Antoine Blondin UN SINGE EN HIVER

triomphe des arènes ; les aficionados me font la conduite à
travers les rues. Appréciez, monsieur Quentin, c’est une
récompense exceptionnellement décernée à la bravoure
et à la science.
— Ne t’en fais pas, petit, je n’ai pas dit mon dernier
mot, grommelait Quentin qui suivait avec les autres, la
cravate dénouée, le col ouvert, tant il se sentait
bouillonner.
Quand Fouquet se réveilla sur un banc de la
gendarmerie, qui fleurait la colle d’affiche et le plumier, la
nuit gagnait le local et il se demanda comment il s’était
endormi dans ce bureau de poste. Devant un des guichets,
il distingua la carrure de Quentin, penché sur une lampe
coiffée d’une tulipe verte, qui lui répondait d’en dessous.
— Puisque je vous dis que je me porte garant pour lui,
répétait-il. Je paye patente ; je suis un commerçant
honorablement connu ; il me semble que cela devrait
suffire.
Fouquet s’approcha, intrigué.
— Ah ! non, dit Quentin, toi, reste tranquille.
Le ton ne souffrait pas de réplique.
— Comme vous voudrez, fit Fouquet ingénument. Je
vais vous attendre dehors.
— C’est ça, va prendre l’air, ça te fera du bien… Alors,
brigadier, vous vous rendez bien compte que c’est
innocent, non ? Demain, il sera parti et personne n’en