <strong>la</strong> forme d'un<br />

géant, il voit mal, mais possè<strong>de</strong> un f<strong>la</strong>ir soli<strong>de</strong>. Cet odorat exceptionnel lui permet <strong>de</strong> compenser<br />

<strong>la</strong> faiblesse <strong>de</strong> sa vue. Facilement vaincu grâce à l'intelligence du héros, il est souvent<br />

volé et berné par plus petit que lui. Figure ambivalente, toujours masculine, le nain s'oppose<br />

à l'ogre, par <strong>la</strong> taille bien sûr, mais aussi par son rôle auprès du héros : à <strong>la</strong> différence <strong>de</strong> l'ogre<br />

qui est toujours un personnage à combattre, le nain peut être sympathique et ai<strong>de</strong>r le héros à<br />

surmonter les épreuves<br />

es objets magiques<br />

Dans l'univers <strong>de</strong>s contes <strong>de</strong> fées, le mon<strong>de</strong> <strong>de</strong>s objets est investi d'une intensité<br />

particulière, comme si l'anonymat imposé aux personnages profitait aux objets : ces <strong>de</strong>rniers<br />

apparaissent vivants, hauts en couleur, à coup sûr doués d'une âme. Mais si tous les objets,<br />

doués ou non <strong>de</strong> pouvoirs magiques, participent à l'accélération ou au ralentissement <strong>de</strong><br />

l'histoire (on pense à <strong>la</strong> quenouille fatale <strong>de</strong> « La Belle au Bois Dormant »), certains y<br />

contribuent à titre <strong>de</strong> complices (<strong>la</strong> baguette magique <strong>de</strong>s fées), tandis que d'autres se<br />

positionnent comme obstacle (une pomme empoisonnée). « Bons » ou « mauvais » objets<br />

ne cessent <strong>de</strong> s'affronter.<br />

a morale <strong>de</strong> l'histoire<br />

Qu'elle soit énoncée (Perrault, Mme d'Aulnoy) ou non (Grimm, An<strong>de</strong>rsen), <strong>la</strong><br />

morale pose <strong>la</strong> problématique du conte et résume son enseignement. Le conte récompense<br />

les bons (« Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants... ») et punit les mauvais (les<br />

sorcières disparaissent ou sont tuées). La morale du « Petit Poucet », par exemple, précise<br />

que ce n'est pas parce qu'un enfant est faible et petit qu'il ne fera pas <strong>la</strong> joie <strong>de</strong> ceux qui<br />

l'entourent :<br />

L<br />

L


On ne s'afflige point d'avoir beaucoup d'enfants,<br />

Quand ils sont tous beaux, bien faits et bien grands,<br />

Et d'un extérieur qui brille ;<br />

Mais si l'un d'eux est faible ou ne dit mot,<br />

On le méprise, on le raille, on le pille ;<br />

Quelque fois cependant, c'est ce petit marmot<br />

Qui fera le bonheur <strong>de</strong> toute <strong>la</strong> famille.<br />

(« Le Petit Poucet »)<br />

Pourquoi raconter <strong>de</strong>s contes aux enfants ?<br />

Depuis toujours, l'homme s'est posé <strong>de</strong>s questions quant au mon<strong>de</strong> qui l'entoure.<br />

Poourquoi y a-t-il le jour et <strong>la</strong> nuit ? Pourquoi y a-t-il <strong>de</strong>s saisons ? Pourquoi les étoiles<br />

brillent-elles ? Tant et tant d'interrogations, d'incertitu<strong>de</strong>s, d'inquiétu<strong>de</strong>s qui restaient sans<br />

réponse.C'est ainsi que sont nées les légen<strong>de</strong>s et les mythologies.<br />

Mais les champions du pourquoi ont toujours été les enfants. Et il n'est pas toujours<br />

facile <strong>de</strong> répondre à leurs questions (tous les pères et mères nous comprendront...) Les<br />

explications que l'on pourrait leur fournir sont soit gênantes, soit trop compliquées. C'est<br />

alors qu'intervient le conte, le <strong>la</strong>ngage imagé, qui est compris par l'enfant et... rassure les<br />

parents.<br />

L'enfant rencontre un enfant trisomique dans <strong>la</strong> rue. Il <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à son père : « Qu'estce<br />

qu'il a ? ». Le père répond : « Il est atteint <strong>de</strong> trisomie 21, une ma<strong>la</strong>die génétique<br />

caractérisée par <strong>la</strong> présence d'un chromosome en surnombre... ». L'enfant ne peut rien y<br />

comprendre... Dans son film « Toto le héros », Jaco Van Dormael nous donne sa version.<br />

Toto a une gran<strong>de</strong> sœur et un petit frère trisomique. Pourquoi ces différences ? C'est simple :<br />

<strong>la</strong> fille est née dans une rose, lui-même dans un chou et le petit frère dans une lessiveuse.<br />

Désobligeant pour le petit <strong>de</strong>rnier ? Certainement pas. La rose est jolie, mais elle pique. Le<br />

chou est nettement moins beau et ne sent pas très bon à <strong>la</strong> cuisson. La lessiveuse est<br />

synonyme <strong>de</strong> propreté, donc <strong>de</strong> can<strong>de</strong>ur.<br />

En 1976, Bruno BETTELHEIM publie un ouvrage marquant, Introduction à <strong>la</strong><br />

psychanalyse <strong>de</strong>s contes <strong>de</strong> fées : « Les contes <strong>de</strong> fées, qui abor<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>s problèmes humains<br />

universels, et en particulier ceux <strong>de</strong>s enfants, s'adressent à leur moi en herbe et favorisent son<br />

développement . » Pour BETTELHEIM, les contes <strong>de</strong> fées, bien loin <strong>de</strong> traumatiser les<br />

enfants ou <strong>de</strong> leur donner <strong>de</strong> faux repères, répon<strong>de</strong>nt à leurs angoisses. Ils ont le mérite<br />

d'exprimer <strong>de</strong>s réalités que l'enfant pressent mais dont il ne veut pas ou ne peut pas parler :<br />

« Peau d'âne » évoque à mots couverts le tabou <strong>de</strong> l'inceste (son père voudrait l'épouser).<br />

Les enfants sont attirés par les contes qui éc<strong>la</strong>irent leurs propres faiblesses. La peur<br />

d'avoir faim, l'angoisse <strong>de</strong> <strong>la</strong> séparation, les terreurs nocturnes, <strong>la</strong> hantise d'être abandonné et<br />

dévoré : tels sont les grands enjeux <strong>de</strong> leur existence. Ils sont particulièrement sensibles aux<br />

contes qui ramènent leurs héros et leurs héroïnes chez eux, éliminant le plus souvent le<br />

méchant parent fauteur <strong>de</strong> troubles ou présentant <strong>de</strong>s parents ivres <strong>de</strong> joie lorsque leurs<br />

enfants reviennent à <strong>la</strong> maison. Dans « Hänsel et Gretel » <strong>de</strong>s frères Grimm, les enfants se<br />

jettent au cou <strong>de</strong> leur père, <strong>de</strong>venu veuf entre-temps. Les parents du Petit Poucet se<br />

« réjouissent » <strong>de</strong> son retour et l'accueillent « à bras ouverts ». Les enfants ont besoin <strong>de</strong>s<br />

|ra-conte-moi... 21


|ra-conte-moi...<br />

22<br />

contes <strong>de</strong> fées pour surmonter leurs peurs et leurs angoisses. Le conte est une histoire qui finit<br />

bien (il y a <strong>de</strong>s exceptions, mais elles sont rares).<br />

Le conte permet aussi à l'enfant <strong>de</strong> prendre conscience <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

nécessité qu'il y a à respecter certaines règles sociales,<br />

certaines consignes parentales dont il ne comprend pas<br />

toujours <strong>la</strong> nécessité. Dans ce cas également, un petit<br />

exemple vaut mieux qu'un long discours. Le Petit Chaperon<br />

rouge l'a appris à ses dépens : il est dangereux <strong>de</strong> se promener<br />

seule dans le bois. Le loup adore dévorer les enfants et,<br />

comme l'écrit Perrault, « Tous les loups ne sont pas <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

même sorte. » Ils ont souvent forme humaine. L'actualité<br />

récente nous le prouve.<br />

D'autre part, si les enfants se sont peu à peu approprié ces histoires pour gran<strong>de</strong>s<br />

personnes, c'est aussi sans doute parce que les univers présents dans les contes merveilleux<br />

sont très simples : il y a les bons d'un côté et les méchants <strong>de</strong> l'autre, les petits et les grands, les<br />

riches et les pauvres. Or les recherches <strong>de</strong> PIAGET, notamment, ont montré que les enfants<br />

ne peuvent pas concevoir <strong>de</strong>s situations intermédiaires (où les bons ne sont pas<br />

complètement bons par exemple), et les contes n'en proposent pas <strong>la</strong> plupart du temps...<br />

Ainsi, tout en divertissant l'enfant, le conte l'éc<strong>la</strong>ire sur lui-même et favorise le<br />

développement <strong>de</strong> sa personnalité. Les contes, nous dit BETTELHEIM, ont infiniment plus<br />

<strong>de</strong> choses à nous apprendre sur les problèmes intérieurs <strong>de</strong> l'être humain et sur leurs<br />

solutions, dans toutes les sociétés, que n'importe quel autre type d'histoires à <strong>la</strong> portée <strong>de</strong><br />

l'enten<strong>de</strong>ment <strong>de</strong>s enfants.


<strong>Émilie</strong> <strong>Jolie</strong>, un conte? Oui, mais…<br />

On trouve dans cette comédie musicale <strong>de</strong> Philippe Chatel beaucoup d'ingrédients<br />

propres aux contes : le loup, <strong>la</strong> sorcière, le prince charmant… Oui, mais…<br />

Le loup est battu par <strong>la</strong> grand-mère, <strong>la</strong> sorcière ne veut plus être méchante et le prince<br />

charmant n'est qu'une esquisse griffonnée par le narrateur, un « prince charmant débutant ».<br />

C'est déjà le mon<strong>de</strong> à l'envers. Par ailleurs d'autres acteurs sont pour le moins surprenants<br />

dans ce genre <strong>de</strong> récit. C'est le cas <strong>de</strong> l'extraterrestre et <strong>de</strong>s baleines <strong>de</strong> parapluie.<br />

Au niveau <strong>de</strong>s schémas (voir plus loin dans le dossier), nous nous trouvons <strong>de</strong>vant un<br />

constat : <strong>Émilie</strong> <strong>Jolie</strong><br />

n'est pas « un » conte, mais « <strong>de</strong>s » contes ! Chaque rencontre faite par<br />

<strong>la</strong> petite fille est un défi : les Lapins Bleus veulent rester bleus, le Petit Caillou a besoin<br />

d'amour, <strong>la</strong> Sorcière souhaite <strong>de</strong>venir princesse… À chaque fois, <strong>Émilie</strong> trouve <strong>la</strong> solution.<br />

Mais ce serait trop simple. Le Grand Oiseau et A440, l'Extraterrestre, ne <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt<br />

rien. Au contraire, c'est <strong>Émilie</strong> qui est en <strong>de</strong>man<strong>de</strong>. Elle voudrait aller sur <strong>la</strong> p<strong>la</strong>nète « Fa »,<br />

partir sur les ailes du Grand Oiseau. « Et si un jour je <strong>de</strong>viens vieille, j'irai par le ciel, sur vos<br />

ailes, au ren<strong>de</strong>z-vous du paradis. » Une belle image <strong>de</strong> <strong>la</strong> mort, mais cette <strong>de</strong>rnière n'est pas<br />

pressée : « Prends le temps <strong>de</strong> vivre ta vie, ma petite <strong>Émilie</strong> <strong>Jolie</strong>... »<br />

Philippe Chatel ne respecte pas les règles traditionnelles du conte. Il mé<strong>la</strong>nge tout,<br />

inverse les rôles, fait un grand clin d'œil au conte, mais ne fait pas un conte. Et, comme le<br />

disent le Coq et l'Âne : « On s'en fout. » L'important n'est-il pas <strong>de</strong> procurer du rêve aux<br />

enfants... et aux adultes ? Dans ce cas, <strong>de</strong>puis plus <strong>de</strong> 25 ans, l'objectif est atteint.<br />

<strong>Émilie</strong> a quitté le « lit-cage » du début pour un « grand lit » dans lequel elle peut<br />

dormir paisiblement. Elle a vaincu ses angoisses, gommé les différences, rendu ses amis<br />

heureux.<br />

Que vouloir <strong>de</strong> plus ?<br />

|émilie |jolie, un conte? |oui, mais... 23


|grille d'analyse du conte<br />

24<br />

Titre et auteur du conte<br />

Où se passe l'histoire ? Quand ?<br />

Qui est le héros <strong>de</strong> ce conte ? Que doit-il faire ?<br />

Grille d'analyse du conte<br />

Quels sont les autres personnages ? Remplis un tableau pour indiquer leurs re<strong>la</strong>tions (père,<br />

mère, amis, professeur...)<br />

Les personnages ont-ils un rôle positif ou négatif ?<br />

Qui ai<strong>de</strong> qui ? Qui s'oppose à qui ? Expliquer.<br />

Personnage Positif ou négatif ?<br />

Pourquoi ?


Analyse <strong>de</strong> quelques contes<br />

« Le<br />

Vi<strong>la</strong>in Petit Canard »<br />

L'histoire du « Vi<strong>la</strong>in Petit Canard » fut écrite par Hans Christian An<strong>de</strong>rsen en juillet<br />

1842, après l'échec <strong>de</strong> <strong>la</strong> pièce <strong>de</strong> théâtre L'Oiseau dans le poirier,<br />

qui fut sifflée à <strong>la</strong> première.<br />

Bref synopsis<br />

Le Vi<strong>la</strong>in Petit Canard est rejeté <strong>de</strong> tous à cause <strong>de</strong> son physique. Il en est réduit à<br />

partir pour ne plus subir les moqueries et les coups <strong>de</strong>s autres. Il va vivre seul car ceux qu'il<br />

rencontre ne l'acceptent pas vraiment. Jusqu'au jour où il va oser aller vers <strong>de</strong>s cygnes : eux<br />

ne le chassent pas ; il découvre alors qu'il est lui-même un cygne majestueux.<br />

Extrait<br />

Il était tout confus, notre petit canard, et cachait sa tête sous l'aile, il ne savait luimême<br />

pourquoi. Il était trop heureux, pas du tout orgueilleux pourtant, car un grand coeur ne<br />

connaît pas l'orgueil. Il pensait combien il avait été pourchassé et haï alors qu'il était le<br />

même qu'aujourd'hui où on le déc<strong>la</strong>rait le plus beau <strong>de</strong> tous ! Les li<strong>la</strong>s embaumaient dans <strong>la</strong><br />

verdure, le chaud soleil étince<strong>la</strong>it. Alors il gonf<strong>la</strong> ses plumes, leva vers le ciel son col flexible<br />

et <strong>de</strong> tout son coeur comblé il cria : « Aurais-je pu rêver semb<strong>la</strong>ble félicité quand je n'étais<br />

que le Vi<strong>la</strong>in Petit Canard ? »<br />

<br />

Schéma narratif<br />

Situation initiale<br />

C'est l'été à <strong>la</strong> campagne, une cane couve ses œufs, ils éclosent tous sauf un.<br />

Élément perturbateur<br />

Le <strong>de</strong>rnier œuf craque, il en sort un canard gros et <strong>la</strong>id.<br />

Péripéties<br />

- La cane emmène ses canetons nager, le vi<strong>la</strong>in canard nage très bien.<br />

- Dans <strong>la</strong> cour <strong>de</strong>s canards, on se moque <strong>de</strong> lui et on le mord.<br />

- Les jours passent, il est <strong>de</strong> plus en plus pourchassé.<br />

- Il s'en va et arrive au marais <strong>de</strong>s canards sauvages, il y reste 2 jours.<br />

- Des oies discutent avec lui mais <strong>la</strong> chasse commence, il doit se cacher.<br />

- Il arrive dans une ferme et se lie d'amitié avec une poule et un chat.<br />

- Il voyage ensuite autour du mon<strong>de</strong> mais tous le dédaignent.<br />

- Il passe l'automne et l'hiver seul.<br />

- Au nouveau printemps, il s'envole et arrive près <strong>de</strong> cygnes.<br />

Élément rééquilibrant<br />

Le vi<strong>la</strong>in petit canard penche <strong>la</strong> tête au-<strong>de</strong>ssus et voit qu'il est un cygne.<br />

Situation finale<br />

Les autres cygnes le caressent, <strong>de</strong>s enfants arrivent et l'admirent.<br />

|analyse <strong>de</strong> quelques contes 25


|analyse <strong>de</strong> quelques contes<br />

26<br />

Schéma actantiel<br />

Texte<br />

d: vi<strong>la</strong>in canard d: vi<strong>la</strong>in canard<br />

<br />

s: vi<strong>la</strong>in canard o: être accepté<br />

comme il est<br />

a: canards sauvages, o: autres canards<br />

oies, chat, poule,<br />

cygnes<br />

« Le<br />

Singe Marabout »<br />

En Afrique, Il y a belle lurette, les animaux <strong>de</strong> <strong>la</strong> brousse ne pensaient qu'à faire <strong>la</strong><br />

fête. Du matin au soir et du soir au matin. Ils passaient aussi leur temps à se raconter toutes<br />

sortes <strong>de</strong> sornettes.<br />

Cependant, un singe, fatigué <strong>de</strong> sauter <strong>de</strong> branches en branches et <strong>de</strong> faire <strong>de</strong>s grimaces<br />

du matin au soir et du soir au matin, décida tout à coup <strong>de</strong> donner un sens à sa vie.<br />

Après mûre réflexion, il s'en al<strong>la</strong> trouver le lion, roi <strong>de</strong> <strong>la</strong> brousse, f<strong>la</strong>nqué <strong>de</strong> son premier<br />

ministre, le général en chef rhinocéros. « Majesté <strong>de</strong> <strong>la</strong> brousse à <strong>la</strong> noble crinière, je viens<br />

proposer mes services. Je me présente : Grand Marabout. » « Tu tombes à pic ! dit le roi lion.<br />

Mes sujets me donnent beaucoup <strong>de</strong> soucis ; ils ne pensent qu'à s'amuser. Mes soldats, eux,<br />

sont <strong>de</strong> plus en plus indisciplinés. À ton avis, Grand Marabout, que dois-je faire pour mettre<br />

un terme à cette insupportable zizanie ? »<br />

Le singe, par trois fois, se gratta <strong>la</strong> tête et le <strong>de</strong>rrière, puis très doctement déc<strong>la</strong>ra :<br />

« Sire, il faut combattre le rire, cause <strong>de</strong> tous les maux <strong>de</strong> <strong>la</strong> brousse . Pour faire cesser<br />

les pitreries <strong>de</strong> vos sujets et rétablir l'ordre, chassez le rire, purement et simplement. »<br />

« Bien parlé, Grand Marabout. Je vais suivre ton conseil et proc<strong>la</strong>mer le rire interdit<br />

pour tous. » « Vive l'austérité ! renchérit le général en chef rhinocéros. Quiconque sera pris<br />

en f<strong>la</strong>grant délit <strong>de</strong> rire, recevra dix coups <strong>de</strong> bâton. »<br />

Et voilà comment le sérieux fut imposé à toute <strong>la</strong> brousse. Finies les fêtes et finies les<br />

sornettes...Un à un, les animaux sombrèrent dans <strong>la</strong> tristesse et l'ennui. Pas un nuage n'osait<br />

s'aventurer dans le ciel <strong>de</strong> peur <strong>de</strong> distraire le soleil. La terre elle-même <strong>de</strong>venait toute<br />

asséchée <strong>de</strong> rigueur...<br />

Cependant, une douce et malicieuse puce, une puce <strong>de</strong> brousse, trouva le moyen d'en<br />

finir avec le Grand Sérieux... Un matin, tandis que roi lion avait réuni tous ses sujets pour les<br />

féliciter <strong>de</strong> leur obéissance, le plus sérieusement du mon<strong>de</strong>, <strong>la</strong> petite puce se glissa dans <strong>la</strong><br />

moustache du roi . Et chaque fois que Sa Majesté le lion vou<strong>la</strong>it parler à <strong>la</strong> foule, <strong>la</strong> coquine<br />

lui souff<strong>la</strong>it dans le nez!<br />

« Atchoum, atchoum », faisait le roi. Et c'est tout.<br />

« Atchoum ! »


Les éternuements du lion étaient si grotesques que le général en chef rhinocéros<br />

perdit patience. Il <strong>de</strong>stitua solennellement Sa Majesté le lion, pour son manque <strong>de</strong> sérieux. Il<br />

en profita aussitôt, en sa qualité <strong>de</strong> nouveau chef, pour prendre <strong>la</strong> parole. Aussi sec, <strong>la</strong> puce<br />

sauta dans sa cuirasse et se mit à lui chatouiller le ventre. Ce fut radical ! Au lieu <strong>de</strong> parler à<br />

<strong>la</strong> foule, le rhinocéros se grattouil<strong>la</strong>it, il se grattouil<strong>la</strong>it tellement que l'assistance commença<br />

à sentir <strong>de</strong>s démangeaisons. Un à un, du plus petit au plus grand, tous les animaux <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

brousse se grattouillèrent, chacun, puis les uns les autres... Ils se chatouillèrent tant et si<br />

bien, qu'ils éc<strong>la</strong>tèrent <strong>de</strong> rire. Catastrophe ! Des rafales <strong>de</strong> rire fusaient <strong>de</strong> tous côtés. La<br />

brousse entière riait : les cailloux, les arbres, les racines. Même le soleil riait.<br />

Le singe marabout se mit très en colère : « Je rappelle à tous que le rire est interdit !<br />

Et j'ordonne l'arrestation du ministre général en chef, rhinocéros ! Tous ceux qui continueront<br />

à rire seront déc<strong>la</strong>rés hors <strong>la</strong> loi !»<br />

Soudain, quelque chose lui gratouil<strong>la</strong> le <strong>de</strong>rrière... Il ne put résister et il quitta <strong>la</strong><br />

tribune, ventre à terre, pour sou<strong>la</strong>ger une envie pressante. La puce déchaînée ne lui <strong>la</strong>issa<br />

aucun répit. À nouveau, elle souff<strong>la</strong> dans son <strong>de</strong>rrière. Et le Grand Marabout repartit pour<br />

un tour, ventre à terre, et ainsi <strong>de</strong> suite... Au début, les animaux <strong>de</strong> <strong>la</strong> brousse se dirent que<br />

l'orateur avait soif. En effet, il par<strong>la</strong>it avec une telle fougue et un tel sérieux ! Mais lorsqu'ils<br />

comprirent <strong>la</strong> situation très inconfortable du singe, par solidarité, le peuple <strong>de</strong> <strong>la</strong> brousse se<br />

mit à chanter, pour appeler à <strong>la</strong> rescousse, le Grand Esprit <strong>de</strong> <strong>la</strong> Constipation. Le singe<br />

marabout en perdit <strong>la</strong> face et le verso. À <strong>la</strong> nuit tombée, <strong>la</strong> foule se dispersa et le singe se<br />

retrouva seul avec son <strong>de</strong>rrière en feu. C'est alors qu'il découvrit <strong>la</strong> puce qui se tordait <strong>de</strong><br />

rire. Plus moyen <strong>de</strong> l'arrêter ! Les menaces <strong>de</strong> coups <strong>de</strong> bâton ne servaient à rien. Quand <strong>la</strong><br />

puce malicieuse fut enfin calmée, elle sauta près <strong>de</strong> l'oreille du singe et lui souff<strong>la</strong> :<br />

« Ignorant, comment as-tu osé interdire le rire ? Nous ne pouvons pas vivre sans lui.<br />

Si par malheur tu oubliais ce<strong>la</strong>, Grand Marabout, je reviendrais te mettre <strong>la</strong> puce à l'oreille,<br />

le plus sérieusement du mon<strong>de</strong> ! »<br />

Depuis ce temps-là, le singe n'a jamais cessé <strong>de</strong> faire <strong>de</strong>s grimaces ni <strong>de</strong> faire rire,<br />

même quand il veut être sérieux !<br />

Commentaire<br />

Nous avons à faire ici à un conte d'animaux ; il se distingue du conte merveilleux par<br />

une structure plus simple. C'est en général un conte à structure ouverte où chacun <strong>de</strong>s récepteurs,<br />

dans <strong>la</strong> tradition orale, peut rajouter <strong>de</strong>s péripéties. Il n'y a pas là d'événement merveilleux<br />

si ce n'est que les animaux y ont <strong>de</strong>s comportements humains, mais cette donnée anthropomorphique,<br />

instaurée d'emblée, est admise comme convention. Bien que différent du<br />

conte merveilleux, « Le Singe Marabout » contient les éléments fonctionnels du conte et sa<br />

structure narrative est aussi basée sur le conflit central entre un sujet et un opposant. Mais ici,<br />

le « héros apparent » (le singe) est <strong>de</strong> nature négative - ce qui n'advient que dans très peu <strong>de</strong><br />

récits - tandis que c'est l'opposant (<strong>la</strong> puce) qui porte les valeurs positives.<br />

|analyse <strong>de</strong> quelques contes 27


|analyse <strong>de</strong> quelques contes<br />

28<br />

Schéma narratif<br />

Situation initiale<br />

La brousse comme lieu <strong>de</strong> vie heureuse, insouciante, avec une « autorité » faible.<br />

Élément perturbateur<br />

Le singe déci<strong>de</strong> <strong>de</strong> donner un sens à sa vie ; le roi proc<strong>la</strong>me le rire interdit.<br />

Péripéties<br />

La brousse sombre dans <strong>la</strong> morosité.<br />

La puce ridiculise le lion.<br />

La puce ridiculise le rhinocéros.<br />

La puce ridiculise le singe.<br />

Élément rééquilibrant<br />

La puce fait <strong>la</strong> morale au singe.<br />

Situation finale<br />

La brousse retrouve le rire, le singe est puni.<br />

Schéma actantiel<br />

d: jungle<br />

<br />

a: autres animaux <br />

s: puce<br />

d: jungle<br />

<br />

o: restaurer <strong>la</strong><br />

joie <strong>de</strong> vivre<br />

o: singe, lion,<br />

rhinocéros


Schéma narratif<br />

Quelques séquences d'<strong>Émilie</strong> <strong>Jolie</strong><br />

L<br />

a rencontre avec les Lapins Bleus<br />

Situation initiale<br />

<strong>Émilie</strong> se promène au pays bleu <strong>de</strong> <strong>la</strong> première page, les Lapins Bleus arrivent.<br />

Tout est beau, tout va bien (équilibre).<br />

Élément perturbateur<br />

Le vent souffle, <strong>la</strong> pluie tombe, le tonnerre gron<strong>de</strong>, les Lapins Bleus tombent ma<strong>la</strong><strong>de</strong>s.<br />

Péripéties<br />

- Les Lapins <strong>de</strong>viennent rouges.<br />

- <strong>Émilie</strong> se <strong>de</strong>man<strong>de</strong> ce qu'elle peut faire.<br />

Élément rééquilibrant<br />

<strong>Émilie</strong> fait un bisou sur chacune <strong>de</strong>s oreilles <strong>de</strong>s Lapins.<br />

Situation finale<br />

Les Lapins re<strong>de</strong>viennent bleus et heureux (nouvel équilibre).<br />

Schéma actantiel<br />

Schéma narratif<br />

d: <strong>Émilie</strong>, les Lapins<br />

a: le Conteur<br />

<br />

Situation initiale<br />

La Sorcière est chez elle, elle casse tout. Elle fait peur.<br />

Élément perturbateur<br />

La Sorcière ne veut plus être méchante, elle cherche un Prince Charmant.<br />

Péripéties<br />

- <strong>Émilie</strong> part à <strong>la</strong> recherche du Prince.<br />

- Elle rencontre d'autres personnages, très peu l'ai<strong>de</strong>nt.<br />

- Le Conteur <strong>de</strong>ssine un Prince.<br />

Élément rééquilibrant<br />

<strong>Émilie</strong> présente le Prince du <strong>de</strong>ssin à <strong>la</strong> Sorcière.<br />

<br />

s: <strong>Émilie</strong><br />

d: les Lapins<br />

<br />

o: restaurer <strong>la</strong><br />

santé/couleur<br />

o: pluie, vent,<br />

tonnerre<br />

L<br />

a Sorcière<br />

|quelques séquences d'|émilie |jolie 29


|quelques séquences d'|émilie |jolie<br />

30<br />

Situation finale<br />

La Sorcière perd ses habits noirs et <strong>de</strong>vient une Princesse. Elle est reconnue par tous.<br />

Le Hérisson<br />

Schéma actantiel<br />

Schéma narratif<br />

d: Sorcière<br />

a: le Conteur<br />

<br />

Situation initiale<br />

<strong>Émilie</strong> arrive sur <strong>la</strong> page, elle se pique.<br />

Élément perturbateur<br />

Le Hérisson se p<strong>la</strong>int : on se pique à lui, il est seul. « C'est toujours <strong>la</strong> même chose. »<br />

Péripéties<br />

- Le Hérisson chante sa triste chanson.<br />

- Il <strong>de</strong>man<strong>de</strong> qu'on le caresse.<br />

Élément rééquilibrant<br />

<strong>Émilie</strong> se propose pour le caresser.<br />

Situation finale<br />

Le Hérisson n'est plus triste, <strong>Émilie</strong> et le Conteur quittent <strong>la</strong> page.<br />

Schéma actantiel<br />

<br />

d: Hérisson<br />

<br />

a: le Conteur<br />

<br />

s: <strong>Émilie</strong><br />

s: <strong>Émilie</strong><br />

d: Sorcière<br />

<br />

o: apporter le<br />

bonheur et l'amour<br />

o: les animaux qui<br />

ne connaissent<br />

pas <strong>de</strong> Prince<br />

d: Hérisson<br />

<br />

o: être caressé<br />

<br />

o: ses piquants


La peur <strong>de</strong> sa vie...<br />

« La vie s'arrête lorsque <strong>la</strong> peur <strong>de</strong> l'inconnu est plus forte que l'é<strong>la</strong>n. »<br />

(Hafid AGGOUNE)<br />

La peur est naturelle...<br />

« Seuls les cailloux ignorent <strong>la</strong> peur. »<br />

(Pascale ROZE)<br />

La peur est une émotion normale <strong>de</strong> l'organisme, au même titre que <strong>la</strong> joie ou <strong>la</strong><br />

tristesse. C'est un mécanisme instinctif <strong>de</strong> défense : nous percevons une menace, un danger<br />

réel ou imaginaire. En situation <strong>de</strong> danger, notre organisme réagit en nous préparant soit au<br />

combat ( fight) soit à <strong>la</strong> fuite ( flight). Cet « état <strong>de</strong> tension », le stress,<br />

entraîne un certain<br />

nombre <strong>de</strong> modifications physiologiques (libération d'adrénaline, augmentation du rythme<br />

cardiaque, <strong>de</strong> <strong>la</strong> pression artérielle...)<br />

Toute une série <strong>de</strong> facteurs « indépendants <strong>de</strong> <strong>la</strong> situation » influencent les réactions<br />

<strong>de</strong> l'individu face à <strong>la</strong> « menace perçue ». Il y a <strong>de</strong>s facteurs génétiques, <strong>de</strong>s facteurs sociaux<br />

(éducation, milieu protecteur ou non, parents anxieux...) et <strong>de</strong>s facteurs physiques (hormones<br />

par exemple). Les réactions face à <strong>la</strong> peur varient donc d'individu à individu, <strong>de</strong> situation<br />

à situation : <strong>la</strong> peur peut être stimu<strong>la</strong>nte, <strong>la</strong> peur peut être inhibante.<br />

Le problème vient soit <strong>de</strong>s peurs qui ne correspon<strong>de</strong>nt pas à un danger (peurs irrationnelles,<br />

peurs imaginaires, peur <strong>de</strong> l'inconnu, peur <strong>de</strong> l'avenir...), soit <strong>de</strong>s peurs auxquelles on<br />

ne peut échapper (peur <strong>de</strong> <strong>la</strong> mort, peur rencontrée au quotidien dans l'exercice <strong>de</strong> son métier,<br />

peur engendrée par un sentiment d'infériorité...) Elles engendrent une situation physiologique<br />

désagréable <strong>de</strong> longue durée.<br />

On peut parler d'anxiété. C'est un sentiment assez imprécis, dép<strong>la</strong>isant, qui ne repose<br />

pas forcément sur quelque chose <strong>de</strong> concret et est donc difficile à combattre. L'imagination<br />

joue un grand rôle dans ce cas : on en vient parfois à redouter <strong>de</strong>s situations qui ne se sont pas<br />

produites, voire, qui n'ont que peu <strong>de</strong> probabilités<br />

<strong>de</strong> se produire. L'anxiété chronique peut entraîner<br />

<strong>de</strong>s états pathologiques et perturber les « performances<br />

» cognitives ou le comportement :<br />

troubles <strong>de</strong> <strong>la</strong> mémoire, incapacité à se concentrer,<br />

troubles obsessionnels compulsifs, troubles du<br />

sommeil, irritabilité...<br />

L'angoisse est différente <strong>de</strong> l'anxiété dans <strong>la</strong><br />

mesure où cet état <strong>de</strong> peur « extrême » induit <strong>de</strong>s<br />

modifications physiologiques ponctuelles :<br />

sensation d'étouffement, accélération du rythme<br />

cardiaque, tension muscu<strong>la</strong>ire, problèmes digestifs...<br />

Il ne s'agit plus d'un état chronique comme<br />

l'anxiété, mais <strong>de</strong> crises ponctuelles très fortes. On<br />

est en fait dans <strong>la</strong> situation où l'organisme essaye<br />

d'échapper à un danger (réel ou imaginaire) mais<br />

en est incapable et « s'affole ».<br />

|<strong>la</strong> peur <strong>de</strong> sa vie... 31


|<strong>la</strong> peur <strong>de</strong> sa vie...<br />

32<br />

Un apprentissage <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie...<br />

« Est-ce que l'espèce humaine aurait survécu si elle n'avait pas connu <strong>la</strong> peur ?<br />

Et donc <strong>la</strong> pru<strong>de</strong>nce ?<br />

Et donc <strong>la</strong> ruse ? »<br />

(Brigitte AUBERT)<br />

Maîtriser ses peurs fait partie <strong>de</strong><br />

l'apprentissage <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie. L'enfant affronte en<br />

permanence un mon<strong>de</strong> plein d'inconnu, <strong>de</strong><br />

nouveautés, <strong>de</strong> menaces, d'obstacles. Les<br />

peurs enfantines ont <strong>de</strong>s âges : <strong>la</strong> peur du<br />

vi<strong>de</strong> correspond, par exemple, au moment où<br />

l'enfant se met à marcher. Entre 2 et 4 ans, ce<br />

sont souvent <strong>de</strong>s peurs bien définies et<br />

(théoriquement) passagères : peur <strong>de</strong> l'orage,<br />

peur <strong>de</strong>s chiens, peur du mé<strong>de</strong>cin, peur <strong>de</strong>s<br />

étrangers, peur <strong>de</strong> <strong>la</strong> séparation... À partir <strong>de</strong><br />

4 ans, l'imaginaire <strong>de</strong> l'enfant commence à<br />

alimenter ses peurs. Il y a confusion entre le<br />

mon<strong>de</strong> réel et le mon<strong>de</strong> imaginaire : il n'a pas<br />

une approche logique du mon<strong>de</strong>. Par <strong>la</strong> suite,<br />

les peurs seront aussi liées à <strong>la</strong> découverte<br />

progressive du mon<strong>de</strong>, à <strong>la</strong> sortie du « cocon<br />

familial » : aller à l'école, parler en public,<br />

s'inscrire dans un club sportif... Plus l'enfant<br />

« vieillit », plus les craintes basées sur <strong>la</strong><br />

réalité prennent <strong>de</strong> l'importance : il apprend,<br />

peu à peu, à faire <strong>la</strong> distinction entre peurs<br />

réelles et peurs fictives.<br />

« Le dép<strong>la</strong>isir initial <strong>de</strong> l'angoisse <strong>de</strong>vient alors le grand p<strong>la</strong>isir<br />

<strong>de</strong> l'angoisse affrontée avec succès et maîtrisée. »<br />

(Bruno BETTELHEIM)<br />

Ces peurs ne doivent pas être niées ou ignorées : « apprivoiser » ses peurs n'est pas<br />

évi<strong>de</strong>nt et prend, <strong>de</strong> toute façon, du temps. La confrontation avec <strong>la</strong> source <strong>de</strong> <strong>la</strong> peur n'a <strong>de</strong><br />

sens que si l'enfant peut exercer une certaine maîtrise sur elle, voire en faire quelque chose <strong>de</strong><br />

ludique (« jouer à se faire peur » avec une mise en situation et toujours le sentiment qu'on<br />

gar<strong>de</strong> le contrôle : on peut se cacher <strong>de</strong>rrière un coussin ou décréter immédiatement <strong>la</strong> fin du<br />

jeu). La maîtrise <strong>de</strong> <strong>la</strong> peur n'a pas qu'un effet positif par rapport à <strong>la</strong> cause <strong>de</strong> <strong>la</strong> peur : elle<br />

ai<strong>de</strong> aussi l'enfant à prendre confiance en ses moyens, à se sentir <strong>de</strong>venir plus grand et plus<br />

fort, bref, à améliorer sa confiance en lui. L'imaginaire est donc structurant et rassurant car<br />

l'enfant, chaque fois, met en p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong>s stratégies pour affronter <strong>la</strong> menace et est plus fort que<br />

sa peur.<br />

L'absence <strong>de</strong> peur chez un enfant est, paradoxalement, source <strong>de</strong> danger : l'enfant qui<br />

ne perçoit pas le danger est « casse-cou ». Danger d'autant plus grand si l'enfant est dominateur<br />

ou provocateur : ne percevant pas le danger là où on lui pose un interdit « protecteur », il<br />

le brave délibérément avec, éventuellement, <strong>de</strong>s conséquences graves.<br />

Comme disait BETTELHEIM en par<strong>la</strong>nt <strong>de</strong>s contes, <strong>la</strong> peur maîtrisée, <strong>la</strong> peur sans le<br />

danger qui l'accompagne, est source <strong>de</strong> p<strong>la</strong>isir. La recherche <strong>de</strong> sensations peut amener à<br />

affronter le danger. C'est le « goût du risque ». Risque minime lorsqu'on se fait « secouer »


sur une attraction foraine impressionnante, risque élevé lorsqu'on pratique <strong>de</strong>s sports extrêmes.<br />

Mais, comme pour l'enfant « casse-cou », ce<strong>la</strong> peut <strong>de</strong>venir un comportement à problèmes,<br />

notamment chez l'adolescent : un esprit <strong>de</strong> compétitivité exacerbé, <strong>la</strong> volonté <strong>de</strong> donner<br />

un sens à sa vie en <strong>la</strong> mettant en danger, <strong>la</strong> recherche d'une i<strong>de</strong>ntité « forte » par rapport à une<br />

société « aseptisée », le choix <strong>de</strong> comportements extrêmes dans un but <strong>de</strong> provocation...<br />

La peur <strong>de</strong> l'inconnu...<br />

« C'est étrange comme on a peur <strong>de</strong> quelque chose<br />

parce qu'on nous a préparés à avoir peur. »<br />

(NGUGI)<br />

Nous vivons dans un mon<strong>de</strong> plein <strong>de</strong> dangers connus. Les peurs face à ces dangers-là<br />

sont généralement bien intégrées, génération après<br />

génération : ainsi <strong>de</strong>s singes élevés en captivité ont<br />

peur <strong>de</strong> serpents alors qu'ils n'en ont jamais rencontré<br />

dans <strong>la</strong> réalité. Les progrès <strong>de</strong>s sciences et<br />

techniques, l'élévation générale du niveau<br />

d'éducation font reculer un certain nombre <strong>de</strong> peurs<br />

« ancestrales », les re<strong>la</strong>tivisent, ou, du moins,<br />

expliquent comment se protéger face à <strong>la</strong> menace.<br />

Les peurs <strong>de</strong> l'enfant diminuent et changent<br />

d'ailleurs généralement avec l'âge : sa maîtrise et sa<br />

compréhension du mon<strong>de</strong> s'améliorent.<br />

La peur <strong>la</strong> plus primitive, <strong>la</strong> plus animale, c'est <strong>la</strong> peur <strong>de</strong> l'inconnu : ce qui est inexpliqué<br />

ou inexplicable, ce qui est imprévisible, ce qui est inhabituel... En d'autres termes, ce<br />

qui n'est pas maîtrisable, ce qui ne correspond pas à nos habitu<strong>de</strong>s (rassurantes) <strong>de</strong> vie. Une<br />

étu<strong>de</strong> britannique récente montre qu'un bourdon, face à une fleur qu'il ne connaît pas, aura<br />

tendance à se poser sur les fleurs où il y a déjà d'autres bourdons, plutôt qu'à prendre le risque<br />

« d'expérimenter » une nouvelle fleur... La peur du noir en est un autre exemple : on perd ses<br />

repères rassurants, les objets changent d'apparence, on ne voit pas le danger venir,<br />

l'imagination remplit les « vi<strong>de</strong>s » <strong>la</strong>issés par l'obscurité...<br />

Cette peur <strong>de</strong> l'inconnu, nourrie d'imaginaire, <strong>de</strong> préjugés, <strong>de</strong> littérature..., peut<br />

d'ailleurs être une peur collective et varier selon les époques et les cultures : peur du changement<br />

<strong>de</strong> millénaire, du progrès technologique, <strong>de</strong>s extraterrestres, <strong>de</strong> ce qu'il y a au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong><br />

l'horizon, <strong>de</strong>s aliments transgéniques...<br />

« Vous ne voyagez pas si vous avez peur <strong>de</strong> l'inconnu,<br />

vous voyagez pour l'inconnu, ce<strong>la</strong> vous révèle à vous-même. »<br />

(El<strong>la</strong> MAILLART)<br />

Il peut aussi y avoir une peur face à nous-mêmes : peur <strong>de</strong> voir dévoilés nos travers ou<br />

secrets, évi<strong>de</strong>mment, mais aussi peur <strong>de</strong> découvrir nos limites, nos faiblesses, peur <strong>de</strong> nous<br />

avouer <strong>la</strong> vérité ou d'affronter <strong>la</strong> réalité <strong>de</strong> notre vie en face, peur <strong>de</strong> détruire l'image que nous<br />

nous faisons <strong>de</strong> nous-mêmes.<br />

La peur du changement en est l'exemple-type. Le mon<strong>de</strong>, notre vie, les connaissances,<br />

tout change en permanence... Mais certains changements sont lents, à <strong>la</strong> limite du<br />

perceptible lorsqu'on est « <strong>de</strong>dans », d'autres sont radicaux ou soudains, certains sont<br />

involontaires, d'autres impliquent <strong>de</strong>s choix. On préfère parfois rester dans son mal-être ou<br />

son mal-vivre « connu », plutôt que <strong>de</strong> se remettre radicalement en cause ou <strong>de</strong> bousculer son<br />

quotidien pour changer <strong>de</strong> vie. Il est vrai que le changement se fait parfois dans <strong>la</strong> douleur,<br />

|<strong>la</strong> peur <strong>de</strong> sa vie... 33


|<strong>la</strong> peur <strong>de</strong> sa vie...<br />

34<br />

implique <strong>de</strong>s efforts, est une prise <strong>de</strong> risque. Dans ce cas-là, l'inertie engendrée par <strong>la</strong> peur<br />

ai<strong>de</strong> donc, paradoxalement, à se rassurer, à se stabiliser... Des « compensations » viennent<br />

alors combler en partie l'insatisfaction sans qu'on n'arrive cependant à une satisfaction<br />

véritable. L'habituel, le normal, <strong>de</strong>viennent <strong>la</strong> référence, même s'ils ont <strong>de</strong>s côtés négatifs.<br />

« Ce<strong>la</strong> pourrait être pire... »<br />

Nous sommes tous différents. Il y a entre nous <strong>de</strong>s<br />

différences physiques, culturelles, sociales, intellectuelles,<br />

comportementales, philosophiques... Par<br />

rapport à nous-mêmes, le temps qui passe entraîne<br />

aussi <strong>de</strong>s changements : je ne suis pas le même qu'il y<br />

a 10 ans, 20 ans, je ne suis pas le même quand je suis<br />

gai et quand je suis morose... Ces différences perturbent<br />

notre re<strong>la</strong>tion à l'autre : rejet <strong>de</strong> quelqu'un sur<br />

base <strong>de</strong> son apparence physique, moqueries quant à<br />

ses croyances religieuses ou philosophiques, perplexité<br />

face à ses habitu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> vie, intolérance face à<br />

ses comportements... Il arrive souvent que <strong>la</strong> communauté<br />

exclue, isole, voire condamne et pourchasse<br />

celui qui est différent, soit parce qu'il est<br />

différent et donc « fait tache » par rapport à nos<br />

repères habituels, soit parce qu'il fait office <strong>de</strong> bouc<br />

émissaire<br />

: on le charge <strong>de</strong> tous les maux pour<br />

ramener l'ordre, pour rétablir <strong>la</strong> norme sans avoir à se<br />

remettre en cause ou à remettre en cause le fonctionnement<br />

habituel <strong>de</strong> <strong>la</strong> communauté.<br />

La peur <strong>de</strong> celui qui est différent...<br />

« Nous ne <strong>de</strong>vrions pas craindre <strong>la</strong> différence,<br />

le plus à craindre, c'est l'indifférence... »<br />

(Christophe TAVERNIER)<br />

« Le projet du génome humain a révélé que ce que les gens considèrent<br />

comme <strong>de</strong>s différences raciales ne constitue que 0,01 %<br />

<strong>de</strong>s 35.000 gènes estimés qui constituent le corps. »<br />

(Ricki LEWIS)<br />

Est-ce par <strong>la</strong> connaissance que l'on apprend le respect <strong>de</strong> l'autre, <strong>la</strong> tolérance ?<br />

L'intolérance prend souvent racine dans <strong>la</strong> peur <strong>de</strong> l'inconnu, dans l'ignorance <strong>de</strong> ce qui me<br />

rapproche réellement <strong>de</strong> l'autre, dans l'incompréhension face à son comportement. Mais <strong>la</strong><br />

connaissance procè<strong>de</strong> généralement par étiquetage, c<strong>la</strong>ssification, simplification du réel : en<br />

faisant entrer l'autre dans <strong>de</strong>s catégories que je maîtrise, en trouvant <strong>de</strong>s équivalents dans son<br />

comportement avec <strong>de</strong>s choses que je pratique ou que j'ai déjà rencontrées, je me donne les<br />

moyens <strong>de</strong> « maîtriser le sujet », <strong>de</strong> « m'y retrouver ». D'une certaine manière, <strong>la</strong> connaissance,<br />

parce qu'elle ne me fait pas voir les différences <strong>de</strong> l'autre dans leur réalité, mais à<br />

travers ma perception du mon<strong>de</strong>, a tendance, soit à « réduire » l'autre à coup <strong>de</strong> clichés, voire<br />

<strong>de</strong> préjugés, soit à nier sa différence...Ainsi, en remontant à <strong>la</strong> pério<strong>de</strong> coloniale, on constate<br />

que <strong>la</strong> « découverte du colonisé » se faisait à travers une vision déformée par les théories sur<br />

l'inégalité <strong>de</strong>s races, notamment celles <strong>de</strong> GOBINEAU.<br />

Et encore, il n'est question ici que <strong>de</strong> connaissance scientifique, objective, « honnête<br />

», celle qui part d'une vraie volonté d'approcher l'autre. Ne parlons pas <strong>de</strong> ceux qui font


du rejet <strong>de</strong> <strong>la</strong> différence un mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> vie, un discours politique, un dogme religieux...<br />

Mais l'intolérance est aussi causée par l'image que l'on se fait <strong>de</strong> soi-même, par le<br />

sentiment <strong>de</strong> sa propre valeur : si je considère mon comportement comme le « bon » comportement<br />

(ce qui me conforte dans mes choix et me rassure), j'aurai tendance, dans le<br />

meilleur <strong>de</strong>s cas, à me montrer indifférent face aux comportements différents, dans le pire<br />

<strong>de</strong>s cas, à les critiquer, voire les condamner ou les combattre.<br />

Et pourtant, paradoxalement, nous ne pouvons vivre sans l'autre. Que l'on parle<br />

d'instinct grégaire ou d' instinct <strong>de</strong> masse,<br />

il faut admettre que l'homme est un « animal<br />

social ». La présence d'autrui nous rassure, nous conforte dans nos choix : je n'ai pas tort<br />

puisque je vois que d'autres sont au même endroit ou ont fait les mêmes choix. Comment<br />

donc « apprivoiser » <strong>la</strong> différence, comment l'accepter, l'intégrer sans <strong>la</strong> nier ? Il ne faut pas<br />

confondre « accepter <strong>la</strong> différence <strong>de</strong> l'autre » et « faire preuve d'indifférence vis-à-vis <strong>de</strong><br />

l'autre ».<br />

On en revient à <strong>la</strong> notion <strong>de</strong> crainte : l'étranger que je croise, je m'en méfie, je le<br />

crains, surtout si sa différence est telle que j'estime ne plus rien partager avec lui. Il ne pense<br />

pas comme moi, il n'agit pas comme moi...<br />

« Dans une société où chacun ressemble mystérieusement à chaque autre,<br />

méfiant s'il est méfiant, confiant s'il est confiant... »<br />

(Maurice MERLEAU-PONTY)<br />

À un premier niveau, j'en ai peur, parce que<br />

je ne sais pas ce qu'il va faire, je ne sais pas<br />

ce qu'il veut, je ne sais pas ce qu'il pense :<br />

sa différence me le fait percevoir comme<br />

une menace potentielle. Par référence au<br />

philosophe Thomas HOBBES, l'homme à<br />

l'état <strong>de</strong> nature est un loup pour l'homme,<br />

ce n'est que <strong>la</strong> force <strong>de</strong> l'État qui l'empêche<br />

<strong>de</strong> se <strong>la</strong>isser aller. Craignant l'agression, je<br />

prends donc une posture défensive, voire,<br />

j'attaque le premier...<br />

La peur d'être victime <strong>de</strong> l'autre fait <strong>de</strong> moi celui qui attaque l'autre, légitimant ainsi...<br />

<strong>la</strong> peur que l'autre a <strong>de</strong> moi !<br />

À un <strong>de</strong>uxième niveau, je le rejette, ou je l'ignore, parce que ses valeurs, sa vision du<br />

mon<strong>de</strong>, ses choix différents, remettent en cause mes valeurs, ma vision du mon<strong>de</strong> mes choix.<br />

Il suscite le doute, l'inquiétu<strong>de</strong> fondamentale : et si j'avais tort ?<br />

L'enfant extra-ordinaire<br />

« Jadis, dans un pays lointain,<br />

vint au mon<strong>de</strong> un enfant transparent. »<br />

(Gianni RODARI)<br />

Nous vivons donc entourés <strong>de</strong> personnes différentes. La plupart sont « peu différentes<br />

» : nous pouvons continuer à vivre avec leur(s) différence(s). D'autres sont à ce point<br />

différentes que se pose <strong>la</strong> question <strong>de</strong> leur intégration à notre « groupe » : l'étranger ou <strong>la</strong><br />

personne handicapée. Tous <strong>de</strong>ux sont différents et mal connus, suscitant gêne et crainte,<br />

|<strong>la</strong> peur <strong>de</strong> sa vie... 35


|<strong>la</strong> peur <strong>de</strong> sa vie...<br />

36<br />

voire hostilité. La personne handicapée peut aussi me déstabiliser et me renvoyer une image<br />

négative <strong>de</strong> moi : alors que je crois être quelqu'un d'ouvert et <strong>de</strong> généreux, <strong>la</strong> personne<br />

handicapée en face <strong>de</strong> moi me gêne, voire me dégoûte...<br />

Ma vie <strong>de</strong> jeune maman a basculé le 16 avril 1990, à <strong>la</strong> naissance <strong>de</strong> ma secon<strong>de</strong> fille,<br />

Aurore. Déjà, ma grossesse ne s'était pas déroulée comme <strong>la</strong> précé<strong>de</strong>nte, mais je ne me<br />

doutais pas que ma vie al<strong>la</strong>it changer du tout au tout.<br />

En effet, cette naissance est venue semer le désordre et <strong>la</strong> panique dans un premier<br />

temps, lorsque le verdict est tombé sans que je n'y comprenne trop grand-chose : « Votre<br />

enfant est viable... »<br />

Alors, après bien <strong>de</strong>s questions, <strong>de</strong>s doutes, <strong>de</strong>s <strong>la</strong>rmes, j'ai dû affronter <strong>la</strong> réalité et<br />

faire face à cette différence qui s'imposait à moi, telle une gifle en plein visage.<br />

Dès sa naissance, <strong>la</strong> petite a été prise en charge par le corps médical, effrayant avec<br />

ses mots savants, provoquant chez moi, inquiétu<strong>de</strong>, panique et désarroi, ne me <strong>la</strong>issant<br />

aucune p<strong>la</strong>ce à un petit espoir.<br />

J'avoue que si j'ai été aidée au début <strong>de</strong> cette aventure, je galère souvent seule dans<br />

mon coin.<br />

Mon quotidien a dû être transformé : savoir et pouvoir accepter le polyhandicap <strong>de</strong><br />

ma fille, me familiariser avec bon nombre <strong>de</strong> termes médicaux, faire face à un nombre<br />

croissant <strong>de</strong> mé<strong>de</strong>cins, spécialistes du handicap, et m'équiper <strong>de</strong> divers appareils nécessaires<br />

au bien-être <strong>de</strong> mon enfant.<br />

Que dire <strong>de</strong>s regards qui pèsent lourd, <strong>de</strong>s sourires gênés, voire hypocrites, qui<br />

blessent, <strong>de</strong> votre famille, <strong>de</strong> vos amis, <strong>de</strong> vos connaissances qui vous fuient... Mon enfant<br />

gêne, gâche le décor, suscite l'indifférence... Mais Aurore reste ma plus belle histoire<br />

d'amour.<br />

Après quinze ans <strong>de</strong> cette vie différente, je ne regrette rien, mon combat reste le<br />

même : Aurore.<br />

(Christine CREPIN-JOLY)<br />

Lorsqu'on parle <strong>de</strong> <strong>la</strong> différence, on cite souvent Saint-Exupéry : « Si tu diffères <strong>de</strong><br />

moi, mon frère, loin <strong>de</strong> me léser, tu m'enrichis. » Mais <strong>la</strong> différence, avant d'enrichir, est<br />

surtout source <strong>de</strong> gêne : pour accepter <strong>la</strong> personne handicapée, je dois faire un effort<br />

d'adaptation, d'ouverture. Je dois renoncer à mes habitu<strong>de</strong>s, peut-être à ma spontanéité, je<br />

dois changer mon approche du travail ou <strong>de</strong>s loisirs. Le refus d'accepter <strong>la</strong> personne handicapée<br />

peut prendre <strong>de</strong>s formes surprenantes, comme<br />

ce<strong>la</strong> apparaît ici, dans le témoignage d'un aveugle :<br />

Vraisemb<strong>la</strong>blement, vous aurez <strong>de</strong> <strong>la</strong> peine à me<br />

croire, mais aujourd'hui, j'ai vraiment réussi à me<br />

rendre invisible sans avoir ingurgité un quelconque<br />

élixir. En effet, je suis persuadé d'avoir réalisé ce<br />

sortilège car je dois constater que chaque fois que je<br />

sors avec mon épouse, les gens que nous rencontrons<br />

ne s'aperçoivent que <strong>de</strong> sa présence et ne me<br />

remarquent pas, moi qui me tiens juste à côté d'elle<br />

et qui suis bien vivant. Vous ne pouvez ou ne voulez<br />

pas me croire ? Et bien, <strong>la</strong>issez-moi vous raconter<br />

mon histoire.<br />

Il n'y a pas très longtemps, nous avions promis à<br />

notre fille d'aller <strong>la</strong> chercher dans le vil<strong>la</strong>ge voisin<br />

où elle participait à une manifestation sportive.<br />

Lorsque nous sommes arrivés, ma femme aperçut <strong>de</strong><br />

loin déjà notre fille assise à une table avec d'autres


enfants, ainsi que <strong>la</strong> mère <strong>de</strong> l'un d'entre eux. Lorsque nous nous sommes approchés et que<br />

nous avons salué toute <strong>la</strong> tablée, cette dame a levé les yeux, fait un sourire et salué mon<br />

épouse d'un « Bonjour Madame » bien sonnant. Quelque peu contrarié, je me suis <strong>de</strong>mandé<br />

pourquoi cette espèce <strong>de</strong> chèvre ne saluait que ma femme, alors que j'étais bien là, en chair et<br />

en os, comment n'a-t-elle pas pu m'apercevoir ? Est-elle aussi malvoyante ? Mais j'ai<br />

rapi<strong>de</strong>ment rejeté cette <strong>de</strong>rnière hypothèse car je me suis rappelé qu'elle venait <strong>de</strong> s'acheter<br />

une nouvelle voiture et que l'on pouvait raisonnablement s'attendre à ce qu'elle puisse me<br />

reconnaître à <strong>de</strong>ux mètres puisqu'elle était capable <strong>de</strong> conduire. Quant à l'idée que je<br />

pouvais peut-être me rendre invisible aux yeux <strong>de</strong> certaines personnes, je l'ai aussi abandonnée,<br />

car je n'ai jamais trouvé <strong>de</strong> preuve <strong>de</strong> ce phénomène, si ce n'est dans les contes <strong>de</strong><br />

Grimm ou d'An<strong>de</strong>rsen.<br />

Mais quelques jours plus tard, <strong>la</strong> preuve irréfutable <strong>de</strong> mon invisibilité me sauta aux<br />

yeux - si j'ose dire - dans notre garage souterrain. Mon épouse et moi-même étions en train<br />

<strong>de</strong> décharger notre voiture, lorsqu'une voisine est entrée à son tour dans le garage, appe<strong>la</strong>nt<br />

déjà <strong>de</strong> loin : « Hello Anne, comment vas-tu ? » Elle ne m'a pas vu, elle non plus, alors que je<br />

me trouvais directement à côté <strong>de</strong> ma femme. Alors maintenant, vous êtes obligés <strong>de</strong> me<br />

donner raison, je suis <strong>la</strong> victime <strong>de</strong> forces que les simples mortels que nous sommes ne<br />

peuvent expliquer. Bien entendu, je suis resté muet comme une carpe, car <strong>la</strong> malheureuse<br />

créature aurait certainement fait une crise cardiaque si elle avait entendu quelque chose<br />

sans rien apercevoir.<br />

(Ewald LEU)<br />

Si j'intègre <strong>la</strong> personne handicapée, vais-je l'intégrer en <strong>la</strong> considérant comme une<br />

personne normale ou vais-je adapter <strong>la</strong> société à son handicap ?<br />

Si j'occulte son handicap, <strong>la</strong> traitant comme n'importe qui, je favorise son autonomie,<br />

je <strong>la</strong> regar<strong>de</strong> en tant qu'individu « au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> son handicap », mais je dresse <strong>de</strong>vant elle <strong>de</strong>s<br />

barrières pratiquement infranchissables. Non, <strong>la</strong> personne handicapée ne peut pas « entrer »<br />

dans <strong>la</strong> société comme si <strong>de</strong> rien n'était : ses possibilités physiques, intellectuelles, son<br />

rythme <strong>de</strong> travail différent, sa mobilité réduite, les adaptations techniques dont elle a besoin,<br />

<strong>la</strong> p<strong>la</strong>cent <strong>de</strong> facto en marge du groupe <strong>de</strong>s gens « normaux ».<br />

Si je considère son handicap avant<br />

toute chose, non seulement j'ai tendance<br />

à <strong>la</strong> « réduire à son handicap »,<br />

mais en plus, je rentre dans une<br />

logique <strong>de</strong> protection et d'adaptation<br />

qui risque d'être aussi artificielle que<br />

paternaliste. Après tout, qui pense<br />

« handicap » pense « ma<strong>la</strong>die, souffrance,<br />

malheur ». Je ne l'intègre plus<br />

en tant qu'individu avec <strong>de</strong>s qualités,<br />

je lui prépare un cocon, voire un<br />

ghetto. Pensons à <strong>la</strong> question <strong>de</strong>s<br />

« quotas d'handicapés » : en Belgique,<br />

dans <strong>la</strong> fonction publique au niveau<br />

fédéral, <strong>la</strong> loi impose 2% <strong>de</strong> personnes<br />

handicapées. Ces personnes vont-elles<br />

être engagées pour leurs compétences<br />

ou pour atteindre le quota ? Va-t-on<br />

leur donner du travail ou les <strong>la</strong>isser sur<br />

le côté ? En tout cas, on aura bonne<br />

conscience...<br />

|<strong>la</strong> peur <strong>de</strong> sa vie... 37


|<strong>la</strong> peur <strong>de</strong> sa vie...<br />

38<br />

« Ce qui empêche les gens <strong>de</strong> vivre ensemble,<br />

c'est leur connerie, pas leurs différences... »<br />

(Anna GAVALDA)<br />

La question <strong>de</strong> l'intégration se pose aussi du côté... <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

personne handicapée ! Elle aussi se trouve face à un mon<strong>de</strong><br />

différent, voire effrayant... C'est un mon<strong>de</strong> rempli<br />

d'obstacles et <strong>de</strong> dangers supplémentaires liés au handicap,<br />

mais c'est aussi un mon<strong>de</strong> qui fonctionne selon <strong>de</strong>s règles<br />

différentes (vitesse, autonomie, rentabilité, responsabilité,<br />

communication, technologies nouvelles...) Elle doit, non<br />

seulement, accepter son handicap, mais elle doit aussi faire<br />

le <strong>de</strong>uil <strong>de</strong> ses rêves, <strong>de</strong> ses attentes, d'une vie « normale ».<br />

Si elle s'intègre, ce sera après être passée par une reconnaissance,<br />

éventuellement officielle, légale, <strong>de</strong> son handicap,<br />

donc par une affirmation <strong>de</strong> sa différence. Il ne lui sera<br />

guère possible <strong>de</strong> rejoindre <strong>la</strong> « normalité », ne fût-ce qu'en<br />

apparence.


Au royaume <strong>de</strong>s aveugles...<br />

L'acuité visuelle et le champ périphérique <strong>la</strong>rge ne sont pas donnés à <strong>la</strong> naissance. Le<br />

bébé, à <strong>la</strong> naissance, a un champ visuel <strong>de</strong> 25 °. À 6 mois, son acuité visuelle est <strong>de</strong> 1/30 et son<br />

champ périphérique s'est é<strong>la</strong>rgi à 150 °. L'enfant atteint une acuité visuelle <strong>de</strong> 10/10 à l'âge <strong>de</strong><br />

6 ans. C'est pourquoi le petit enfant va connaître les objets d'abord en les touchant (perception<br />

tactile) avant <strong>de</strong> les voir (perception visuelle).<br />

C'est dire l'importance <strong>de</strong> <strong>la</strong> manipu<strong>la</strong>tion dans <strong>la</strong> jeune enfance.<br />

On distingue 3 sortes <strong>de</strong> causes du handicap visuel qui peut être partiel, total ou<br />

évolutif :<br />

- <strong>la</strong> mauvaise transmission du rayon lumineux...<br />

...par opacité <strong>de</strong> <strong>la</strong> cornée (g<strong>la</strong>ucome)<br />

...par opacité du cristallin (cataracte)<br />

...par d'autres anomalies fonctionnelles <strong>de</strong> l'avant <strong>de</strong> l'œil (ex : <strong>la</strong> pupille décentrée)<br />

- <strong>la</strong> réception déficiente <strong>de</strong>s images : englobe toutes les ma<strong>la</strong>dies <strong>de</strong> <strong>la</strong> rétine<br />

- le décodage défectueux <strong>de</strong>s informations : ma<strong>la</strong>dies d'origine corticale suite à <strong>de</strong>s traumatismes<br />

(acci<strong>de</strong>nts, tumeur, méningite...)<br />

On distingue habituellement les amblyopes (ou malvoyants) et les aveugles, et parmi<br />

eux, une distinction est encore faite entre les aveugles <strong>de</strong> naissance et les aveugles tardifs.<br />

Remarque : certaines ma<strong>la</strong>dies comme <strong>la</strong> cataracte ou certaines ma<strong>la</strong>dies dégénératives <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

rétine s'accompagnent d'un nystagmus (petits mouvements involontaires et saccadés <strong>de</strong>s<br />

yeux) et/ou d'un strabisme.<br />

La Ligue Braille nous a permis d'inclure ici schémas et photos provenant <strong>de</strong> leur fascicule<br />

d'information sur les différentes « malvoyances » liées aux ma<strong>la</strong>dies.<br />

1. cristallin 6. nerf ocu<strong>la</strong>ire<br />

2. pupille 7. centre <strong>de</strong> <strong>la</strong> rétine<br />

3. iris 8. rétine<br />

4. cornée 9. choroï<strong>de</strong><br />

5. muscle 10. sclérotique<br />

ciliaire 11. muscle <strong>de</strong> l'oeil<br />

|au royaume <strong>de</strong>s aveugles... 39


|au royaume <strong>de</strong>s aveugles...<br />

40<br />

Décollement <strong>de</strong> rétine<br />

Rétinite pigmentaire<br />

Rétinite diabétique


G<strong>la</strong>ucome<br />

Myopie forte<br />

Cataracte<br />

|au royaume <strong>de</strong>s aveugles... 41


|au royaume <strong>de</strong>s aveugles...<br />

42<br />

Les amblyopes<br />

Les enfants amblyopes sont souvent tendus car fatigués par les efforts d'adaptation<br />

<strong>de</strong> l'œil. On les dit instables, peu motivés, alors qu'ils doivent être aidés moralement et<br />

techniquement.<br />

Les amblyopes se p<strong>la</strong>ignent souvent <strong>de</strong> ma<strong>la</strong>ises, comme maux <strong>de</strong> tête, nervosité,<br />

troubles gastro-intestinaux, tachycardie, vertiges... Il faut savoir que le muscle ciliaire<br />

(muscle lisse) surmené a besoin <strong>de</strong> 2 ou 3 cycles <strong>de</strong> sommeil pour récupérer. L'intégration<br />

cérébrale <strong>de</strong>s muscles lisses (cœur, poumons, muscles <strong>de</strong>s vaisseaux...) provoque <strong>de</strong>s<br />

troubles fonctionnels au niveau <strong>de</strong>s autres muscles lisses si l'un <strong>de</strong> ceux-ci, le ciliaire par<br />

exemple, est surmené. Il faut savoir aussi qu'une émotion négative (crainte, angoisse...)<br />

perturbe toutes les fonctions sanguines et autres et donc <strong>la</strong> perception visuelle. C'est un<br />

cercle vicieux...<br />

On rencontre souvent les <strong>de</strong>ux réactions psychologiques opposées <strong>de</strong> <strong>la</strong> part du<br />

handicapé visuel qui se découvre :<br />

- le refus (ou <strong>la</strong> mauvaise acceptation) du handicap qui peut conduire le sujet à cacher ses<br />

difficultés, à les contourner, à crâner et refuser les ai<strong>de</strong>s qu'on lui propose. Rapi<strong>de</strong>ment, il<br />

va perdre confiance en lui, déprimer, être constamment en échec et fuir les difficultés (et<br />

aussi les progrès possibles)<br />

ou<br />

- <strong>la</strong> mise en évi<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> ses incapacités, leur exagération et donc « l'aveuglement » afin <strong>de</strong><br />

refuser l'effort que <strong>de</strong>man<strong>de</strong> l'utilisation du résidu visuel alors qu'il faudrait <strong>la</strong> stimuler afin<br />

d'entretenir actifs et performants les réflexes <strong>de</strong> traduction et <strong>de</strong> décodage du cerveau.<br />

Les recherches et les pratiques mo<strong>de</strong>rnes montrent que <strong>la</strong> préservation <strong>de</strong> <strong>la</strong> vue<br />

déficiente peut être remise en cause par sa simple non-utilisation.<br />

Pour percevoir un objet, l'amblyope utilise...<br />

Les stratégies<br />

- <strong>de</strong>s stratégies extravisuelles :<br />

Par exemple, il va conjuguer <strong>la</strong> perception visuelle réduite à une perception tactile et/ou<br />

auditive et son cerveau va faire <strong>la</strong> synthèse pour i<strong>de</strong>ntifier l'objet.<br />

- <strong>de</strong>s suppléances intravisuelles :<br />

La vision est intelligente. Elle « s'apprend ». La perception est essentiellement liée à <strong>la</strong><br />

mémoire, aux expériences antérieures. Lorsque le cerveau regar<strong>de</strong>, il i<strong>de</strong>ntifie ce qu'il<br />

perçoit par rapport à une image préexistante dans son stock, dans son « ordinateur ».<br />

La motivation ou <strong>la</strong> volonté <strong>de</strong> voir est primordiale. Le pire pour un amblyope est <strong>de</strong><br />

« s'aveugliser », <strong>de</strong> renoncer à connaître le réel visuel auquel il peut encore accé<strong>de</strong>r. Il<br />

convient donc <strong>de</strong> valoriser ses efforts visuels et <strong>de</strong> vérifier ses perceptions.


La vue intelligente !<br />

Depuis quelques années, ce texte-ci (ou une variante dans une autre <strong>la</strong>ngue) circule<br />

sur Internet. C'est un texte fictif (et amusant...), mais il met en évi<strong>de</strong>nce <strong>de</strong>s mécanismes<br />

mentaux intéressants, notamment étudiés par Graham RAWLINSON dans sa thèse The<br />

significance of letter position in word recognition (1976)...<br />

Sleon une édtue <strong>de</strong> lUvinertisé <strong>de</strong> Cmabrig<strong>de</strong>, l'odrre <strong>de</strong>s ltteers dans un mot n'a pas<br />

d'ipmrotncae, <strong>la</strong> suele coshe ipmrotnate est que <strong>la</strong> pmeirère et <strong>la</strong> drenèire soeint à <strong>la</strong> bnnoe<br />

pc<strong>la</strong>e. Le rsete peut êrte dans un dséror<strong>de</strong> ttoal et vuos puoevz tujoruos lrie snas prolbème.<br />

C'est prace que le creaveu hmauin ne lit pas chuaqe ltetre elle-mmêe, mias le mot cmome un<br />

tuot.<br />

La peruve...<br />

Arlos ne veenz puls m'ebêmetr aevc les croerticons otrahhgropqiues.<br />

(Pour en savoir plus : http://www.mrc-cbu.cam.ac.uk/~mattd/Cmabrig<strong>de</strong>/)<br />

Les aveugles<br />

Les aveugles légaux sont ceux qui ont une acuité visuelle <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> 1/20 avec<br />

correction.<br />

La vision permet une préhension lointaine et globale <strong>de</strong>s objets tandis que le toucher<br />

dévoile l'objet <strong>de</strong> façon discontinue et partielle ; il nécessite donc une synthèse du cerveau et<br />

donc un effort mental, du temps et une certaine fatigue. Les parties du corps les plus sensibles<br />

sont <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue et <strong>la</strong> pulpe <strong>de</strong>s doigts. Il faut savoir que les mains froi<strong>de</strong>s, les durillons, <strong>la</strong><br />

fatigue ren<strong>de</strong>nt <strong>la</strong> palpation moins performante. Il y a aussi <strong>la</strong> peur du toucher, liée à certaines<br />

expériences antérieures désagréables. Le toucher est alors vécu comme une agression.<br />

L'aveugle <strong>de</strong> naissance ne raisonne pas ses palpations ; c'est son mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> perception<br />

<strong>de</strong>puis sa naissance. Il a une gran<strong>de</strong> facilité à synthétiser, surtout si on a favorisé l'exploration<br />

<strong>de</strong> ce qui l'entoure <strong>de</strong>puis son enfance et qu'on lui a permis (qu'on l'a encouragé même...) à<br />

faire <strong>la</strong> synthèse orale <strong>de</strong> ses expériences tactiles. Chez l'aveugle, c'est le co<strong>de</strong> verbal qui fait<br />

<strong>la</strong> synthèse. L'image mentale peut être très différente <strong>de</strong> <strong>la</strong> réalité. On pourrait l'imaginer sous<br />

forme <strong>de</strong> schèmes ou <strong>de</strong> logos. Ces images mettent en évi<strong>de</strong>nce les caractéristiques principales<br />

dont il a connaissance. Le cerveau enregistre <strong>la</strong> synthèse.<br />

La <strong>la</strong>téralisation est une acquisition très importante pour l'aveugle ; elle s'impose<br />

pour écrire et lire. Par contre <strong>la</strong> notion <strong>de</strong> perspective lui échappe complètement.<br />

L'aveugle tardif a un espace plus proche <strong>de</strong> celui du malvoyant que <strong>de</strong> celui <strong>de</strong><br />

l'aveugle <strong>de</strong> naissance ; il est limité aux nécessités <strong>de</strong> se dép<strong>la</strong>cer, <strong>de</strong> s'orienter. Son cerveau<br />

est déjà empreint d'images visuelles réelles et son exploration est à <strong>la</strong> recherche d'objets<br />

connus. Les nouveaux objets seront sans cesse comparés aux images qu'il a en stock jusqu'à<br />

ce qu'il apprenne à compenser les souvenirs par une nouvelle image.<br />

Pour l'aveugle, il y a trois espaces :<br />

- l'espace rapproché : palpable avec les mains et les doigts ;<br />

- l'espace brachial : explorable avec les bras ;<br />

- l'espace éloigné : l'horizon <strong>de</strong> l'aveugle est plus proche que le nôtre mais il peut « sentir »<br />

l'espace autrement par l'ouïe, les sensations tactiles (souffle <strong>de</strong> vent, écho...)<br />

|au royaume <strong>de</strong>s aveugles... 43


|une lueur dans <strong>la</strong> nuit<br />

44<br />

Une lueur dans <strong>la</strong> nuit (ALCANTE & DJIEF)<br />

(SPIROU Magazine 3470 du 13 octobre 2004)


|une lueur dans <strong>la</strong> nuit 45


|une lueur dans <strong>la</strong> nuit<br />

46


Les ai<strong>de</strong>s techniques<br />

Le braille<br />

Comme on l'a vu dans « Une lueur dans <strong>la</strong> nuit », Louis BRAILLE était un génie ! Il<br />

a découvert que <strong>la</strong> surface sensible d'un seul doigt pouvait percevoir plus facilement <strong>de</strong>s<br />

points en relief que <strong>de</strong>s traits. C'est ce qui l'a amené à découvrir les 63 combinaisons possibles<br />

avec 6 points seulement. Il en avait plus qu'assez pour définir un alphabet. Cet alphabet<br />

s'est perfectionné au cours <strong>de</strong>s années et s'est complété avec les chiffres, les signes <strong>de</strong><br />

ponctuation, les opérateurs mathématiques, les notes <strong>de</strong> musique... Les six points utilisés<br />

occupent exactement <strong>la</strong> surface <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>rnière pha<strong>la</strong>nge <strong>de</strong> l'in<strong>de</strong>x (le doigt le plus souvent<br />

utilisé). Pour les désigner on leur a donné un numéro :<br />

1 é4<br />

2 5<br />

3 6<br />

Les lettres utiles en français (lettres accentuées comprises) sont au nombre <strong>de</strong> 40.<br />

Pour en faciliter <strong>la</strong> mémorisation, elles sont énumérées dans un ordre logique sur 4 lignes <strong>de</strong><br />

10 signes.<br />

La première ligne est représentée par <strong>de</strong>s combinaisons différentes <strong>de</strong>s 4 points supérieurs<br />

(1, 2, 4, 5)<br />

a b c d e f g h i j<br />

a b c d e f g h i j<br />

La <strong>de</strong>uxième ligne reprend les mêmes points en y ajoutant le point 3.<br />

k l m n o p q r s t<br />

k l m n o p q r s t<br />

La troisième ligne reprend les mêmes points que <strong>la</strong> première en y ajoutant les 2 points<br />

inférieurs (3 et 6).<br />

u v x y z ç é à è ù<br />

u v x y z ç é à è ù<br />

La quatrième ligne reprend les mêmes points que <strong>la</strong> première en y ajoutant le point 6.<br />

â ê î ô û ë ï ü œ w<br />

â ê î ô û ë ï ü œ w<br />

Remarquons encore que le w n'est pas à sa p<strong>la</strong>ce dans l'alphabet mais apparaît en fin <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

quatrième ligne. Pourquoi ? Louis BRAILLE l'aurait-il oublié parce qu'il est peu utilisé en<br />

français ? On n'en sait rien !<br />

Aujourd'hui, les pays francophones ont créé <strong>de</strong>s commissions qui tentent<br />

d'uniformiser le co<strong>de</strong> braille en français.<br />

|les ai<strong>de</strong>s techniques 47


|les ai<strong>de</strong>s techniques<br />

48<br />

Les supports du braille<br />

Les outils d'écriture du braille ont, eux aussi, évolué.<br />

La tablette utilisée jusqu'au début du siècle <strong>de</strong>rnier est constituée<br />

d'un cadre métallique creusé <strong>de</strong> trous en lignes représentant toutes<br />

les possibilités d'une ligne braille. Une réglette mobile trouée <strong>de</strong>s<br />

mêmes creux permet <strong>de</strong> repousser à l'ai<strong>de</strong> d'un poinçon le papier<br />

p<strong>la</strong>cé entre le cadre et <strong>la</strong> réglette. Ce système présente<br />

l'inconvénient que les points repoussés doivent se lire au verso, et<br />

donc qu'on doit écrire <strong>de</strong> droite à gauche pour lire <strong>de</strong> gauche à<br />

droite, et que l'alphabet d'écriture est à l'inverse <strong>de</strong> l'alphabet <strong>de</strong><br />

lecture. La lettre m par exemple se lit m(134)<br />

mais doit s'écrire<br />

3(146).<br />

La tablette est encore utilisée par certains aveugles car elle<br />

peut être transportée facilement dans une poche.<br />

Aujourd'hui, les petits écoliers aveugles apprennent<br />

le braille en tapant sur une machine braille<br />

mécanique. Elle comprend 6 touches (correspondant<br />

chacune à un <strong>de</strong>s six points) plus une touche<br />

pour l'espacement. Cette machine permet <strong>de</strong> lire le<br />

texte qu'on est en train <strong>de</strong> taper directement.<br />

Depuis quelques décennies, les informaticiens ont mis au point <strong>de</strong>s systèmes <strong>de</strong> lecture du<br />

braille sur <strong>de</strong>s ordinateurs. Il s'agit <strong>de</strong> <strong>la</strong> « barrette braille » : fenêtre tactile qui relève <strong>de</strong>s<br />

pointes correspondant aux points du<br />

braille. L'aveugle peut donc taper sur un<br />

c<strong>la</strong>vier normal d'ordinateur (ou par<br />

l'intermédiaire d'un c<strong>la</strong>vier braille à 6<br />

touches) et lire dans <strong>la</strong> barrette ce qu'il a<br />

écrit. Il a ainsi accès à Internet, peut<br />

envoyer et recevoir <strong>de</strong>s mails, visiter <strong>de</strong>s<br />

sites (pour autant qu'ils respectent certaines<br />

normes d'accessibilité). Certains ordinateurs<br />

peuvent aussi être munis d'une<br />

synthèse vocale qui traduit oralement les<br />

fonctions, les textes...


Pour le calcul, on utilise le cubarithme. Il s'agit d'un cadre<br />

quadrillé <strong>de</strong> creux en forme <strong>de</strong> cubes, prêts à recevoir <strong>de</strong> petits<br />

dés dont les 6 faces sont marquées <strong>de</strong> 0, 1, 2, 3 ou 4 points en<br />

relief. Ces faces permettent d'écrire les 10 chiffres :<br />

a b c d e f g h i j<br />

1 2 3 4 5 6 7 8 9 0<br />

Remarquons que <strong>la</strong> face qui fait apparaître le 2 permet aussi d'écrire 3 en <strong>la</strong> positionnant<br />

autrement. La face qui permet d'écrire 4 sert aussi à écrire 8 et 0. La face qui écrit 5 écrit<br />

aussi 9. Les 6 faces sont donc...<br />

pas <strong>de</strong> point (pour <strong>la</strong> virgule) ; 1 point pour 1 ; 2 points en ligne pour 2 et 3 ; 2 points en<br />

diagonale pour 5 et 9 ; 3 points pour 4, 6, 8 et 0 et 4 points pour 7. Les chiffres se p<strong>la</strong>cent dans<br />

le cadre comme les chiffres en calcul écrit... pour les voyants.<br />

Il existe <strong>de</strong>puis quelques années <strong>de</strong>s calcu<strong>la</strong>trices par<strong>la</strong>ntes non scientifiques et<br />

scientifiques.<br />

Notons qu'il existe aussi <strong>de</strong>s p<strong>la</strong>nches à <strong>de</strong>ssin, <strong>la</strong>ttes, équerres, compas, rapporteurs<br />

en relief dans les magasins spécialisés comme celui <strong>de</strong> <strong>la</strong> Ligue Braille. Toutes ces techniques<br />

exigent bien sûr, <strong>de</strong>s apprentissages en enseignement spécialisé.<br />

Pour les malvoyants, il existe aussi du matériel adapté qui<br />

facilite <strong>la</strong> lecture du « voyant » (ou écriture en noir), nous<br />

citerons : <strong>la</strong> loupe qui grossit les textes imprimés, <strong>la</strong> TV<br />

loupe qui permet d'agrandir sur un écran les textes p<strong>la</strong>cés sur<br />

une tablette mobile (comme un rétroprojecteur), les livres<br />

audio-cassettes qui sont <strong>de</strong>s enregistrements <strong>de</strong> livres sur<br />

cassettes audio disponibles dans les bibliothèques spécialisées<br />

à <strong>la</strong> Ligue Braille et à l'ONA (Œuvre Nationale <strong>de</strong>s<br />

Aveugles). Les livres en grands caractères sont <strong>de</strong>s livres<br />

imprimés dans un style typographique simple, en gras et en<br />

agrandi ; on en trouve dans toutes les gran<strong>de</strong>s bibliothèques<br />

du pays.<br />

Depuis quelques années, un nouvel appareil est apparu : le système DAISY (Digital<br />

Accessible Information System), qui se base sur un lecteur <strong>de</strong> CD portable. L'aveugle ou le<br />

malvoyant peut écouter un livre enregistré au format MP3 et, gros avantage sur les cassettes<br />

audio, « naviguer » dans ce livre grâce à quelques touches simples : changer <strong>de</strong> chapitre,<br />

consulter <strong>la</strong> table <strong>de</strong>s matières, p<strong>la</strong>cer un « signet »... La capacité <strong>de</strong> stockage permet <strong>de</strong> faire<br />

tenir près <strong>de</strong> 40 heures <strong>de</strong> lecture sur un seul disque, ce qui facilite le stockage et <strong>la</strong> manipu<strong>la</strong>tion.<br />

|les ai<strong>de</strong>s techniques 49


|les ai<strong>de</strong>s techniques<br />

50<br />

Prends ton alphabet en braille.<br />

1. Quelle est <strong>la</strong> lettre qui utilise le plus <strong>de</strong> points ?<br />

2. Combien <strong>de</strong> lettres utilisent seulement 2 points ?<br />

Jouons avec le braille !<br />

3. Observe que les lettres z et è se ressemblent, c'est-à-dire que l'une est l'image <strong>de</strong> l'autre<br />

dans un miroir. On dit qu'elles présentent une symétrie. Trouve d'autres paires <strong>de</strong> lettres<br />

symétriques dans l'alphabet.<br />

4. Quelle lettre emploierais-tu pour <strong>de</strong>ssiner une ligne horizontale ?<br />

5. Pour <strong>de</strong>ssiner une ligne verticale ?<br />

6. Quelles lettres emploierais-tu pour <strong>de</strong>ssiner les coins d'un rectangle ?<br />

- en haut à gauche :<br />

- en haut à droite :<br />

- en bas à gauche :<br />

- en bas à droite :<br />

7. Amuse-toi à traduire le texte suivant :<br />

|bonjour, moi, je<br />

m'appelle |émilie.<br />

|et toi?<br />

8. Essaie d'écrire ton prénom en braille en hachurant les points nécessaires dans <strong>la</strong> ligne<br />

ci-<strong>de</strong>ssous :<br />

éééééééééééééééééééééééé


Réponses<br />

é<br />

1. Le é utilise les 6 points .<br />

2. 6 lettres utilisent 2 points, il s'agit...<br />

b c e i k â<br />

...du b , du c , du e , du i , du k et du â .<br />

3. Quelques paires <strong>de</strong> lettres symétriques :<br />

d f e i h j m î p ô<br />

r w s û y ç à ù z è<br />

d et f ; e et i ; h et j ; m et î ; p et ô ;<br />

r et w ; s et û ; y et ç ; à et ù ; z et è ...<br />

4. Pour <strong>de</strong>ssiner une ligne horizontale, j'utilise <strong>la</strong> lettre c :<br />

5. Une ligne verticale, <strong>la</strong> lettre l :<br />

l<br />

l<br />

l<br />

6. Pour les coins d'un rectangle : <strong>la</strong> lettre p en haut à gauche, <strong>la</strong> lettre ô en haut à droite, <strong>la</strong><br />

lettre v en bas à gauche et le signe 0 en bas à droite :<br />

7. Bonjour, moi, je m'appelle <strong>Émilie</strong>. Et toi?<br />

pô<br />

v0<br />

ccccccc<br />

|les ai<strong>de</strong>s techniques<br />

51


|les dép<strong>la</strong>cements<br />

52<br />

Les dép<strong>la</strong>cements<br />

Pour leurs dép<strong>la</strong>cements, les aveugles utilisent une canne b<strong>la</strong>nche qui a <strong>de</strong>ux fonctions<br />

: <strong>la</strong> première est d'attirer l'attention <strong>de</strong>s autres personnes sur leurs difficultés ; <strong>la</strong><br />

secon<strong>de</strong> est <strong>de</strong> leur permettre <strong>de</strong> repérer les obstacles et <strong>de</strong> retrouver leurs repères par un<br />

ba<strong>la</strong>yage <strong>de</strong> <strong>la</strong> canne <strong>de</strong> gauche à droite et <strong>de</strong> droite à gauche.<br />

Le chien-gui<strong>de</strong> est un chien<br />

spécialement dressé pour gui<strong>de</strong>r<br />

son maître ayant une déficience<br />

visuelle. Les chiens sont daltoniens.<br />

Ils ne s'arrêtent pas parce<br />

que le feu est rouge, mais parce<br />

qu'ils ont appris à s'arrêter à tous<br />

les coins <strong>de</strong> rue, à s'asseoir en<br />

travers <strong>de</strong> leur maître et à évaluer<br />

le moyen <strong>de</strong> détourner l'obstacle<br />

ou d'attendre l'occasion <strong>de</strong><br />

traverser. Le chien-gui<strong>de</strong> doit<br />

porter un harnais spécial muni d'une bri<strong>de</strong> en forme <strong>de</strong> « U » que le propriétaire doit tenir<br />

dans <strong>la</strong> main gauche. Le harnais signifie que le chien travaille. Sans le harnais, le chien<br />

re<strong>de</strong>vient aussitôt un animal <strong>de</strong> compagnie.<br />

Depuis 1990, l'asbl Scale Dogs met gratuitement <strong>de</strong>s chiens-gui<strong>de</strong>s à disposition <strong>de</strong>s<br />

aveugles et malvoyants.<br />

Comment un chiot <strong>de</strong>vient-il chien-gui<strong>de</strong> et que doit faire le chien-gui<strong>de</strong> pour son maître ?<br />

Nous travaillons essentiellement avec <strong>de</strong>s <strong>la</strong>brador retrievers ou <strong>de</strong>s gol<strong>de</strong>n retrievers.<br />

Nos chiots sont sélectionnés lorsqu'ils ont 7 semaines et p<strong>la</strong>cés chez leurs familles<br />

d'accueil une semaine plus tard. Pendant l'année où le chiot vit chez sa famille d'accueil, il<br />

<strong>de</strong>vra se familiariser avec toutes les facettes <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie afin <strong>de</strong> se sentir à l'aise dans les situations<br />

les plus diverses, apprendra à se comporter comme un parfait chien <strong>de</strong> famille et<br />

recevra une éducation <strong>de</strong> base.<br />

Les familles d'accueil sont <strong>de</strong>s bénévoles qui disposent d'assez <strong>de</strong> temps libre pour se<br />

charger <strong>de</strong> <strong>la</strong> socialisation et <strong>de</strong> l'éducation du chiot et pour qui <strong>de</strong>s dép<strong>la</strong>cements avec le<br />

chiot afin <strong>de</strong> le socialiser ne posent pas <strong>de</strong> problème, disposant d'un environnement favorable<br />

pour le chiot, n'ayant pas d'enfants en <strong>de</strong>ssous <strong>de</strong> l'âge <strong>de</strong> 5 ans. D'autres chiens ne sont<br />

pas un obstacle, à condition qu'ils soient bien élevés et d'autres animaux sont les bienvenus.


Lorsque le jeune chien a environ 14 mois et après avoir passé un examen médical, il<br />

revient au centre <strong>de</strong> formation où il suit sa formation « professionnelle » afin <strong>de</strong> <strong>de</strong>venir un<br />

vrai gui<strong>de</strong>. Il apprend à évaluer les obstacles et à les contourner avec son maître, à retrouver<br />

les passages pour piétons, portes, escaliers, esca<strong>la</strong>tors..., à s'arrêter <strong>de</strong>vant les bordures,<br />

escaliers, dénivel<strong>la</strong>tions..., à ne pas se <strong>la</strong>isser distraire pendant son travail, à comprendre une<br />

quarantaine <strong>de</strong> comman<strong>de</strong>s, mais également à refuser d'exécuter une comman<strong>de</strong> si celle-ci<br />

est dangereuse, à voyager calmement quel que soit le moyen <strong>de</strong> transport utilisé, à rester<br />

calmement en p<strong>la</strong>ce au lieu désigné par son maître. Cette formation dure environ 10 mois.<br />

À l'issue <strong>de</strong> sa formation, Scale Dogs aura déterminé qui sera le futur maître du chien<br />

car nous essayons <strong>de</strong> choisir le chien en fonction <strong>de</strong>s <strong>de</strong>si<strong>de</strong>rata <strong>de</strong> mobilité et <strong>de</strong>s possibilités<br />

du candidat, tout en tenant compte du caractère et <strong>de</strong>s besoins du chien. La formation du futur<br />

maître avec le chien dure en moyenne 3 à 4 semaines et se déroule essentiellement dans<br />

l'environnement privé et professionnel <strong>de</strong> l'aveugle ou du malvoyant.<br />

route<strong>de</strong>MontSaint-Jean2<br />

1170Bruxelles<br />

Tél.02/660.77.56<br />

info@scaledogs.be<br />

|les dép<strong>la</strong>cements 53


|sports et loisirs<br />

54<br />

Le sport<br />

Par exemple, le torbal...<br />

C'est un sport spécialement mis au point pour les handicapés visuels (malvoyants et<br />

aveugles). Ce sport se pratique toujours en salle.<br />

Le torbal est joué par 2 équipes <strong>de</strong> 3 joueurs qui<br />

prennent p<strong>la</strong>ce sur 3 tapis d'orientation disposés<br />

en quinconce. Une précision importante : tous<br />

les joueurs sont équipés d'un ban<strong>de</strong>au opaque<br />

sur les yeux, ce qui permet à quiconque <strong>de</strong> jouer<br />

sans pour autant être avantagé visuellement. Les<br />

<strong>de</strong>ux mi-temps qui limitent les parties ont une<br />

durée <strong>de</strong> 5 minutes chacune.<br />

Le jeu consiste pour chaque équipe :<br />

- en attaque, à faire rouler <strong>la</strong> balle équipée <strong>de</strong> grelots jusqu'au but adverse sans qu' il touche<br />

un seul <strong>de</strong>s fils centraux ;<br />

- en défense, à empêcher le ballon <strong>de</strong> pénétrer dans son but en se couchant sur le côté pour<br />

former un mur.<br />

Le torbal est un sport rapi<strong>de</strong> et éprouvant sur le p<strong>la</strong>n nerveux et requiert <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s<br />

qualités auditives et <strong>de</strong> vivacité .<br />

...ou le cécifoot<br />

Le cécifoot est un jeu <strong>de</strong> ballon simi<strong>la</strong>ire au football, mais qui est pratiqué par <strong>de</strong>s<br />

joueurs malvoyants, non voyants ou bien voyants. Il s'agit donc d'une activité d'intégration et<br />

non d'un sport réservé uniquement aux personnes déficientes visuelles.<br />

Les règles générales du football sont d'application mais afin <strong>de</strong> tenir compte <strong>de</strong> <strong>la</strong> déficience<br />

sensorielle <strong>de</strong>s participants, certaines règles ont été modifiées :<br />

- <strong>la</strong> position <strong>de</strong> hors-jeu n'est pas pénalisée,<br />

- les cris ou bruits émis pour perturber l'adversaire sont considérés comme <strong>de</strong>s fautes,<br />

- le signalement se fait en tapant dans les mains ou en s'appe<strong>la</strong>nt,<br />

- <strong>la</strong> durée d'un match : <strong>de</strong>ux mi-temps <strong>de</strong> 20 minutes.<br />

Le cécifoot se joue à 5 par équipe, quatre joueurs <strong>de</strong> champ et un gardien. Il est<br />

possible grâce à certaines adaptations matérielles :<br />

- un ballon sonore à grelots,<br />

- un dispositif sonore permettant <strong>de</strong> repérer les goals,<br />

- un ban<strong>de</strong>au à p<strong>la</strong>cer sur les yeux <strong>de</strong> chaque joueur, mettant tous les participants à égalité sur<br />

le p<strong>la</strong>n visuel,<br />

- éventuellement <strong>de</strong>s ficelles à grelots, permettant <strong>de</strong> délimiter l'aire <strong>de</strong> jeu,<br />

- une réduction <strong>de</strong> l'espace : il se pratique généralement sur un terrain <strong>de</strong> handball ou tout<br />

terrain d'environ 50 m <strong>de</strong> long et <strong>de</strong> 25 à 30 m <strong>de</strong> <strong>la</strong>rge.


Les jeux <strong>de</strong> société<br />

Le marché ne proposant qu'une sélection restreinte par rapport au grand public, les<br />

jeux adaptés se trouvent plutôt dans les ludothèques spécialisées. Ces jeux sont <strong>de</strong>s créations<br />

ou <strong>de</strong>s adaptations. Néanmoins, les nouvelles technologies <strong>de</strong> fabrication et l'évolution <strong>de</strong>s<br />

matériaux utilisés permettent aux producteurs <strong>de</strong> jouets d'offrir un éventail <strong>de</strong> plus en plus<br />

<strong>la</strong>rge, nous permettant ainsi <strong>de</strong> les proposer aux enfants déficients.<br />

La réflexion <strong>de</strong> travail <strong>de</strong>s ludothèques<br />

adaptées est axée sur l'accessibilité <strong>de</strong>s jeux<br />

aux personnes handicapées, le jeu étant<br />

indispensable au développement moteur,<br />

psychologique et intellectuel <strong>de</strong> tous les<br />

enfants. Le p<strong>la</strong>isir <strong>de</strong> jouer est dès lors<br />

primordial pour les enfants et surtout pour<br />

ceux qui n'ont pas une possibilité<br />

d'utilisation aisée. En effet, chacun ne<br />

dispose pas <strong>de</strong> <strong>la</strong> même capacité <strong>de</strong> percevoir, d'agir ou <strong>de</strong> comprendre afin d'apprécier les<br />

qualités du mon<strong>de</strong> sensoriel, <strong>de</strong> produire les effets amusants ou d'agencer ses idées pour<br />

profiter pleinement <strong>de</strong>s joies que procure l'univers du jeu.<br />

Les recherches portant sur le développement <strong>de</strong> l'enfant mettent en évi<strong>de</strong>nce<br />

l'importance <strong>de</strong>s couleurs, <strong>de</strong>s formes et <strong>de</strong>s mouvements dans son environnement. Le choix<br />

du matériel ludique se pose dans ces trois axes en y mê<strong>la</strong>nt les apports cognitifs.<br />

pas.<br />

Ce choix se pose différemment en fonction d' un enfant qui voit mal ou qui ne voit<br />

Pour un enfant qui voit mal, les<br />

jouets <strong>de</strong>vront être assez gros, avec<br />

<strong>de</strong>s contours nets ayant <strong>de</strong>s couleurs<br />

contrastées ; un apport sonore est un<br />

plus. Tout ceci en réunissant <strong>de</strong><br />

bonnes stimu<strong>la</strong>tions visuelles. Par<br />

exemple, une forme b<strong>la</strong>nche<br />

apparaît plus b<strong>la</strong>nche sur un fond<br />

noir que sur un fond gris. Pour les<br />

jeux <strong>de</strong> p<strong>la</strong>teaux, les critères sont <strong>de</strong><br />

bons contrastes avec <strong>de</strong>s repères et<br />

<strong>de</strong>s stimu<strong>la</strong>nts visuels.<br />

Pour un enfant qui ne voit pas, ce qui est important, ce sont les caractéristiques<br />

sensorielles : les o<strong>de</strong>urs, les textures, les reliefs, les consistances, les formes, les vibrations...<br />

Un jouet ou un jeu sera donc choisi en fonction d'un <strong>de</strong> ces critères.<br />

Les incontournables du marché<br />

Othello, Scrabble, Puissance 4, Échecs, Dames, Abalone... Ces jeux c<strong>la</strong>ssiques sont<br />

adaptés et mis en vente à <strong>la</strong> Ligue Braille. D'autres initiatives : Tactiforme, Trépanum,<br />

Domino tactile... chez Nathan.<br />

Des firmes plus spécialisées ?<br />

Visitez les sites www.nenko.info et www.wesco.cammaert.be<br />

|sports et loisirs 55


|sports et loisirs<br />

56<br />

Les livres pour enfants<br />

Il existe plusieurs procédés <strong>de</strong> <strong>de</strong>ssin en relief dont le thermoformage (principe <strong>de</strong><br />

gaufrage sur p<strong>la</strong>stique), le thermogonf<strong>la</strong>ge (technique <strong>de</strong> gonf<strong>la</strong>ge <strong>de</strong>s traits noirs sous l'effet<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> chaleur). Ces techniques permettent d'offrir <strong>de</strong>s supports en relief sans caractéristiques<br />

sensorielles.<br />

Ensuite vient l'autre procédé, qui consiste à utiliser <strong>de</strong>s textures différentes (tissus,<br />

fourrure, papiers divers) pour réaliser <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ssins.<br />

Les points clés pour un album tactile sont :<br />

- <strong>de</strong>ux écritures en parallèle, le braille et le noir,<br />

- une marge suffisante,<br />

- une reliure permettant une ouverture totale et à<br />

l'horizontale,<br />

- <strong>de</strong>s illustrations en relief,<br />

- un format adapté (on privilégie le format paysage),<br />

- <strong>de</strong>s illustrations en couleurs (Même si ces livres sont<br />

<strong>de</strong>stinés aux enfants aveugles, il y a aussi les enfants<br />

malvoyants. Il faut donc mettre <strong>de</strong>s couleurs contrastées.)<br />

- <strong>la</strong> découverte et le p<strong>la</strong>isir.<br />

Pour les enfants en apprentissage <strong>de</strong> lecture, <strong>la</strong> maison d'éditions incontournable<br />

« Les Doigts Qui Rêvent » pour tous les enfants et plus spécifiquement pour les enfants<br />

déficients visuels, offre une sélection <strong>de</strong> livres tactiles magnifiques. Ceux-ci sont un excellent<br />

support pour l'approche du mon<strong>de</strong> sans les yeux. À découvrir sur le site : www.ldqr.org.<br />

Ces livres sont également en prêt à <strong>la</strong> ludothèque Oasis (IRSA) ou à <strong>la</strong> bibliothèque<br />

<strong>de</strong> l'O.N.A.<br />

Pour les plus grands, les périodiques édités chez<br />

Bayard Jeunesse : « J'aime lire », « Je<br />

Bouquine » et « Dlire » sont retranscrits en<br />

braille à l'O.N.A. Celle-ci, <strong>de</strong> même que <strong>la</strong><br />

bibliothèque <strong>de</strong> <strong>la</strong> Ligue Braille, offre également<br />

une sélection <strong>de</strong> livres braille et audio.


À toi <strong>de</strong> jouer...<br />

Adapte toi-même un jeu facile : le Puissance 4 !<br />

Voilà, à toi <strong>de</strong> jouer et... que le meilleur gagne !<br />

Sculpture nature<br />

Chaque joueur dispose d'une série <strong>de</strong> pions<br />

avec lesquels il doit réaliser un alignement <strong>de</strong><br />

quatre pions sur <strong>la</strong> grille, soit à l' horizontale,<br />

soit à <strong>la</strong> verticale, soit en diagonale. Pour<br />

pouvoir jouer avec un enfant déficient visuel,<br />

il suffit <strong>de</strong> trouer ou <strong>de</strong> coller une matière<br />

(tissu, papier émeri...) sur une <strong>de</strong>s séries. De<br />

cette manière ton adversaire pourra reconnaître<br />

avec ses doigts les pions qui lui appartiennent.<br />

Puzzle vertical : les pièces sont <strong>de</strong>s ron<strong>de</strong>lles percées qui s'enfilent sur<br />

une tige.<br />

Sur une ron<strong>de</strong>lle <strong>de</strong> tronc d'arbre qui constituera le socle, percer un<br />

trou, remplir <strong>de</strong> colle et y enfoncer une tige soli<strong>de</strong> (métal, portion <strong>de</strong><br />

grosse aiguille à tricoter...) Trouver une portion <strong>de</strong> tronc ou <strong>de</strong> grosse<br />

branche présentant <strong>de</strong> jolis <strong>de</strong>ssins naturels, <strong>la</strong> percer verticalement,<br />

d'un diamètre permettant l'enfi<strong>la</strong>ge sur <strong>la</strong> tige, puis <strong>la</strong> débiter en<br />

ron<strong>de</strong>lles.<br />

|sports et loisirs 57


|questions d'enfants<br />

58<br />

Comment peut-on reconnaître les autres ?<br />

Comment peut-on lire et écrire ?<br />

Les enfants qui ne voient pas apprennent-ils <strong>la</strong> même chose que nous à l'école ?<br />

Comment fait-on pour boire et manger ?<br />

Comment reconnaît-on les pièces <strong>de</strong> monnaie ?<br />

Questions d'enfants<br />

Un aveugle nous reconnaît d'après le son <strong>de</strong> notre voix, notre rire, mais aussi à l'o<strong>de</strong>ur<br />

<strong>de</strong> notre parfum et au toucher, par <strong>la</strong> reconnaissance <strong>de</strong> <strong>la</strong> main que nous lui donnons.<br />

Pour lire et écrire, un aveugle utilise le braille. Le braille est un alphabet en relief<br />

formé à partir <strong>de</strong> 6 points que l'on combine pour obtenir toutes les lettres, les chiffres et tous<br />

les signes <strong>de</strong> ponctuation. Pour écrire, il utilise une machine braille et il lit en découvrant les<br />

différentes lettres avec ses doigts.<br />

Un enfant aveugle suit le même programme que n'importe quel autre enfant <strong>de</strong><br />

l'école primaire et en fin <strong>de</strong> sixième année, il peut passer les examens diocésains ou cantonaux<br />

et obtenir le certificat d'étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> base comme tous les autres enfants. Ce qui diffère,<br />

c'est qu'il utilise un matériel adapté et <strong>de</strong>s techniques différentes. Il lui faut parfois un an <strong>de</strong><br />

plus pour arriver à terminer le programme <strong>de</strong> primaire parce qu'il doit aussi apprendre à être<br />

autonome.<br />

Pour se servir à boire, un aveugle peut utiliser un petit appareil qui indique quand le<br />

verre est plein, mais, à défaut, il met son doigt dans le verre pour mesurer le niveau du<br />

liqui<strong>de</strong>.<br />

Pour manger, on dispose les aliments bien séparés sur l'assiette et on les situe suivant<br />

<strong>la</strong> disposition d'une horloge. Exemple : les pommes <strong>de</strong> terre se trouvent à 9h, <strong>la</strong> vian<strong>de</strong> à 6h et<br />

les princesses à 3h. Pour le reste, on apprend petit à petit à l'enfant aveugle à beurrer sa<br />

tartine, à couper sa vian<strong>de</strong>, etc. Ce<strong>la</strong> prend plus <strong>de</strong> temps que pour les autres enfants, mais<br />

rien n'est impossible.<br />

Les pièces <strong>de</strong> monnaie en euros ont été conçues pour permettre aux aveugles et<br />

malvoyants <strong>de</strong> pouvoir les reconnaître. On peut les distinguer d'après leur taille, leur poids<br />

mais aussi d'après leur tranche.<br />

- Les pièces <strong>de</strong> 1 cent, 2 cents, 5 cents sont très légères.<br />

- Les pièces <strong>de</strong> l cent et 5 cents ont une tranche lisse, mais<br />

celle <strong>de</strong> 1 cent est plus petite que celle <strong>de</strong> 5 cents.<br />

- La pièce <strong>de</strong> 2 cents a une taille intermédiaire et elle a une<br />

tranche lisse avec un sillon qui fait le tour <strong>de</strong> <strong>la</strong> pièce.<br />

Les autres pièces sont plus lour<strong>de</strong>s parce qu'elles sont fabriquées avec d'autres<br />

métaux.<br />

- Les pièces <strong>de</strong> 10 cents et 50 cents ont <strong>de</strong>s tranches à<br />

cannelures (rainures) épaisses.<br />

- La pièce <strong>de</strong> 50 cents est plus gran<strong>de</strong>, plus épaisse et<br />

plus lour<strong>de</strong>


- La pièce <strong>de</strong> 20 cents présente une tranche comportant 7 entailles espacées les unes <strong>de</strong>s<br />

autres.<br />

- La pièce <strong>de</strong> 1€ a une tranche qui est alternativement lisse et<br />

finement cannelée.<br />

- La pièce <strong>de</strong> 2 € a une tranche finement cannelée sur tout son<br />

pourtour.<br />

Comment fait-on pour s'habiller ?<br />

Les aveugles reconnaissent leurs vêtements à <strong>la</strong> texture et à <strong>la</strong> forme. Pour reconnaître<br />

l'envers <strong>de</strong> l'endroit, ils utilisent les étiquettes qui se trouvent dans le cou. Si les coutures<br />

sont apparentes, il faut retourner le vêtement. Un capuchon ou le col d'un manteau les<br />

ai<strong>de</strong>nt à mettre celui-ci dans le bon sens. Les <strong>la</strong>cets et les fermetures éc<strong>la</strong>ir sont plus difficiles<br />

à faire, mais en général, avec <strong>de</strong> l'entraînement, on y arrive.<br />

Comment fait-on pour se dép<strong>la</strong>cer ?<br />

À l'intérieur <strong>de</strong> leur c<strong>la</strong>sse, les enfants apprennent à situer les choses les unes par<br />

rapport aux autres. Il faut avoir beaucoup d'ordre et toujours bien ranger les affaires à leur<br />

p<strong>la</strong>ce sinon on ne s'y retrouve plus. Le bruit d'une horloge, d'un animal ou <strong>de</strong> n'importe quelle<br />

autre chose peut aussi servir <strong>de</strong> repère. Dès qu'ils sont en maternelle, les enfants aveugles<br />

apprennent à se dép<strong>la</strong>cer avec une « précanne ». La précanne est une sorte <strong>de</strong> cadre avec un<br />

rouleau dans le bas. L'enfant <strong>la</strong> pousse <strong>de</strong>vant lui ce qui lui permet d'éviter les obstacles. Plus<br />

grands, les enfants reçoivent une canne b<strong>la</strong>nche avec <strong>la</strong>quelle ils apprennent à se dép<strong>la</strong>cer en<br />

suivant les bordures et en prenant <strong>de</strong>s points <strong>de</strong> repère. Tout ce<strong>la</strong> s'apprend avec une ergothérapeute<br />

qui donne <strong>de</strong>s cours d'orientation-mobilité. Ils apprennent d'abord à circuler dans<br />

l'école et le parc et ensuite dans <strong>la</strong> rue. Ils doivent apprendre à être très attentifs à tous les<br />

bruits et à se situer par rapport à leurs points <strong>de</strong> repère.<br />

Comment fait-on pour nager ?<br />

Les aveugles apprennent à nager comme n'importe qui. Leur principale difficulté est<br />

<strong>de</strong> pouvoir nager tout droit. Mais en nageant dans un couloir, il arrivent à se gui<strong>de</strong>r en suivant<br />

soit le bord <strong>de</strong> <strong>la</strong> piscine, soit <strong>la</strong> cor<strong>de</strong> <strong>de</strong> séparation. Ils peuvent sauter, plonger, etc. comme<br />

tout le mon<strong>de</strong>.<br />

Comment fait-on pour <strong>de</strong>ssiner ?<br />

Les aveugles peuvent <strong>de</strong>ssiner en relief. Pour ce<strong>la</strong>, on utilise un gros caoutchouc sur<br />

lequel on pose une feuille p<strong>la</strong>stique. On <strong>de</strong>ssine sur cette feuille, soit avec une roulette,<br />

comme les roulettes <strong>de</strong> couturière, soit avec un bic. En <strong>de</strong>ssinant <strong>de</strong> cette façon, on peut<br />

savoir où se trouvent les autres traits du <strong>de</strong>ssin. Certains <strong>de</strong>ssins peuvent nous étonner parce<br />

que les aveugles ne <strong>de</strong>ssinent pas comme ils voient, mais comme ils sentent et <strong>de</strong> plus, ils<br />

n'utilisent pas <strong>la</strong> perspective. Ainsi un arbre <strong>de</strong>ssiné par un aveugle (si on le <strong>la</strong>isse faire<br />

comme il veut) donnera un <strong>de</strong>ssin ressemb<strong>la</strong>nt à un soleil. Le rond représente le tronc qui est<br />

rond, et les rayons, les branches qui partent du tronc.<br />

Comment fait-on pour reconnaître les couleurs ?<br />

Un aveugle <strong>de</strong> naissance n'a aucune idée <strong>de</strong> <strong>la</strong> notion <strong>de</strong> couleur. Cependant, certains<br />

peuvent dire qu'ils aiment bien une couleur, telle <strong>la</strong> petite fille dont <strong>la</strong> maman aime le rose et à<br />

qui l'on dit qu'elle est jolie avec sa robe rose. Elle dira donc aimer le rose. Il est cependant<br />

important qu'ils connaissent <strong>la</strong> couleur <strong>de</strong>s choses pour ne pas dire que l'herbe est bleue, ce<br />

|questions d'enfants 59


|questions d'enfants<br />

60<br />

qui du point <strong>de</strong> vue social les rendrait ridicules aux yeux <strong>de</strong> certains. On peut aussi leur<br />

expliquer quelles sont les bonnes associations <strong>de</strong> couleurs afin <strong>de</strong> les ai<strong>de</strong>r dans leurs choix.<br />

Il existe également un petit appareil qui posé sur un objet peut en définir <strong>la</strong> couleur et leur<br />

permettre d'associer les couleurs suivant « nos » goûts (ou habitu<strong>de</strong>s).<br />

Comment fait-on pour lire l'heure ?<br />

Il existe <strong>de</strong>s montres braille : ce sont <strong>de</strong>s montres dont on ouvre le verre. Les chiffres<br />

du cadran sont représentés par <strong>de</strong>s points en relief, ce qui permet aux aveugles <strong>de</strong> savoir sur<br />

quels chiffres se trouvent les aiguilles. On peut aussi enlever le verre d'une horloge <strong>de</strong><br />

cuisine et coller <strong>de</strong>s chiffres en braille. Mais en général, les aveugles préfèrent les montres<br />

par<strong>la</strong>ntes, ils appuient sur un bouton, et <strong>la</strong> montre donne l'heure.<br />

Comment fait-on pour jouer à <strong>de</strong>s jeux <strong>de</strong> société ?<br />

Les jeux <strong>de</strong> société sont adaptés, soit d'origine, soit par les personnes qui les utilisent.<br />

Il existe un Scrabble, un Monopoly, un Master Mind, un jeu <strong>de</strong> cartes, un jeu <strong>de</strong> petits chevaux,<br />

un combat naval, un Puissance 4 et bien d'autres jeux adaptés. Les adaptations consistent<br />

surtout à transcrire les inscriptions en braille et à mettre les délimitations en relief.<br />

Certaines adaptations sont très simples telle celle du Puissance 4 qui consiste à trouer les<br />

pièces jaunes afin <strong>de</strong> les différencier <strong>de</strong>s rouges.<br />

Comment fait-on pour rouler à vélo ?<br />

Dans un endroit connu et fermé à <strong>la</strong> circu<strong>la</strong>tion, un aveugle peut arriver à rouler seul<br />

en vélo : soit parce qu'il connaît vraiment bien l'endroit, soit parce que quelqu'un d'autre le<br />

gui<strong>de</strong> à <strong>la</strong> voix. Mais pour circuler à l'extérieur, un aveugle roule en tan<strong>de</strong>m avec un pilote<br />

voyant.<br />

La <strong>Compagnie</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>Taupinière</strong> met à votre disposition une adresse pour que vos élèves<br />

puissent poser directement leurs questions aux jeunes aveugles : info@taupiniere.be...


Côtoyer un aveugle...<br />

Deman<strong>de</strong>z avant d'ai<strong>de</strong>r et expliquez ce que vous allez faire ou ce qui se passe...<br />

Rappelez-vous que, s'il se trouve dans un endroit plus ou moins familier, l'aveugle a peutêtre<br />

déjà <strong>de</strong>s habitu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> dép<strong>la</strong>cement ou <strong>de</strong>s repères.<br />

U<br />

G<br />

n comportement normal<br />

ui<strong>de</strong>r et accompagner un malvoyant ou un aveugle<br />

Ayez <strong>la</strong> même attitu<strong>de</strong> qu'avec<br />

n'importe quelle autre personne.<br />

Inutile d'avoir <strong>de</strong>s mots tabous<br />

ou d'inventer <strong>de</strong> nouvelles formules.<br />

Si vous offrez <strong>de</strong> jolies fleurs, dites-le... simplement...<br />

L'aveugle s'adapte à son gui<strong>de</strong> : OK !<br />

Le gui<strong>de</strong> « emmène » l'aveugle : NON !<br />

Au lieu <strong>de</strong> dire :<br />

« Attention à <strong>la</strong> f<strong>la</strong>que d'eau là-bas ! »,<br />

dites plutôt :<br />

« Attention, il y a une f<strong>la</strong>que d'eau à 2 mètres environ<br />

<strong>de</strong>vant vous, dois-je vous gui<strong>de</strong>r ? »<br />

|côtoyer un aveugle... 61


|côtoyer un aveugle...<br />

62<br />

M<br />

C<br />

arches, trottoirs et escaliers<br />

a. Avertir : « Nous <strong>de</strong>scendons un escalier. »<br />

b. Marquer un temps d'arrêt.<br />

c. Proposer <strong>la</strong> main courante.<br />

haque chose à sa p<strong>la</strong>ce !<br />

Lorsque vous prenez un objet chez un malvoyant ou un<br />

aveugle, rappelez-vous l'endroit où vous l'avez pris<br />

et remettez-le toujours exactement à <strong>la</strong> même p<strong>la</strong>ce !<br />

Les portes entrouvertes et les objets qui traînent « dans le<br />

chemin » sont dangereux...<br />

T<br />

es mots, mes images<br />

Accompagner, c'est aussi décrire<br />

un paysage, un tableau, le trajet,<br />

les personnes rencontrées...<br />

En général, les handicapés <strong>de</strong> <strong>la</strong> vue apprécient<br />

que l'on se présente spontanément.


L<br />

A<br />

e chien-gui<strong>de</strong><br />

chats et sorties<br />

Si un jour vous accompagnez une personne malvoyante<br />

ou aveugle, avertissez-<strong>la</strong> lorsque vous vous absentez et,<br />

plus tard, lorsque vous revenez également.<br />

Le chien-gui<strong>de</strong> et son maître, un tan<strong>de</strong>m harmonieux et<br />

performant aussi longtemps que le travail <strong>de</strong> l'animal n'est<br />

pas perturbé par autrui.<br />

Ne caressez pas le chien et ne lui donnez pas à manger.<br />

U<br />

Lorsque je prends un transport en commun<br />

et que vous voulez m'ai<strong>de</strong>r,<br />

conduisez-moi jusqu'à <strong>la</strong> portière<br />

et posez ma main sur <strong>la</strong> poignée.<br />

Gui<strong>de</strong>z jusqu'à <strong>la</strong> chaise.<br />

tilisation <strong>de</strong>s transports en commun<br />

|côtoyer un aveugle... 63


|côtoyer un aveugle...<br />

64<br />

Malgré une déficience visuelle,<br />

les autres sens peuvent fonctionner normalement !<br />

Bon nombre <strong>de</strong> malvoyants et d'aveugles se ren<strong>de</strong>nt seuls au<br />

magasin ou au restaurant, soyez sympa en leur lisant <strong>la</strong> carte<br />

<strong>de</strong>s menus ou en leur faisant part <strong>de</strong>s promotions actuelles.<br />

Ren<strong>de</strong>z <strong>la</strong> monnaie décomptée dans <strong>la</strong> main.<br />

Si vous avez l'amabilité d'ai<strong>de</strong>r une personne handicapée <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> vue à se débarrasser <strong>de</strong> son manteau ou à installer sa<br />

valise, alors dites-lui, par exemple, que son manteau est<br />

suspendu au troisième crochet <strong>de</strong>puis <strong>la</strong> droite ou que sa<br />

valise se trouve dans le compartiment voisin entre les dossiers<br />

<strong>de</strong>s fauteuils.


Jouons dans tous les sens !<br />

Remarque : d'autres jeux peuvent être trouvés sur http://www.enfant-aveugle.com...<br />

A<br />

1. vez-vous du nez ?<br />

Public cible<br />

Tous les âges.<br />

Objectifs<br />

Éveiller le sens <strong>de</strong> l'odorat.<br />

Utiliser un vocabu<strong>la</strong>ire adéquat.<br />

Matériel<br />

Dans <strong>de</strong>s boîtes vi<strong>de</strong>s <strong>de</strong> films photos, p<strong>la</strong>cer <strong>de</strong>s éléments odorants. Pour les éléments<br />

liqui<strong>de</strong>s, utiliser <strong>de</strong> l'ouate. Faire <strong>de</strong>s fiches soit avec le nom, soit avec <strong>la</strong> représentation <strong>de</strong>s<br />

o<strong>de</strong>urs. Prévoir 2 couvercles par boîte, dont un percé pour l'activité proprement dite.<br />

Activité<br />

Associer l'o<strong>de</strong>ur à son nom ou à sa représentation ; <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r <strong>de</strong> retrouver une o<strong>de</strong>ur grâce à<br />

son nom ou à sa représentation.<br />

Cette activité peut se prévoir en jeu d'équipes.<br />

U<br />

2. n mon<strong>de</strong> à toucher<br />

Public cible<br />

Tous les âges (à adapter en fonction du niveau <strong>de</strong>s enfants).<br />

Objectifs<br />

Sensibiliser les enfants au vécu et aux difficultés <strong>de</strong>s aveugles.<br />

Expérimenter <strong>la</strong> structure spatiale et l'orientation.<br />

Éveiller au toucher.<br />

Matériel (pour <strong>la</strong> 1ère activité)<br />

Dans <strong>de</strong>s bassins, p<strong>la</strong>cer différentes matières : bouchons <strong>de</strong> liège, plumes, sable, eau,<br />

morceaux <strong>de</strong> mousse, terre, <strong>la</strong>nguettes <strong>de</strong> papier journal, boules <strong>de</strong> cotillon, billes...<br />

Activités à réaliser en aveugle (ban<strong>de</strong>au sur les yeux)<br />

Parcours pieds nus : marcher dans les bassins et dire <strong>la</strong> matière découverte.<br />

Parcours dans l'école :<br />

- Un enfant en gui<strong>de</strong> un autre, qui a les yeux bandés (voir techniques <strong>de</strong> guidage) pour se<br />

rendre à l'endroit indiqué.<br />

- Variante : ne pas indiquer l'endroit où l'on va, l'enfant « aveugle » <strong>de</strong>vra<br />

éventuellement dire où il se trouve à <strong>la</strong> fin du parcours.<br />

- Autre variante : une personne gui<strong>de</strong> à <strong>la</strong> voix <strong>de</strong>puis le point d'arrivée.<br />

- Exercices <strong>de</strong> gymnastique : marcher sur un banc, sauter à <strong>la</strong> cor<strong>de</strong>...<br />

Q<br />

3. u'entends-je ?<br />

Public cible<br />

Tous les âges (à adapter en fonction <strong>de</strong>s âges !)<br />

|jouons dans tous les sens! 65


|jouons dans tous les sens!<br />

66<br />

Objectifs<br />

Éveiller à l'ouïe<br />

Matériel<br />

CD ou cassette <strong>de</strong> bruitages : possibilités <strong>de</strong> trouver <strong>de</strong>s sites <strong>de</strong> sons ou <strong>de</strong>s CD à <strong>la</strong><br />

médiathèque <strong>de</strong> <strong>la</strong> Communauté française...<br />

Cartes (photos ou <strong>de</strong>ssins) représentant les sons.<br />

Ban<strong>de</strong>lettes (mots) représentant les sons.<br />

Grille pour p<strong>la</strong>cer les cartes ou les ban<strong>de</strong>lettes.<br />

Activité<br />

Écouter les bruitages, donner le nom après chaque<br />

bruitage.<br />

Écouter les bruitages, poser les cartes ou ban<strong>de</strong>lettes-mots<br />

sur <strong>la</strong> grille.<br />

Des sites intéressants<br />

- www.enseignement.be/@librairie/documents/socles/telechargement/doc/<br />

SOCLE_Education_artistique.doc<br />

- www.scouts-europe.org/progresser/chante/expression-lyrique/mo-26-12a13-fabrique<strong>de</strong>s-bruits.shtml<br />

- www. sound- fishing.net<br />

Remarque<br />

Il est également possible <strong>de</strong> louer <strong>de</strong>s lotos sonores dans les ludothèques spécialisées ou d'en<br />

trouver dans les magasins <strong>de</strong> jouets.<br />

Public cible<br />

Tous les âges (adapter le jeu en fonction du niveau <strong>de</strong>s enfants).<br />

Objectifs<br />

Utiliser <strong>la</strong> mémoire, travailler les notions spatiales et <strong>la</strong> représentation mentale.<br />

Jeu 1 : <strong>la</strong> boîte à objets<br />

Matériel<br />

Découper 2 ronds dans les 2 côtés opposés d'une boîte<br />

assez gran<strong>de</strong> pour y glisser facilement les avant-bras.<br />

Ydéposer soit <strong>de</strong>s objets regroupés par thème ou texture,<br />

soit <strong>de</strong>s objets hétéroclites.<br />

Activité<br />

Passer les bras dans les trous <strong>de</strong> <strong>la</strong> boîte. Prendre un<br />

objet, le toucher, dire ou écrire son nom.<br />

Un enfant décrit un (<strong>de</strong>s) objet (s), un autre enfant le (les)<br />

retrouve dans <strong>la</strong> boîte.<br />

Reconstituer <strong>de</strong>s paires : soit <strong>de</strong>s objets i<strong>de</strong>ntiques, soit<br />

<strong>de</strong>s objets <strong>de</strong> <strong>la</strong> même famille, soit retrouver un intrus<br />

dans un groupe d'objets.<br />

Remarque<br />

La boîte en carton peut-être remp<strong>la</strong>cée par un sac en tissu ou en p<strong>la</strong>stique.<br />

4. Les<br />

doigts malins


Jeu 2 : le p<strong>la</strong>teau à objets<br />

Matériel<br />

Un p<strong>la</strong>teau (divisé éventuellement en compartiments afin que les objets restent au même<br />

endroit ou utiliser du Velcro), un ban<strong>de</strong>au pour les yeux.<br />

Activités<br />

Toucher les objets, les reconnaître, en établir une liste.<br />

Toucher les objets, retenir leur emp<strong>la</strong>cement. Une personne retire un ou plusieurs objets et<br />

l'enfant doit énumérer les objets disparus et/ou les rep<strong>la</strong>cer au bon endroit.<br />

Avec <strong>de</strong>s paires d'objets, jouer au Memory.<br />

D<br />

5. ominos<br />

Public cible<br />

Enfants <strong>de</strong> 5-7 ans : jouer en aveugle.<br />

Enfants <strong>de</strong> 7-10 ans : construire le jeu et jouer en aveugle.<br />

Objectifs<br />

Développer le toucher et <strong>la</strong> précision, structuration <strong>de</strong> l'espace.<br />

Jeu 1 : dominos <strong>de</strong>s textures<br />

Préparation du matériel<br />

P<strong>la</strong>quettes en bois ou en carton épais (double carré), différentes matières (tissus, papier <strong>de</strong><br />

verre, liège, papier à bulles, allumettes, morceaux <strong>de</strong> tapis ou <strong>de</strong> vinyle...)<br />

Coller les différentes matières sur chaque p<strong>la</strong>quette.<br />

Ban<strong>de</strong>aux pour les yeux.<br />

Activité<br />

Les yeux bandés, chaque enfant reçoit 4 à 7 dominos. Le premier domino est p<strong>la</strong>cé au centre<br />

et à tour <strong>de</strong> rôle, chaque enfant doit poser un domino correspondant au précé<strong>de</strong>nt.<br />

Jeu 2 : dominos numériques<br />

Matériel<br />

Même matériel que pour le domino <strong>de</strong>s textures mais remp<strong>la</strong>cer les matières par <strong>de</strong>s pois<br />

cassés que l'on colle selon <strong>la</strong> même disposition que pour un loto « voyant ».<br />

Activité<br />

Se joue <strong>de</strong> <strong>la</strong> même manière qu'un loto ordinaire mais... les yeux bandés !<br />

L<br />

6. e plus beau ca<strong>de</strong>au...<br />

Public cible<br />

Tous les âges (même les adultes).<br />

Objectif<br />

Comprendre le vécu et les difficultés <strong>de</strong>s aveugles.<br />

Matériel<br />

Ban<strong>de</strong>au pour les yeux, papier d'embal<strong>la</strong>ge, ficelle, papier col<strong>la</strong>nt, ciseaux..., boîtes en forme<br />

<strong>de</strong> parallélipipè<strong>de</strong> rectangle.<br />

|jouons dans tous les sens! 67


|jouons dans tous les sens!<br />

68<br />

Activité<br />

Chacun doit, les yeux bandés, emballer une boîte dans<br />

du papier et lier avec une ficelle pour obtenir le plus bel<br />

embal<strong>la</strong>ge ca<strong>de</strong>au. À <strong>la</strong> fin <strong>de</strong> l'activité, le professeur<br />

mé<strong>la</strong>nge les ca<strong>de</strong>aux après avoir écrit <strong>de</strong> façon discrète<br />

le nom <strong>de</strong> l'élève sur chacun. On enlève ensuite les<br />

ban<strong>de</strong>aux et chaque élève vote pour le plus réussi.<br />

On peut encore exploiter cette expérience en faisant<br />

raconter par chacun ce qu'il a trouvé <strong>de</strong> très difficile.<br />

7. cris les noms <strong>de</strong>s cinq sens et les parties du corps qui y sont liées.<br />

Notre peau réceptionne <strong>de</strong>s informations qu'elle transmet au cerveau. Les zones les<br />

plus sensibles sont les mains (avec une sensibilité accrue <strong>de</strong>s doigts), les pieds (avec une<br />

sensibilité plus gran<strong>de</strong> <strong>de</strong>s orteils) et le visage (avec une sensibilité plus forte <strong>de</strong>s lèvres).<br />

Suivant les expériences acquises, et donc d'après les habitu<strong>de</strong>s culturelles, <strong>la</strong> sensibilité <strong>de</strong>s<br />

doigts va constituer <strong>la</strong> principale source d'information tactile. Nous allons tester notre<br />

faculté d'interpréter nos sensations et faire quelques petites expériences qui vont nous<br />

prouver que ce sens, s'il paraît peu important dans notre vie, nous qui sommes voyants, est<br />

quand même primordial, notamment dans <strong>la</strong> résistance à <strong>la</strong> douleur.<br />

Explique pourquoi tu as peur <strong>de</strong> toucher quelque chose que tu ne vois pas.<br />

(Peur d'avoir mal, peur d'être sali, peur d'être surpris...)<br />

8. e toucher<br />

9. a vue<br />

Nos yeux envoient <strong>de</strong>s messages à notre cerveau par le nerf optique, mais celui-ci, tel<br />

un ordinateur, va déco<strong>de</strong>r les informations d'après une structure qu'il a lui-même expérimentée<br />

au cours <strong>de</strong> sa vie. Si un aveugle <strong>de</strong> naissance pouvait tout à coup voir, il ne pourrait<br />

pas structurer les informations reçues et son image serait chaotique. Il ne pourrait pas, par<br />

exemple, dire ce qui est le plus éloigné ou le plus proche, ce qui est à gauche ou à droite, ce<br />

qui est en haut ou en bas, ce qui est plus petit ou plus grand.<br />

Recherche le mot « chaotique » dans le dictionnaire. Dessine ta rue d'une façon chaotique.<br />

L<br />

10. 'ouïe<br />

É<br />

Rep<strong>la</strong>ce les mots suivants à <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce qui leur convient : vibrations - ongles - bruits -<br />

L<br />

L


haut - public - rapi<strong>de</strong> - assiette - décibels - oreille - cœur - lent - p<strong>la</strong>isir<br />

Notre univers est constamment traversé <strong>de</strong> ……………. Certains nous crispent plus<br />

que d'autres parce qu'ils sont liés à <strong>de</strong>s souvenirs heureux ou malheureux ; mais certains font<br />

l'unanimité : le bruit <strong>de</strong>s …………… rac<strong>la</strong>nt un tableau, d'une fourchette rac<strong>la</strong>nt une<br />

……………, sont insupportables.<br />

Le rythme <strong>de</strong>s bruits aussi a une importance : le rythme du ………… qui bat ne<br />

provoque ni calme, ni excitation alors qu'un rythme plus …………… nous excite et un<br />

rythme plus …………… a tendance à nous rendre triste ou mé<strong>la</strong>ncolique.<br />

Les bruits forts provoquent <strong>de</strong> fortes …………… dans le saccule, une petite cavité<br />

située dans l' …………… interne qui nous renseigne sur notre situation dans <strong>la</strong> pesanteur, où<br />

est le …………… , où est le bas ; cette agitation du liqui<strong>de</strong> dans le saccule nous donne du<br />

…………… et <strong>la</strong> sensation <strong>de</strong> p<strong>la</strong>ner. Lors d'un concert, à partir <strong>de</strong> 90 …………… , le<br />

…………… entre en transe.<br />

L<br />

11. e goût<br />

On n'est pas tous égaux pour juger du goût <strong>de</strong>s aliments. Certaines personnes ont le<br />

pa<strong>la</strong>is ou plutôt les papilles plus sensibles que d'autres. Comme pour les autres sens,<br />

l'interprétation <strong>de</strong>s signaux envoyés par les papilles aura souvent besoin <strong>de</strong> compléments<br />

d'information pour reconnaître les différents goûts.<br />

Parmi ces aliments, quels sont ceux qui sont « amers », « aci<strong>de</strong>s » ou « doux » :<br />

choco<strong>la</strong>t - pomme - chicon - vinaigre - crème fraîche - cornichon - confiture ?<br />

L<br />

12. 'odorat<br />

L'odorat intervient pour une gran<strong>de</strong> part dans notre comportement<br />

alimentaire. Les gran<strong>de</strong>s surfaces le savent et l'exploitent en favorisant<br />

les o<strong>de</strong>urs <strong>de</strong> pain chaud au rayon bou<strong>la</strong>ngerie (même si le pain est<br />

fabriqué ailleurs). Pensons à quel point <strong>de</strong>s o<strong>de</strong>urs peuvent agir sur notre<br />

estomac au point <strong>de</strong> nous donner <strong>la</strong> nausée !<br />

Les parfums sont aussi liés à <strong>la</strong> sensualité : ils représentent <strong>de</strong>s aspects<br />

impalpables du mystère <strong>de</strong> <strong>la</strong> personne. Ils servent à attirer, à séduire.<br />

Cherche dans tes souvenirs <strong>de</strong>s o<strong>de</strong>urs liées au printemps, à l'été, à<br />

l'automne, à l'hiver.<br />

L'équilibre n'est pas un sens ; il naît <strong>de</strong> <strong>la</strong> conjugaison <strong>de</strong>s autres sens, et particulièrement<br />

<strong>la</strong> vue et l'ouïe .<br />

Exercices à faire dans l'ordre :<br />

- se tenir <strong>de</strong>bout sur un pied ;<br />

L<br />

13. 'équilibre<br />

|jouons dans tous les sens! 69


|jouons dans tous les sens!<br />

70<br />

- se tenir <strong>de</strong>bout sur un pied en fermant les yeux ;<br />

- se tenir <strong>de</strong>bout sur un pied en fermant les yeux et en se bouchant les oreilles avec <strong>de</strong>s bouts<br />

d'ouate.<br />

Public cible<br />

Un nombre impair d'enfants voyants et aveugles (école maternelle et primaire).<br />

Objectifs<br />

S'orienter dans l'espace grâce aux sons.<br />

Encourager <strong>la</strong> solidarité.<br />

Matériel<br />

Éventuellement <strong>de</strong>s ban<strong>de</strong>aux pour les yeux.<br />

Activité<br />

Dans une gran<strong>de</strong> salle ou en extérieur, diviser le groupe en 2 : les « écureuils » et les « arbres<br />

», <strong>de</strong> façon à ce qu'il y ait un « écureuil » <strong>de</strong> plus que les « arbres ». Les voyants peuvent<br />

faire les « arbres », tandis que les non-voyants (ou ceux qui ont les yeux bandés) font les<br />

« écureuils ». Les « arbres » se dispersent, tandis que les écureuils restent ensemble.<br />

L'animateur <strong>la</strong>nce : « Les écureuils ont peur <strong>de</strong> l'orage, trouvez vite un arbre pour vous y<br />

cacher ! »<br />

À ce moment-là, chaque « arbre » frappe du pied par terre jusqu'à ce qu'un « écureuil » le<br />

trouve grâce à <strong>la</strong> localisation du son dans l'espace. Le jeu continue jusqu'à ce qu'il reste un<br />

« écureuil » sans « arbre ». Alors les « arbres » changent <strong>de</strong> p<strong>la</strong>ce. Et on passe au round<br />

suivant.<br />

Variantes<br />

« Il y a un oiseau dans chaque arbre. Et les écureuils aiment les oiseaux. Allez les trouver ! »<br />

Alors les « arbres » <strong>la</strong>ncent <strong>de</strong>s « piou piou » ou ils sifflent, et les écureuils les trouvent.<br />

Ou bien : « Il pleut <strong>de</strong>hors, les écureuils craignent <strong>la</strong> pluie ! Trouvez les arbres, écureuils ! »<br />

Les arbres imitent alors le bruit <strong>de</strong> <strong>la</strong> pluie, <strong>de</strong> l'eau qui coule, et les écureuils les trouvent.<br />

Et toutes sortes d'autres scénarios <strong>la</strong>issés à votre imagination... qui développent le sens <strong>de</strong><br />

l'orientation grâce aux sons.<br />

Public cible<br />

Au moins 6 enfants voyants et aveugles (école maternelle et primaire).<br />

Objectifs<br />

Développer le sens tactile.<br />

Développer <strong>la</strong> capacité à écouter.<br />

Participer à une activité <strong>de</strong> compétition.<br />

14. es écureuils dans les arbres<br />

15. es textures musicales<br />

Matériel<br />

Une chaise par enfant, une paire <strong>de</strong> cartes <strong>de</strong> textures différentes (moquette, bois, tissu...) par<br />

enfant, un lecteur cassette ou CD, et une cassette ou un CD <strong>de</strong> musique dynamique.<br />

Activité<br />

On donne à chaque enfant une carte d'une texture différente. L'animateur gar<strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>uxième<br />

carte <strong>de</strong> <strong>la</strong> paire. L'animateur p<strong>la</strong>ce ses cartes sur les chaises, qui sont disposées comme pour<br />

L<br />

L


les chaises musicales, puis <strong>la</strong>nce <strong>la</strong> musique et les enfants tournent autour <strong>de</strong>s chaises en<br />

essayant <strong>de</strong> localiser <strong>la</strong> chaise qui a leur texture. Lorsque <strong>la</strong> musique s'arrête, chaque enfant<br />

s'assied sur <strong>la</strong> bonne chaise, en montrant <strong>la</strong> paire <strong>de</strong> cartes réunies. Les « n » premiers assis<br />

(selon le nombre d'enfants) gagnent <strong>de</strong>s points (attribution décroissante du 1er au nième).<br />

Les enfants changent alors leurs cartes et le jeu peut recommencer.<br />

L<br />

16. e rassembleur<br />

Public cible<br />

Enfants voyants et aveugles (école maternelle et primaire).<br />

Objectifs<br />

Localiser <strong>de</strong>s sons.<br />

Marcher jusqu'à une source sonore et <strong>la</strong> toucher.<br />

Encourager <strong>la</strong> solidarité.<br />

Matériel<br />

Un chronomètre, un ban<strong>de</strong>au.<br />

Activité<br />

Les enfants se dispersent à travers <strong>la</strong> pièce. Un enfant est désigné parmi le groupe, le « rassembleur<br />

». Les autres enfants restent immobiles. Quand l'animateur, les yeux bandés,<br />

donne le « top chrono », les enfants, chacun leur tour, commencent à faire du bruit. Ils<br />

utilisent <strong>de</strong>s sources sonores, frappent <strong>de</strong>s mains ou du pied, sifflent... Le rassembleur<br />

localise les enfants l'un après l'autre. Il les emmène, au fur et à mesure, à un endroit préétabli<br />

où ils atten<strong>de</strong>nt leurs camara<strong>de</strong>s. Quand tous les enfants ont été pris et ramenés à l'endroit<br />

pré-établi, l'animateur arrête le chronomètre. Les enfants jouent chacun le rôle <strong>de</strong> rassembleur.<br />

Le c<strong>la</strong>ssement s'effectue selon le temps mis à rassembler tout le mon<strong>de</strong>.<br />

T<br />

17. rouvez-le !<br />

Public cible<br />

Enfants voyants et aveugles (école maternelle et début primaire).<br />

Objectifs<br />

Mobilité <strong>la</strong> plus efficace possible stimulée par un esprit <strong>de</strong> compétition.<br />

Développement tactile.<br />

Matériel<br />

Des objets aux formes simples (cube, carré, sphère...) et variées. Des tailles différentes sont<br />

utiles.<br />

Activité<br />

Les enfants doivent trouver le plus rapi<strong>de</strong>ment possible <strong>de</strong>s objets <strong>de</strong> formes déterminées.<br />

Par exemple : <strong>de</strong>s cubes, triangles... L'animateur <strong>la</strong>nce le jeu en disant : « Voyons voir qui est<br />

le plus rapi<strong>de</strong> à trouver quelque chose <strong>de</strong> carré ! ». Il continue avec rectangu<strong>la</strong>ire, rond,<br />

triangu<strong>la</strong>ire... ll spécifie si l'enfant doit juste trouver et toucher l'objet ou bien s'il doit le lui<br />

rapporter. Chaque forme trouvée doit être examinée par l'enfant. Ce<strong>la</strong> doit l'ai<strong>de</strong>r à comprendre<br />

que le mot « carré » par exemple peut décrire une multitu<strong>de</strong> d'objets différents, <strong>de</strong><br />

textures et tailles différentes.<br />

Variante<br />

Faire travailler les enfants par <strong>de</strong>ux : ils doivent alors trouver <strong>de</strong>ux objets différents. La<br />

|jouons dans tous les sens! 71


|jouons dans tous les sens!<br />

72<br />

communication/col<strong>la</strong>boration sera nécessaire pour éviter d'avoir <strong>de</strong>ux fois le même objet.<br />

Graine <strong>de</strong> jeux<br />

Chaussée <strong>de</strong> l'Ourthe, 74<br />

6900 Marche-en-Famenne - 084/31.10.58<br />

G.R.I.C.C.A- Institut Herlin<br />

Rue <strong>de</strong> Dilbeeck, 1<br />

1082 Bruxelles - 0475/28.91.30 (M. <strong>de</strong> Prins)<br />

La Ludo-Schtroumph<br />

Rue <strong>de</strong> l'Église, 8<br />

4801 Stembert - 087/34.08.33<br />

La Lumière<br />

Rue Sainte Véronique, 17<br />

4000 Liège - 042/22.35.35<br />

L'Enfant et <strong>la</strong> Rose<br />

Rue Henri Bles, 33 b<br />

5000 Namur - 081/72.93.60<br />

Le Tourbillon<br />

Rue <strong>de</strong>s Beaux-Arts,4<br />

4000 Sclessin - 042/53.45.32<br />

LuAPE<br />

Avenue Parmentier, 19<br />

1150 Bruxelles - 02/772.75.25 (Mme Piron)<br />

Ludothèque <strong>de</strong> l'A.B.H<br />

Arnold Ortmanns P<strong>la</strong>tz,1<br />

4760 Bul<strong>la</strong>nge - 080/64.27.62<br />

Ludothèque <strong>de</strong> <strong>la</strong> Ligue Braille<br />

Rue d'Angleterre, 57<br />

1060 Bruxelles - 02/533.32.56 (Mme Dubois)<br />

Ludothèque du Centre <strong>de</strong> Lecture Publique<br />

Rue du Beau-Chêne, 20<br />

7700 Mouscron - 056/86.06.85<br />

Souris<br />

Rue François Reconnu, 50 bis<br />

6061 Charleroi - 071/31.27.19<br />

Les ludothèques adaptées en Belgique<br />

L'Oasis - I.R.S.A<br />

Chaussée <strong>de</strong> Waterloo, 1504<br />

1180 Bruxelles - 02/373.52.38 (Mme Navarro) - kika_oasis@hotmail.com<br />

Touche à tout - O.N.A<br />

Avenue Dailly, 90 -92<br />

1030 Bruxelles - 02/241.65.68 (Mmes Gonzalez et Piette) - info@ona.be


Vos yeux vous mentent !<br />

Malgré les apparences, ces lignes verticales sont<br />

parallèles...<br />

Ici aussi, toutes les lignes sont parallèles.<br />

(A. KITAOKA)<br />

Vos yeux « reconstruisent » un triangle b<strong>la</strong>nc qui n'est pas<br />

<strong>de</strong>ssiné.<br />

Eh oui, les <strong>de</strong>ux cercles centraux ont bien <strong>la</strong> même taille...<br />

|vos yeux vous mentent! 73


|vos yeux vous mentent!<br />

74<br />

Question <strong>de</strong> point <strong>de</strong> vue...<br />

(M. C. ESCHER)<br />

Fixez <strong>la</strong> croix au centre<br />

puis approchez et reculez par rapport à <strong>la</strong> page...<br />

(A. KITAOKA)<br />

Un effet <strong>de</strong> relief... sur une page toute lisse...<br />

(A. KITAOKA)<br />

Comptez les points gris<br />

aux intersections <strong>de</strong>s lignes b<strong>la</strong>nches...<br />

Et comptez-les bien, parce qu'ils n'existent pas !


Annexe 1 : Pistes <strong>de</strong> lecture...<br />

S<br />

S<br />

ur <strong>la</strong> cécité...<br />

Livres à lire avec les enfants<br />

AYLIFFE Alex et MOON Nico<strong>la</strong>s, Le <strong>de</strong>ssin <strong>de</strong> Lucie,<br />

Éditions Mija<strong>de</strong> 1998<br />

AYMÉ Marcel, Un conte du Chat Perché,<br />

Éditions Gallimard Jeunesse 2002<br />

CORAN Pierre, Émeline qui voit tout,<br />

Éditions Casterman 1995<br />

KEATS Ezra Jack, Appartement 3,<br />

Éditions Circonflexes 2001<br />

KOENING Florence et PINGUILLY Yves, La couleur <strong>de</strong>s yeux,<br />

Éditions Autrement<br />

Jeunesse 2001<br />

LENAIN Thierry et POIRIER Philippe, Loin <strong>de</strong>s yeux, près du cœur,<br />

Éditions Nathan<br />

1997<br />

TIBO Gilles, Les yeux noirs, Éditions Soulière 1999<br />

YOUNG Ed, 7 souris dans le noir,<br />

Éditions Mi<strong>la</strong>n 1995<br />

Pour les plus grands<br />

BEAKE Lesley, Voyageur,<br />

Éditions École <strong>de</strong>s Loisirs 1996<br />

PATON Walsh, L'année où on a repeint <strong>la</strong> barque,<br />

Éditions École <strong>de</strong>s Loisirs 1989<br />

HEITZ Bruno et Nikk<strong>la</strong>s RADSTROM, Robert,<br />

Éditions Casterman<br />

DAHAN André et DAVIDSON Margaret, Louis Braille, l'enfant <strong>de</strong> <strong>la</strong> nuit,<br />

Éditions<br />

Gallimard Jeunesse 2001<br />

TEISSON Janine, Au cinéma Lux,<br />

Éditions La Découverte Syros Jeunesse 1998<br />

ur les différences…<br />

LACARAgnès et LE GAC Gwen, Lili,<br />

Éditions Thierry Magnier<br />

DELVAMarie-Hélène, Un petit frère pas comme les autres,<br />

Éditions Bayard Poche<br />

BLOCH Serge et PILLOT René, Le guignol du fond <strong>de</strong> <strong>la</strong> cour,<br />

Éditions Casterman<br />

BRUNELET Ma<strong>de</strong>leine et HELET C<strong>la</strong>u<strong>de</strong>, Une petite sœur particulière,<br />

ÉditionsActes Sud<br />

VELTHUIJS Max, Petit-Bond et l'étranger,<br />

Éditions École <strong>de</strong>s loisirs Pastel<br />

SOLOTAREFF Grégoire, Loulou,<br />

Éditions École <strong>de</strong>s Loisirs<br />

|pistes <strong>de</strong> lecture... 75


|pistes <strong>de</strong> lecture...<br />

76<br />

Q<br />

uelques ban<strong>de</strong>s <strong>de</strong>ssinées aussi...<br />

BERBERIAN et DUPUY, Henriette (7 tomes), Éditions Humanos et Flui<strong>de</strong> G<strong>la</strong>cial<br />

BERBERIAN et DUPUY, Le petit garçon qui n'existait pas,<br />

Éditions Cornélius<br />

CHABOUTÉ, Quelques jours d'été,<br />

Éditions Paquet<br />

COMÈS, Silence,<br />

Éditions Casterman<br />

CORBEYRAN, Paroles <strong>de</strong> sourds,<br />

Éditions Delcourt<br />

DOMAS, Enquête à quatre mains,<br />

Éditions Le Verseau<br />

DURIEUX et LAPIÈRE, Oscar (5 tomes), Éditions Dupuis<br />

FAURE et MAKYO, Elsa (3 tomes), Éditions Glénat<br />

LAPALU, Léo, l'enfant sourd (2 tomes), ÉditionsARDDS<br />

MALÈS, L'autre <strong>la</strong>i<strong>de</strong>ur, l'autre folie,<br />

Éditions Humanos<br />

NAIFEH, Courtney Crumrin (3 tomes), ÉditionsAkileos<br />

STASSEN, Thérèse,<br />

Éditions Dupuis Aire Libre<br />

AWIPH -Agence Wallonne pour l'Intégration <strong>de</strong>s Personnes Handicapées<br />

Centre <strong>de</strong> documentation<br />

Rue <strong>de</strong> <strong>la</strong> Rive<strong>la</strong>ine, 21<br />

6061 Charleroi - 071/20.57.43 - sdoc@awiph.be - www.awiph.be<br />

P<br />

our en savoir plus<br />

CIELJ- Centre International d'Étu<strong>de</strong>s en Littérature Jeunesse<br />

Pôle <strong>de</strong> Haute Technologie du Moulin Leb<strong>la</strong>nc<br />

Boulevard Jean De<strong>la</strong>utre, 7<br />

08000 Charleville-Mézières - FRANCE - 03/24.56.56.46 - www.ricochet-jeunes.org<br />

(Le site reprend plus <strong>de</strong> 180 titres par<strong>la</strong>nt <strong>de</strong> <strong>la</strong> cécité.)<br />

<strong>Compagnie</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>Taupinière</strong><br />

IRSA- Institut Royal pour Sourds etAveugles<br />

Chaussée <strong>de</strong> Waterloo, 1508<br />

1180 Bruxelles - 02/374.03.68 - info@taupiniere.be - www.taupiniere.be - www.irsa.be<br />

Ligue Braille<br />

Rue d’Angleterre, 57<br />

1060 Bruxelles - 02/533.32.11 - info@braille.be - www.liguebraille.be<br />

Oeuvre Nationale <strong>de</strong>sAveugles<br />

Avenue Dailly, 90-92<br />

1030 Bruxelles - 02 241 65 68 - www.ona.be


Annexe 2 : C<strong>la</strong>ssroom of Difference<br />

ou... éduquer à <strong>la</strong> différence<br />

Chaque jour, les enseignants (et les élèves) éprouvent <strong>la</strong><br />

difficulté à communiquer les uns avec les autres, à utiliser les<br />

formes <strong>de</strong> <strong>la</strong>ngage adéquates pour maintenir <strong>la</strong> sérénité et éviter les<br />

éc<strong>la</strong>ts <strong>de</strong> violence... physique ou verbale... liés aux préjugés.<br />

Le programme ambitionne <strong>de</strong> fournir <strong>de</strong>s outils pédagogiques pour dépasser les<br />

frontières <strong>de</strong> notre culture et apprendre à comprendre l’autre... pour s’enrichir <strong>de</strong> cette<br />

diversité.<br />

Exemple <strong>de</strong> formation :<br />

Journée <strong>de</strong> sensibilisation et <strong>de</strong> mise en projet (éventuel)<br />

Par diversité on entend <strong>la</strong> diversité culturelle, sociale, <strong>de</strong> génération, <strong>de</strong> genres, liée au(x)<br />

handicap(s) ...<br />

Le programme entend donc abor<strong>de</strong>r <strong>la</strong> diversité sous tous ses aspects.<br />

ü<br />

Les objectifs<br />

Les enseignants (d’abord), les élèves (éventuellement ensuite) seront amenés à :<br />

- développer un vocabu<strong>la</strong>ire commun en matière d’éducation à <strong>la</strong> diversité,<br />

- développer <strong>la</strong> capacité à reconnaître les préjugés et les comportements discriminatoires<br />

chez eux- mêmes et chez les autres,<br />

- mettre en pratique <strong>de</strong>s compétences pour faire face à ces préjugés et comportements,<br />

- faire preuve d’esprit critique et examiner son milieu sco<strong>la</strong>ire en fonction du projet<br />

d’établissement dans <strong>la</strong> gestion du multiculturel,<br />

- contribuer à créer un environnement qui respecte <strong>la</strong> diversité et l’équité, valorisant <strong>la</strong> prise<br />

<strong>de</strong> responsabilité <strong>de</strong> chacun.<br />

ü<br />

La méthodologie<br />

Celle- ci développe les principes suivants :<br />

- <strong>la</strong> responsabilité dans le processus d’apprentissage,<br />

- le développement <strong>de</strong> l’empathie,<br />

- le développement <strong>de</strong> l’esprit critique,<br />

à travers <strong>de</strong>s exercices divers faisant appel à <strong>la</strong> créativité, à <strong>la</strong> découverte <strong>de</strong> soi et <strong>de</strong> l’autre<br />

suivis <strong>de</strong> temps <strong>de</strong> réflexion et d’apports théoriques.<br />

La première journée sera donc consacrée à une « mise en bouche ».<br />

- présentation du programme,<br />

- quelques exercices,<br />

- travail en équipe école « mise en projet ».<br />

Personnes <strong>de</strong> contact :<br />

Marie-Anne Rouffiange - s-en-ciel@proximus.be<br />

Liliane Cuypers - liliane438@yahoo.fr<br />

Dany CRUTZEN (IRFAM ) - dcrutzen@irfam.org<br />

|c<strong>la</strong>ssroom of |difference 77


||émilie |jolie et le |grand |oiseau<br />

78<br />

Annexe 3 : Chanson d'<strong>Émilie</strong> <strong>Jolie</strong> et du Grand Oiseau<br />

(paroles et musique : Philippe CHATEL)


<strong>Compagnie</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>Taupinière</strong><br />

www.taupiniere.be

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