02.07.2013 Views

Antoine Blondin UN SINGE EN HIVER

Antoine Blondin UN SINGE EN HIVER

Antoine Blondin UN SINGE EN HIVER

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

etournèrent plusieurs fois sans laisser paraître le<br />

moindre sentiment.<br />

— Tu les connais ? demanda Quentin.<br />

— Non. Ce sont des filles du dimanche.<br />

Des filles du dimanche, de celles qui vous obligent de<br />

temps en temps à relever la tête, à donner vacance à la<br />

tristesse et à la veulerie, il y en avait dans tous les villages<br />

du monde pour rétablir l’équilibre ; et c’était peut-être les<br />

garçons qui les inventaient.<br />

Quentin avait accompagné Fouquet et Marie jusqu’à<br />

leurs places. Il ne descendit pas du wagon quand le convoi<br />

s’ébranla.<br />

— Albert, ça n’est pas ton train ?<br />

— Qu’est-ce que ça peut faire ?<br />

— Et ton billet ?<br />

— Je me débrouillerai bien.<br />

— Ça ne te ressemble pas.<br />

— Tu me connais mal.<br />

Marie ne semblait pas apprécier beaucoup cette<br />

présence trop forte qui, par moments, avait d’étranges<br />

abandons dans le regard en la considérant. Elle se<br />

recroquevillait sur la banquette et ne répondait qu’avec<br />

une certaine gêne aux sollicitations de son père. Celui-ci,<br />

de son côté, se reprochait d’éprouver à l’égard de son<br />

vieux compagnon la même impatience qu’il devinait<br />

naguère chez ses complices des matins d’ivresse, quand<br />

l’heure avait sonné de rentrer chez soi. Le déraciné

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!