Antoine Blondin UN SINGE EN HIVER

Fouquet. La directrice s’y opposait formellement :
— Demain, si vous voulez, quand vous serez davantage
en état de l’accueillir, si vous m’autorisez à vous le dire en
face.
Elle escomptait bien mettre à profit ce délai pour
obtenir un complément d’information. À bout de forces,
Fouquet capitula. Il avait lointainement conscience de
risquer gros dans cette affaire.
— Quoi ! fit Quentin en apprenant l’issue de la
négociation, mais c’est Fachoda encore une fois !…
— Laisse tomber pour ce soir, on s’en va.
— C’est trop vite amener les couleurs, ça. J’entends
que nous sommes entre alliés, concessionnaires à égalité
des responsabilités impliquées par l’existence de cette
petite fille, et que tous les tours de cochon sont permis.
Encore faudrait-il y apporter les formes et contreparties…
Se penchant sur le fauteuil de la vieille dame, et
agitant l’index sous son œil perplexe, il ajouta :
— Je m’adresse au chef de poste pour qu’il fasse savoir
à ses hommes que nous sommes d’accord pour remettre à
demain, afin de ne pas assumer la charge d’une rupture
diplomatique. En revanche, j’exige que dimanche, à dix
heures, l’enfant soit conduit à mon P.C. avec armes et
bagages, sans qu’il soit touché à un cheveu de sa tête.
Vous pouvez considérer ceci comme un ultimatum.
À son tour, la directrice céda pour se débarrasser de
ces vagabonds en goguette ; c’était le diable si d’ici là, elle
n’apprenait pas à quoi s’en tenir sur leur compte. Quentin