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Antoine Blondin UN SINGE EN HIVER

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— Possible, admit Quentin, mais pas chez Esnault en<br />

tout cas ?<br />

— Non, dit Fouquet, ni à l’hôtel, je n’y tiens pas.<br />

Quentin réfléchit un moment, puis obliqua sur la<br />

gauche vers le calvaire de Saint-Clare.<br />

— Je vais t’emmener dans un endroit que tu ne<br />

connais pas, où nous aurons la paix.<br />

C’était, presque dans la campagne, une bicoque en<br />

planches agrippée à la corniche, d’où l’on commandait le<br />

développement de la côte étirée sous une maigre lune et<br />

l’articulation chaotique des baies et des promontoires. On<br />

y accédait par un chemin de douaniers. Quentin traversa<br />

un petit enclos, poussa la porte et se tint sur le seuil.<br />

— Albert ! fit une voix de femme, ça n’est pas<br />

possible !<br />

Il s’effaça pour laisser pénétrer Fouquet.<br />

— Bonjour, Annie. Je vous présente un toréador.<br />

Fouquet découvrit un étroit couloir recouvert de<br />

cloisons de bambous, auxquelles étaient accrochés des<br />

éventails, des sabres de samouraïs et des potiches en<br />

porcelaine, surplus disparates d’un billard japonais. Des<br />

lanternes de papier filtraient à mi-hauteur une lumière<br />

rougeâtre qui n’éclairait que le sommet des crânes, le<br />

reste du visage ayant l’air masqué par un foulard de soie<br />

transparente. Annie était une femme sans âge, aux<br />

formes parfaites, une Indochinoise sans doute,<br />

reconnaissable à ses paupières légèrement bridées.

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