Antoine Blondin UN SINGE EN HIVER

— Ça ne t’épate pas que j’aie une fille ? murmura
Fouquet.
— Cette bonne blague ! s’exclama Quentin, je vais bien
chercher mon père…
La côte des Mouettes était plongée dans l’obscurité, à
l’exception d’une fenêtre au rez-de-chaussée du collège.
Les deux hommes durent accomplir le tour du bâtiment
avant de retrouver l’entrée principale. Quentin appréciait
ces approches en connaisseur.
— Elle est là-dedans ? demanda-t-il. À première vue,
les défenses ont l’air assez médiocres. Néanmoins, ne leur
laissons pas évaluer la faiblesse de notre effectif.
— Il vaudrait peut-être même mieux que tu ne te
montres pas. Tu interviendrais en renfort si j’en avais
besoin.
— Laisse-moi passer en tête, suggéra Quentin en
serrant les mâchoires.
Fouquet dut expliquer à son compagnon que le rôle de
premier attaquant lui revenait par privilège de paternité
pour que celui-ci acceptât de demeurer à couvert dans le
renfoncement d’une haie où il se tapit avec des
précautions dérisoires. Alors, il se hasarda à sonner bien
faiblement. Cependant, l’anxiété qui faisait battre son
cœur agitait l’alcool dans son sang et, lorsqu’il s’y fut
repris en vain à plusieurs fois, il quitta toute discrétion.
— C’est une insulte, dit Quentin en le rejoignant. Le
pavillon est humilié. N’hésitons plus : sautons dans
l’ouvrage, j’ai découvert un passage dans le redan de