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Antoine Blondin UN SINGE EN HIVER

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— L’ouverture de la chasse ? à qui le dites-vous…,<br />

répondait Fouquet à M me Quentin, qui s’attardait devant<br />

lui, lorsqu’elle passait entre les tables de la salie à manger.<br />

L’exaltation que lui avait procurée la sortie de la messe<br />

n’était pas encore tombée et, maintenant que l’occurrence<br />

en était passée, il se reprochait gaillardement de n’avoir<br />

pas abordé ces deux cailles : toucher n’est pas ramener !<br />

— Je disais, reprit Suzanne Quentin, que vous devriezvous<br />

donner de l’exercice, vous ne mangez rien. Si vous<br />

étiez mon fils…<br />

Il venait d’écouter sans humeur des considérations sur<br />

sa petite mine, reproches que rien ne justifiait, sinon des<br />

échos de la veille. Il avait pourtant la certitude que<br />

Quentin n’avait pas parlé, que c’était précisément le<br />

secret qui lui faisait ce visage plombé d’un homme à qui<br />

l’on doit rendre des comptes, irrésistiblement, ce visage<br />

insupportable. Esnault se trompait : Quentin ne jugeait<br />

pas les autres, il était un témoin silencieux, d’autant plus<br />

gênant qu’il venait de ce bord-ci, un traître en somme,<br />

dont les renseignements demeuraient inconnus, les<br />

mouvements imprévisibles. Une autre vérité, guère<br />

moins irritante, était qu’il s’en fichait peut-être.<br />

— Je bois trop, dit carrément Fouquet. J’ai trop bu<br />

cette nuit. Je ne sais pas m’arrêter.<br />

— Il ne faut pas commencer, répondit-elle, en lorgnant<br />

la bouteille, ceux qui le veulent, s’arrêtent.<br />

— Vous parlez contre votre intérêt.<br />

— Mon intérêt c’est la santé de mes clients.

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